All About Albert : regretté Gandolfini

Comédie douce avec le regretté James Gandolfini dans un rôle improbable. Sympathique, sans être transcendant.

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Le 19 juin 2013, alors qu’il voyageait en Italie, l’acteur James Gandolfini était emporté par une crise cardiaque. Connu pour son personnage-clé dans la série Les Soprano, le rôle du mafieux bourru et impitoyable semblait lui coller à la peau, même post mortem. Impossible d’imaginer un autre registre, un autre rôle. Un préjugé hâtif balayé d’un revers de main par le nouveau film de Nicole Holofnecer, réalisatrice d’épisodes de Six Feet Under et Sex & the City.
Dans All about Albert (on fermera les yeux sur cette énième mauvaise traduction, le titre original étant Enough said), Eva est une mère divorcée, masseuse de profession, qui rencontre Albert, séparé lui-aussi, lors d’une soirée. L’entente s’installe, mais Eva doute rapidement de sa nouvelle relation, quand l’une de ses clientes, poète et râleuse, ne cesse de dénigrer son ex-mari et la fait hésiter…
Dans cette comédie romantique, Nicole Holofnecer réussit à ne pas tomber dans la mièvrerie, poncif inhérent au genre de la « romcom ». La raison à cela ? Un duo d’acteurs formidables, tous deux passés par la case série TV. Julia Louis-Dreyfus (vue dans Seinfeld) est parfaite en mère un peu paumée (difficile de comprendre la jeunesse d’aujourd’hui, ainsi que sa propre fille), plongée dans un quotidien répétitif et amoureuse touchante. Mais c’est le fameux Gandolfini qui excelle et illumine ce film de bout en bout. Superbe en gros balourd un peu gauche, maladroit en amour et au cœur brisé, l’ex-Soprano est poignant et terriblement attachant. « Tu veux vraiment me faire dire ça dans ce contexte ? Mais je vais passer pour une fille ! », a-t-il soufflé, pendant le tournage.
Alors on ne peut s’empêcher de sourire devant ces scènes, où Gandolfini, sincère, prouve l’étendue de son registre comme papa ours attendrissant.
All about Albert est simple. Peut-être trop. Trébuche aussi à cause de certaines lourdeurs et autres grossiers quiproquos, étouffant un scénario déjà basique. Il n’empêche qu’il fait la part belle aux dialogues : savoureux et comiques (« je vois votre…euh… pénis à travers votre pyjama », dit Eva pendant qu’Albert la drague), mais aussi parfois sirupeux (cette scène d’ouverture au restaurant un peu longuette). Les textes réussissent tout de même à en faire une comédie intelligente et pétillante.

Si All about Albert n’apporte strictement rien au genre et ne restera pas dans les mémoires, il reste beau et maîtrisé. Un dernier hommage à la bonne bouille du regretté Gandolfini et un petit plaisir saisonnier d’une simplicité rafraîchissante. Rafraîchissante comme une petite brise de printemps. Et cela tombe plutôt bien.
Aurélien Germain
Note : **

Comédie romantique, de Nicole Holofcener (États-Unis). Durée : 1 h 33. Avec Julia Louis-Dreyfus, James Gandolfini, Catherine Keener, Toni Collette…
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TOUJOURS EN SALLE
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WRONG COPS ***
Dupieux continue d’enfoncer le clou, avec son cinéma déjanté et punk. Avec Wrong Cops, il filme le quotidien de flics véreux, corrompus, dealers de drogue et fans d’électro. La galerie de personnages est tout simplement jubilatoire (mention spéciale pour l’apparition d’un Marilyn Manson méconnaissable). Image sale et jaunie, musique entêtante et scénario fou furieux forment un ovni comique, foutraque et on ne peut plus audacieux. Bref, anarchiste jusqu’au bout de la pellicule ! A. G.

SUPERCONDRIAQUE **
Romain (joué par Dani Boon), quadra seul et célibataire, photographe pour un dictionnaire médical, est hypocondriaque. Peureux, névropathe, il n’a qu’un ami : son médecin traitant (Kad Merad). Dans Supercondriaque, la nouvelle grosse comédie française (déjà plus de 4 millions d’entrées), Dani Boon propose son meilleur film jusqu’ici. Une deuxième partie faiblarde, mais gags, humour et bonne humeur y sont : trois ingrédients pour lutter contre la sinistrose. C’est déjà ça… C.V.

HER ***
Dans un futur proche à Los Angeles, Theodore, sensible, inconsolable depuis sa rupture difficile, tombe amoureux de Samantha… la voix d’un logiciel. Film courageux d’un Spike Jonze admirable, Her donne la réplique à Joaquin Phoenix, au sommet de son art, et à Scarlett Johannson, invisible à l’écran. Comme un orfèvre de l’image, le réalisateur réussit encore son coup, avec un longmétrage à couper le souffle, un bijou d’anticipation intimiste. Un film à la voix d’ange, voilà tout. B. R.

 
NOTATION :
 **** CULTEissime 
*** TOPissime
** PASMALissime 
* BOFissime
X NULissime