Chroniques culture : l’album de Birdstone, les Stones sur Arte et le coin lecture

Cette semaine, on écoute l’énorme album des Birdstone, avant de passer au live mythique des Rolling Stones disponible sur Arte, puis de se calmer en lisant Les Maisons vides et Sublimation – Mœurs Musicales.

LE CD

BIRDSTONE – LOSS

Qu’on l’attendait de pied ferme, ce deuxième méfait de Birdstone ! Et disons le de suite : « Loss » est une claque. Une belle. Concentré abrasif de blues rock psyché, le disque de ce trio est impressionnant. On pense tour à tour à un Rival Sons qui copulerait avec Graveyard, le tout saupoudré d’un soupçon de Led Zep’. Côté influences, on a vu pire !

Mais Birdstone les digère habilement et a sa propre personnalité, n’hésite pas à partir en stoner grassouillet, aidé par une basse démente (Edwige à la 4-cordes fait des miracles), avant de balancer un gros riff sabbathien en diable. Dernier argument pour ne pas passer à côté : jetez une oreille (même les deux) sur « Madness », véritable tube qui ne quittera plus votre cervelle. Une claque, qu’on vous disait.

Chronique : Aurélien Germain / Photo ouverture : Guillaume Guérin

LES ROMANS

LES MAISONS VIDES

C’est elle qui a reçu le Prix du roman tmv, pour cette édition 2022 (lire tmv n°417 JUSTE ICI) : Laurine Thizy, 31 ans, est une autrice sur qui il faudra compter ces prochaines années. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire Les Maisons vides (éditions de l’Olivier), son premier roman justement. On y suit Gabrielle, enfant puis jeune fille, une gymnaste attachante et taiseuse. Dans ses poumons ? Des « araignées ».

Elle grandit, s’affranchit, lutte. L’univers de Laurine Thizy est singulier ; la construction du roman, pas commune (l’alternance passé/présent, le narrateur mystérieux…). Puis le puzzle se met en place. Ce livre sur le silence bouleverse, accroche le lecteur, il parle des familles qui se taisent, il parle des secrets. Les Maisons vides est d’une douce poésie, il est porté par une très belle écriture, délicate. Et puis, vient la fin. Un uppercut, un twist final véritablement. De quoi donner une couleur très cinématographique à l’ensemble. Un premier roman plus que réussi.

A.G.

SUBLIMATION – MŒURS MUSICALES

Quel meilleur timing pour parler de ce premier roman de Jessica Apirene que… maintenant ? Dans notre numéro spécial Fête de la musique ? C’est en effet ce 21 juin que paraît Sublimation – Mœurs musicales, une œuvre rendant hommage à la musique. Publié en autoédition, Sublimation raconte un monde devenu stérile, depuis qu’un pesticide étrange a ravagé la planète. Le peuple des Hommes, musiciens dans l’âme, est en voie d’extinction ; ils ne devront compter que sur Pia l’Impitoyable, la dernière… des femmes.

L’autrice, ex-ingénieure qui vit désormais à Noisay, décortique le rapport étroit entre les humains et l’art. Un récit bercé sur le lit de la dystopie. De quoi passionner les amateurs du genre.

A.G.

> instagram.com/jessica.apirene.auteure

VIDEO

ARTE ROCK’N’ROLL

Arte continue de régaler ! Régulièrement encensée pour proposer des concerts en intégrale sur sa chaîne Youtube, la chaîne vient de mettre en ligne, sur son flux Youtube, un live mythique : celui des Rolling Stones, en 2006, sur la plage de Copacabana. Mick Jagger, Keith Richards, Ronnie Wood et Charlie Watts écrasent la scène de leur puissance.

La set list, aux allures de bestof géant, est monstrueuse (« Brown Sugar », « Start me up », « Sympathy for the devil », « Midnight Rambler ») et en face, une toute petite – que dis-je, minuscule – foule : 1,5 million de personnes.

A.G.

Dispo jusqu’au 12 septembre sur Youtube ARTE Concerts.

Chroniques culture #42

De Pink Floyd aux Stones, en passant par de la BD et du jeu vidéo : séance chronique culture.


LE DVD
ROLLING STONES
FROM THE VAULT
Pierre qui roule amasse du flouze… Les Rolling Stones se lancent dans la publication d’une longue série de concerts-archives à paraître en DVD/CD… D’abord avec ce live de 1981 au Hampton Coliseum, dernière date de la tournée. Guitares dégoulinantes de riffs cultes, setlist folle, clope au bec, ambiance dingue, Keith Richards et Mick Jagger magistraux… Tout y est. Le tout est magnifié par une image restaurée et un son remixé par Bob Clearmountain. Bon ok, une vraie « Satisfaction » !
A.G.
LA BD
LA COULEUR DE L’AIR
Troisième album (et conclusion magistrale de la trilogie d’Enki Bilal, après Animal’z et Julia et Roem), cet opus et un pur régal graphique est une fable écologique, portée par un lyrisme que l’on ne lui connaissait pas, où la Terre est envisagée comme un être à part entière, douée de mémoire, de sentiment et de ressentiment. Pas de mysticisme, mais on sent poindre ici des accents bibliques dans ce flot d’images nous emportant, comme l’arche de Noé, face à l’effondrement du monde.
Hervé Bourit
LE CD
PINK FLOYD
THE ENDLESS RIVER
« Ce chapitre clôt l’histoire de Pink Floyd », déclarait récemment David Gilmour. Et avec cet album instrumental hommage à Wright (décédé en 2008), c’est un magnifique testament artistique que signe le groupe. Un épilogue planant, où la beauté des guitares enveloppe ce son de clavier si caractéristique. Certes, il n’égale pas un Dark Side of the moon (loin de là d’ailleurs), mais cet album, complexe et abordable à la fois, est un chant du cygne hypnotique. Pink Floyd partira digne.
A.G.
LE JEU VIDÉO
JUST DANCE 2015
Référence incontournable des jeux de rythme, le très stylisé Just Dance revient sur les meilleures consoles du moment. Porté par des graphismes pop et des chorégraphies déjantées, le titre d’Ubisoft, à savourer en solo mais aussi et surtout entre potes pour davantage de fun, propose une playlist de 42 nouveaux hits. Dont l’improbable « Tetris » ou l’incontournable « Happy » de Pharrel Williams. Alors, heureux ?
L. Soon
Tout public, PS3, PS4, Wii, Wii U, Xbox 360, Xbox One, de 35 à 50 €.

Get on up : docteur James et mister Brown

Un biopic sur la vie de James Brown, sur l’homme (pas si funky !) derrière la légende. Électrisant !

James Brown Get on Up
Un James Brown en costume rouge, qui sort de l’ombre, serein. Puis changement de plan brutal : « Monsieur Dynamite » explose. Complètement camé, mégalo, furieux, tirant des coups de feu dans le plafond. Le film s’ouvre ainsi, sur un épisode tardif de la vie de James Brown. Un chanteur certes talentueux, mais autoritaire, parfois violent, parano. Ne parlant de lui qu’à la troisième personne.

En cela, ce biopic, loin de n’être réservé qu’aux fans, a décidé de jouer sur deux partitions : oui, le caractère de Mr Brown frôlait l’insupportable ; mais il était aussi un génie (Mick Jagger des Rol-ling Stones, ultime fan du chanteur, a coproduit le film…). Parti de rien, les pieds dans la terre, pour arriver au firmament, la tête dans les étoiles. Un gosse paumé, déchiré entre sa mère battue et son père violent. Tellement perdu qu’il finira quelque temps derrière les barreaux… La prison, symbole paradoxal de sa libération, puisqu’il y découvrira le gospel.

Get On Up est une réussite. Déjà parce qu’il s’écarte des sentiers balisés du biopic simpliste, loin de suivre le bête schéma chronologique. Ici, le montage est syncopé, compliqué, mais appliqué. L’espace-temps est malmené, secoué par des flashbacks, des allers-retours entre l’enfance et l’âge adulte de la Sex machine. Des cassures de rythmes qui renforcent ce contraste entre sa vie misérable en forêt et son apogée sur les planches, sur fond de « I feel good ».
Get On Up ose aussi une forme rare au cinéma, en laissant James Brown s’adresser parfois directement au spectateur. Original, mais déroutant. Surprenant, aussi, ce parti pris d’occulter le rapport de James Brown aux femmes, au sexe et à la drogue. Trop survolé. À peine quelques clins d’oeil. Tout juste peut-on le voir rouler rapidement un joint ou avoir quelques secondes de grâce entre les jambes d’une fille peu farouche. Exit ses arrestations pour possession de drogue ou autres violences conjugales…

Le reste ne souffre d’aucun reproche. Le réalisateur Tate Taylor dépeint le parrain de la soul comme il était : despote exécrable, hautain et prétentieux. Un double personnage, complexe, admirablement joué par Chadwick Boseman, largement « oscarisable » pour ce rôle ! L’acteur y est hallucinant de mimétisme. Colossal dans ses gestes et bluffant dans sa voix (mais reste à voir ce que donnera la version française…). Une véritable performance magnifiant des séquences de concerts, techniquement sans faille, nourries de tubes funk et soul. Un bonheur tant auditif que visuel, point d’orgue du film, contrastant avec l’arrogance d’un monstre de la musique, le Docteur James et Mister Brown.
Aurélien Germain
NOTE : ***
Durée : 2 h 18. Biopic, de Tate Taylor (USA). Avec Chadwick Boseman, Dan Aykroyd, Viola Davis…

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TOUJOURS EN SALLE
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PRIDE ***
Véritable bombe comique à l’anglaise, ce film de Matthew Warchus plonge dans les luttes sociales des années 1980, en pleine période Thatcher. Quand un groupe de Londoniens, défenseurs des droits homos, se mettent à soutenir des mineurs du Pays de Galles, ça donne un film engagé mais qui ne perd pas ce ton pincesans- rire so british. Entre un scénario bien ficelé et des bonnes grosses blagues, cette petite pépite n’est pas sans rappeler Good Morning England ou l’excellent Full Monty. B. R. (retrouvez notre critique complète ICI)

HIPPOCRATE **
Visage de caoutchouc, silhouette longiligne, Vincent Lacoste est un parfait Benjamin, interne dans un hôpital parisien. Entre blagues de potaches et risques juridiques, il s’interroge sur sa vocation au contact d’Abdel, médecin algérien confirmé faisant fonction d’interne en France. Thomas Lilti (médecin lui-même) a confié à Reda Kateb ce rôle. Déjà remarquable dans Un Prophète, il l’interprète tout en violence rentrée et en générosité. Mi-doc et mi-comédie, cette plongée à l’hosto est juste et prenante. A. A.

SEX TAPE **
Jay et Annie s’aiment comme aux premiers jours, époque bénie où ils passaient leur temps à copuler gaiement. Sauf qu’avec le temps, le désir s’est érodé. Le couple décide, pour raviver la flamme, de se filmer pendant leurs ébats. Mais la vidéo va atterrir dans les mains de tout leur entourage. Comédie grivoise (trop ?), vulgaire, Sex Tape est une débauche de blagounettes, sous un vernis trash. On sourit, tout en mettant le holà sur ce film olé olé. Sympathique, sans être tordant. A. G. (retrouvez notre critique complète ICI)
NOTATION :
 **** CULTEissime 
*** TOPissime
** PASMALissime 
* BOFissime
X NULissime

Chroniques culture #32

BD, CD live, docu sur les Stones et DVD décapant : les chroniques culture de la rentrée sont là !

LE DVD
LA CRÈME DE LA CRÈME
Alors que les lois du marché semblent même s’appliquer aux relations garçons-filles, trois étudiants d’une école de commerce vont transformer leur campus… en lieu d’expérimentation. Conte générationnel décapant et presque subversif (le proxénétisme est abordé frontalement), le film de Kim Chapiron est d’une justesse rare et emmené par des acteurs parfaits (la sublime Alice Isaaz). On regrettera l’absence de bonus, à part ce maigre making-of de 25 minutes.

À LA TV
CROSSFIRE HURRICANE
Attention, à déguster sans modération. Emballé par Brett Morgen, Crossfire Hurricane retrace l’histoire du groupe mythique, les Rolling Stones. Interviews, parfois inédites, clips, images d’archives et enregistrements live nourrissent ces 110 minutes de sex, drugs & rock ‘n’ roll. Ce docu revient aussi sur le manager de l’époque, Andrew Oldham, qui souhaitait faire des Stones des mauvais garçons, en opposition aux gentils Beatles.
Samedi 6, sur Arte, à 22 h 20.

LE CD
STATUS QUO THE FRANTIC 4’S...
Les dinosaures du rock (et c’est un compliment dans notre bouche !) ont encore le culot, que dis-je l’outrecuidance, de balancer un nouvel album live. Avec LE line-up classique et historique du groupe, tant qu’à faire. Et en écoutant ce concert à Dublin, c’est qu’ils en ont encore sous le coude : gros son qui tache, mix parfait et set-list aux allures de best of (Caroline, Bye Bye Johnny, Big Fat Mama…). Dix-neuf titres sur un double CD et aussi disponible en vinyle.

LA BD
PATXI BABEL T1 LA VAGUE
Le soleil, la plage, le surf : l’histoire commence comme une carte postale en direct du Pays basque. Sauf que la vie de Patxi bascule lors d’une rencontre dans une fête indépendantiste. La découverte de l’amour et d’un secret familial font tomber le jeune Patxi dans un monde où l’insouciance cède la place à une réalité adulte. Boisserie au scénario et Abolin au dessin ont trouvé le ton juste pour cette nouvelle série très prometteuse.