Boy Erased : l’enfer des centres de conversion

De jeunes homosexuels « convertis » à l’hétérosexualité dans de terribles centres à thérapie : c’est le sujet glaçant de Boy Erased, film inspiré d’une histoire vraie.

PAUSE_CINE

Ce n’est pas que du cinéma… Le thème de Boy Erased est tout sauf inventé. Ces centres de « réorientation » dont il parle, où de jeunes homosexuels sont « coachés » durant une thérapie pour devenir hétérosexuels, existent vraiment.
Aux États-Unis, il en reste encore ouverts… 36 en toute légalité.

Ce sujet glaçant est adapté de l’autobiographie de Garrard Conley qui a déjà subi ces horreurs, envoyé dans un de ces centres par ses parents croyants et puritains. Boy Erased est donc une histoire vraie qui ne cesse de mettre mal à l’aise.
Certaines scènes sont parfois très dures. L’atmosphère, sombre et renforcée par une photographie terne, renforce cette impression.

De cette quête identitaire et sexuelle (le personnage principal est tiraillé entre sa vraie nature et l’amour sincère de ses parents), le cinéaste en tire le portrait d’un pan de la société américaine, jamais lacrymal, toujours tout en justesse. Il est aidé en cela par un casting extraordinaire.

Porté à bout de bras par un Lucas Hedges impeccable (déjà vu dans Manchester by the sea), Boy Erased n’en oublie pas sa galerie de personnages secondaires. Nicole Kidman et Russell Crowe sont touchants dans le rôle des parents ; Xavier Dolan, dans son caméo, est parfait ; Flea (bassiste des Red Hot Chili Peppers !) fait frissonner et Joel Edgerton – qui se met lui-même en scène en prédicateur infâme – est habité.

Cependant, Boy Erased alourdit trop son propos en raison de sa construction pataude à coup de flashback. Nécessaire par son sujet, le film aurait pourtant gagné à être plus dans l’émotion (c’est un peu trop convenu parfois). De menus défauts qui n’empêcheront toutefois pas ce drame psychologique et biographique de marquer le spectateur.

À voir. Et à méditer…

> Drame, de Joel Edgerton (USA). Durée : 1 h 55. Avec Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russell Crowe, Joel Edgerton…
> NOTE : 3/5 

Culture, tendances & web #20

Du lourd, cette semaine, avec les groupes Revivor et Johnson Concorde qui ont sorti de vraies perles… Le reste ? De la BD, de l’autobiographie un peu débilos et une extension web trop chouette.

Image16LES CDs
REVIVOR – SMOKING GUN SESSIONS
Partagé entre Tours et Londres, les Revivor viennent de balancer, mine de rien, l’une des pépites estampillées soul moderne de l’année. Avec ce premier EP, Revivor sert une musique chaude et langoureuse, au groove hypnotique : nourrie par une basse planante, la voix de Renn emmène ces quatre morceaux dans une ambiance sensuelle. On n’est pas loin des intonations à la Adam Levine (Maroon 5) en moins sirupeux et agrémenté de références à la Portishead ou Ray Charles. Hyper pro et produit avec brio, ce petit bijou bourré de feeling vintage est une sublime découverte.
A.G.

JOHNSON CONCORDE – ANTALANOCRYPTOVICIOUSImage10
L’inventeur autoproclamé du « rockshow » is back ! Avec son nom tellement simple à écrire, Antalanocryptovicious, ce 3e album de la troupe rock baroque enquille les pépites. En témoigne, par exemple, l’énorme tube &1&2&3, entêtant au possible entre ses R roulés et ses envolées d’orgue à la Deep Purple. Dans une débauche d’énergie, les Tourangeaux de Johnson Concorde savent aussi lever le pied, notamment avec un Oh Daddy bluesy délicieux. Un disque qui transpire la folie, fait copuler la brit-pop avec des structures à la Queen, dans une orgie déjantée. Décidément, Johnson Concorde est un groupe supersonique, kamikaze, osé, mais qui fait un bien fou.
A.G.

Image8LA BD
SAUDADE
Déjà repéré dans Tcho !, Spirou ou le Psychopat, Fortu nous livre avec Saudade son premier album adulte. À travers ces histoires courtes, qui parfois s’entremêlent, il nous donne à voir des instants d’humanité qui parlent au coeur. Avec tendresse, émotion ou humour il nous emmène dans l’intimité de ses personnages avec une maîtrise rare, soulignée par un choix particulièrement bienvenu du noir et blanc. Le résultat, c’est bien cette saudade, cette mélancolie pleine de nostalgie, qui vous étreint à chaque page et vous envoûte littéralement. Sensible, poignant et tellement vrai.
Hervé Bourit

LE DVDImage11
OUPS ! J’AI RATÉ L’ARCHE
Cette version Blu-ray est à l’image de ce petit film d’animation : sans prétention. L’éditeur n’a visiblement pas trouvé bon d’agrémenter son contenu avec quelques suppléments. Ici, c’est zéro bonus. Il faudra donc se contenter du film seul, production européenne néanmoins sympathique et ultra-colorée, dans laquelle deux animaux tombent d’une arche censée les sauver du déluge. Malgré son manque d’audace (tant dans l’humour que dans l’émotion), le film de Toby Genkel réussit à embarquer le spectateur dans une agréable aventure, au goût de fable mignonnette sur l’union et les différences.
A.G.

A LA TV
BYE BYE SUPERKIDS
Le nouveau bébé de M6 n’avait que quelques semaines : mais la chaîne a finalement décidé de déprogrammer Superkids, son « talent show » du mercredi. Crash total côté audiences, Superkids est donc annulé pour être remplacé par des rediffusions de Recherche Appartement ou maison et Maison à vendre. Le groupe M6 a décidé de diffuser les trois derniers épisodes de Superkids – déjà tournés – sur W9.

Image7AUTOBIOGRAPHIE
NABILLA ZOLA : LES PERLES
Attention, attention, Nabilla vient de publier Trop Vite, son autobiographie. Sympas comme nous sommes, nous vous avons choisi quelques passages philosophiques : « Un homme ne reste pas six heures le nez dans tes cheveux si tu ne lui fais aucun effet, LOL. » / « Le monde s’ouvrait devant moi, j’avais peur de ne pas être à la hauteur. Comment assurer ? Il me fallait des seins plus gros. Je suis passée du bonnet B au bonnet D. » / « Au lit, je veux un homme avec un grand H ! » / « Pauvre mec. Et [ton cas], tu veux qu’on en parle ? [à propos de Matthieu Delormeau, NDLR]. Faire HEC pour finir avec des nouilles dans le slip à 40 ans. » Enfin, lors de son passage en prison, sachez que la starlette a réussi à récupérer une pince à épiler, car elle préfère « mourir que d’être moche ». Ne nous remerciez pas.

ON ZE OUEB
L’EXTENSION COOL
Fans d’Instagram et de belles découvertes, on vous conseille Take Four. Une extension Chrome qui s’installe rapidement et permet, à chaque onglet ouvert sur le web, d’avoir quatre photos d’un compte Instagram à suivre. Leur point commun ? Proposer un contenu intéressant et varié, que le compte soit connu ou non. Et si l’auteur vous plaît, vous pouvez le suivre en un clic.

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