Tristes turfistes

Une comédie sur le monde des turfistes, par le réalisateur de Camping et Jet set, le potache Fabien Onteniente. Manque juste ce petit brin de folie…

Turf
Les grosses comédies qui nous font rire ont souvent un truc. Vous savez, une forme de magie qui actionne les zygomatiques de tous les spectateurs de la salle. Tout le monde se regarde sans comprendre quelle folie les submerge, quel fil invisible les manipule. Dans Turf, il y a de la camaraderie, puisqu’il est question de quatre potes parieurs tendance looser. Il y a du suspense aussi, quand tout le monde se demande comment le cheval acheté au rabais va bien pouvoir se mettre à gagner. L’ambiance est là aussi : il y a pire comme sujet, que le milieu des paris équestres et son lot de tronches, de jargon et de codes en tout genre. Mais de magie, point.
Certes, le scénario de Fabien Onteniente est mince. Les quatre potes, se font arnaquer mais, finalement, ils gagnent puisqu’ils sont gentils. Léger ? Et alors ! Ils sont nombreux ces films drôles qui ne brillent pas forcément par la force de leur intrigue. Alors oui, les acteurs sont des bons de la comédie. Edouard Baer et Alain Chabat jouent les maîtres de cérémonie et portent le film avec l’ancien Deschiens, Philippe Duquesne en clown triste. D’accord, Gérard Depardieu est présent dans le film en pleine tourmente belge, un argument sulfureux. C’est vrai, Turf se place dans la droite ligne des comédies populaires. En revanche, contrairement à Camping avec ses situations burlesques et son regard ironique sur l’univers des plagistes, il ne décolle pas.
Edouard Baer n’arrive pas à se laisser aller, Alain Chabat tente ses vieilles recettes sans vraiment convaincre. Comme si chacun apercevait petit à petit le vide s’installer à mesure que les minutes passent, les rires se transforment en grimaces forcées, les pleurs de Philippe Duquesne se mettent à sonner vrais. Plus personne n’y croit, pas même le spectateur, qui s’essaye à quelques sourires. Et puis, après un moment, le bruit s’amenuise. L’écran noir du générique est enfin là. Il n’y aura pas d’ensorcellement burlesque, ce soir.

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