The Humbling : Al Pacino is back !

Drame à petit budget porté par deux monstres du cinéma hollywoodien, Al Pacino et le réalisateur Barry Levinson, le film touche juste.

The Humbling
Simon Axler rêve du pire, d’être enfermé en dehors du théâtre en pleine représentation. Cauchemar de plateau, il ne peut plus rentrer, bloqué, personne ne le reconnaît. La chute commence. Dépression, réhabilitation, il s’enferme dans sa grande maison vide dans l’attente d’un suicide immaculé, peureux. Le vieil acteur sur le déclin creuse sa propre peine, à coup d’hallucinations, de pertes de mémoire transcendantes. Jusqu’au soir où Pegeen sonne à sa porte. Fille d’amis proches, la jeune adulte lui annonce en vrac son amour pour les femmes et son attirance pour lui. Commence alors une relation qui va le détruire et le sauver, l’emporter dans un maelström d’émotions qu’il ne connaissait plus.

Simon Axler rêve d’une fin de carrière qui explose en plein ciel, faite de drame et d’admirations. The Humbling verse dans le tourbillon de souvenirs, de scènes imaginaires, de monologues psychotiques. Comme si sa propre carrière était en jeu, Al Pacino n’avait pas offert une prestation de cette qualité depuis des années. Projet à petit budget (le film a été tourné en 20 jours en équipe réduite), The Humbling résonne comme une autobiographie du légendaire acteur.
Plongé dans les comédies et films de flics sans fond ni âme ces dernières années, Al Pacino donne à voir ses propres démons, ses blessures à vif et ses doutes qui le rongent. Cette déchéance mise à nue résonne fortement avec les atermoiements pathétiques de Michael Keaton dans Birdman, sorti il y a peu. Peur de la mort, délitement des actes, du jeu, les vieux acteurs déchus prennent à bras le corps leur souffrance et leurs angoisses pour renaître, l’espace d’un film. À la caméra, c’est Barry Levinson, réalisateur du fameux Rain Man et baroudeur des studios hollywoodiens. Il filme avec l’urgence des jeunes cinéastes la montagne russe qui tourne et virevolte devant lui.

Barry Levinson a l’audace des débuts. Plans fixes majestueux, cadrage excentré, hors champs schizophréniques, le réalisateur se réinvente au fur et à mesure des scènes. Preuve de son audace, cette scène de thérapie collective où la caméra cadre serré l’acteur alors qu’il se livre sur sa descente aux enfers. Et puis, sans raison, elle glisse le long de son corps pour se fixer sur son pied qui tapote, légèrement, signe que Simon Axler est pris entre son jeu d’acteur et la réalité de la situation. Magnifique, claustrophobique, The Humbling désarçonne par son manque volontaire de cadre temporel. Il y a dans ces aléas continuels, ces scènes avançant sur le fil, entre fantasme et réalité. Où le théâtre et le cinéma disparaissent pour laisser place au vide créé par cet acteur borderline, seul maître à bord, capitaine d’une histoire où les fantômes de Shakespeare viennent hanter des images hallucinées.

Drame de Barry Levinson (USA). Durée : 1 h 52. Avec Al Pacino, Greta Gerwig, Nina Arianda…


NOTE : ***

NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime