Des portraits sous toutes les coutures du costard, vous allez en manger pour un moment, mais vont-ils vous aider à mieux connaître le nouveau président ? Pas sûr. Pour ça, rien ne vaut un bon vieux portrait chinois, même imaginaire…
SI C’ÉTAIT UN SPORT ?
À part la randonnée pédestre, évidemment, ce serait le tennis. Beau-papa était président du Tennis-Club Touquettois.
SI C’ÉTAIT UN INSTRUMENT ?
Le piano. Dix ans de Conservatoire à Amiens, quand même…
SI C’ÉTAIT UN HÉROS MARVEL ?
Captain America (parce qu’il n’a jamais Thor, ah, ah, ah !)
SI C’ÉTAIT UN TIC DE LANGAGE ?
En 1 : En même temps. En 2 : Pardon de vous le dire. En 3 : Que ça vous plaise ou non. Et les trois à la suite, ça peut faire mal…
SI C’ÉTAIT UNE STATION DE MÉTRO ?
Sèvres-Babylone. Comme le titre de son unique roman Babylone-Babylone, qui raconte, paraît-il, l’histoire d’un conquistador espagnol. Pas la peine de courir à la Boîte à livres : le bouquin n’a jamais été publié. Mais il s’est rattrapé avec son Révolution qui a quand même dépassé les 200 000 exemplaires vendus (avant l’élection).
S’IL ÉTAIT UN MÉDICAMENT NATUREL ?
L’orgasme. Ben oui, il est né le 21 décembre et c’est justement la journée de l’orgasme. Et il paraît que ça soigne un peu tout, alors…
SI C’ÉTAIT UN AUTRE PERSONNAGE POLITIQUE ?
Najat Vallaud-Belkacem. Eh oui, ça surprend. Mais la ministre de l’Éducation est vraiment son double (un peu inversé) : elle est née la même année, dans la même ville et est diplômée de la même promotion (Senghor) à l’ENA.
SI C’ÉTAIT UNE ÉQUIPE DE FOOT ?
L’OM. Ok, le Velodrome, ça fait loin du Touquet, mais la devise lui va bien : « Droit au but ».
Tmv a attrapé au vol le président et fondateur du Festival Mauvais Genre, Gary Constant. Le Tourangeau revient sur les 10 ans de son bébé, balance les anecdotes, cause culture et choucroute avec Spielberg pour une interview bon chic, bon genre. Ou pas.
Mauvais Genre a déjà 10 ans ! Alors, ça fait quoi ?
Je n’y ai pas réfléchi. Je vois surtout le chemin qu’on a parcouru aujourd’hui. Dix ans, c’est ni long ni court. C’est une réponse de Normand, ça ! (sourire) On est fiers d’avoir réussi à proposer ça, eu égard aux moyens qu’on nous propose. Si on devait s’arrêter là, on n’aurait pas à rougir. Le hic, c’est qu’on aurait aimé plus de moyens pour notre anniversaire. Sans pour autant taper dans le champagne et le caviar, hein ! Mais on fera avec… Sinon oui, il y a 10 ans, j’aurais éclaté de rire si on m’avait dit qu’on serait toujours là. Maintenant, c’est un mélange d’agréable surprise et d’étonnement. Mauvais Genre est une anomalie : comment ça se fait qu’on soit encore là ?!
Pourquoi alors ?
Je ne sais pas. C’est un gros facteur chance.
Modeste , va !
Non, non. Il y a eu beaucoup de chance pour les invités, les réalisateurs qui ont pu venir, etc. Il y a 2, 3 ans, on aurait déjà dû cesser d’exister. Même s’il y a beaucoup de spectateurs, on ne renfloue pas les caisses. Mais on est toujours là. C’est génial.
C’est quoi, en fait, le budget du festival Mauvais Genre ?
Normalement, le festival devrait coûter 70 000 – 80 000 €. Au final, on le fait avec 20 000 €.
Ah oui, donc le manque de subventions…
Les institutions ne voient pas pourquoi elles devraient donner plus, vu qu’on arrive le faire avec si peu. Or, si on doit prendre de l’ampleur, il faut des subventions. Mais c’est un engrenage. Si les donneurs privés et les mécènes voient qu’il y a une frilosité de la part des institutions et des collectivités, ils vont douter. Et ne pas donner non plus.
Tu as des anecdotes qui te reviennent parmi toutes les éditions de Mauvais Genre ?
Je me souviens d’une choucroute avec Spielberg… (éclat de rire) Non, je déconne. Euh, Benoît Delépine par exemple (connu pour son rôle de Michael Kael dans le Groland-NDLR). Il avait un coup dans le nez au pot d’ouverture. Mais c’est dingue, la popularité de ce mec et l’attitude des gens à son égard. C’était hyper bon enfant. Le soir, des jeunes du Sanitas ont voulu prendre des photos avec « Michael Kael » et que, si on avait besoin, ils pouvaient le raccompagner. Il y a aussi eu Francis Renaud, l’an dernier, qui voulait piquer les sigles des BM stationnées pour démarrer une collection (rires) ! (On vous rassure, il ne l’a pas fait – NDLR) Nous ne sommes jamais tombés sur un con qui ait mis une mauvais ambiance. Le retour du public est très intéressant. Le public ne triche pas.
D’ailleurs, il y a vraiment un « public Mauvais Genre ». Il y a toujours de l’ambiance, c’est sympa et ça me fait penser à une grande famille. Toujours prête à crier « à poil Gary ! » d’ailleurs…
Pour les 10 ans, ce serait étonnant que ça n’arrive pas ! Pour la Nuit interdite, ok. Mais pour l’ouverture du festival, évitez quand même. Soyons sérieux ! (sourire)
Y a-t-il un(e) invité(e) qui t’a vraiment marqué ? À part Spielberg et sa choucroute, bien sûr.
Il y a eu… Delépine, car c’est devenu un ami. Le dessinateur Philippe Caza. Ou encore le cinéaste Jean Rollin, décédé quelques mois après, qui avait vraiment amené une patte fantastique. Et l’acteur Francis Renaud, quelqu’un de très franc. Et une grande partie du cinéma n’aime pas la franchise.
Cette 10 e édition a été un peu difficile à mettre en place…
Il y a aussi eu une campagne de financement participatif pour aider un peu… Au bout de 10 ans, on ne peut hélas pas se dire manifestation pérenne. C’est dommage, car on a fait nos preuves même si je sais bien qu’il y a la situation économique, etc. Mais on risque de s’essouffler.
… Mais je voulais avoir ton regard sur la culture à Tours ?
Je pense que Tours est en train de s’endormir. Pour moi, les choses ont changé, mais pas en bien. Avant, il y avait une dizaine de concerts par semaine. Maintenant, c’est bien rare. Ça fait vieux con de dire ça, mais bon. Ma parole est apolitique, mais que ce soit la droite ou la gauche, il n’y a pas eu de choses concluantes. Le potentiel n’est pas assez exploité. C’est dommage, vu le passé culturel de la ville. Là, c’est le citoyen qui parle : Tours va lentement vers la léthargie. Le néant culturel menace. Et je parle de la culture populaire, pas élitiste…
Tiens, il se passe quoi dans ta tête, 10 minutes avant le début du festival ?
De l’anxiété un peu, bien sûr. Peur du pépin de son, d’image… L’ouverture donne le tempo. Je me demande alors si le public est réceptif. S’il ne jette pas de tomates, ça va… (rires)
Mauvais Genre ne serait rien sans les bénévoles…
Bien sûr, impossible de ne pas aborder les bénévoles. Derrière moi, il y a toute une équipe, solide, compétente. Sans eux, je ne serai rien du tout. À l’année, il y en a une vingtaine. Pendant le festival, on tourne à 40 bénévoles environ.
Au départ, le festival était axé sur l’horreur. Désormais, cela brasse bien plus large. Pourquoi ?
Dès le début, je voulais un maximum de genres. Mais je n’avais pas le carnet d’adresses. Du coup, il était plus aisé d’avoir des films d’horreur. Mais à la troisième édition, on a commencé à faire entrer de la comédie, du drame. Maintenant, le public nous fait confiance, veut des surprises au niveau des films. C’est un rendez-vous entre curieux, passionnés et néophytes. Ils viennent chercher une gamme de sensations.
Parmi les films proposés cette année, quels sont ceux qui t’ont vraiment mis une claque ?
Ah, la fameuse question… Mmh, je dirais 13 Hours, de Michael Bay, qui sera diffusé à la cérémonie d’ouverture. Il évite tout patriotisme con-con, c’est carré et étonnant. Vraiment immersif, sans en faire des tonnes. Sinon, à la Nuit interdite, il y aura The Forgotten, d’Oliver Frampton qui sera d’ailleurs présent. C’est un mélange entre la dénonciation sociale à la Ken Loach et la vraie peur à la Nakata dans The Ring. Il y a aussi Sunset Edge, une dérive à la Gus Van Sant, avec du fantastique. Vraiment surprenant… Et Alki Alki : il fait partie de la nouvelle génération du cinéma allemand. Ça passe par toutes les gammes d’émotion… Comme Mauvais Genre !
Francis Renaud est acteur, réalisateur, producteur et scénariste. Président du jury de Mauvais Genre cette année, il a pris le temps de nous parler, en direct de Bulgarie.
À l’heure du téléchargement et du streaming à tout va, c’est quoi le but, l’utilité d’un festival de cinéma ?
Faire rencontrer des réalisateurs, voir des films, rentrer dans des univers. Là, c’est du cinéma de genre, que j’adore. On peut porter un regard nouveau sur le cinéma, les images, les acteurs.
En quoi consiste votre rôle dans le jury ?
On va faire un travail sincère, rigoureux. C’est beaucoup de boulot. Il y a les films en compétition, hors-compétition mais qui sont tout aussi essentiels ! Je suis fier et content d’y participer. Je vais découvrir des films et les goûts du public. C’est lui, le jury le plus important.
D’ailleurs, quand vous regardez un film, c’est avec un œil de cinéaste ?
Ah non, surtout pas ! Au cinéma, je reste toujours spectateur. Je suis juste un mec normal qui regarde ! (rires)
On a parfois accusé le cinéma de genre de tous les maux. Vous en pensez quoi ?
Ces films participent à tellement de choses. On a besoin de frissonner, d’avoir peur. Je repense à l’Exorciste, que j’ai vu quand j’étais gamin… Le quotidien m’ennuie. Quand je vais au cinéma, ce n’est pas pour regarder cette même réalité ennuyeuse, comme c’est parfois le cas dans certains films d’auteur. Je veux m’échapper. J’ai rencontré des gens fantastiques et doués dans le cinéma de genre, comme sur le tournage de Mutants. Je pense aussi à Bustillo et Maury. Parfois, ça terrorise, réveille des pulsions, mais c’est un cinéma incroyable. Regardez Massacre à la tronçonneuse, Evil Dead. Moi, je m’en fous des Cahiers du cinéma…
Vous semblez avoir un lien privilégié avec ce cinéma là…
Certes, la majeure partie des réalisations vient des États-Unis, mais en France, même si les moyens sont moindres, on a beaucoup de gens doués. L’important, c’est de faire, d’écrire. Moi, je ne fais pas ce métier pour faire des entrées. Je suis loin du formatage. Il suffit de voir la télé et cette histoire de ménagère de moins de 50 ans : j’en ai marre qu’on prenne les gens pour des cons. Les spectateurs ne sont pas stupides. Il veulent du bon cinéma, des bons acteurs, de l’émotion. J’ai du mal à m’évader avec certains films refaits à l’infini, toujours avec les mêmes personnes…
Comme certains gros films français qui marchent…
Il y a une partie du cinéma français qui est arrogant, bourgeois, académique. J’aime le cinéma populaire, les Audiard, les Marchal. Ou Alexandre Aja, il est très fort, il a une patte. Il y a de l’onirisme, c’est beau. Comme dans la littérature, ce sont des contes, on rentre dans un univers.
Vous avez jeté un œil sur la programmation de Mauvais Genre ? (retrouvez notre dossier spécial par ici)
Un petit peu. Tout est super pro, la programmation est très belle. Mais je n’ai pas envie d’être influencé par les genres, les synopsis ! J’aime être surpris.