Des collégiens triés sur le bracelet

#EPJTMV. Aux collèges Christ-Roi et Sainte-Jeanne-d’Arc, deux établissements privés, les élèves portent constamment un bracelet de couleur correspondant à leur comportement. Un principe éducatif qui pose bien des questions. Reportage.

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Pour votre reportage, vous ne venez pas là uniquement afin de chercher la petite bête ? », nous demande un brin tendu Olivier Boyer, chef d’établissement du collège privé Christ-Roi. Après notre passage au collège privé Sainte-Jeanne-d’Arc, où l’on aurait posé « des questions trop pointilleuses » à Claudine Abraim, chef d’établissement, notre venue était attendue (et redoutée ?).
Et pour cause : le système de « bracelets d’autonomie » instauré dans ces deux établissements fait débat. Le principe ? Porter constamment un bracelet de couleur correspondant à un certain nombre de points acquis ou perdus selon le comportement de l’élève. Plus le collégien a de points, plus il a de droits. « La couleur du bracelet n’est pas liée aux notes, c’est en rapport avec l’autonomie et la responsabilité des élèves », explique Claudine Abraim. Chaque semaine, l’élève gagne un point. Mais au moindre écart (bavardage, oubli de matériel ou de bracelet, leçon non sue, travail non fait, etc), il est sanctionné par une perte de points.

Image10Les droits et les couleurs des bracelets varient sensiblement dans les deux établissements. À Sainte-Jeanne-d’Arc, le meilleur bracelet est violet, avec 24 points. Le moins bon, blanc. À partir de 14 points (soit 14 semaines de cours sans perte de points), un élève peut « lire en étude » quand il a terminé son travail. Plus surprenant, avec le bracelet violet, l’élève se voit accorder « la gratuité de l’étude le soir ».
Au Christ-Roi, les élèves avec le plus de droits obtiennent un bracelet vert avec 30 points, ceux avec le moins de droits en ont un rouge. Avec le bracelet vert, l’élève peut « choisir un camarade qui sera dans sa classe l’année suivante ».  Dans les deux cas, les élèves au meilleur bracelet ont accès au « graal », d’après Claudine Abraim : une salle où ils peuvent être indépendants et et qu’ils peuvent décorer à leur goût (la « salle violette » à Sainte-Jeanne-d’Arc et le « foyer » ouvert aux 4e et 3e à Christ-Roi).

Capture4Seul bémol, et pas des moindres : le foyer n’existe pas encore au Christ-Roi. « On nous promet cette salle depuis l’année dernière, mais elle n’existe toujours pas. Résultat : avoir un bracelet vert n’est pas vraiment intéressant », confie Anne*, élève de 4e. À Sainte-Jeanne-d’Arc, cette salle convoitée existe mais elle ne paye pas de mine. Elle est d’ailleurs fermée pour dégradation. « Les élèves doivent apprendre à respecter les règles », souligne Claudine Abraim. Ce système, impulsé par Olivier Boyer, est né au collège Sainte-Jeanned’Arc en 2009 : « On s’est demandé : et si on autorisait certaines choses à certains élèves au lieu de tout interdire à tout le monde comme le fait le règlement intérieur ? Avec les bracelets, on dit merci aux élèves qui ne nous cassent pas les pieds. » Alors qu’il change d’établissement il y a trois ans, il décide d’implanter ce fonctionnement au collège Christ-Roi. « C’est un  dispositif qui est loin d’être parfait, précise-t-il, mais on espère qu’il encourage les élèves, qu’il les amène à plus d’humilité et de confiance en eux. »  Sans surprise, la plupart des élèves avec les bracelets de la meilleure couleur sont plus favorables au système.Capture3
« Les droits que l’on nous accorde sont assez intéressants », explique Juliette, élève en 4e au Christ-Roi, qui a le meilleur bracelet, le vert. Mais tous ne sont pas cet avis. « Ces bracelets ne servent à rien, c’est de la ségrégation, comme dit ma mère. Je préfèrerais que personne n’en ait », explique Anne. Son ami Julien*, en 4e, a lui un bracelet rouge. Il est contre ce système. « Les élèves avec un bracelet vert sont vus par les profs comme les bons élèves, et ceux avec un bracelet rouge comme les mauvais élèves. Il y a du favoritisme. Quand on a un mauvais bracelet, on est stigmatisés. »

CaptureEt si certains estiment que les droits qui leur sont accordés sont intéressants, d’autres sont mitigés. Maxime*, en 3e » à Sainte-Jeanne-d’Arc, est très critique : « C’est un peu la prison ici. Il n’y a pas beaucoup de droits intéressants, ça ne vaut pas le coup de faire des efforts. Pour ceux qui n’ont pas le meilleur bracelet, il faut tout négocier et avoir une bonne excuse afin d’avoir accès au moindre droit. » Du côté des anciens élèves aussi, le constat est en demi-teinte. Andréa, passée par Sainte-Jeanne-d’Arc et maintenant en 1ere, recommande ce  système. Elle a gardé le meilleur bracelet de la fin de la 6e jusqu’à la 3e. « Pour moi, ce système fonctionne très bien, je n’en retiens que du positif. » À côté d’elle, son amie Shauna, qui avait un bracelet d’un niveau inférieur, tempère. « Les groupes d’amis étaient souvent composés d’élèves possédant un bracelet de même couleur. C’était quand même très strict mais maintenant que je suis au lycée, j’ai l’impression d’être plus autonome que ceux qui n’ont pas bénéficié du système. » Image8

Si ce système pose des questions, il n’est pas unique en France. On le retrouve notamment en Loire-Atlantique, au collège privé Saint-Joseph, à Machecoul. Là-bas, c’est la couleur des cartes qui donne des droits. Dans l’école élémentaire Sainte-Geneviève à Luynes, les enfants aussi sont récompensés pour leur attitude. Mais là-bas, aucune matérialisation. Les enfants n’ont ni carte, ni bracelet. Leur « couleur » est simplement écrite sur un tableau exposé en classe. « Si nous étions une plus grosse structure comme le Christ-Roi, ce serait sûrement plus facile d’être réactif avec une couleur exposée, par exemple sur un bracelet », explique Marie Robin-Brossard, chef d’établissement et professeure en petite et moyenne section.

Capture2Dans ces deux collèges, les bracelets ont pris une part très importante dans la vie des élèves. S’ils le montrent à l’entrée de Sainte-Jeanne-d’Arc et dès qu’ils ont besoin de prouver qu’ils ont le droit de faire quelque chose, ils deviennent aussi un moyen d’identification. Lola, élève au Christ Roi, soupire : « Maintenant, quand on parle à quelqu’un qu’on ne connaît pas, on ne demande pas son prénom mais la couleur de son bracelet. »

*Les prénoms ont été modifiés.

Reportage de Jeanne Laudren et Chloé Marriault
Photos de Nathanja Louage et Victorine Gay

EXTRAIT DU RÈGLEMENT INTÉRIEUR DU COLLÈGE SAINTE-JEANNE-D’ARC

Bracelet blanc : de 0 à 3 points.
Pas de droits particuliers.

Bracelet jaune : de 4 à 8 points.
Droit d’exercer ses fonctions de délégué Droit de participer à un club ou au spectacle de fin d’année Droit d’accompagner un élève ou de se rendre au secrétariat sur demande d’un professeur

Bracelet rose : de 9 à 13 points.
Droit d’accès à un ordinateur de la salle d’étude pour réserver ses cours au choix Droit de se faire prêter une clé par un adulte de l’établissement Droit d’être responsable d’un club (à partir du niveau 5e)

Bracelet vert : de 14 à 17 points.
Droit de lire en étude quand on a plus de travail. Droit de proposer son aide à la cantine des maternelles. Droit d’accès à la zone de “travail de groupe” dans la salle d’étude.

Bracelet bleu : de 18 à 23 points.

Droit d’accès à une salle d’étude autonome sur la pause méridienne. Droit de choisir une heure pendant les cours au choix du vendredi après-midi.

Bracelet violet : 24 points.
Droit de choisir sa place en classe (si accord du professeur ou du surveillant). Droit d’être en étude autonome (sur décision du surveillant) ou dans une salle annexe à la salle de cours (sur décision du professeur). Droit d’avoir accès à une salle sur une pause déjeuner, et aux récréations, ou l’on peut écouter de la musique, avoir un accès libre à des ordinateurs… Gratuité de l’étude le soir. Membre de droit d’accès à la zone d’ordinateurs dans la salle d’étude. Droit de déjeuner au rez-de-chaussée. Droit de sortie libre pendant l’étude du soir.

Pas de zéro, à l’école de Château-Renault

Tmv est retourné sur les bancs de l’école, le temps d’une matinée, au collège de Château-Renault. Au programme, une séance de relaxation, un cours de maths en petit comité et surtout, pas de notes ! Une idée qui fait son chemin à Tours.

Fatima, toujours sur les starting-block pour participer. (Photo Thomas Chatriot)
Florence Ondet, professeur de mathématiques, explique aux élèves l’intérêt de bien comprendre la consigne. (Photo Thomas Chatriot)

Voilà une jeune fille qui ne va pas au tableau la boule au ventre. Brunette dynamique, Thaïs se tient fièrement debout face à la classe. « On vide les poumons, on inspire, on bloque sa respiration puis on souffle », explique-t-elle à ses camarades tout en réalisant l’exercice, la main posée sur le ventre. Ce matin, la relaxation est au programme des sixièmes E du collège André-Bauchant, à Château-Renault. Des petits sixièmes particulièrement chouchoutés en cette période de rentrée. Techniques de respiration, jeux de connaissance et de cohésion de groupe, échanges : chaque vendredi, ils bénéficient d’un temps d’accueil. L’occasion, aussi, de dire ce qui ne va pas.
Comme ce cours de français, raconte Maëlle, où « la prof va un peu trop vite, on n’a pas le temps de copier la leçon ! » Delphine Moron, référente de la classe, est là pour recueillir les plaintes : « C’est vrai que cette année, vous devez apprendre à écrire plus vite. Vendredi prochain, on fera des exercices pour s’entraîner. Vous allez y arriver ! », les encourage-t-elle.

Pour cette assistante d’éducation, « L’entrée en sixième, c’est l’un des plus grands changements dans une scolarité. Il faut se repérer dans le collège, changer de salles toutes les heures, fréquenter dix enseignants… » Pour faciliter la transition, l’établissement de Château-Renault adapte l’organisation des cours de sixième. L’objectif : accompagner au mieux les élèves en fonction de leurs compétences et surtout, prévenir l’échec scolaire. Une action qui profite à toutes les classes de sixième, soit environ 180 des 800 élèves du collège. Aux temps d’accueil s’ajoutent d’autres mesures, comme l’évaluation par compétences. Finie l’angoisse terrible de rapporter de mauvaises notes à la maison (allez, avouez, ça vous rappelle de mauvais souvenirs !). Le bulletin scolaire est un relevé de compétences, avec, face à une liste de connaissances et d’attitudes, quatre appréciations possibles : acquis, presque acquis, en cours d’acquisition ou non acquis. Ces compétences peuvent être des connaissances dans une matière particulière — en anglais, par exemple, « je sais poser des questions simples et y répondre » — ou des capacités transversales, comme l’expression orale. « Ça permet aux enfants de ne pas se décourager face aux premières notes », estime Sophie Bardoux, professeur de maths.

Timothée est sur le qui-vive. C’est à qui répondra le premier. (Photo Thomas Chatriot)

La sixième est une année difficile : « Au collège, j’ai vu beaucoup d’enfants se casser la figure », confie Marie- Claude Bonin, la principale. Difficile de remonter la pente quand l’échec est déjà là : « On n’imagine pas la violence que c’est, pour un enfant et ses parents, de recevoir un bulletin à 7 de moyenne pendant quatre ans au collège ». Alors qu’avec ce nouveau système, même un élève en difficulté obtient au moins quelques A (acquis). Pour autant, pas question d’oublier les bons élèves. Des modules, organisés par groupes de niveaux, permettent aux meilleurs d’aller plus loin dans leurs apprentissages, et aux autres de revenir sur leurs difficultés. Ils sont organisés à raison de trois heures par semaine, une heure par matière en mathématiques, français et histoire-géographie. Ce vendredi-là dans la classe de Florence Ondet, prof de maths, six mains sont levées. Retentissent de part et d’autre de la pièce des « Moi, madame, moi, je sais ! » Tous plus pressés les uns que les autres d’aller au tableau pour donner la réponse. Et pourtant, c’est un groupe de niveau faible.
Ce coup-ci, c’est Antonin qui a gagné le droit de se lever. Il souligne les mots essentiels de la consigne inscrite au tableau. « Mais m’dame, pourquoi on fait du français alors qu’on est en cours de maths ? », lance Even. Car aujourd’hui, l’objectif du module est de bien comprendre les consignes. Au fond de la classe, Myriam(*), elle, se fait toute petite. Elle n’a pas fait ses devoirs et finit par se mettre à pleurer : « J’y arrive pas, madame, c’est pour ça que je les ai pas faits… Je ne comprends pas ! » Un sourire rassurant sur le visage, l’enseignante se penche vers elle et lui répond avec bienveillance : « Ça va venir, Myriam, c’est pas grave de ne pas y arriver, il ne faut pas se décourager. » Une séance suivie par tous les élèves de sixième, mais adaptée à chacun.

Les modules ont été mis au point par l’ensemble des enseignants de sixième, pour chaque matière. Une bonne occasion de travailler en équipe. Pour la principale du collège, c’est l’un des points forts de l’initiative. Et sa clé de réussite. Florence Ondet fait partie de ces enseignants convaincus et motivés qui portent le projet. Au départ, ce sont les cours interdisciplinaires — deux professeurs de matières différentes qui interviennent ensemble dans une classe -— qui l’avaient incitée à participer. « L’évaluation par compétences, je n’y croyais pas vraiment. C’est en la pratiquant que je me suis rendu compte de son intérêt. Ça me permet de mieux situer les élèves, de savoir précisément ce qu’ils savent faire ou pas. » Maintenant, elle utilise même ce mode d’évaluation en cinquième, en plus des notes. « Et sur les copies faibles, je préfère ne pas mettre de note », précise-t-elle.

Depuis son lancement en septembre 2010, le projet a évolué. Les cours interdisciplinaires, coûteux en heures d’enseignement, ont été supprimés. Malgré tout, pour continuer à donner du sens aux apprentissages, l’équipe lance une nouvelle action : la réalisation d’une « tâche complexe », par exemple une enquête policière qui permettra aux élèves d’utiliser leurs compétences dans différentes matières. Résultats de l’initiative ? « On observe moins de décrochage en sixième. Les élèves restent investis dans les apprentissages. Ils sont plus sereins, et les parents rassurés », remarque Peggy Brulin, conseillère principale d’éducation. Les parents, justement, sont les plus difficiles à convaincre. Surtout ceux dont les enfants ont de bons résultats.
Et les élèves, eux, qu’en pensent-ils ? S’ils ont tous apprécié les temps d’accueil, les meilleurs, comme Noah, sont contents de retrouver leurs notes en cinquième : « Au moins, on peut avoir 18/20 ! » Julie, elle, n’est pas de cet avis : « Quand on est proche de zéro, c’est mieux d’avoir des lettres… Ce qui était bien aussi en sixième, c’est qu’on passait en premier à la cantine. » Même quand il s’agit de manger, les petits sixièmes sont privilégiés. Et ça aussi ça compte !

Thaïs et Anaëlle, au premier rang, sont concentrées. (Photo Thomas Chatriot)

(*) Le prénom a été changé.

Retrouvez les témoignages de ces élèves ICI

Et l’interview d’un spécialiste sur la suppression des notes ICI 

Reportage de Nathalie Picard

My Sweet Pepper Land : western à la kurde

Une brillante réinterprétation du western à la mode turque. La pépite de la semaine !

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La scène d’ouverture annonce le ton : un homme doit être pendu dans ce qui ressemble à une cour d’école réquisitionnée. La révolution kurde vient juste d’avoir lieu. Le jugement est expéditif, plusieurs hommes débattent de la peine de mort. La pendaison rate une première fois… Panique. Le décor de far-west version kurde est planté. On revient aux épopées de Sergio Leone où la loi est faite par les plus forts, les plus hargneux.

Dans ce Kurdistan post-révolution, le héros, c’est Baran : mélange de figure mythique du cowboy au passé trouble et de Che Guevara. Une sorte de Clint Eastwood version barbe brune mal rasée, tout aussi étonné que son alter ego U.S devant la sauvagerie de ce monde. Ancien commandant révolutionnaire, Baran se retrouve à la tête du commissariat d’un village retiré des montagnes. Entre Kurdistan, Turquie et Irak, ce petit morceau de terre est tenu d’une main de fer par Aziz Aga, chef d’une famille puissante, trafiquant notoire et tueur au sourire d’ange. Épique, My Sweet Pepper Land reprend à son compte tous les thèmes du western occidental avec une fraîcheur agréable : honneur, chantage, aventure, révolution…

Le film d’Hiner Saleem sonne comme un conte où le folklore local serait propulsé dans le monde mythologique des cowboys et de la conquête de l’Ouest. Les clins d’oeil se multiplient, drôles, cachés, judicieux. Quand Baran débarque dans le village, de nuit, des images de l’Homme sans nom entrant dans une petite ville mexicaine dans Pour une poignée de dollars reviennent, comme un modèle indélébile.
Mais Hiner Saleem sait aussi se jouer de ces codes qui peuvent parfois devenir encombrants. Il n’en fait jamais trop, préfère remanier le genre à la sauce kurde que de l’utiliser en hommage lourdingue. Il évite les longs plans fixes, les travellings grossiers. Car My Sweet Pepper Land est avant tout politique et sonne parfois comme un pamphlet dans cette partie du monde en pleine crise démocratique. C’est aussi un objet cinématographique maîtrisé, enjoué, ambitieux. Et jamais pompeux, ni obséquieux.

My Sweet Pepper Land ne se regarde pas le nombril, laisse les personnages évoluer. Les scènes respirent, s’accélèrent parfois. Le rythme est toujours juste. La photographie de chaque plan est maîtrisée. Une esthétique entre western spaghetti et naturalisme. Si la romance est également présente, la relation entre Baran et Govend l’institutrice du village, ne tombe jamais dans le cliché. C’est même un prétexte pour questionner le rôle des femmes au Kurdistan, leur place dans la société et le peu de poids qu’elles ont dans leur famille. My Sweet Pepper Land est un film mature, intelligent, jouissif. Brillant même.
Benoît Renaudin
NOTE : ***

Western/drame. Un film franco-kurde d’Hiner Saleem. Durée : 1 h 35. Avec Korkmaz Arslan, Golshifteh Farahani, Suat Usta…
 
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TOUJOURS EN SALLE
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REAL **
Koichi ne comprend pas le geste d’Atsumi. Pourquoi cette tentative de suicide ? La médecine lui donne la possibilité de parler à la jeune femme dans le coma. Commence alors leur quête de la vérité, truffée de zombies philosophiques et de mystères psychologiques. Kurosawa réalise un superbe film d’anticipation où réalité, souvenirs et virtuel se mélangent. Si la romance est parfois pesante, l’esthétique originale et l’intrigue à la limite du polar en font un film à voir sans hésiter. B. R.

47 RONIN *
Une tribu de samouraïs, assoiffés de vengeance suite à l’assassinat de leur maître, vont s’allier à un esclave demi-sang… 47 Ronin, véritable légende japonaise et futur flop ? Budget faramineux (200 millions de dollars), mais guéguerre entre réalisateur et producteurs, le film avec Keanu Reeves en tête d’affiche s’écrase lamentablement. Si la photographie est magnifique, le rythme est lent, la lecture chaotique et les choix narratifs jamais exploités. A. G.

SITUATION AMOUREUSE **
Ben, la trentaine, est sur le point d’épouser Juliette. Sa petite vie est bouleversée quand Vanessa, la bombe atomique de son collège dont il était éperdument amoureux, revient… Pour sa première réalisation, Manu Payet réussit une comédie romantique sans prétention, avec son lot de bonnes surprises. Interprétation sans faille, vannes vraiment bien senties, et du positif à tous les étages. Loin de révolutionner le genre, mais une bonne dose de fraîcheur. A. G.

 
NOTATION :
 **** CULTEissime 
*** TOPissime
** PASMALissime 
* BOFissime
X NULissime

 

Les Sorcières de Zugarramurdi : loufoque !

Dernier film de l’Espagnol Alex de la Iglesia, une comédie d’horreur loufoque dans la pure tradition des séries B.

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Et si les femmes se vengeaient des hommes ? Une question féministe à laquelle Alex de la Iglesia répond avec un mélange d’humour et de gore dans les Sorcières de Zugarramurdi.
Dans l’Espagne contemporaine, bouleversée par la crise, deux amis décident de braquer un magasin d’or madrilène sur la fameuse place de la Puerta del Sol. Un vol armé pas très bien préparé qui va demander aux deux loulous, accompagnés du jeune fils du leader divorcé, de s’enfuir en taxi. Forcée de partir vers la France, la bande va être happée par un monde qui les dépasse, celui de Zugarramurdi. Un village de sorcières où tout ce que les légendes ont raconté est vrai. Des femmes assoiffées de sang et dotées de super-pouvoirs qui cherchent, pour leur festin de fin d’année, un jeune enfant.
Dès les premières minutes, Alex de la Iglésia annonce la couleur de son film : une comédie où le burlesque façon espagnol n’a pas peur de tacher le film à gros coups de blagues bien grasses. Les plans s’enchaînent, en même temps que les gags et les conversations à l’emporte-pièce sur les femmes, le couple ou les bienfaits du mariage. Ce n’est pas sans rappeler un de ses anciens films, un Crime Farpait.
Le réalisateur a décidé de laisser tomber la super-production hollywoodienne pour revenir à son pays natal et son amour de la série B, teintée du style grossier des telenovelas. Il faut oublier l’intrigue façon Meurtre à Oxford (2008) ou le sérieux de la Balada triste de trompeta, Alex de la Iglesia met au premier plan cet humour grinçant qui n’était alors que sous-jacent, mis en sourdine.
Et les femmes ? Comme Peter Jackson avant lui (dans Brain dead ou Bad taste), il se sert du film comique gore pour parler de thèmes très sérieux. Ces femmes vengeresses, avec leur propre religion et leurs cultes païens font de l’émasculation un quotidien joyeux et bon enfant. Leur domination fait froid dans le dos et renvoie directement au massacre de femmes adultères ou tentatrice du Moyen Âge mais aussi aux persécutions contemporaines, aux frustrations des femmes au foyer et leur soumission depuis des siècles.
Mais Alex de la Iglesia n’oublie pas que l’ingrédient principal de ce genre, c’est l’action. Avec des effets spéciaux volontairement mauvais, il met le paquet sur les fusillades, les courses-poursuites, batailles épiques et autres scènes de sacrifices ou de séduction. Comme Tarantino avec sa Nuit en enfer, de la Iglesia rend un hommage réussi au gore, aux histoires de sorcières, aux films de genre.
Benoît Renaudin
Une comédie d’Alex de la Iglesia. Espagnol. Durée : 1 h 52. Avec Hugo Silva, Mario Casas, Carolina Bang, Carmen Maura.
NOTE : **
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LES FILMS TOUJOURS EN SALLE
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LE LOUP DE WALL STREET ***
Martin Scorsese a le chic pour réaliser des films cultes, sûr que cette plongée dans la vie d’un jeune trader ambitieux va rester dans les annales. Surtout quand c’est le désormais immense DiCaprio qui campe le grand méchant loup prêt à tout pour réussir et s’en mettre plein les poches. L’histoire se résume en quelques mots : c’est celle d’un homme qui va vivre son rêve américain à sa façon, avec beaucoup de drogues, de prostitués et de dommages collatéraux. Jouissif, corrosif. B. R.
TEL PÈRE TEL FILS ***
L’histoire n’est pas sans rappeler La Vie est un long fleuve tranquille. Mais c’est peu probable que le réalisateur japonais Irokazu Koreeda (primé à Cannes) l’ait pris pour modèle, tant son esthétisme tire vers la perfection, la sobriété. Paternité, liens du sang, importance de l’éducation, critique de la société japonaise : ce film sur l’échange de nouveau-né va vous faire couler toutes les larmes de votre corps, par sa beauté et la tristesse qui s’en dégage. B. R.
LE HOBBIT 2 ***
Les fans attendaient le deuxième volet avec impatience : Le Hobbit, la désolation de Smaug poursuit donc les aventures de Bilbon Sacquet et sa troupe, venus récupérer le trésor auprès du dragon. Plus rythmé et moins ronflant que le premier, ce nouvel opus est une gigantesque baffe visuelle, grâce à la maîtrise technique d’un Peter Jackson virtuose en très grande forme (l’évasion en tonneaux est hallucinante), aux décors époustouflants et à l’esthétique splendide : vivement le troisième ! A. G.

NOTATION :
 **** CULTEissime 
*** TOPissime
** PASMALissime 
* BOFissime
X NULissime