Steve Jobs : biopic d’un cruel visionnaire

Avec ce nouveau biopic sur Steve Jobs, Danny Boyle dépeint à merveille le papa d’Apple : génie, visionnaire, mais cruel et au cœur de glace. Un film en trois actes.

steve jobs
« J’en vois qui discutent au fond. Vous n’allez pas savoir utiliser Siri, les mecs »

Steve Jobs, monsieur Apple, serait-il moins sexy au ciné que Mark Zuckerberg, le roi de Facebook ? En 2010, The Social Network, consacré à ce dernier, avait affolé les compteurs. Six ans plus tard, le biopic sur Steve Jobs, big boss controversé lui-aussi, a connu un flop retentissant outre-Atlantique. Encensé par la critique, mais boudé par le public. Un premier week-end à 7,3 millions de dollars de recettes, pour un budget de 30 millions. Outch. Trop économico-geek ? Trop froid ? Trop différent ?

Un peu de tout ça, en fait. Pourtant — et paradoxalement — le long-métrage de Boyle sidère. Déjà parce qu’il est loin du portrait nauséeux à la gloire de l’homme qu’on aurait pu attendre. Loin de là. Le cinéaste dépeint avec recul Docteur Steve et Mister Jobs. Un génie tortionnaire. Cruel (tant avec sa fille qu’il refuse de reconnaître qu’avec la relation complexe entretenue avec ses collaborateurs), maniaque, mais créatif visionnaire.
Pour cela, Boyle a fait appel à un Michael Fassbender fantastique et terrifiant. Au milieu de comédiens virtuoses (Kate Winslet, impériale), l’acteur est bien loin de l’insipide Ashton Kutcher dans l’autre biopic Jobs (2013), signé Joshua Michael Stern.

Au-delà de ça, Danny Boyle brille aussi – et surtout – pour sa mise en scène inventive, l’utilisation de ses cadres, son écriture et la construction de son film : ici, le réalisateur se concentre sur les heures précédant les fameuses « key notes », ces conférences ultra-marketées chéries par Steve Jobs. Trois moments, trois actes. Un choix malin, courageux même. Idéal pour plonger dans les coulisses d’Apple et dans les profondeurs du cerveau de Steve Jobs. Loin de l’hagiographie. Douloureusement humain.

Aurélien Germain

> Biopic, de Danny Boyle (États-Unis). Durée : 2 h 02.
Avec Michael Fassbender, Kate Winslet, Seth Rogen…

NOTE : 3,5/5

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