Wonder : un film merveilleux

Wonder, c’est une petite pépite. Le film sort au cinéma ce mercredi 20 décembre. C’est le moment de profiter d’un joli conte sur la tolérance avant les fêtes.

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« Faites le plein de bonheur, courez voir Wonder », « Une merveille »… Il faut avouer que les phrases d’accroche placardées sur les affiches promo de Wonder avaient de quoi inquiéter. Généralement, ce marketing un peu bancal laisse présager d’une oeuvre bien moins excitante. Et pourtant…
Wonder est une petite pépite.

Adaptation d’un livre à succès, Wonder raconte la vie d’Auggie, un garçon né avec une malformation faciale qui l’a empêché d’aller à l’école. Mais un jour, il faut y aller : Auggie va entrer en CM2, prêt à affronter « les autres ». Avec tel synopsis, on redoutait une production au pathos larmoyant. Mais ici, zéro misérabilisme, le film de Stephen Chbosky parvenant à tirer les ficelles habilement, trouvant un juste équilibre entre émotion et rire.

Loin de dégouliner de bons sentiments, Wonder est un joli conte sur la tolérance et l’acceptation de soi. Du début (Auggie découvre la cruauté de certains enfants en classe et à la cantine) à la fin (ces derniers découvrent qu’il n’est pas qu’un « visage déformé »), le réalisateur envoie un message à la tolérance, via un procédé de multiples narrations, s’attardant un peu sur tous les protagonistes.

Mais, Wonder n’aurait pas cette force s’il n’était pas porté par une distribution épatante. Côté adultes, on note les performances d’une parfaite justesse d’Owen Wilson et Julia Roberts en parents aimants. Mais c’est surtout du côté des enfants que le casting surprend. Entre naturel et maturité de leur jeu, les jeunes comédiens sont brillants. Mention spéciale évidemment au personnage Auggie, campé par un Jacob Tremblay extraordinaire et convaincant, visage transformé grâce à des prothèses.

En définitive, Wonder dégage une certaine poésie et beaucoup de délicatesse. Un « feel-good movie » idéal avant Noël.

> De Stephen Chbosky (USA). Durée : 1 h 51. Avec Jacob Tremblay, Julia Roberts, Noah Jupe…
> NOTE : 4/5

Zoolander 2 : la déception

Les mannequins crétins sont de retour : pour cette suite de Zoolander, Ben Stiller (pourtant l’un de nos chouchous) déroule le tapis rouge de la déception. Excepté les caméos qui font sourire, il ne reste pas grand-chose de cette pelloche bien maladroite. Réchauffé et indigeste.

Les bouches en cul-de-poule à l'attaque.
Les bouches en cul-de-poule à l’attaque.

L’histoire avait pourtant bien commencé : Zoolander, premier du nom, avait été érigé au rang de comédie culte, suite à un score honorable au box-office et son carton côté DVD. Bébête mais drôle, la comédie qui égratignait joliment les fashionistas a fait le pari d’un retour gagnant 15 ans après. Dopé par une campagne promo-marketing béton (happening dans une vitrine d’un magasin en Italie, apparition délirante à la Fashion week, etc.), Zoolander 2 aurait dû casser la baraque.

Sauf que non. Non, non et non. Assassiné par la critique aux États-Unis, force est de constater que ce Zoolander 2 patauge effectivement dans le marécage des suites inutiles et poussives.
Dans ce deuxième épisode, Derek et Hansel sont devenus has-been. Exit, les podiums. Tous deux vivent reclus, jusqu’à ce qu’un mystérieux psychopathe dézingue les célébrités à tout va. Valentina, de la Fashion police d’Interpol, va alors appeler nos héros aux bouches en cul-de-poule pour sauver le monde de la mode et le fils de Derek qui a été enlevé.

Sur un scénario fouillis, l’acteur-réalisateur Ben Stiller va alors enchaîner moments gênants, blagues qui tombent à plat et séquences paresseuses. Là où le premier opus réussissait avec son humour très second degré, ce deuxième épisode n’arrive jamais pousser les curseurs au bon endroit. Ressemblant davantage à un amas indigeste de mini-sketches, Zoolander 2 est surtout un exercice de parodie alignant les clins d’oeil et une tonne de « caméos » : ces apparitions de stars sont d’ailleurs le seul plaisir coupable du film. Sting, Benedict Cumberbatch, Mika, Katy Perry, Anna Wintour… Des invités-surprise, pour des rôles stupides (donc drôles), qui ont le mérite de faire rire.
Et finalement, passée la première scène jouissive (Justin Bieber se fait dégommer par une rafale de balles, avant de mourir en faisant un selfie Instagram !), il ne reste pas grand-chose à retenir de ce come-back raté et décevant.

Aurélien Germain

Comédie, de Ben Stiller (États-Unis). Durée : 1 h 42. Avec Ben Stiller, Owen Wilson, Penelope Cruz, Will Ferrell…
NOTE : 2/5

La Nuit au musée 3 : manque de franchise ?

Pour le dernier opus de la saga, on prend les mêmes et on recommence : un peu redondant, mais toujours divertissant.

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L’épisode de trop ? En signant pour une troisième fois, le réalisateur Shawn Levy prenait le risque d’accoucher d’un pâle ersatz de ses précédents bébés (il porte la franchise à bout de bras). Et donc l’éventualité d’un crash au box office, aspiré par son très gros budget de 127 millions de dollars… Pour son final, intitulé La Nuit des pharaons, Ben Stiller endosse de nouveau le costume de Larry, le gardien du musée où les oeuvres prennent vie la nuit. Alors que le film débute à New York, comme à l’accoutumée, il s’envole rapidement (et c’est tant mieux ! ) vers Londres et son British museum : Larry doit effectivement tenter de réparer la tablette à l’origine de cette magie…

Si le tout premier épisode, joyeux délire sorti en 2006, avait su séduire par son originalité, le second était de toute évidence trop forcé pour plaire. Ici en revanche, Shawn Levy (ré)ajuste savamment son cocktail fantastique/comédie, faisant de La Nuit au musée 3 un petit plaisir plus spontané, léger et moins opportuniste. Certes, il y a ce désagréable goût de déjà-vu lors des premières scènes à l’intérieur du musée (le coup du dinosaure qui se comporte comme un toutou…). Mais on passe la vitesse supérieure dès lors qu’il s’agit de scènes en extérieur, dans un Londres nocturne joliment filmé. Idem quand il s’agit de partir dans du grand guignolesque total. En témoigne l’excellent passage avec l’apparition surprise et saugrenue du Wolverine Hugh Jackman.

L’humour, justement, est ici délicieusement absurde. Loin d’être poussif, distillé avec parcimonie, et fonctionnant à coup de running- gags bien sentis. La preuve dans toutes les séquences avec Laaa, un homme de Néandertal prenant Larry pour son père (c’est aussi Ben Stiller lui-même qui joue ce rôle). Une figure patriarcale et un lien avec le père d’ailleurs omniprésents durant tout le film, véritable centre névralgique dessiné en filigrane. Distrayant, sans être exceptionnel, La Nuit au musée 3 réussit aussi à pondre de bluffants effets spéciaux. L’une des scènes les plus remarquables étant cette plongée surréaliste de trois personnages dans « Relativité », une lithographie d’Escher : plans multiples, renversements de caméras, acteurs mélangés à du dessin…
Lorsque les lumières se rallument, le spectateur est mitigé. Divertissement honnête, notamment pour les enfants, à cela près que la magie de la franchise s’est tout de même atténuée. Il était temps de fermer les portes du musée. Reste aussi ce goût amer, empli de nostalgie, après avoir assisté à l’une des dernières prestations de l’exceptionnel Robin Williams. Un hommage est d’ailleurs rendu à l’acteur décédé en août 2014, à la fin. Une seule phrase écrite : « La magie est éternelle. »

Comédie (USA). Durée : 1 h 37. De Shawn Levy. Avec : Ben Stiller, Owen Wilson, Robin Williams, Dan Stevens…
NOTE : **

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TOUJOURS EN SALLE
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CHARLIE MORTDECAI   X
Ce film de David Koepp n’a aucune autre ambition que d’être un bon divertissement du dimanche soir. Charlie Mortdecai, avec ses personnages british très clichés, se place dans la lignée des Austin Powers, un film d’espionnage bébête sans fond mais rythmé aux blagues potaches. Sauf que Johnny Depp n’a pas le comique de Mike Myers (il est insupportable en lord anglais foufou) et que les blagues ont déjà été vues 10 000 fois… Charlie Mortdecai n’arrive pas donc pas à divertir, même un dimanche soir pluvieux. B.R.

IMITATION GAME ***
Contrairement à la majorité des biopics, celui-ci sur la vie du mathématicien anglais Alan Turing a ce petit plus qui fait sortir ce film des sentiers battus d’Hollywood. S’il a des faux airs de blockbuster (les plans, le cadrage, la photographie n’apportent malheureusement rien), Imitation Game aborde l’homosexualité, le manichéisme, la robotique et l’humanisme tout en finesse. Un propos intelligent et intelligible porté, cerise sur le gâteau, par le talent de Benedict Cumberbatch et de Keira Knightley. B.R.

TAKEN 3 *
Accusé à tort du meurtre de son ex-femme, le fameux Bryan Mills tente de retrouver le vrai coupable, traqué par une tonne de flics, tout en protégeant sa fifille. Signé Olivier Megaton, ce soi-disant ultime épisode, scénarisé avec les pieds par Luc Besson, trempe toujours dans l’action musclée de base. Entre cascades aberrantes et scènes de combat façon Steven Seagal, même Liam Neeson ne sauve pas le naufrage. Taken 3 a beau être énergique, il en est caricatural à souhait et se noie dans le grotesque. A.G.

NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime