Les Cinémas Studio : le temple du Septième art

En 2023, les cinémas Studio à Tours fêteront leurs 60 ans ! L’occasion de passer ce lieu mythique à notre exercice du vrai/faux pour remonter le cours de l’histoire…

1. Les Studio, c’est 365 films par an

FAUX

C’est… bien plus ! Les cinémas Studio exploitent, chaque année, près de 550 films ! Récemment dans les colonnes de la Nouvelle République, la présidente Catherine Melet parlait de « proposition cinématographique énorme. Ici, nous offrons aux spectateurs des films de tous les genres, pour tous les publics, venus du monde entier, en version originale sous-titrée ».

2. Le cinéma a été détruit par un incendie en 1985

VRAI

Dans la nuit du 25 au 26 février 1985, ce qu’on appelait à l’époque « le studio 1 » est totalement détruit par un incendie. Les deux salles voisines subissent également des dégâts. Ce jour-là, sur les bobines ? Je vous salue Marie, le film controversé de Godard et haï par les milieux catholiques intégristes. Beaucoup y verront un lien, pensant à un incendie criminel, d’autant que partout en France, des incidents ont éclaté. L’enquête mènera à un non-lieu. Le mystère ne sera donc jamais levé.

3. Il a été créé par une association de réalisateurs tourangeaux

FAUX

C’est l’abbé Henri Fontaine qui, en 1963, a ouvert les cinémas Studio. Ce curé de campagne, fou de ciné, s’est entouré d’un groupe de cinéphiles tourangeaux et d’animateurs de ciné-clubs pour fonder une association et retaper – énormes travaux oblige – le Myriam Ciné, une salle en faillite dans une certaine rue des Ursulines…

4. Ce sont les Studio qui organisent le plus vieux festival de France sur la thématique LGBT+

VRAI

Son petit nom, vous le connaissez sûrement : il s’agit de Désir… Désirs. Le festival de cinéma queer et LGBT+ existe depuis 1993, c’est le plus vieux de France. Il aborde les questions liées à l’identité de genre, à l’orientation sexuelle et aux désirs. Cette année, pour ses 30 ans, il se tiendra du 18 au 24 janvier 2023, et réfléchira sur la question de la quête du bonheur.

5. C’est le cinéma d’art et essai le plus important de France

VRAI

Eh oui, on appelle ça la classe ! Sept salles, 350 000 spectateurs par an (un peu moins depuis le Covid, alors hop, on retourne au ciné !), et une bibliothèque renommée dans toute la France.

Les 5 films à regarder (ou pas) à Noël et leurs anecdotes inutiles

[2/2] Qui dit fêtes de fin d’année, dit « se caler sous un gros plaid devant la télé ». Voilà la suite de nos quelques petits films à visionner solo ou à plusieurs, pour celles et ceux qui aiment Noël… et aussi pour ceux qui n’aiment pas !

L’ÉTRANGE NOËL DE MR JACK

Le film : Inutile de présenter ce chef d’œuvre. Merveille d’animation, le long-métrage fascine toujours autant, près de 30 ans après sa sortie. À voir encore et encore, tout en chantant le thème sublime de Danny Elfman qui signe là une des bandes originales les plus savamment orchestrées de sa carrière.

Le savoir inutile : On l’attribue toujours à Tim Burton. C’est bien lui qui a tout imaginé, tout écrit et produit. Mais c’est Henry Selick le réalisateur de ce film !

PÈRE NOËL : ORIGINES

Le film : Non, le Père Noël n’est pas un vieux barbu sympa. C’est ce que découvre le jeune Pietari dans cette co-production finlando-suédo-norvégienne qui dynamite le mythe et passe l’esprit tout mimi de Noël au broyeur (les elfes sont des vieillards tout nus et flippants). Humour noir et fantastique au programme ici, un OFNI – objet filmique non-identifié – parfait à regarder le 24 décembre avec Mamie.

Le savoir inutile : Il n’y a absolument aucune femme dans tout le film. Sexisme ? Machisme ? Le réalisateur Jalmari Helander a répondu : « Il était plus facile de faire faire aux hommes des choses stupides, dans la mesure où aucune femme n’était là pour les en empêcher. »

GREMLINS

Le film : Il ne fallait pas le mouiller ! Pas de pot, Billy n’écoute pas le conseil et fait tout ce qu’il ne faut pas faire avec son mogwaï, une petite créature poilue qu’il reçoit pour Noël. Avec les Gremlins, la fin d’année s’annonce fichue. Un conte cruel, mais drôle.

Le savoir inutile : Cette comédie familiale était, de base, bien plus sombre. Dans la version initiale, le héros voyait son chien se faire bouffer tout cru par les Gremlins, sa mère assassinée et des familles dévorées dans un Mc Do’. Steven Spielberg, le producteur, a décidé de calmer le jeu et d’édulcorer un peu tout ça…

MAMAN, J’AI RATÉ L’AVION

Le film : Avant de réaliser les premiers Harry Potter, Chris Colombus a signé l’une des comédies cultes des années 90. « Maman, j’ai raté l’avion », c’est un gamin oublié chez lui pour les fêtes de Noël, avec un Macaulay Culkin parfait, deux cambrioleurs stupides qui rôdent, un esprit très slapstick saupoudré de Tex Avery et des gags en rafale. Les guirlandes sont là, la grosse poudreuse aussi, ça se déguste en famille et ça a un charme suranné qu’on adore.

Le savoir inutile : Le film a coûté 15 millions de dollars, mais en a rapporté 533 millions ! Un coup de maître qui a de quoi faire pâlir l’ex-businessman Donald Trump… qui apparaît d’ailleurs dans une scène !

LA REINE DES NEIGES

Le film : A réserver impérativement pour sa chanson, afin de faire fuir vos invité(e)s, parce que… « Libérééééée, délivréééée »

Le savoir inutile : Le pasteur américain Kevin Swanson, chrétien fondamentaliste, y a vu une œuvre « maléfique » qui faisait « l’apologie de l’homosexualité » : « Je crois que ce petit film tout mignon va endoctriner mon enfant de 5 ans pour en faire une lesbienne », a-t-il déclaré, ajoutant par ailleurs que la relation entre le personnage Kristoff et son renne Sven était « contre-nature »… Voilà, voilà et joyeux Noël !

Retrouvez notre autre sélection de films  en cliquant ICI ! 

Dans le quotidien des drôles de dames de la cinémathèque

#VisMaVille Agnès Torrens et Elsa Loncle animent la cinémathèque de Tours. Depuis plus de 15 ans, elles nous transmettent leur passion des films de patrimoine.

Le rendez-vous est bien connu des cinéphiles tourangeaux. Tous les lundis soirs, de septembre à juin, les fauteuils sont prisés aux cinémas Studio pour la séance hebdomadaire de la cinémathèque.

L’accueil par le trio de ses salariées, Agnès Torrens sa directrice, Elsa Loncle chargée de communication et Corinne Bellan de la comptabilité et logistique, est aux petits oignons. Un ou deux films du muet aux années 2000 sont diffusés, accompagnés d’une présentation fouillée par Agnès ou Elsa, d’un débat avec la salle, et souvent d’un invité.

 

Depuis 50 ans, la cinémathèque Henri Langlois de Tours a pour mission « d’intéresser les gens à l’histoire du cinéma, leur permettre d’accéder à une culture cinématographique, souligne Agnès Torrens. L’idée est que les jeunes générations puissent découvrir sur grand écran des classiques tandis que les gens qui viennent depuis plusieurs dizaines d’années puissent toujours découvrir un film, être étonnés ».

La programmation concoctée par Agnès Torrens et Elsa Loncle se compose en effet d’un subtil mélange de grands classiques (Ophüls, Lubitsch, Lynch, Pasolini…) et de nouveautés (deux films inuits inédits seront montrés), le tout relié par un fil conducteur, les femmes cinéastes et la question des rapports entre femmes et hommes pour cette saison.

« Nous aurons beaucoup de réalisatrices programmées comme Agnès Varda, Jane Campion, Sofia Coppola… Je suis partie du documentaire de Juliette Klinke qui rend compte de leur présence tant que le cinéma était un art, et qui constate que celle-ci s’est amoindrie lorsqu’il est devenu une industrie. Elle viendra présenter les deux soirées consacrées aux pionnières Lois Weber et Ida Lupino », détaille Agnès Torrens.

La programmation découle d’heures de recherches, d’inspirations, de visionnages, de lectures au fil de l’année et d’une part de hasard aussi. Quant à la logistique, elle est plus simple à présent car les films en 35 mm sont remplacés par le numérique. Un bouleversement dans leur fonctionnement et leurs habitudes. « Les gens ne sont plus habitués à voir une image qui saute ou entendre un craquement ! ».

Outre la construction de la saison, Agnès Torrens s’occupe des partenariats (Studio, médiathèque, musée des Beaux-Arts,…) et de l’accueil des tournages de films avec Elsa. « Nous sommes le guichet unique, nous faisons le relais des cinéastes auprès des services municipaux pour obtenir les autorisations de tournage », explique Elsa Loncle. Toutes deux possèdent en effet « trois ou quatre casquettes différentes. Nous sommes une toute petite équipe et il faut savoir tout faire », relève Agnès.

Gardant intacte leur flamme pour le cinéma et « le plaisir toujours présent d’accueillir notre public le lundi », elles espèrent que les 50 ans marqueront le début d’un nouvel élan car les spectateurs ont eu du mal à retrouver les salles depuis le Covid.

Texte et photos : Aurélie Dunouau

Contes du hasard et autres fantaisies : critique du dernier film de Hamaguchi

Le réalisateur de Drive my car revient avec son dernier film, Contes du hasard et autres fantaisies. Trois histoires sur le hasard et la rencontre amoureuse.

Trois contes, trois histoires, trois récits qui se rejoignent sur un thème, le hasard de la rencontre à l’autre. Pour son nouveau film, Ryusuke Hamaguchi, déjà auteur du remarquable Drive my car, compose son ensemble autour d’un triangle amoureux inattendu ou encore d’une retrouvaille inattendue, mais aborde surtout de la trajectoire de trois femmes qui vont devoir faire un/des choix.

Contes du hasard et autres fantaisies est loin d’être une bluette mièvre ou dégoulinante de bons sentiments. Le long-métrage – qui a raflé le Grand Prix du jury lors de la dernière Berlinale – ressemble davantage à un ensemble de nouvelles littéraires, explorant la notion de coïncidence et la vérité des cœurs.

Si l’esthétique du film n’a rien de bien folichon à notre sens (la platitude des plans) et que la mise en scène paraît froide, Ryusuke Hamaguchi porte ses segments cinématographiques grâce au verbe et au langage, qui ici font des merveilles, et un rythme travaillé.

Ces trois petites histoires ont certes un goût de déjà-vu ou d’universel (par exemple, cette jeune femme qui comprend que le nouvel amant de sa meilleure amie est son propre ex), mais elles sont admirablement bien racontées. Hamaguchi sait conter l’amour, c’est évident.

Aurélien Germain


> CONTES DU HASARD ET AUTRES FANTAISIES 3,5/5
> Drame/Romance. De Ryūsuke Hamaguchi (Japon). Avec Kotone Furukawa, Kiyohiko Shibukawa, Fusako Ube… Durée : 2 h 01. Sortie : 6 avril.

Festival Désir… Désirs : un teaser, un tas d’événements et un paquet d’invité(e)s

Le festival tourangeau qui aborde les thématiques LGBTQ+, des désirs et la question du genre, revient pour sa 29e édition. Rendez-vous du 19 au 25 janvier !

C’est un événement culturel incontournable à Tours : du 19 au 25 janvier 2022, le festival de cinéma (mais pas que !) Désir… Désirs reviendra pour fêter sa 29e édition.

Considéré comme essentiellement LGBTQ+, Désir… Désirs aborde les thématiques liées aux désirs et à l’identité de genre. Il est d’ailleurs le plus ancien festival de cinéma de France dédié à ces thèmes.

Films, expos, événements

Ainsi, pendant une  semaine, les cinémas Studio de Tours, en lien avec les acteurs culturels, institutionnels et associatifs du département, vont proposer une trentaine d’événements. Et il y a de quoi se mettre sous la dent ! Le festival va notamment proposer un voyage dans « le cinéma de genre à travers le focus divinement affreux : Freaks ». La place des minorités dans le cinéma d’horreur sera également abordée lors d’une conférence, avant de  s’enjailler sur Francky Gogo et Britney Witch (rendez-vous au Temps Machine pour cela), ou encore en découvrant l’univers de Bertrand Mandico (son « After Blue » en avant-première, oui oui !).

Pour le reste, on devrait se délecter de l’inédit Los Fuertes, des avant-premières « UltraViolette & le gang des cracheuses de sang » et « A nos enfants » et de la projection du Rocky Horror Picture Show ! Sans oublier des events hors les murs, entre des expos au CCCOD, du théâtre à Notre Dame d’Oé et une soirée Queens à Saint-Pierre-des-Corps.

Des invité(e)s de choix

Une grosse quinzaine d’invité(e)s sont au programme de Désir… Désirs. Outre Mandico, donc, citons également l’artiste Sarah Al Atassi, le réalisateur Claus Drexel, Julie Bonhommet (docteure à l’Université de Tours) ou encore le professeur David Roche et la comédienne Maria de Medeiros.

Reste plus qu’à attendre patiemment le 19 janvier, en zieutant le teaser réalisé pour le festival. Histoire de faire monter le désir…

> Désir… Désirs, du 19 au 25 janvier 2022, notamment aux cinémas Studio. Tarifs, horaires et programmation complète sur https://www.festival-desirdesirs.com/

 

La Famille Addams 2, une virée d’enfer : la critique ciné

La Famille Addams revient pour les suites de leurs aventures, version film d’animation. Pas franchement mémorable…

LA FAMILLE ADDAMS 2 : 2/5
> Animation, de Greg Tiernan et Conrad Vernon (USA). Durée : 1 h 32.


Après la tentative ratée, en 2019, de pondre une version animée de La Famille Addams (critiques et public n’ont pas été très tendres envers le film), voilà que débarque un second volet qui, disons-le de suite, ne remontera sûrement pas le niveau.

Dans ce nouvel épisode, la famille toute en noir se lance dans un road trip, une virée d’enfer faisant escale à Miami, au Canada ou encore dans la Vallée de la Mort. Si le synopsis promet des « aventures complètement déjantées faites de situation loufoques », force est de constater que l’on n’a visiblement pas la même définition de « loufoque »…

Rien de bien folichon à se mettre sous la dent ici : La Famille Addams 2 reste d’une platitude et d’une banalité sans nom. Emballé grossièrement, visuellement sans intérêt (peu de relief, animation classique, réalisation impersonnelle…), le film est sauvé par quelques bonnes trouvailles (la réflexion sur les liens filiaux et familiaux) et de rares gags faisant mouche.

Mais le récit, ronflant, reste fade, pas même excité par ce trop-plein de chansons pop, à défaut d’une vraie musique originale, qui torpille « l’esprit Addams ». Sur le même créneau, autant préférer un Hôtel Transylvania ou bien sûr, la version ciné culte de 1991. Ce qui évitera également de se coltiner, avec la VF de ce second film d’animation, le doublage de Kev Adams. Ça, par contre, c’est vraiment l’enfer.

Aurélien Germain

Critique ciné : « Fatima », de Marco Pontecorvo, ne fait pas de miracle

Le film de Marco Pontecorvo, dans lequel trois jeunes bergers affirment avoir vu la Vierge Marie, sort en salles ce mercredi 6 octobre.

1917, à Fatima, Portugal. Une jeune bergère et ses deux cousins assurent avoir vu la Vierge Marie. Leurs révélations vont toucher les croyants, mais attirer la colère des représentants de l’Église et du gouvernement qui vont alors obliger les trois enfants à se rétracter… tandis que la rumeur de l’apparition se propage dans le pays.

Signé Marco Pontecorvo (fils de l’immense Gillo Montecorvo), Fatima possède un angle de départ plutôt intéressant. Le cinéaste a refusé le premier scénario, « très dogmatique et strictement religieux », le réécrivant pour en proposer une version multi-angles. Pontecorvo n’hésite donc pas, pour parler à une audience plus large, à travailler sur la possibilité du doute et du scepticisme.

Mais cela ne suffit malheureusement pas à sauver Fatima, (trop) long-métrage qui a bien du mal à tenir la route sur ses quasi deux heures ; un étirement inutile pour une « intrigue » si maigrelette. Difficile, également, de ne pas piquer du nez face à ces dialogues sans-fin.

Enlaidi par une photographie jaunâtre et une patine visuelle tristounette au possible, ringardisé par un récit tourné en anglais (alors que l’histoire se passe au début du XXe siècle dans un village pauvre portugais), torpillé par ses flash-back, le film de Pontecorvo s’enlise et provoque un ennui poli. Le miracle n’aura en tout cas pas lieu au cinéma.
Aurélien Germain


> FATIMA 1,5/5. Drame de Marco Pontecorvo. Durée : 1 h 53. Avec Sônia Braga, Harvey Keitel, Joana Ribeiro…

La critique ciné de la semaine : Stillwater avec Matt Damon et Camille Cottin

Plongée dans Marseille avec Stillwater, signé Tom McCarthy qui réunit ici Matt Damon et Camille Cottin pour un thriller mâtiné de drame social.

Bill Baker (joué par Matt Damon), un foreur de pétrole du fin fond de l’Oklahoma, débarque à Marseille et s’y installe pour tenter de faire innocenter sa fille, coincée en prison pour un meurtre qu’elle jure ne pas avoir commis. Ne parlant pas un mot de français, l’ouvrier va se lier d’amitié avec Virginie (Camille Cottin) et tenter d’y voir plus clair…

Il y a de tout dans Stillwater : du thriller, du drame familial. Mais aussi de la romance, du film judiciaire. Et c’est bien là ce qui étouffe le dernier film de Tom McCarthy. Car ici, le réalisateur du fantastique Spotlight ne sait pas sur quel pied danser. Coincé le cul entre deux chaises, Stillwater est pétri de fragilité, dont l’équilibre est constamment menacé et maltraité par son excès de verbiage et ses terribles longueurs (2 h 20 au compteur !).

Il n’empêche, Stillwater se voit tout de même porté par un Matt Damon formidable dans son rôle de papa bourru et fermé, redneck chrétien qui pourtant vibre sous sa carapace de gros dur (son duo avec la petite fille est excellent). Idem pour Camille Cottin qui montre ici un jeu tout en nuances.

Reste, aussi, un « protagoniste », celui de Marseille : McCarthy filme superbement la cité phocéenne, des Calanques aux quartiers Nord, en passant par son mélange des cultures. En fait, comme un personnage à part entière.

Aurélien Germain


> STILLWATER 2,5/5
Thriller/Drame, de Tom McCarthy (USA). Durée : 2 h 20.
Avec : Matt Damon, Camille Cottin, Idir Azougli…

 

Cinéma : la Touraine, une terre de tournage

Bien dotée en salles de ciné, la Touraine est également terre d’accueil de tournages. À Ciclic, l’agence régionale pour le livre, l’image et la culture numérique, Pierre Dallois, responsable image, gère l’accompagnement des productions.

Mauvaise Graines a été tourné en Indre-et-Loire (© Jean-Philippe BALTEL – FTV – MORGANE PRODUCTION)

Qu’est-ce que les producteurs viennent chercher dans la région ?

On a de beaux atouts : des offres clés en main proposées par Ciclic et ses partenaires, par exemple des réductions sur les trains Corail ou des accords avec des structures d’hébergement et de restauration. Nous travaillons main dans la main avec les collectivités, comme Tours Métropole ou la Ville de Tours, l’agence régionale Dev’Up ou les offices de tourisme pour proposer cet accompagnement et attirer les productions dans la région.

Il y a un vrai travail de prospection pour promouvoir notre région. En plus, nous sommes proches de Paris, et on a un patrimoine exceptionnel, qui séduit beaucoup les étrangers. Sans compter notre studio d’animation où des films naissent chaque année.

Les tournages sont nombreux en Touraine ?

En temps normal, on accueille une quinzaine de tournages avec Ciclic, ce qui représente entre 3 000 et 3 500 jours de travail pour les techniciens, les comédiens et les figurants de région Centre. En 2019, on a par exemple eu un long-métrage, six courts-métrages et trois projets de fictions télé. En 2020, la France a été réactive, les tournages ont repris dès le mois de mai, les assureurs ont été rassurés par le fonds de garantie du CNC, c’était un vrai atout, notamment par rapport à l’étranger.

Malgré le Covid, on était à 3 300 jours de travail. Nous sommes allés chercher des fictions télé, qui sont les formats qui « rapportent » le plus : les productions sont plus riches, donc ces projets rémunèrent mieux et engendrent plus de dépenses sur le territoire.

Il y a donc des retombées économiques importantes ?

Il y a plusieurs facteurs à prendre en compte : si nous soutenons financièrement le projet ou non avec notre fonds d’aides, et son budget global. Pour la fiction télé, « Ce que veut Pauline » qui s’est tourné en 2021, pour 1 € dépensé pour aider le projet, on génère 8 € de retombées sur le territoire. Pour un film comme « L’invitation », de Fred Grivois, autre projet télé, on est à 1 € pour 5 €.

Des projets internationaux comme « Serpent Queen » (série américaine produite par Lionsgate Television), nous n’apportons pas d’aide financière, donc c’est forcément encore plus de retombées ! D’autant que cela participera à la promotion de la région à l’international, avec un impact sur le long terme sur le tourisme. Un tournage c’est de l’emploi, de l’activité économique et du rayonnement !

La culture face au monde d’après : du CCC OD au ciné

[4/5] Ces derniers mois sans théâtre, sans musique ou sans art nous ont rendus tout chose. Mais aujourd’hui, tout repart et il faut aller de l’avant. Des acteurs et actrices de la vie culturelle tourangelle évoquent pour nous les mois qui viennent. Aujourd’hui, laissons la parole à Isabelle Reiher, directrice du CCC OD, et à Pierre-Alexandre Moreau, directeur des cinémas Studio.

Isabelle Reiher
Directrice du CCC OD

Isabelle Reiher est la directrice du CCC OD (Photo Julien Pruvost)

« Remise en question. Avec l’équipe du CCC OD, avec les artistes, avec nos publics, nous coconstruisons sans cesse notre rapport au monde, en interrogeant les grands enjeux de nos sociétés. La crise que nous venons de vivre, ce confinement obligé, nous ont pris par surprise, nous ont obligés à nous remettre en question et à réagir. Comment inventer de nouvelles formes d’être ensemble ? Comment l’art peut-il y contribuer ? Voilà un des défis que ces récentes semaines ont fait émerger, qui convoque notre désir de vivre et de partager.

Plaisir. Je trouve très stimulant de nous interroger sur le rôle du centre d’art en tant que passeur, sur la capacité de l’artiste à inventer de nouvelles histoires, à travers la fiction mais aussi à travers des réalités bousculées. Il ne faut jamais oublier non plus que c’est le regardeur qui fait l’oeuvre ! J’espère que notre public sera au rendez-vous dès cet été pour chercher à nos côtés ce dépaysement et imaginer ensemble comment voir le monde qui nous entoure d’un œil nouveau. Voilà ce qui m’anime et me motive.

Nouvelle expo. Notre nouvelle exposition dans la nef du centre d’art à compter du 10 juillet 2020, de l’artiste français Vivien Roubaud, promet d’être une amorce de ce changement de paradigme qui s’esquisse avec poésie, souplesse et mouvement. Je me réjouis également de célébrer le centenaire de la naissance d’Olivier Debré avec différents partenaires en région, à commencer par le Garage d’Amboise en juillet, puis au CCC OD même à compter du 16 octobre. Cela promet des découvertes inédites sur l’oeuvre de cet artiste qui a marqué notre paysage et notre imaginaire ligérien. »

Pierre-Alexandre Moreau
Président des cinémas Studio

Pierre-Alexandre Moreau est à la tête des cinémas Studio, à Tours. (Photo DR)

« Se réinventer. Notre préoccupation est d’accueillir le public de façon à ce qu’il se sente en sécurité tout en n’étant pas anxiogène. Nous voulons rester sur quelque chose de positif et joyeux. Il faut également se réinventer car les jeunes s’étant abonnés en masse à Netflix et autres, il faut trouver comment être complémentaire.

Résister. C’est la question de l’exception culturelle française : nous avons le plus gros réseau de salles par habitants au monde. On se doit de porter haut cette résistance face aux multiplex et géants de l’internet. Notre jauge est désormais limitée à 50 % de la salle. Cela nous permettra quand même de remplir nos salles, sachant que le taux moyen est de 17 %. Mais ce sera compliqué en termes de trésorerie si cela dure un an. On a perdu 50 000 euros par mois pendant le confinement.

S’ouvrir. On a la chance d’avoir un public fidèle mais malgré cela, plein de gens à Tours ne connaissent pas les Studio. C’est un challenge pour les années à venir : les amener dans nos salles en leur proposant une ouverture sur le monde une réflexion sur ce qui nous entoure. »

Propos recueillis par Aurélie Dunouau

Sélection#1 : Notre top 12 des feel-good movies pour le confinement

On ne va pas se mentir, le confinement peut être difficile pour beaucoup. Tmv pense à vous et a fait une petite sélection de feel-good movies, ces films qui font du bien et qui font sourire. Pour ne pas trop déprimer !

1.Mon voisin Totoro

Pas de méchants, que de la magie, du bonheur et de l’onirisme. Miyazaki accouche ici d’un film d’animation de toute beauté, débordant de poésie et qui fait fondre notre petit cœur tout mou. Esthétique parfaite, personnages que l’on aime de bout en bout, rapport profond à la nature : on dit oui, oui et oui monsieur Miyazaki.

2.The Blues Brothers

De la musique géniale et la plus grosse scène de destruction de voitures du cinéma. Rien qu’avec ça, il est impossible de ne pas se refaire ce film mythique de John Landis (1980), où Dan Aykroyd et John Belushi brillent dans leur costume noir, où pléthore de stars de la musique se succèdent et où le cool se résume à chanter « Eeeverybody, needs sooomebody ».

 

3.La vie rêvée de Walter Mitty

Rarement n’a-t-on vu Ben Stiller aussi juste… Ici, il campe Walter Mitty, homme d’une banalité sans nom, un personnage ordinaire enfermé dans son quotidien qui ne s’évade que dans ses rêves. Un jour, il décide d’embarquer dans un périple incroyable. Le résultat ? Un grand film, une belle aventure, un moment tout en finesse et en poésie, malin et bourré de couleurs saturées. C’est tout en tendresse et ça fait surtout sacrément rêver…

4.Intouchables

On ne présente plus ce succès monumental, emmené par un Omar Sy en pleine forme. Son rire, ses pas de danse, ses vannes et son charisme : tout concorde pour faire de lui la tête pensante et le maître de cette comédie qui fait du bien à la tête.

5.Le livre de la jungle

« Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux… » Cette chanson et un petit retour en enfance grâce au livre de la jungle, par exemple ?

6.Chantons sous la pluie

Le genre de la comédie musicale file déjà le sourire et apaise les esprits. Si, en plus, on vous propose la comédie musicale culte par excellence… On retourne dans les années 50, pour un classique enchanteur et drôle.

7.Un jour sans fin

Le pitch de base était déjà fantastique (être coincé dans une boucle temporelle, tout en donnant un sens à sa vie). Quand en plus, il est porté par l’inénarrable Bill Murray… On se reprend une dose de cette comédie signée Harold Ramis. Et quand on y pense, Un jour sans fin : n’est-ce pas là le résumé de nos journées de confinement actuellement ?

8.Dumb & Dumber

En 1994, Jim Carrey est prêt à conquérir le monde. Le « Mask » revient sur les écrans dans Dumb & Dumber, comédie des frères Farrelly, dans laquelle il incarne la crétinerie absolue. Le film est débilissime à souhait (deux amis spécialistes de l’élevage de lombrics, après un malentendu, partent à la recherche de Mary qui a oublié sa valise… avant de se retrouver au centre d’un complot), mais qu’est-ce que c’est bon de rire en ce moment.

9.Mary à tout prix

Allez, on continue dans le bébête mais drôle avec, de nouveau, les frères Farrelly aux commandes de cette comédie culte des années 90. Un loser, un détective privé, un amour de jeunesse, un imbroglio, des personnages hilarants (Ben Stiller a décidément le chic pour ses rôles de gros boulet), des scènes inoubliables (oui, oui, le gel dans les cheveux…) et des vannes au kilomètre. Qu’est-ce que c’est bon de rire en ce moment (bis).

10.Good Morning England

Porté par sa délicieuse galerie de personnages et un récit sans-faute, Good Morning England est une bouffée d’air frais. Ce zoom sur les radios libres et pirates dans une époque où les pourfendeurs de la liberté d’expression étaient nombreux colle le sourire aux lèvres. Le tout, dopé par une B.O dantesque et 100 % rock’n’roll.

11.Les Miller, une famille en herbe

Bon avouons : c’est notre péché mignon, notre film de la honte. Parce qu’on a beau l’avoir vu un paquet de fois, Les Miller nous fait toujours nous marrer bêtement. L’histoire ? Un dealer de pacotille doit éponger sa dette en passant une grosse cargaison au Mexique. Pour ce faire, il convainc ses voisins (une strip-teaseuse, un puceau, une voyou) de devenir ses complices : en se faisant passer pour une famille modèle, ils ne devraient avoir aucun souci… Autant dire que cette comédie fumante, politiquement incorrecte, se la joue divertissement généreux et improbable, trash tout en en faisant des caisses. Allez, on se le remet pour la 9e fois…

12. Mme Doubtfire

Parce que 1993-1994 a vraiment été la décennie des meilleures comédies US… Parce que ce film est bienveillant… Parce que c’est drôle et émouvant à la fois… Parce que ce long-métrage n’a pas pris une ride… Parce que Robin Williams nous manque.

La Bonne épouse : la critique

Sortie en salles cette semaine du film de Martin Provost, La Bonne épouse. Une ode à l’émancipation des femmes.

1967. En France. Une école forme les « bonnes ménagères ». Depuis 2 ans seulement, les femmes peuvent exercer une activité professionnelle ou ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari. Tout ça, ce n’est – malheureusement – pas du cinéma. Et c’est ce cadre qu’a choisi Martin Provost, réalisateur déjà vu derrière la caméra pour Séraphine ou Violette.

Le cinéaste reprend ses thématiques fétiches et remonte dans le temps avec La Bonne épouse. Là où le vent libertaire de 1968 ne va pas tarder à souffler. Ici, Paulette (Juliette Binoche, toute en justesse) apprend à se plier au devoir conjugal et tenir son foyer dans son école ménagère. Sois une épouse docile et soumise et tais-toi !

Mais le jour où son mari meurt, elle se retrouve ruinée et se rend compte que monsieur était un bien mauvais gestionnaire. Elle va ainsi se pencher sur les comptes de sa petite entreprise et retrouver un amoureux éconduit (Edouard Baer, parfait comme d’habitude).

Ode à l’émancipation des femmes, La Bonne épouse montre l’absurdité de leur quotidien à cette époque, sans trop forcer le trait. Dans un rythme soutenu, les comédiennes sont désarmantes de sincérité (Yolande Moreau en tête) et poussées par des dialogues ciselés et gourmands.

Malgré un final un peu abrupt et qui se perd, le film de Provost est une jolie proposition, un film éclairant post-#MeToo qui fait du bien.
A.G.


> LA BONNE ÉPOUSE 3,5/5

> Comédie (France), de Martin Provost. Durée : 1 h 49. Avec Juliette Binoche, Edouard Baer, Yolande Moreau…

 

Isaan : resto thaï à deux pas de la gare

Il n’est qu’à quelques mètres de la gare de Tours et près du cinéma CGR Centre. On a testé le restaurant Isaan, rue Blaise-Pascal.

 

C’est un petit nouveau qui s’est récemment installé du côté de la rue Blaise-Pascal ! Situé à même pas 100 mètres du cinéma CGR Centre et à une minute à pied de la gare, le restaurant Isaan a ouvert il y a un tout petit peu plus d’un mois.

Ici, on s’adresse aux amateurs de cuisine thaï et aux curieux. Et comme à la rédac de tmv, on est un peu les deux, il fallait bien qu’on aille tester la chose. De suite, l’accueil qui nous est réservé nous plaît : extrême politesse, sourires radieux de l’équipe, on se sent vite à l’aise. Un bon point.

Pour la salle, c’est la sobriété qui l’emporte. Sièges noirs confortables, murs dans les tons jaune-orange, petites lampes torsadées suspendues et belle luminosité. Cela manque toutefois un peu de déco. Un petit plus serait le bienvenu, pour apporter un peu de cachet et un côté chaleureux à l’ensemble.

Bœuf au curry et tapioca au taro

Après commande, pour patienter, on nous apporte une petite coupelle de porc séché en guise d’amuse-gueule. Beaucoup de goût et sympathique attention. Le « vrai » repas arrive après une courte attente. Le menu du midi nous fait débuter par un « tom yam kung » (eh oui, bac +7 en thaïlandais ! Bon, peut-être qu’on triche en recopiant ce qui est écrit sur la carte…). C’est une soupe à la citronnelle, assez forte en bouche, avec crevettes, herbes et champignons. Un peu de piment relève le tout.

Ensuite, on passe au « phanang nea », un bœuf au curry plein d’arômes, un peu plus corsé que l’entrée (ça pique un tout petit peu, mais vraiment rien de bien méchant).

La viande est très tendre, la sauce est adoucie par un peu de lait et un monticule de riz blanc accompagne le tout. De quoi nous caler l’estomac avant le dessert qui arrive, un tapioca au taro.

Résultat ? Une addition à 13,50 € seulement pour un menu du midi avec entrée, plat, dessert. De quoi poser un joli rapport qualité- prix pour ce petit voyage culinaire.

Aurélien Germain


> Tarifs : 13,50 € le menu du midi avec entrée, plat et dessert. Comptez sinon 23,50 € pour un plateau composé (uniquement disponible le soir). À la carte, on tourne davantage sur du 10 à 14 € le plat en moyenne. 

> Au 17B rue Blaise-Pascal à Tours. Ouvert du mardi au samedi, de 12 h à 14 h 30 et de 19 h à 21 h 30. Fermeture le dimanche et le lundi. Contact 02 47 20 99 41. « Isaan restaurant thaï » sur Facebook

Zébulon le dragon : court-métrage pour enfants

Cette semaine, les cinémas Studio projettent Zébulon le Dragon, un court-métrage pour enfants signé Max Lang et adapté des livres éponymes.

Zébulon est un jeune dragon. Loin de terroriser les alentours, il est surtout très attachant et parfois un peu (beaucoup) maladroit. Voulant devenir le meilleur élève de son école, il va tenter de traverser diverses épreuves et capturer une princesse…

Cette trame est celle de Zébulon le Dragon, un court-métrage qui sort cette semaine dans un anonymat quasi-complet (quelques salles en France à peine, mais 6 séances aux cinémas Studio de Tours).

Adaptée du livre de Julia Donaldson, cette production signée Max Lang se destine clairement aux plus jeunes. Un public qui sera probablement captivé par ce récit, où chaque dragon bien coloré est choupinou et où les touches mignonnettes d’humour nourrissent l’ensemble (en témoigne cette amusante séquence, dans laquelle ils apprennent à rugir).

Construit comme un conte (la narration en arrière-plan), forcément porté par une morale et des valeurs (l’ode à la persévérance), Zébulon le Dragon reste attachant, mais fait bien pâle figure comparé à l’offre pléthorique dans le cinéma d’animation. Celle-ci reste fluide, mais le graphisme sans relief paraît sommaire.
Surtout, la différence de traitement se fait sentir entre des protagonistes pas franchement bien modélisés et des décors et arrières-plans travaillés. Au moins, il y aura de quoi tenir sa marmaille tranquille pendant la petite demi-heure que dure ce court-métrage.

Aurélien Germain


> Court-métrage d’animation (GB), de Max Lang. Durée : 27 minutes.

> Note : 2,5/5 

Countdown : faites attention à vos applis…

Et si une appli de votre téléphone pouvait prédire votre mort, la téléchargeriez-vous ? Le pitch est sympathique, mais malheureusement, Countdown se vautre dans la paresse et n’est qu’un énième film estampillé horreur pas bien méchant…

Et si une appli de votre téléphone vous prédisait combien de temps il vous reste à vivre ? En voilà une chouette idée pour Quinn qui se rend compte (forcément sinon ce n’est pas drôle) qu’il ne lui reste que 2 jours sur Terre…

Ce n’est pas la première fois que le cinéma d’horreur fait appel à la technologie pour décider du destin de ses personnages. Dans Countdown, peu de surprises à l’horizon, cette première réalisation de Justin Dec se contentant de recycler les idées de The Ring version smartphone et se poser comme une bête resucée de Destination Finale.

Sauf que l’on est bien loin des deux films pré-cités. Emmené par une mise en scène hésitante et des acteurs aussi expressifs que des étoiles de mer sous Lexomil, ce Countdown ronflant est aussi excitant qu’un épisode de Derrick sans sous-titres.

Cette énième variation autour du thème de la mort qui poursuit des jeunes n’a même pas le mérite d’apporter un tant soit peu de subtilité (le blabla fadasse sur l’addiction aux téléphones). Et ce n’est pas le trouillomètre qui changera quoique ce soit, Countdown restant dans le chemin balisé des jumpscares classiques et foireux, n’offrant que des moments de « tension » vus et revus. Dommage.

Aurélien Germain


> Horreur/épouvante, de Justin Dec (Etats-Unis). Durée : 1 h 30.
Avec : Elizabeth Lail, Jordan Calloway, Talitha Bateman…

> NOTE : 1,5/5 

 

Angry Birds Copains comme cochons : la critique

Les Angry Birds reviennent au cinéma pour un deuxième volet. Un divertissement efficace pour les enfants mais qui en ennuiera plus d’un(e).

Cela fait déjà trois ans que le premier film Angry Birds – adaptation du jeu vidéo sur smartphone du même nom – est sorti sur nos écrans. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, le délire du lancer d’oiseaux sur les cochons est passé de mode, le temps passe ma bonne dame, tout va trop vite mon bon monsieur.

Était-ce alors judicieux de proposer une suite cinématographique en 2019 ? La question se pose tant ce Angry Birds 2 apparaît comme un gros bonbon (parfois) indigeste et (souvent) futile.

L’ensemble est évidemment bien emballé. Coloré, dopé par un rythme à 100 à l’heure, porté par des protagonistes mignons et rigolos, Angry Birds part dans tous les sens et fait le job en tant que divertissement efficace pour les enfants.

Pour le reste, cette suite n’a malheureusement que peu d’identité et tourne vite en rond, pour cause de flemmardise aggravée. Un peu trop facile, un peu trop plat quand il s’amuse à singer les films d’espionnage, le film de Thurop Van Orman n’a pas les forces nécessaires pour passionner son auditoire jusqu’au bout.

Angry Birds 2 se regarde d’un œil, la main plongée dans le pot de popcorn. Bref, fun mais qu’à moitié.
> Film d’animation, de Thurop Van Orman (États-Unis). Durée : 1 h 37.
> NOTE : 2/5 

Aurélien Germain

Apollo 11 : documentaire fabuleux et immersif

On revit les premiers pas de l’Homme sur la Lune avec le documentaire Apollo 11, une réussite de bout en bout. Attention, il ne sera diffusé en salles que du 4 au 8 septembre !

Un documentaire, sans voix off. Un documentaire, mais surtout une virée aux côtés des astronautes de la mission Apollo 11 et du centre de contrôle. Pour un voyage sublime vers la Lune et les premiers pas de l’Homme.

Disons-le de suite, ce docu signé Todd Douglas Miller est à couper le souffle. Il fera office, et pour longtemps, de témoignage incontournable.

Apollo 11 se distingue notamment des autres films par sa réalisation à partir d’images 70 mm inédites. Miller les a restaurées et leur offre une seconde vie. Et le résultat est prodigieux.
Les couleurs riches, les contrastes saisissants et d’une profondeur inouïe permettent aux détails de se révéler.

Spectaculaire de À à Z (la séquence de l’alunissage est si forte que notre cœur palpite comme devant le plus stressant des thrillers !), boosté par un travail sonore admirable, il laisse aussi les discussions internes à la NASA servir de narration. Le tout est enrobé d’une partition musicale splendide.
Une construction tellement réussie qu’elle offre une alchimie folle à la relation image/son.

Avec le choc esthétique provoqué et cette expérience viscérale, Apollo 11 est un documentaire qui vous envoie en orbite. Fabuleux.

Aurélien Germain


> Documentaire (USA) de Todd Douglas Miller. Durée : 1 h 33.
> Attention, au cinéma du 4 au 8 septembre uniquement !

Yesterday : le monde sans les Beatles

Imaginez un monde dans lequel les Beatles… n’auraient jamais existé ? C’est ce que propose Danny Boyle dans son dernier film, Yesterday, en salles dès le 3 juillet.

Jack Malik mène une vie tout à fait banale dans un petit village du Sud de l’Angleterre. Il vit encore chez ses parents et travaille dans un supermarché.
A priori, le personnage ne fait pas rêver. Sa seule échappatoire : la musique.

Avec sa manager et amie, il enchaîne les concerts dans les piano-bars, sans grand succès. Une coupure de courant plonge le monde entier dans le noir pendant 12 secondes.
Le temps pour Jack Malik de se faire percuter par un bus. À son réveil, rien ne semble avoir changé, à un détail près : plus personne ne connaît l’existence des Beatles. Le jeune chanteur va en profiter et s’approprier tous leurs succès. Vient alors la gloire, mais jusqu’à quand ?

Dans ce scénario un peu fou, on peine un peu à s’y retrouver. D’autant plus qu’au fur et à mesure du film, on se rend compte que les Beatles ne sont pas les seuls à n’avoir jamais existé dans ce « deuxième monde ».
Plus de cigarettes, ni de Coca- Cola, ou encore d’Harry Potter. Une critique de la société de consommation de la part du géant Danny Boyle ?

La surprise du côté loufoque de l’histoire passée, le long-métrage se tient finalement très bien. On est tantôt amusé par le personnage de Jack Malik, interprété par Himesh Patel, hors de ses pompes du début à la fin. Tantôt ému par Ellie Appleton (formidable Lily James) qui en pince depuis pas mal de temps pour le chanteur devenu rock-star.
A noter, l’apparition d’Ed Sheeran (qui joue son propre rôle) dans une bonne partie du film.

Finalement, on s’en serait peut-être passé, la faute à son jeu un peu forcé. Les vrais héros du film restent les Beatles, omniprésents par le biais de leurs chansons. L’hommage à ce groupe mythique passe en filigrane, tout en douceur.
Et c’est ce qui montre que Danny Boyle a ici, encore une fois, réussi son pari.

Emmanuel Haddek

> Comédie / musical (Angleterre), de Danny Boyle. Durée : 1 h 57. Avec : Himesh Patel, Lily James, Ed Sheeran, Kate McKinnon.

> NOTE : 3/5 

La critique ciné des années 2000 : Requiem for a dream

[Spécial années 2000] A l’occasion de notre numéro spécial années 2000, on se replonge dans un des classiques de cette époque : la descente aux enfers de Requiem for a dream.

La drogue, l’addiction et la descente aux enfers. En axant son film sur ce thème, en 2001, Darren Aronofsky a accouché d’une oeuvre majeure de la décennie : psychologiquement assez violent, Requiem for a Dream va marquer – et perturber – bon nombre de cinéphiles de l’époque (et encore maintenant).

La caméra du réalisateur, au plus près, intime, colle à la peau de ces quatre personnages déglingués au centre de l’histoire. Harry (Jared Leto, remarquable) tente de faire décrocher sa mère (Ellen Burstyn, émouvante), droguée à un show télé auquel elle rêve de participer. Elle finit par sombrer, gobant des amphét’ pour maigrir.

Pas plus glorieux que son fils qui, lui, tombe dans une spirale infernale en se camant avec sa copine Marion (Jennifer Connelly, magnétique) et son ami Tyrone.

Des vies qui s’effondrent, le démon de la drogue qui attaque. La mort qui guette. Dans Requiem for a dream, Aronofsky soigne ses cadrages. Il étouffe le spectateur. Crée le malaise et rend malade. Littéralement.
Le montage est rapide, boosté par la B.O suffocante de Clint Mansell, nappe sonore obsédante (comme la drogue ?) qui nous hante encore après bien des visionnages.

Tout cela alimente cette vision affreuse de la déchéance des corps, de la chute sans fin et du point de non-retour. C’est une tragédie misérable mais hypnotique. Et à force, tant dans son propos que ses images, elle rend nauséeux.

En fait, Requiem for a dream est d’une rare poésie noire. Le film, brut et brutal, prend aux tripes, il émeut. Choc, sordide et déprimant, il nous emmène droit en Enfer. En aller simple.

> Drame, de Darren Aronofsky (USA). Durée : 1 h 50. Avec Jared Leto, Jennifer Connelly, Ellen Burstyn…
> NOTE : 4,5/5

Tolkien, le romancier star se révèle dans un biopic

La vie de l’auteur de la trilogie du Seigneur des anneaux est retracée dans un biopic signé Dome Karukoski.

Le cinéma aurait-il trouvé sa (nouvelle) poule aux œufs d’or ? Ces derniers mois ont été marqués par une palanquée de biopics plus ou moins valables, surtout quand le genre se frotte au monde musical (Bohemian Rhapsody, The Dirt…). Ici, le Finlandais Dome Karukoski a choisi la difficulté, en s’attaquant à l’écrivain emblématique J.R.R Tolkien.

Concrètement, vouloir consacrer un film au créateur du Seigneur des Anneaux est légitime. L’auteur, qui a révolutionné la littérature fantastique, est devenu d’autant plus incontournable lorsque Peter Jackson a décidé d’adapter son œuvre sur grand écran.
Mais avec ce biopic (rappelons que les héritiers de Tolkien ont affirmé leur rejet total du long-métrage), la déception pointe le bout de son nez. Bien trop classique et balisé, sans trop savoir à qui il s’adresse, s’autorisant bien des libertés, « Tolkien » risque de faire bougonner certains puristes…

Pour dérouler son récit, Karukoski a choisi de le séparer en trois périodes charnières : le fin de l’enfance, l’adolescence et ses amitiés et enfin son envoi beaucoup trop jeune au front à la Guerre. Si la première partie ne donne que peu d’émotions et que la seconde ressemble davantage à une resucée du Cercle des poètes disparus, le troisième acte permet – enfin – au film de décoller, notamment grâce à une mise en scène folle et réussie. Le réalisateur montre alors à quel point ce moment de vie a traumatisé l’écrivain qui le symbolisera plus tard dans ses œuvres.

Mais c’est toutefois un peu tard pour un biopic qui, du coup, garde en fait le mystère sur un homme insaisissable. Pas mauvais, mais loin d’être indispensable : un peu de magie n’aurait pas nuit à un film qui s’intéresse pourtant à l’un des romanciers les plus enchanteurs qui soit.


> Biopic (GB). Durée : 1 h 52. De Dome Karukoski. Avec : Nicholas Hoult, Lily Collins…

> Note : 2,5/5

Greta : thriller psychologique 100 % féminin

Chloë Grace Moretz se retrouve entre les griffes d’Isabelle Huppert, veuve psychopathe qui a bien décidé de ne pas la laisser partir…

 

En deuil de sa mère, la jeune Frances se lie d’amitié avec Greta, une veuve accueillante en mal de compagnie, à qui elle vient de ramener son sac à main après l’avoir trouvé dans le métro.
Mais très vite, Frances va se rendre compte que cette nouvelle connaissance ne lui veut pas forcément que du bien. Le harcèlement commence…

Un thriller psychologique signé Neil Jordan (auteur d’Entretien avec un vampire ou encore showrunner pour Les Borgias), avec en tête d’affiche Chloë Grace Moretz et Isabelle Huppert ? Sur le papier, Greta fait envie. Dans les faits, il montre en fait rapidement ses limites.

Pourtant, Greta maîtrise habilement sa gestion du suspense. La tournure quasi-horrifique et inquiétante du troisième acte permet également de surélever les promesses de départ. Et même si Chloë Grace Moretz est trop fade dans son personnage, Isabelle Huppert se révèle en revanche flippante en froide psychopathe et semble y prendre malin plaisir !

Malheureusement, Greta se prend les pieds dans le tapis. Dès le départ, d’abord, avec une introduction expédiée à la va-vite : survolée, l’accroche est si rapide qu’il est impossible de s’identifier aux protagonistes, de s’y lier ou d’apporter un tant soit peu de crédibilité à leur profil.

Pour le reste, dans ce récit balisé, les clichés s’enchaînent et la mise en scène, conventionnelle et trop classique, n’aide pas. Quant au travail sonore, Neil Jordan a cette tendance insupportable à surligner ses intentions par une musique appuyée lors des scènes de tension.
De quoi en amoindrir toute la portée et frôler parfois le ridicule.

Si l’idée d’un thriller 100 % féminin donnant une autre couleur à l’ensemble, était bonne, Greta s’avère finalement assez décevant et ne révolutionnera pas grand-chose au genre. Frustrant.


> Thriller (USA). Durée : 1 h 38. De Neil Jordan. Avec : Isabelle Huppert, Chloë Grace Moretz, Maïka Monroe…

> NOTE : 2,5/5 

La Cité de la peur : de retour au ciné

[Spécial années 90] A l’occasion de notre numéro spécial années ’90, la critique ciné s’intéresse cette semaine à La Cité de la peur. Et ça tombe bien : le film mythique ressort sur nos écrans de cinéma dans quelques jours !

Barrez-vous, cons de mimes ! Il fête ses 25 ans cette année et, cerise sur le pompon du gâteau, sera rediffusé exceptionnellement dans certains cinémas – ainsi qu’à Tours (*) – pour célébrer ça : c’est l’heure de revoir La Cité de la peur.

Comment chroniquer pareil film ? Comment rester objectif lorsqu’un OVNI pareil a bercé toute une génération ? Comment faire alors que La Cité de la peur mérite un zéro pointé pour certain(e)s et reste cultissime pour d’autres ?

Proposé par la troupe des Nuls à Claude Berri, le réalisateur avait à l’époque poliment refusé, jugeant tout ça « un peu débile ».
Car oui, La Cité de la peur est débile. Complètement crétin. Aussi parodique que stupidement stupide. Mais difficile de bouder son plaisir avec sa gestion de l’absurde, son non-sens constant, ses gags si lamentables qu’ils en deviennent drôles.

Dans cet amas foutraque et burlesque qu’on croirait sorti tout droit de la cervelle d’un scénariste sous LSD, surnage un casting mémorable : Chabat bien sûr, entouré de Farrugia et Lauby, à l’époque où ils dominaient la planète télé.
Mais aussi des Darmon, Bacri et autres, glissés parmi des dizaines de caméos (Dave, Eddy Mitchell, Pierre Lescure…).

Mais, surtout, La Cité de la peur est devenu mythique et restera dans la pop culture pour ses dialogues fumants et inoubliables : « Quand je suis content, je vomis » et autres « – Vous voulez un whisky ? – Oh juste un doigt. – Vous voulez pas un whisky d’abord ? »… Tant de répliques qui restent en mémoire, encore tant de temps après : Quel autre film peut en dire autant ?

> Comédie (France). Durée : 1 h 33. D’Alain Berbérian. Avec Alain Chabat, Dominique Farrugia, Chantal Lauby…
> NOTE : 4/5


(*) La Cité de la peur sera exceptionnellement diffusé à Ciné Loire le 7 juin à 20 h ; au CGR Tours Centre le 9 juin à 19 h 30 et au CGR 2 Lions le 9 juin à 20 h.

Venise n’est pas en Italie : Poelvoorde, road trip et caravane

Après le roman et l’adaptation au théâtre, voici la version cinéma de Venise n’est pas en Italie, le succès d’Ivan Calbérac.

Il y avait d’abord eu Venise n’est pas en Italie, le roman. Signé Ivan Calbérac en 2015, ce livre à succès et sympathique comme tout s’était ensuite décliné en pièce de théâtre. Là-encore, un agréable souvenir.
Cette fois, Ivan Calbérac – toujours lui – a choisi de boucler la boucle en proposant une adaptation cinématographique. Le romancier devenu cinéaste repart donc pour un tour avec son oeuvre.

Venise n’est pas en Italie, c’est l’histoire des Chamodot, une famille peu ordinaire car fantasque. Le papa est amoureux de sa caravane, dans laquelle il fait dormir tout le monde. Émile, le fils, grandit et découvre l’amour en flashant sur Pauline, une fille qui va l’inviter à Venise pour les vacances.
Problème ? Les parents décident de l’accompagner… avec leur caravane.

Pitch parfait pour un road-movie familial et initiatique, le film de Calbérac reprend peu ou prou la trame du livre originel. À la différence toutefois qu’il donne ici vie à ses personnages grâce à un Benoît Poelvoorde toujours aussi effervescent, en charmant duo avec Valérie Bonneton (toujours aussi juste).

Pour le reste, le casting fait bien l’affaire avec Helie Tonnat, parfait en gamin désabusé par ses parents « pas normaux », et son lot de personnages secondaires.

Du reste, Calbérac en tire un feel-good movie à la française divertissant et qui sent les vacances (la photographie, chaude et saturée, du chef opérateur Vincent Mathias, y est pour beaucoup).
Venise n’est pas en Italie se croque comme une fantaisie attachante quoiqu’un peu quelconque, charmante quoiqu’un peu légère parfois. Clairement, un film sur la famille à voir en famille.

Comédie, d’Ivan Calbérac (France). Durée : 1 h 35. Avec Benoît Poelevoorde, Valérie Bonneton, Heli Tonnat, Eugène Marcuse…
> NOTE : 3/5

Blade Runner : un classique des 80’s

A l’occasion de notre numéro spécial années 80, on chronique l’un des films cultes de cette époque : Blade Runner. Ce qui tombe bien, puisque cette petite bombe de Ridley Scott est à voir, cette semaine, lors de la Nuit des cinémas Studio !

Un film exigeant. Profond. Difficile, peut-être. Mais en même temps, un film culte, une oeuvre-clé de la science-fiction.
Blade Runner, c’est tout ça à la fois.

Lorsqu’il atterrit sur les écrans en 1982, il ne fait pas tant l’effet d’une bombe. Ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard qu’il deviendra classique de la SF. Et du cinéma tout court.

Dans cette dystopie, le spectateur suit un ancien chasseur de primes, un blade runner, rappelé pour traquer les « replicants », des androïdes perfectionnés qui se sont évadés d’un monde extérieur.

De ce postulat, Ridley Scott – qui vient de s’illustrer avec Alien – va accoucher d’un film marquant déjà par son univers visuel. Esthétiquement, Blade Runner est une totale réussite.
Porté par une mise en scène ultra-précise, enveloppé d’une atmosphère sombre, le long-métrage est influencé par le Métropolis de Fritz Lang et mérite vraiment l’appellation de film noir, plus qu’un simple film futuriste. Son atmosphère oppressante, son environnement sombre, sa planète surpeuplée, tout concourt à agripper le cinéphile par la gorge et lui serrer les tripes.

Fascinante car visionnaire (Blade Runner se savoure encore aujourd’hui (*) sans problème), réflexion métaphysique sur l’Homme, bourrée de références religieuses, l’oeuvre de Ridley Scott est mélancolique et viscérale.

Révolutionnaire, Blade Runner l’était déjà il y a 37 ans. Complexe, il l’était aussi. Mais aujourd’hui, en 2019, il n’a rien perdu de sa superbe. Révolutionnaire et complexe, il l’est toujours autant.

Science-fiction (USA). Durée : 1 h 57. De Ridley Scott. Avec : Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young…
> Note : 4/5 


(*) Blade Runner sera diffusé exceptionnellement aux cinémas Studio de Tours, lors de la Nuit des Studio, le 25 mai. Infos sur studiocine.com

Séduis-moi si tu peux : vent de fraîcheur sur la comédie romantique

Charlize Theron et Seth Rogen forment un duo de choc dans Séduis-moi si tu peux. Le film de Jonathan Levine renouvelle un peu le genre ultra-balisé de la rom-com. Et en plus, c’est drôle !

La filmographie de Jonathan Levine n’a pas franchement marqué les esprits.
Du genre touche-à-tout, il s’est éparpillé entre films de zombies gnan-gnan (Warm Bodies), dramédie (50/50) et thriller d’horreur (Tous les garçons aiment Mandy Lane)…

Cette fois, le cinéaste tente le coup de la comédie romantique avec Séduis-moi si tu peux, s’épaulant pour l’occasion d’un tandem costaud : Seth Rogen et Charlize Theron.

L’histoire ? Un journaliste au chômage se retrouve à collaborer avec la secrétaire d’État briguant la présidence américaine qui, accessoirement, était son ancienne babysitter dont il était amoureux.

La scène d’introduction, hilarante, donne le ton. Ici, il sera difficile de ne pas rire face aux séquences désopilantes. Et ce, même si les vannes taillées au bulldozer et parfois en-dessous de la ceinture (coucou la référence à Mary à tout prix) pourront en rebuter certains.

Mais « Séduis-moi » se sert de ses gags pour contourner un genre habituellement mièvre. Et mieux : sous son vernis de rom-com, le film de Levine se paye surtout le monde politique et son marketing dans une satire assez gratinée.
Il suffit de voir ce président au QI de bulot voulant partir dans le cinéma (qui a dit Trump ?)…

L’autre réussite est que « Séduis-moi » aime ses personnages. L’alchimie parfaite entre les deux (Charlize Theron est irrésistible) s’en ressent.
Et au final, peu importent ses défauts (ses clichés, son dénouement prévisible à des kilomètres, sa longueur abominable), le film est aussi attachant sur la fond que la forme.

Pas de quoi gâcher le plaisir donc, pour une production bien plus rafraîchissante que ses voisines formatées et niaises. Contre toute attente, une comédie romantique qui fait du bien.

Comédie, de Jonathan Levine (USA). Durée : 1 h 56. Avec : Charlize Theron, Seth Rogen, O’Shea Jackson…
> NOTE : 3,5/5 

 

Hellboy : quel enfer, cette nouvelle version !

Alors que Del Toro avait brillé lors des premiers épisodes, Neil Marshall signe ici un nouveau Hellboy sans queue ni tête. Un plantage quasi-intégral.

La critique a flingué le film Hellboy version 2019

Dire que ce reboot d’Hellboy a été démoli aux États-Unis, où il est sorti il y a un mois, est un doux euphémisme. Laminée par la critique outre-Atlantique, la nouvelle adaptation du comic book a également été boudée par le public, faisant d’elle un plantage quasi-intégral au box office avec un remboursement qui s’annonce bien mal parti.

Alors que penser de tout ça ? Le retour de la bestiole mi-homme mi-démon promettait d’être plus violent et plus fun que les versions de Guillermo del Toro.
Que ce soit clair : ce Hellboy version 2019 est effectivement bien plus porté sur le gore, le sang et les « fuck » (le film a été classé « Rated-R » chez nos amis américains)… Mais il n’est sûrement pas plus fun, justement, torpillé par une majorité des vannes lourdingues au possible, voire tombant simplement à plat. L’humour ne fonctionne pas vraiment ici et ne sert en rien la chose.

Pas de quoi amadouer le public, donc, qui va devoir endurer pendant deux heures un film aussi maladroit qu’épuisant, emmêlé dans ses erreurs d’écriture, son visuel d’ensemble qui pique les yeux (le numérique frôle l’indigestion et les effets sont parfois laids), le tout ponctué de dialogues stupides ou insipides.

Par chance, dans tout ce gâchis, Neil Marshall offre une belle présence à l’écran à David Harbour (le shériff de Stranger Things, c’était lui) en Hellboy, mais aussi un bestiaire généreux et quelques morceaux rock pour booster le tout.

Mais ce n’est rien de très suffisant pour sauver ce Hellboy grotesque du désastre dans lequel il se noie et qui, en plus de toujours souffrir de la comparaison avec Del Toro, fait office de déception totale vu le matériau de base. Un véritable enfer…


> Fantastique (USA). Durée : 2 h 01. De Neil Marshall. Avec : David Harbour, Milla Jovovich, Ian McShane…
> NOTE : 1,5/5 

Amir et Mina se prennent les pieds dans le tapis

Un film d’animation un peu maigrelet, quelques clichés et une histoire pauvrette de tapis volant : on ne s’est pas vraiment envolés avec Amir et Mina qui sort ce mercredi au ciné.

Amir est un jeune garçon intrépide. Un beau jour, ce doux rêveur s’envole sur un tapis volant aux côtés de sa chèvre de compagnie Raya. Débarquant dans la ville d’un sultan, il est guidé par une fille qui va devenir son amie. Ensemble, ces aventuriers vont affronter voleurs, gardes et crocodiles…

Rien qu’avec son synopsis, « Amir et Mina : les aventures du tapis volant » semblait déjà mal parti. L’argument sur lequel repose ce film d’animation danois paraît bien maigre.
S’il est pourtant pertinent par écrit (il s’agit là d’une adaptation du livre Hodja fra Pjort, d’Ole Lund Kirkegaard), il est en revanche plus délicat de le mettre en images sur une telle durée (1 h 20 au compteur)… surtout avec si peu de moyens.

Car Amir et Mina reste bien peu inspiré malgré ses bonnes intentions, ses jolis décors et son envie de bien faire. Ici, il est tout autant difficile de rentrer dans l’histoire que de s’attacher aux personnages. Trop faiblard pour s’y concentrer, le récit tourne rapidement en rond et ne parvient pas à intéresser plus d’une demi-heure.

Tuant dans l’oeuf toutes ses bonnes idées (la chèvre est drôle au départ, mais devient vite agaçante), lesté de clichés (les personnages chinois et africains…), pas même relevé par sa partition musicale interminable et ennuyeuse, Amir et Mina fait pâle figure dans sa catégorie à côté de ses voisins.
D’autant que son esthétique plus sage que les Pixar et consorts, couplée à un cruel manque de rythme et une animation pas vraiment folichonne, finissent de faire d’elle une production pauvrette.
Vite vu, vite oublié.

Film d’animation, de Karsten Kiillerich (Danemark). Durée : 1 h 20.
> NOTE : 1,5/5

90’s : skate, adolescence et liberté

Pour sa première réalisation, Jonah Hill signe une sympathique chronique adolescente sur fond de skate et de liberté, dans le Los Angeles des années 90.

 

Quelle madeleine de Proust, ce 90’s ! Pour son tout premier film en tant que réalisateur, Jonah Hill a choisi le thème de l’insouciance adolescente dans les années 90 sur fond de skate et de désir de liberté.

Le personnage principal, Stevie, a 13 ans. Sa mère ? Une femme douce mais surprotectrice dont il essaye d’échapper. Son grand frère ? Un jeune qui lui enfile des baffes mais qu’il admire paradoxalement. La période ? Le Los Angeles de 1995, plongé dans la vague MTV, gros baggys et compagnie.

Stevie, aussi paumé que timide, va utiliser sa planche à roulettes pour s’émanciper et rencontrer une brochette d’ados plus âgés que lui, attiré par leur quotidien fait du triptyque skate/picole/évasion.

En cela, 90’s est d’une immense justesse et fait preuve d’une authenticité sans faille. Aidé par un format 4/3 et une image dépouillée, le cinéaste offre une chronique simple et belle sur l’âge adolescent, sur ce que c’était de grandir sans les réseaux sociaux, porté par une culture skateboard aussi impudente que libératrice.

Ce récit initiatique coche les cases du cahier des charges (affirmation identitaire, premiers émois sexuels…) mais avec toujours ce qu’il faut d’intelligence et de sensibilité.
Véritable trip nostalgique sonore (la B.O est top) et visuel (la couette Tortues Ninja, les parties de Street Fighter), 90’s agit comme une douceur. Il traîne le spleen ado et les instants de joie ordinaires.

Certes, la réalisation minimaliste pourra en rebuter certains, tout comme cette fin abrupte ou ces dialogues paraissant superficiels. Mais le point de vue sur la solitude, la sincérité et le casting (quasiment que des inconnus au naturel dingue) font de 90’s un film pur et brut, où toute une génération devrait se retrouver.

Aurélien Germain

Comédie dramatique (USA). Durée : 1 h 25. De Jonah Hill. Avec : Sunny Suljic, Lucas Hedges, Na-kel Smith…
> NOTE : 4/5

TOP 4 : c’est quoi ce cirque ?!

Il fallait s’y attendre : le Dumbo version Tim Burton, sorti la semaine dernière, cartonne au ciné. L’occasion de vous présenter un top 4 de films autour du monde du cirque à se faire ce week-end.

FREAKS

Sorti en 1932, formidable ode à la tolérance, le Freaks de Tod Browning reste un chef d’oeuvre inégalé, tourné avec de vrais êtres humains difformes. Dérangeant, marquant, il sera interdit plus de 30 ans en Angleterre.
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THE GREATEST SHOWMAN

Axé comédie musicale et emmené par Hugh Jackman, The Greatest Showman retrace l’histoire de P.T Barnum, fondateur du cirque Barnum. Un mélange bâtard entre La La Land et Freaks, charmant mais un peu trop pauvre.

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CHOCOLAT

Côté frenchie aussi, le cirque s’est illustré avec Chocolat, récit du clown éponyme, premier artiste noir de la scène française. Un biopic convenu et un peu trop sage, mais Omar Sy, toujours bluffant, y est magistral.

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DUMBO (1941)

Impossible de terminer ce top sans le Dumbo originel, sorti il y a 77 ans ! Plaidoyer pour la tolérance, poétique, nostalgique, cette madeleine de Proust est un monument Disney. Vous n’avez pas pleuré ? Pas possible.
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Le Parc des merveilles : grand-huit poétique

Le Parc des merveilles n’a pas la classe d’un Pixar certes. Mais il reste un film d’animation correct et follement poétique. On retombe en enfance ?

PAUSE_CINE

June, une fillette gentiment allumée et hyper-créative, nourrit une passion dévorante avec sa mère pour Wonderland, un parc d’attractions dont elles ont imaginé à deux les contours. Et où les animaux agiraient comme des humains.
Un jour, la maman, gravement malade, part à l’hôpital. June, atomisée par l’annonce, abandonne rêves et maquettes… jusqu’à ce qu’elle découvre, dans une forêt, que Wonderland existe bel et bien…

C’est un film d’animation doucement poétique que présentent ici Paramount Pictures et Nickelodeon. S’il est relativement étonnant de voir à quel point il a été laminé par une partie de la critique outre-Atlantique, Le Parc des Merveilles (Wonder Park en V.O) est pourtant un divertissement ludique, fun, qui n’hésite pas à aborder certaines thématiques adultes (la maladie notamment).

Évidemment, on est loin du maître Pixar, mais cette production est pétrie de bonnes intentions et d’honnêteté. Certes, le film n’évite pas quelques maladresses (rythme parfois chaotique, allégories peu subtiles, histoire banale et convenue, ventre mou au milieu…), mais il demeure suffisamment touchant comme fable d’apprentissage.

Nourri d’un joli onirisme, abordant les tourments intérieurs d’une enfant dépassée par les événements, doté d’une belle esthétique, Le Parc des Merveilles reste toutefois très orienté vers les enfants : personnages aux yeux immenses, explosions de couleurs, magie de certaines séquences et décors sont faits pour eux mais, par chance, sans avoir à se coltiner un prêchi- prêcha infantilisant.
Quant aux adultes qui regarderont ce Parc des merveilles, rien ne leur interdit de retomber un peu en enfance… et croire un peu en la magie de l’imaginaire.

> Film d’animation (USA/Esp). Durée : 1 h 26. Avec les voix françaises de Marc Lavoine, Odah, Frédéric Longbois…
> NOTE : 3/5 

Boy Erased : l’enfer des centres de conversion

De jeunes homosexuels « convertis » à l’hétérosexualité dans de terribles centres à thérapie : c’est le sujet glaçant de Boy Erased, film inspiré d’une histoire vraie.

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Ce n’est pas que du cinéma… Le thème de Boy Erased est tout sauf inventé. Ces centres de « réorientation » dont il parle, où de jeunes homosexuels sont « coachés » durant une thérapie pour devenir hétérosexuels, existent vraiment.
Aux États-Unis, il en reste encore ouverts… 36 en toute légalité.

Ce sujet glaçant est adapté de l’autobiographie de Garrard Conley qui a déjà subi ces horreurs, envoyé dans un de ces centres par ses parents croyants et puritains. Boy Erased est donc une histoire vraie qui ne cesse de mettre mal à l’aise.
Certaines scènes sont parfois très dures. L’atmosphère, sombre et renforcée par une photographie terne, renforce cette impression.

De cette quête identitaire et sexuelle (le personnage principal est tiraillé entre sa vraie nature et l’amour sincère de ses parents), le cinéaste en tire le portrait d’un pan de la société américaine, jamais lacrymal, toujours tout en justesse. Il est aidé en cela par un casting extraordinaire.

Porté à bout de bras par un Lucas Hedges impeccable (déjà vu dans Manchester by the sea), Boy Erased n’en oublie pas sa galerie de personnages secondaires. Nicole Kidman et Russell Crowe sont touchants dans le rôle des parents ; Xavier Dolan, dans son caméo, est parfait ; Flea (bassiste des Red Hot Chili Peppers !) fait frissonner et Joel Edgerton – qui se met lui-même en scène en prédicateur infâme – est habité.

Cependant, Boy Erased alourdit trop son propos en raison de sa construction pataude à coup de flashback. Nécessaire par son sujet, le film aurait pourtant gagné à être plus dans l’émotion (c’est un peu trop convenu parfois). De menus défauts qui n’empêcheront toutefois pas ce drame psychologique et biographique de marquer le spectateur.

À voir. Et à méditer…

> Drame, de Joel Edgerton (USA). Durée : 1 h 55. Avec Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russell Crowe, Joel Edgerton…
> NOTE : 3/5 

Leaving Neverland : que penser du documentaire sur Michael Jackson ?

Le docu choc et pas chic Leaving Neverland a fait un carton aux Etats-Unis. Cette semaine, il est diffusé sur M6. Nous l’avons vu : voici notre verdict.

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« Il m’a aidé avec ma carrière, il a aidé ma créativité à se développer. Mais il a aussi abusé de moi sexuellement. J’avais 7 ans. »

Cela fait à peine 1 min 48 que Leaving Neverland a commencé que la phrase, tranchante comme une guillotine, tombe. Le docu-choc sur Michael Jackson, controversé et dézingué par les fans, a fait causer. Le film, qui a fait un carton à la télé américaine, donne la parole à Wade Robson (36 ans) et James Samechuck (40 ans).
Face caméra, ils décrivent la relation qui les a liés à Michael Jackson lorsqu’ils étaient enfants et l’accusent d’agressions sexuelles et de viols.

Greffées à d’intéressants témoignages, des images d’archives aèrent un ensemble indigeste de base (4 h au compteur, séparées en deux parties). Provenant des familles de Robson et Samechuck, ces vidéos privées et photos donnent à voir l’envers du décor.

Dans un déluge d’infos, parfois sordides (sexe anal et compagnie), Michael Jackson y apparaît alors comme un dieu manipulateur, calculateur, l’anti-thèse du bienveillant Peter Pan. Les témoignages sont troublants et mettent en lumière l’affection glauque entre la star et les enfants…
Mais aussi l’aveuglement de leurs mères profitant de la générosité du chanteur, tout le monde vivant à ses frais sans pour autant s’inquiéter de voir des enfants dormir dans son lit.

Mais Leaving Neverland pose problème : Comment est-il possible de ne pas faire intervenir de témoignages contradictoires ? Pourquoi donner la parole uniquement à Safechuck et Robson et à ceux qui les croient ? Pourquoi pas aux avocats ou à la police ? Et quid des experts ou psychiatres ?

En prenant ce parti-pris, Dan Reed prête le flanc aux critiques, montrant Leaving Neverland comme un documentaire à charge, au doux parfum de scandale. Dans tous les cas, il ne laissera personne indifférent.

> Durée : 4 h. Diffusion le 21 mars sur M6, 21 h, en 2 parties.
> NOTE : 2,5/5

We The Animals : magnifique chronique sur l’enfance

C’est un très beau film qui atterrit cette semaine au cinéma. Dans We The Animals, Jeremiah Zagar offre une chronique sur l’enfance d’une poésie folle.

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Dans We The Animals, il est tout bonnement impossible de détacher son regard d’Evan Rosado. Le (très) jeune comédien bouffe littéralement l’écran. Un regard clair et perçant, une gueule, un faciès.
Un acteur non-professionnel mais qui a déjà tout d’un grand.

Evan Rosado, donc, est Jonah, cadet d’une fratrie de trois jeunes garçons épris de liberté. Tous vivent à l’écart de la ville. Serrés dans une maison qui semble trop petite pour eux et leurs parents. Des parents qui passent des rires aux larmes, des sourires aux coups, tandis que les enfants, eux, sont livrés à eux-mêmes.
Dans tout ça, Jonah vivote, pense, réfléchit. Et surtout, grandit.

Chronique magnifique sur l’enfance et bourrée de poésie, We The Animals observe ses personnages. Il y a cette caméra à l’épaule, ces plans au plus près des protagonistes, cette utilisation du 16 mm et cette photographie âpre et terne.

Le réalisateur, Jeremiah Zagar, épouse l’œil du petit Jonah. Le garçonnet est dépassé par ce qui l’entoure. Ses dessins, qu’il réalise sous un lit, la nuit, éclairé par une lampe-torche, le montrent. Ses regards, insistants et curieux, quasi-amoureux, sur un garçon blondinet aussi. Jonah est perdu et se cherche.

Avec cette adaptation du livre semi-autobiographique de Justin Torres, Jeremiah Zagar convoque les archétypes freudiens pour pousser son histoire. Et s’aide de dessins matérialisant les émotions et de métaphores pour dessiner le chaos avec pudeur.
We The Animals est un récit initiatique autour d’un gosse pas comme les autres qui s’interroge sur son identité. Au final, un film aussi beau et fragile que son personnage principal.

> Drame. De Jeremiah Zagar (USA). Durée : 1 h 34. Avec Evan Rosado, Raul Castillo, Sheila Vand…
> NOTE : 4/5

Dans les bois : un docu pas comme les autres

Mindaugas Survila présente son documentaire Dans les bois, une immersion dans les forêts lituaniennes ancestrales.

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« Je sais que certaines personnes n’aiment pas les documentaires sur la nature, mais j’espère qu’ils aimeront ce film et même qu’ils tomberont littéralement amoureux de ces forêts lituaniennes. »

Difficile de donner tort au réalisateur, Mindaugas Survila, qui vient d’offrir, avec son « Dans les bois », un petit bijou de beauté et de sensibilité.

Immersion dans les forêts lituaniennes ancestrales, Dans les bois capte, durant soixante-trois minutes, les animaux des bois avec beaucoup de poésie.
Loin des standards habituels (oubliez tout de suite les Disney Nature et consorts), sorte de docu « arty », le film de Survila est au final un objet plutôt atypique. Sans voix off, il se contente d’emporter le spectateur grâce à un travail exceptionnel sur le son, où les bruits des forêts sont amplifiés.

Exit, donc, les discours moralisateurs et images culpabilisantes que l’on a récemment vus dans de nombreux documentaires. Exit, également, les surenchères techniques et technologiques. Ici, Dans les bois joue la carte du contemplatif.

Tout en évitant aussi les longueurs (il dure à peine une heure…), il est le documentaire idéal pour les enfants comme pour les adultes. Il faut d’ailleurs voir la tonne de récompenses obtenues par l’oeuvre à l’étranger, du Prix du meilleur son au Prix du jury du film de nature.

Ajoutez à cela à une bien belle BA derrière le tout (l’argent récolté par la distribution du film servira à acheter des forêts et les sauvegarder), on obtient là un documentaire immanquable. De quoi, une nouvelle fois, nous prouver à quel point la nature est d’une fragile beauté.

> Documentaire, de Mindaugas Survila (Lituanie/Estonie). Durée : 1 h 03.
> NOTE : 4/5

Apprentis Parents : comédie touchante sur l’adoption

Une comédie touchante et intelligente sur l’adoption ? C’est possible et c’est signé Sean Anders, avec Apprentis Parents.

PAUSE_CINE

On le sentait venir gros comme une maison… Une comédie signée Sean Anders (réalisateur des Very Bad Dads et Comment tuer son boss 2), dont le pitch se résume à un couple qui, voulant adopter un ado, se retrouve avec deux petits et leur grande sœur de 15 ans un poil rebelle ? Aïe.
Avec, en plus, son affiche cliché, Apprentis Parents avait tout pour se résumer à une énième comédie US débilitante et trop facile.

Sauf que cela nous apprendra à venir avec nos gros préjugés en tête ! Car au final, le film d’Anders est bien loin de ça. Inspiré d’une histoire vraie, il s’agit surtout d’une comédie dramatique qui ne se sert de l’humour que pour mieux appuyer son récit et poser ses thématiques.

Loin d’enquiller les vannes faciles, Apprentis Parents dose savamment ses gags pour dépeindre de façon juste et touchante le parcours des parents adoptifs. En utilisant le point de vue aussi bien des adultes que des enfants placés en accueil, l’œuvre se fixe sur les longues formations, les peurs, les hauts et les bas…

C’est également le casting qui donne toute la substance à l’histoire. Ici, le couple formé par Mark Wahlberg et Rose Byrne, éminemment sympathique et naturel, se voit transcendé par l’excellent jeu d’Isabela Moner (qu’on retrouvera bientôt dans le rôle de Dora l’exploratrice). La jeune comédienne, brillante, crève l’écran.
Tout comme la petite Julianna Gamiz, exceptionnelle de naturel, apportant à l’ensemble une crédibilité bienvenue.

Le film n’évite évidemment pas le happy-end gentillet, les rebondissements prévisibles et quelques longueurs. Mais, tout en sensibilité et bien écrit, Apprentis Parents se voit comme une chronique généreuse sur l’adoption. Et surtout réussie.

> Comédie, de Sean Anders (USA). Durée : 1 h 59. Avec Rose Byrne, Mark Wahlberg, Isabela Moner…
> NOTE : 3,5/5

La Favorite : favori aux Oscars ?

Après The Lobster, Yórgos Lánthimos revient : sa nouvelle oeuvre, La Favorite, a tout pour plaire aux Oscars… mais pas que. Verdict !

PAUSE_CINE

Il était tout simplement impensable et impossible que La Favorite ne soit pas un film « oscarisable ». Un genre (le film historique à costumes), un réalisateur génial (Yórgos Lánthimos qui a reçu les honneurs avec The Lobster et Mise à mort du cerf sacré), un casting de folie (et très féminin) et, on le sent, une propension à diviser le public.
Résultat ? La Favorite se retrouve nommé dans dix (!) catégories aux Oscars.

Alors quoi ? Y a-t-il vraiment de quoi becqueter dans cette histoire de femmes, de pouvoir, d’ambition, de politique, de jeux de dupes au XVIIIe siècle sur fond de manipulations amoureuses ? Ou n’est-ce qu’un pétard mouillé ?

En premier lieu, c’est la mise en scène virtuose de Lánthimos qui saute aux yeux. Le cinéaste multiplie les angles de caméra incongrus ou peu souvent utilisés. Il offre des images d’une beauté hallucinante. Redoutable d’efficacité et chorégraphe de génie, il dynamite les codes du film d’époque et y insuffle une modernité bienvenue.
Ainsi, le réalisateur propose une oeuvre décalée, amusante, (d)éton(n)ante. Le récit, cruel, caustique et ironique, en profite même pour laisser les hommes de côté (et c’est tant mieux).

On est donc bien loin du film à costumes ronflant pour fans de Stéphane Bern. Lánthimos s’amuse ici à rester ce qu’il est : iconoclaste et punk. La mécanique narrative du film déroule quant à elle des dialogues vifs et ciselés, interprétés avec brio par une distribution de luxe (Emma Stone, brillante ; Rachel Weisz, lumineuse).

À la fois drame et comédie, tour à tour bouffon et malin, La Favorite montre bien que Yórgos Lánthimos n’a rien perdu de son mordant. Surtout quand il s’agit de dépeindre la nature humaine.

Aurélien Germain

> Historique (USA/GB/Irl), de Yórgos Lánthimos. Durée : 2 h. Avec Emma Stone, Olivia Colman, Rachel Weisz…
> NOTE : 4/5 

TOP 4 : nos pronos pour les Oscars

L’Académie a dévoilé la liste complète des nominations aux Oscars 2019 qui auront lieu le 24 février. Qui gagnera ? La rédac’ livre ses pronostics !

RAMI MALEK

L’acteur pourrait bien remporter la statuette du meilleur acteur pour son rôle de Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody. Une performance, une ressemblance et une transformation physique : les Oscars, en général, adorent.

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ROMA

Un film en noir et blanc, tourné en espagnol, avec des acteurs peu connus, le tout diffusé uniquement sur Netflix (une première) et qui est nommé dans 10 catégories. Vous sentez venir le (gros) truc ? Nous oui.

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LADY GAGA

On a souvent des surprises aux Oscars. Alors soyons fous : misons un kopek sur Lady Gaga nominée dans la catégorie « meilleure actrice principale », pour son rôle dans le film A Star is born. Un titre prémonitoire ?
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SPIKE LEE

On hésitait avec Pawlikowski mais notre choix se porte sur Spike Lee, pour la meilleure réalisation avec BlacKkKlansman. Accessoirement, on rappelle aux Oscars qu’aucune femme n’est en lice dans cette catégorie. Pas cool.

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>>> Retrouvez la liste des nominations juste ici <<<

 

 

Si Beale Street pouvait parler : le retour de Jenkins

Barry Jenkins est de retour. Après le magnifique Moonlight, il signe Si Beale Street pouvait parler, tout aussi éblouissant.

PAUSE_CINE

La planète ciné avait laissé Barry Jenkins en 2017 avec son Moonlight, véritable pépite sensible, drame intime à fleur de peau. Celui-ci était d’ailleurs reparti avec trois Oscars sous le bras. Il est peu dire que le cinéaste était attendu de pied ferme pour son oeuvre suivante.
D’autant que ce Si Beale Street pouvait parler sera lui aussi présent aux Oscars (trois nominations : scénario, second rôle féminin et musique).

Cette fois, Barry Jenkins adapte un roman de James Baldwin, son auteur fétiche qui lui a permis de « mieux comprendre ce qu’était la masculinité noire ». Direction les années 70, où la caméra se pose sur Tish et Fonny, deux habitants de Harlem, follement amoureux et prêts à avoir un enfant… jusqu’à ce que le jeune homme soit incarcéré suite à une erreur judiciaire.

Magnifié par la superbe photographie signée James Laxton, porté par la finesse de jeu de ses comédiens (Regina King mérite amplement sa nomination à la cérémonie des Oscars, donc), Si Beale Street pouvait parler se transforme en beau film tragico-romantique (ou romantico-tragique, à vous de voir).

Tour à tour poignant et engagé, fabriqué comme une chronique de la société afro-américaine, le long-métrage brille toutefois moins que Moonlight. En cause, notamment, sa tendance à la sur-esthétisation : l’exercice de style se fait alors au détriment de la portée symbolique et de la force du récit.

Mais bien sûr, pas de quoi torpiller ce film sensible et humain, intimiste et poétique. Avec Si Beale Street pouvait parler, Barry Jenkins prouve une nouvelle fois qu’il est un formidable directeur d’acteurs… et surtout un réalisateur prometteur devenu incontournable.

Aurélien Germain

> Drame, de Barry Jenkins (USA). Durée : 1 h 59. Avec Kiki Layne, Regina King, Stephan James…
> NOTE : 4/5

Creed 2 : on remonte sur le ring

Et bim, crochet du droit ! Creed est de retour sur le ring. La suite des aventures du protégé de Rocky Balboa, c’est à partir d’aujourd’hui sur vos écrans.

PAUSE_CINE

Il y a pile deux ans, notre critique ciné du premier Creed (aussi agréable que divertissant) nous amenait à nous demander s’il y avait là matière à une nouvelle saga. Janvier 2018, voilà donc que remonte sur le ring Creed, deuxième du nom : alors, la victoire est-elle gagnée pour cette suite ?

Ici, on suit toujours Adonis Creed mais qui doit cette fois jongler entre son entraînement – un grand combat s’annonce face à Drago – et sa vie personnelle et familiale. Rocky Balboa va, une nouvelle fois, rester à ses côtés pour l’aider et le faire avancer…

Évidemment, au visionnage de ce Creed 2, impossible de ne pas avoir en tête le premier opus. Véritable succès, tant critique qu’au box office, le film parvenait à donner un second souffle à la franchise Rocky, en élargissant l’univers du boxeur.
Mais force est de constater que la force de frappe de Creed 2 est moindre. Si la série reste toujours fascinante à regarder, le degré d’originalité n’est pas franchement présent et cette suite n’est pas aussi belle et nuancée que Creed 1. Quant à la narration, un poil plus faiblarde, elle a beaucoup moins d’ampleur.

Seulement voilà, le long-métrage de Steven Caple Jr fonctionne tout de même. Parce que c’est un divertissement généreux. Parce que plus qu’un film de boxe, c’est une tragédie sur l’héritage et un drame sur l’acceptation. Parce qu’il fait le choix judicieux de mettre en parallèle deux parcours, deux familles. Parce que Michael B.Jordan, entre son charisme et sa silhouette impressionnante, bouffe l’écran.
Parce que, même si moins présent, Sylvester Stallone réussit encore à filer des frissons et transmet toujours autant d’émotions.
Bon, allez… Vivement Creed 3 ?

> Drame de Steven Caple Jr (USA). Durée : 2 h 10. Avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson, Florian Munteanu…
> NOTE : 3/5 

Aquaman : super-héros des mers

Ça y’est, Aquaman débarque enfin sur nos écrans. Le super-héros de la mer investit les cinémas. Un futur raz de marée en vue au box office ?

PAUSE_CINE

La préparation d’Aquaman ne se sera pas faite sans vagues !
Projet lancé en 2015 pour l’univers DC Comics (DCU) et légué à James Wan (réalisateur multitâches de Conjuring, Fast and Furious ou encore Saw), Aquaman a ensuite subi les dégâts collatéraux de naufrages DCU, puis de mauvaises projections-test début 2018 qui obligeront à tourner des reshoots. En juillet 2018, Aquaman fait ses premières longueurs devant le public : le trailer diffusé au Comic-Con est un succès. Ouf.

Aujourd’hui, ça y’est, le super-héros des mers est à l’écran ! L’appréhension de départ, celle de voir un produit grotesque, est finalement vite effacée. Visuellement différent des autres films DC, Aquaman tient pourtant la route. Avec une mise en scène difficile à prendre en défaut (les séquences d’action sont diablement réussies), cette épopée épique propose un superbe monde sous-marin, tentaculaire et prenant.

Malgré son parti-pris numérique – pas de tournage sous l’eau – le film de James Wan reste ambitieux dans sa forme et sait pertinemment où il va (et à qui il se vend…). Évidemment, on sent que les Deadpool et consorts sont passés par là : Aquaman est sans prise de tête, fun et drôle, moins sombre que les autres productions et opère donc un virage très net.

On regrettera l’aspect musical grandiloquent ayant tendance à tout surligner, notamment les émotions. Cette partition un poil trop envahissante a parfois tendance à être fastidieuse.
Le récit, lui, est également inégal et le film, trop long pour un seul héros. Il n’empêche, Aquaman est un divertissement bien meilleur qu’attendu. Après les échecs de Suicide Squad et Justice League, DC va peut-être sortir la tête de l’eau.

> Fantastique / Action (USA). Durée : 2 h 24. De James Wan. Avec Jason Momoa, Amber Heard, Patrick Wilson, Willem Dafoe…
> NOTE : 3,5/5 

Oscar et le monde des chats : ça ronronne trop

Le long-métrage d’animation chinois Oscar et le monde des chats débarque sur nos écrans ce 12 décembre.

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Aujourd’hui, difficile de ne pas avouer que Pixar se taille la part du lion en ce qui concerne le cinéma d’animation.
Le géant américain règne plutôt en maître, mais d’autres acteurs n’attendent qu’une chose : sortir de leur trou et grappiller un peu du butin.

C’est le cas de Gary Wang, réalisateur chinois, qui s’attaque ici à l’histoire d’un chaton rêveur, Oscar, décidant un beau jour de partir à l’aventure et découvrir Catstopia, un paradis merveilleux où vivraient tous les chats.
Mais comment croire que ce long-métrage inspiré d’un ancien conte chinois parviendra à s’inscrire dans la durée… voire de faire de l’ombre à quiconque ?

Pourtant, Oscar et le monde des chats possède son lot d’arguments. En premier lieu, l’animation, admirablement fluide, offre un visuel soigné, coloré et certains détails sont aussi esthétiques que travaillés (l’eau, la moquette, le ciel, l’herbe…). Les deux matous principaux, également, font le job : Oscar est tout mignon avec ses grands yeux et Léon, son père, plaît en gros chat d’appartement.

Pourtant, la sauce a du mal à prendre. Ce film sur le rêve, les relations familiales et l’émancipation n’est pas inspirant, pas même inspiré. Un poil paresseux dans ses enjeux, jouant mal l’humanisation des animaux (le chat arrive construire une machine volante…), poétique mais sans âme, Oscar et le monde des chats a également du mal à rendre ses protagonistes attachants.
Et, de fait, accrocher les spectateurs de plus de 6 ans…

C’est bien un divertissement honnête qui est proposé ici, mais la belle animation et les matous mignons ne suffisent pas. Bref, pas de quoi fouetter un chat.

> Film d’animation, de Gary Wang (Chine). Durée : 1 h 27. Avec les voix de Jean-Michel Vovk, Charlie Langendries…
> NOTE : 2/5 

Heureux comme Lazzaro : fable et spiritualité

Quelques années après Les Merveilles, la cinéaste Alice Rohrwacher revient avec Heureux Comme Lazzaro.

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« Bouleversant », « magnifique », « merveilleux »… Les adjectifs élogieux n’ont pas manqué pour qualifier Heureux comme Lazzaro (Lazzaro Felice en V.O), film d’Alice Rohrwacher encensé par la critique reparti de Cannes avec le Prix du scénario.
Celui-ci signait également le retour de la cinéaste sur la Croisette, quatre ans après Les Merveilles.

Depuis, la réalisatrice a encore progressé. Son Heureux comme Lazzaro en est la preuve : elle signe là un joli film, à la croisée entre la fable politique et le conte empreint de piété. L’histoire est celle de Lazzaro (excellent Adriano Tardiolo et sa gueule d’ange), jeune paysan gentil et serviable, vivant à l’Inviolata, un hameau paisible et à l’écart du monde où les habitants sont exploités. Pourtant, eux aussi vont abuser de la bonté de Lazzaro. Rien d’extraordinaire a priori dans une première partie bucolique et lente.

Mais suite à un événement dont nous ne révélerons rien pour ne pas gâcher la surprise, le film va complètement bifurquer dans son deuxième acte, permettant alors à son héros de « traverser le temps ». Une touche surréaliste qui donne là toute la substance au long-métrage d’Alice Rohrwacher.

De cette odyssée autant poétique que mélancolique, on retient également la sublime photographie qui magnifie cette production. Tournée en 16 mm, elle possède une texture granuleuse et offre un tableau saisissant sans que l’on sache vraiment quelle temporalité est ici adoptée. Excepté son côté politique simpliste et grossier, ainsi que les allégories un peu pataudes, Heureux comme Lazzaro est une sympathique découverte, un essai de nouveau transformé pour Alice Rohrwacher.

> Drame, d’Alice Rohrwacher (Italie-France-Suisse-Allemagne). Durée : 2 h 07. Avec Adriano Tardiolo, Agnese Graziani, Alba Rohrwacher…
> NOTE : 3/5

Jean-Christophe & Winnie : Winnie l’Ourson revient

Winnie l’Ourson version 2.0 ! Dans Jean-Christophe & Winnie, la peluche de notre enfance revient aux côtés d’Ewan McGregor. Étonnant, non ?

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Jean-Christophe & Winnie en V.F ; Christopher Robin en V.O… Au premier abord, on ne peut franchement pas dire que la dernière production Disney possède le titre le plus attractif qui soit (quelle idée, d’ailleurs !).
Passée cette probable faute marketing, c’est également le choix du réalisateur qui intrigue. À la tête de cette version 2.0 de Winnie l’Ourson, c’est Marc Forster, cinéaste ayant oeuvré sur des films variés comme le musclé Quantum of Solace ou encore la bouse intersidérale World War Z. Le voir propulsé aux manettes de Jean-Christophe & Winnie laisse donc perplexe.

Mais la bonne surprise arrive bien vite ! Le projet était pourtant casse-gueule, puisqu’il s’agit d’une adaptation en prises de vues réelles des aventures animées de Winnie l’Ourson. Or, visuellement, le film de Forster est vraiment séduisant. L’influence du récent Paddington, l’animation léchée et la photographie délavée y contribuent.

D’ailleurs, il se dégage de tout ça une douce mélancolie, renforcée par l’axe central exploité (un adulte sérieux qui a oublié l’enfant imaginatif qu’il était) et la performance de son acteur principal, l’excellent Ewan McGregor. Une direction relativement étonnante, étant donné l’aspect enfantin du film et de son sujet, mais qui fonctionne parfaitement ici.

Alors certes, dans toute cette poésie, le long-métrage n’évite pas certains écueils et comporte quelques failles (un côté lisse, quelques touches d’humour loupées ou encore une fin niaise et mièvre). Mais Jean-Christophe & Winnie a une âme, une atmosphère saupoudrée de nostalgie. Le pari est réussi : Marc Forster s’adresse ici à tous, enfants comme parents. Et qui sait, ces derniers pourraient d’ailleurs aussi retomber en enfance…

> Comédie / animation, de Marc Forster (USA). Durée : 1 h 37. Avec Ewan McGregor, Hayley Atwell, Bronte Carmichael…
> NOTE : 3/5 

Aurélia Mengin pose sa caméra en Touraine pour Fornacis

Pour son dernier film, Fornacis, la réalisatrice réunionnaise Aurélia Mengin a intégralement tourné en Touraine, de Chambray à Athée-sur-Cher en passant par la forêt d’Amboise. Quand la région et le cinéma de genre font bon ménage…

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La réalisatrice Aurélia Mengin

Vous êtes habituée à tourner à La Réunion ou à Paris. Pourquoi avoir choisi la Touraine pour Fornacis ?
Au départ, je devais réaliser Fornacis à Munich. Les repérages et le casting étaient même déjà faits. Mais je me suis rendue compte qu’il serait financièrement difficile d’emmener toute mon équipe technique française et le matériel. Mon sound designer Nicolas Luquet, qui est Tourangeau, m’a alors proposé de tourner chez vous : s’y trouvaient les lieux de son enfance et de sa grand-mère Mauricette, de grands hangars complètement dingues que j’ai pu transformer. Je suis également tombée en extase sur les routes d’Athée-sur-Cher et la Forêt d’Amboise. Là, je me suis dit : ok, c’est bon ! Il fallait réussir à transformer ces lieux pour les amener dans mon univers. C’est important de mettre mon empreinte des îles dans un paysage français.

Dans une interview à Cinéma Fantastique, vous parlez de « la velouté des paysages de Touraine ». Qu’entendez-vous par là ?
La Touraine possède une lumière veloutée et douce. En filmant des acteurs, les ombres sont douces, la lumière est diffuse sur leur visage. Lors du tournage, il y avait une douceur malgré la canicule [il s’est déroulé d’août à septembre 2016 – NDLR]. Mais ce n’est pas agressif comme chez moi à La Réunion, où le soleil éclabousse tout.

FORNACIS de Aurélia Mengin - Photo 7

Quels ont été les lieux retenus ?
Il y a donc Athée-sur-Cher. D’ailleurs, le maire et l’adjoint à la culture ont été hyper enthousiastes. Ils ont bloqué les routes et installé des groupes électrogènes. On aperçoit également beaucoup la forêt d’Amboise. Il n’y en a pas de telles à La Réunion où c’est trop verdoyant ! Là, l’architecture des troncs et la verticalité de la forêt m’a plu. Ça se traduit dans Fornacis qui est compartimenté en sept chapitres sur le deuil. J’ai aussi filmé des paysages de Chambray-lès-Tours pour des couchers de soleil et pour les intérieurs. C’était génial, car certains habitants disaient : ‘’Oh, il y a un film d’horreur dans les maisons !’’. Parfois, après une scène, ma comédienne entrait dans un café avec sa grosse cicatrice ! (rires)

Dans vos films, la lumière est un personnage à part. Comment avez-vous abordé cet aspect avec les couleurs de notre région ?
Ça n’a rien à voir avec La Réunion, mais ça a marché à merveille. Le chef opérateur a assuré. Il y a une création de la lumière aboutie, des néons visibles comme le film Neon Demon. Il n’y a pas de dialogues dans Fornacis, les acteurs parlent avec leur corps. La création sonore et la composition sont importantes. Un gros étalonnage a été réalisé pour les extérieurs. Le ciel bleu de Touraine de départ est ici électrique. Il fallait bien filmer le coin et l’amener dans mon univers caniculaire. J’aimerais que les Tourangeaux voient Fornacis : vont-ils reconnaître les lieux filmés ?

Fornacis signifie « fournaise ». C’est un film sulfureux ?
Fournaise, c’est l’image du volcan. Dans Fornacis, l’héroïne développe une maladie – imaginaire ou pas ? – se transforme, sa peau brûle et se change en sable noir. C’est l’incandescence de l’amour. L’amour-haine est dévastateur mais beau. Le côté sulfureux ne vient pas de la mise en scène des corps : il y a du désir, mais c’est un désir contrarié. C’est brûlant, mais glaçant.

FORNACIS de Aurélia Mengin - Photo 9

Côté casting, y a-t-il eu des collaborations avec des gens d’ici ?
Oui, tous les figurant(e)s sont Tourangeaux. Il y a par exemple un couple gay de Tours qui a fourni un travail exceptionnel et qui a répondu présent suite à une annonce parue dans tmv ! Seuls les acteurs principaux ne sont pas de Touraine. Sinon on a travaillé avec un garage de Tours, Emmaüs Touraine, etc. Dans l’équipe technique, mon assistant David Roulet est Tourangeau, tout comme la maquilleuse Sandrine Legrand et bien sûr Nicolas Luquet au son.

Vous jouez avec la fantastique Anna d’Annunzio. Comment s’est faite la collaboration avec elle ?
Il y a eu un truc avec elle. Elle a tout amené en douceur. Elle apporte une féminité au spectre. Le casting a été facile, l’osmose parfaite. Emmanuel Bonami, par exemple, joue d’habitude des personnages durs. Mais là, c’était touchant, il joue sur sa féminité, il a cassé sa carapace. On questionne la notion de « genre ».

FORNACIS de Aurélia Mengin - Photo 2

Le film commence à tourner en festival…
Oui ! Fin septembre, Fornacis a reçu le Prix de la mise en scène lors de la 30e édition du Festival international du cinéma de Girona en Espagne. Et on part le présenter en Roumanie mercredi ! [interview réalisée le 10 octobre – NDLR]. J’ai également appris qu’il serait en compétition en Inde en novembre.

Alors qu’en France…
Eh bien malgré ça et les bonnes critiques, en France, aucun festival ne l’a encore pris. C’est un film indépendant et autoproduit : ça pose problème ! La France est aux abonnés absents. On fait tout tout seul : je n’ai pas de distributeur – d’ailleurs, j’en recherche un ! – ce qui n’est pas évident, car ils ont du réseau. Nous, on arrive comme des outsiders ! (rires) Et sans piston. C’est dingue que personne ne se réveille ici, même si je le sais, mon cinéma est moins facile à vendre.

Parce que la France est frileuse sur le cinéma de genre ?
Ce n’est même plus être frileux à ce stade… Le cinéma indépendant est toujours tenu par les mêmes gens. S’ils ne nous ouvrent pas leurs portes, on crève la gueule ouverte.

L’idéal, maintenant, serait également de le proposer aux cinémas Studio, à Tours, non ?
Oui, je rêve de pouvoir le présenter au festival Désir…Désirs ! Fornacis a tous les éléments pour aller dans ce festival. En plus, ce serait une première française… et dans la région où j’ai tourné !

LA CRITIQUE DE FORNACIS

NEWS_REALISATRICE_CRITIQUE

On avait laissé Aurélia Mengin en 2015 avec Adam moins Eve, court-métrage archi-stylisé se déroulant dans un univers post-apocalyptique et qui nous avait durement accroché la rétine au Festival Mauvais Genre de Tours.
Cette fois, la réalisatrice réunionnaise, également organisatrice et maman du festival Même pas peur, revient derrière la caméra… mais pour se frotter à l’exercice du long-métrage. Fornacis suit Anya, jeune femme endeuillée et obsédée par la disparition de Frida, sa compagne. Dans son roadtrip, elle voyage avec une urne. Rongée par la tristesse, Anya va basculer dans un monde confus, parallèle, où souvenirs et souffrances s’épousent, et où elle va rencontrer Wolf. Deux âmes égarées…

Disons-le tout de go : Fornacis n’est pas forcément facile d’accès pour tout le monde. Mais c’est pourtant là l’un des points forts du film. Car Aurélia Mengin, fidèle à ses habitudes, offre un véritable spectacle psychologique, qui bouscule, chamboule. Décalé mais authentique, particulier mais exigeant. En un mot, Fornacis est original.
Dans cette plongée radicale intégralement tournée en Touraine, la cinéaste offre une expérience perturbante. L’image du deuil est partout, tout le temps, avale l’image constamment. Le désir est au cœur de la Mort, Aurélia Mengin filme l’ensemble avec brio.

Esthétiquement sublime, Fornacis possède sans conteste la patte reconnaissable de sa génitrice : lumières saturées, travail sur l’image comme pour de la peinture, utilisation de néons… Jouant sur les symboles et l’ambiguïté, le film se rapprocherait presque de l’art contemporain, monde dans lequel a d’ailleurs baigné grâce à son père. Quasi « arty » dans son approche, le long-métrage se vit également à travers le son – que d’expérimentations ! – qui pourrait même être perçu comme un personnage à part (ce cri strident…).

Ce cinéma complexe ne serait cependant rien sans son casting. On retrouve ici l’incroyable et spectrale Anna d’Annunzio (vue dans L’Étrange Couleur des larmes de ton corps), Philippe Nahon et son regard bleu terrifiant (même si son chapitre est toutefois un poil plus fragile que les autres) ou encore un Emmanuel Bonami à contre-emploi.
Enfin, impossible de faire l’impasse sur la réalisatrice elle-même, Aurélia Mengin étant aussi actrice et jouant ici le rôle d’Anya. Solaire et magnétique, à la fois torturée et sensuelle, elle représente à merveille les notions d’amour et de deuil. Les deux traits (d’union) de cette néo-tragédie grecque dévorante.

Yéti & compagnie : monstrueusement attachant ?

Bigfoot VS smallfoot : dans Yéti & compagnie, ce sont plutôt les grosses bêtes poilues des montagnes qui sont terrorisées par les humains. Le film d’animation de Kirkpatrick sort cette semaine au cinéma.

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Et si c’étaient plutôt les yétis qui avaient peur de l’Homme ? C’est là toute l’astucieuse inversion du dernier-né des studios Warner, Yéti & compagnie, amusante relecture du rapport humain-homme des neiges.

Ce sympathique film d’animation se base sur une communauté de yétis installés au sommet d’une montagne, persuadés qu’il n’y a rien sous les nuages qui encerclent leur habitat. L’Homme ? Un animal mythique aux petits pieds (d’où le titre en version originale, « Smallfoot »). Migo, un jeune Bigfoot, va pourtant en croiser un et tout raconter, entraînant de fait son exclusion du clan…

Devant Yéti & compagnie, on pense parfois à L’Âge de glace, à Monstres & cie. Diversité des protagonistes, travail sur les bestioles et leur fourrure, dans cet univers glacé, le réalisateur Karey Kirkpatrick dessine aussi une galerie de personnages attachants.
Très cartoonesque dans son approche, il nourrit son film d’humour slapstick à la Bip Bip et Coyote, Yéti & cie enquillant culbutes, cascades et chutes démesurées. Certaines séquences sont donc carrément truculentes, d’autant qu’esthétiquement, cela tient clairement la route.

Même s’il est destiné aux enfants, Yéti & cie utilise des thèmes actuels : certains camarades de Migo n’adhèrent pas à l’histoire officielle – on parle ici de contrôle de l’information. Il y a aussi cette réflexion sur l’obscurantisme, l’intégrité artistique ou encore la peur de « l’autre » sans oublier sa morale un peu simpliste et bébête…

On regrettera toutefois l’aspect comédie musicale atrocement gonflant du film, avec ses chansons encombrantes et ratées, ainsi qu’un dernier acte beaucoup trop brouillon. Pas de quoi nous refroidir, bien sûr, Yéti & cie restant relativement rafraîchissant dans son genre.

> Film d’animation, de Karey Kirkpatrick et Jason A.Reisig (USA). Durée : 1 h 37.
> NOTE : 3/5 

Johnny English contre-attaque (et c’est dommage)

On l’adorait dans Mr Bean : Rowan Atkinson revient dans son costume de Johnny English pour un troisième volet relativement poussif.

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« Le gâchis stupide d’un de nos plus grands clowns » : c’est en ces termes que le Telegraph, journal britannique, qualifiait il y a peu le troisième volet de Johnny English, joué justement par le clown anglais le plus célèbre : Rowan Atkinson.

Celui que l’on a connu en hilarant Mr Bean reprend ici le rôle d’un agent secret pas franchement malin et un peu gauche qui, rappelé de sa retraite, repart en mission suite à une cyber-attaque révélant l’identité des espions britanniques sous couverture. Si les deux premiers volets avaient su faire sourire avec leurs pitreries et leur humour british, difficile de rire aux éclats ici, tant les gags éculés et les scènes poussives tirent le film vers le bas. L’épisode de trop ?

« Johnny English contre-attaque » n’est pas foncièrement mauvais, mais il torpille le talent de l’immense acteur qu’est Rowan Atkinson. Capable de faire rire avec seulement une expression de visage, extraordinaire dans sa gestuelle et ses mimiques, le comédien se retrouve là pourtant complètement sous-utilisé (quand est-ce que les réalisateurs lui donneront un rôle à la hauteur de son talent ?)…

Alors certes, dans cette resucée de 007 version lol, il y a bien quelques sympathiques moments, comme cette séquence où Johnny English est affublé d’un casque de réalité virtuelle et finit par se battre avec des baguettes de pain. Mais c’est bien maigre. N’arrivant jamais placer son curseur (pas assez absurde, pas assez bête, pas assez drôle), le film de David Kerr est en fait relativement paresseux et ne récolte que quelques sourires polis. Mr Bean, reviens !

> Comédie / espionnage, de David Kerr (GB). Durée : 1 h 29. Avec : Rowan Atkinson, Ben Miller, Olga Kurylenko, Emma Thompson…
> NOTE : 1,5/5

Cinémas : (r)évolution en cours

Ce mercredi 3 octobre, le nouveau cinéma, Ciné-Loire, ouvre ses portes. Avec lui, sa technologie IMAX, unique à Tours. L’occasion de faire le point sur les technologies pensées pour rendre les séances toujours plus spectaculaires. L’avenir du cinéma ?

Ecran IMAX (Photo d'illustration)
Ecran IMAX (Photo d’illustration)

Salle 1. Inclinée. Un écran incurvé haut comme un immeuble de quatre étages. 20 mètres de long, 10 de haut. Poids : 700 kg. Des projecteurs 4K. Un système sonore latéral et au plafond. Et 400 sièges réglables.

Derrière ces termes techniques et ces chiffres qui donnent le tournis, un nom, une marque, un argument de vente : IMAX®. C’est dans cet équipement qu’a investi le nouveau multiplexe de Tours Nord. Ciné-Loire, son petit nom, ouvre ses portes ce mercredi 3 octobre. Et compte bien jouer sur cette technologie dernière génération pour rameuter les spectateurs [Ciné-Loire comptera également huit autres salles « normales » – NDLR].

L’IMAX® peut être un pari risqué. En premier lieu parce que les tarifs pour un ticket sont un peu plus élevés. À l’heure où la population préfère investir dans des plateformes de streaming légales ou se goinfrer de films téléchargés – donc gratuits – à tout va, d’aucuns ne sont pas forcément partants pour lâcher quelques euros de plus.
Pourtant, il est évident que les films en IMAX® constituent une expérience folle en soi. Outre l’aspect visuel (les images sont d’une netteté imparable et les contrastes de noirs et blancs sublimes), la possibilité immersive offerte est extrêmement appréciée par les fans ou les curieux. Une nouvelle façon d’aller au cinéma ; une nouvelle façon de consommer les films. Romain Davoine, l’un des représentants de Ciné-Loire, l’expliquait encore récemment à nos confrères d’Info-tours.fr : « Pour l’Imax, certains spectateurs peuvent faire une heure de route. »

Une des salles du nouveau Ciné-Loire (photo cine-loire.Fr)
Une des salles du nouveau Ciné-Loire (photo cine-loire.Fr)

RAMENER LES GENS AU CINÉMA

Car c’est là tout l’enjeu : en France comme ailleurs, face aux écrans à la maison qui se multiplient, les multiplexes se tirent la bourre. Une guerre sans merci pour proposer un vrai spectacle cinématographique, le plus dingue possible et attirer d’autres publics. Derrière tout ça se cache l’avenir du cinéma en salle, toujours soucieux de se renouveler et surtout de ne pas perdre sa clientèle.

Et ce n’est pas nouveau. Dans les années 50, outre-Atlantique, la télé arrive dans les salons. Les familles délaissent les salles obscures. Les Américains préfèrent regarder les films hollywoodiens en noir et blanc et au format réduit à la maison. On est bien mieux chez soi… Face à cette concurrence du petit écran, il faut… un écran large !
La 20th Century Fox décide alors d’adopter le format CinemaScope. Fondé sur un procédé optique ancien, l’anamorphose, « il comprime l’image dans le sens vertical et la restitue ensuite dans sa largeur normale, décrypte Victor Bachy, professeur à l’Université de Louvain et auteur d’ouvrages sur le cinéma. L’exploitation de l’anamorphose au cinéma à partir de 1953 sous le nom de CinémaScope lança la mode de l’écran large. »

Ramener le public vers le « vrai » cinéma en offrant ce que ne peut apporter le petit écran ? La combine fonctionne à merveille. La 20th Century Fox propose son premier film sous ce format, La Tunique, d’Henry Koster. C’est un succès. Tout le monde suivra. Les gens retournent au cinéma…

FAIS PÉTER LES WATTS !

Aujourd’hui, la télé a été remplacée par de nombreux autres acteurs. Avec un monstre sacré : Netflix. Alors les multiplexes, désormais totalement ancrés dans le numérique (les cinémas UGC ont lâché les bobines en 2011), redoublent d’inventivité pour ramener les spectateurs chez eux. Et les garder.

Il y a eu les arguments sonores avec par exemple l’arrivée du Dolby Atmos. Mais aussi la révolution 3D à l’époque, dopée par le mastodonte Avatar. On ne va pas se mentir, l’effet de mode est toutefois un peu passé. Certaines critiques ont été émises : maux de crâne, inconfort des lunettes ou parfois argument marketing bidon (certains films n’offraient aucun intérêt en 3D)… Le soufflé est retombé.
Si au départ, on gavait le spectateur avec cette révolution visuelle tout en lui imposant le relief sur les gros blockbusters, désormais la majorité des circuits de salles laissent le choix en proposant séances 2D et 3D.

D’autres complexes vont plus loin et offrent, à l’instar de l’IMAX®, une réelle volonté d’expérience immersive. Développée en 2009, la technique de 4DX a été adoptée par certains cinémas : on est ici à la limite de l’attraction, puisque le public se retrouve avec des mouvements de sièges (qui vibrent !), des sensations olfactives, de l’eau vaporisée sur le visage ou des chatouilles aux jambes, le tout tartiné de 3D. Un dispositif qui ferait presque croire à un manège au Futuroscope plutôt qu’à un film de cinéma. Si les jeunes et les ados – le public visé – sont aussi réceptifs qu’enthousiastes, d’autres spectateurs indiquent cependant être lessivés après une séance de deux heures, comme lors de Kong : Skull Island.

En France, une trentaine de salles en sont équipées. Toujours dans cette volonté d’être au coeur de l’action, les cinémas CGR ont fait le pari du concept ICE. Quésako ? Projection laser 4K, son Dolby Atmos, fauteuils inclinables et plus larges, et, surtout, la technologie Light Vibes.
Qualifié de « révolutionnaire » par le groupe CGR, ce concept instaure des « effets lumineux subtils diffusés sur les panneaux latéraux et à l’éclairage généré par des projecteurs dédiés. Les écrans disposés de part et d’autre de la salle créent un ambiance visuelle unique au travers de couleurs et de formes dynamiques ».

Récemment, le CGR des Deux-Lions, à Tours, a sauté le pas. Le multiplexe, qui fait partie des cinq plus fréquentés du groupe en France, a ouvert sa 13e salle et celle-ci bénéficie donc de cette technique ICE qu’on verra notamment sur Venom et Bohemian Rhapsody. Une volonté de toucher un public aussi bien attiré par le confort que par l’expérience technologique. À Tours comme ailleurs en France et dans le monde, le cinéma n’a pas fini de s’adapter et de proposer de nouvelles expériences.

Upgrade : une vengeance qui fait mal

Un homme paralysé qui se transforme en machine à tuer à la force surhumaine pour venger l’assassinat de sa femme ? Des robots et des cyborgs ? Une intelligence artificielle ? C’est dans Upgrade, un film décomplexé et qui castagne.

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Grey ne serre pas les paluches. Il les broie.

On ne va pas se mentir : Blumhouse, boîte de prod’ fondée par Jason Blum, est capable du meilleur comme du pire. Capable d’enfanter d’infâmes franchises sans intérêt comme Paranormal Activity comme de franches réussites telles que Get Out ou Split.

Avec son tout nouveau bébé Upgrade, c’est un ouf de soulagement.
Porté par la vision de Leigh Whanell (au scénario des Insidious et autres Saw), Upgrade est une petite pépite de SF, une série B vengeresse classique mais redoutablement efficace. Pourquoi un tel plaisir ? Parce que le film de Whannell assume de rendre hommage au cinéma d’anticipation des années 80 à grand renfort de références cultes (Robocop, entre autres).

L’histoire est celle de Grey, un homme laissé paralysé et veuf après une violente agression. Celui-ci va accepter de se faire greffer une puce révolutionnaire, lui rendant ses facultés motrices… décuplées. Grey, contrôlé par une intelligence artificielle et devenu machine à tuer inarrêtable, va tout faire pour retrouver les assassins de sa femme.

Sur ce pitch, Upgrade se transforme alors en une croisade de vengeance aussi brutale que haletante. Dans son récit hybride (on mélange la SF, l’action, les mondes analogiques et futuristes), Whannell retient évidemment l’attention par sa capacité à proposer un montage rythmé, nerveux, mêlé aux belles images techniques et des scènes de combat jubilatoires. Le tout, malgré un budget riquiqui.

Parfois très violent (attention, c’est du frontal et graphique), parfois étonnamment comique, mais toujours énervé et fun, Upgrade est un concentré d’adrénaline doublé d’une réflexion sur les dérives technologiques. Solide et attachant : une bonne surprise !

> Science-fiction / Thriller, de Leigh Whannell (USA). Durée : 1 h 40. Avec Logan Marshall-Green, Betty Gabriel, Benedict Hardie…
> NOTE : 3,5/5

https://www.youtube.com/watch?v=EspMJ4MjYmI

Un nouveau jour sur Terre : docu chic et magnifique

Proposé par le département Histoire naturelle de la BBC, le documentaire Un Nouveau jour sur Terre est à voir de toute urgence. Visuellement splendide, il montre toute la beauté de la planète et des espèces qui la composent.

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Il y a les documentaires au discours alarmiste. Il y a ceux qui, à l’instar de la série DisneyNature, s’adressent à tout public tout en sensibilisant à la protection des espaces naturels (Blue, dernier en date). Et puis il y a ceux qui font le pari de la contemplation.
Un Nouveau jour sur Terre est de ceux-là : il s’agit ici de montrer, durant une heure et demie, à quel point notre planète est aussi sublime que précieuse.

Proposé par le département Histoire naturelle de la BBC, le docu de Peter Webber et Richard Dale sort 10 ans après le déjà magnifique Un Jour sur Terre (2007). Cette « suite » repousse les limites des frontières (on part même pour la Chine) et de la technique.

Visuellement époustouflant, Un Nouveau jour sur Terre est à couper le souffle : images d’une netteté et d’une résolution fabuleuses, prises de vue extraordinaires (certains ralentis sont proprement hallucinants), tout concorde à en faire un objet graphique tellement fortque le spectateur a le sentiment de vivre les situations au plus près.

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Très cinématique dans son approche (par exemple, la séquence nocturne, digne d’un cinéma fantastique/horreur), le docu offre un spectacle grandiose, magnifié par des ralentis bluffants et nourri par un travail sonore remarquable tant dans les orchestrations que dans les bruitages.

Sans digressions, ni misérabilisme, aucunement moralisateur, Un Nouveau jour sur Terre parvient pourtant à nous faire réfléchir, nous interroger… Et nous ouvrir les yeux pour comprendre. Car devant tant de beauté et de splendeur, il est impossible de ne pas penser aux dangers qui pèsent sur la planète, sur tous ceux qui la composent.

> Documentaire, de Peter Webber et Richard Dale (GB/Chine). Durée : 1 h 34. Commentaire en français : Lambert Wilson.
> NOTE : 4/5

Braqueurs d’élite : film maudit

Sorti il y a plus d’un an dans d’autres pays, c’est seulement maintenant que débarque Braqueurs d’élite, co-écrit par Luc Besson. Résultat ? Le film aurait dû rester dans les tiroirs.

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Le voilà enfin, ce film maudit d’EuropaCorp ! Débuté en 2015, Braqueurs d’élite (titre francisé à la ramasse pour « Renegades » en V.O) a connu sa première sortie fin août… 2017 ! Ce n’est donc qu’un an plus tard que le thriller d’action de Steven Quale sort sur nos écrans (le film étant pourtant une co-production franco-allemande).

Malheureusement, après 1 h 46 de visionnage, force est de constater qu’il s’agit surtout d’un naufrage, d’un ratage quasi- total. Doté d’un synopsis improbable (une équipe de Navy Seals découvre des lingots d’or volés par des Nazis au fond d’un lac ; ils vont donc les ramener pour les redistribuer aux habitants démunis) et scénarisé par Luc Besson (brrr…), Braqueurs d’élite ressemble davantage à un téléfilm NRJ12 un peu friqué qu’on se passerait un dimanche de crise de foie.

Sidérant de bêtise, dopé à la testostérone et aux dialogues stupides, macho sur les bords, le film est sans ampleur et sans saveur. Brouillon au possible, il se voit également torpillé par son second acte ronflant et ennuyeux qui se déroule sous l’eau, faisant sombrer tout rare spectateur qui arrivait à garder la tête hors de l’eau jusque là.

Outre la présence agréable du truculent comédien J.K. Simmons, Steven Quale sauve son long-métrage du désastre par son introduction réussie où ça canarde à tout va et où tanks et explosions se tirent la bourre. Deux bons points certes, mais toutefois trop anecdotiques et minimes pour oublier que ce tristement stéréotypé Braqueurs d’élite est une œuvre aussi bancale que bâclée.

> Thriller / action, de Steven Quale (France / Allemagne). Durée : 1 h 46. Avec : J.K. Simmons, Sylvia Hoeks, Clemens Shick, Sullivan Stapleton…
> NOTE : 1,5/5

Les Indestructibles 2 : irrésistible !

Il aura fallu quatorze années pour voir arriver sur nos écrans la suite des Indestructibles. Et bonne nouvelle : Brad Bird est toujours un as de l’animation et, mieux encore, ce deuxième volet est une véritable pépite.

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Question : est-il possible de proposer une suite décente à un chef d’oeuvre de l’animation 14 ans plus tard ? Réponse : oui, quand on a Brad Bird sous la main.

Le génie de Pixar est donc de retour avec le deuxième volet de sa famille d’Indestructibles, commençant pile là où s’arrêtait l’original.
Hélène, alias Elastic Girl, doit reprendre la tête de la mission « sauver le monde », tandis que Bob se retrouve à gérer les tâches de la vie quotidienne à la maison.

De là, Brad Bird – qui n’a rien perdu de sa maîtrise – embarque directement le spectateur dans un grand-huit riche en émotions et en rires. La patte du réalisateur est visible dès les premières minutes : Les Indestructibles 2 fait preuve d’une technicité folle dans ses plans et son découpage, et reste visuellement splendide (l’ouverture du film et le plan de la poursuite à moto sont bluffantes).
D’une grande inventivité, la mise en scène est impossible à prendre en défaut.

Dans ce récit survitaminé, Brad Bird a également le culot d’enquiller les scènes déjà cultes. En témoignent par exemple ces séquences à la maison d’un papa complètement paumé ou le sketch hilarant du bébé Jack-Jack combattant un raton-laveur. À ce titre, le personnage de Jack-Jack est la réussite du film, s’imposant sans conteste comme le protagoniste le plus inventif et, surtout, le plus drôle.

En offrant des scènes mémorables et sans tomber dans le piège de la pâle copie du premier opus, les Indestructibles 2 se rattrape de quelques menus défauts (une histoire sans trop de surprises et un méchant bien plat…).
À noter également que Brad Bird a eu l’excellente idée d’inscrire son film dans l’air du temps, en abordant diverses thématiques comme la parité hommes-femmes ou encore la conciliation travail-famille. Une réussite, un retour en force.

> Film d’animation, de Brad Bird (USA). Durée : 1 h 45.
> NOTE : 4/5 

Sans un bruit : concept assourdissant !

Outre-Atlantique, ce fut un carton : Sans un bruit a dégommé le box-office malgré son budget riquiqui (enfin, pour Hollywood). Le « film-phénomène » débarque en France et risque d’en crisper plus d’un. Vous en oublierez de manger vos pop-corn (et c’est tant mieux, car c’est terriblement lourdingue).

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« Chut ! Si tu manges ton pop corn bruyamment pendant le film, les monstres viendront te dévorer »

Enfin le voilà, ce fameux film-phénomène ! Auréolé d’une « hype » folle depuis sa sortie américaine et en festivals, Sans un bruit bénéficiait déjà d’un bouche-à-oreille dithyrambique, surfant sur la vague des Split, Get out et autres Witch (= bonne idée + petit budget pour maxi succès).
Déjà estampillé « film d’horreur de l’année » (ce qu’il n’est pas d’ailleurs), il y avait toutes les raisons de se méfier.

Le pitch de Sans un bruit est un défi périlleux : dans un univers postapocalyptique, la population doit rester silencieuse. Un seul petit bruit et des monstres terrifiants vous sautent dessus pour vous tuer. Usant des ressorts du film muet, le film de John Krasinski doit donc tenir son spectateur en haleine durant 1 h 30, où une dizaine de phrases à peine seront prononcées.
Seules les nappes sonores enrobent et nourrissent la chose.

Avec un concept aussi excitant, le long-métrage de Krasinski devient rapidement un réel cauchemar. Efficace et redoutable, Sans un bruit est tendu comme il faut (le climax va donner quelques sueurs froides à certains !). Nerveux et bien emballé, malgré de grosses ficelles (l’utilisation du champ de maïs), il prend un malin plaisir à jouer avec les nerfs.
Utilisant chaque parcelle de son décor, le cinéaste fait également preuve d’une grande maîtrise dans sa mise en scène et réussit à séduire grâce à ses personnages suffisamment touchants dans leur survie pour mener à bien son récit. De quoi en faire oublier quelques séquences un peu téléphonées et des jump-scares pas toujours surprenants.

Offrant une belle leçon d’ambiance et de tension, Sans un bruit est donc silencieux mais assourdissant. Une expérience réussie et audacieuse.

> Thriller / Épouvante, de John Krasinski (USA). Durée : 1 h 30. Avec Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simonds…
> NOTE : 3,5/5 

Désobéissance : l’amour interdit

Adaptation d’un roman de Naomi Alderman, Désobéissance raconte le retour de Ronit, une jeune femme juive-orthodoxe, dans sa ville natale suite au décès de son père. La communauté juive est alors troublée par sa réapparition mais aussi par les sentiments qu’elle éprouve pour sa meilleure amie, mariée à un rabbin.

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Filmer l’amour lesbien et les rapports humains – ainsi que leurs contradictions – dans un environnement pétri de dogmes, c’est ce que fait Sebastián Lelio dans cette adaptation du roman éponyme de Naomi Alderman.

Désobéissance (Disobedience en VO) prend pour cadre la communauté juive-orthodoxe de Londres. On y suit Ronit, une jeune femme qui retourne chez elle pour les funérailles de son père. Mais son retour n’est pas forcément bien perçu. D’autant qu’elle va avouer à son amie les sentiments qu’elle éprouve pour elle…

Il se dégage de ce Désobéissance une mélancolie profonde, une atmosphère grisâtre et terne, froide même, résumant finalement ce qu’il se passe dans le cœur et l’âme des protagonistes. Dans ce film très lent (trop), les pulsions charnelles se mélangent à la foi. De par leurs tourments intérieurs, les êtres sont déboussolés. Et, donc, désobéissent.

Dans ce tourbillon d’insoumission, dans cet environnement étouffant, les comédiennes brillent. Le duo formé par Rachel Weisz et Rachel McAdams est aussi brûlant que solaire. Impeccable, le tandem parvient, avec une parfaite sensibilité, à faire naître une tension sexuelle palpable mais tout en nuance.
Ce qui débouche d’ailleurs sur une extraordinaire scène d’amour poignante d’érotisme. Un lyrisme et une sensualité qu’on aurait toutefois aimé plus présents au cours du long-métrage.

Car il manque à Désobéissance ce raffinement émotionnel, ce côté direct qui aurait nourri ce drame contemporain autour d’une histoire d’amour impossible dans une communauté religieuse.
Finalement, Désobéissance ne serait-il pas un peu trop sage ?

> Drame/romance, de Sebastián Lelio (USA). Durée : 1 h 54. Avec Rachel McAdams, Rachel Weisz, Alessandro Nivola…
> NOTE : 3/5

Giacometti : the final portrait

Stanley Tucci revient à la réalisation en signant un biopic pas comme les autres avec Giacometti : the final portrait.

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C’est un biopic à l’approche originale que propose Stanley Tucci avec Giacometti : the final portrait. Loin de retracer la vie et l’oeuvre d’Alberto Giacometti, le cinéaste plonge ici le spectateur dans un quasi huis-clos situé dans son atelier, où l’artiste a peint, dans les années 60, son ami James Lord, un Américain devenu son modèle.

Stanley Tucci prend le parti-pris de rester en surface, de retranscrire cette sorte de jeu du chat et de la souris, où James Lord ne cesse de repousser son retour à New York malgré son impatience, face à un peintre aussi incontrôlable que perfectionniste.
Son film est un face-à-face, un amas d’échanges : on ne sort pas beaucoup de l’atelier terne et poussiéreux (bien rendu par sa photographie grisâtre) de Giacometti.

Les rares excursions à l’extérieur sont surtout l’occasion de bavardages sur la vie et l’art. C’est donc tout de même rapidement redondant, tant dans la structure filmique, la linéarité du récit que l’enrobage sonore.

Cependant, le réalisateur a la bonne idée d’instiller une dose de comique de répétition à ce biopic pas comme les autres. Giacometti y apparaît alors comme un artiste un peu fou, torturé, enquillant clope sur clope, éternel insatisfait jurant à coup de « fuck » tonitruants, point névralgique entre son galeriste, son frère, sa femme, sa maîtresse et… son goût pour les prostituées.
Il est ainsi magistralement interprété par Geoffrey Rush, parfait avec son jeu haut en couleurs, truculent dans sa performance presque théâtrale.
C’est d’ailleurs lui qui porte le film à bout de bras, une réflexion sur la création qui manque toutefois suffisamment de souffle et de substance pour en faire une oeuvre marquante et durable.

> Biopic, de Stanley Tucci (GB/France). Avec Geoffrey Rush, Armie Hammer, Sylvie Testud, Clémence Poésy…
> NOTE : 3/5 

Manhattan Stories : tranches de vies à New York

Après avoir écumé les festivals de cinéma indépendant, Manhattan Stories arrive sur les écrans français. Un film choral prenant place dans les quartiers de Big Apple.

manhattan stories

Une journée à New York. Cinq histoires distinctes mais qui se chevauchent plus ou moins. Un film choral à la photographie automnale… Le second long-métrage de Dustin Guy Defa a tout pour plaire en festival. Archétype du ciné US indépendant, Manhattan Stories (Person to person, en VO) a effectivement écumé les Sundance et autres South by Southwest l’an dernier.
Débarquant seulement maintenant sur les écrans français, laissera-t-il chez nous un souvenir impérissable alors qu’il n’a pas franchement marqué les esprits outre-Atlantique ?

Sur le papier, Manhattan Stories organise donc sa narration autour de différentes histoires. Il y a par exemple ce fan de vinyles collectors, obsédé par un disque rare. Mais aussi Wendy, étudiante un peu paumée à la recherche de sa sexualité ou encore Claire, apprentie-journaliste accompagnant Phil, fait-diversier fana de metal…
Centré sur l’humain, les relations et la notion de recherche, Manhattan Stories déroule son récit (trop) doucement, avec un côté authentique rappelant le cinéma new yorkais de Woody Allen. Le film de Defa a cet aspect anodin et ordinaire, attachant mais interchangeable.

Magnifiée par sa photographie (tourné en 16 mm, le rendu est chaud et délicieusement vintage), cette chronique « urbaine » empile les histoires courtes comme un recueil de nouvelles, une mosaïque sympathique mais peu marquante. S’il a le mérite d’avoir réduit son oeuvre au minimum (à peine 1 h 30 au compteur), Manhattan Stories, bien trop anodin, a tout de même du mal à accrocher le spectateur.
L’expérience cinématographique est limitée, l’écriture est trop impersonnelle.

Loin d’être désagréable, mais pas assez enthousiasmant et mémorable pour marquer les esprits : vite vu, vite oublié.

> Comédie dramatique, de Dustin Guy Defa (USA). Durée : 1 h 25. Avec Michael Cera, Abbi Jacobson, Tavi Gevinson…
> NOTE : 2,5/5 

Rampage : les monstres hors de contrôle

Destruction XXL, monstres fous furieux et les gros muscles Dwayne Johnson : c’est au programme de Rampage, divertissement bébête, mais plaisir coupable.

PAUSE_CINE

Qu’est-ce que peut être un film comme Rampage, si ce n’est un plaisir coupable ? Vous savez, ce genre de pop-corn movie dont on se gave, sans trop savoir pourquoi on aime pareille bêtise.
Ce serait un bon résumé du film de Brad Peyton, adaptation d’un célèbre jeu d’arcade des 80s : un beau jour, un adorable gorille se métamorphose en monstre incontrôlable suite à une expérience génétique. Débarquant en ville pour tout détruire, il est rejoint par deux autres bestioles pachydermiques, prêtes à ravager la planète.

Du pur bourrin juste pour le fun, c’est le credo de Rampage qui, malgré son propos balourd et son scénario au ras des pâquerettes, offre un divertissement efficace.
Il faut dire qu’assister à la destruction XXL de Chicago par trois créatures (une resucée de King Kong, un loup mutant de 10 mètres de haut et un alligator aux airs de Godzilla !) est délicieusement jubilatoire malgré la niaiserie de la chose.
En cause, des effets spéciaux plutôt réussis côté bestiaire et séquences d’attaque, mais aussi un sauveur en la figure de Dwayne Johnson, alias The Rock. L’ancien catcheur désormais acteur stakhanoviste (Fast & Furious, Jumanji, San Andreas…) bénéficie toujours de ce capital sympathie, même ici en tant que primatologue ami-ami avec un gorille albinos…

Alors oui, Rampage peut paraître consternant : clichés enfilés comme des perles (oh, ces zooms sur les visages quand il va se passer quelque chose), Jeffrey Dean Morgan en pilotage automatique (il reproduit son personnage de Negan dans The Walking Dead), grands méchants aussi pathétiques que demeurés et un final d’une crétinerie abyssale…
Mais Rampage est un spectacle généreux, un film de monstres comme il doit être : 100 % stupide, donc 100 % sympathique.

Aurélien Germain

> Action / Aventure, de Brad Peyton (USA). Durée : 1 h 47. Avec Dwayne Johnson, Naomie Harris, Jeffrey Dean Morgan… 
> NOTE : 3/5

Mika & Sebastian : l’aventure de la poire géante

Adapté d’un best-seller danois, Mika & Sebastian : l’aventure de la poire géante séduira les plus petits, mais les adultes pourront trouver le temps long…

PAUSE_CINE

Au Danemark, c’est un best-seller. La Fabuleuse histoire de la poire géante, paru en 2012 et sorti depuis dans une dizaine de pays, est un monument de la littérature jeunesse scandinave (plus de 60 000 exemplaires vendus chez nos amis danois).
Un roman graphique signé Jakob Martin Strid qui n’attendait donc qu’une chose : se voir transposé sur grand écran.

Voilà donc l’adaptation cinématographique Mika & Sebastian : l’aventure de la poire géante. L’histoire commence dans le port de Solby : un chat et un éléphant trouvent un jour une bouteille à la mer, dans laquelle se trouve une petite graine qui va se transformer en poire géante et un message mystérieux. Celui-ci aurait-il été envoyé par leur ami disparu ?

Les voici alors qui embarquent dans l’aventure avec le professeur Glucose (et vous, gentils parents accompagnant vos enfants) . Il est évident qu’au premier coup d’oeil, Mika & Sebastian apparaît comme un film d’animation clairement destiné aux petits à partir de 4 ans.
Entre ses graphismes simplistes, ses personnages enfantins, ses couleurs pastel et une esthétique globale relativement plate, le film ne s’encombre pas (on reste dans un récit initiatique naïf du « oulala, le courage et l’amitié, c’est important »). Il souhaite simplement accrocher la rétine des nos chères petites têtes blondes. Ce qui fonctionnera forcément avec le jeune public, beaucoup moins avec les adultes qui pourront trouver le temps long.

Si l’ensemble est assez foutraque, la poésie qui enveloppe cette production danoise fonctionne assez bien. On préféra donc, et de loin, son modèle littéraire qui avait une saveur toute particulière. Car ici, au final, rien de bien foufou à se mettre sous la dent pour cette aventure de la poire géante qui manque de pêche (désolé).

> Animation, de Jorgen Lerdam et Philip Einstein Lipski (Danemark). Durée : 1 h 19.
> NOTE : 2/5 

Sherlock Gnomes : nains pour tous, tous pour nains

Enfants, parents, réjouissez-vous et préparez-vous aux jeux de mots : le petit Sherlock Gnomes et ses nains débarque sur grand écran. Si cette histoire vire souvent au nain-porte quoi, elle en divertira tout de même certains. (Signé : un journaliste nain-compris)

PAUSE_CINE

Après avoir revisité Shakespeare avec le premier volet Gnomeo et Juliette, c’est au tour de Sherlock Holmes de passer à la tambouille « gnomes ». Pour cette deuxième adaptation de la franchise, c’est donc toujours aux côtés d’une bande de nains de jardin que le spectateur évolue.
Ici, tous disparaissent un à un, ce qui emmène Sherlock Gnomes, célèbre détective et fervent défenseur des nains de jardin donc, à mener l’enquête (ce synopsis n’a pas été écrit sous l’effet de la drogue, promis…).

Avec un tel récit, Sherlock Gnomes se veut clairement orienté vers le public enfantin. Pour autant, le film d’animation parvient à ne pas tomber dans le puéril ou la naïveté et propose quelques bons moments. On rit rarement, mais on sourit parfois face à cette douce absurdité qui se dégage de l’ensemble (le nain en string à la Borat est plutôt fendard…).
Car Sherlock Gnomes pousse le curseur de son délire au maximum et prend visiblement plaisir à le faire.

Toutefois, pareil univers a ses limites : les multiples personnages, peu attachants, ont tendance à faire piétiner le récit, les jeux de mots avec le terme « gnome » sont exploités jusqu’à plus soif… Au final, pas bien inspiré, Sherlock Gnomes s’essouffle tout de même rapidement.

En revanche, côté animation, l’oeuvre se défend plutôt bien dans sa modeste catégorie. Il faut dire qu’aux manettes, on retrouve John Stevenson, le papa du premier Kung-fu Panda, pour un rendu qui n’a certes rien de trop sophistiqué comparé aux productions actuelles, mais assez de charme pour accrocher la rétine pendant les toutes petites 86 minutes que dure Sherlock Gnomes. Un résultat correct, mais rien de nain-croyable (celle-là, elle est cadeau). Aurélien Germain

> Film d’animation, de John Stevenson (USA). Durée : 1 h 26. Avec les voix françaises de Michael Gregorio, Flora Coquerel…
> NOTE : 2/5

Red Sparrow : sexe, espionnage et violence

On l’attendait de pied ferme ce Red Sparrow, avec Jennifer Lawrence. Sauf que le film de Francis Lawrence est mou, lent, parfois ridicule, parfois violent, bête prétexte à un érotisme SM aussi gênant qu’embarrassant. Outch

PAUSE_CINE

Sexe, violence, clichés et accent russe… Voilà à quoi pourrait se résumer Red Sparrow, adaptation du roman éponyme qui avait pourtant tout l’air d’une jolie promesse. Il faut dire qu’avec un Francis Lawrence aux commandes (l’homme est responsable des Hunger Games et de Je suis une légende), une star à l’affiche (Jennifer Lawrence) et un casting de première classe (Charlotte Rampling, Matthias Schoenaerts, Jeremy Irons…), on s’attendait à une pépite.

Mais passé une formidable entrée en matière aussi alléchante que réussie, Red Sparrow se vautre ensuite dans la paresse, virant au thriller interminable et neurasthénique (il aurait gagné à être raccourci d’un bon tiers).
Pendant 2 h 20 aussi fougueuses qu’un koala sous Lexomil, le spectateur suit Dominika, ex-ballerine recrutée pour devenir agent secret, contrainte de jouer de ses charmes pour séduire et manipuler un infiltré de la CIA en Russie.

De là découle un film caricatural au goût de Guerre Froide, d’ailleurs plombé par une extraordinaire faute de goût : celle de laisser ses comédiens américains incarner l’ennemi russe, usant de fait d’un accent aussi ridicule que grossier. Pour le reste, il faudra compter sur des scènes de violence gratuite sans stylisation, ainsi qu’une dose de sexe pour compléter le cahier des charges putassier (coucou la scène du viol).

Alors, certes, Jennifer Lawrence n’a jamais été aussi belle et solaire. Magnifiquement photographiée, la comédienne apparaît incandescente et sulfureuse. Elle est également investie à 200 % dans son rôle. Mais ça ne suffit malheureusement pas à rattraper un film aux enjeux inexistants, à l’hypersexualisation malsaine de son héroïne et finalement bien trop anecdotique.

Aurélien Germain

> Thriller, de Francis Lawrence (USA). Durée : 2 h 20. Avec Jennifer Lawrence, Matthieu Schoenaerts…
> NOTE : 1,5/5

Cliquez pour voir la bande-annonce :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=D79-3yPaHy8[/youtube]

Blue : plongée avec les dauphins

Chouette, voilà un nouveau documentaire signé DisneyNature. Avec Blue, Keith Scholey et Alastair Fothergill offrent une plongée dans différentes régions subaquatiques du globe, aux côtés des dauphins.

PAUSE_CINE

Depuis une dizaine d’années, la branche DisneyNature oeuvre dans le documentaire et propose des objets aussi ludiques que militants. Au fil du temps, on a ainsi pu voir l’enfantin Grizzly, le travail titanesque d’Au Royaume des singes, ou encore le magnifique Il était une forêt.
Objectif ? Proposer de sublimes images pour amener le spectateur – notamment les plus jeunes – vers une réflexion sur l’environnement.

C’est de nouveau le cas ici avec un documentaire signé Keith Scholey et Alastair Fothergill. Naïvement titrée Blue dans sa version française du nom de son « personnage » principal (Dolphins est le titre original…), cette plongée dans les océans veut de nouveau sensibiliser à la protection de nos espaces naturels, cette fois à travers la figure du dauphin. Habile, quand on sait le capital sympathie de la bête.

On y suit donc l’animal à travers un périple qui nous fait découvrir diverses régions subaquatiques du globe, mais aussi de nombreuses espèces connues (la baleine à bosse) ou méconnues (l’amusant squille multicolore).

Visuellement époustouflant, Blue est d’une maîtrise technique sans faille. Les jeux de lumière et de couleur sont tout simplement sublimes. Les documentaristes mènent alors la danse et embarquent le spectateur (enfants et adultes, ouf) dans des mouvements constants (le ballet des dauphins), pour finalement esquisser un message clair.
« Si vous voulez avoir des dauphins dans le futur, il est nécessaire d’avoir des récifs coralliens », disait récemment Keith Scholey. Un écho à Blue, dans lequel on s’aperçoit que tout fonctionne finalement comme une petite ville, avec un écosystème et des espèces subsistant grâce aux coraux. Aujourd’hui, 20 % des récifs coralliens sont détruits en raison du changement climatique…

> Documentaire de Keith Scholey et Alastair Fothergill (USA). Durée : 1 h 18.
> NOTE : 4/5

Voir la bande-annonce :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=KCf-0hfyucc[/youtube]

Hostiles : un western d’époque

Hourra, le western revient au cinéma ! Et connaît un second souffle avec Hostiles, la dernière réalisation de Scott Cooper. Au programme, Christian Bale et Rosemund Pike dans un film d’une noirceur absolue (avec un peu d’espoir dedans quand même, car hé ho, c’est Hollywood).

PAUSE_CINE

Le premier quart d’heure d’Hostiles est d’une rare intensité. Il donne le ton de ce que sera ce western signé Scott Cooper : ici, la mort planera à chaque instant. Car en quelques minutes, lors de sa séquence d’ouverture d’une froideur terrible, le cinéaste filme une famille décimée par des Comanches. Violence sèche et horreur.
Seule Rosalee, la mère, survivra. Rescapée mais traumatisée, elle croisera en 1892 la route de Joseph Blocker, capitaine de cavalerie contraint d’escorter Yellow Hawk, chef de guerre Cheyenne mourant.

Durant plus de 2 heures, Hostiles se mue alors en western humaniste. Une sorte de road movie au milieu de paysages sublimes, montrant la complexité des relations humaines hommes blancs/autochtones. Hostiles est intense et tourmenté. Tout comme l’histoire qu’il raconte. Tout comme les personnages de son récit.
Notamment le trio Joseph, Rosalee, Yellow Hawk, respectivement joués par Christian Bale, Rosamund Pike et Wes Studi. Le premier, d’une parfaite justesse, est brillant. La seconde, forte mais fragile, est formidable. Le troisième est tout en retenu et en émotion.

Évidemment, Hostiles n’est pas sans défauts : il souffre de grosses longueurs et on regrettera son final bien trop gentillet qui jure avec la dureté du film.
Mais il donne un coup de fouet bienvenu à un genre souvent trop manichéen. Hostiles est aussi prenant que sombre.

Et, grâce à son sous-texte, se pose comme un film dans l’ère du temps, traduisant les préoccupations de l’Amérique d’aujourd’hui. Car, ainsi que le déclarait le réalisateur, il révèle in fine le schéma « reproduit de nos jours avec les Afro-Américains ou la communauté LGBT ». Un western d’époque, finalement.

> Western, de Scott Cooper (USA). Durée : 2 h 13. Avec Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi…
> NOTE : 3,5/5 

Voir la bande-annonce :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=K_X5bODZNf0[/youtube]

A l’Escat, les étudiants font leur cinéma

Ambiance studieuse au sein de la nouvelle école de cinéma de Tours. Les tout premiers élèves de l’Escat se préparent à partir en tournage. Action !

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« Silence, ça tourne ! », demande Aude, réalisatrice en herbe, derrière un cameraman et un patient improvisé, allongé sur une table. « Fais un plus gros plan. Il ne faut pas qu’on la voie dans le champ », avance-t-elle à son camarade, un poil autoritaire. Aude le sait, sur un plateau, c’est chacun sa place.

À ses côtés, Jérémy, premier assistant. Il note l’avancée des prises et répond aux demandes de sa « réal ». Un autre trépied pour la caméra ? Il l’a. Libérer une salle ? Il s’exécute. Discret, son histoire personnelle aurait pourtant de quoi inspirer ces Luc Besson de demain. « J’étais pâtissier-boulanger mais j’écris depuis longtemps des scénarios. J’ai inventé ma première pièce en CE2, se souvient le jeune homme de 19 ans qui finance seul sa formation à l’Escat. Travailler dans le cinéma c’était un rêve, mais avant, j’ai travaillé un an en Angleterre et j’ai aussi appris beaucoup auprès de grands chefs-pâtissiers à Paris. Revenu à Tours, c’est là que j’ai vu qu’une école de cinéma allait ouvrir. J’étais le premier à appeler la directrice. »

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Comme Jérémy, 53 autres élèves ont été sélectionnés pour faire partie de la première promotion de l’Escat, à Tours-Nord, dans les anciens ateliers des Compagnons du Devoir. Âgés de 17 à 28 ans, ils viennent essentiellement de Tours. Cet après-midi-là, la moitié d’entre eux prépare le tournage de leur troisième court-métrage de l’année. L’autre moitié de la promotion étant déjà partie enregistrer. Tout l’espace a été investi : les deux classes, l’espace cuisine, le « foyer », le plateau… Divisés en quatre groupes, ils ont deux heures pour tourner les plans d’un court-métrage de cinq minutes.
Armé d’une « Sony PX-70 », comme on dit dans le jargon, d’une perche et d’un micro, un groupe s’est enfermé dans une salle de classe. C’est Cassandre la réalisatrice. Derrière ses grandes lunettes rondes, elle surveille attentivement le déroulement de la scène dans l’écran de la caméra. Le livreur sonne (enfin… fait semblant), un homme ouvre, un pistolet dans le dos, il prend le paquet et referme la porte. « Coupez ! C’est l’histoire d’un soldat traumatisé par la guerre qui ne trouve pas le sommeil, résume Cassandre. Nous allons tourner dans un appartement la semaine prochaine et un magasin de surplus militaire nous prêtera des éléments de décor. » NEWS_ESCAT (5)

De l’autre côté du couloir, dans la cuisine, autre histoire, autre ambiance : un prisonnier qui sort de prison veut tuer son père… et coupe des oignons avec un énorme couteau. Effrayant. Tout comme l’aiguille qui tourne alors que le groupe n’a filmé qu’un tiers des plans prévus. Dans 20 minutes, ils devront passer au montage pour avoir une idée du résultat et réajuster, voire totalement modifier leur plan de bataille.
« On les met constamment en difficulté de tournage, révèle un professeur fondu dans la masse des étudiants. On leur donne beaucoup moins de temps pour qu’ils apprennent à faire des choix, on les sort un peu de leur cocon pour qu’ils soient préparés à la réalité. Ils ont deux ans de sécurité avant le crash test à la sortie », explique franchement leur professeur Geoffroy Virgery, réalisateur de 25 ans à Tours. Avec lui, ils ont aussi analysé des films, découvert les éclairages et le tournage spécifique pour donner une ambiance nocturne. La théorie et la pratique se rejoignent toujours ici.

DEUX ANS AVANT LE CRASH-TEST

Dans toute cette agitation, Bryan vaque à ses occupations et vide les poubelles du Foyer. « Chaque élève effectue une semaine de régie dans l’année, comme sur un plateau », explique Sarah Chauvet, directrice adjointe.
« On veut qu’ils respectent la profession de régisseur et qu’ils aient une attitude professionnelle ». Dans cette école, pas de notes et la possibilité d’effectuer des stages à tout moment, en fonction des demandes des boîtes de productions. Quitte à louper quelques semaines de cours. « Je suis parti en stage deux semaines sur le tournage d’un téléfilm pour France 3 à Tours. J’ai appris à “ percher ” sans bouger d’un pouce, vérifier les batteries, transporter le matériel… », décrit Bryan, qui, à 21 ans, détient déjà un CAP projectionniste.

Occupée à monter une captation de concert dans un canapé, Julie revient de six semaines en stage « régie » avec une équipe d’Arte en Touraine. Un bon moyen de découvrir les codes de ce milieu et d’acquérir de précieux contacts professionnels. S’investir, être rigoureux, ne pas avoir peur des responsabilités demeurent ainsi autant de qualités pour devenir cameraman, monteur, scénariste ou réalisateur. Un rêve qui semble devenir réalité pour les élèves de l’Escat.

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Isabelle Heurtaux et Sarah Chauvet

POUR ALLER PLUS LOIN
UNE CENTAINE D’ÉLÈVES EN SEPTEMBRE 2018

Créée par Isabelle Heurtaux et co-dirigé par Sarah Chauvet, l’Escat, première école de cinéma de Tours dont tmv vous avait révélé l’exclusivité en février 2017, s’apprête à recruter une nouvelle promotion. Bilan d’une année pleine de promesses.

Comment se sont passés les premiers mois de l’école ?
Tout se déroule parfaitement ! Je vois des élèves qui s’épanouissent, l’ambiance est familiale… Je cultive ce groupe comme si c’était une vraie équipe de cinéma, je les connais tous et ils savent qu’ils sont un peu les « chouchous ». L’an prochain, ce ne sera peut-être pas aussi facile d’organiser des projections et des soirées à 100. 

Les productions de films vous appellent souvent pour des stagiaires ?
Oui, il y avait un réel besoin. On est en contact avec le réalisateur Philippe de Chauveron (Qu’est-ce-qu’on a fait au bon Dieu) qui doit passer dans la région pour son prochain film.

Qui a donné les premières masterclass ?
La 1re assistante Julie Navarro (Insoupçonnable), le réalisateur Éric Barbier (La Promesse de l’Aube) et le producteur Éric Altmayer (Chocolat). En première année, les élèves touchent à tout et l’année suivante, ils se spécialisent. Quelles sont les propositions de l’Escat ? Comme prévu, il y aura une classe Réalisateur, une autre en Image et une autre de Production dont on n’était pas certain l’an dernier, pour l’aspect administratif, recherche de financement, législation, etc.

Des projets pour la suite ?
Pour le moment, j’étais surtout dans l’organisation interne, mais à l’avenir j’aimerais ouvrir l’école vers l’extérieur. Avoir un rapport avec des festivals de cinéma, pour pouvoir emmener les élèves sur ces événements. En attendant, leurs premiers courts-métrages ont participé au Mobile Film Festival et au festival Désirs…Désir, un groupe a réalisé la bande-annonce du Festival International de Cinéma Asiatique de Tours, d’autres ont fait des captations et on a un projet de web-série en mars.

> Samedi 17 mars, de 11 h à 17 h, journée portes ouvertes de l’Escat, 34 rue de Suède, à Tours. Renseignements au 02 46 65 53 37 ou par mail à escatfrance@gmail.com

Moi, Tonya patine vers l’Oscar

Moi, Tonya sort en salles cette semaine. Mené par un casting exceptionnel, le film est bien parti pour rafler quelques statuettes…

PAUSE_CINE

1994. À quelques jours des JO, la patineuse Nancy Kerrigan est attaquée et blessée au genou avec une barre de fer. Très vite, les soupçons se portent sur l’entourage de Tonya Harding, patineuse également et concurrente, star montante qui va alors exploser en pleine ascension.

Ce fait-divers qui a passionné l’Amérique est aujourd’hui repris par Craig Gillepsie dans Moi, Tonya.
Un spectacle brillant et passionnant, retraçant la vie de la sportive déchue, de ses premiers pas sur la glace à sa chute. Là où Gillepsie vise juste, c’est en s’écartant du sentier risqué du biopic académique. Car sous ses airs de film à Oscars « d’après l’histoire vraie de… », il est surtout une comédie mordante : ici, les personnages trash font vivre une oeuvre à l’humour aussi noir que cruel.

Une mixture surprenante gérée avec brio et aidée par un montage aiguisé (les scènes sont coupées par de « fausses » interviews face caméra) et une galerie d’acteurs remarquables. On notera évidemment la performance de Margot Robbie, transformée et habitée par le rôle (le meilleur de sa carrière ?).
Mais force est de constater qu’Allison Janney est tout aussi hallucinante en incarnant la mère de Tonya, femme brutale et imbuvable, tant dans son comportement que dans ses méthodes. Le spectateur assiste alors, impuissant, au quotidien d’une femme forte martyrisée tour à tour par sa maman et son mari (Sebastian Stan, excellent). Ces violences familiales et conjugales, filmées d’une façon terriblement crue, suscitent l’empathie pour une Tonya Harding clouée au pilori par les médias, mais représentée ici comme une battante.

Moi, Tonya réussit à être tragique et drôle à la fois. Un drame qui devient une comédie. Moi, Tonya patine vers l’Oscar…

Aurélien Germain

> Comédie satirique de Craig Gillepsie (USA). Durée : 1 h 51. Avec Margot Robbie, Allison Janney…
> NOTE : 4/5 

Bande-annonce de Moi, Tonya :
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Qx-Pr3iS4IQ[/youtube]

Phantom Thread : les adieux de Day-Lewis

C’est normalement l’ultime film de l’immense Daniel Day-Lewis. Phantom Thread sort cette semaine dans nos salles obscures.

PhantomThread

C’est son dernier rôle. Après cela, le triple Oscarisé Daniel Day-Lewis prendra sa retraite. Fini, terminé. Phantom Thread ne mériterait ainsi d’être vu rien que pour ça, pour l’ultime apparition d’un comédien incroyable et talentueux. Un acteur qui retrouve là le cinéaste Paul Thomas Anderson 10 ans après There will be blood. Deux maniaques du détail réunis. De quoi propulser Phantom Thread vers les sommets.

Voici donc l’histoire de Reynolds Woodcock, couturier de renom pour mondains, multipliant les conquêtes jusqu’au jour où une jeune femme, Alma, va bouleverser son quotidien de célibataire endurci.
Une nouvelle fois, le charisme de Day- Lewis irradie l’écran dès les premiers instants. Pilier du film, métamorphosé en gentleman aussi passionné que colérique, il porte le film à bout de bras. L’emmène où il veut. Subjugue autant que son personnage subjugué par sa muse.

Évidemment, derrière tout ça se cache aussi la patte de P.T. Anderson. Ici, l’Angleterre fortunée des années 50 est reconstituée avec minutie. Le réalisateur prouve encore sa maîtrise via une mise en scène technique, un travail d’orfèvre, d’une précision redoutable, tant dans les cadrages que dans la composition et ses effets de lumière.
Sa contemplation permet alors d’esquisser, lentement, un jeu amoureux terrible et pervers, tortueux et passionnel. Bref, la folie de l’amour.

Phantom Thread est finalement d’une froideur extrême. Ampoulé, même. De quoi refroidir un paquet de spectateurs pas forcément friands du genre. Pour ceux-là, Phantom Thread sera d’un ennui total, interminable. Pour les amoureux du cinéaste, ce film en forme de chant du cygne sera gracieux et fascinant. Dans tous les cas, Phantom Thread est unique. Tout comme Anderson et Day-Lewis.

Aurélien Germain

> Drame, de Paul Thomas Anderson (USA). Durée : 2 h 10. Avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps, Lesley Manville…
> NOTE : 3,5/5 

Bande-annonce :
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=xNsiQMeSvMk[/youtube]

Le Voyage de Ricky : la critique

Divertissement familial, mais surtout destiné aux enfants, Le Voyage de Ricky est un nouveau venu dans le film d’animation.

PAUSE_ECRANS_CINE

Difficile de se faire un nom dans le monde de l’animation. À son modeste niveau, Le Voyage de Ricky essaye de se faire une petite place.
Petite, car — soyons honnête — cette coproduction internationale a tout de même du mal à rivaliser face au tout-puissant Pixar.

Les premières minutes laissent place au doute. Le film met en scène Richard, un moineau orphelin récupéré par des cigognes qui finit de nouveau abandonné le jour où sa famille adoptive doit partir pour une grande migration vers l’Afrique, voyage impossible pour le petit oiseau. Richard va quand même tenter de rejoindre l’autre continent.

Ratant son envol, ce film des airs propose d’emblée une introduction naïve, au récit vu et revu, saupoudré d’enjeux quasi-inexistants et éculés. Une mise en bouche un peu trop facile qui va pourtant déboucher, par la suite, sur un périple initiatique correct. Si dans l’ensemble, Le Voyage de Ricky est vraiment trop simpliste, en raison de sa visée enfantine (les adultes pourront décrocher) et pèche par sa linéarité, il a le mérite de dessiner une galerie de protagonistes vraiment attachants à la personnalité travaillée (on s’amuse alors par exemple du perroquet fan de disco ou du corbeau mafioso).

Côté animation, le niveau est honnête sans être éblouissant (quelques menus défauts comme certains mouvements saccadés des oiseaux ou la finition des cigognes). Mais Le Voyage de Ricky possède toutefois son lot de belles séquences, via un très beau travail sur le ciel et l’eau, ainsi que de bonnes idées comme cette scène du rêve esquissée en peinture.
Ricky et ses copains oiseaux font donc partie d’une petite oeuvre gentillette : loin d’être mauvaise, mais pas non plus de quoi nous clouer le bec.

> Film d’animation, de Toby Genkel et Reza Memari (Belgique, Allemagne, Luxembourg, Norvège). Durée : 1 h 24.
> NOTE : 2,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=0Ppp4VqVxeY[/youtube]

Wonder Wheel : le dernier Allen au goût amer

Woody Allen est de retour avec son 47e film. Sauf que Wonder Wheel, en plus d’être un énième « Woody Allen » sans grande inventivité, baigne dans la controverse.

PAUSE_CINE

Wonder Wheel aura connu une gestation difficile. En plein scandale Weinstein, la nouvelle offrande de Woody Allen a vu son avant-première, mi-octobre, annulée, rappelant par ailleurs que le cinéaste était lui aussi éclaboussé par des accusations d’agression sexuelle sur sa fille adoptive et lâché par de nombreux comédien(ne)s (lire billet d’humeur de notre version print reproduit ci-dessous).
Un mois plus tard, le réalisateur new-yorkais zappait purement et simplement l’instant promo- interview, tandis que certains critiques descendaient Wonder Wheel, y décelant un écho à la vie privée de Woody Allen (connu pour parsemer ses fictions de sa vie personnelle).

Wonder Wheel a donc un goût amer. On ne le regarde pas “juste comme ça”, le récit étant axé sur l’aventure extraconjugale d’une mère de famille avec un jeune sauveteur en mer qui, lui-même, va flirter avec… la belle-fille ! Outch…

Ceci à part, il n’y a pas grand-chose de neuf à se mettre sous la dent ici. Allen fait du Allen avec l’éternel triptyque trahison, triangle amoureux et drama à la clé. Le cinéaste déroule alors un récit déjà-vu, aux procédés éventés (les monologues face caméra) et à la marque de fabrique qui peut lasser (Wonder Wheel est verbeux).

Mais Woody Allen parvient toutefois à garder le cap. D’une part, grâce à un charmant casting (Kate Winslet est fascinante, James Belushi bourru mais attendrissant). D’autre part en accouchant d’un film à la photographie somptueuse, véritable plongée dans les 50s sublimée par des teintes éblouissantes (Vittorio Storaro, d’Apocalypse Now, est aux commandes).. Correct, mais désespérément prévisible ; beau dans la forme, mais plat sur le fond. Avec ce 47e long-métrage, Woody Allen n’a peut-être plus rien à dire…

> Drame, de Woody Allen (USA). Durée : 1 h 41. Avec Kate Winslet, Juno Temple, Justin Timberlake, James Belushi…
> NOTE : 2/5 

Cliquez ci-dessous pour la bande-annonce :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=HCXi7yEnPHE[/youtube]

BILLET HUMEUR

WONDER WHEEL. UN FILM DE WOODY ALLEN, PAS BIEN FOLICHON, la tambouille habituelle. Sauf que ce coup-ci, le Woody, il a du plomb dans l’aile. Il y a quelques jours, Dylan Farrow, sa fille adoptive, a réitéré ses accusations : le cinéaste l’aurait agressée sexuellement lorsqu’elle avait 7 ans. Lui a de nouveau démenti. L’affaire dure depuis 25 ans, entre enquêtes et contre-enquêtes, accusations de manipulation des deux côtés, zones d’ombre…
Alors Dylan Farrow a commencé à s’interroger : pourquoi ces acteurs et actrices qui tapent dans le lard du porc Weinstein, mais qui bizarrement esquivent-ils le sujet Allen, génie intouchable ? Puis, tout doucement, le tout-Hollywood essoré dans le tsunami des scandales sexuels a commencé à réagir.
Outre-Atlantique, on finit par lâcher le réalisateur aux grosses lunettes. Comédien(ne)s et personnalités disent bye bye Woody. Plus personne ne lui dit I love you.
En revanche, en France, Jack Lang s’est ému du « Woody Allen bashing ». Snif. Pierre Arditi s’est agacé du « puritanisme américain ». Snif. Frédéric Beigbeder a invité le cinéaste à venir en France, où l’on sait faire la part des choses, parce que « l’homme privé ne nous regarde pas ». Snif. En fait, ici, c’est comme avec Polanski : c’est rigolo, on n’ose pas trop.

24 h limit, film d’action trop limite

Cette semaine, la chronique ciné est signée des étudiants de l’EPJT, dans le cadre de notre numéro spécial. Zoom sur 24 h limit, qui sort en salles ce 17 janvier.

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Ethan Hawke (Les 7 Mercenaires) incarne Travis Conrad, dans le nouveau film d’action de Brian Smrz (Mort subite). Il joue un tueur d’élite sur le point de prendre sa retraite lorsqu’il se fait tuer lors d’une mission en Afrique du Sud. Mais ses employés ne sont pas encore prêts à le laisser partir… Ils tentent alors une expérience et arrivent à le réanimer pour 24 heures seulement.

Le compte à rebours de sa dernière journée est inscrit en chiffres digitaux sur son bras : ce n’est pas sans rappeler le film de science-fiction d’Andrew Niccol, Time Out, sorti en 2011 (et qui était nettement plus réussi). Car malheureusement, 24H Limit est prévisible. Trop prévisible même. Le scénario en lui-même a déjà été vu plusieurs fois : un tueur d’élite qui attend simplement que tout le monde lui fiche la paix, sur la voie de la rédemption, mais qui, par sens du devoir, va accepter une dernière mission.
On retrouve ainsi tous les clichés d’un film d’action dans un très court laps de temps (le film ne dure qu’une heure trente) et la scène de baston finale relève du fantastique. Conrad aurait dû mourir déjà depuis un moment, étant donné qu’il a perdu au moins 32 litres de sang, son corps est criblé d’éclats de balles, mais il tient toujours debout…

Dans 24H Limit, force est de constater qu’Ethan Hawke porte à bout de bras le film. Il tente de montrer que son personnage est un gars bien, notamment grâce à ses hallucinations dans lesquelles il revoit sa femme et son fils décédés. Mais cela ne prend pas vraiment.

On notera toutefois des scènes de bagarres réussies et bien chorégraphiées. Brian Smrz a refusé de les réaliser par ordinateur et a préféré utiliser de vrais cascadeurs et ses acteurs. Ce qui rend très bien à l’écran. Bilan ? Si vous voulez un bon film d’action, refaites-vous plutôt un Die Hard.

Manon Brethonnet

> Thriller/Action (USA), 1 h 32, de Brian Smrz. Avec Ethan Hawke, Paul Anderson
> NOTE : 2/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=zrCb5klZZCc[/youtube]

L’Asie se dévoile au grand écran tourangeau

Le Festival international de cinéma asiatique à Tours (FICAT) a ouvert ses portes aujourd’hui et se poursuivra jusqu’au 23 janvier.
Crée par la professeure de lycée Lucie Jurvillier (elle en est d’ailleurs toujours la présidente), le festival fête sa dix-neuvième édition. Cette année, le thème abordé est l’Orient vu d’Occident : vérités et clichés. #EPJTMV

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Margaux Boutet (Photo: Alizée Touami)

Margaux Boutet, une des organisatrices du FICAT, répond à nos questions.

TMV : Quels films pourrons-nous voir ?
MB : Nous projetons 28 films au total du 12 au 23 janvier. Certains sont inédits comme Rukh ou Toky Decibels, d’autres sont beaucoup plus anciens. Je pense par exemple à Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (John Carpenter, 1986), ou Rencontre des nuages et du dragon (Lam Le, 1980). Quatre artistes seront également présents pour présenter et parler de leur film : Damien Manivel, Lam Le, Han Kyung-Mi et Pablo Pico, réalisateur de Saving Sally.

TMV : Y’aura-t-il des récompenses pour les films ?
MB : Seulement huit films sont en compétition. Ce sont justement les huit inédits. Trois prix seront distribués : le prix du jury, celui du public et enfin le prix des étudiants. Le dernier est une nouvelle récompense, ce sont des étudiants de l’École de cinéma de Tours (Escat) et du Master audiovisuel de l’université François-Rabelais qui voteront.

TMV : D’autres éléments à découvrir autour du festival ?
MB : Plusieurs ateliers sont prévus. Une confection de gâteaux Lune ainsi qu’une initiation à l’écriture khmer. Un dessinateur de manga présentera son nouveau livre. Ces ateliers se dérouleront le 20 janvier, au cinéma Les Studios. Marie-Pierre Asquier présentera son exposition photo Balade à Shangaï. Dans la même veine, on pourra admirer l’exposition à l’Espace Parfum Culture Notre Mongolie, un voyage avec les nomades.

Pour plus de renseignements, rendez-vous sur le site officiel : https://cineasia37.wordpress.com/

Parmi les huit films sélectionnés, tous ont l’air intéressants… mais en voici trois qui nous attirent particulièrement. 

Avant que nous disparaissions (Japon, 2017, Kiyoshi Kurosawa)

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=hoqxhO-yJ8c[/youtube]

La nuit où j’ai nagé (Japon/France, 2017, Damien Manvel et Kohei Igarashi)

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=YRFXihItSdE[/youtube]

Rukh (Inde, 2017, Atanu Mukherjee)

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=7-cuy7pait0[/youtube]

Downsizing : être miniature, la grande vie !

Chérie, j’ai rétréci Matt Damon ! Dans Downsizing, le comédien se retrouve miniaturisé, à la recherche d’un peu de bonheur…

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Matt Damon savoure sa dernière bière, avant d’être miniaturisé.

Et si on miniaturisait les êtres humains, afin de régler le problème de la surpopulation et du changement climatique ? Ce pitch, loufoque et intrigant, c’est celui de Downsizing, la nouvelle offrande d’Alexander Payne, déjà responsable de Nebraska et The Descendants. Avec un postulat aussi excitant, il y ava it de quoi s’attendre à une petite merveille d’inventivité…

Et d’inventivité, Downsizing n’en manque pas. Du moins au début. Dans cette science-fiction mâtinée de comédie, le matériau de base est tellement riche que les idées fusent lors de la première heure. L’univers dépeint est riche, la balade dans ce nouveau monde minuscule est jubilatoire, certaines séquences étant même très drôles (l’opération de miniaturisation, les premiers pas dans cette vie où l’on mesure 12 cm…). D’autant que Downsizing est habilement porté par une jolie distribution : notamment Matt Damon, toujours en justesse et en sincérité, ou encore Christoph Waltz et son habituel surjeu jouissif comme il faut.

Doté d’un sous-texte intéressant, Downsizing est loin d’être un brûlot politique dénonciateur. Mais il évoque subtilement les problèmes écologiques et de surconsommation, tout en soulignant une foultitude de faits, comme les inégalités, les flux migratoires, l’égoïsme, etc. Des thématiques pertinentes, donc, qui finissent pourtant noyées dans une dernière demi-heure interminable et digressive. Une incompréhension qui torpille littéralement le film du cinéaste qui, disposant d’un trop-plein d’idées, refourgue le tout dans une partie finale aussi brouillonne que flottante. Malgré son immense potentiel et son départ sur les chapeaux de roue, Downsizing finit malheureusement par s’enliser. Payne aurait-il vu trop grand ?

A.G.

> SF/Comédie. Durée : 2 h 08. (USA) D’Alexander Payne. Avec Matt Damon, Hong Chau, Christoph Waltz…
> NOTE : 3/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=cAFQzq4rrRY[/youtube]

Wonder : un film merveilleux

Wonder, c’est une petite pépite. Le film sort au cinéma ce mercredi 20 décembre. C’est le moment de profiter d’un joli conte sur la tolérance avant les fêtes.

PAUSE_ECRANS_CINE

« Faites le plein de bonheur, courez voir Wonder », « Une merveille »… Il faut avouer que les phrases d’accroche placardées sur les affiches promo de Wonder avaient de quoi inquiéter. Généralement, ce marketing un peu bancal laisse présager d’une oeuvre bien moins excitante. Et pourtant…
Wonder est une petite pépite.

Adaptation d’un livre à succès, Wonder raconte la vie d’Auggie, un garçon né avec une malformation faciale qui l’a empêché d’aller à l’école. Mais un jour, il faut y aller : Auggie va entrer en CM2, prêt à affronter « les autres ». Avec tel synopsis, on redoutait une production au pathos larmoyant. Mais ici, zéro misérabilisme, le film de Stephen Chbosky parvenant à tirer les ficelles habilement, trouvant un juste équilibre entre émotion et rire.

Loin de dégouliner de bons sentiments, Wonder est un joli conte sur la tolérance et l’acceptation de soi. Du début (Auggie découvre la cruauté de certains enfants en classe et à la cantine) à la fin (ces derniers découvrent qu’il n’est pas qu’un « visage déformé »), le réalisateur envoie un message à la tolérance, via un procédé de multiples narrations, s’attardant un peu sur tous les protagonistes.

Mais, Wonder n’aurait pas cette force s’il n’était pas porté par une distribution épatante. Côté adultes, on note les performances d’une parfaite justesse d’Owen Wilson et Julia Roberts en parents aimants. Mais c’est surtout du côté des enfants que le casting surprend. Entre naturel et maturité de leur jeu, les jeunes comédiens sont brillants. Mention spéciale évidemment au personnage Auggie, campé par un Jacob Tremblay extraordinaire et convaincant, visage transformé grâce à des prothèses.

En définitive, Wonder dégage une certaine poésie et beaucoup de délicatesse. Un « feel-good movie » idéal avant Noël.

> De Stephen Chbosky (USA). Durée : 1 h 51. Avec Jacob Tremblay, Julia Roberts, Noah Jupe…
> NOTE : 4/5

Girls Trip : comédie (un peu trop) survoltée

Véritable succès aux Etats-Unis, Girls Trip débarque en France. Mais cette comédie survoltée et vulgos nous laisse un peu de marbre…

PAUSE_CINE

Le cinéma est bien étrange. Il est de ces films merveilleux qui pataugent dans l’anonymat le plus complet. Et d’autres qui n’ont rien de particulier mais pulvérisent le box-office. En nous faisant l’avocat du diable, avouons que pour Girls Trip, l’on opterait pour la seconde option.

Outre-Atlantique, le film de Malcolm D.Lee a cartonné. Encensé par la critique et le public, il a amassé les billets verts (un record historique, puisque c’est la première fois qu’un film entièrement afro-américain dépasse la barre des 100 millions de dollars de recettes).
Mais Girls Trip aura-t-il le même impact en France ? Pas si sûr.

Dans l’ensemble, on ne boude pas son plaisir devant cette sorte de mélange entre un Very Bad Trip féminin et Bad Moms, escapade de quatre amies à la Nouvelle Orléans, entre romances, alcool, bagarres et amitié. Vrai buddy-movie, ce Girls Trip ne s’interdit rien : humour en-dessous de la ceinture (la scène de la banane et du pamplemousse, dont on vous laisse la surprise, est hilarante…) et vulgarité. Le tout est aidé par un casting savoureux, la complicité entre Regina Hall, Queen Latifah, Jada Pinkett Smith et Tiffany Haddish étant aussi palpable qu’exquise.

Ce cocktail détonant fonctionne bien sur la première demi-heure, mais tourne ensuite vite en rond. Très long (deux heures interminables), Girls Trip est inutilement étiré. Sacrément bruyant (en VO, qu’est-ce que ça braille !), il finit par en donner la migraine.

Survolté, brandissant fièrement un girl power 100 % afro-américain rafraîchissant, Girls Trip fait du bien en marchant sur les plates-bandes réservées habituellement aux comédies US « blanches » et « masculines ». Mais ne laisse pas un souvenir impérissable… Une production pas foncièrement mauvaise, donc, mais loin, très loin d’être électrisante.

A.G.

> Comédie de Malcolm D.Lee (USA). Durée : 2 h 02. Avec Jada Pinkett Smith, Queen Latifah…
> NOTE : 2,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Yc1g_mig9pk[/youtube]

Le Bonhomme de neige : thriller embarrassant

Adaptation du best-seller glaçant, le Bonhomme de neige est loin, très loin de son modèle. Un thriller qui s’annonçait grandiose mais qui, soucis au tournage oblige, laisse froid.

PAUSE_CINE

Il y en avait, pourtant, des talents réunis… Côté distribution, avoir droit à Michael Fassbender, Rebecca Ferguson, Charlotte Gainsbourg, Val Kilmer et Chloë Sevigny. Mieux encore, compter sur Tomas Alfredson aux manettes, le réalisateur de La Taupe ou de l’excellentissime Morse. Enfin, sublimer le tout avec Martin Scorcese comme producteur.
Mais non, les beaux noms ne font pas tout.

La preuve avec Le Bonhomme de neige, alias The Snowman en V.O. Tout débute pourtant bien pour cette adaptation d’un roman policier à succès, histoire d’un serial-killer qui laisse des bonhommes de neige sur les lieux de ses crimes. La séquence d’ouverture, glaçante (père violent + suicide d’une maman + garçon terrifié), offre une entrée en matière sèche et intrigante. On admire alors à quel point Tomas Alfredson maîtrise sa mise en scène.
À travers des paysages spectaculaires (une Norvège hivernale, désertique et enneigée), le cinéaste déroule un cadre somptueux.

Mais cette beauté visuelle ne rattrapera jamais un film laborieux et brouillon, pourtant gorgé de bonnes idées. Difficile d’entrer dans un récit où le suspense policier est plat, où le spectateur ne participe pas.
Il faut dire que le réalisateur a récemment avoué que son temps de tournage avait été « trop court, car nous n’avions pas le scénario en entier avec nous » (!).
Le résultat est malheureusement flagrant à l’écran : trous noirs, incompréhensions, intrigue écrite avec des moufles… Pire encore, le casting, en pilotage automatique, peine aussi à rattraper l’ensemble.

L’impact est amoindri, Le Bonhomme de neige fond doucement au long de ces deux longues heures. The Snowman n’est donc pas un mauvais film. Il n’est simplement pas à la hauteur des attentes.

Aurélien Germain

> Thriller/policier, de Tomas Alfredson (USA/Suède). Avec Michael Fassbender, Rebecca Ferguson, Val Kilmer…
> NOTE : 2/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=fMC_Ppwomik[/youtube]

L’Expérience interdite : un remake bien plat

Cette semaine, sort en salles L’Expérience interdite. Ce remake du film signé Joel Schumacher (1990) tombe vite à plat, incapable de ressusciter l’esprit de la version d’origine.

PAUSE_CINE

Les studios hollywoodiens ont une fâcheuse tendance. C’est celle de pondre à foison des remakes d’à peu près tout et n’importe quoi. Rebelote ce mois-ci avec l’inutile resucée du Flatliners daté de 1990.
Près de 30 ans plus tard, c’est Niels Arden Oplev, auteur du film Millénium, qui s’y colle, proposant sa nouvelle version de l’Expérience interdite, récit d’étudiants en médecine qui testent sur eux-mêmes de mini arrêts cardiaques, afin de faire l’expérience de mort imminente et découvrir ce qu’il se passe dans l’au-delà.

De ce merveilleux postulat de départ, le film d’origine offrait un moment alliant science, surnaturel et frissons avec brio. Pour ce remake, massacré par ailleurs par la critique internationale, Niels Arden Oplev a bien du mal à s’en sortir. L’exercice est vain, le scénario mécanique, l’ennui guette dès la fin du premier acte et le réalisateur peine à ressusciter correctement l’esprit originel. Exploitant ses thèmes avec difficulté, la nouvelle mouture tourne en rond. Fonctionnant sur un schéma redondant, elle s’enferme rapidement et perd toute sa magie.
Et, pire encore, vire au ridicule quand elle s’essaye à l’horreur, via des procédés éventés et clichés (ah, le coup du cadavre dans la baignoire).

Si le casting tente de s’en sortir dignement (Nina Dobrev notamment) et que l’univers médical est bien dépeint (teintes artificielles et photographie froide), ce Flatliners de 2017 reste plutôt pauvre et aseptisé face à son modèle. Difficile, donc, de séduire les nostalgiques du premier film… Mais aussi les amateurs de fantastique qui auraient voulu se mettre sous la dent autre chose qu’une production neurasthénique ayant bien besoin d’un coup de défibrillateur.

Aurélien Germain

> Fantastique/Science-fiction, de Niels Arden Oplev (USA). Durée : 1 h 41. Avec Nina Dobrev, Diego Luna, Ellen Page…
> NOTE : 1,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=k4x1bpAjwi8[/youtube]

Ô populaires zombies !

De White Zombie à The Walking Dead, en passant par les jeux vidéo et la littérature, le zombie est partout. Petit panorama, évidemment non-exhaustif, de la figure du mort-vivant dans la culture populaire.

Rien ne sert de courir, il faut pourrir à point

C’est l’histoire d’une bande de potes. La vingtaine d’âge, l’envie dévorante de prendre une caméra, mais des producteurs qui leur ferment la porte au nez. Cette bande de potes, c’est celle de George A. Romero qui veut réaliser, un beau jour de 1968, La Nuit des morts-vivants, parabole de la société américaine et critique sociale et politique acerbe.  téléchargement
À cette époque, le cinéaste aux grosses lunettes n’est pas un fanatique de l’horreur, loin de là. Mais rien de mieux qu’une production dans le genre pour être rentable. Leur budget ? 114 000 $. Le film en rapportera… plusieurs millions ! Bref, l’un des films indépendants les plus rentables de l’histoire du cinéma. Prends ça, Luc Besson.

Le « papa des zombies » s’en est allé en juillet 2017 : Romero est mort à 77 ans mais n’est pas ressorti de sa tombe, l’oeil hagard et le gémissement rauque.
En revanche grâce à lui, la figure zombiesque est définitivement entrée dans la culture pop. Son chef d’oeuvre s’est rapidement retrouvé dans le domaine public (le distributeur s’est trompé dans le titre et a oublié le copyright qui devait courir jusqu’en 2064…). Un mal pour un bien, puisque le monde entier a pu découvrir, profiter et s’amouracher des zombies qui, 50 ans après, hantent encore le cinéma, la BD, l’art, la culture au sens large.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=1RJ8DyjiNBo[/youtube]

Si l’épidémie mondiale s’est développée avec Romero, les croqueurs de cervelle commencent à plaire dès les années 30. Le pionnier White Zombie, de Victor Halperin, ouvre la marche en 1932. Un titre tellement chouette que Robert Bartleh Cummings, alias Rob Zombie dans le monde de la musique metal, l’utilisera pour son groupe en 1985. White Zombie et son gros rock testostéroné aura un succès fou.

Michael Jackson est une légende

En 1954, Richard Matheson accouche sur papier de Je Suis une légende. Ce roman de science-fiction rempli d’infectés et de morts-vivants, relatant le destin du dernier homme sur Terre, inspirera le cinéma en ‘64, ‘71 et 2007, mettant en scène tour à tour Vincent Price, Charlton Heston et Will Smith.
C’est d’ailleurs – attention subtile transition – ce fameux Vincent Price qui s’occupe des voix additionnelles sur Thriller, de Michael Jackson, dans les années 80. Le clip culte issu du tube du King of Pop s’empare également de la figure du mort-vivant avec la « zombie dance », chorégraphie devenue mythique (qui ne l’a pas dansée en soirée, avec 3 grammes dans chaque œil ?).

Thriller

Tourner la page

Depuis, c’est la foire à la saucisse. La figure du zombie s’est diversifiée et popularisée. Dans le manga High School of the dead, tout débute lorsque le jeune Takashi aperçoit un de ses profs se faire dévorer par un mort-vivant, avant que les infectés se propagent. Dans Guide de survie en territoire zombie, Max Brooks – déjà auteur de World War Z – propose un manuel pour éviter de se faire « bouffer la cervelle et grignoter le gigot lors de vos balades », en rappelant que la tronçonneuse et le marteau restent des armes efficaces en cas d’attaque.

D’un tout autre style, Zombies ! Une histoire illustrée des morts-vivants est un ouvrage d’une grande précision et très bien documenté de Jovanka Vuckovic. Piochant dans les origines du vaudou haïtien et les références littéraires dans certains romans de Mary Shelley et Edgar Allan Poe, le livre exhume ensuite séries B, cultures alternatives des années 60 ou encore bandes-dessinées et jeux-vidéo.
Car ce véritable filon, l’industrie du jeu-vidéo l’a bien exploité. L’an dernier, elle a dégagé plus de 2,5 milliards de dollars sur les franchises à zombies. On citera, pour les plus connues, Call of Duty et les terrifiants Resident Evil. Mais les gamers ont aussi pu se faire grignoter par Left 4 Dead, Dead Rising, The Last of us, voire le cartoonesque Plantes contre zombies, dans lequel le joueur doit protéger son jardin (!) contre l’invasion de morts-vivants…
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Même l’art a, parfois, essayé d’obtenir sa part du gâteau (les frères Chapman, enfants terribles et provoc’ de l’art contemporain, avaient présenté une armée de zombies nazis au White Cube de Londres).
Mais c’est incontestablement le cinéma qui reste le plus gros consommateur.

Morts-vivants et moutons zombies

Gourmand – profiteur, diront les mauvaises langues (donc nous) – le 7e Art a accouché d’une pelletée de productions à intérêt variable, pépites ou pétards mouillés. Romero restant le maître incontesté, on pourrait toutefois en citer un paquet : les dignes héritiers comme Dernier train pour Busan ; les zombies nerveux de 28 Jours plus tard ; la « comédie romantique » barrée de Shaun of the Dead ; les morts-vivants gnan-gnan de Warm Bodies ; la fable SF écolo The Last Girl ; le stupide Attack of the Lederhosen Zombies… ou des déclinaisons totalement folles comme Black Sheep et ses moutons-zombies (le second degré n’est pas qu’une température…), ou bien Dead Snow et ses Nazis zombies sortis de la glace.

Alors, que ce soit dans une veine totalement déjantée (Bienvenue à Zombieland) ou plus sérieuse (Maggie, façon mélo avec Schwarzenegger), que ce soient des monuments du genre (l’excellent Dawn of the Dead en 2004, de Romero) ou des bouses intergalactiques (la farce foutraque World War Z, ses ridicules zombies et son Brad Pitt buveur de Pepsi), le mort-vivant a quitté son monde restreint de l’horreur pure pour s’ouvrir à un cinéma plus mainstream.

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Le petit écran ne s’y est pas trompé non plus : il suffit de voir la longévité de The Walking Dead, plus ou moins bien calqué sur le fantastique comic book d’origine, son spin-off Fear The Walking Dead, ou encore le surprenant Les Revenants, série 100 % made in France. Désormais, le zombie est partout. Ciné, télé, livres, mangas, jeux-vidéo… jusque dans nos rues avec les fameuses Zombie Walks, ces marches avec des participants grimés.
Toujours avide de chair fraîche humaine, il se nourrit de nous pour nourrir la culture populaire.

Le zombie est bien trop humain pour qu’on ne puisse pas ressentir un poil d’empathie et de sympathie pour lui. L’opération séduction fonctionne du tonnerre. Entre l’homme et le zombie, c’est le grand amour, finalement.

Aurélien Germain

Happy Birthdead : un jour (et un meurtre) sans fin

Aux Etats-Unis, le film Happy Birthdead cartonne. Mais derrière son étiquette de slasher, cette production horrifique est bien trop sage et lisse.

happy birthdead
Qui se cache derrière le masque du tueur ? Un méchant, un très méchant ou Kev Adams ?

L’idée de base de ce Happy Birthdead (Happy Death Day en version originale) était séduisante : Teresa, une jeune étudiante, est coincée dans une boucle temporelle la condamnant à revivre sans cesse le jour de son assassinat pour tenter de découvrir l’identité de son meurtrier caché derrière un masque…
Une tambouille qui rappellerait un mélange entre Un Jour sans fin et Scream, laissant croire à une petite production horrifique aussi jubilatoire qu’impertinente.

Seulement voilà : cette énième production Blumhouse – société de Jason Blum – tombe dans les travers qui torpillent la majorité de ses films (on parle évidemment des Paranormal Activity, Ouija & co., pas du fantastique Split).
À savoir un résultat lisse et formaté, vite vu, vite oublié.

Car malgré quelques fulgurances, Happy Birthdead n’est au final rien de plus qu’une petite série B sans prétention, suivant à la lettre le cahier des charges, jusqu’à en devenir ronflant. Relativement paresseux, il n’offre pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le salut du film vient de l’héroïne qui, malgré sa caractérisation « clichesque » à souhait (une belle blonde et ses cris stridents), parvient à provoquer l’empathie chez le spectateur alors qu’elle est passablement odieuse dans le premier acte.

Pour le reste, malgré sa relative efficacité, Happy Birthdead tourne rapidement en rond. S’alignant sur les poncifs du genre (les codes du slasher sont respectés, il y a un tueur masqué, un timide gentil choupinou…), le film de Landon reste un pop corn movie bien trop sage (oubliez les effusions de sang et l’horreur pure et dure).
Pas bien méchant, tout juste anecdotique, Happy Birthdead convient le samedi soir dans son canapé en cas d’ennui.

 Aurélien Germain

> Thriller/horreur (USA). Durée : 1 h 35. De Christopher Landon. Avec Jessica Rothe, Israel Broussard, Charles Aitken…
> NOTE : 2/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=1rE9EHR73Nc[/youtube]

The Foreigner : le retour de Jackie Chan

Cette semaine, Jackie Chan revient sur grand écran face à Pierce Brosnan, dans un thriller mâtiné d’action : The Foreigner.

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Dans The Foreigner, la scène d’ouverture, pourtant efficace, a une triste résonance avec l’actualité. Le film de Martin Campbell débute par une séquence où Quan, restaurateur modeste, assiste à la mort de sa fille, tuée dans un attentat terroriste en plein Londres. Ici, c’est l’IRA – l’organisation paramilitaire irlandaise – qui tue. Mais le bus qui explose sur le pont, les cadavres qui jonchent le sol, les pleurs et le deuil rappellent les mois passés… Quand la réalité dépasse la fiction.

Ceci mis à part, The Foreigner est un hybride, entre thriller et film d’action, dans lequel Quan (joué par Jackie Chan), excédé par la lenteur de la justice, va tout faire pour venger sa fille et retrouver les terroristes. Avec ses airs de Taken en moins bourru, The Foreigner est un long jeu du chat et de la souris.
Pierce Brosnan, en ministre irlandais pas franchement coopératif, fait tout pour arrêter Jackie Chan : ce dernier balance les torgnoles et envoie valser une dizaine d’hommes armés. Un poil moins agile, l’acteur (63 ans tout de même !) fait donc le job, entre cascades impressionnantes et bastonnades bien chorégraphiées.

Mais l’intérêt réside surtout dans la psychologie de son personnage de père meurtri, un aspect du jeu du comédien habituellement peu exploité.
L’ensemble est cependant emporté par le thriller politique, laissant de côté les spectateurs qui s’attendent à un action-movie brut et explosif (la bande-annonce peut induire en erreur).

Martin Campbell, capable du meilleur (avec son Casino Royale) comme du pire (Green Lantern), offre donc une oeuvre bigarrée. The Foreigner a le mérite de mettre en valeur une autre facette de Jackie Chan et d’offrir un sous-texte politique intéressant. Loin d’être mauvais, mais vite oublié.

Aurélien Germain

> Thriller / Action, de Martin Campbell (USA). Durée : 1 h 54. Avec Jackie Chan, Pierce Brosnan, Charlie Murphy…
> NOTE : 2,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=IzaksQHHeqU[/youtube]

Logan Lucky : Ocean’s Eleven chez les rednecks

Mister Soderbergh est de retour ! Il revient aux manettes de ce Logan Lucky, à cheval entre le film de braquage et la comédie noire.

PAUSE_CINE

C’est le retour d’un cinéaste que l’on attendait avec impatience. Steven Soderbergh, connu pour être l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération, revient cette fois poser sa caméra dans l’Amérique profonde et y déballer, avec tout son savoir-faire, ce Logan Lucky aussi étonnant que détonant.

Un film de braquage ? Une comédie noire ? Le film de Soderbergh est un peu les deux à la fois. Une sorte d’Ocean’s Eleven du pauvre à la sauce redneck, trempé dans le soleil chaud de la Virginie Occidentale. Logan Lucky dépeint l’Amérique qui ne connaît pas l’American dream.
Il suit deux frangins, Jimmy et Clyde, pas franchement malins mais à qui la vie n’a pas fait de cadeau. Une existence aussi morne que médiocre. Aidés par un taulard bourru, ils se décident à commettre un braquage, lors d’une course de Nascar…

Commence alors un récit dont l’influence des frères Coen est prégnante, alternant entre le burlesque, le réalisme, l’absurde, voire le cartoonesque (des tenues de prisonnier à rayures comme dans les dessins-animés).
Si le film souffre de quelques longueurs et aurait mérité un grain de folie supplémentaire, il peut en revanche se targuer d’une distribution extraordinaire. Le casting, brillant, est emmené par le duo efficace Channing Tatum / Adam Driver (oui, forcément, ça change de Star Wars !). Riley Keough est, elle, solaire, tandis que Daniel Craig est absolument épique dans un rôle à contre-emploi, baroudeur peroxydé et dangereux, à l’opposé total de sa belle gueule de James Bond.

Le tout est emballé dans une mise en scène brillante (tous les cadrages sont ultra-réfléchis) et un sens du détail délicieux. À condition de se laisser embarquer dans l’aventure, Logan Lucky est un divertissement certes modeste mais efficace.

> Comédie/Policier (USA). Durée : 1 h 56. De Steven Soderbergh. Avec Channing Tatum, Daniel Craig, Adam Driver, Riley Keough… 
> NOTE : 3/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=aPzvKH8AVf0[/youtube]

Londres : un road trip spécial Harry Potter

Harry Potter a 20 ans : tmv vous emmène à Londres, sur les traces du sorcier le plus célèbre de la planète. Let’s go !

HARRY POTTER FÊTE SES 20 ANS !
Eh oui, 20 ans déjà que le premier tome de la saga est sorti, ça ne nous rajeunit pas. Pour l’occasion, Bloomsbury, l’éditeur de J.K. Rowlings, sort une édition collector aux couleurs des quatre maisons de Poudlard. Et tmv part à Londres le temps d’un week-end pour célébrer le petit sorcier devenu grand. Harry Potter and the Philosopher’s Stone, House editions chez Bloomsbury, à partir de 7,99 £ l’exemplaire (harrypotter.bloomsbury.com)

(Photo CLM)
(Photo CLM)

LA VISITE DE POUDLARD — EUH, DES STUDIOS, PARDON
Oui, on vit encore dans le déni et pour nous, la visite des studios de tournage Warner Bros est en fait une vraie visite à Poudlard. Prévoir 3 h 30 pour la visite et le temps de trajet en plus. Jusqu’au 12 novembre, il y a une expo spéciale sur la magie noire, et à partir du 18 novembre et jusqu’au 28 janvier 2018, c’est Poudlard sous la neige pour Noël.
>Tarifs : adulte : 39 £ ; enfant : 31 £ ; famille (2 adultes + 2 enfants ou 1 adulte + 3 enfants = 126 £, gratuit pour les enfants de 0 à 4 ans).
> wbstudiotour.co.uk

 

(Photo Warner Bros Studios)
(Photo Warner Bros Studios)
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(Photo CLM)

SE PRENDRE EN PHOTO QUAI 9 3/4
S’armer de patience en plus de son écharpe, sa cape et sa baguette magique, car il y a souvent la queue, à côté du Harry Potter Shop de la gare de King’s Cross. On y trouve le fameux signe « Platform 9 3/4 » et le chariot à moitié enfoncé dans le mur. La boutique est bien sûr une vraie caverne d’Ali Baba (notre photo) avec vêtements et accessoires en tous genres. En ressortant, on passe devant la gare de St Pancras, qui figure dans deux des films et dont la façade évoque instantanément l’univers d’Harry Potter.
>Platform 9 3/4, gare de King’s Cross, harrypotterplatform934.com

DORMIR DANS LE DORTOIR DE GRYFFONDOR
Bon, OK, pas tout à fait, pour des raisons évidentes de droits. Mais le Georgian House Hotel a très bien répliqué l’ambiance Poudlard dans ses Wizard et Enchanted Chambers. Côté tarifs, comptez à partir de 259 £ / nuit, petit-déjeuner inclus, pour 2 personnes. Il y a cinq chambres en tout pour les apprentis sorciers, dont une pour 4 personnes — à partir de 329 £ /nuit, petit-déjeuner inclus — et une autre pour 6 — à partir de 349 £ /nuit, petit-déjeuner inclus).
>35-39 St George’s Drive, London, SW1V 4DG / georgianhousehotel.co.uk

DÉCOUVRIR L’UNIVERS DE MINALIMA
Cette petite boutique au départ éphémère a la peau dure et c’est tant mieux ! Miraphora Mina et Eduardo Lima ont dessiné la lettre de Poudlard que reçoit Harry Potter, les couvertures de journaux des films, les couvertures des manuels scolaires utilisés par les sorciers… et tant d’autres choses, dont la carte du Maraudeur. Dans cette boutique-musée aux différentes ambiances selon les pièces que l’on pénètre, on est enveloppé de cet univers et on peut se procurer des reproductions officielles de nos œuvres préférées. Le paradis des vrais fans.
>26 Greek Street, Soho, 12 h-19 h tous les jours, entrée gratuite (store. minalima.com/house-of-minalima)

 

(Photo CLM)
(Photo CLM)

S’OFFRIR UNE POTION MAGIQUE POUR L’APÉRO
Tant qu’on est dans le coin des gares, on s’arrête au Booking Office, le bar du St Pancras Renaissance Hotel (qui est, comme son nom l’indique, situé dans la gare de St Pancras), pour y boire un cocktail/ potion magique. Au menu, un élixir d’amour ou un Minty Toad for the Road, servi dans une grenouille de chocolat.
>The Mystic Elixirs and Potions Cocktails, jusqu’à février 2018, de 5 à 14 £. Lundi-mercredi : 6 h 30-minuit ; jeudi-samedi : 6 h 30-1 h du matin ; dimanche : 7 h-minuit (stpancraslondon.com/en/restaurants- and-bars/pick-your-poison)

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(Photo British Library)

ALLER VOIR L’EXPO DE LA BRITISH LIBRARY
Pour fêter les 20 ans du premier Harry Potter, la British Library (c’est à quelques pas des gares de King’s Cross et St Pancras, profitez-en !) organise une exposition, Harry Potter : A History of Magic, où l’on peut découvrir des salles interactives et des pièces inédites.
>Du 20 octobre 2017 au 28 février 2018. Tarifs : adulte : 16 £ ; senior : 11 £ ; étudiants et enfants : 8 £ ; gratuit pour les moins de 4 ans.
>PACCAR Gallery, The British Library, 96 Euston Road, London NW1 2DB.

 

UN ESCAPE GAME POUDLARDESQUE AVEC ENIGMA QUESTS
Pour les plus anglophones, il existe dans Londres un escape game d’une durée d’une heure, avec formules et potions à concocter pour s’en sortir à temps. Si vous n’avez jamais reçu votre lettre pour Poudlard, c’est l’occasion ou jamais de prouver que vous la méritez !
>School of Witchcraft and Wizardry chez Enigma Quests, 90 £ pour 3 joueurs, 108 £ pour 4, 120 £ pour 5. 2-12 Wilson Street, London EC2M 7LS, métro Moorgate ou Liverpool St. (enigmaquests.london)

 

(Photo Enigma Quests)
(Photo Enigma Quests)

 

UN DÉTOUR PAR LE CHEMIN DE TRAVERSE
Leadenhall Market est un marché couvert victorien absolument délicieux — ce n’est pas pour rien que des scènes des films se passant au Chemin de traverse y ont été tournées. Chez les Moldus, on achète plutôt des fleurs, du fromage et des livres que des baguettes magiques et des hiboux mais ça n’en est pas moins un endroit très agréable pour déjeuner ou prendre le thé. Leadenhall Market, Gracechurch St., London EC3V 1LR, situé entre les stations de métro Bank, Monument, Aldgate et Tower Hill.

ON REFAIT SA GARDEROBE DE SORCIER CHEZ PRIMARK Image10
Si les prix du Harry Potter Shop vous semblent prohibitifs, rendez-vous chez Primark qui propose depuis cet été une collection assez complète de vêtements, pyjamas, linge de lit, accessoires de décoration (y compris pour Noël), mugs, chaussures, sacs et bijoux pour tous les goûts — et toutes les maisons, même si Gryffondor et Serpentard sont plus largement représentées. La collection est en boutique au moins jusqu’à la fin de l’année et des nouveautés sont régulièrement mises en rayon.
>Oxford Street East : 14-28 Oxford Street & 3 Tottenham Court Rd, London, W1D 1AU, métro Tottenham Court Rd ; Oxford Street West: 499-517 Oxford Street, London W1K 7DA, métro Marble Arch.
>Pour découvrir la collection, taper Harry Potter dans le champ de recherche sur primark.com

ACCIO LES BILLETS D’AVION !
Évidemment on oublie la poudre de cheminette, trop peu fiable, et on agite plutôt sa baguette internet pour trouver des billets d’avion Ryanair au départ de l’aéroport de Tours, à partir de 10 € l’aller-retour. Petite astuce, si vous réservez plus d’un mois à l’avance, le Stansted express ne coûte « que » 21 £ au lieu de 32 £ pour l’aller-retour.
> ryanair.com

CLM

Le monde secret des Emojis : la cata

Ratage total de bout en bout, écrit avec des moufles et en panne sèche d’inspiration : Le Monde secret des Emojis est ennuyeux au possible.

PAUSE_CINE

Une catastrophe. Y a-t-il un autre mot pour qualifier Le Monde secret des Emojis, dernier né des studios Sony ?
Il faut dire que le projet, faisandé dès le départ, avait de quoi laisser perplexe (un film d’animation sur les emojis, ces émoticônes utilisées sur les smartphones)… Malheureusement, à l’écran, le massacre est bel et bien là. Le malaise aussi.

Direction Textopolis, une ville où vivent tous les emojis qui ne possèdent qu’une expression faciale. Seul le dénommé Bof, né sans filtre, a de multiples expressions, mais souhaite redevenir normal. Avec l’aide de ses amis, il va se balader dans un smartphone, pour trouver le code qui changera sa vie. Mais un terrible danger menace le téléphone, ainsi que la vie des petits emojis.

Si vous ne vous êtes toujours pas endormis à la lecture de ce pitch, bravo. Car passée la sympathique scène d’introduction (colorée et détails à foison), le film de Tony Leondis fait l’effet d’un éléphant sous Lexomil. Écrasant et soporifique, Le Monde secret des emojis assomme. Malgré une trame sonore agréable l’histoire boiteuse, le scénario cagneux et la faiblesse des personnages plombent l’ensemble.
Écrit avec des moufles, pas même inventif ou humoristique, The Emoji movie (en VO) souffre aussi d’un problème d’équilibre. Pourtant clairement destiné aux plus jeunes, il balance sa tambouille de références numériques trop poussées pour des enfants (cloud, dropbox, Spotify…). Mais, en même temps, offre un récit trop enfantin et juvénile pour accrocher l’ado ou les parents.

D’un vide abyssal, The Emoji movie manque donc clairement d’idées. Derrière cette quête identitaire au ras des pâquerettes (la morale, intéressante, est de toute façon noyée dans les placements de produits), cette production triste et sans personnalité est un échec. Smiley triste, emoji caca.

> Film d’animation, de Tony Leondis (USA). Durée : 1 h 26.

> NOTE : 0,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=GP4ejsTbRC0[/youtube]

Detroit : le film coup de poing

Une vraie claque : Detroit, signé Kathryn Bigelow (Zero Dark Thirty), est aussi percutant que monumental. Un grand film, assurément.

PAUSE_CINE

Aux États-Unis, la plaie est encore béante. Elle ne cicatrisera jamais.
C’était en juillet 1967. Des émeutes raciales secouent la ville de Detroit, suite à un raid de la police contre un bar clandestin d’un quartier noir. Un fait-divers sordide suivra : celui de l’Algiers Motel, où une descente de flics vire au cauchemar. Encerclés dans ce motel suite à un tir de balle à blanc, des musiciens afro-américains et deux jeunes femmes blanches seront séquestrés et violentés par les policiers. Et, pour certains, tués à bout portant.

C’est cette terrible soirée que Kathryn Bigelow (Zero Dark Thirty) reconstitue avec un réalisme sidérant dans Detroit. À tel point, d’ailleurs, qu’il possède une force de frappe quasi documentaire, renforcé par l’incorporation d’images d’archives. Véritable claque, Detroit fait réfléchir, choque, déstabilise.
Si le premier acte s’attache à retracer le commencement des émeutes, le second, lui, vire au huis-clos étouffant à la limite du supportable. Filmé en temps réel, il laisse le public spectateur d’une violence sèche empreinte de racisme. Même si elle souffre d’une durée un peu excessive, cette expérience aussi immersive que brutale est intense.

Detroit est aussi porté par une distribution admirable. John Boyega est parfait en agent tiraillé entre son uniforme et ses « pairs ». Will Poulter, lui, est tout aussi exceptionnel. On avait laissé le jeune comédien en puceau rigolo dans la comédie Les Miller. Ici, il incarne un policier abominable et réussit avec brio son numéro d’équilibriste dans un rôle complexe.

Mais Detroit n’est pas un brûlot anti-flics simpliste. Il est surtout un portrait minutieux d’une époque, troublant d’actualité, un devoir de mémoire. À l’époque, les policiers meurtriers avaient été reconnus non-coupables. Le jury était exclusivement blanc.

> Drame (USA). Durée : 2 h 23. De Kathryn Bigelow. Avec Will Poulter, John Boyega, Algee Smith…
> NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=q1eEGS9FqHw[/youtube]

Capitaine Superslip, vraiment cartoonesque

Véritable institution aux Etats-Unis, les aventures de Capitaine Superslip (oui, oui) débarquent en France sur grand écran.

PAUSE_CINE

Un grassouillet chauve portant un slip gigantesque. « 50 % héros, 100 % coton » trônant sur l’affiche. Le visuel de Capitaine SuperSlip a de quoi… intriguer, dirons-nous !

De base, Capitaine Superslip (Captain Underpants en VO) est une institution outre-Atlantique. Les gamins américains raffolent de ces bouquins, devenus best-sellers écoulés par millions aux États-Unis. Phénomène quasi inconnu chez nous, son adaptation ciné débarque sur nos écrans avec un argument béton pour le public : ici, c’est du made in Dreamworks.

L’histoire est bête comme chou mais va pourtant offrir un récit efficace au possible : George et Harold, deux élèves en CM1, ont créé un personnage de comic book, Capitaine Superslip. Celui-ci va accidentellement prendre vie dans le corps de leur proviseur acariâtre qui ne souhaite qu’une chose : séparer ce duo de meilleurs amis.

Du début à la fin, le film de David Soren s’assume comme un délire régressif, par son humour bas du front (rien que le nom du grand méchant que nous ne dévoilerons pas…) et son côté cartoonesque. Déjanté, puisant dans le registre de l’absurde, Capitaine Superslip ne souffre d’aucun temps mort et fait en plus preuve d’une créativité sans faille.
En croquant par ailleurs des personnages follement attachants, Soren parvient à nous embarquer dans son univers et réussit le délicat exercice de draguer le public familial dans son entièreté, enfants et parents, malgré son côté potache.

S’il n’hésite pas à balancer quelques piques bien senties au monde de l’enseignement, Capitaine Superslip propose surtout une jolie philosophie sur l’amitié et le pouvoir du rire et de l’imaginaire. Un petit film rigolo, détendu du slip, mais qui en a dans la pantalon. –

Aurélien Germain

> Film d’animation de David Soren (USA). Durée : 1 h 29.
> NOTE : 3,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=5OYRRuEbSKk[/youtube]

TOP 4 : Sida et Cinéma

120 Battements par minute de Robin Campillo avait ému la croisette et remporté le Grand Prix du Jury du Festival de Cannes. Tout juste nominé aux Oscars dans la catégorie « Films étrangers », ce film actuellement à l’affiche, continue à faire parler de la lutte contre le Sida comme d’autres avant lui.

LES NUITS FAUVES

Tout commence en 1992, avec Cyril Collard, réalisateur et acteur principal. Pour la première fois, le mal qui ronge la société est exposé sur la toile, racontée à la première personne dans une histoire d’amour.

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THE NORMAL HEART

Et comme le Sida n’a pas de frontière, sa montée en puissance dans les années 80 a également été racontée outre-Atlantique. Ce téléfilm décrit le combat de Ned Weeks et de son groupe d’aide pour lutter contre la maladie.

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LE SECRET DE CHANDA

Direction l’Afrique du Sud. Chanda, 12 ans, se demande ce qui a tué sa sœur à peine née et pousse sa mère à fuir seule. La maladie ravage la population, mais c’est une malédiction dont on ne doit pas prononcer le nom.

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DALLAS BUYERS CLUB

True story. Séropositif, il reste trente jours à vivre à Ron Woodroof. Mais le monsieur au chapeau de cow-boy ne compte pas en rester-là. Il rassemble d’autres malades qui recourent à des traitements alternatifs dans un club.
PAUSE_ecrans top4_ club

Le Petit Spirou : le grand flop

Pas très irrévérencieux, ce Petit Spirou… S’éloignant de la BD culte, le film de Nicolas Bary est bien faiblard. Quel dommage.

Le Petit Spirou

Adapter l’une des BD belges les plus cultes sur grand écran : le pari était on ne peut plus risqué quand on voit les Ducobu et autres Boule & Bill qui ont fait l’effet d’un pétard mouillé… Alors, Le Petit Spirou, coquille vide ou pas ?

Dès les premières minutes, Nicolas Bary prouve en tout cas son souci du détail. Les décors, très travaillés, sont minutieusement retranscrits par le réalisateur. Tout comme les costumes (de la tenue mythique de groom aux vêtements des jeunes), cela concorde à reproduire l’atmosphère de la bande-dessinée de Tome et Janry. Sauf que… cela s’arrête là.

Passons les grossiers placements de produits (la boisson Capri Sun® est visiblement sponsor) et le montage pataud, les ambitions du Petit Spirou sont torpillées par une foultitude de petits défauts qui, à terme, coulent le film. L’irrévérence de la BD a disparu (Spirou est bien sage et M.Mégot ne fume même pas, il vapote…).
Perdant en saveur et en substance, ni drôle ni polissonne, l’adaptation de Bary – même si elle drague le public enfantin – reste finalement bien niaise et plan-plan.

De ce marasme, émergent toutefois quelques trouvailles : François Damiens est plutôt bon dans son rôle de prof de sport libidineux et buveur de bière, par exemple. Philippe Katerine, malgré sa présence trop anecdotique, est amusant en Abbé Langelusse fan de metal (!). Le tout jeune Sacha Pinault est sympathique en Petit Spirou… Le film est aussi traversé de rares fulgurances, comme cette parenthèse poétique et romantique du voyage de Spirou et son amoureuse.

Mais tout cela est bien maigre face au naufrage. En sabordant un pan de notre enfance dessinée et en édulcorant son esprit originel, Le Petit Spirou frôle le ratage total. Un gâchis.

> Comédie (France). Durée : 1 h 26. De Nicolas Bary. Avec Sacha Pinault, François Damiens, Pierre Richard, Natacha Régnier…
> NOTE : 1/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Q3nSSlP4-os[/youtube]

Mary : émotion et bons sentiments

Une enfant surdouée, des maths, une histoire d’oncle et de sa famille… Marc Webb signe Mary, un joli film bourré d’émotion, sans tomber dans le pathos bête et méchant.

Mary

On se souvenait du réalisateur Marc Webb pour ses deux Amazing Spiderman. Le retrouver derrière la caméra pour un drame familial a donc de quoi surprendre. Exit les blockbusters dispendieux, bienvenue au film à petit budget — 7 millions ici contre les 200 de Spiderman — centré sur des personnages et l’émotion.

Bêtement titré Mary en français (en V.O., il s’agit de Gifted, soit « surdoué(e) »), le long-métrage de Marc Webb s’intéresse à Frank, un homme qui se bat pour la garde de sa nièce, Mary, petite fille de 6 ans et surdouée des maths, comme sa maman, ex-prodige de l’algèbre dont le suicide imprègne encore leur quotidien. Un scénario tire-larmes au possible ? Oui, mais — avouons-le — ça marche.

Il faut dire que le casting, en béton armé, est exceptionnel. Chris Evans, à mille lieues des gros muscles de son habituel Captain America, insuffle une bouffée d’air frais et d’intime dans cette bienveillante figure paternelle de substitution. En face, Lindsay Duncan brille en grand-mère acariâtre qui voit un tout autre avenir pour son génie de petite-fille. Et il y a McKenna Grace, dans le rôle de Mary justement : aussi bouleversante qu’amusante, la jeune actrice emmène le film dans des sphères émotionnelles folles. Mettant au tapis un paquet de comédien(ne)s connus, elle transcende et transporte, émeut et trouble.

De ce canevas mélodramatique un peu éculé, on aurait craint une production lacrymale à souhait, trop sentimentalo-cucul. Mais Mary, touchant et maîtrisé, vise juste. La configuration a été vue cent fois, le manichéisme ronflant peut rebuter et le final invraisemblable est expédié… mais il se dégage de ce film simplicité et beauté. Certains adoreront, d’autres détesteront. Habituellement peu convaincus par les mélos boursouflés, nous avons étonnamment choisi la première solution.

Aurélien Germain

> Drame (USA). Durée : 1 h 41. De Marc Webb. Avec McKenna Grace, Chris Evans…
> NOTE : 4/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=zCt2zl2j59o[/youtube]

Chroniques culture #48

Cette semaine, on vous parle du retour en demi-teinte des Queens of the stone age, de la BD Afterz, de l’été catastrophique au ciné, et d’une petite annonce zombiesque… !

PAUSE_ECRANS_CD1LE CD
QUEENS OF THE STONE AGE – VILLAINS
L’annonce a inquiété les fans de la première heure : Mark Ronson pour produire le nouveau Queens of the stone age (QOTSA pour les intimes) ? Kékidit pardon ? Le producteur-collaborateur de Bruno Mars, Adele et Lady Gaga pour épauler ce septième disque de la bande à Josh Homme et de son rock poussiéreux ? Outch.
Alors disons-le tout de go : ce Villains, loin de pactiser avec le Diable, a de quoi déstabiliser. Insuffler une telle dose de pop et de claviers électro dans la musique rugueuse rend QOTSA plus abordable à tous, certes. Mais ce qu’il gagne en accessibilité, le groupe le perd dans son accroche. Car force est de constater que ce Villains est loin de percuter autant qu’un Songs for the Deaf, leur fait de gloire, brûlot de rock ravageur et hypnotique. « On cherche à semer le trouble sur Villains », a dit le leader Josh Homme. Ça, c’est sûr ! On ne tape pas du pied, on tapote. Et si le travail sur les ambiances est diablement réussi (l’intro de Fortress), on attend LE feu d’artifice… Mais seules les étincelles sont là. Loin d’être mauvais évidemment, l’album est toutefois trop disparate : il suffit de comparer le mollasson Domestic Animals ou le soporifique Un-reborn again au génial Head like a haunted house. En dents de scie, frustrant, sexy sans être trop sale, un poil trop lisse et dansable, ce Villains n’est peut-être tout simplement pas assez vilain pour les Queens of the stone age.
A.G.

LE DVD
LES GARDIENS DE LA GALAXIE 2 PAUSE_ECRANS_DVD
Véritable coup de pied dans la fourmilière parfois ronflante de Marvel, ce 2e opus des Gardiens de la Galaxie est une réussite de bout en bout. Aussi généreux que barré, aussi fun qu’intimiste, le film de James Gunn est de nouveau un petit bijou, dans lequel les moments cultes s’enchaînent (la séquence d’ouverture monstrueuse, la scène de la flèche de Yondu, etc.). Jouissive et survoltée, cette pépite est à revoir en Blu-ray qui, outre sa bien vilaine jaquette, offre de nombreux bonus, comme les coulisses du film, les effets visuels et même un bêtisier. Un DVD à obtenir d’urgence, ne serait-ce que pour son personnage le plus mignon de tous les temps : Baby Groot !
A.G.

AU CINÉMA 
ÉTÉ POURRI, BOX OFFICE FLINGUÉ
« Le pire été de la décennie pour le box-office américain », titrait récemment le magazine Les Inrocks. Ouragan Harvey, combat Mayweather/McConnor, mais aussi – il faut se l’avouer – des sorties pas franchement excitantes dans l’ensemble ont torpillé les derniers week-ends du mois d’août aux États-Unis. De quoi sonner le glas d’une période estivale catastrophique pour le cinéma américain. Pour preuve, le dernier week-end a été enregistré comme le pire en terme de fréquentation depuis… 15 ans !
A.G.
PAUSE_ECRANS_ETE POURRI

PAUSE_ECRANS_BDLA BD
AFTERZ
Avec, entre autres, son héros iconique Monsieur Jean et ses portraits très réussis de bobos, Charles Berberian reste un observateur attentif et tendre de notre époque. Avec un système de strips verticaux assez original, il décline ici les affres et les angoisses de deux jeunes Parisiennes, d’un chien et d’une galerie de personnages a la fois drôles et perdus. Comment en effet vivre à travers le prisme des réseaux sociaux et du paraître ? Comment rencontrer l’âme soeur dans un univers de plus en plus virtuel ? Comment ne pas sombrer dans la vacuité et l’ennui au bout de ces nuits sans sommeil et de ces « after » pathétiques ? Voilà quelques unes des questions donnant lieu à de beaux moments d’humour et de poésie.
Hervé Bourit

Capture

Dans un recoin de ce monde : poésie picturale

Sunao Katabuchi propose Dans un recoin de ce monde : un film d’animation bourré d’émotion et d’une puissance visuelle folle.

PAUSE_CINEMA

Il y a, dans l’oeuvre de Sunao Katabuchi, l’une des plus belles séquences jamais tournées dans un film d’animation. Un ciel bleu qui, progressivement, se remplit d’avions. Puis d’explosions. Ces bombes qui éclatent se transforment en taches d’aquarelle multicolores. « Si seulement j’avais un pinceau », souffle Suzu, le personnage principal. La scène confine au sublime. À elle-seule, elle résume l’esprit qui anime Dans un recoin de ce monde, une triste histoire emplie de poésie.

Succès au festival d’Annecy 2017, le film de Katabuchi est en fait l’adaptation du manga de Fumiyo Kôno, paru il y a près de 10 ans. Dans un recoin de ce monde dessine le portrait de Suzu, une jeune Japonaise, durant la Seconde Guerre mondiale.
Plus qu’un récit de guerre, cette chronique conte le quotidien de cette femme qui cultive la joie de vivre, et le destin de son entourage. Une sorte de journal intime depuis les années 30… jusqu’à ce que la Guerre les rattrape.

Son « recoin de de ce monde » à elle, situé aux abords d’Hiroshima, alterne entre le beau et le ravagé. De là vient toute la puissance picturale et la beauté du film. Car Katabuchi a accouché d’une merveille visuelle. Ponctuant son animation de trouvailles, visant juste à chaque prise de vue, l’auteur déroule aussi de splendides décors qu’il enveloppe de poésie.
Balançant entre la légèreté et la complexité – le rêve, aussi – Dans un recoin de ce monde réussit un exercice délicat, en proposant une première heure toute en douceur (quoiqu’un peu longuette), avant de basculer dans le mélodrame historique poignant qui se réveillera en même temps que les sirènes terrifiantes annonçant les bombardements.
Un film qui finit de faire résonner, plus de 70 ans après, l’Histoire d’un conflit achevé par la terrible bombe atomique.

> Film d’animation/drame (Japon). Durée : 2 h 05. De Sunao Katabuchi.
> Note : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=0QXboqjWzFA[/youtube]

TOP4 : la rentrée ciné

Le cinéma aussi fait sa rentrée. Voilà un top 4 des films qui sortiront dans les salles obscures en septembre et qui devraient faire causer !

BARRY SEAL

Tom Cruise à l’écran, Doug Liman derrière la cam’ sur cette histoire de came : Barry Seal, c’est le pilote (et futur agent de la CIA) engagé par Escobar pour faire passer de la drogue aux USA. Un film stupéfiant prévu le 13 septembre.

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NOS ANNÉES FOLLES

Autre histoire vraie prévue pour le 13, celle filmée par André Téchiné : Nos Années Folles raconte la vie de Paul qui, après deux ans au front, se mutile et déserte. Son épouse décide de le travestir en femme. Paul devient alors Suzanne.

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Planquez les coulrophobes ! Pennywise, le clown flippant et serial-killer imaginé par Stephen King débarque. La bande-annonce est terrifiante et l’écrivain lui-même a encensé cette adaptation. Allez les n’enfants, tous au ciné le 20 septembre !

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LE PETIT SPIROU

Votre enfance sera-t-elle détruite le 27 septembre ? C’est à cette date que sortira l’adaptation de la BD belge et culte signée Tome et Janry. Au casting ? Sacha Pinault, François Damiens, Natacha Régnier et… Pierre Richard. Ah.
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Ils vont vous consoler de la rentrée (ou pas)

La rentrée de septembre, c’est dur dur. Tmv vous propose un panorama de l’école vue à travers la musique, le cinéma ou encore la littérature. De France Gall aux Pink Floyd, en passant par Ducobu et La Guerre des boutons.

L’ÉCOLE ? CE SACRÉ CHARLEMAGNE… OU PAS !

« Qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer l’école ? C’est… ce…sacré Charlemagne. » Vous l’avez probablement chantée au moins une fois dans votre vie : la chanson Sacré Charlemagne, de France Gall, est sortie en 1964. Gros carton de la période yé-yé, elle contribue à répandre une idée reçue née des dizaines d’années auparavant. Charlemagne a inventé l’école ? Pas franchement.

Explications : fut un temps, lorsque Kev Adams et Justin Bieber n’existaient pas (le bon vieux temps), Égyptiens, Grecs et Romains allaient déjà à l’école. L’enseignement, certes pas comme on le conçoit aujourd’hui, a donc cours depuis l’Antiquité. En Grèce, par exemple, l’écolier y accédait dès 7 ans pour apprendre le calcul et l’écriture. Les petits Romains, eux, s’instruisaient sur la place publique. Contrairement à ce que d’aucuns imaginent, le Moyen Âge aussi a poursuivi l’apprentissage en école. Sauf que cela était réservé aux privilégiés…

Venons-en donc à notre ami Charlemagne. C’est en 789 que ce coquinou, qui ne sait d’ailleurs pas écrire, intervient. Cette année-là, il fait publier un capitulaire modifiant le rôle du clergé et pose alors les bases de l’école obligatoire pour tous et accessible au plus grand nombre (Jules Ferry, en 1881, fignolera l’école de la République, telle qu’on la connaît maintenant). Des établissements sont ouverts dans les campagnes et les monastères. Charlemagne veut que son peuple soit cultivé et éduqué, il vient de donner une nouvelle vie à l’école.
Son oeuvre, finalement ? Simplement la propagation de l’instruction. Une idée pas si folle, n’est-ce pas France Gall ?

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Rkx3dTwqEtk[/youtube]

DUCOBU, LE HÉROS ZÉRO

NEWS_DOSS_DUCOBU« Quelle belle cueillette nous fîmes : quelques hyménomycètes, des hypholomes, des helvelles, des polypores versicoles… » ÇA, c’est la dictée atroce qui – running gag oblige – revient dans tous les tomes de la bande dessinée L’Élève Ducobu, signée Godi et Zidrou. La dictée donc, bête noire d’un paquet d’entre nous, à l’époque où nos petits derrières douillets squattaient les bancs à échardes de l’école (comment ça, on exagère ?).
La hantise, aussi, du fameux Ducobu, roi des cancres et héros de cette excellente BD. L’élève, vêtu de son éternel pull à rayures, enquille les zéros et rivalise d’idées pour tricher et copier. Sa voisine de classe, c’est Léonie Gratin. Elle enchaîne les 10/10, est parfaite en tout, même en matière principale : lécher les bottes de Monsieur Latouche, l’instit’ insupportable et sadique (mais il y a forcément un tout petit mini-coeur sous son uniforme terne, voyons). Bref, L’Élève Ducobu, ce sont 23 albums, plus de 2 millions d’exemplaires vendus, et surtout l’occasion, en 48 pages, de replonger dans l’ambiance de l’école et de rappeler des souvenirs à certain(e)s. Cancre ou bon élève, vous étiez quoi, vous ?

> Mais on oublie : l’adaptation cinématographique. Le film Ducobu, sorti en 2011, se la joue comédie sympathique, mais n’arrive pas à la cheville de son modèle dessiné. Si les tout jeunes Vincent Claude et Juliette Chappey, adorables comme tout, font le job dans leurs rôles respectifs de Ducobu et Léonie, le reste tombe à plat (coucou Élie Semoun en professeur Latouche) et les gags, ronflants, ne parleront qu’aux 7-10 ans. Pour le reste, la sentence du conseil de classe est tombée : peut mieux faire.

PARCE QUE DES FOIS, L’ÉCOLE C’EST BIEN…

Le regretté Robin Williams y tient l’un de ses plus grands et plus beaux rôles : celui de John Keating. Dans Le Cercle des poètes disparus, il joue cet étrange mais fascinant professeur de lettres anglaises. Refuser l’ordre établi et bouleverser son mode de pensée via la poésie, voilà le mot d’ordre. Ce film, réalisé par Peter Weir, basé sur un enseignant anti-conformiste, est intimiste et touchant. Les dialogues sont savoureux (« C’est dans ses rêves que l’homme trouve la liberté. Cela fut, est et restera toujours la vérité. »).
Un film beau. Tout simplement.

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ANOTHER BRICK IN THE WALL II : RÉVOLTE À L’ÉCOLE NEWS_DOSS_PINKFLOYD

L’école, ce n’est pas votre truc ? L’autorité scolaire encore moins ? Alors, mettez un petit Another Brick in the Wall (part II) et poussez les potards au maximum. Cette chanson contestataire par excellence a secoué la planète en 1979. Pink Floyd vient de sortir son mythique The Wall et la « partie 2 » résonnera dans les cages à miel de milliers de jeunes des dizaines d’années après. Pendant près de 4 minutes, Roger Waters y déroule sa vision de l’enseignement. Le musicien ayant toujours détesté l’école conventionnelle et ses professeurs, il torpille l’ensemble dans une chanson devenue culte et fusille la rigidité des règles scolaires, ainsi que les châtiments corporels qui sévissaient dans l’enseignement en Grande-Bretagne dans les années 50.
Un « We don’t need no education » hypnotique, un cri de marche « Hey Teacher ! Leave them kids alone », un rythme inattendu de la part du groupe (l’idée du tempo, dansant et limite disco, avait été soufflé par leur producteur), un second couplet marquant et marqué par une chorale d’enfants (leur son a été gonflé par 12 à l’enregistrement !), des bruits de cour de récré et un prof qui crie… Tout concourt à faire d’Another Brick in the wall Part II un hymne légendaire, LA « protest song ».

> Pour dormir moins bête : en 1980, la chanson a été utilisée par 100 000 étudiants noirs d’Afrique du Sud en grève, qui protestaient contre l’Apartheid sévissant dans les écoles. En réaction, le gouvernement l’a interdite. Motif ? Incitation à l’émeute et chanson « jugée préjudiciable à la sécurité de l’État ».

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=HrxX9TBj2zY[/youtube]

PUNK À LA RÉCRÉ

Quoi de mieux qu’un petit Rock’n’roll high school, des Ramones ? Cette chanson punk, enregistrée pour le film flop du même nom (sorti en France sous le titre Le Lycée des Cancres…), est un hymne pour les « anti-bahut ». Le mot d’ordre ? On s’en fout, on serait bien mieux ailleurs qu’à l’école. Il suffit de traduire les paroles. Petit extrait : « J’en ai rien à faire de l’Histoire / je veux juste me faire quelques gonzesses / je déteste les profs et le principal. » De véritables poètes.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=c5vh0QHUA1w[/youtube]

BRASSENS ET LE TITRE INÉDIT

La chanson s’appelle La Maîtresse d’école. Vous aurez beau chercher dans les tréfonds de YouTube, vous ne trouverez jamais l’originale de Georges Brassens. C’est l’un de ses derniers textes, un titre inédit qui a cependant été repris par une palanquée de chanteurs, Le Forestier en tête.
Et quel dommage de n’avoir jamais pu écouter l’extraordinaire Brassens scander ces vers délicieux, où il raconte ses premiers émois amoureux avec sa jolie maîtresse d’école aux méthodes pédagogiques plutôt… originales, le premier de la classe ayant droit à « un baiser libertin, un patin » ! Délicieusement poétique et bourré d’humour.

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POUR LES COQUINOUS (ET UN POIL REBELLES)

En 1984, le guitar-hero Eddie Van Halen publie Hot for teacher (ceux qui ont séché les cours d’anglais en 4e iront sur Google pour la traduction). Dans cette chanson aux paroles potaches/lubriques/coquines (ne rayez pas la mention inutile), Van Halen raconte à quel point il fantasme sur sa prof. Le clip, éloquent à souhait, finit d’illustrer un titre rock et énergique qui prouve que certains ont tout de même bien été contents d’aller en cours…

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=LetJHQ_V05o[/youtube]

> L’anecdote qui tue : en 2012, un étudiant à l’Université d’Oakland, visiblement fan de sa prof (et de Van Halen), a été renvoyé pour avoir écrit une thèse intitulée « Hot for teacher ». Il a donc décidé de poursuivre l’école en justice, réclamant en même temps 2,2 millions de dollars. Le juge a rejeté sa plainte.

> Si vous êtes plus Eddy Mitchell qu’Eddie Van Halen : les plus réservés opteront pour sa chanson Ma Maîtresse d’école. Moins libidineux que Hot for teacher, mimi et poétique, le Schmoll, comme on le surnomme, y raconte son enfance à l’école, où « quelqu’un possédait [s]on coeur » : sa « maîtresse aux yeux si doux » dont il était fou. Moh !

POUR LES ÉNERVÉS DE LA RENTRÉE

> Côté musique, Back to school de Deftones (l’un des fondateurs du nu metal) devrait permettre à certain(e)s de crier un bon coup avant la rentrée. La chanson, insolente comme il faut, est une vaste moquerie vis-à-vis de l’enseignement scolaire vu ici comme une machine à concevoir des gens tout bien, tout beaux.
> Michel Sardou, un punk avant l’heure ? En 1972, Michou enregistre Le Surveillant général, pamphlet bien énervé contre les internats. Un titre dans lequel son ancien surveillant général justement en prend pour son grade : « Je n’oublierai jamais le regard de vipère / Que m’avait lancé ce vieux rat » (et bim) balance Sardou qui, lui, ne pensait qu’aux jeunes femmes. Quelques années plus tard, dans Les Deux écoles, il s’en prend à l’école libre. Idem avec Le Bac G, où il démolit ce « bac à bon marché dans un lycée poubelle », sans débouchés. À croire que l’artiste n’a pas franchement aimé sa scolarité et l’école. L’ironie de la vie veut que maintenant, les soirées étudiantes se finissent généralement avec Les Lacs du Connemaaaarraaaa, beuglé avec deux grammes dans chaque œil.

> Côté ciné, méfiez-vous des jolies filles. La preuve avec la sublime Megan Fox dans le film Jennifer’s Body. Personne ne résiste à cette beauté fatale au lycée ? Pas de bol, la demoiselle est en fait possédée par un démon et se transforme en mangeuse d’hommes. Littéralement. Bon ap’ !
> La vie n’est pas rose pour Carrie. Elle va même devenir rouge, lorsqu’elle se fait renverser un seau de sang de porc dessus lors du bal du lycée. Il faut dire que la jeune Carrie est la tête de turc des filles du collège. Mais lorsque ses pouvoirs surnaturels se déclenchent, plus personne ne fait le malin (à part le diable). Carrie, le roman du maître Stephen King, est époustouflant. Son adaptation ciné par Brian de Palma est extraordinaire. À vous de choisir !

[Retrouvez l’intégralité de notre dossier dans le numéro 263 de tmv]

7 Sisters : un thriller dystopique

Il n’y a pas une, ni deux, ni trois… mais sept Noomi Rapace dans 7 Sisters. Une dystopie plus que correcte et divertissante, qui sort sur nos écrans ce 30 août.

7 Sisters

2073. La Terre étant surpeuplée, le gouvernement décide d’une politique d’enfant unique, quitte à faire usage de la force. Un homme décide pourtant de cacher l’existence de ses sept petites-filles jumelles. Simulant la vie d’une seule personne et portant chacune un jour de la semaine comme prénom, elles ne doivent sortir que le jour correspondant (Lundi sort le lundi, Mardi le mardi, etc.). Jusqu’au jour où la dénommée Lundi disparaît…

Derrière ce pitch alléchant se cache Tommy Wirkola. L’auteur des fendards Dead Snow (et du plutôt bébête Hansel & Gretel) signe ici un thriller dystopique, aussi réussi sur le plan visuel que rythmique.
Sous son apparence de petite série B gentillette, 7 Sisters propose en fait un vrai-faux blockbuster divertissant, parfaitement mis en scène et relativement osé. Sombre et radical, le film de Wirkola possède une liberté narrative qui fait du bien (7 Sisters est d’abord sorti sur Netflix…) et ne s’interdit pas, par exemple, quelques séquences graphiquement bien violentes et surprenantes.

Divertissant et conceptuel, il repose en grande partie sur Noomi Rapace qui offre là une excellente performance. L’actrice compose avec sept rôles, jouant tour à tour chacune des sept soeurs. Une interprétation impressionnante qui, cela dit, aurait gagné en puissance si la psychologie des personnages avait été davantage développée.
D’où un manque d’émotion palpable tout du long du long-métrage qui a tendance à amoindrir sa portée : même s’il enchaîne ses scènes d’action avec brio, il perd alors quelque peu en valeur. Un écueil qui, toutefois, ne torpille pas 7 Sisters, film d’anticipation modeste, mais sûrement pas dénué d’ambition.

> Thriller / SF (USA). Durée : 2 h. De Tommy Wirkola. Avec Noomi Rapace, Willem Dafoe, Glenn Close…

> NOTE : 3,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=qkhp9dcR2gY[/youtube]

Les Hommes du feu : au plus près des pompiers

Être au plus près des pompiers et dans le feu de l’action, c’est ce que propose cette fiction plus vraie que nature : Les Hommes du feu.

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Pompier. Le métier rêvé de nombreux enfants. Un exemple de la société. C’est un sujet qui mérite d’être traité : Les Hommes du feu, de Pierre Jolivet, montre justement le quotidien de pompiers de l’Aude, en Occitanie.

Dès les premières minutes du film, le spectateur est plongé au cœur de leurs interventions. Il est alors rapidement pris dans le feu de l’action. L’histoire se déroule en période de fortes chaleurs, les feux sont ravageurs : on y voit des images fascinantes, marquantes, incroyables de pompiers qui domptent les flammes. Mais aussi celles d’interventions parfois dures à surmonter moralement (accident de la route, suicide…).

Au-delà de leurs actions sur le terrain, des séquences mettent en relief leur sensibilité et leurs rapports familiaux, parfois difficiles à gérer. À la frontière du documentaire, le film rapproche de ces personnages, plus que passionnés, différents les uns et des autres, parfois quand même un peu cliché dans leur représentation (le pompier ténébreux, la femme, le misogyne, le gay…). Mais on l’oublie presque.
Au fur et à mesure, on comprend leur quotidien, on partage leur stress, et on sourit devant l’entraide, les moments de partage et de bonne ambiance à la caserne. Il faut le dire, les Hommes du feu est très drôle.

Pour autant, le long-métrage sait aussi montrer les tensions au sein du groupe. Ici, avec l’arrivée d’une femme à la caserne, Bénédicte (jouée par Emilie Duquenne), les relations sont parfois tendues. De quoi permettre une vision globale du quotidien, parfois mouvementé, des pompiers. Ils n’ont pas un « métier normal » et ne sont jamais dans « la routine » comme le dit fièrement Bénédicte.

Seul petit regret, une fin trop abrupte et une histoire centrale qui manque de force. En tout cas, le pari est tout de même réussi pour Pierre Jolivet : au-delà d’être des héros, ces pompiers sont des humains.

Philippine David

> Drame, de Pierre Jolivet (France). Durée : 1 h 33. Avec Roschdy Zem, Emilie Dequenne, Michaël Abiteboul, Guillaume Labbé…
> NOTE : 3/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=3o465FtbhfM[/youtube]

TOP 4 : Daniel Day-Lewis

Coup de tonnerre : la semaine dernière, Daniel Day-Lewis annonçait l’arrêt de sa carrière. Retour en 4 anecdotes sur le premier acteur à avoir glané trois oscars du meilleur acteur.

ADEPTE DE LA MÉTHODE

Le comédien est connu pour être friand de la method acting, soit faire littéralement corps et âme avec son personnage. Pour ses rôles, il a ainsi passé des mois en fauteuil roulant, vécu seul en forêt, appris le métier de boucher, etc.

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MERCI EMINEM !

Pour son rôle dans Gangs of New York, Daniel Day-Lewis a confié écouter tous les matins à 5 h les morceaux d’Eminem, notamment « The Way I am », afin de se mettre dans un état de colère et donner le meilleur de lui-même.

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DANIEL CORDONNIER

En 1997, Daniel Day-Lewis déménage en Italie. Il se forme au métier de cordonnier, une passion de jeunesse. Il désertera les plateaux de cinéma pendant 5 ans. Di Caprio réussira à le ramener pour Gangs of New York de Scorcese.
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ADJANI STORY

C’était l’un des couples les plus glamour : Daniel Day-Lewis avec Isabelle Adjani. La rumeur dit que l’acteur avait rompu par fax. La comédienne a démenti, rappelant que monsieur avait disparu quand elle lui a annoncé sa grossesse…
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The Last Girl renouvelle le film de zombies

Colm Mc Carthy renouvelle le genre avec The Last Girl, film de zombies sociétal et intelligent.

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Le doux monde des morts-vivants continue de faire recette. On ne compte plus le nombre de productions zombiesques à l’écran, de la série à succès The Walking Dead, à l’excellent Dernier Train pour Busan, en passant par le pathétique World War Z, et bien d’autres… Le dernier (mort)né s’appelle The Last Girl – Celle qui a tous les dons.

Adaptation du roman éponyme, The Last Girl est davantage un film minimaliste de contamination qu’une bête resucée de zombie-film gore. Misant sur l’aspect psychologique et dramatique, le long-métrage place son récit au fin fond de la campagne anglaise, dans un complexe militaire, où sont retenus des dizaines d’enfants, infectés par un agent pathogène. Agissant comme des zombies (je te sens = je te croque), ils sont toutefois capables de penser et ressentir des émotions. L’une d’entre elles, surdouée, va alors s’échapper avec une petite équipe alors que le camp est attaqué.

Le postulat de The Last Girl est intéressant. Colm Mc Carthy propose une oeuvre axée sur la dramaturgie et les symboliques. Dérivant d’ailleurs sur la fable SF écolo (un nouvel écosystème remplacera les survivants), The Last Girl est pessimiste mais malin.
Budget maigrichon oblige, quelques faiblesses sont à noter au niveau des effets spéciaux. Parfois maladroit, il souffre également d’un ventre mou au milieu.

Mais c’est dans son casting costaud et surprenant que The Last Girl trouve notamment son éclat. Gemma Arterton et Glenn Close constituent un duo solide, mais c’est surtout la toute jeune et fascinante Sennia Nanua, véritable révélation, qui porte le film à bout de bras. Ambitieux, un poil novateur, sans être toutefois inoubliable, The Last Girl apporte une bouffée d’air frais à un genre qui a bien besoin de se renouveler.

> Fantastique, de Colm Mc Carthy (GB). Durée : 1 h 52. Avec Glenn Close, Sennia Nanua, Gemma Arterton…
> NOTE : 2,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=4cXq_XQ185Y[/youtube]

Baywatch : alerte à Malibu (et au naufrage)

Baywatch / Alerte à Malibu ? Au cinéma ? En maillot de bain rouge ? Youpi ? Oui, mais non. Le film de Seth Gordon est un naufrage.

PAUSE_ECRANS_CINE

Ah, Alerte à Malibu, les années 90, une série iconique, ces ralentis aussi cultes que ces maillots de bain… Voilà que débarque son adaptation ciné ! Et soyons clairs d’emblée : Baywatch est d’une bêtise abyssale. Ici, le légendaire Mitch Buchannon (joué par Dwayne Johnson, alias the Rock), s’associe avec la tête à claques Matt Brody (Zac – hiiii – Efron dans le rôle) pour dézinguer un complot criminel qui menace l’avenir de la Baie.

Pourtant, les premières minutes de Baywatch s’annoncent « prometteuses ». Jouant ouvertement la carte de l’autodérision à la 21 Jump Street, la séquence d’ouverture vise la comédie bébête mais fait sourire. L’esprit parodique est rafraîchissant et l’on s’attend alors à une plaisanterie kitsch assumée.

Mais la rupture de ton arrive. De là, Baywatch file patauger dans la comédie policière bas du front, aussi ridicule qu’ennuyeuse. Se vautrant dans un humour forcé et graveleux, des gags ronflants (et pas drôles) et un récit linéaire, Baywatch accroche difficilement l’auditoire. Sans rebondissements, l’histoire tire en longueur sur quasiment deux heures.

Visuellement aussi, le film de Seth Gordon est malheureusement à la peine. Les effets spéciaux frôlent le pathétique (la scène de l’incendie), les fonds verts piquent les yeux. Les fans se contenteront donc d’une tripotée de corps de rêve (popotins/ poitrines/abdos/pectoraux) de personnages plus parfaitement parfaits que la perfection (note au lecteur : oui, l’auteur de ces lignes est jaloux).
Mais ne seront même pas étonnés des caméos – ces apparitions surprises – des mythiques Pamela Anderson et David Hasselhoff, ceux-ci étant annoncés… dès le générique d’ouverture !
Reste la présence du jubilatoire Dwayne Johnson qui, solide comme un « rock », sauve Baywatch de la noyade.

Aurélien Germain

> Comédie/Action, de Seth Gordon (USA). Durée : 1 h 57. Avec Alexandra Daddario, Dwayne Johnson, Zac Efron, Priyanka Chopra…
> NOTE : 1,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=-AtAyd4wNWg[/youtube]

Voyage dans la galaxie Pixar

A l’occasion du marathon Pixar, au CGR Tours Centre, tmv vous replonge dans l’univers du géant de l’animation.

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L’HISTOIRE

C’est en 1979 que Pixar fait ses débuts sous le nom de GraphicsGroup au sein de la société Lucasfilm. Steve Jobs la rachète et la rebaptise Pixar. L’entreprise passe plusieurs contrats pour des longs-métrages avec Disney, le premier étant signé en 1991. Malgré quelques tensions, notamment pendant la sortie de Toy Story 2, en 1999, les deux sociétés sont restées en collaboration. En 2006, Disney s’adjuge Pixar pour 7,4 milliards de dollars.

LES PERSONNAGES CULTES

Pixar a su créer des ersonnages attachants, célèbres aujourd’hui. Parmi eux, on peut citer les acolytes Woody et Buzz l’Éclair dans Toy Story. Leur rencontre se fait dès le premier volet de la trilogie, pour ne plus se lâcher. On se souvient aussi de Nemo, le poisson clown, et Dory, le poisson bleu et jaune. Les deux amis se rencontrent dans les fonds marins, mais ont quelques soucis de communication dus aux pertes de mémoire de Dory. Plus récemment, il y a la famille des Indestructibles : Elastigirl la maman, M. Indestructible le papa, Violette l’aînée, Flèche le garçon, sans oublier Jack-Jack, le petit dernier. Tous ont des pouvoirs extraordinaires. Enfin, la plus mignonne des histoires d’amour revient à WALL-E, un robot en piteux état qui récupère les déchets sur Terre, et Eve, un robot dernier cri.

LES RÉCOMPENSES Image48

Huit Oscars, six Golden Globes et six Annie Awards : voilà ce que Pixar aura raflé, depuis 1996, comme prix du meilleur film d’animation. Ratatouille est le seul à avoir gagné ces trois récompenses.

PROCHAINEMENT

Pixar a sorti dix-sept longsmétrages depuis sa création. De nouveaux sont à prévoir. Notamment Cars 3, prévu le vendredi 16 juin aux États-Unis et surtout… en avant-première, deux jours après, au CGR de Tours Centre. La sortie officielle n’est normalement prévue que le 2 août en France. Deux autres films d’animation sont également attendus : Coco, fin 2017, et Les Indestructibles 2, courant 2018.

Image47LES CHIFFRES DU BOX OFFICE

Quels sont les films Pixar qui ont le plus cartonné en France ? En première position, on retrouve Le Monde de Nemo, sorti en 2003. L’histoire de ce mignon poisson clown a fait 9 387 283 entrées au cinéma. Il est suivi de Ratatouille, le long métrage avec Rémy le rat cuistot, et ses 7 830 754 tickets vendus en 2007. À la troisième place c’est la famille aux supers pouvoirs que l’on retrouve : en 2004, 5 529 012 personnes ont visionné Les Indestructibles.

LES CLINS D’OEIL

Tout est parti d’une rumeur sur le web, avant que les studios d’animation le confirment dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux : chaque film Pixar est lié et contient des références cachées, les fameux Easter Eggs. On retrouve ainsi Lotso, l’ourson rose de Toy Story 3, au pied du lit de la jeune fille dans Là-haut. Ou encore un jouet ressemblant à Nemo dans les bras de Sully, le personnage principal de Monstres et Cie. On peut aussi apercevoir Doc Hudson, la voiture bleue dans Cars, stationnée dans une séquence des Indestructibles.

Philippine David & Simon Bolle

Tout savoir sur le marathon Pixar au Mega CGR de Tours Centre : par ICI

Un marathon Pixar au CGR Centre !

Du 15 au 18 juin, l’intégralité des Pixar sera diffusée lors d’un marathon au cinéma CGR Centre. Adrien Gacon, directeur de la salle, et Yoann Pivert, chargé de la communication et des relations publiques à l’école tourangelle ESTEN Sup’Édition, racontent la genèse de leur projet.

toystory

Comment est venue l’idée d’un marathon Pixar au cinéma ?
Y.P. : Notre école réalise, chaque année, des projets en lien avec des entreprises et des associations. Celui du festival des films Pixar est né d’une rencontre, il y a presque deux ans.
A.G. : J’étais invité à une émission de TV Tours. Même s’il n’y avait aucun rapport, j’en ai profité pour parler de mon envie de créer ce Pixarathon à un des chroniqueurs, Antoine Périgne, aussi fou que moi. Et c’est lui qui m’a mis en relation avec l’ESTEN. Les premiers échanges avec les étudiants ont débuté en octobre 2015.

Adrien Gacon
Adrien Gacon

Quelles ont été les étapes suivantes ?
Y.P. : Il a fallu établir une présentation du concept, avant de le proposer à Disney, la maison-mère. On a pu apporter nos compétences en concevant un livre, de A à Z, qui nous a servi de support pour notre dossier. Ensuite, c’est Adrien qui s’est chargé de le défendre au siège de la société. Cette collaboration a été essentielle. Avec la même philosophie, on ne pouvait qu’avancer ensemble.
A.G. : L’école a été à la fois un soutien humain et technique. C’est bien que des jeunes fassent preuve de créativité, surtout dans le cinéma. Mais ça n’a pas toujours été simple. J’ai du me battre pour mener à bien ce projet. Je suis fier maintenant que la mission soit accomplie.

Qu’est-ce qui a convaincu Disney Pixar ?
A.G. : J’ai eu l’occasion de discuter avec des représentants lors d’un séminaire. Ils m’ont dit de les relancer par mail, et j’avais mon rendez-vous trois semaines plus tard. Sur place, tout le monde a été conquis par notre initiative. Ils ont trouvé ça bien ficelé. Voire trop ambitieux, au niveau des animations et de la décoration. C’est pourquoi on a dû envoyer une demande au siège, situé aux États-Unis. Évidemment, on n’a jamais eu de retour… L’accord de la France a finalement suffi. Il a quand même fallu attendre avril 2017.

Ça a dû être un soulagement…

Yoann Pivert
Yoann Pivert

A.G. : Évidemment ! Pendant plus d’un an, on n’a pas lâché le morceau.
Y.P. : D’autant plus qu’on avait été obligé de repousser la date, en attendant la réponse. Tout était prêt courant 2016, donc on était un peu frustrés. Justine, Lucile, Théo et Aymonn, les étudiants en troisième année qui bossaient dessus, sont partis de l’école depuis, le diplôme en poche. Ça reste l’aboutissement d’une lourde année de travail.

Il n’y a plus qu’à profiter !  
Y.P. : Oui, c’est sûr, même si tout le monde ne pourra pas être présent. On peut déjà dire que c’est une réussite.
A.G. : Il y a beaucoup d’engouement sur les réseaux sociaux. La publication de l’affiche a touché 50 000 personnes sur Facebook. Ça récompense nos efforts. À la base, on est une petite structure en perte de vitesse. On retrouve peu à peu une identité. Le Pixarathon va nous permettre de nous démarquer de la concurrence. Notre cinéma a encore plein de projets. En tout cas, j’ai déjà la soirée d’ouverture du marathon Pixar dans la tête. Ce sera sans doute la plus belle de ma vie. Des surprises sont prévues. Je vais pouvoir évacuer les secrets gardés. Les larmes risquent de couler, je l’avoue.

Propos recueillis par Philippine David & Simon Bolle

Pour en savoir plus sur l’univers Pixar, direction notre résumé ICI !

>LES INFOS PRATIQUES DU PIXARATHON

La programmation a été établie en fonction de l’ordre chronologique des sorties des films.
Jeudi 15 juin : 18 h 30, Toy Story ; 21 h, 1001 pattes ; 23 h, Toy Story 2.
Vendredi 16 juin : 19 h, Monstres et Cie ; 21 h, Le Monde de Nemo ; 23 h, Les Indestructibles.
Samedi 17 juin : 9 h, Cars ; 11 h, Ratatouille ; 14 h 30, WALL-E ; 16 h 30, Là-haut ; 19 h 15, Toy Story 3 ; 21 h 15, Cars 2 ; 23 h 15, Rebelle.
Dimanche 18 juin : 9 h, Monstres Academy ; 11 h, Vice-versa ; 14 h, Le Voyage d’Arlo ; 15 h 45, Le Monde de Dory ; 18 h, Cars 3 (avant-première).
Tarifs dégressifs. Plus de détails sur le site du CGR de Tours Centre.

>LES SURPRISES

Si toutes les idées n’ont pas été validées, beaucoup d’animations sont programmées dans le cinéma. Structures en carton, fresques, ballons… L’établissement sera plongé dans l’univers Pixar. Par ailleurs, avant et après les séances, il sera possible de remporter des activités gratuites, offertes par les partenaires, et de participer à une démonstration d’un chef de cuistot local de Tours. On vous le répète : le spectateur sera roi.

Free Fire : de la balle !

Un film qui repose uniquement sur une monumentale scène de fusillade durant 1 h 20 non-stop ? Il n’y avait que Ben Wheatley pour réaliser un film pareil…

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1978. Un hangar poussiéreux. Une bande de gangsters, des activistes de l’IRA, une intermédiaire. Le tout pour une transaction d’armes clandestine. En un éclair, la vente est sabordée et tout va dégénérer dans un déluge de balles. Chacun veut sauver sa peau… et une mallette pleine d’argent !

Sur ce pitch aussi rachitique que risqué, Ben Wheatley fait ce qu’il sait faire le mieux : du Ben Wheatley. Cinéaste autant adulé que critiqué, l’Anglais refuse de nouveau toute facilité. Se lance dans l’exercice de style délicat. Un pari risqué, mais réussi.
Passée une délicieuse scène d’exposition, Free Fire n’est en fait qu’une gigantesque gunfight de 1 h 20, où une tripotée de grandes gueules, bloquées dans un hangar, vont se canarder. Du sang, de la sueur, de la poussière.
Une fusillade non-stop, durant laquelle Wheatley se plaît à faire ramper ses protagonistes, tous blessés aux bras, aux articulations, aux jambes.

De fait, on frôle rapidement l’absurde, le loufoque. D’autant que Free Fire distille en plus un humour grinçant qui aère cet ensemble tout de même — avouons-le — très chaotique.

Free Fire est inventif, déjanté. Le spectateur se régale (plaisir pervers !) de ce jeu du chat et de la souris armés jusqu’aux dents, où le bruit des balles qui ricochent et fusent en devient assourdissant. Entre bassesse humaine et duel de survie, le film s’offre une autre lecture intéressante, grâce à une galerie de personnages absolument jouissive. Alors bien sûr, Free Fire n’est pas exempt de défauts (on patauge quand même un peu dans la seconde partie). Et comme d’habitude, donc, ce nouveau Wheatley divisera. Certains détesteront. D’autres adoreront. Mais impossible de ne pas reconnaître une qualité au réalisateur : son audace jubilatoire.

Aurélien Germain

> Action/Comédie, de Ben Wheatley (GB). Durée : 1 h 30. Avec Brie Larson, Armie Hammer, Cillian Murphy…
> NOTE : 4/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=7jAI271_wjc[/youtube]

La Nuit des Studio : la programmation

Le 10 juin, c’est la 33e Nuit des Studio ! Dès 18 h, la mythique salle de la rue des Ursulines invite le public à un voyage cinématographique, jusqu’à l’aube. Au total, 15 films répartis dans les 7 salles, jusqu’à 6 h du matin.

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> Ascenseur pour l’échafaud : Un chef d’oeuvre français sorti en 1958. Du suspense, mais aussi Jeanne Moreau et Maurice Ronet à leur apogée.

> Le Cabinet du docteur Caligari : On se plonge dans les années 20. Le cinéma expressionniste allemand dans toute sa splendeur.

> Coup de tête : Parce qu’il y a Patrick Dewaere, un des meilleurs acteurs français (parti bien trop tôt). Et derrière la caméra, Jean-Jacques Annaud !

> De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites : L’Amérique à la dérive, Paul Newman la filmait déjà au début des années 70. Un film on ne peut plus humain.

> Des idiots et des anges : Si vous ne connaissez pas Bill Plympton, c’est le moment de découvrir cet as du film d’animation. Aussi drôle que poétique.

> E.T., l’extra-terrestre : On ne le présente plus. Et de toute façon, Spielberg est le meilleur réalisateur au monde. Point.

> Haut les cœurs : Le film vaut pour la seule prestation de Karin Viard en maman atteinte d’un cancer du sein.

> La isla minima : Ce thriller espagnol (2014) a beau être un film noir, esthétiquement, il est lumineux.

> Monty Python Sacré graal ! : Quoi de plus culte niveau humour que les British qui revisitent le Moyen Âge ?

> Priscilla folle du désert : La chaleur de l’Australie et une traversée déjantée. Nous, on dirait même jubilatoire. Et vous ?

> Pulp Fiction : En un mot ? CULTE.

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> Soleil rouge : Bronson, Delon, Andress et Mifune… On appelle ça un casting en or.

> The Thing : Rien que pour cette bestiole monstrueuse qui a traumatisé toute une génération.

> Tokyo : 3 chapitres, 3 réalisateurs, 3 façons d’accrocher le public. Ou le perdre.

> Trainspotting : Une fable d’une noirceur incontestable, mais bourrée d’humour. Stupéfiant.

Pas de place à l’unité mais un pass à acquérir au plus vite à l’accueil. Tarifs : 15€ pour les abonnés / 20€ pour les non-abonnés

La critique ciné : Departure

Departure sort le 31 mai au cinéma. Le film d’Andrew Steggall est à découvrir aux cinémas Studio.

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Une maison de vacances, un coin isolé de la France. Une mère et son fils. Un déménagement qui ravive les souvenirs. La maman gère difficilement la relation avec son mari, tandis que le fiston, confronté à sa sexualité, fait la connaissance d’un ado mystérieux.

Le désir, la famille, l’amitié, l’homosexualité sont autant de thèmes qu’aborde Departure, drame mâtiné de romance, mais aussi autobiographie de son réalisateur, Andrew Steggall. Departure, c’est aussi le portrait mélancolique d’un duo mèrefils. L’accent est surtout mis sur le second.
Dans le rôle d’Elliot, Alex Lawther excelle. Le jeune comédien ne surjoue jamais. Trouve le ton juste, en composant un ado qui aborde son homosexualité tout en douceur (Clément, le garçon sur qui il craque, est érotisé d’emblée lors d’une scène de baignade). C’est en fait le passage à l’âge adulte. Elliot se découvre grâce au fameux Clément, deux êtres que tout oppose pourtant. En cela, l’axe narratif autour des deux jeunes (sans jamais tomber dans la bluette de bas-étage) est bien plus intéressant que lorsque le focus se fait sur cette mère en plein désespoir.

Transpercé de fulgurances esthétiques et porté par une musique d’une infinie justesse, Departure vaut aussi pour la forme et non pas que pour le fond. Le cinéaste sait proposer de magnifiques cadres, jouer sur la poésie de l’image et la puissance de la composition.

On pourrait effectivement voir Departure comme bourré de poncifs et de stéréotypes (un jeune Anglais frêle qui se cherche VS un ado mécano un poil bourru). Trop sage, aussi. Certes. Il n’empêche : le film de Steggall allie puissance émotionnelle et beauté photographique. Classique, mais de qualité.

> Drame / romance (GB/FRANCE), d’Andrew Steggall. Durée : 1 h 49. Avec Alex Lawther, Juliet Stevenson, Phénix Brossard…
> NOTE : 3/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=qeCfGGCFy-U[/youtube]

Sword Art Online : le film

Après les light novel et la série télévisée, voici venu le long métrage Sword Art Online : Ordinal Scale.

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Phénomène incontournable de la pop-culture japonaise et véritable carton en France, la saga Sword Art Online – adaptation d’un roman « light-novel » – a connu plusieurs déclinaisons, avec un téléfilm et deux saisons télévisées. L’univers a désormais droit à un nouvel enrichissement. Non pas avec une troisième saison, mais avec le premier film de la licence.

Sous-titré Ordinal Scale, ce Sword Art Online apparaît d’emblée comme un produit qui assure le fan-service à la perfection. Zéro temps mort, action omniprésente, décors ultra-riches, design des personnages respecté, réflexions sur la réalité augmentée… Tout garantit la continuité de l’oeuvre.
Mais force est de constater que Sword Art Online, bien qu’il reste ciblé et orienté en premier lieu vers les fans, reste accessible au grand public. Tomohiko Itō a d’ailleurs la présence d’esprit de distiller quelques rappels importants en préambule, pour permettre de mieux cerner l’histoire.

Sans toutefois en saisir toutes les subtilités, le public « lambda » peut donc appréhender facilement ce récit de deux jeunes découvrant un jeu basé sur la réalité augmentée, dans lequel des joueurs se battent contre des monstres intégrés au monde réel.

Accusant quelques longueurs et malgré un scénario qui aurait mérité un peu plus de consistance, le film de Tomohiko Itō se distingue néanmoins par une bande-son convaincante et une animation fluide de toute beauté. De manière générale, Sword Art Online reste visuellement et techniquement réussi (certaines séquences sont vraiment bluffantes, le rythme est soutenu). De quoi le placer dans le haut du panier des animes japonais.

> Animation/Fantastique/Action (Japon), de Tomohiko Itō. Durée : 1 h 58.
> NOTE : 3/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=hYIxyT-PMVQ[/youtube]

TOP 4 : Festival de Cannes

Polémique Polanski, guéguerre avec Netflix, querelle sur l’affiche… Le Festival de Cannes 2017 commence le 17 mai mais a déjà son lot de bisbilles. Retour en 4 anecdotes sur les coups d’éclat et les petites histoires du festival

PIALAT SIFFLÉ

1987. Sous le soleil de Satan, de Maurice Pialat, reçoit la Palme d’Or. En montant sur scène, il se fait siffler et huer. Sa réponse, culte, fuse : « Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus. »

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=rGgVtctXskk[/youtube]

ADJANI LA DIVA

En 83, les photographes de Cannes déposent leurs appareils et tournent le dos à Isabelle Adjani. Ils lui reprochent d’avoir boycotté une séance photo. En 97, elle impose son menu à sa table : radis et protéines de synthèses. Youpi.
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VON TRIER ÉJECTÉ

« Hitler n’est pas vraiment un brave type, mais je comprends l’homme (…) Israël fait vraiment chier. » L’hallucination est totale en 2011 : Lars Von Trier a pété un plomb. Il s’excusera, mais le festival le vire dans la foulée.

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DOIGT D’HONNEUR

En 1994, Tarantino reçoit la Palme d’Or pour le mythique Pulp Fiction. Son discours est interrompu par une femme qui hurle « C’est une daube ! » à deux reprises. Quentinou, filou, sourit et balance un doigt d’honneur. Tout en finesse.
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Le Chanteur de Gaza : espoir et belle histoire

La belle success-story d’un chanteur palestinien avec, en filigrane, la chronique de l’occupation d’un territoire. Le Chanteur de Gaza, de Hany Abu-Assad, est une jolie découverte.

Chanteur de Gaza

Été 2013. Les habitants de la Bande de Gaza retiennent leur souffle. Tout le monde est dans la rue. Pas de colère, pas de manifestation, non. Simplement le regard tourné vers Mohamed Assaf, jeune Palestinien qui a réussi l’impensable : quitter le territoire pour aller chanter en Égypte, dans l’émission télé-crochet Arab Idol. La finale, il la gagnera.

Le Chanteur de Gaza retrace la vie et le parcours du jeune Mohamed Assaf dans un biopic aussi touchant qu’intéressant. Touchant, parce qu’il suit un personnage attachant et un destin singulier, porté par l’amour de la musique. Intéressant, car loin de n’être qu’un conte de fée larmoyant, Le Chanteur de Gaza a aussi un impact et une visée politiques.
Le réalisateur Hany Abu-Assad a d’ailleurs eu l’autorisation par les autorités israéliennes pour tourner 2 jours dans la bande de Gaza. Du jamais-vu depuis 20 ans.

Découpé en deux parties distinctes, le film d’Abu-Assad débute par l’enfance miséreuse de Mohamed Assaf dans une ville meurtrie. Chanter, encore chanter. Une obsession. Un rêve qui devient réalité dans le deuxième acte : la caméra suit Mohamed devenu adulte, allant jusqu’à s’extirper de Gaza, amadouer les gardes-frontières et prendre tous les risques possibles.
Tout en justesse, le cinéaste parvient alors à éviter l’écueil du discours politique ronflant. Ici, les images se suffisent à elles-mêmes. Les acteurs, excellents, font le reste.

Et, même si la mise en scène manque cruellement de corps, Le Chanteur de Gaza vise juste en restant un peu naïf et poignant. Excluant tout pathos et clichés, préférant un récit optimiste et positif, il parvient à rappeler subtilement l’existence d’un conflit encore d’actualité. Mais un souffle de paix et d’espoir caresse Le Chanteur de Gaza de bout en bout. Et en ces temps, on ne va pas le refuser.

> Biopic (Palestine), de Hany Abu-Assad. Avec Tawfeek Barhom, Kais Attalah, Ahmed Al Rohk…

> NOTE : 3,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=pUVftMhmCt4[/youtube]

On l’appelle Jeeg Robot : superhéros italien

Un film de superhéros italien ? Oui, c’est possible. Et en plus, c’est une bouffée d’air frais. Voilà la critique du film On l’appelle Jeeg Robot.

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On appelle ça une bonne surprise. Ou de l’audace. On l’appelle Jeeg Robot est un film de superhéros tout droit venu… d’Italie ! De quoi casser la routine Marvel et DC Comics et changer des blockbusters made in USA bien gras et répétitifs qui squattent le box office.

Énorme carton en Italie (le film a raflé 7 Donatello, l’équivalent de nos César), au budget minime (même pas 2 millions d’euros), le premier long-métrage de Mainetti rend hommage au manga Kotetsu Jeeg. On y suit Enzo, petit caïd qui se retrouve doté de superpouvoirs, après avoir plongé dans des eaux contaminées. Continuant ses activités criminelles (et poursuivi par des malfrats), il rencontre la jeune Alessia, fille fragile persuadée qu’il est l’incarnation de Jeeg Robot, héros de manga venu sauver la Terre.

Le film de Mainetti est un petit intrus dans le grand monde des superhéros. En allant plus loin que sa promesse de départ, On l’appelle Jeeg Robot est un mélange bâtard, comme si Spiderman avait copulé avec un film de mafioso à la sauce western urbain.
Généreux, Jeeg Robot en a dans le slip et dans la caboche : parfois ringard, souvent plaisant, mixant action et humour, il brouille les pistes et injecte un peu de sang neuf chez les superhéros.

Et puis il y a ces personnages : Enzo, misanthrope et acariâtre, face à Alessia, aussi agaçante que touchante en petite princesse naïve et désarmante. Une love-story cucul naît entre les deux, mais on a tôt fait de l’oublier avec les apparitions de Zingaro, le « méchant », bad guy hystérico-loufoque (on pense parfois au « Joker »), ultraviolent et narcissique.

De ce melting- pot étonnant naît un film courageux. Malgré ses imperfections et ses maladresses, Jeeg Robot possède un charme et fait du bien. Comme quoi… un budget faramineux n’est pas nécessaire pour accoucher d’un bon film.

Aurélien Germain

> Action/Fantastique, de Gabriele Mainetti (Italie). Durée : 1 h 58. Avec Claudio Santamaria, Ilenia Pastorelli, Luca Marinelli…
> NOTE : 3,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=4nPFl_qaJiY[/youtube]

La Jeune fille et son aigle : voyage en terres mongoles

Le documentaire La Jeune fille et son aigle, signé Otto Bell, sort ce mercredi dans nos salles.

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Dresseur d’aigles, c’est une tradition ancestrale en Mongolie. C’est, par ailleurs, un héritage masculin. Pourtant, c’est aussi le rêve de la jeune Aisholpan. Du haut de ses 13 ans, elle nourrit cette passion et va essayer de devenir, elle aussi, chasseur d’aigle.

Voilà ce que raconte La Jeune fille et son aigle (The Eagle huntress en VO), joli « documentaire » signé Otto Bell. Sa caméra suit, durant près d’une heure trente, Aisholpan et son père qui l’accompagne dans sa volonté de briser des traditions encore fortes. Le spectateur découvre un art, une culture et surtout un peuple.
Au-delà de ça, La Jeune fille et son aigle se savoure comme une plongée dans les terres mongoles. Les images, sublimes, présentent un panorama spectaculaire d’un pays méconnu. Les plans dévoilent des paysages parfaitement mis en lumière. Enrobant ses séquences avec une musique soignée et d’une parfaite justesse, Otto Bell offre un ensemble visuellement abouti et réussi.

Plus qu’un documentaire et q’un portrait de femme, il s’agit aussi d’un film d’apprentissage, durant lequel on suit la progression d’Aisholpan, touchante au possible. Naturel et simplement beau, le récit nous transporte dans une histoire qui, au final, montre aussi l’amour d’un père pour sa fille et son désir de la pousser à accomplir son destin.

On regrettera toutefois le côté hybride du « documentaire » (d’où l’utilisation de guillemets). Tellement construit et composite, le docu perd parfois en authenticité quand il semble un peu trop manipulé. Certains critiques n’ont d’ailleurs pas hésité à le qualifier de « trop beau pour être vrai ». Ce qui n’empêche pas La Jeune fille et son aigle de nous faire voyager. Et rêver.

> Documentaire / aventure (Mongolie/GB). Durée : 1 h 27. De Otto Bell. Avec Aisholpan Nurgaiv…
> Note : 3/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=DISVSe36bxg[/youtube]

Power Rangers : la série ressuscite

Les Power Rangers reviennent sur nos écrans pour le plus grand bonheur des nostalgiques. Ou pas ?

PAUSE_CINE

Dans les années 90, c’était un peu LA saga télévisée à suivre. Du kitsch, du fun et des superhéros en costume Lycra®, Power Rangers s’était fait une place de choix dans la culture populaire. Deux films avaient même vu le jour en 1995 et 1997. Vingt ans plus tard, il fallait bien que les studios jouent la carte de la nostalgie.

Mais que ce soit clair, Power Rangers risque de ne plaire qu’aux fans de la première heure (et aux nostalgiques, donc). Dans un marché saturé de superhéros de plus en plus ronflants, Power Rangers aurait pu tirer son épingle du jeu en assumant son côté désuet et décalé. Il n’en est rien.

Les connaisseurs ne seront pas surpris du sujet : cinq ados (joués par des acteurs plus âgés…) qui ne se connaissent pas se retrouvent, un beau jour, dotés de pouvoirs extraordinaires. S’en suit la découverte d’un vaisseau spatial, avec un robot, un ancien Power Ranger tué par l’horrible Rita et, bien sûr, le devoir de sauver le monde.
Power Rangers, recyclage de récents blockbusters et orienté vers le public ado, est un popcorn movie punchy, mais loin d’être spectaculaire. Caricatural à souhait, bâclant ses portraits et mené par des comédiens aussi charismatiques que des bulots, le film laisse vite le spectateur sur la touche. Il faut s’accrocher pour ne pas décrocher, la fameuse « transformation » des protagonistes n’arrivant d’ailleurs qu’au bout de… 86 minutes.

Reste que Power Rangers a le mérite de toujours bien représenter la diversité, en mettant notamment en scène une Ranger de la communauté LGBT et un autre, autiste. Une initiative bienvenue dans un cinéma si frileux. Pour le reste, force est de constater que la semi-catastrophe que représente cet opus nous fait craindre le pire, la production ayant déjà prévu… six suites !

Aurélien Germain

> Action/SF (USA). Durée : 1 h 51. De Dean Israelite. Avec Dacre Montgomery, Naomi Scott, RJ Cyler, Becky G…
> Note : 1,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=zRhNupzm7Qs[/youtube]

A United Kingdom : l’amour sous l’Apartheid

A United Kingdom sort ce mercredi 29 au cinéma. L’histoire vraie – mais oubliée – d’une histoire d’amour impossible sous l’Apartheid.

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L’amour plus fort que la haine… A United Kingdom, le film d’Amma Asante, se base sur l’histoire vraie de Seretse Khama, un homme politique botswanais qui avait créé un scandale, en 1947, en épousant Ruth Williams. Un mariage entre un homme noir et une femme blanche qui défiait les diktats de l’Apartheid.

C’est ainsi que débute A United Kingdom : une love-story impossible mais qui va contrer les différences, les lois aussi bien anglaises que sud-africaines et les a priori des familles.
Ce premier acte se focalise donc sur une relation impossible mais, rapidement, tend à ne dépeindre qu’une romance un peu lisse et malheureusement sans trop de saveur. Plombant par là la profondeur qu’aurait pu offrir le thème, Amma Asante fait l’impasse sur la psychologie. Le duo de comédiens incarnant le couple est, lui aussi, quelque peu bancal : si David Oyelowo, toujours excellent, reste l’acteur talentueux qu’on avait vu dans Selma, Rosamund Pike a beau être crédible, on pourra toutefois regretter que son personnage soit si peu étoffé.

Une fois la deuxième partie lancée, A United Kingdom bifurque vers l’épisode politique. Certaines séquences sont marquantes (Oyelowo est impeccable et vibrant en leader démocratique), dévoilant un pan de l’Histoire toujours aussi choquant (l’ambiance sous l’Apartheid est parfaitement retranscrite).

Il n’empêche : entre les transitions maladroites, la platitude de la mise en scène et certains aspects politiques pas assez appuyés, la frustration est de mise. Amma Asante, même si elle offre un joli film, ne fait finalement que rester en surface, sans vraiment creuser. Le sujet l’aurait pourtant mérité.

Aurélien Germain

> Biopic, d’Amma Asante (France/GB). Durée : 1 h 51. Avec Rosamund Pike, David Oyelowo, Tom Felton, Jack Davenport…
> NOTE : 2,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=YcZpQdBRf4A[/youtube]

Fantastic Birthday : conte onirique

La pépite de la semaine est signée Rosemary Mayers : la réalisatrice signe ici une comédie fantastique, bourrée d’inventivité, complètement déjantée, mais sous forme d’un récit initiatique étonnant.

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Le passage de l’adolescence à l’âge adulte ? Un thème éculé. Le teen-movie ? Un genre sclérosé. Fantastic Birthday pioche allègrement dans tout cela mais, pourtant, fracasse les codes et fait renaître le tout. Il faut dire que le film de Rosemary Mayers est un véritable OVNI. Bizarre, onirique, intriguant autant que singulier.

Fantastic Birthday (Girl Asleep, en VO, cherchez l’erreur…), c’est l’histoire de Greta, jeune fille introvertie qui va passer le cap des 15 ans. À l’aise dans le monde rassurant de l’enfance, l’annonce de sa fête d’anniversaire organisée par ses parents va provoquer la panique chez elle. De là, la cinéaste Rosemary Mayers va dérouler un récit qui bascule peu à peu dans un univers parallèle et fantasmatique, alors que le premier acte n’est qu’une simple – mais ô combien délicieuse – galerie de personnages.
L’héroïne (Bethany Whitmore, excellente) est entourée de pimbêches à l’école, d’un rouquin freluquet un poil amoureux, de parents caricaturaux mais jubilatoires (ce père aux tenues ahurissantes… !). L’introduction, kitsch à souhait sous ses airs vintage et 70s, ne sert en fait qu’à présenter le personnage de Greta, confortable dans son refus d’évoluer.

Puis vient la deuxième partie. Fantastic Birthday vire au conte initiatique. Une balade fantastique explorant le subconscient de la jeune fille (sous la métaphore d’une forêt peuplée de créatures étranges), entre poésie et théâtre, qui pourra aussi en rebuter certains, Rosemary Mayers en faisant parfois un peu trop dans l’absurde.

Et même si elle convoque un peu facilement Wes Anderson (l’influence du réalisateur est trop présente), la cinéaste fait de ce Fantastic Birthday une petite perle bourrée d’originalité et de fantaisie. Un souffle d’air frais.

Aurélien Germain

> Comédie fantastique, de Rosemary Mayers (Australie). Durée : 1 h 20. Avec Bethany Whitmore, Harrison Feldman, Eamon Farren…
> NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=BDrQimeW0bc[/youtube]

Zoologie : une fable sur le vivre-ensemble

Traitant des thèmes du vivre-ensemble et de l’exclusion, à travers un postulat fantastique (une queue animale pousse dans le bas du dos d’une femme), Zoologie fait réfléchir et se voit comme une sympathique surprise parmi les sorties du mois.

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La vie de Natasha est terne et banale. Triste, même. Femme d’âge mur, célibataire vivant chez sa mère bourrue, prisonnière d’une existence plate et monotone, proie constante des sarcasmes de ses collègues. Un beau jour, une queue étrange lui pousse en bas du dos. Son quotidien va alors changer, se transformer peu à peu.

De cette injection de fantastique dans le drame social, il faut en retenir une chose : dans Zoologie, Ivan Tverdovsky réussit, avec brio, à produire une fable sur le vivre-ensemble. Car cette fameuse queue animale chez son personnage n’est en fait qu’un symbole, celui de l’exclusion. Taclant donc la société russe (mais la critique s’adresserait à n’importe qui), le cinéaste se sert de cette analogie pour torpiller l’individualisme. Il décrit et brosse le portrait d’un personnage qui se libère peu à peu, se redéfinit comme être humain, puis comme femme (il suffit de voir sa transformation physique au cours du film).

Construit en deux parties distinctes, Zoologie a toutefois tendance à surligner ses intentions un peu simplement (le passage d’une esthétique clinique à une photographie plus chaude). Mais il parvient à viser juste, avec sa satire sur l’intolérance. La respiration viendra d’une love story insolite que Tverdovsky incorpore à son récit surréaliste, afin d’humaniser encore plus son protagoniste pourtant « différent » et particulier.

Étonnant et original, malgré certaines redondances, Zoologie est un mélange surprenant d’émotion et de sensation. Ivan Tverdovsky résumait ainsi son film : « Les gens ne recherchent plus leur individualité. Au lieu de cela, il se tournent vers quelque chose d’universel. »

> Drame, d’Ivan Tverdovsky (Russie/Allemagne). Durée : 1 h 27. Avec Natalya Pavlenkova, Dmitri Groshev, Zhanetta Demikhova…
> NOTE : 3/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=dViJAc8PHMU[/youtube]

Miss Sloane : lobby, ton univers impitoyable

Plongée dans le monde des lobbys, Miss Sloane met en scène une Jessica Chastain exceptionnelle.

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Le monde des lobbys et de la politique américaine… Un monde cynique au possible. Miss Sloane n’était clairement pas un pari facile. Intéresser le public à cet univers plutôt inconnu avait tout du projet casse-gueule. Mais Joe Madden, sur un scénario imaginé par Jonathan Perera, réussit un tour de force : celui de proposer un thriller politique intelligent et intelligible.

Miss Sloane raconte l’histoire d’Elizabeth Sloane, lobbyiste à Washington, tentant à tout prix d’influencer les élus à voter pour (ou contre) telle ou telle loi, tel ou tel projet, en fonction de ses clients. Son obsession, c’est la victoire. De toute façon, sa vie entière tourne autour de son travail. L’amour ? Il se résume à des parties de jambes en l’air avec un escort-boy. La fatigue ? Connaît pas, les pilules magiques sont là pour ça.

Un jour, Elizabeth Sloane va se mettre à dos la toute-puissante NRA, cette fameuse association qui promeut les armes à feu. Sujet brûlant, sujet d’actualité, ce Miss Sloane. In fine, Joe Madden offre un regard glaçant sur tout ce (pas) beau monde. Tout est immoral, peu importe les dégâts collatéraux.

Très bavard et verbeux, Miss Sloane a toutefois tendance à s’enliser. Le film évite cependant de perdre totalement son spectateur en restant ludique et surtout, en étant porté à bout de bras par Jessica Chastain. La comédienne, impériale en lobbyiste impitoyable et prête à tout, offre une performance remarquable. Chevelure impeccable, rouge à lèvres flashy, regard terrifiant de froideur : l’actrice y apparaît carnassière, dominatrice kamikaze et sans pitié.
Et c’est bel et bien l’atout majeur de Miss Sloane. Une femme redoutable faisant trembler un monde politique quasiment exclusivement masculin, quoi de plus jubilatoire ?

> Thriller politique, de Joe Madden (USA). Durée : 2 h 12. Avec Jessica Chastain, Gugu Mbatha-Raw, Mark Strong, Sam Waterston…
> NOTE : 3,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=8MG-8ldv2tY[/youtube]

Les Oubliés – Land of mine : la page oubliée de l’Histoire

Chapitre sombre de l’Histoire, Les Oubliés est une véritable déflagration. Le film de Martin Zandvliet est l’un des immanquables de ce début d’année.

(Photo Koch Films GmbH)
(Photo Koch Films GmbH)

C’est l’un des crimes de guerre les plus sordides qu’il y ait eu. C’est, paradoxalement, un fait historique complètement occulté. Oublié. C’était à la fin de la Seconde Guerre mondiale, au Danemark. Le gouvernement, contournant la Convention de Genève, oblige de jeunes Allemands prisonniers — à peine sortis de l’adolescence — à déminer leurs plages et leurs côtes. Ils ont entre 15 et 18 ans. Sur ces 2 000 « gamins », plus de mille perdront la vie ou seront mutilés.

Les Oubliés (Under Sandet / Land of mine en VO) retrace ce terrible épisode. C’est une histoire de haine, comme dans toutes les guerres. Mais aussi de pardon, de rédemption. Et de survie.
Aussi impitoyable que réaliste, Les Oubliés fait l’effet d’une bombe. Véritable déflagration émotionnelle, le film de Martin Zandvliet raconte avec brio et sans misérabilisme aucun ce chapitre sombre de l’Histoire. Servi par des acteurs débutants tout bonnement excellents, embelli par une musique d’une parfaite justesse, Les Oubliés est aussi d’une rudesse terrible. En témoigne cette violente séquence d’ouverture, brutale et sans concession (on pense rapidement à Full Metal Jacket).

Parallèlement au récit de ces jeunes Allemands démineurs, il y a aussi le portrait de cet officier danois, chargé de les commander, mais brûlant de colère. Avide de vengeance envers les Nazis, inhumain dans ses méthodes, il finit par s’ouvrir et se rendre compte que ces ennemis ne sont en fait « que des gosses qui chialent pour revoir leur mère ». Magistralement interprété par Roland Møller, le personnage, subtil, est d’une complexité renversante.

Soigné, intelligent tant dans son timing que son découpage, tragique dans son thème, Les Oubliés a beau être cruel et marquant, il est surtout immanquable.

Aurélien Germain

> Drame historique (Dan./All.), de Martin Zandvliet. Durée : 1 h 36. Avec Roland Møller,Joel Basman, Mikkel Boe Folsgaard, Louis Hofman…
> NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=UJ2ypxh2MKI[/youtube]

American Honey : road movie hypnotique

Sifflé par une frange du public à Cannes, ovationné par d’autres, American Honey déstabilise à coup sûr. Divisera encore plus. Voilà la critique de la semaine.

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Il y a quelque chose d’étrange mais d’hypnotique dans American Honey. Aussi intriguant qu’agaçant (le film va diviser), le (très) long-métrage d’Andrea Arnold est un road movie aussi fascinant que répétitif.
Ici, on suit Star (Sasha Lane, une révélation), jeune maman de substitution de 18 ans. Famille dysfonctionnelle, pas de travail, pas d’avenir. Elle rencontre un jour Jake (Shia LaBeouf, très bon) et sa bande de marginaux. Leur quotidien ? Traverser le Midwest américain, essayant de vendre quelques abonnements de magazines en démarchant les particuliers et en retirer cinq ou six dollars. Puis rouler encore. Parler. Fumer. Boire. Coucher. Ainsi de suite.

Il y a ce paradoxe dans American Honey : celui d’un film au format 4/3, délaissant paysages et décors – un comble pour un road movie ! – mais s’attardant plutôt sur les visages, les mains, les bouches. Au plus près des personnages, la caméra d’Andrea Arnold est primitive et sent le vrai.

Narrativement inconfortable, imparfait et minimaliste, American Honey réussit tout de même à agripper son spectateur. Il n’y a pas d’enjeux, non. Il s’agit juste d’un instantané de vie d’une génération paumée (la séquence-clé « quel est ton rêve ? ») qui erre avant des jours meilleurs. Une douce mélancolie s’échappe alors de ce film interminable, de cette virée miséreuse en mini-bus boostée aux playlists hip-hop, de ces jeunes dont on ne saurait dire s’ils vivent ou survivent.

Une routine parfois brisée par d’intenses scènes de sexe. De toute beauté, jamais racoleuses, elles sont des échappées dans ce tourbillon d’émotions qui nous aspire, dans ce road-movie crasseux sur lequel se brode une « love story » chaotique. Éphémère, tout comme l’amour. Sur une route qui mène nulle part. Comme la vie ?

Aurélien Germain

> D’Andrea Arnold (USA/GB). Durée : 2 h 43. Avec Sasha Lane, Shia LaBeouf, Riley Keough…
> NOTE : 3,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=1zVkvuP9FYc[/youtube]

TOP 4 : Emma Stone

C’est la comédienne du moment : un rôle remarqué dans La La Land, film couronné de succès, et une récente nomination dans la catégorie « Meilleures actrices » pour les Oscars 2017. Zoom sur la sublime Emma Stone en quatre films.

BIENVENUE À ZOMBIELAND

Joli petit minois et fusil à pompe : Emma Stone se la joue badass dans la comédie horrifique délirante de Rubin Fleischer. L’actrice y crève l’écran. Et la tronche des zombies en même temps. Jouissif.

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CRAZY STUPID LOVE

Voix un peu éraillée, charme mutin, regard envoûtant : tout est déjà là. Emma Stone rayonne dans cette première fois aux côtés de Ryan Gosling. Elle le retrouvera en chanteuse dans La La Land et en femme fatale dans Gangster Squad.

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L’HOMME IRRATIONNEL

Comme Scarlett Johansson, Emma Stone s’est imposée comme une des muses de Woody Allen. Elle apparaît ici comme à son habitude : solaire. Dommage qu’elle finisse éclipsée par Joaquin Phoenix, toujours aussi magnétique lui aussi.

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THE AMAZING SPIDERMAN

Un gros bisou à l’homme-araignée et un rôle un poil secondaire (Gwen). Dans Spiderman, la belle rousse se transforme en belle blonde. Mais c’est un hit interplanétaire. Emma Stone prouve qu’elle brille aussi dans les blockbusters.
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Tours : Une école de cinéma en septembre

Une école de cinéma à Tours en septembre ? Le projet est signé Isabelle Heurtaux, qui souhaitait combler un vide dans la région. La directrice nous en dit un peu plus…

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Cela fait 25 ans que je suis dans le monde de la télé et du journalisme. Mon mari (le producteur tourangeau Jean-François Geneix – NDLR) a passé 40 ans dans le cinéma. Et un jour, je me suis dit : c’est dingue, il n’y a toujours pas d’école de cinéma dans la région Centre ! » C’est comme ça qu’est venue l’idée à Isabelle Heurtaux. Son projet, elle le chouchoute, et y croit dur comme fer. L’EscaT – ou École supérieure de cinéma et d’audiovisuel de Tours – doit ouvrir ses portes à Tours-Nord, le 20 septembre 2017. Les dossiers d’inscription, eux, devraient être en ligne dès cette semaine.

« Il y aura entre 100 et 125 élèves sur les deux ans de la formation », assure Isabelle Heurtaux. Tranche d’âge visée ? Les 18-25 ans. Ils formeront des équipes. Tous les matins, ils auront des cours théoriques. La directrice de l’école n’en démord pas : « La théorie est importante. Il faut savoir ce qu’est le cinéma et avoir les références ».
L’après-midi, place à la pratique. « Les étudiants seront dans les conditions du réel. En sortant, ils seront à même d’intégrer une équipe de production. » Deux options seront d’ailleurs possibles : scénario/réalisation ou image (chef opérateur). Caméras, studios son, plateau de 200 m²… À l’EscaT, on devrait travailler dur !

Un partenariat a par ailleurs été noué avec les studios de tournage de Bry-sur- Marne qui fournira une part du matériel. « On assurera aussi un stage à la fin des deux ans », ajoute Isabelle Heurtaux. Avant d’aborder la réalisation d’un film de fin de scolarité par les étudiants et sa présentation devant un jury de professionnels qui donnerait un prix « pour faire un court-métrage pro ensuite ». Isabelle Heurtaux et Jean-François Geneix ayant un gros carnet d’adresses, tous deux ont aussi choisi de jouer sur les masterclass : une fois par mois, un professionnel interviendra en cours. Sur le site de l’EscaT, plusieurs noms sont déjà divulgués : notamment le comédien Bruno Solo, le producteur Éric Altmayer, ou encore la productrice TV Alexia Laroche-Joubert et Aurélien Dauge, distributeur.

Une ouverture qui a de quoi transformer le paysage tourangeau ? Contactée à propos du dossier de l’EscaT, la municipalité n’a pas donné suite à nos demandes. Mais Tours, terre de cinéma, a vu les initiatives dans le monde du cinéma se multiplier : des festivals Mauvais Genre et du cinéma asiatique, en passant par les Journées du film italien ou des tournages, des concours de courts-métrages et des projets étudiants autour de cet univers.
Pour la directrice de l’EscaT, l’arrivée d’une École de cinéma sera donc « quelque chose d’important en matière de culture, mais aussi d’emploi ». Avant de conclure : « C’est, je pense, un maillon qui manquait. Et je suis très enthousiaste. J’espère faire de l’EscaT un véritable pôle culturel. »

> +d’infos : escat-france.com
> Frais de scolarité : 6 000 € par an. Frais d’inscription : 550 € par dossier.

Moonlight : pépite sensible du ciné indépendant

A fleur de peau, sensible et intime, Moonlight est une vraie révélation et un film magnifique. De quoi justifier largement son statut de favori aux Oscars 2017.

PAUSE_CINE

Trois parties, trois instants dans la vie d’un homme. Et à chaque fois, devoir avancer et se battre. Se battre contre les autres, contre le carcan familial, scolaire, sociétal, contre tout. Pour se chercher sexuellement et socialement. Moonlight, film-sensation lors de sa présentation outre-Atlantique, est une pépite du cinéma indépendant US arrivée sans prévenir. Et à l’heure où les blockbusters sans âme et les franchises exploitées jusqu’à l’indigestion font la loi, il est une bouffée d’air frais.

La caméra de Barry Jenkins suit l’histoire et la vie de Chiron, un jeune Afro-Américain. Brossant son portrait, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Filmant un Miami brûlant, gangréné par la drogue, reproduisant à merveille la chaude lumière de la Floride. Et surtout, abordant frontalement l’homosexualité d’un jeune Noir dans un milieu dit « viril », dans un monde cruel.

Sans jamais tomber dans une mièvrerie vomitive ou le mélodrame putassier, Moonlight fait preuve d’une sensiblerie étonnante. Remarquable aussi bien dans son choix thématique que dans sa progression narrative (des ellipses qui pourront néanmoins en rebuter certains), le film de Jenkins se débarrasse des clichés avec finesse et reste sincère de bout en bout.

Au final, ce Moonlight, adaptation d’une pièce de théâtre, porté par un casting admirable (Alex R.Hibbert, mutique et touchant), agit comme une force tranquille. De tout cela, le cinéaste Barry Jenkins arrive à éviter l’écueil du film tirelarmes. Tout en douceur, il vient de signer ici un drame intime d’une justesse saisissante.

Aurélien Germain

> Drame, de Barry Jenkins (USA). Durée : 1 h 51. Avec Trevante Rhodes, Alex R.Hibbert, Naomie Harris, Ashton Sanders…
> NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=tWEtcfsObrA[/youtube]

The Boyfriend : une comédie qui fait le job

Comédie potache, graveleuse et vulgos, The Boyfriend se la joue Mon Beau-Père et moi… en bien plus trash !

PAUSE_CINE

Attention, débranchez votre cerveau dans 3, 2, 1… Il est évident que The Boyfriend (sous-titré Pourquoi Lui ?) n’apportera rien au genre éculé de la comédie papa-contre-petit-ami-de-fifille. Il est évident, aussi, qu’il s’attirera son lot de critiques assassines. Car The Boyfriend manie l’humour vulgos/scato/sexo/gros mots. L’utilise beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Il faut dire que côté producteur, il y a Ben Stiller, derrière une idée du trublion Jonah Hill. Bref, bienvenue devant The Boyfriend, resucée 2.0 de Mon Beau-père et moi version trash.

Le pitch tient sur les doigts d’une seule main d’un manchot : The Boyfriend est la rencontre entre un père de famille et son futur gendre. Soit Laird, milliardaire grâce à Internet, tatoué, dément et porté sur le mot « fuck », autant que sur les allusions coquines.
Au casting, il y a déjà Bryan Cranston (le père dans Malcolm), en papa bien sous tous rapports. Un poil coincé, les traits rigides, engoncé dans ses habits bien repassés. En face, James Franco, déjanté et survolté.

Les premières minutes donnent le ton : ce sera grivois au possible. Et du grand n’importe quoi. Les vannes fusent. Le réalisateur John Hamburg (auteur de Polly & moi et scénariste du pathétique Zoolander 2) balance un humour aussi gros que gras. James Franco, délicieux en gendre imbuvable et foldingue, fait le show à lui tout seul. Dans le registre graveleux, le comédien y va à fond, quitte à trop en faire (y aurait-il d’ailleurs une part d’impro ?) et donner le tournis.

Car The Boyfriend ne s’arrête jamais et torpille à tout va jusqu’à, quelques fois, finir par perdre de sa force comique. Un gros quart d’heure aurait peut-être mérité de disparaître (ah, la morale bébête), histoire de recentrer The Boyfriend sur ce qu’il est : un film avec zéro subtilité, mais bizarrement réjouissant. Un plaisir coupable ?

> Comédie, de John Hamburg (USA). Durée : 1 h 47. Avec Bryan Cranston, Zoey Deutch, James Franco…
> Note : 3/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=zXX1e_C7mfM[/youtube]

La Communauté : le retour de Vinterberg

Thomas Vinterberg, réalisateur de Festen, est de retour avec La Communauté.

la communauté

« Le meilleur film de Vinterberg depuis Festen », clame fièrement l’affiche de La Communauté. Festen, en 1998, imposait le cinéaste danois en golden boy. Après diverses réalisations (La Chasse) et une parenthèse anglo-saxonne (Loin de la foule déchaînée), Thomas Vinterberg est retourné dans son pays natal pour s’inspirer de sa propre expérience lorsqu’il était jeune : vivre dans une communauté.

Ainsi, le film de Vinterberg débute comme une comédie légère. Nous sommes au Danemark, dans les années 1970 (la nudité n’est pas un souci et on clope à tout va…). Erik, prof d’architecture, et son épouse Anna, journaliste, s’installent avec leur fille dans une grande maison, où ils vivront avec amis et connaissances, en communauté.
Le ton est léger (la scène du recrutement, la danse autour d’un escabeau en guise de sapin de Noël…), la photographie surannée. Vinterberg s’amuse à nous transporter dans l’ambiance insouciante des 70s. On éprouve vite de l’empathie pour cette joyeuse bande. Le réalisateur dessine sa galerie de personnages : l’ami fidèle, la fille à la sexualité épanouie, l’immigré dépressif…

Puis l’heure passe. Des fissures apparaissent. Vinterberg commençait à tourner en rond. Il bifurque d’un coup vers le drame social. Car le mari – et chef de la maison – a une maîtresse. Emma. Une étudiante, clone parfait de sa femme, en plus jeune. Les questions naissent : quel est le poids d’une communauté sur un individu ? Que faire lorsqu’un grain de sable grippe la machine d’une vie en groupe ?
Dans cette implosion, Vinterberg brosse alors le portrait touchant d’une épouse trompée, d’une femme brisée (Trine Dyrholm, remarquable). Si l’on regrettera toutefois que La Communauté souffre d’enjeux relativement maigres et d’un manque d’imprévus, l’excellence du casting et la puissance des dialogues permettent d’en faire un film fort et brut.

Aurélien Germain

> Comédie dramatique, de Thomas Vinterberg (Danemark). Durée : 1 h 51. Avec Trine Dyrholm, Ulrich Thomsen…
> NOTE : 3/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=UjaPogjw5rA[/youtube]

Norm : le film d’animation qui laisse de glace

Étrille lors de sa sortie aux Etats-Unis, le film d’animation Norm arrive sur nos écrans pour les fêtes. Mais la déception est grande…

Norm

Il aura fallu quasiment un an pour voir Norm débarquer sur les écrans français. Sorti en janvier 2016 aux États-Unis, ce film d’animation signé Trevor Wall tente chez nous sa chance pendant la période de Noël. Mais laminé lors de sa sortie outre- Atlantique, Norm est-il vraiment le cadeau empoissonné ?

Difficile, effectivement, d’accrocher un tant soit peu à cette production distribuée par Lionsgate (peu habituée au genre, il faut dire) : derrière ce gros bonbon cinématographique se cache l’histoire de Norm, un ours du Pôle Nord qui découvre un jour une station scientifique. Celle-ci prépare une opération immobilière, mais le gros nounours – qui adore la danse (euh d’accord) – va embarquer pour New York, afin de faire capoter le projet.

Si l’ouverture du film de Trevor Wall peut faire sourire, Norm devient rapidement aussi froid que la banquise qu’il met en scène. L’heure et demie qui lui est allouée se transforme en véritable bourbier, où les scènes sont emballées sans réflexion ni substance, et où les facilités scénaristiques transforment peu à peu Norm en un ensemble pataud et balourd.
Une panne d’inspiration flagrante qui aurait pu être rattrapée par l’esthétisme du film. Il n’en est rien. Doté de graphismes plus que passables, Norm est visuellement aussi bancal que son scénario. Les seconds-plans (peu travaillés), les décors (sans détails), ainsi que certaines paresses côté animation (les rues de New York quasi-vides, les poursuites maladroites) finissent de mettre le film K.O.

Tentant de se sauver du naufrage par une morale écolo, quelques scènes de danse bébêtes et des blagues répétitives, Norm reste malgré tout bien confus. De quoi perdre son public, qu’il s’agisse malheureusement des plus jeunes ou des adultes qui resteront de glace.

>Film d’animation, de Trevor Wall (USA). Durée : 1 h 30. Avec les voix françaises d’Omar Sy, Med Hondo…
>NOTE : 1,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=QA2Sw6xfDKg[/youtube]

Ballerina : entrez dans la danse

Jolie surprise, que ce Ballerina ! Film d’animation sur le monde de la danse, il arrive à point nommé pour les périodes de fêtes.

Ballerina

Les tutus vous donnent des boutons et vous pensez que les histoires de petits rats de l’Opéra sont réservées aux fillettes de 6 ans ? C’est votre droit mais ce serait de mauvaises raisons de bouder Ballerina et ses deux petits héros.
Bien décidés à réaliser leurs rêves, Félicie et Victor s’enfuient de leur orphelinat en Bretagne. Ils arrivent à Paris mais la grande ville ne les attend pas. Grâce à une série de rencontres et beaucoup d’opiniâtreté, Félicie atteindra son objectif : devenir danseuse à l’Opéra de Paris. Victor, lui, se mesurera au grand architecte Eiffel.

Malgré une fin heureuse et une chute un peu précipitée, le scénario de Ballerina ne cache rien de la dureté du monde de la danse. L’histoire est bourrée de petits clins d’oeil, un humour qu’on retrouve dans le dessin des personnages, à la fois gracieux et décalés, la bande-son est entraînante. La très jolie lumière et les couleurs chaudes des images cachent quelques prouesses techniques, comme la reproduction fidèle de l’Opéra de Paris grâce aux plans d’époque.
Pour les chorégraphies, c’est la danseuse étoile Aurélie Dupont qui a joué les modèles et prêté ses mouvements, reproduits grâce au keyframe.

Pour une fois qu’on a un film d’animation francophone qui déboule sur les écrans au moment des fêtes, on ne va pas cracher dessus ! Surtout quand il est réussi. Avec un budget de seulement 30 millions de dollars, soit presque dix fois moins que celui d’une production Pixar ou Disney, les créateurs de Ballerina remportent leur pari. D’autant qu’ils signent ici leur premier film d’animation. Ils semblent marcher dans les pas de Don Bluth et Gary Goldman.

>Film d’animation (France-Canada), 1 h 29. Dès 3 ans. D’Eric Summer et Eric Warin. Avec les voix de Camille Cottin, Malik Bentalha, Kaycie Chase.
>NOTE : 3/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=M5-LjE4LSLA[/youtube]

Premier Contact : do you speak alien ?

Denis Villeneuve vient d’accoucher d’un grand film de science-fiction. Intelligent (trop, diront certains) et fascinant.

premier contact

Celles et ceux qui connaissent le réalisateur Denis Villeneuve savent d’emblée qu’ici, de film d’invasion extraterrestre hollywoodien il ne sera point question. Oubliez les explosions à tout va et les vilains Aliens dézinguant les braves familles américaines à tour de bras (ou de tentacule, au choix). Villeneuve a fait le choix de la science-fiction intelligente.

Premier Contact (adapté du roman Story of your life) risque de désarçonner. Il y a un peu d’âme kubrickienne. Une résonance au Contact de Zemeckis, aussi. Ici, la planète est envahie de gigantesques vaisseaux extraterrestres. Le gouvernement fait alors appel à une linguiste pour découvrir leurs intentions.
Le rapport au langage est l’élément central du film : Denis Villeneuve joue finement sur ce thème, sous le prisme des envahisseurs. Le réalisateur est, d’ailleurs, un sacré équilibriste : il arrive tourner à la fois un blockbuster extraterrestre et un film d’auteur. Mieux, on voit là toute la polyvalence de son cinéma : science-fiction, mélodrame, fantastique, film d’invasion, le cinéaste mélange tout avec brio. Tout en parvenant parfaitement à représenter les extraterrestres, sortes de pieuvres géantes, nappées dans la brume, mystérieuses, convoquant l’univers lovecraftien.

Malgré toutes ses qualités, Premier Contact n’évite pas les faux pas. Amy Adams, brillante, voit son jeu sobre trancher trop nettement avec ceux de Jeremy Renner, transparent, et Forrest Whitaker, inutile. Aussi, la répétition de scènes (flashbacks, souvenirs, « conversations » avec les Aliens…) finit par gripper quelque peu la machine et parasiter la puissance du film. Dommage, d’autant que les indices distillés tout au long obligent le spectateur à rester attentif du début à la fin.
Ambitieux et cérébral, certes. Mais fascinant.

>Science-fiction (USA). Durée : 1 h 56. De Denis Villeneuve. Avec Amy Adams, Jeremy Renner…
>NOTE : 3,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=rcOKL69bKpQ[/youtube]

Friend Request : Facebook tueur

L’horreur 2.0 revient tisser sa toile au ciné, avec l’arrivée de Friend Request. Prometteur, mais rapidement torpillé malgré ses bonnes idées.

friend request

Laura est une étudiante branchée. Si, si. La preuve, elle a 837 amis sur Facebook. Un beau jour, par gentillesse – et un peu par pitié – elle accepte la demande d’ami d’une certaine Marina, jeune fille dite « introvertie » (comprenez flippante parce que solitaire et habillée en noir). Sauf que Marina devient vite envahissante. Jusqu’à harceler Laura qui décide de la supprimer de sa liste d’amis. À partir de là, sur fond d’événements paranormaux, ses proches vont mourir un à un…

C’est qu’elle était prometteuse et maline, cette idée de base de Friend Request. Mais une fois le film terminé, que reste-t-il ? Pas grand-chose à vrai dire. Après Unfriended (ou Nerve dans une moindre mesure), c’est donc un nouveau venu dans le monde de l’horreur sur fond de Facebook. Qui, malgré toute sa bonne volonté, échoue dans sa mission.
Ici, zéro frisson à l’horizon. Les jump-scare(*), aussi prévisibles qu’éculés, ne font que torpiller Friend Request et le vautrer dans le cliché de bas-étage. Un vrai gâchis quand on voit, durant la première demi-heure, qu’il s’inscrit dans la veine d’une série B certes sans prétention, mais diablement efficace et accrocheuse. Pour preuve, ces séquences d’animation horrifique en noir et blanc, la présence de la lumineuse Alycia Debnam-Carey, le regard intéressant sur la solitude et/ou les réseaux sociaux…

Mais dans son heure restante, Friend Request titube, se perd jusqu’à en devenir banal et ennuyeux, mélange maladroitement épouvante et thriller. Avant d’échouer lamentablement dans un dernier acte à la limite du pathétique. Friend Request est loin d’être une purge, certes. Mais il reste bien trop classique et faiblard pour tisser sa toile dans le monde du film d’horreur 2.0.

(*) procédé pour faire sursauter le spectateur

>Épouvante/thriller, de Simon Verhoeven (USA). Durée : 1 h 27. Avec Alycia Debnam-Carey, William Moseley, Brit Morgan…
>NOTE : 2,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=uwFs-k23LyQ[/youtube]

Swagger, le docu trop swag

Attention, pépite. C’est ce mercredi que sort sur nos écrans Swagger, le documentaire (hyper) malin d’Olivier Babinet.

swagger

« Les architectes, ceux qui vivent dans les grandes villes, eh ben ils savent pas la vie de banlieue, comment qu’c’est, etc. Ils font des grands bâtiments. Après, tellement il est grand, eh ben, les gens ils veulent pas vivre dedans. » C’est la petite Naïla qui dit ça. Son regard est un peu perdu. Elle est jeune, toute jeune. Mais sa réflexion est surprenante. De toute façon, tout est surprenant dans Swagger.

Swagger est le documentaire réalisé par Olivier Babinet. Un voyage en banlieue, justement. Une virée dans la tête de onze enfants et ados des cités, d’un collège d’Aulnay-sous-Bois. Pendant près d’une heure et demie, leur regard singulier sur la vie, l’amour, la société, etc., fait l’effet d’un uppercut. Des réflexions si simples et pures qu’elles en y puisent toute leur puissance.
De ces entretiens menés par le cinéaste, les réponses sont toujours drôles ou lucides. Spontanées, surtout. Les fringues et le charisme ? Hyper important pour Régis qui précise par contre que « François Hollande, quand il marche… c’est pas trop ça ». L’amour ? « C’est quand tu penses que t’as trouvé quelqu’un qui te manquait. »

Au-delà de ces témoignages, le cinéaste s’amuse parfois à injecter une dose de fiction dans son documentaire, en mettant en scène des souvenirs par exemple (la séquence comédie musicale). Son utilité peut être discutée, vu l’intensité du récit. Même si cela n’enlève rien à la force du film et ajoute du pep’s à l’ensemble, certes. Swagger n’est jamais condescendant. Pas même de morale ronflante. Il est en revanche terriblement intelligent et touchant. Olivier Babinet disait qu’il voulait avant tout filmer ces jeunes « comme des héros de cinéma » et « enregistrer leur parole » ? C’est fait. Très bien fait même.

 > Documentaire, d’Olivier Babinet (France). Durée : 1 h 24.
> NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=bVORfxr6zvM[/youtube]

Inferno : le film infernal

C’est reparti pour un tour, avec une nouvelle adaptation d’un des romans de Dan Brown. Loin d’avoir cassé le box-office américain, Inferno réussira-t-il à plaire au public français ? A tmv, on a déjà notre avis…

Inferno
« Quelqu’un sait pourquoi je suis dans ce film ? »

Inferno, l’adaptation de trop ? Après Da Vinci Code en 2006 et Anges et Démons en 2009, Ron Howard reprend les rênes une troisième fois avec ce nouvel épisode et replace Robert Langdon sur le devant de la scène. Sauf que cette nouvelle incursion dans l’univers de l’écrivain Dan Brown, loin d’être explosive, ressemble davantage à un pétard mouillé.

Pourtant, tout démarre plutôt sur les chapeaux de roues. Robert Langdon (Tom Hanks, de nouveau) se réveille dans un hôpital italien, amnésique. Traqué par des tueurs, accompagné d’une médecin, il va alors sillonner l’Europe pour déjouer un complot et empêcher le déchaînement de l’Enfer. La première demi-heure, menée à un rythme haletant, est traversée de superbes idées (les visions infernales). Mais rapidement, Inferno s’essouffle. Piétine et patine. Ron Howard semble s’imaginer qu’il suffit de secouer une caméra pour donner l’impression d’un film palpitant et speed. Il n’en est rien : Inferno devient vite désagréable et chaotique. Pas de quoi arranger un ventre mou qui cannibalise en plus les trois quarts du long-métrage, sombrant dans une lenteur soporifique.

Désarmant parce que vieillot et désuet, Inferno manque de piment pour accrocher, d’autant qu’il en oublie son côté ésotérique au profit d’un thriller brouillon. Désarmant aussi, parce que dans tout cela, il y a un Tom Hanks en pilotage automatique total. Un crève-coeur, vu l’immensité de son talent. Mou, sans envergure, Hanks traîne des pieds et assure le minimum syndical dans sa course à la montre bébête pour empêcher l’Apocalypse.
Une cruelle déception qui finit d’achever un troisième épisode finalement bien dispensable…

> Thriller/policier, de Ron Howard (USA). Durée : 2 h. Avec Tom Hanks, Felicity Jones, Omar Sy, Irrfan Khan…

> NOTE : 2/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=RH2BD49sEZI[/youtube]

Mademoiselle : sensuelle manipulation

Avec Mademoiselle, Park Chan-Wook prouve de nouveau à quel point quel metteur en scène fantastique il est. Doux érotisme et histoire d’escrocs au programme !

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Comment définir la nouvelle offrande de Park Chan-Wook ? Un thriller psychologico-lesbien ? Un drame érotique mâtiné de romance ? Un simple jeu de dupes alambiqué ? Un peu tout ça à la fois, en fait. Avec ce Mademoiselle (Agassi en VO), le cinéaste coréen s’est inspiré de Fingersmith, roman saphique de Sarah Waters paru en 2002. Reprenant les grandes lignes, le réalisateur place toutefois son histoire au cœur des années 30, dans une Corée du sud sous occupation japonaise. Mademoiselle s’intéresse à une jeune fortunée (Hideko) voyant un jour arriver une jeune servante (Sookee), en fait de mèche avec un escroc sadique n’en voulant qu’à son argent.

Mais de ce postulat, Park Chan-Wook va dérouler une histoire de manipulateurs manipulés, un habile jeu de rôles plein de surprises et de rebondissements. Où les cartes sont continuellement redistribuées.
S’en sortant plutôt bien dans l’ensemble (les trois parties du film sont cependant inégales), Park Chan-Wook prouve surtout quel réalisateur virtuose il est. Photographie léchée, composition réfléchie, splendeur visuelle : jusque dans ses moindres détails, Mademoiselle est de toute beauté. Il est d’ailleurs intéressant d’observer que dans cet écrin, le beau cache souvent le laid (un sublime cerisier en fleur, mais auquel on se pend…).

Chic, le film l’est jusqu’au bout. Même quand, nourri d’un érotisme soft, il dépeint la relation passionnelle (et charnelle !) de la maîtresse et de sa servante. Le sexe et l’amour, ici, se mélangent au fétichisme, à la mort, à la violence. Une habitude chez le cinéaste.

Un film chausse-trappes, pensé sous forme de fausses pistes, peut-être mal proportionné mais qui rappelle de nouveau que Park Chan-Wook, en plus d’être formidablement romanesque, est un grand metteur en scène.

Aurélien Germain

> Thriller/drame de Park Chan-wook (Corée du Sud). Durée : 2 h 25. Avec Kim Min-Hee, Kim Tae-Ri, Jung Woo-Ha…
> NOTE : 3,5/5

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Snowden : film sous surveillance

On attendait tout de même mieux de la part d’Oliver Stone qui voit son Snowden s’effacer derrière Citizenfour.

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On connaît l’histoire. Celle d’Edward Snowden. Informaticien de génie, patriote idéaliste, qui un jour intègre les équipes de la CIA et de la NSA. Follement enthousiaste, jusqu’au jour où il découvre les méthodes scandaleuses de l’Agence de renseignement américain. Et révèle à des journalistes que le gouvernement des États-Unis espionne et surveille appels, mails, SMS et a mis sur écoute un paquet de monde, à une échelle inimaginable.

Cette histoire de l’ennemi public n°1 outre-Atlantique, elle était déjà parfaitement décryptée dans l’extraordinaire documentaire Citizenfour, de Laura Poitras. Et durant les deux heures du film d’Oliver Stone, c’est malheureusement son ombre qui ne cesse de planer. Snowden version 2016 souffre très vite de la comparaison. Inévitable, certes, mais posant alors la question de la pertinence de réaliser un film sur « ce qui a déjà été raconté ». Oliver Stone se sert même de ce documentaire comme point de départ. Pour dérouler ensuite un portrait très (trop ?) flatteur, quasi hagiographique, d’Edward Snowden. Sans réelles nuances, autant de manichéisme tend parfois à desservir le propos du cinéaste.

Pourtant, Snowden est porté à bout de bras par un Joseph Gordon-Levitt toujours aussi talentueux (on se souvient de The Walk !). S’effaçant derrière les traits du lanceur d’alerte, le comédien offre une performance toute en retenue. Les bonnes idées de mise en scène sont là aussi. Le film, même s’il est imparfait, reste solide. Mais malgré tout, le manque de gnaque d’Oliver Stone nous ramène constamment à un biopic un peu linéaire et lisse. Trop pour faire oublier son mentor Citizenfour. Encore.

Aurélien Germain

>Biopic/thriller, d’Oliver Stone (USA). Durée : 2 h 15. Avec Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley, Rhys Ifan, Nicolas Cage, Melissa Leo…
>NOTE:3/5

>Attention, sortie le 1er novembre.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Al7adfN3EaY[/youtube]

Good old film festival : pellicule & argentique contre-attaquent

Du 22 au 29 octobre, le Good old film festival veut mettre en valeur le cinéma sur pellicule et la photo argentique. Un décor ? La ville de Tours. Bref, un festival à l’ancienne comme on les aime.

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Le Good old film festival, c’est quoi ?

Un festival unique sur Tours entièrement dédié aux techniques traditionnelles de la photo et du cinéma. Comprenez : gloire à l’argentique et à la pellicule ! Le tout, du 22 au 29 octobre. Bref, une semaine de découverte, d’apprentissage et de création au goût bien « old school ».
Derrière le Good old film, il y a United Photographs et Les Compères Production que les Tourangeaux commencent à bien connaître. On les avait notamment repérés avec leur premier court-métrage Quelques Gouttes Suffisent. C’est d’ailleurs de là qu’est née l’idée du festival. « À l’époque, on avait emmené aussi une expo en argentique qui avait cartonné. Avec l’histoire de la pellicule, il y a un côté vintage. On voulait mettre ça en valeur », rappelle Jérémy Ciepielewski, co-créateur et président de Compères Production. « Il y a ce côté unique avec la photo argentique. Et de plus en plus de cinéastes veulent sauver la pellicule. »

Un marathon création

Pendant la semaine, on pourra notamment s’initier à la photo argentique avec Alexandre Grden (président de United Photographs) et Maxime Fayaud, l’un des boss tourangeaux de la photo. Mais outre cet atelier le 22 octobre (il faut s’inscrire !) et des conférences, le temps fort c’est tout de même le marathon artistique.
« Cet été, on a choisi 4 photographes et 4 cinéastes. Les premiers vont devoir shooter dans une zone imposée de Tours. Idem pour les réalisateurs ! De quoi mettre aussi en valeur la ville », indique Jérémy. Durant 7 jours, ils seront donc dans les rues de Tours pour ensuite diffuser, le 29 octobre aux Studio, leurs films d’une durée de 3 à 6 minutes. Les photographes, eux, auront droit à leur expo. « C’est un vrai marathon, car ils vont carburer à fond ! »
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Faire sa place

Des festivals de cinéma, à Tours, il y en a ! Pas trop difficile d’entrer dans la danse en tant que petit nouveau ? « Globalement, ça a été dur. On occupe un autre créneau. C’est moins de la diffusion. On est surtout dans la création. Le gros frein a été notre âge (23 ans en moyenne, NDLR). Parfois, on nous demandait si c’était pour un projet d’école… », soupire Jérémy.
Mais projet béton oblige, la municipalité a suivi. « Comme on met en avant des quartiers de Tours, on a obtenu le label de création et diffusion Rayons Frais. Du coup, on a par exemple pu avoir la salle Volapük pour développer la pellicule. » Le Good old film assure aussi, de par son ambition, « s’adresser à tout le monde. On veut toucher le maximum de personnes ».

Le vintage revient en force

Les 8 Salopards de Tarantino tourné en 70 mm ? Le titre Super 8 de JJ Abrams ? Kodak qui ressort un prototype de caméra argentique ? Oui, le vintage revient à la mode. Jérémy confirme. « Regardez l’objet le plus vendu sur Amazon en décembre… C’était un tourne-disque ! », compare-t-il. « La pellicule et l’argentique reviennent. Les gens disent : « c’est bien aussi de voir les défauts ». « Et puis ce n’est pas la même approche. » Le côté « froid » du numérique joue son rôle. La nostalgie aussi. Regardez donc ce retour en force du Polaroïd…

L'équipe du Good old film festival (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
L’équipe du Good old film festival (cliquez sur la photo pour l’agrandir)

Le Teckel : sardonique à souhait

Un film qui a du chien, ça c’est sûr. Satire sociale délicieuse, Le Teckel est le dernier film de Todd Solondz.

Le Teckel

Un film sur un teckel, vraiment ? Un animal tout mignon tout plein qui transformerait un long-métrage en conte philosophique décapant et cruel, vraiment ? Oui, vraiment. Il n’y avait que Todd Solondz pour s’y risquer. L’auteur du fracassant Happiness est de retour avec Le Teckel. Qu’il avait présenté à Deauville avec ces mots : « Je fais des comédies tristes. Si vous voulez rire, c’est ok. Mais si vous ne voulez pas rire, c’est ok aussi. » Très bien, merci Todd.

Alors débrouillons-nous. Le spectateur se retrouve avec « ça » entre les pattes. Une film à sketches, à travers lesquels un simple teckel sert de fil conducteur, tout en étant pourtant un protagoniste passif. Ce chien-saucisse est présent. Oui, certes. Mais ne fait quasiment rien. Todd Solondz l’utilise brillamment : à travers l’animal, ce sont des crises existentielles qu’il cristallise. C’est la Mort qu’il met en lumière.

Le Teckel est délicieusement absurde (le travelling sur les besoins du chien ou encore l’interlude totalement fou). Un film mordant ? Pour sûr. Un ton grinçant ? Oh que oui. L’humour (très) noir éclabousse tout ici. Dans les quatre segments corrosifs du film (qui, en fait, courent de l’enfance à la fin de vie), ce joli petit chien – surnommé tour à tour « petite crotte » ou encore « cancer » (!) – permet d’aborder la solitude, la vieillesse, la maladie… Le tout, toujours transpercé de fulgurances hilarantes, à condition d’accepter de plonger dans la farce morbide que présente Todd Solondz.
Et même si Le Teckel n’échappe pas à l’écueil des gags inégaux, son cynisme brillant le tire vers le haut. Tout en haut. Pour finir par balancer à la face des spectateurs médusés, l’absurdité de la vie.

Aurélien Germain

Comédie dramatique, de Todd Solondz (USA). Durée : 1 h 28. Avec Greta Gerwig, Danny de Vito, Julie Delpy, Kieran Culkin…
NOTE : 3,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=9J1Z14uXgVY[/youtube]

Deepwater : à l’intérieur de la catastrophe

Racontant l’histoire vraie de la catastrophe Deepwater Horizon, Peter Berg accouche d’une pelloche efficace, à la croisée du drame et du film catastrophe.

« Il va faire tout noir ! »

C’était en 2010. Golfe du Mexique. L’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, puis un incendie gigantesque… et, en plus de la dizaine de morts, près de 800 millions de litres de pétrole répandus dans l’eau. Le pire désastre écologique qu’aient connu les États-Unis. Peter Berg (Hancock, Battleship…) a décidé de montrer la catastrophe de l’intérieur.

Deepwater se concentre donc sur les vingt-quatre premières heures du drame. Coupant son récit en deux parties, Deepwater débute par une introduction longuette mais nécessaire aux personnages, nourri par un sous-texte un poil grinçant sur le capitalisme. Avant de partir dans l’action pure et dure, dans un rythme effréné, empruntant aux codes du film catastrophe. Le spectateur se retrouve alors plongé en immersion sur la plate-forme.
C’est là l’un des points forts de Deepwater : on ne redeviendra « témoin » qu’une fois les secours arrivés. Le cinéaste choisit, par cet angle, d’insister sur le drame humain. En installant une atmosphère oppressante due à un lieu franchement claustro, en filmant au plus près les protagonistes. Mais aussi en les dépeignant comme des personnages ordinaires, non comme des héros (Mark Wahlberg toujours aussi « cool », Kurt Russell en chef d’équipe façon papa). Pour lancer ses piques, Deepwater n’hésite pas à mettre en scène un John Malkovitch imbuvable et arrogant au possible dans son rôle de Donald Vidrine, l’homme de BP (société locataire de la plate-forme) qui aura en quelque sorte provoqué ce drame.

Intense tant sa description des faits que dans son point culminant (la séquence de l’explosion est spectaculaire), évitant par ailleurs le patriotisme ronflant inhérent à ce genre de productions, Deepwater est un film plus qu’honnête. Et surtout efficace.

Aurélien Germain

Drame/action de Peter Berg (USA). Durée : 1 h 47. Avec Mark Wahlberg, Kurt Russell, Gina Rodriguez…
NOTE : 3,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=9ds9T_RMDf0[/youtube]

Bridget Jones baby : que vaut son retour ?

Et de trois ! Bridget Jones re-revient. Une suite qui ne démérite pas et écrase, de loin, le deuxième opus des aventures de la célèbre célibattante.

PAUSE_ECRANS_CINE

Bridget Jones, sur un canapé, l’air dépité, sur l’air du larmoyant All by myself. Puis, la « célibattante » attrape la télécommande et zappe sur le très hip-hop Jump Around. La première scène annonce la couleur : bienvenue dans le joyeux foutoir de Bridget Jones baby.

Mais c’est qu’on l’appréhendait, ce 3e épisode. Un premier film culte, un second décevant. Dans cette triste logique des studios qui ne pondent que des suites sans saveur, celle-ci aurait pu tomber dans le piège de la comédie réchauffée. Il n’en est rien. Ici, la jeune quadra, célibataire et concentrée sur sa carrière, rencontre Jack. Et retrouve Mark. Puis tombe enceinte… sans savoir lequel des deux est le père !
Comédie romantique jouant sur un triangle amoureux particulier (qui donne d’ailleurs lieu à de truculentes séquences), Bridget Jones baby n’a rien perdu de sa teneur humoristique. Nourries de dialogues ciselés, les vannes fusent, imparables (les apparitions hilarantes de la gynéco). Et si le film de Sharon Maguire souffre d’un ventre mou à mi-parcours, il parvient tout de même à tenir sur ses deux heures. Le casting, forcément béton, y aidant évidemment beaucoup : le duo d’amoureux joués par Colin Firth et Patrick Dempsey tape dans le mille et efface le souvenir de Hugh Grant.
Reste Renée Zellweger. Sa prestation ayant été éclipsée chez nos amis anglo-saxons en raison de sa chirurgie esthétique (OUI, le bistouri n’a pas que du bon), elle n’en reste pas moins attendrissante et drôle. Mais son jeu faiblard et trop léger ne convainc pas totalement.

Peu importe, au final, puisque le reste fait le job. Bridget jones baby va plus loin que la simple comédie romantique à la conclusion certes gnan-gnan. Il dresse en filigrane le portrait d’une femme qui s’aime hors des standards et s’assume. Et ça, c’est toujours rafraîchissant.

Aurélien Germain

>Comédie (USA), de Sharon Maguire. Durée : 2 h. Avec Renée Zellweger, Colin Firth, Patrick Dempsey…
>NOTE : 3/5

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Kubo et l’armure magique : merveille visuelle

Avec son Kubo, Travis Knight signe l’une des plus grosses surprises du trimestre. Un film d’animation de toute beauté.

Un magnifique conte philosophique. Un véritable voyage initiatique aux couleurs asiatiques. Voilà à quoi l’on pourrait résumer Kubo et l’armure magique. Spirituel, il l’est assurément et le maître Miyazaki n’est d’ailleurs jamais très loin. En résulte un film d’animation à la limite du sans-faute, une petite merveille visuelle que l’on doit à Travis Knight, vice-président de Laïka, studios passés maîtres dans l’utilisation de la stop-motion (animation image par image).

Ici, place à Kubo, jeune garçon d’une gentillesse sans faille devenu borgne. Quand il ne s’occupe pas de sa mère, il narre des histoires sur la place du village, donnant vie à de petits personnages en papier. Un pouvoir magique qui va vite le dépasser, le jour où il convoque l’esprit maléfique de son grand-père vengeur. Ce qui va le pousser à partir à la recherche d’une armure magique, accompagné d’une femme-singe et d’un scarabée samouraï courageux.
Vibrant hommage au Japon de la période Edo, Kubo et l’armure magique déroule une aventure à l’esthétique sidérante. N’oubliant jamais la réflexion (l’amour et même la mort), cette épopée questionne sans cesse à travers ses personnages. Tout en détail et en couleurs, réussi tant dans son graphisme que dans sa narration, Kubo n’en oublie toutefois pas l’humour. Distillé à petites doses, mais intelligemment, il fonctionne d’autant plus qu’il est porté par une succulente distribution de voix, Matthew McConaughey et Charlize Theron en tête (à voir ce que donnera le casting vocal français…).

Travis Knight signe là un film créatif (cette maîtrise de la stop motion est hallucinante), audacieux tout en restant humble, sachant parfaitement jouer sur la corde émotionnelle. Inspirant et inspiré, un petit bijou de toute beauté.

Aurélien Germain

Animation (USA), de Travis Knight. Durée : 1 h 42.
NOTE : 4/5

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Where to invade next : Moore l’envahisseur

Michael Moore revient ! Celui qui bouscule (et embête) l’Amérique a décidé, dans son nouveau docu, de glaner toutes les bonnes idées d’autres pays pour les ramener aux Etats-Unis.

Michael s'en-va-t'en-guerre
Michael s’en-va-t’en-guerre

Michael Moore aime définitivement taper sur les États-Unis. Outre-Atlantique, le documentariste bouscule. Dérange. Bowling for Columbine, Fahrenheit 9/11, Sicko… Chaque torpille de Michael Moore est un engagement, une petite bombe qui trouve toute sa force dans son humour, son côté (triste) farce.

C’est de nouveau le cas – peut-être plus que jamais d’ailleursŸ– avec ce Where to invade next. Un « docu-divertissement » dans lequel l’auteur américain joue l’envahisseur dans divers pays européens et en Tunisie, afin d’en importer les meilleures pratiques et idées sociales, histoire d’en inspirer les États-Unis.
Ainsi donc, 2 heures durant, Moore organise des rencontres avec des salariés, des patrons, des politiques. Entre ces discussions, la voix-o¤ du cinéaste et des images chocs (en témoigne cette séquence de violences policières posée sur la chanson We are the world). Where to invade next est un pamphlet qui dégomme les travers de l’Amérique sans jamais y poser sa caméra. Uniquement en récupérant ces fameuses bonnes idées venues d’ailleurs : congés payés en Italie, cantines françaises, prisons norvégiennes idylliques, enseignement en Finlande, etc. Dans cet ensemble délicieusement cocasse, Michael Moore brille. Grâce à un humour incisif, le docu amuse autant qu’il apprend et dénonce.

Dommage, toutefois, que le manichéisme de Moore soit si grossier. Sans aucune nuance, manipulateur, le réalisateur enfonce les portes ouvertes. Naïve et simplissime, la démonstration tourne autour de clichés et de raccourcis, et occulte tous les côtés moins glorieux (les pays visités ressemblent à de véritables utopies !). Et pourtant, ça fonctionne. Car Moore manie son montage comme personne. Parvenant à happer le spectateur, tout en dressant, en toile de fond, un portrait glaçant de l’Amérique. Et c’est irrésistible.

Documentaire de Michael Moore (USA). Durée : 2 h.
NOTE : 3,5/5

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Ben-Hur : inutile remake

Un énième remake qui voit le jour ? D’un film mythique de surcroît ? Le pari de la Paramount était bien trop risqué : Ben-Hur version 2016 mord la poussière et c’est bien dommage…

PAUSE_CINE
Tmv n’a pas aimé mon film ?! A L’ATTAAAAQUE !

Une seule question : Pourquoi ? Pourquoi se lancer dans un énième remake du mythique Ben-Hur ? Une sixième adaptation qui prouve une nouvelle fois qu’Hollywood tape dans de bêtes resucées pour espérer engranger un max de dollars… ou qui montre l’indigence scénaristique plombant le cinéma ? Car soyons clairs, il est difficile – impossible ? – d’égaler la version culte de 1959, signée William Wyler avec Charlton Heston.

C’est ce qu’essaie Timur Bekmambetov, connu pour son Abraham Lincoln chasseur de vampires, dans cette version 2016 de Ben-Hur. Le cinéaste agit en élève consciencieux. Respectueux, même. Il récite sa leçon, remplit le cahier des charges. Loin d’être le désastre annoncé par la critique américaine qui l’a étrillé, Ben-Hur fonctionne dans ses grandes lignes. À ce titre, la célèbre séquence de course de chars est à la hauteur et l’ensemble est loin d’être honteux.
S’il est vrai que, là où le chef d’oeuvre de 1959 brillait par ses décors monumentaux et grandioses, la version contemporaine mord la poussière en jouant trop sur les images de synthèse et le numérique sans âme (fâcheuse manie). Côté casting, si celui-ci tient à peu près la route, il peine à aussi à tenir la comparaison face à l’originel. Et que dire de la guest-star Morgan Freeman, affublé de dreadlocks ridicules…

Des qualités et des défauts, certes. Mais pendant deux heures, Ben-Hur souffre donc de ce sentiment de déjà-vu… en moins bien. C’est furieux et bien chorégraphié, mais le film de Bekmambetov renvoie toujours à cette impression de simple redite de classique, sans grand intérêt. Le public n’est pas dupe. Outre-Atlantique, il a boudé ce manque d’imagination. Résultat ? Un maxi-flop. Allez Hollywood, arrête ton char maintenant…

Peplum, de Timur Bekmambetov (USA). Durée : 2 h 04. Avec Jack Huston, Morgan Freeman, Nazanin Boniadi…
NOTE : 2/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ONelcFkRKLI[/youtube]

TOP4 ciné : aboule le pognon !

Le magazine Forbes a dévoilé le classements des acteurs et actrices les mieux payé(e)s du monde en 2016. Zoom sur les deux vainqueurs, du côté des filles et des garçons.

JENNIFER LAWRENCE

Popularisée par son rôle de Katniss dans la saga Hunger Games, Jennifer Lawrence truste la première place des actrices les mieux payées au monde avec 46 millions de dollars entre juin 2015 et juin 2016. Et à seulement 26 ans.

MELISSA MC CARTHY

Le remake de Ghostbusters a beau avoir fait un flop au box-office, sa comédienne Melissa Mc Carthy (très populaire outre-Atlantique) est seconde au classement des filles avec la bagatelle de 33 millions de dollars de revenus.

DWAYNE JOHNSON

Bye bye l’ex-number one Robert Downey Jr. En 2016, c’est Dwayne Johnson, alias The Rock, qui est l’acteur le mieux payé du monde avec 64 millions de dollars. Mister gros bras peut dire merci à Fast & Furious et San Andreas.

JACKIE CHAN

Avec 61 millions de dollars, Jackie Chan squatte la 2e marche du podium. Okay, on ne l’a pas franchement vu au ciné, mais la star de 62 ans reste une des idoles du public asiatique et américain. Et ça, ça n’a pas de prix.

Pour voir le reste du classement (et rêver un peu… ou pas), c’est PAR ICI ! 

Aurélia Mengin : « Le cinéma est un espace de jeu où tout est possible »

La réalisatrice réunionnaise Aurélia Mengin vient de poser sa caméra en Touraine pour tourner son prochain film. À cette occasion, tmv s’est entretenu avec cette cinéaste passionnante et passionnée.

Aurélia Mengin : le cinéma lui colle à la peau.
Aurélia Mengin : le cinéma lui colle à la peau. (Photo Vincent Mengin)

Pour votre nouveau film, vous avez décidé de tourner pour la première fois en Touraine. Pourquoi ?
C’est vrai que d’habitude, je tourne sur Paris ou à la Réunion. Ça a été compliqué, car j’ai écrit cinq versions de ce long-métrage. Il était d’abord prévu à Munich, avec un casting à 100 % allemand. Je voulais emmener toute mon équipe, mais c’était trop cher. Il y a 3 mois, je me suis dit que ça n’allait pas être possible. Nicolas Luquet qui travaille avec moi depuis 2010 (un Tourangeau interviewé sur tmvtours. fr en février 2016 – NDLR) m’a dit que la Touraine était canon ! Ses grands-parents sont d’anciens vignerons et possèdent un hangar, une petite maison, etc. Il fallait tout vider, mais je me suis dit que c’était top : c’était tout ce que je voulais, car je construis tous mes décors. Sa famille, hyper généreuse, nous a prêté les lieux. On a pu recréer un loft industriel, un bar étrange, une chapelle mystique…

Il y a quelques mois, une annonce avait été diffusée dans tmv pour compléter l’équipe. Vous avez pu trouver ?

Emmanuel Bonami sera de la partie pour le prochain film d'Aurélia Mengin (Photo unifrance)
Emmanuel Bonami sera de la partie pour le prochain film d’Aurélia Mengin (Photo unifrance)

Oh oui ! J’ai rencontré la Tourangelle Sandrine Legrand, une des deux maquilleuses qui a déjà travaillé avec le réalisateur Bertrand Mandico. J’ai aussi trouvé le couple gay qu’il me fallait à Tours, ainsi que mon premier assistant et des enfants du coin. Sans oublier la famille de Nicolas Luquet, M. Georget – « ma bonne fée » – qui m’a beaucoup aidée, la mairie de Chambray qui a accueilli le projet. Celle d’Athée-sur-Cher qui a permis de bloquer les routes durant le tournage. On filmera aussi dans la forêt d’Amboise pour le côté mystique.

L’an dernier, votre film Adam moins Eve était projeté au festival Mauvais Genre de Tours. On y trouvait un côté post-apocalyptique très prononcé. Votre nouveau long sera dans cette veine ?
Pas du tout. Je change constamment. Il y a toujours ce surréalisme, ce côté étrange. Mais je suis forcément influencée par la région où je tourne. Et la Touraine n’est pas très post-apocalyptique ! (rires). Ce film racontera l’histoire d’amour particulière entre un fantôme et une vivante, à travers un road-movie et des personnages atypiques. Il s’appellera Fornacis qui, en latin, signifie « fournaise ». Un hommage à la Réunion (d’où est originaire Aurélia – NDLR). J’ai auto-produit mon film. Je veux garder le pep’s que j’ai en tant qu’artiste. Un jus sans compromis ! Je veux rester une femme libre. Être réalisateur, ce n’est pas être assisté, c’est un métier passionné, il faut la gnaque ! Je ne pleurniche pas quand on ne m’aide pas.

Anna d'Annunzio, vue notamment dans l'Etrange couleur des larmes de ton corps.
Au casting, Anna d’Annunzio, vue notamment dans l’Etrange couleur des larmes de ton corps.

Pour en revenir à Fornacis, quel est le casting ?
Il y aura Philippe Nahon : j’ai écrit un rôle spécialement pour lui. C’est aussi la première fois que je travaille avec Emmanuel Bonami. Je suis curieuse de voir comment l’emmener dans mon univers. C’est un homme étonnant. Doux, alors qu’il joue souvent les méchants. C’est un guerrier au coeur tendre. Enfin, il y a Anna d’Annunzio, vue dans l’Étrange couleur des larmes de ton corps. Elle est sublime, a du charisme, une folie. Elle aime provoquer, titiller. Je pense qu’elle n’a peur de rien, elle possède un instinct animal et lit entre les lignes. Elle est l’enjeu du film. Elle incarne la beauté et le danger sans tomber dans la caricature. J’aime être troublée par les comédiens. Je les aime vraiment.

D’ailleurs que vous faut-il pour choisir vos comédien(ne)s ? Une bonne entente, des « gueules » de cinéma ? Je pense notamment à Jacky Berroyer avec qui vous avez tourné
Des gens que j’aime, avec qui je le sens. Je ne peux pas travailler dans une manipulation étrange, surtout si les scènes sont dures. Moi-même j’étais comédienne et je n’aimais pas souffrir. Après, c’est vrai que mes comédiens ont souvent « une gueule » ! J’ai du mal, je pense, si je ne trouve pas de personnage atypique. Un visage est un voyage. Ma caméra ne voyage pas si j’ai un visage lambda. Je me fiche des acteurs « bankables ». En France, on filme trop les M. et Mme Tout-le-monde. On a aussi un rapport à la femme assez macho : elle doit être belle, effrontée mais pas trop, fragile, à protéger. Je ne veux pas de potiches, j’ai une haute image de la femme.

Votre univers est assez « cru ».Pensez-vous que la création doit avoir des limites, ne pas aller trop loin ?

"Pour être réalisateur, il faut avoir la gnaque" (Photo Vincent Mengin)
Aurélia Mengin : « Pour être réalisateur, il faut avoir la gnaque » (Photo Vincent Mengin)

La création doit être totale et libre. Le cinéma français est dans le formol, globalement. Je n’ai pas de leçons à donner, je ne suis pas moraliste, attention ! Mais je suis activiste. Ma vie est engagée dans un sens différent : le festival Même pas peur que j’ai créé présente des films différents. Je préfère prendre des risques.

C’est votre père qui vous a transmis l’amour du cinéma, non ?
Oui, oui, oui ! J’ai travaillé avec lui dès mes 16 ans. Il était passionné de Buñuel , Dali, Godard… Il m’a emmenée vers ce cinéma-là, celui de la liberté. Le cinéma est un espace de jeu où tout est permis.

Le corps est toujours très présent dans vos films. Pourquoi ?
Oui, il est omniprésent. J’ai un rapport compliqué avec le corps. Je l’aime sans habits, mais je ne m’aime pas trop. Donc j’ai besoin de le filmer. C’est peut-être une forme de thérapie pour moi. Quand je regarde les gens, je les vois profondément. Il y a un rapport bestial mais sans vulgarité. J’aime enlever l’humain de son écorce sociale. Le corps est le miroir et le contre-miroir de l’âme.

Un dernier mot sur votre nouveau film… Une chance qu’il soit projeté à la Réunion au festival Même pas peur ? Ou même à Tours ?
Je ne sais pas. Honnêtement, je n’y pense pas encore. Là, je ne fais que penser au tournage. Je n’y réfléchirai qu’à la fin du mixage son au mois de mars. Pour le moment, l’important est que le 4 septembre, tout soit mis en boîte pour le tournage. Et sans regrets.

Propos recueillis par Aurélien Germain

Trailer d’Adam moins Eve, le précédent film d’Aurélia Mengin :

[vimeo]https://vimeo.com/109175668[/vimeo]

Fronteras : clandestinité et homosexualité

Mikel Rueda aborde, avec ce Fronteras, l’immigration clandestine et l’homosexualité… chez les ados. Un film beau, tout simplement.

Il y a dans ce Fronteras une beauté assez étonnante. Un film d’une simplicité extrême, emballé avec la candeur des débuts. Car c’est le premier long-métrage que signe Mikel Rueda. Et de là découle sa force. Fronteras – qui aborde immigration et homosexualité – est certes un peu brouillon. Il souffre aussi, parfois, de son montage trop haché et de quelques maladresses ankylosant le récit. Mais cela n’enlève rien à son charme, à sa pureté.

Tout part de deux histoires. La première sur Ibra, un ado marocain en instance d’expulsion, car déclaré illégal sur le territoire espagnol. La seconde sur Rafa, adolescent lui-aussi, lambda au possible : il sort en boîte, joue à la console, fait du sport. Et puis, les deux récits vont se lier habilement. Vont se croiser, s’entrelacer, jusqu’à s’épouser. Car Ibra et Rafa vont devenir amis. Puis bien plus que ça. L’envie du premier baiser se fait ressentir. L’envie de se cacher aussi.

Parce que des deux côtés il y a pression. Pour Ibra, c’est comme s’il devait obligatoirement vendre de la came pour s’en sortir. Pour Rafa, c’est une bande d’amis qui insiste lourdement pour qu’il embrasse une fille. Mais l’un comme l’autre n’en ont pas envie. Ce sont des codes, des « normes », qu’ils refusent. Avec en toile de fond, le racisme et l’homophobie.
Et ça, Mikel Rueda le raconte avec finesse et grande sensibilité, renforcée par des nombreuses séquences improvisées. Une réussite bien évidemment aussi imputable aux performances extraordinaires des acteurs non-professionnels (le réalisateur souhaitait une certaine authenticité). Notamment les deux personnages principaux, campés par les éblouissants Germán Alcarazu et Adil Koukouh. En fin de compte, de Fronteras naît un cinéma politique et beau. Tout simplement.

Aurélien Germain

Drame/Romance (Espagne), de Mikel Rueda. Durée : 1 h 31. Avec Germán Alcarazu, Adil Koukouh…
NOTE : 3,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=2LfYs3J9wZU[/youtube]

Nos Pires voisins 2 en mode automatique

On prend (presque) les mêmes et on recommence : la suite de Nos Pires voisins offre un bête ersatz du premier, version revanche féminine. Une petite comédie estivale sans grande prétention.

Toi aussi trouve la personne qui a de faux abdos.
Toi aussi trouve la personne qui a de faux abdos.

Il est loin le temps où Zac Efron, sex-symbol idole des adolescentes émoustillées, faisait ses premiers pas avec High School Musical. Passé ensuite par la case cure de désintox’, le beau gosse tape désormais dans la comédie estudiantine pour reconquérir son public. Après le four Dirty Papy et le premier épisode de Nos Pires voisins, le revoilà à l’affiche…

Mais difficile de réussir une suite pertinente. Surtout s’il s’agit d’un film comique. Alors que dans le premier volet, un couple tranquille (Seth Rogen/Rose Byrne) devait faire face à une fraternité débridée (menée par Zac Efron), ils doivent cette fois affronter une sororité d’étudiantes surexcitées. Pour les faire déguerpir, le couple va utiliser une arme secrète™: leur ancien ennemi, toujours joué par mister Efron.
Bref, un scénario en mode repeat, mais version féminine. Tenant sur un argument de départ ténu (la débauche des jeunes étudiantes naît d’une contestation du sexisme et de la rigidité du système universitaire), le récit patine vite pour n’offrir, au final, qu’une bête resucée du premier opus.

Certes, les blagues sont toujours là. C’est aussi gras que le bidon de Seth Rogen (égal à lui-même, c’est-à-dire génial). Ça balance quelques vannes trashouilles bien senties. Sauf que le résultat est bien moins énergique. Paresseux dans son écriture, Nos Pires voisins 2 ne réjouit que lorsque Zac Efron se moque de lui-même. Très second degré, il apparaît clairement au même niveau que Seth Rogen. Deux comédiens qui, du coup, éclipsent tous les autres personnages, d’une Rose Byrne effacée à une Chloë Grace Moretz peu transcendante. Au final, une petite comédie d’été sans prétention, reposant uniquement sur le succès du premier film. Allez, hop. Emballé, c’est pesé.

>Comédie, de Nicholas Stoller (USA). Durée : 1 h 31. Avec Zac Efron, Seth Rogen, Rose Byrne, Chloë Grace Moretz…
>NOTE : 2,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=LwAMUVmAseQ[/youtube]

Ninja Turtles 2 : Megan Fox, tortues et pizzas

Ce qui est sûr, c’est que cette suite de Ninja Turtles est un poil plus réussie (d’un côté, ce n’était pas dur). Pour le reste, seuls les fans aimeront. Et encore… RrrrZZzz…

La Belle et les bêtes.

On ne misait pas grand-chose sur cet épisode 2 des Tortues Ninja, suite à la catastrophe de 2014, enfantée par Jonathan Liebesman et produite par Michael Bay. En 2016, mister Bay reste, mais c’est au tour du quasi-inconnu Dave Green de passer à la réalisation. Le cinéaste ressuscite nos tortues fans de pizza dans une suite un poil plus sympathique que le premier opus.

Cette fois, les quatre frères doivent prendre le risque de se montrer au grand jour. En effet, leur ennemi juré Shredder s’est évadé de prison, aidé par un savant fou et de Rocksteady et Bebop, deux débilos ultra-violents. Sans compter Krang, sorte d’alien mi-cervelle mi-chewing gum recraché, décidé à dézinguer la planète. Clairement pensé comme un produit sans prise de tête, ce gros bonbon qu’est Ninja Turtles 2 va, durant près de deux longues heures, enquiller les moments d’action dans un rythme effréné.
Cela dit, emballé dans un script qu’aurait pu écrire un enfant de 3 ans sous sédatif, Ninja Turtles 2 frôle souvent le ridicule. Pour un résultat cartoonesque, s’adressant au jeune public et aux nostalgiques du dessin-animé, le film a beau caractériser correctement ses tortues et faire sourire, il cède souvent à la facilité.
Et les personnages secondaires n’aident pas. Si les mâles en rut jubileront à l’idée de voir une Megan Fox toujours sexy mais aussi utile qu’un slip dans un camp naturiste, les autres soupireront face à un Stephen Amell transparent ou des Bebop et Rocksteady prometteurs mais presque consternants.

Finalement, dans ce déluge d’effets spéciaux baveux et cette surenchère visuelle et sonore, ce blockbuster sort la tête de l’eau uniquement grâce à son humour décomplexé et sa nostalgie des années 80. Bref, un 2e épisode entre le gros divertissement esthétiquement laid et la madeleine de Proust poussive. Vivement le troisième…

> Action, de Dave Green (USA). Durée : 1 h 52. Avec Megan Fox, Stephen Amell, Brian Tee…
> NOTE : 2/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=1yGeuHNqr1E[/youtube]

Love & Friendship : Jane Austen au ciné

Whit Stillman revient avec cette relecture d’une nouvelle de Jane Austen : Love & Friendship sort sur nos écrans.

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Whit Stillman tourne peu. Très peu. Cinéaste iconoclaste mais bien trop rare, le réalisateur dit « intello » navigue à contre-courant en choisissant, cette fois, d’adapter un écrit de la mythique Jane Austen. Stillman aurait pu choisir une oeuvre connue de la Britannique, mais il a préféré l’une de ses premières nouvelles. Soit Lady Susan, écrit en 1790 et publié de manière posthume en 1891.

Dans Love & Friendship, voilà donc Lady Susan, veuve et séductrice, désormais sans le sou. Épaulée par une amie, elle va se mettre à la recherche de riches époux, pour elle et sa fille. Un chassé-croisé amoureux s’engage. Le spectateur embarque alors dans une partie d’échecs sentimentale, dans laquelle Whit Stillman fait la part belle aux répliques qui font mouche. Ici, les dialogues sont rois. Affinés, exquis. Le réalisateur, véritable virtuose du verbe, déroule son récit avec grâce et intelligence.

Dans un déluge de complotisme amoureux et d’alliances, Love & Friendship accumule les protagonistes. Même si Stillman fait le choix — étonnant — d’afficher ses personnages (avec nom, prénom et fonction) à la Tarantino, on se perd alors rapidement dans cette galerie. D’autant que la comédienne Kate Beckinsale, formidable en Lady Susan qu’on aime détester, éclipse tout (même cette mise en scène banale) et tout le monde. Reste Tom Bennett, hilarant dans la peau du prétendant surexcité et totalement crétin (la scène où il s’extasie devant des petits pois est jubilatoire).
À condition d’aimer les films à costumes et les romances bavardes, Love & Friendship saura donc plaire au public qu’il vise et se posera en divertissement rafraîchissant et agréable. Les autres l’oublieront bien vite.

Aurélien Germain

Romance – comédie de Whit Stillman (Irlande-France-USA). Durée : 1 h 32. Avec Kate Beckinsale, Chloë Sevigny, Stephen Fry…
NOTE : 2,5/5

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The Witch : ensorcelant

Véritable tableau pictural, le premier long de Robert Eggers est ensorcelant : plongez chez les sorcières et les puritains avec The Witch, l’un des meilleurs films de genre de ces dernières années.

PAUSE_ECRANS_CINE

Partout où il est passé, il a fait sensation. Partout où il a laissé son odeur de soufre, il a exercé une fascination. The Witch, « film d’horreur indé », a eu un succès monumental dans tous les festivals. Gérardmer, Sundance, etc., tous ont succombé à cette noirceur satanique qui enveloppe le premier long-métrage de Robert Eggers.

The Witch se base sur une histoire vraie. Nous ramène en 1630, en Nouvelle-Angleterre. L’époque de la chasse aux sorcières, durant laquelle un couple dévot doit vivre à la limite de la civilisation. Le père et la mère portent toute la tristesse du monde sur leurs épaules : leur nouveau-né a mystérieusement disparu. Peu à peu, parents et enfants vont se dresser les uns contre les autres. En cela, The Witch ne plaira clairement pas à tout le monde. Parce qu’il est exigeant. Parce qu’il sort des sentiers battus. Et qu’il est bien loin des productions pathétiques tournées à la chaîne sans respect de son public (les Paranormal Activity et consorts).

the-witch-1325Au final, on n’est pas tant que ça face à un film d’horreur. Ici, le mélange est habile : puritanisme, mythologie populaire, occultisme, fondamentalisme religieux, symboliques païennes… Le cinéaste analyse les croyances de l’époque en menant parallèlement un récit fantastique imbibé d’une montée en tension anxiogène.
The Witch est noir, très noir. Malsain. Rugueux. Magnifié par une photographie extraordinaire (plastiquement, c’est somptueux), drapé dans une ambiance grisâtre et austère, The Witch ensorcelle. On pense parfois à Shining (pour cette folie insidieuse), à The Thing (ce lent suspens qui peut désarçonner) : ce n’est pas de l’horreur stricto sensu. The Witch est simplement mental. Un grand film basé sur la suggestion. Et c’est terriblement malin.

Aurélien Germain

« Horreur/épouvante », de Robert Eggers (USA/Canada). Durée : 1 h 33. Avec Anya Taylor Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie…
NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=zV3SIf3-dsc[/youtube]

Ma Ma : Penélope Cruz, mère courage

Ma Ma, le dernier film avec Penélope Cruz, vise juste : en parlant du cancer, il est à la fois touchant et beau. Très beau.

Les premières minutes de Ma ma sont un électrochoc. Ambiance clinique. Tons froids. Magda (jouée par Penélope Cruz) est allongée, seins nus. Elle a senti une petite boule et rend visite à son gynécologue. Le couperet tombe : cancer.

Ma ma n’est pas un film facile. Touchant, beau et en même temps d’une tristesse absolue, il raconte comment Magda, maman, décide de vivre pleinement sa vie malgré le cancer, malgré la perte de son emploi, malgré le départ de son mari. Bref, vivre et survivre malgré tout. De là, le réalisateur Julio Medem va accompagner Magda de plusieurs personnages masculins : son fils de 10 ans, un médecin bienveillant ou encore une récente rencontre.
Sans plonger dans le tragique bête et simpliste, le cinéaste enveloppe son oeuvre dans beaucoup d’élégance. Évidemment c’est mélo. Bien sûr, c’est douloureux. Mais Medem parvient à dérouler son drame sans pathos larmoyant et accablant, sans pleurnicherie aucune.

La réussite, sans aucun doute, est due à une Penélope Cruz simplement sublime. Habitée par son rôle, la belle Hispanique brille tant par sa grâce que par son jeu tout en retenue. Dans cette chronique lucide, la comédienne – magnifiée en héroïne solaire – brille en mère de famille touchée par la maladie, mais ne s’avouant pas vaincue. Une impression renforcée par la blancheur virginale qui teinte le personnage et certaines séquences. Séquences qui, d’ailleurs, pourront en désarçonner certains.
Il est vrai que parfois, Julio Medem en fait beaucoup. Trop, peut-être. Sur-esthétisation, mise en scène excessive (à la manière de Sorrentino !), ou symboliques pas franchement finaudes (un enfant qui jette des crabes pour parler du cancer, moui), le trop-plein guette quelques fois. Mais qu’importe dans une production si intelligente et lumineuse ?

Aurélien Germain

Drame de Julio Medem (Espagne). Durée : 1h 51. Avec Penélope Cruz, Luis Tosar…
NOTE : 3,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=JLiLEbdig44[/youtube]

The Door : oh, la purge…

Une fois de plus, voilà une petite production sans prétention et sans grand intérêt : The Door voulait faire frissonner ? C’est loupé.

Allô maman bobo, comment tu m'as fait chui pas beauuu
Allô maman bobo, comment tu m’as fait chui pas beauuu

« Vous n’oserez plus jamais ouvrir la porte », « un film d’horreur qui terrifie les États-Unis», … Brrr, c’est qu’on aurait presque tremblé de peur avec ces phrases-marketing balancées à la face d’un public qu’on nourrit aux films d’épouvante interchangeables et pathétiques. Sauf qu’une nouvelle fois, Hollywood a accouché d’une petite production cliché à souhait, ni inventive, ni même flippante. Simplement un doux ronron sans âme.

The Door (The Other side of the door, en VO) avait pourtant des atouts de côté : un décor (l’Inde), un postulat de départ intéressant (la détresse d’une maman qui a perdu son jeune fils dans un accident, sans avoir pu le sauver). Puis la découverte, par la mère, d’un rituel antique permettant de faire un dernier adieu à son enfant dans un temple… à condition de ne pas ouvrir la porte qui sépare les vivants des morts. Porte qu’elle va – bien évidemment – ouvrir.
Passée une introduction emballée en deux secondes chrono, le cinéaste Johannes Roberts va alors dérouler The Door sans aucune intelligence, enfilant sans gêne les clichés comme des perles. Recourant à tous les poncifs les plus éculés qui soient (oh tiens, une chaise qui bouge), The Door s’essaye sporadiquement à quelques jumpscares (procédé pour faire sursauter) foireux et prévisibles, annoncés et surlignés par une grosse-musique-qui-fait-peur-bouh.

De ce naufrage ne survivent qu’une photographie sympathique et une Sarah Wayne Callies (vue dans The Walking Dead) relativement juste dans son rôle de mère éplorée et pleine de culpabilité. Les autres personnages, sous-traités au possible (mention spéciale au papa), ne font que renforcer ce script écrit avec les pieds. La prochaine fois, n’ouvrez pas cette fichue porte, qu’on vous dit. On évitera une énième arnaque cinématographique.

Aurélien Germain

Épouvante, de Johannes Roberts (USA). Durée : 1 h 36. Avec : Sarah Wayne Callies, Jeremy Sisto…
NOTE : 1,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=PmqbhMOkE-Y[/youtube]

Men & Chicken : absurde et jubilatoire

De l’absurde, du foufou, du WTF : Men & Chicken débarque sur nos écrans. Un film hybride, mais terriblement malin.

Chicken Run chez Men & Chicken.
Chicken Run chez Men & Chicken.

Un OFNI. Un objet filmique non-identifié. C’est un peu ça, Men & Chicken : un extra-terrestre, une tambouille cinématographique à la fois déroutante, hilarante, perturbante, touchante.
Pondu par Anders Thomas Jensen (Les Bouchers verts, Adam’s apple…), ce Men & Chicken suit Gabriel et Elias qui viennent de perdre leur père. Ce dernier leur a laissé une vidéo, dans laquelle il leur annonce ne pas être leur père biologique. Les demi-frères vont alors tenter de rencontrer Evelio, leur vrai papa, généticien vivant dans une maison à la limite du sordide, où vivent aussi leurs autres frères… plutôt étranges.

Démarre alors un film rocambolesque, une fresque bizarroïde absurde, un drame complexe, un « freak show » déjanté dans un quasi huis-clos. Le tout, enveloppé dans un humour noir déroutant (la scène Bible/Darwinisme est grandiose). Difficile, d’ailleurs, de décrire Men & Chicken. Parce qu’à chaque séquence, le spectateur est trimballé dans des montagnes russes d’émotion et d’illogisme. Délicieusement fou, jubilatoire dans son postulat « on-ne-choisit-pas-sa-famille », traitant avec brio du rapport homme/animal, Men & Chicken est par ailleurs emmené par une tripotée d’acteurs extraordinaires, tant par leur jeu que leur physique (Mads Mikkelsen, méconnaissable en masturbateur compulsif !!).

Ce conte philosophique – aussi farfelu soit-il – a le mérite de prendre des risques, bousculer le public, entretenir une atmosphère drôle et inquiétante en même temps. Quitte à choquer ? Oui, assurément. Même lors d’une morale finale 100 % amorale. Irrévérencieux, le film de Thomas Jensen l’est donc jusqu’au bout de la pellicule. Iconoclaste, pas franchement grand public, certes. Mais à découvrir de toute urgence.

Aurélien Germain

> Comédie dramatique, d’Anders Thomas Jensen (Danemark). Durée : 1 h 38. Avec Mads Mikkelsen, David Dencik, Nikolaj Lie Kaas…
> NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=sNLp6V8tMoI[/youtube]

TOP 4 : et paf, la Maison Blanche !

Le 22 mai, TF1 diffuse La Chute de la Maison-Blanche. Parfait pour se faire un top 4 des films qui
ont pris plaisir à dézinguer la maison présidentielle… sans pitié !

INDEPENDENCE DAY
Planquez vos fesses, les aliens  ne sont ni contents, ni sympas.  Dans ce film culte de 1996, Roland  Emmerich réalise un plan mythique :  une énorme soucoupe volante, un  laser et BOUM, la Maison-Blanche  explosée. Rah, c’est pas gentil ça…

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2012
Roland Emmerich (encore !) a une  dent contre l’édifice. En 2009, il  tourne 2012. Bref, en gros, c’est la  Fin du monde et tout le monde y  passe. La Maison-Blanche aussi,  puisqu’elle se prend un porte-avion  en pleine face lors d’un tsunami.

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MARS ATTACKS !
Le film culte de Tim Burton y est  aussi allé de sa séquence destruction. Une fois de plus, ce sont les  extra-terrestres qui mettent le bazar  en pulvérisant tout dans la White  House. La First Lady, elle, périra  sous un lustre tombé du plafond.

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SUPERMAN 2
En 1980, dans le film de Richard Les- ter, Krypton débarque dans la mai- son du Président. Et vas-y que je te  détruis le toit, les portes, les colon- nes et même les gardes (normal, les  assaillants sont indestructibles). Et  qui va nettoyer, hein ?

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Robin Williams dans un Boulevard bouleversant

Boulevard, film testament de l’immense comédien Robin Williams, sort enfin sur les écrans français. Un bel hommage ?

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Touchant. Oui, Boulevard est touchant. Tout au long de ce  film maudit (budget quasi-inexistant, peu de recettes, dis- tributeurs aux abonnés absents…), il plane un petit « quelque  chose ». Parce que le point névralgique de Boulevard, c’est  Robin Williams. Le clown triste. Un immense acteur dont le  suicide, peu après le tournage, laisse ici un goût amer. L’impression de voir le comédien exposer sa propre tristesse à  l’écran. Et c’en est troublant.

Mais Robin Williams méritait-il meilleur testament que ce  Boulevard, réalisé par Dito Montiel ?
À contre-courant de  ses œuvres habituelles (davantage des action-movies), le  cinéaste laisse ici éclore toute sa sensibilité. Il fait le portrait  de Nolan, un homme effacé, au quotidien bien tristounet. Il a  beau aimer sa femme, il fait tout de même chambre à part.  Un jour, cet employé de banque modèle à l’existence aussi  vide que plate rencontre Léo, un jeune prostitué. Va alors se  tisser une relation d’amour (ou amitié ?) homo-érotique et  asexuelle, emprunte d’une tendresse que Nolan n’a jamais su  exprimer.

Force est donc de constater que dans Boulevard, tous les  regards se tournent sur un Robin Williams qui vampirise  l’écran, alors qu’il est paradoxalement quasi-inexpressif. Mes  ses yeux brillent. Le comédien aussi. Son regard, qui contient  toutes les peines du monde, agrippe le spectateur et ne le  lâchera pas.

Mais en dehors de cette interprétation « williamesque », le reste du film ne convainc guère. Noyé sous une  musique lancinante, Boulevard tend parfois à jouer de l’effet  lacrymal un peu trop facilement. Quel dommage, aussi, de ne  pas avoir plus insisté sur le rapport entre Nolan et sa femme.  Finalement, Boulevard ne trouve sa force que dans la puissante émotion dégagée par la pudeur d’un Robin Williams  bouleversant. Un joli dernier hommage.

Aurélien Germain

>Drame, de Dito Montiel (États-Unis). Durée : 1 h 28. Avec Robin Williams, Roberto Aguire…
> NOTE : 3/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=HCdUubr70i8[/youtube]

Sisters se la joue Projet X version quadra

Le nouveau film de Jason Moore, Sisters, se la joue Projet X version quadra… et bien plus sage !

Sisters
Les Sisters s’enjaillent !

Sisters est un cas typique. Celui du film qui restera anecdotique, malgré ses indéniables qualités. Le genre de comédie US agréable, mais bien trop légère pour laisser une empreinte durable. Sisters, c’est une sorte de Projet X pour quadras (en moins foufou), mélangé à l’esprit American Pie (en moins pipi-caca). Un trip régressif, mené par un duo déjanté de sœurs qui organise une grosse fête façon nostalgie dans leur maison d’enfance, bientôt vendue par leurs parents. L’occasion parfaite pour que Kate, la foldingue, puisse remuer Maura sa sœurette si sage et proprette. Un postulat déjà vu et revu, que le réalisateur Jason Moore – davantage habitué au monde de la télé – a choisi de traiter comme une comédie girlie rigolote à la Amy Schumer, mais bien trop gentillette et plombée par une écriture un poil paresseuse.

Pourtant, Sisters possède son lot de sympathiques moments : grâce à ce chouette binôme féminin survolté, on a ainsi droit à quelques comiques de situation vraiment très drôles. Le tout, aidé par une truculente galerie de personnages secondaires (le lourdaud camé à son insu, le dealer impassible, le vieux couple lubrique…).
Passant par la case ‘humour graveleux’, injectant une petite romance bébête mélangée à un discours familial un peu ronflant, Sisters attendrit parfois, fait sourire souvent, mais reste dans un rythme trop pépère pour sortir du lot. Souffrant aussi de longueurs, Sisters semble tirer à la ligne avec ses presque 2 h au compteur. Là où les 90 minutes de rigueur auraient suffit pour tirer un film si simple vers le haut. Il n’en reste pas moins que Sisters s’appréhende comme une petite production fun et sans prise de tête mais qui aura du mal à rester dans les mémoires.

Aurélien Germain

> Comédie, de Jason Moore (Etats-Unis). Durée : 1 h 58. Avec Amy Poehler, Tina Fey, Ike Barinholtz…
> NOTE : 2,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=IKkUR3oYKDw[/youtube]

Mr Holmes : Sherlock à la retraite

Bill Condon offre une relecture intéressante de Sherlock Holmes, avec un Ian McKellen toujours aussi extraordinaire.

Mr Holmes
Gandalf porte bien le chapeau.

Il y avait de quoi avoir peur avec ce Mr Holmes signé Bill Condon. C’est que le cinéaste, malgré son oeuvre Le 5e Pouvoir, est aussi responsable de films plus ou moins discutables comme les chapitres 4 et 5 de Twilight ou encore Dreamgirls. Mais ô surprise, en s’attelant à cette nouvelle lecture de Sherlock Holmes, Bill Condon s’amuse et offre une adaptation étonnante et réussie.

Dans ce Mr Holmes, le célèbre détective vit désormais une paisible retraite dans le Sussex, entouré d’une gouvernante et de son fils Roger. Sa passion ? Les abeilles… et ses souvenirs. Car Sherlock, maintenant nonagénaire amaigri et affaibli, a la mémoire qui flanche. Il décide alors de se pencher sur une vieille affaire non-résolue, malgré le récit élogieux qu’en fit le célèbre Watson à l’époque.
En se focalisant sur l’esprit plus si aiguisé de Sherlock Holmes, le réalisateur emmène le spectateur dans un jeu assez difficile à suivre au départ : il s’amuse à flouter la frontière entre fiction et réalité, balance entre présent et passé, en y ajoutant des flashbacks. On vient, on part, on revient. Mais rapidement, cette mise en scène fait effet, aidé il est vrai par l’immense Ian McKellen. À la fois mélancolique, beau et tendre, le comédien britannique (connu pour son rôle de Gandalf) sait varier sa palette d’émotions et son jeu. Précis, il montre à quel point le temps est assassin ; malicieux, il montre à quel point la mémoire est méandreuse.

Mr Holmes a beau être alourdi par quelques lenteurs (une intrigue trop étirée pour une résolution si simple), il a le mérite de proposer une intéressante (re)lecture du mythe. En brouillant la réalité, en dézinguant l’imaginaire collectif (ici, point de pipe, ni de casquette). En se voulant humain. Plus qu’un film de détective, un conte intimiste.

Aurélien Germain

> Policier de Bill Condon (États-Unis, G-B). Durée : 1 h 44. Avec Ian McKellen, Laura Linney, Milo Parker…
> Note : 3/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=tzqPKHI3M80[/youtube]

Dalton Trumbo : Guerre Froide à Hollywood

Dalton Trumbo sort sur nos écrans le 27 avril. Idéal pour se faire une petite piqûre de rappel historique sur la chasse aux sorcières qui a opéré en Amérique… et à Hollywood.

De Breaking Bad à Dalton Trumbo.

C’était le temps de la chasse aux sorcières. C’était le temps du Maccarthysme. C’était le temps de la Guerre Froide. Où, même à Hollywood, on traquait « les Rouges ». Dalton Trumbo fut l’une des figures emblématiques de cette période : un scénariste idolâtré et réputé – le meilleur disait-on à l’époque – tombé en disgrâce après avoir été placé sur la liste noire en raison de ses sympathies pour le communisme…

C’est cette histoire vraie qu’a voulu raconter Jay Roach, auteur d’Austin Powers ou encore Mon Beau-père et moi. Dans ce biopic élégant et passionnant, le cinéaste s’applique à suivre le fameux Dalton Trumbo, de sa confrontation au Congrès à son passage en prison, en passant par son exil et ses Oscars.
Interprété de façon irréprochable par l’excellent Bryan Cranston (le papa de Malcolm et Walter White dans Breaking Bad, oui oui !), Dalton Trumbo sait aussi s’entourer d’une brillante galerie de personnages. Parmi eux, John Goodman toujours aussi imposant et surtout Helen Mirren, exquise en chroniqueuse perfide et so chic !

Outre cette plongée dans les coulisses hollywoodiennes, dans une époque pas franchement glorieuse, le film de Jay Roach parvient aussi à saisir les conséquences de la clandestinité de Trumbo, entre vies brisées, instabilité familiale, lâchetés et injustices.
Et même si, dans la forme, Dalton Trumbo souffre évidemment de ce côté ronflant propre au genre du biopic (tout ça est un peu plat), il dépasse ce travers avec de subtils dialogues et des répliques assassines pour la plupart authentiques (« Il y a beaucoup de questions auxquelles il ne peut être répondu par oui ou non, que par un imbécile ou un esclave », dit Trumbo face au Congrès). Un portrait intéressant qui, certes aurait mérité d’accentuer son côté poil à gratter, mais qui se pose comme un plaidoyer politique et donne matière à réflexion.

Aurélien Germain

> Biopic, de Jay Roach (États-Unis). Durée : 2 h 04. Avec Bryan Cranston, Helen Mirren, Diane Lane…
> Note : 3,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=uKGOuvipG2g[/youtube]

Robinson Crusoé : un naufragé en 3D

Robinson Crusoé arrive au ciné et en 3D. Une petite production belge qui souffre de quelques défauts mais brille par sa technicité visuelle hallucinante.

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L’histoire de Robinson Crusoé, racontée du point de vue des animaux, notamment d’un perroquet… Il fallait le faire et le studio d’animation belge nWavePictures l’a fait. Un principe narratif différent pour un film étonnant : en signant ce Robinson Crusoé new generation, Vincent Kesteloot et Ben Stassen ont décidé d’une approche inédite et bien particulière (oubliez le compagnon Vendredi ; ici, il s’agit de Mardi et c’est un ara !).

Mais outre cette liberté par rapport au roman culte de Defoe, ce qui saute aux yeux en premier, dans cette petite production belge, c’est cette 3D brillante et d’une technicité hallucinante. Robinson Crusoé 3D est tout simplement éblouissant et époustouflant sur le plan esthétique. Toutes les textures, du ciel au réalisme de l’eau en passant par les pelages des animaux, montre une véritable maîtrise du procédé. Magnifiée par de sublimes couleurs et par un relief qui ferait rougir certains blockbusters hollywoodiens, la 3D bourrée d’ingéniosité est la véritable plus-value de Robinson Crusoé.

Une réussite qui rattrape les défauts dont pâtit le film. Car ce divertissement – certes rafraîchissant – souffre tout de même d’un récit bien trop linéaire et se voit plombé par des rebondissements pas vraiment excitants, au goût de déjà-vu. Un peu trop enfantin (les petits adoreront, mais il manque un niveau de lecture pour les adultes), Robinson Crusoé 3D pêche par son scénario léger et ses séquences un poil répétitives.
Dommage, car entre sa superbe palette graphique et ses personnages attachants (cette chèvre vieillotte, à moitié bigleuse et affamée est géniale), Robinson Crusoé 3D aurait pu réellement se démarquer et être une vraie merveille.

Aurélien Germain

> Film d’animation (Belgique) de Vincent Kesteloot et Ben Stassen. Durée : 1 h 30.
> NOTE : 2,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=eCeQkxLhhL0[/youtube]

Hardcore Henry : un ami qui ne vous veut pas du bien

Du film punk en veux-tu, en voilà : Hardcore Henry, filmé en FPS est une pépite qu’adoreront les gamers… et bien d’autres !

En mars 2013, la planète YouTube se prenait une petite baffe intitulée poétiquement Bad Motherfucker. Un court-métrage aux 35 millions de vues, tourné façon FPS. Soit comme « les jeux de tirs à la première personne », traduction de notre ami Wikipédia. Trois ans plus tard débarque donc son adaptation sur grand écran : Hardcore Henry, brûlot signé Ilya Naishuller.

Ultra-attendu des gamers (car tourné à la première personne) et véritable OVNI pour le reste (car tourné à la… bon ok), Naishuller voulait du « jamais-vu ailleurs » : l’ensemble des scènes est shooté à la caméra GoPro, tout en vue subjective. Ici, le spectateur est le héros du film. Vous êtes donc Henry, un homme qui revient à la vie avec une force incroyable, mais poursuivi par une tripotée de mercenaires plutôt énervés.
Ce qui est sûr, c’est qu’Hardcore Henry, en plus d’être survitaminé, est déjà un tour de force technique hallucinant. Une immersion réussie à 200 %, entre cascades improbables, corps-à-corps ‘’hardcore’’, fusillades explosives et bastons générales truculentes. Cette pépite déjantée et fantasque est en fait un film punk et jubilatoire, dynamité par une bande-son extra.

Sans temps mort (on frôle l’indigestion !), mais bourré d’idées, Hardcore Henry joue le coup des montagnes russes en piochant allègrement dans la grammaire visuelle du jeu vidéo. C’est tour à tour fou, furieux, violent et sanglant (âmes sensibles, s’abstenir)… mais c’est aussi – et étrangement – très drôle. Il suffit de voir l’utilisation du personnage joué par Sharlto Copley, dans ce délire loufoque et très second degré. De quoi d’ailleurs palier un scénario au ras des pâquerettes et une absence totale de discours. Reste cependant une caméra tellement saccadée qu’elle en rebutera plus d’un. Les autres, qui tenteront cette aventure intense, risquent de prendre un pied monumental.

Aurélien Germain

> Action, SF (Russie, USA), d’Ilya Naishuller. Durée : 1 h 30. Avec Haley Bennett, Sharlto Copley, Danila Kozlovsky…
> NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=96EChBYVFhU[/youtube]

Festival Mauvais Genre : allez (re)viens, on est bien

Du 24 au 28 mars, le festival Mauvais Genre a soufflé ses 10 bougies à Tours. Films à la chaîne, courts-métrages de folie et grosse ambiance ont rythmé la Bête. Petit review, histoire de se rappeler quelques souvenirs et vous donner des idées pour compléter votre vidéothèque.

JEUDI 24 : ouvre-toi, Mauvais Genre

Dix piges. C’est qu’il se fait vieux, le sale gosse de Mauvais Genre. Le festoche de ciné le plus fendard de Tours s’est ouvert au CGR Centre vers 20 h 30, ce jeudi-là. Ou quelque chose comme ça. C’est la faille spatio-temporelle du festival : on ne sait jamais trop quelle heure il est. Bref, passé le discours du big boss Gary Constant, et de l’adjointe à la culture qui avait – parce qu’on est des stars – visiblement lu notre interview (à relire ICI), place au premier court : LIFE IS STRANGE, petite bobine belge, où un SDF squatte un manoir. Un poil déjanté et bizarroïde, le film d’Alexandre Papeians était donc une entrée sympathique et idéale avant le plat principal.

You talkin' to me Michael Bay ?
You talkin’ to me Michael Bay ?

Plat principal qui, d’ailleurs, va vite virer à l’indigestion : 13 HOURS, le gros machin de Michael – attention une explosion ! – Bay (mais c’est pas la taille qui compte). La dernière offrande du cinéaste raconte l’affaire Benghazi, en septembre 2012, durant laquelle le consulat américain en Libye avait été pris d’assaut par des djihadistes. Six hommes (des Ricains musclés qu’on n’a pas envie d’embêter) s’étaient alors risqués au combat. Histoire vraie, donc, que Michael Bay essaye de reconstituer sans patriotisme bébête. Ça ne marche pas à tous les coups, certes, mais c’est terrifiant de réalisme. Tirs, rafales, explosions, de jour, de nuit : en fait, ça en jette, mais ça patine très vite et ça tourne en rond. 13 HOURS, atrocement interminable, aura carburé pendant 2 h 24 entre blablas longuets et canardages sanglants.

VENDREDI 25 : La Nuit Interdite

C’est THE moment. Là, où le public devient fou, où l’on crie « à poiiil Gary », où les films se succèdent toute la nuit, où les poneys deviennent loups-garous.
Côté courts-métrages, on a eu le plaisir de voir JUSTINES, de Rémy Barbe et Josephine Hopkins, présents dans la salle. Hyper-influencés par Orange Mécanique et Funny Games, les deux jeunes cinéastes filment trois criminels dans l’appart de deux sœurs. Un instant séquestration qui va finalement réserver bien des surprises… Tourné avec zéro moyens, le film a le mérite d’aller droit au but et se fend même de quelques séquences mémorables, aidées par une belle brochette de comédiens (Mathieu Lourdel, une vraie gueule).
Toujours en petit format, le réussi THREE WISE MONKEYS (d’étranges événements se produisent à cause d’une sculpture représentant 3 singes) alterne entre petits moments de flippe et moments gores, jusqu’à un final qui fait mal.

THE FORGOTTEN, premier long en compet’, portait de jolies promesses, mais ne parvient pas à viser juste. THE FORGOTTEN démarre pourtant fort en suivant un père et son fils, contraints de vivre dans un squat miteux, abritant d’étranges phénomènes derrière les murs… Dommage que l’environnement et le décor soient d’ailleurs si peu exploités (cette cité était pourtant bien flippante comme il faut !). Un peu laborieux, plombé par un final expéditif, et finalement pas si excitant, malgré d’indéniables qualités, notamment avec des acteurs au top et quelques jolis moments de trouille.

Vient enfin HARDCORE HENRY, hors compet’, mais l’une des claques du festival. Ultra-attendue des gamers, la chose est effectivement intégralement filmée en vue subjective (en mode FPS pour les intimes qui font graou avec leur manette). Voilà donc Henry, tout juste sauvé par sa femme, mais rapidement la cible de mercenaires plutôt… énervés. HARDCORE HENRY, outre son tour de force technique hallucinant, est totalement déjanté, punk et jubilatoire. Sans temps mort, bourré d’idées, totalement improbable et frôlant parfois le WTF, sanglant, déjanté et drôle. Un pied monumental. [NDLR : nous y reviendrons plus longuement dans notre numéro du 13 avril]

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=96EChBYVFhU[/youtube]

SAMEDI 26 : PAPY PERVERS ET PASSION ESPAGNOLE

13 Cameras : un proprio qui vous veut du bien.

Premier long-métrage en compétition de la journée, 13 CAMERAS est un honnête film d’exploitation. Un couple sur le point d’imploser s’installe dans une nouvelle maison. Laquelle est en fait truffée de caméras. De quoi satisfaire le proprio, moitié dégueu, moitié pervers. 13 CAMERAS est donc certes très propre, très chouette, très divertissant, mais s’arrête au statut de petite pelloche sympa à zieuter un samedi soir chez soi. En revanche, le film de Victor Zarcoff aura permis de découvrir Neville Archambault, l’un des méchants les plus cradingues du ciné. Tellement glaçant, sale et immonde qu’il provoque tour à tour dégoût, rire et crispation.

Mais les ardeurs sont vite freinées avec EL MAL DEL ARRIERO. Vendu comme un « polar espagnol troublant », cet OFNI (objet filmique non-identifié) est devenue la blagounette du festival. Ennuyeux au possible, incompréhensible, étiré en longueur (là, par contre, c’est la taille qui compte), il a finalement eu raison de nos nerfs : fous rires nerveux en cascade du public, notamment de Claude Perron, présidente du jury pro, et son rire légendaire. De quoi tirer la salle de la léthargie dans laquelle elle s’était plongée. Toujours ça de pris.

[COUPURE PUB parce qu’on ne savait pas où mettre ce passage]
La rédaction de tmv tient à remercier l’intégralité de l’équipe de Mauvais Genre, des bénévoles exceptionnels, ainsi que des jurys jeune, de la critique et pro (que vous pourrez retrouver ICI).

DIMANCHE 27 : LE JOUR SANS FIN

Z’êtes toujours là ? Tant mieux, car dimanche a été une looongue journée, placée sous le signe des surprises. Notamment avec SUNSET EDGE, en compet, qui a lancé les hostilités. Signée Daniel Peddle, cette petite prod sans-le-sou et un poil confuse mais joliment emballée suit de jeunes ados dans une ville abandonnée. À ses côtés, le minimaliste CORD (qui a aussi obtenu le prix de la critique), de Pablo Gonzàlez : inventif, créatif, CORD l’est assurément. Mais ces 65 minutes souffrent tout de même de défauts, à cause d’une narration et d’un final un peu fouillis pour le minuscule cerveau de l’auteur. Et dans cette histoire mélangeant science-fiction, monde post-apocalyptique, sexualité, plaisir et contamination, les deux comédiens sont une véritable révélation, entre la sublime Laura de Boer (on sait que vous êtes en train de chercher sur Google images, héhé) et l’étonnant Christian Wewerka.

Mad in France : le best-ouf du court français.

Alors que les « à poiiiil » et les « pussyyyy » (on vous laisse chercher la traduction sur Google) rythment délicieusement cette journée, place à la séance tant attendue : Mad in France. Une sélection de courts-métrages 100 % frenchie, choisie de main de maître par sieur Erwan Chaffiot, un monsieur cool avec des goûts cool. On retiendra notamment le fantastique UN CIEL BLEU PRESQUE PARFAIT, de Quarxx, véritable brûlot brouillant la frontière entre réalité et cauchemar. Emmené par un Jean-Luc Couchard parfait (mais les fans de Dikkenek le savent), le court-métrage, glauque et sombre, est captivant de A à Z.
Surprenants, aussi, THE CURE (toxicos et vampires ne font pas bon ménage), ELLE (avec un monstre trop choupi gizou gizou) ou encore le très drôle JULIET (et son message bien piquant). LES CHRONIQUES DE LA SOURCE, lui, aura en revanche un peu perdu du public avec son scénario mal ficelé, malgré d’indéniables qualités techniques. Enfin, LA LISIERE, avec ses 16 minutes au compteur, reste un court d’anticipation difficile d’accès, mais rehaussé par sa photographie et ses acteurs talentueux.

Une sélection qui prouve de nouveau à quel point la France regorge de talents (Kev Adams, si tu nous lis…).

… DIMANCHE : TOUJOURS

Et quand y’en a plus, y en a encore, tiens. La journée s’est terminée par la soirée French Touch. L’occasion de mettre en lumière l’excellent et très étonnant LA FILLE BIONIQUE – douce rêverie mignonnette, poétique et troublante – mais aussi le pilote de RESET, série prometteuse (il y a des contaminés, des gentils et des méchants, donc on vote pour) qu’on espère voir distribuée prochainement.

Les plus courageux (et ceux qui attendaient l’after, bande de coquinous) finiront la soirée avec THE OPEN. Tourné par l’extra-terrestre Marc Lahore dans les îles écossaises, THE OPEN se situe durant la guerre. André, un coach, et sa joueuse Stéphanie, n’ont qu’une chose en tête : Roland Garros. Ils vont donc organiser cette finale tant espérée, en ayant pris soin de kidnapper un autre joueur, tout en s’entraînant avec des raquettes sans… cordage et sans balles. Avouons que dit comme ça, ce n’est pas sexy, mais THE OPEN est un délicieux moment d’absurde, de comédie, de drame, de folie, de fantastique et de sport. Si le film méritait une coupe de 15 minutes, il n’en reste pas moins prodigieux, iconoclaste et faisant valser les conventions. Jeu, set et match. (alors ça, c’est de la chute !)

[vimeo]https://vimeo.com/94489573[/vimeo]

LUNDI : AU SOLEIL (ou pas)

Mauvais Genre, un festival bien monté.

Vous les sentez les cernes ? La fatigue ? Les haleines aromatisées au couscous et à la bière ? Le festival qui finit avec son président déguisé en lapin dégoulinant ? Le lundi, c’est toujours un peu dur. Mais pas de pitié : Mauvais Genre joue encore ses dernières cartouches avec ALKI ALKI. Coup de cœur de l’auteur (toujours moi, je n’ai pas changé), cette comédie dramatique Deutsche qualität aborde le thème de l’alcoolisme – et des addictions en général – et de tous les problèmes qui en découlent. Axel Ranisch filme alors Tobias, un architecte alcoolo, constamment flanqué de Flasche, qui représente la boisson. À la fois tendre et poignant, et malgré sa photographie terriblement banale (laide diront certains), ALKI ALKI se veut dur, drôle et (d)étonnant. Une vraie surprise.

Réalisé par 10 réalisateurs, WONDERLAND clôture Mauvais Genre en demi-teinte : ce film d’anticipation (en Suisse, un effrayant nuage apparaît et recouvre tout le pays) fait écho à l’actualité et égratigne au passage le pays, les mentalités et la politique. Mais après un début intéressant, WONDERLAND (Heimatland en VO) traîne bien trop des pattes, s’étire et se perd. Reste une morale pertinente, visant à dézinguer l’image d’une Suisse repliée sur elle-même.

Pour notre part, nous nous replierons ensuite surtout sur la soirée (=fête nocturne) qui a fait suite au festival (=cernes le lendemain) et qui a clôt cinq jours fantastiques, remplis de bonne humeur. Tours n’a donc plus qu’à croiser très fort les doigts pour espérer une 11e bougie à Mauvais Genre. Allez, les sales gosses.

Aurélien Germain

Pour le Palmarès 2016 :

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Do It Yourself : le 48 Hour film project

C’est bientôt le 48 hour film project. On vous dit tout ce qu’il vous faut pour réaliser un film en 48 heures.

En bref

1451437_669685686385751_1408037138_nLe 48 Hour Film Project est une compétition internationale de courts-métrages qui, comme son nom l’indique, se déroule en 48 heures chrono. Pour corser encore un peu plus l’exercice, amateurs et professionnels tirent au sort un genre cinématographique et se voient imposés un personnage, un objet et une ligne de dialogue avant de commencer. L’équipe gagnante – en plus de remporter une bourse Ulule de 1000€ – participera à la finale internationale Filmapalooza, à l’issue de laquelle les 10 premiers films gagneront une projection à Cannes.

Pour réaliser un film en 48 heures, il faut : 

Un petit grain de folie

La créativité, c’est le premier critère de sélection. Il faut que les participants se surpassent, qu’ils racontent une histoire unique. Comme 48 heures c’est quand même vachement court, les petites imperfections sont tolérées, tant qu’il y a de l’originalité.

Du matériel o-pé-ra-tio-nnel

Pas besoin d’arriver avec sa grosse caméra professionnelle, un smartphone ou un appareil photo reflex peuvent suffire. Mais le coup du « y’a-plus-de-place-sur-mon-disque-dur » ou du « mon-ordi-veut-pas-lire-ma-clé-USB », ça s’anticipe.

Des bons potos

Même si l’année dernière le meilleur réalisateur avait fait son film tout seul, il est conseillé de s’entourer d’une bonne équipe. Pas des gens avec qui on se prend la tête au bout de trois heures, quoi. Le nerf de la guerre, c’est la confiance.

Savoir s’adapter à TOUT

La météo capricieuse, les acteurs malades, les gens qui font la fête dans la rue, les autorisations qu’on donne et puis qu’en fait non…

Sacrifier quelques heures de sommeil.

Il vaut mieux avoir la patate avant de se lancer dans ce marathon de 48 heures. Ou prévoir quelques matinées après pour récupérer. Il paraît qu’en deux jours, les participants gagnent deux ans d’expérience.

Par Camille Petit

Projet étudiant : Tours’Métrage en action

Réservez votre 29 mars : c’est ce jour-là qu’aura lieu Tours’Métrage, le projet spécialisé dans le court-métrage, lancé par des étudiantes tourangelles.

Les cinq étudiantes à l’origine du projet Tours’Métrage.

Dites, vous feriez quoi s’il vous restait 24 h ? Non, parce que c’est la question que se sont posé cinq étudiantes tourangelles en DUT info-com… et qui a fini comme thématique de leur projet Tours’Métrage : « Ce n’est pas un festival, mais un concours de courts-métrages », présente Axelle, l’une des étudiantes, avant de rappeler : « Il y a eu les attentats. Et tout ce qu’on voyait dans les médias. On s’est donc demandé : comment exprimer son envie de vivre, de profiter, dans un climat anxiogène ? » Tours’Métrage était lancé.

Axelle, Zoé, Ambre, Sarah et Chloé ont ensuite sélectionné dix œuvres réalisées aussi bien par des débutants que des confirmés. Seule contrainte ? Pas plus de 2 min 40 par film. Ces courts-métrages passeront donc bientôt l’épreuve du jury pro, composé d’Axel Guéry (fondateur de la société de production Les Loups Blancs) Fabrice Garate Delgado (cinéaste tourangeau) et Xavier Selva (président de l’asso Travaux publics). Avant d’être projetés au public ce mardi 29. Et découvrir le prochain Spielberg tourangeau. Mais si, mais si.

> Projection publique le 29 mars, à 20 h, salle Ockeghem. Et c’est gratuit !

> Tours’Métrage sur Facebook.

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Festival Mauvais Genre : « Le public ne triche pas »

Tmv a attrapé au vol le président et fondateur du Festival Mauvais Genre, Gary Constant. Le Tourangeau revient sur les 10 ans de son bébé, balance les anecdotes, cause culture et choucroute avec Spielberg pour une interview bon chic, bon genre. Ou pas.

Rechercher un DVD chez Gary Constant : mission impossible

Mauvais Genre a déjà 10 ans ! Alors, ça fait quoi ?
Je n’y ai pas réfléchi. Je vois surtout le chemin qu’on a parcouru aujourd’hui. Dix ans, c’est ni long ni court. C’est une réponse de Normand,  ça !  (sourire)  On est fiers d’avoir réussi à proposer ça, eu égard aux  moyens qu’on nous propose. Si on devait s’arrêter là, on n’aurait pas à  rougir. Le hic, c’est qu’on aurait aimé plus de moyens pour notre anniversaire. Sans pour autant taper dans le champagne et le caviar, hein ! Mais  on fera avec… Sinon oui, il y a 10 ans, j’aurais éclaté de rire si on m’avait  dit qu’on serait toujours là. Maintenant, c’est un mélange d’agréable  surprise et d’étonnement. Mauvais Genre est une anomalie : comment  ça se fait qu’on soit encore là ?!

Pourquoi alors ? 
Je ne sais pas. C’est un gros facteur chance.

Modeste , va !
Non, non. Il y a eu beaucoup de chance pour les invités, les réalisateurs  qui ont pu venir, etc. Il y a 2, 3 ans, on aurait déjà dû cesser d’exister.  Même s’il y a beaucoup de spectateurs, on ne renfloue pas les caisses.  Mais on est toujours là. C’est génial.

C’est quoi, en fait, le budget du festival Mauvais Genre ?
Normalement, le festival devrait coûter 70 000 – 80 000 €. Au final, on  le fait avec 20 000 €.

Ah oui, donc le manque de subventions… 
Les institutions ne voient pas pourquoi elles devraient donner plus, vu  qu’on arrive le faire avec si peu. Or, si on doit prendre de l’ampleur, il  faut des subventions. Mais c’est un engrenage. Si les donneurs privés et  les mécènes voient qu’il y a une frilosité de la part des institutions et des  collectivités, ils vont douter. Et ne pas donner non plus.

Tu as des anecdotes qui te reviennent parmi toutes les éditions  de Mauvais Genre ? 
Je me souviens d’une choucroute avec Spielberg…  (éclat de rire)  Non,  je déconne. Euh, Benoît Delépine par exemple (connu pour son rôle de  Michael Kael dans le Groland-NDLR). Il avait un coup dans le nez au pot  d’ouverture. Mais c’est dingue, la popularité de ce mec et l’attitude des  gens à son égard. C’était hyper bon enfant. Le soir, des jeunes du Sanitas  ont voulu prendre des photos avec « Michael Kael » et que, si on avait  besoin, ils pouvaient le raccompagner. Il y a aussi eu Francis Renaud, l’an  dernier, qui voulait piquer les sigles des BM stationnées pour démarrer une collection  (rires)  ! (On vous rassure, il ne l’a pas fait – NDLR) Nous  ne sommes jamais tombés sur un con qui ait mis une mauvais ambiance.  Le retour du public est très intéressant. Le public ne triche pas.

D’ailleurs, il y a vraiment un « public Mauvais Genre ». Il y a  toujours de l’ambiance, c’est sympa et ça me fait penser à une  grande famille. Toujours prête à crier « à poil Gary ! » d’ailleurs…
Pour les 10 ans, ce serait étonnant que ça n’arrive pas ! Pour la Nuit  interdite, ok. Mais pour l’ouverture du festival, évitez quand même.  Soyons sérieux !  (sourire)

Y a-t-il un(e) invité(e) qui t’a vraiment marqué ? À part Spielberg  et sa choucroute, bien sûr.
Il y a eu… Delépine, car c’est devenu un ami. Le dessinateur Philippe  Caza. Ou encore le cinéaste Jean Rollin, décédé quelques mois après, qui  avait vraiment amené une patte fantastique. Et l’acteur Francis Renaud,  quelqu’un de très franc. Et une grande partie du cinéma n’aime pas la  franchise.

Cette 10 e  édition a été un peu difficile à mettre en place…
Il y a  aussi eu une campagne de financement participatif pour aider  un peu…  Au bout de 10 ans, on ne peut hélas pas se dire manifestation pérenne.  C’est dommage, car on a fait nos preuves même si je sais bien qu’il y a  la situation économique, etc. Mais on risque de s’essouffler.

… Mais je voulais avoir ton regard sur la culture à Tours ?
Je pense que Tours est en train de s’endormir. Pour moi, les choses ont  changé, mais pas en bien. Avant, il y avait une dizaine de concerts par  semaine. Maintenant, c’est bien rare. Ça fait vieux con de dire ça, mais  bon. Ma parole est apolitique, mais que ce soit la droite ou la gauche, il  n’y a pas eu de choses concluantes. Le potentiel n’est pas assez exploité.  C’est dommage, vu le passé culturel de la ville. Là, c’est le citoyen qui  parle : Tours va lentement vers la léthargie. Le néant culturel menace.  Et je parle de la culture populaire, pas élitiste…

Bisou Mauvais Genre
Bisou Mauvais Genre

Tiens, il se passe quoi dans ta tête, 10 minutes avant le début  du festival ? 
De l’anxiété un peu, bien sûr. Peur du pépin de son, d’image… L’ouverture  donne le tempo. Je me demande alors si le public est réceptif. S’il ne jette  pas de tomates, ça va…  (rires)

Mauvais Genre ne serait rien sans les bénévoles…
Bien sûr, impossible de ne pas aborder les bénévoles. Derrière moi, il  y a toute une équipe, solide, compétente. Sans eux, je ne serai rien du  tout. À l’année, il y en a une vingtaine. Pendant le festival, on tourne à  40 bénévoles environ.

Au départ, le festival était axé sur l’horreur. Désormais, cela  brasse bien plus large. Pourquoi ? 
Dès le début, je voulais un maximum de genres. Mais je n’avais pas le  carnet d’adresses. Du coup, il était plus aisé d’avoir des films d’horreur.  Mais à la troisième édition, on a commencé à faire entrer de la comédie,  du drame. Maintenant, le public nous fait confiance, veut des surprises  au niveau des films. C’est un rendez-vous entre curieux, passionnés et  néophytes. Ils viennent chercher une gamme de sensations.

Parmi les films proposés cette année, quels sont ceux qui t’ont  vraiment mis une claque ? 
Ah, la fameuse question… Mmh, je dirais 13 Hours, de Michael Bay, qui  sera diffusé à la cérémonie d’ouverture. Il évite tout patriotisme con-con,  c’est carré et étonnant. Vraiment immersif, sans en faire des tonnes.  Sinon, à la Nuit interdite, il y aura The Forgotten, d’Oliver Frampton qui  sera d’ailleurs présent. C’est un mélange entre la dénonciation sociale  à la Ken Loach et la vraie peur à la Nakata dans The Ring. Il y a aussi  Sunset Edge, une dérive à la Gus Van Sant, avec du fantastique. Vraiment  surprenant… Et Alki Alki : il fait partie de la nouvelle génération du  cinéma allemand. Ça passe par toutes les gammes d’émotion… Comme  Mauvais Genre !

Grand entretien par Aurélien Germain

Remember : vengeance, mémoire et obsession

Egoyan est toujours autant obsédé par la mémoire. Dans ce Remember étonnant, il suit un survivant de l’Holocauste, la vengeance dans la tête.

Les papys font de la résistance.

Après l’inégal Captives – thriller enneigé labyrinthique et son dédale narratif – Atom Egoyan prouve une fois encore avec ce Remember qu’il est un cinéaste surprenant. Ici, le réalisateur filme une traque, une quête humaine. Remember raconte Zev, quasi-nonagénaire, survivant de l’Holocauste et atteint de démence sénile. Son passé est flou. Sa mémoire, défaillante. Constamment, il se réveille en appelant sa femme qui vient de décéder. Le jour des funérailles de son épouse, Zev se voit confier une lettre par son ami Max. Celle-ci doit lui rappeler la promesse qu’il avait faite à sa femme : retrouver et tuer le Nazi qui avait massacré sa famille.

Alors, passée une introduction expéditive, Egoyan va tout doucement dérouler son road-movie étonnant. Un périple psychologique rappelant parfois le Memento de Christopher Nolan, où tout repose sur la mémoire. On scotche sur Christopher Plummer, 86 ans, à l’interprétation impeccable en papy amnésique. L’acteur rehausse l’ensemble d’un récit qui a tendance à être trop linéaire. Remember a, en revanche, la fâcheuse tendance à foncer tête baissée dans le mélodrame poussif. Egoyan, lui, y va aussi avec ses gros sabots (la chienne d’un facho appelée Eva, les appels du pied avec des plans de douche et de trains de cargaison…).
Mais pourtant, Remember procure de nombreuses sensations. C’est tour à tour touchant, émouvant, passionnant. Emmenant le spectateur aux côtés d’un homme obstiné par la vengeance, seul avec son flingue, sa mémoire troublée et la lettre de son ami. Le baladant dans un jeu oscillant entre le devoir de mémoire et l’oubli (« On oublie souvent quand on vieillit », dit d’ailleurs une petite fille dans le film). Avant de jeter, dans une dernière séquence palpitante, un twist final… déroutant.

Aurélien Germain

Drame/Thriller, d’Atom Egoyan (Canada). Durée : 1 h 34. Avec Christopher Plummer, Martin Landeau, Dean Norris…
NOTE : 3/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=vFxXCoprNqc[/youtube]

A Perfect day : drôle et absurde

A Perfect Day (Un jour comme un autre en VF) raconte l’absurdité de la guerre avec humour. Un film choral (d)étonnant.

a perfect day

Contre-plongée. Le spectateur observe du fond d’un puits. Tout est noir, puis s’éclaircit : un corps est remonté à la surface… Avant que la corde lâche et que Mambrú, un humanitaire, lâche un juron. A perfect day – Un jour comme un autre en VF – vient de commencer. Le début d’un film singulier, pas si facile d’accès, mais pertinent.

En fait, dans A Perfect day, c’est une simple corde fichue qui lance l’aventure. Celle de membres d’une ONG chargés d’assainir le puits dans lequel gît un cadavre, afin que que les habitants puissent avoir de l’eau. Mais pas si simple, quand le pays est miné par une guerre civile. On vous l’accorde : sur le papier, le sujet n’est pas prometteur.
Mais de ce pitch si peu sexy, voilà que l’Espagnol De Aranoa arrive à tirer un bon drame teinté de comédie. Ou une comédie dramatique, on ne sait plus trop. Car très vite, le cinéaste pose les bases de ce film si intrigant. À coup de situations incongrues et de dialogues savoureux (et souvent très drôles), il parvient savamment à raconter l’absurdité de la guerre avec humour, en plus d’interroger sur le rapport humanitaires/population locale. Et puis, parfois, A Perfect day vrille, se fait plus grave. Un numéro d’équilibriste qui, malgré ses longueurs, fait mouche.

Emballé dans une bande-son excitante à souhait (on pioche même dans du punk et du Marilyn Manson !), A Perfect day, véritable film choral, aligne les obstacles que des humanitaires dépassés devront surmonter. Ils ne sont que des Hommes. Des héros normaux. Dessinés avec précision par un casting délicieux : entre Benicio del Toro, nonchalant et son attitude de mec cool, Tim Robbins impérial dans le rôle de « B » qui ne sait pas ce qu’il veut, ou encore Mélanie Thierry, toute en justesse comme nouvelle recrue naïve. Au final, un road-trip intelligent dans un film de guerre déstabilisant. Une bobine loin d’être confortable, mais (sur)prenante.

Aurélien Germain

Drame, Comédie (Espagne), de Fernando León de Aranoa. Durée : 1 h 46. Avec Benicio del Toro, Olga Kurylenko, Tim Robbins…
NOTE : 3/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Mwi_0_0f208[/youtube]

Le festival Mauvais Genre se dévoile !

Ô joie, bonheur, licornes et bébés qui volent dans le ciel : le festival Mauvais Genre a dévoilé sa programmation. Tmv y sera. Mais vous aussi, n’est-ce pas ?

Ça y’est, le festival Mauvais Genre a enfin dévoilé sa programmation ! C’est qu’on l’attendait impatiemment, la bave aux lèvres, l’oeil torve (ça, c’est pour l’image sexy), histoire de voir à quelle sauce on allait être mangés pour cette 10e édition. Mauvais Genre va donc enquiller les pépites, passant de la science-fiction post-apocalyptique (Cord), au film d’anticipation (Wonderland), en saupoudrant de comédie dramatique (Alki Alki) et d’une tonne de courts-métrages venus des entrailles de la Terre.

Le festoche déjanté proposera, en outre, des expos (les maîtres de la BD européenne), des concerts, des conférences et une soirée French touch. Sans oublier la Nuit interdite, le 13 hours de Michael Bay en avant-première. La fête sera menée par un jury pro alléchant ; à savoir Thierry Frémont, Eriq Ebouaney, Dedo, Nikias Chryssos et la présidente Claude Perron.
Pour rappel, tmv sera de nouveau partenaire. Non seulement on sera dans le jury de la Critique (allez-y, vénérez-nous, please), mais on vous servira aussi un dossier spécial, tout dodu et appétissant, dans notre numéro du 23 mars. Par ailleurs, il vous reste encore quelques jours pour tenter de gagner un pass pour le festival grâce à tmv et Mauvais Genre (toutes les infos se trouvent ici).
L’est pas belle, la vie ?

> Du 24 au 28 mars. Au CGR, Petit Faucheux et Square Sourdillon.

> Programme complet et tarifs sur festivalmauvaisgenre.com

> Version PDF du programme en cliquant ICI !

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=tIU8iigyaOc[/youtube]

Zoolander 2 : la déception

Les mannequins crétins sont de retour : pour cette suite de Zoolander, Ben Stiller (pourtant l’un de nos chouchous) déroule le tapis rouge de la déception. Excepté les caméos qui font sourire, il ne reste pas grand-chose de cette pelloche bien maladroite. Réchauffé et indigeste.

Les bouches en cul-de-poule à l'attaque.
Les bouches en cul-de-poule à l’attaque.

L’histoire avait pourtant bien commencé : Zoolander, premier du nom, avait été érigé au rang de comédie culte, suite à un score honorable au box-office et son carton côté DVD. Bébête mais drôle, la comédie qui égratignait joliment les fashionistas a fait le pari d’un retour gagnant 15 ans après. Dopé par une campagne promo-marketing béton (happening dans une vitrine d’un magasin en Italie, apparition délirante à la Fashion week, etc.), Zoolander 2 aurait dû casser la baraque.

Sauf que non. Non, non et non. Assassiné par la critique aux États-Unis, force est de constater que ce Zoolander 2 patauge effectivement dans le marécage des suites inutiles et poussives.
Dans ce deuxième épisode, Derek et Hansel sont devenus has-been. Exit, les podiums. Tous deux vivent reclus, jusqu’à ce qu’un mystérieux psychopathe dézingue les célébrités à tout va. Valentina, de la Fashion police d’Interpol, va alors appeler nos héros aux bouches en cul-de-poule pour sauver le monde de la mode et le fils de Derek qui a été enlevé.

Sur un scénario fouillis, l’acteur-réalisateur Ben Stiller va alors enchaîner moments gênants, blagues qui tombent à plat et séquences paresseuses. Là où le premier opus réussissait avec son humour très second degré, ce deuxième épisode n’arrive jamais pousser les curseurs au bon endroit. Ressemblant davantage à un amas indigeste de mini-sketches, Zoolander 2 est surtout un exercice de parodie alignant les clins d’oeil et une tonne de « caméos » : ces apparitions de stars sont d’ailleurs le seul plaisir coupable du film. Sting, Benedict Cumberbatch, Mika, Katy Perry, Anna Wintour… Des invités-surprise, pour des rôles stupides (donc drôles), qui ont le mérite de faire rire.
Et finalement, passée la première scène jouissive (Justin Bieber se fait dégommer par une rafale de balles, avant de mourir en faisant un selfie Instagram !), il ne reste pas grand-chose à retenir de ce come-back raté et décevant.

Aurélien Germain

Comédie, de Ben Stiller (États-Unis). Durée : 1 h 42. Avec Ben Stiller, Owen Wilson, Penelope Cruz, Will Ferrell…
NOTE : 2/5

The Revenant : Leo se les gèle

Leonardo DiCaprio aura-t-il enfin son Oscar ? Pour tmv, c’est un OUI massif, vu ce Revenant exceptionnel, technique et de toute beauté. La baffe (polaire) !

"C'est par où la Fashion Week ?"
« C’est par où la Fashion Week ? »

Il suffit de cinq minutes à peine pour comprendre que The Revenant est et sera un film épique, enivrant, exigeant. Cinq minutes à peine pour comprendre qu’Iñárittu, le réalisateur, vient de signer avec The Revenant un film virtuose. Lors d’une introduction magistrale, le cinéaste filme lors d’un plan-séquence hallucinant une attaque d’Indiens sur un camp de trappeurs. Overdose de violence dans un paysage enneigé. La fresque est lancée…

The Revenant est le récit d’Hugh Glass, grièvement blessé par un ours et laissé pour mort par un traître de son équipée sauvage. Porté par un désir de vengeance, il va parcourir des centaines de kilomètres, bravant les obstacles dans un environnement hostile. Que ce soit dit : cette histoire, devenue d’ailleurs un classique que l’on se raconte autour du feu en Amérique, est un survival dément, mâtiné de « revenge-movie » sale et épuisant. La Nature et l’Homme, tous deux, sont dangereux.

Sublimé par une photographie extraordinaire, techniquement ahurissant, The Revenant est une expérience sensorielle, une aventure ébouriffante. Terrifiante, même. Emmenée par un Leonardo DiCaprio exceptionnel. L’acteur disait sûrement vrai, quand il a avoué avoir tourné « le film le plus diˆfficile de toute sa carrière » (tournage par -40°C notamment). Habité par son rôle, voire possédé, DiCaprio bave, saigne, tremble, hurle. Magnétique lors d’une scène ultra-réaliste et étouffante (et déjà culte !), où il est attaqué par un grizzly.
Captivant et passionnant, tout comme l’oeuvre qu’il porte à bout de bras, même si The Revenant accuse quelques longueurs. Mais il serre à la gorge jusqu’à son final apocalyptique. De quoi (enfin) faire gagner la précieuse statuette à DiCaprio lors des Oscars ?

Aurélien Germain

Western/Aventure (États-Unis), d’Alejandro Iñárittu. Durée : 2 h 36. Avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy…
NOTE : 4,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=y-hPP5fW7tg[/youtube]