Emmanuel Macron : portrait chinois

Des portraits sous toutes les coutures du costard, vous allez en manger pour un moment, mais vont-ils vous aider à mieux connaître le nouveau président ? Pas sûr. Pour ça, rien ne vaut un bon vieux portrait chinois, même imaginaire…

Image1SI C’ÉTAIT UN SPORT ?

À part la randonnée pédestre, évidemment, ce serait le tennis. Beau-papa était président du Tennis-Club Touquettois.

SI C’ÉTAIT UN INSTRUMENT ?

Le piano. Dix ans de Conservatoire à Amiens, quand même…

SI C’ÉTAIT UN HÉROS MARVEL ?

Captain America (parce qu’il n’a jamais Thor, ah, ah, ah !)

SI C’ÉTAIT UN TIC DE LANGAGE ?

En 1 : En même temps. En 2 : Pardon de vous le dire. En 3 : Que ça vous plaise ou non. Et les trois à la suite, ça peut faire mal…

SI C’ÉTAIT UNE STATION DE MÉTRO ?

Sèvres-Babylone. Comme le titre de son unique roman Babylone-Babylone, qui raconte, paraît-il, l’histoire d’un conquistador espagnol. Pas la peine de courir à la Boîte à livres : le bouquin n’a jamais été publié. Mais il s’est rattrapé avec son Révolution qui a quand même dépassé les 200 000 exemplaires vendus (avant l’élection).

S’IL ÉTAIT UN MÉDICAMENT NATUREL ?

L’orgasme. Ben oui, il est né le 21 décembre et c’est justement la journée de l’orgasme. Et il paraît que ça soigne un peu tout, alors…

SI C’ÉTAIT UN AUTRE PERSONNAGE POLITIQUE ?

Najat Vallaud-Belkacem. Eh oui, ça surprend. Mais la ministre de l’Éducation est vraiment son double (un peu inversé) : elle est née la même année, dans la même ville et est diplômée de la même promotion (Senghor) à l’ENA.

SI C’ÉTAIT UNE ÉQUIPE DE FOOT ?

L’OM. Ok, le Velodrome, ça fait loin du Touquet, mais la devise lui va bien : « Droit au but ».

SI C’ÉTAIT UNE INSULTE ?

Socialiste ! (Meuh non, on rigole !)

SI C’ÉTAIT UN GROUPE DE MUSIQUE ?

Brigitte ?

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Festival Mauvais Genre : « Le public ne triche pas »

Tmv a attrapé au vol le président et fondateur du Festival Mauvais Genre, Gary Constant. Le Tourangeau revient sur les 10 ans de son bébé, balance les anecdotes, cause culture et choucroute avec Spielberg pour une interview bon chic, bon genre. Ou pas.

Rechercher un DVD chez Gary Constant : mission impossible

Mauvais Genre a déjà 10 ans ! Alors, ça fait quoi ?
Je n’y ai pas réfléchi. Je vois surtout le chemin qu’on a parcouru aujourd’hui. Dix ans, c’est ni long ni court. C’est une réponse de Normand,  ça !  (sourire)  On est fiers d’avoir réussi à proposer ça, eu égard aux  moyens qu’on nous propose. Si on devait s’arrêter là, on n’aurait pas à  rougir. Le hic, c’est qu’on aurait aimé plus de moyens pour notre anniversaire. Sans pour autant taper dans le champagne et le caviar, hein ! Mais  on fera avec… Sinon oui, il y a 10 ans, j’aurais éclaté de rire si on m’avait  dit qu’on serait toujours là. Maintenant, c’est un mélange d’agréable  surprise et d’étonnement. Mauvais Genre est une anomalie : comment  ça se fait qu’on soit encore là ?!

Pourquoi alors ? 
Je ne sais pas. C’est un gros facteur chance.

Modeste , va !
Non, non. Il y a eu beaucoup de chance pour les invités, les réalisateurs  qui ont pu venir, etc. Il y a 2, 3 ans, on aurait déjà dû cesser d’exister.  Même s’il y a beaucoup de spectateurs, on ne renfloue pas les caisses.  Mais on est toujours là. C’est génial.

C’est quoi, en fait, le budget du festival Mauvais Genre ?
Normalement, le festival devrait coûter 70 000 – 80 000 €. Au final, on  le fait avec 20 000 €.

Ah oui, donc le manque de subventions… 
Les institutions ne voient pas pourquoi elles devraient donner plus, vu  qu’on arrive le faire avec si peu. Or, si on doit prendre de l’ampleur, il  faut des subventions. Mais c’est un engrenage. Si les donneurs privés et  les mécènes voient qu’il y a une frilosité de la part des institutions et des  collectivités, ils vont douter. Et ne pas donner non plus.

Tu as des anecdotes qui te reviennent parmi toutes les éditions  de Mauvais Genre ? 
Je me souviens d’une choucroute avec Spielberg…  (éclat de rire)  Non,  je déconne. Euh, Benoît Delépine par exemple (connu pour son rôle de  Michael Kael dans le Groland-NDLR). Il avait un coup dans le nez au pot  d’ouverture. Mais c’est dingue, la popularité de ce mec et l’attitude des  gens à son égard. C’était hyper bon enfant. Le soir, des jeunes du Sanitas  ont voulu prendre des photos avec « Michael Kael » et que, si on avait  besoin, ils pouvaient le raccompagner. Il y a aussi eu Francis Renaud, l’an  dernier, qui voulait piquer les sigles des BM stationnées pour démarrer une collection  (rires)  ! (On vous rassure, il ne l’a pas fait – NDLR) Nous  ne sommes jamais tombés sur un con qui ait mis une mauvais ambiance.  Le retour du public est très intéressant. Le public ne triche pas.

D’ailleurs, il y a vraiment un « public Mauvais Genre ». Il y a  toujours de l’ambiance, c’est sympa et ça me fait penser à une  grande famille. Toujours prête à crier « à poil Gary ! » d’ailleurs…
Pour les 10 ans, ce serait étonnant que ça n’arrive pas ! Pour la Nuit  interdite, ok. Mais pour l’ouverture du festival, évitez quand même.  Soyons sérieux !  (sourire)

Y a-t-il un(e) invité(e) qui t’a vraiment marqué ? À part Spielberg  et sa choucroute, bien sûr.
Il y a eu… Delépine, car c’est devenu un ami. Le dessinateur Philippe  Caza. Ou encore le cinéaste Jean Rollin, décédé quelques mois après, qui  avait vraiment amené une patte fantastique. Et l’acteur Francis Renaud,  quelqu’un de très franc. Et une grande partie du cinéma n’aime pas la  franchise.

Cette 10 e  édition a été un peu difficile à mettre en place…
Il y a  aussi eu une campagne de financement participatif pour aider  un peu…  Au bout de 10 ans, on ne peut hélas pas se dire manifestation pérenne.  C’est dommage, car on a fait nos preuves même si je sais bien qu’il y a  la situation économique, etc. Mais on risque de s’essouffler.

… Mais je voulais avoir ton regard sur la culture à Tours ?
Je pense que Tours est en train de s’endormir. Pour moi, les choses ont  changé, mais pas en bien. Avant, il y avait une dizaine de concerts par  semaine. Maintenant, c’est bien rare. Ça fait vieux con de dire ça, mais  bon. Ma parole est apolitique, mais que ce soit la droite ou la gauche, il  n’y a pas eu de choses concluantes. Le potentiel n’est pas assez exploité.  C’est dommage, vu le passé culturel de la ville. Là, c’est le citoyen qui  parle : Tours va lentement vers la léthargie. Le néant culturel menace.  Et je parle de la culture populaire, pas élitiste…

Bisou Mauvais Genre
Bisou Mauvais Genre

Tiens, il se passe quoi dans ta tête, 10 minutes avant le début  du festival ? 
De l’anxiété un peu, bien sûr. Peur du pépin de son, d’image… L’ouverture  donne le tempo. Je me demande alors si le public est réceptif. S’il ne jette  pas de tomates, ça va…  (rires)

Mauvais Genre ne serait rien sans les bénévoles…
Bien sûr, impossible de ne pas aborder les bénévoles. Derrière moi, il  y a toute une équipe, solide, compétente. Sans eux, je ne serai rien du  tout. À l’année, il y en a une vingtaine. Pendant le festival, on tourne à  40 bénévoles environ.

Au départ, le festival était axé sur l’horreur. Désormais, cela  brasse bien plus large. Pourquoi ? 
Dès le début, je voulais un maximum de genres. Mais je n’avais pas le  carnet d’adresses. Du coup, il était plus aisé d’avoir des films d’horreur.  Mais à la troisième édition, on a commencé à faire entrer de la comédie,  du drame. Maintenant, le public nous fait confiance, veut des surprises  au niveau des films. C’est un rendez-vous entre curieux, passionnés et  néophytes. Ils viennent chercher une gamme de sensations.

Parmi les films proposés cette année, quels sont ceux qui t’ont  vraiment mis une claque ? 
Ah, la fameuse question… Mmh, je dirais 13 Hours, de Michael Bay, qui  sera diffusé à la cérémonie d’ouverture. Il évite tout patriotisme con-con,  c’est carré et étonnant. Vraiment immersif, sans en faire des tonnes.  Sinon, à la Nuit interdite, il y aura The Forgotten, d’Oliver Frampton qui  sera d’ailleurs présent. C’est un mélange entre la dénonciation sociale  à la Ken Loach et la vraie peur à la Nakata dans The Ring. Il y a aussi  Sunset Edge, une dérive à la Gus Van Sant, avec du fantastique. Vraiment  surprenant… Et Alki Alki : il fait partie de la nouvelle génération du  cinéma allemand. Ça passe par toutes les gammes d’émotion… Comme  Mauvais Genre !

Grand entretien par Aurélien Germain

Francis Renaud : « En France, on a beaucoup de gens doués »

Francis Renaud est acteur, réalisateur, producteur et scénariste. Président du jury de Mauvais Genre cette année, il a pris le temps de nous parler, en direct de Bulgarie.

Francis Renaud (Photo Patrick Glaize/Studio Canal)
Francis Renaud (Photo Patrick Glaize/Studio Canal)

À l’heure du téléchargement et du streaming à tout va, c’est quoi le but, l’utilité d’un festival de cinéma ?
Faire rencontrer des réalisateurs, voir des films, rentrer dans des univers. Là, c’est du cinéma de genre, que j’adore. On peut porter un regard nouveau sur le cinéma, les images, les acteurs.

En quoi consiste votre rôle dans le jury ?
On va faire un travail sincère, rigoureux. C’est beaucoup de boulot. Il y a les films en compétition, hors-compétition mais qui sont tout aussi essentiels ! Je suis fier et content d’y participer. Je vais découvrir des films et les goûts du public. C’est lui, le jury le plus important.

D’ailleurs, quand vous regardez un film, c’est avec un œil de cinéaste ?
Ah non, surtout pas ! Au cinéma, je reste toujours spectateur. Je suis juste un mec normal qui regarde ! (rires)

On a parfois accusé le cinéma de genre de tous les maux. Vous en pensez quoi ?
Ces films participent à tellement de choses. On a besoin de frissonner, d’avoir peur. Je repense à l’Exorciste, que j’ai vu quand j’étais gamin… Le quotidien m’ennuie. Quand je vais au cinéma, ce n’est pas pour regarder cette même réalité ennuyeuse, comme c’est parfois le cas dans certains films d’auteur. Je veux m’échapper. J’ai rencontré des gens fantastiques et doués dans le cinéma de genre, comme sur le tournage de Mutants. Je pense aussi à Bustillo et Maury. Parfois, ça terrorise, réveille des pulsions, mais c’est un cinéma incroyable. Regardez Massacre à la tronçonneuse, Evil Dead. Moi, je m’en fous des Cahiers du cinéma…

Vous semblez avoir un lien privilégié avec ce cinéma là…
Certes, la majeure partie des réalisations vient des États-Unis, mais en France, même si les moyens sont moindres, on a beaucoup de gens doués. L’important, c’est de faire, d’écrire. Moi, je ne fais pas ce métier pour faire des entrées. Je suis loin du formatage. Il suffit de voir la télé et cette histoire de ménagère de moins de 50 ans : j’en ai marre qu’on prenne les gens pour des cons. Les spectateurs ne sont pas stupides. Il veulent du bon cinéma, des bons acteurs, de l’émotion. J’ai du mal à m’évader avec certains films refaits à l’infini, toujours avec les mêmes personnes…

Comme certains gros films français qui marchent…
Il y a une partie du cinéma français qui est arrogant, bourgeois, académique. J’aime le cinéma populaire, les Audiard, les Marchal. Ou Alexandre Aja, il est très fort, il a une patte. Il y a de l’onirisme, c’est beau. Comme dans la littérature, ce sont des contes, on rentre dans un univers.

Vous avez jeté un œil sur la programmation de Mauvais Genre ? (retrouvez notre dossier spécial par ici)
Un petit peu. Tout est super pro, la programmation est très belle. Mais je n’ai pas envie d’être influencé par les genres, les synopsis ! J’aime être surpris.

Propos recueillis par Aurélien Germain

>>Page allociné de Francis Renaud : filmographie et carrière