Un voisin trop parfait : les canons d’à côté

Thriller à petit budget avec une Jennifer Lopez à la hauteur du rôle… Pas le film du siècle, mais surprenant.

Un voisin presque parfait

Les premières minutes du film sont à la limite de l’insoutenable. Succession rapide de scènes qui montrent la détresse de Claire, récemment divorcée, qui essaye de conjurer ce que son mari lui a fait subir. Gnangnan à souhait. Crise d’un couple usé, le schéma reste classique. Son fils Kevin, au milieu, essaye tant bien que mal d’être heureux mais se fait martyriser à l’école.
Images classiques du drame familial, Un Voisin trop parfait débute sur une ambiance mièvre digne des productions hollywoodiennes de bas-étage. Et puis un grain de sable vient faire crisser cet engrenage bien huilé. Noah débarque dans la maison d’à-côté. Vingt ans, les abdos qui transpercent le t-shirt, sourire Colgate®, il vient de déménager chez son grand-oncle qui attend une greffe d’organe. Parfait sous tout les rapports, il lit Homère et sait changer un carburateur. Il drague ouvertement Claire. Belle femme brisée par les aventures sexuelles de son mari, Claire craque un soir et couche avec Noah.

Le film continue à déraper, scène après scène. Claire se fait prendre dans un engrenage mis en place par Noah. Le film s’enfonce à mesure que la noirceur du beau gosse transparaît. Jusqu’à cette scène finale impossible à révéler mais qui clôt Un Voisin trop parfait de manière surprenante. Derrière la caméra, il y a Rob Cohen. Son nom est plutôt synonyme de gros films bourrins à base de cascades (xXx), de grosses voitures (Fast and furious) ou de momies vengeresses (La Momie : la tombe de l’empereur dragon). Des thrillers, il n’en a jamais vraiment réalisés. Et pour le faire, il commence avec un mini-budget par rapport aux standards américains (quatre millions d’euros).
Un Voisin trop parfait fait partie de ces films que personne n’attend et qui se révèle finalement plaisant à regarder. Le scénario est assez bien ficelé, les images sont en accord avec le genre. Pas de folie (à part cette scène finale) mais des acteurs qui font ce qu’ils peuvent pour tenir la baraque. Ryan Guzman, un habitué de la franchise Sexy dance, est utilisé à contre-emploi. Il arrive à donner de la profondeur à son rôle de psychopathe et apporte une étrangeté dans ses répliques trop parfaites, sans jamais en faire trop.
Quant à Jennifer Lopez, elle tente de dépasser sa belle plastique de maman quadragénaire sexy et propose une tentative de femme (pas toujours réussie malheureusement) forte et moderne. Au-delà des clichés, des scènes de déjà-vu et de certaines faiblesses scénaristiques, Un Voisin trop parfait reste un film décent. De ceux que vous oublierez probablement mais qui ne vous fera pas non plus regretter d’avoir payé une place.

>>Thriller américain de Rob Cohen. Durée : 1 h 31.
Avec Jennifer Lopez, Ryan Guzman, Ian Nelson, John Corbett, Kristin Chenoweth…
NOTE : **

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Les films toujours en salle :

MAD MAX : FURY ROAD ****
George Miller qui revisite son film culte après tant d’années ? On avait peur. Mais ouf, l’une des bobines les plus attendues de 2015 est bel et bien un trip jouissif et halluciné, un bulldozer de 120 minutes monstrueuses. Dans une débauche d’explosions, de cascades et d’inventivité, ce Fury Road démentiel est d’une beauté à couper le souffle. Jubilatoire, brutal et virtuose, cette pépite est aussi une ode aux femmes (Charlize Theron est impériale). Miller vient de pulvériser Hollywood. A.G.

GIRLS ONLY *
Megan, trentenaire, a horreur des responsabilités. À tel point qu’elle s’enfuit lors d’une demande en mariage. Elle se retrouve chez une ado de 16 ans et son père… Emmené par un excellent duo (Keira Knightley et Chloë Grace Moretz), Girls only est loin de n’être qu’un film sentimentalo-gnangnan pour « filles seulement ». Plutôt axée sur le changement de vie, cette comédie gentillette mais pauvre souffre d’une écriture faiblarde et de personnages sous-exploités (Sam Rockwell). Agréable, mais trop sage. A.G. (Notre critique intégrale à lire ICI)

PYRAMIDE *
En Égypte, des archéologues et une équipe TV se perdent dans une pyramide. Ils déclenchent une malédiction et se retrouvent poursuivis par « quelque chose ». Vendu grâce au nom de Levasseur, excellent réalisateur au demeurant, Pyramide n’a pourtant ni classe, ni intérêt. Calqué sur Catacombes pour son côté claustro, il se démarque en convoquant la mythologie égyptienne. Mais trébuche tout seul avec des dialogues consternants, de bonnes idées tuées dans l’oeuf et un ensemble tout simplement laid. A.G.

NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime

Girls only, un peu léger

Sous ses faux airs de comédie sentimentale, un gentil film positif sur le changement de vie. Trop léger pour marquer.

CINE_PAP

Présenté au festival Sundance début 2014 et sorti aux États-Unis en octobre dernier, c’est seulement maintenant que Girls only débarque sur nos écrans. Étonnant, d’autant qu’il est vendu en France comme une énième comédie romantique à l’eau de rose pour filles. Il suffit de voir les avant-premières « réservées » à la gent féminine, l’affiche gnangnan et ce titre ridicule, Girls only (« Filles seulement »). Alors qu’outre-Atlantique, le film s’appelle Laggies, qu’on pourrait traduire par flâneuses…

Pourtant, derrière cet emballage marketing ronflant, Girls only s’adresse à un public bien plus large. Loin d’être la rom-com de base, il s’agit surtout d’une petite comédie sur l’âge et le désir de changer sa vie. Megan (Keira Knightley) est une trentenaire, éternelle adulescente qui préfère prendre la vie comme elle vient. Les responsabilités ? Pas pour elle ! Tout le contraire de son groupe d’amies. Même âge, mais préoccupations différentes : bien installées dans leur vie, avenir tout tracé entre mari, gosses et quotidien ronflant. Quand le fiancé de Megan la demande en mariage, elle prend la fuite, apeurée, et se réfugie chez une ado de 16 ans (Chloë Grace Moretz) qui vit chez son père (Sam Rockwell). Elle va alors s’occuper des problèmes de la jeune fille plutôt que des siens… Dans Girls only, Lynn Sheldon, réalisatrice du remarqué Humpday, se focalise sur une semaine de la vie de Megan, cette période de flottement en forme de dilemme : accepter une vie plan-plan qui ne lui convient pas, ou écouter son cœur et tout plaquer ?

Pour y parvenir, la cinéaste utilise à merveille le brillant duo Keira Knightley et Chloë Grace Moretz. La première, vue dans Pirates des Caraïbes, est toujours aussi belle, minaude et assure son rôle de femme paumée. La seconde, étoile montante depuis Kick- Ass, crève toujours autant l’écran. D’une sincérité désarmante, elle donne de l’épaisseur à ce personnage coincé entre ses hormones et sa vie de famille compliquée. Dommage que le père, joué par l’excellent Sam Rockwell (le psychopathe dans La Ligne verte, c’est lui !), soit aussi peu exploité. Passionnant au début, il finit par être transparent.
En cause, l’écriture faiblarde du film, ainsi qu’un scénario bien trop maigre et qui ne tient pas toutes ses promesses. Lynn Sheldon multiplie les bonnes idées, mais reste constamment à la surface des choses. Dans ce cadre balisé, elle finit par promener sa comédie en laisse, à un rythme bien trop sage et ennuyeux. Girls only reste évidemment agréable et divertissant. Mais malgré son joli sujet, sa petite morale (il n’y a pas d’âge pour changer de vie) et ses quelques qualités, il peine à convaincre.

Comédie (USA). Durée : 1 h 41. De Lynn Sheldon, avec Chloë Grace Moretz, Keira Knightley, Sam Rockwell, Mark Webber…

NOTE : *
Aurélien Germain
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Lpip8Hkax8c[/youtube]

NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime