Sans un bruit : concept assourdissant !

Outre-Atlantique, ce fut un carton : Sans un bruit a dégommé le box-office malgré son budget riquiqui (enfin, pour Hollywood). Le « film-phénomène » débarque en France et risque d’en crisper plus d’un. Vous en oublierez de manger vos pop-corn (et c’est tant mieux, car c’est terriblement lourdingue).

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« Chut ! Si tu manges ton pop corn bruyamment pendant le film, les monstres viendront te dévorer »

Enfin le voilà, ce fameux film-phénomène ! Auréolé d’une « hype » folle depuis sa sortie américaine et en festivals, Sans un bruit bénéficiait déjà d’un bouche-à-oreille dithyrambique, surfant sur la vague des Split, Get out et autres Witch (= bonne idée + petit budget pour maxi succès).
Déjà estampillé « film d’horreur de l’année » (ce qu’il n’est pas d’ailleurs), il y avait toutes les raisons de se méfier.

Le pitch de Sans un bruit est un défi périlleux : dans un univers postapocalyptique, la population doit rester silencieuse. Un seul petit bruit et des monstres terrifiants vous sautent dessus pour vous tuer. Usant des ressorts du film muet, le film de John Krasinski doit donc tenir son spectateur en haleine durant 1 h 30, où une dizaine de phrases à peine seront prononcées.
Seules les nappes sonores enrobent et nourrissent la chose.

Avec un concept aussi excitant, le long-métrage de Krasinski devient rapidement un réel cauchemar. Efficace et redoutable, Sans un bruit est tendu comme il faut (le climax va donner quelques sueurs froides à certains !). Nerveux et bien emballé, malgré de grosses ficelles (l’utilisation du champ de maïs), il prend un malin plaisir à jouer avec les nerfs.
Utilisant chaque parcelle de son décor, le cinéaste fait également preuve d’une grande maîtrise dans sa mise en scène et réussit à séduire grâce à ses personnages suffisamment touchants dans leur survie pour mener à bien son récit. De quoi en faire oublier quelques séquences un peu téléphonées et des jump-scares pas toujours surprenants.

Offrant une belle leçon d’ambiance et de tension, Sans un bruit est donc silencieux mais assourdissant. Une expérience réussie et audacieuse.

> Thriller / Épouvante, de John Krasinski (USA). Durée : 1 h 30. Avec Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simonds…
> NOTE : 3,5/5 

The Witch : ensorcelant

Véritable tableau pictural, le premier long de Robert Eggers est ensorcelant : plongez chez les sorcières et les puritains avec The Witch, l’un des meilleurs films de genre de ces dernières années.

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Partout où il est passé, il a fait sensation. Partout où il a laissé son odeur de soufre, il a exercé une fascination. The Witch, « film d’horreur indé », a eu un succès monumental dans tous les festivals. Gérardmer, Sundance, etc., tous ont succombé à cette noirceur satanique qui enveloppe le premier long-métrage de Robert Eggers.

The Witch se base sur une histoire vraie. Nous ramène en 1630, en Nouvelle-Angleterre. L’époque de la chasse aux sorcières, durant laquelle un couple dévot doit vivre à la limite de la civilisation. Le père et la mère portent toute la tristesse du monde sur leurs épaules : leur nouveau-né a mystérieusement disparu. Peu à peu, parents et enfants vont se dresser les uns contre les autres. En cela, The Witch ne plaira clairement pas à tout le monde. Parce qu’il est exigeant. Parce qu’il sort des sentiers battus. Et qu’il est bien loin des productions pathétiques tournées à la chaîne sans respect de son public (les Paranormal Activity et consorts).

the-witch-1325Au final, on n’est pas tant que ça face à un film d’horreur. Ici, le mélange est habile : puritanisme, mythologie populaire, occultisme, fondamentalisme religieux, symboliques païennes… Le cinéaste analyse les croyances de l’époque en menant parallèlement un récit fantastique imbibé d’une montée en tension anxiogène.
The Witch est noir, très noir. Malsain. Rugueux. Magnifié par une photographie extraordinaire (plastiquement, c’est somptueux), drapé dans une ambiance grisâtre et austère, The Witch ensorcelle. On pense parfois à Shining (pour cette folie insidieuse), à The Thing (ce lent suspens qui peut désarçonner) : ce n’est pas de l’horreur stricto sensu. The Witch est simplement mental. Un grand film basé sur la suggestion. Et c’est terriblement malin.

Aurélien Germain

« Horreur/épouvante », de Robert Eggers (USA/Canada). Durée : 1 h 33. Avec Anya Taylor Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie…
NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=zV3SIf3-dsc[/youtube]

The Door : oh, la purge…

Une fois de plus, voilà une petite production sans prétention et sans grand intérêt : The Door voulait faire frissonner ? C’est loupé.

Allô maman bobo, comment tu m'as fait chui pas beauuu
Allô maman bobo, comment tu m’as fait chui pas beauuu

« Vous n’oserez plus jamais ouvrir la porte », « un film d’horreur qui terrifie les États-Unis», … Brrr, c’est qu’on aurait presque tremblé de peur avec ces phrases-marketing balancées à la face d’un public qu’on nourrit aux films d’épouvante interchangeables et pathétiques. Sauf qu’une nouvelle fois, Hollywood a accouché d’une petite production cliché à souhait, ni inventive, ni même flippante. Simplement un doux ronron sans âme.

The Door (The Other side of the door, en VO) avait pourtant des atouts de côté : un décor (l’Inde), un postulat de départ intéressant (la détresse d’une maman qui a perdu son jeune fils dans un accident, sans avoir pu le sauver). Puis la découverte, par la mère, d’un rituel antique permettant de faire un dernier adieu à son enfant dans un temple… à condition de ne pas ouvrir la porte qui sépare les vivants des morts. Porte qu’elle va – bien évidemment – ouvrir.
Passée une introduction emballée en deux secondes chrono, le cinéaste Johannes Roberts va alors dérouler The Door sans aucune intelligence, enfilant sans gêne les clichés comme des perles. Recourant à tous les poncifs les plus éculés qui soient (oh tiens, une chaise qui bouge), The Door s’essaye sporadiquement à quelques jumpscares (procédé pour faire sursauter) foireux et prévisibles, annoncés et surlignés par une grosse-musique-qui-fait-peur-bouh.

De ce naufrage ne survivent qu’une photographie sympathique et une Sarah Wayne Callies (vue dans The Walking Dead) relativement juste dans son rôle de mère éplorée et pleine de culpabilité. Les autres personnages, sous-traités au possible (mention spéciale au papa), ne font que renforcer ce script écrit avec les pieds. La prochaine fois, n’ouvrez pas cette fichue porte, qu’on vous dit. On évitera une énième arnaque cinématographique.

Aurélien Germain

Épouvante, de Johannes Roberts (USA). Durée : 1 h 36. Avec : Sarah Wayne Callies, Jeremy Sisto…
NOTE : 1,5/5 

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=PmqbhMOkE-Y[/youtube]

La filmo Halloween : notre top 4

Le 31 octobre, calez-vous dans votre canapé : on vous donne 4 films à dévorer pour fêter Halloween et voir l’horreur, la vraie ! (mis à part les œuvres de Kev Adams)

THE GREEN INFERNO

La toute récente pelloche d’Eli Roth rend hommage au Cannibal Holocaust de Deodato et consorts : des hipsters activistes écolos imbus d’eux-mêmes finissent par se faire manger tout crus en pleine jungle. 100 % (très) gore.
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L’EXORCISTE

Culte parmi les cultes : le film terrifiant de William Friedkin, sorti le lendemain de Noël aux US (sympa), n’a pas vieilli. Toujours flippant et impossible de se lasser de la rasade de vomi de démon dans la tête du prêtre.

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BRAINDEAD

Pour le côté déconne ! L’un des premiers films de Peter Jackson (oui, oui, le Seigneur des anneaux) a beau dater de 1992, il mélange gore et comique avec brio. Et contient l’une des scènes les plus sanglantes du cinéma.

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CONJURING

Parfois, James Wan sait envoyer quelques jolies réalisations. La preuve avec ce Conjuring, les dossiers Warren. Inspiré de faits réels, angoissant, ambiance 70s, jouant la carte de la possession : du (presque) tout bon.
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Ouija : l’arnaque pseudo-horrifique

Une arnaque pseudo horrifique d’un ennui profond et d’une bêtise abyssale. Pas flippant pour un sou, un vrai gâchis.

Ouija

« Je ne sais pas si je veux jouer à ça. » Deux petites filles fixent une table ouija , cette planche fréquemment utilisée aux États- Unis pour les séances de spiritisme. « Tu verras, c’est amusant. Mais il ne faut pas jouer toute seule. » Ce que l’une d’elles, Debbie, fera des années plus tard… avant de se pendre.

D’une scène d’ouverture pleine de promesses, Ouija va pourtant rapidement s’embourber dans une production d’ « épouvante » sans épaisseur ni substance. Abordant les thèmes du spiritisme (les anciens amis de Debbie, intrigués de sa mort, vont aussi utiliser une planche ouija pour lui tailler un brin de causette dans l’au-delà) et de la vengeance post-mortem, Ouija joue sur tous les poncifs les plus éculés qui soient.
Téléphoné et convenu, il multiplie les jumpscare foireux – ce procédé utilisé pour faire sursauter le spectateur : lumière qui s’éteint, bruit dans les murs et porte qui claque, main furtive… Cliché jusqu’à la moelle, Ouija n’est qu’une énième série B peu intéressante et pas effrayante.

Il faut dire que derrière la caméra se cache Stiles White, le scénariste de Possédée ou encore de la purge Prédictions, avec Nicolas Cage, et sa détestable propagande scientologique. Pourtant, Ouija, par ailleurs doté d’une photographie léchée, avait du potentiel. Quelques rares séquences, assez bien ficelées, sortent parfois du lot. Maigre compensation… Filmé avec les pieds, Ouija souffre aussi de dialogues bas du front, d’une narration inexistante et d’acteurs de seconde zone (Olivia Cooke est très jolie mais a le charisme d’une huître). Le tout, maltraité par un montage catastrophique.
Le réalisateur n’est cependant pas le seul à blâmer dans ce naufrage. Ouija était-il déjà mort-né ? Une mise en route tardive (le projet date de 2008 !), des investisseurs et des producteurs frileux, un scénario bancal réécrit, des scènes reshootées après le tournage et la moitié du film remaniée à la demande du studio…

À côté de ça, Ouija est produit par la société de Michael Bay, main dans la main avec Jason Blum. Autrement dit, une compagnie friande de bobines d’horreur/épouvante bas de gamme et spécialiste des remakes lamentables (elle a notamment ruiné le pourtant culte Massacre à la tronçonneuse et a enfanté la saga American Nightmare). Outre-Atlantique, Ouija, dézingué par la critique, a remporté 100 millions de dollars, alors qu’il n’en a coûté que cinq. En résumé, à la sauce Paranormal Activity : budget mini pour rentabilité maxi, enrobé d’un je-m’en-foutisme latent. Bref, pas besoin d’avoir une planche ouija pour comprendre comment a pu naître cette horreur…

Aurélien Germain

Épouvante/horreur, de Stiles White (USA). Durée : 1 h 30. Avec Olivia Cooke, Ana Coto, Douglas Smith…
NOTE : X

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=9MKHpjrocNo[/youtube]

NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime