Snowden : film sous surveillance

On attendait tout de même mieux de la part d’Oliver Stone qui voit son Snowden s’effacer derrière Citizenfour.

snowden

On connaît l’histoire. Celle d’Edward Snowden. Informaticien de génie, patriote idéaliste, qui un jour intègre les équipes de la CIA et de la NSA. Follement enthousiaste, jusqu’au jour où il découvre les méthodes scandaleuses de l’Agence de renseignement américain. Et révèle à des journalistes que le gouvernement des États-Unis espionne et surveille appels, mails, SMS et a mis sur écoute un paquet de monde, à une échelle inimaginable.

Cette histoire de l’ennemi public n°1 outre-Atlantique, elle était déjà parfaitement décryptée dans l’extraordinaire documentaire Citizenfour, de Laura Poitras. Et durant les deux heures du film d’Oliver Stone, c’est malheureusement son ombre qui ne cesse de planer. Snowden version 2016 souffre très vite de la comparaison. Inévitable, certes, mais posant alors la question de la pertinence de réaliser un film sur « ce qui a déjà été raconté ». Oliver Stone se sert même de ce documentaire comme point de départ. Pour dérouler ensuite un portrait très (trop ?) flatteur, quasi hagiographique, d’Edward Snowden. Sans réelles nuances, autant de manichéisme tend parfois à desservir le propos du cinéaste.

Pourtant, Snowden est porté à bout de bras par un Joseph Gordon-Levitt toujours aussi talentueux (on se souvient de The Walk !). S’effaçant derrière les traits du lanceur d’alerte, le comédien offre une performance toute en retenue. Les bonnes idées de mise en scène sont là aussi. Le film, même s’il est imparfait, reste solide. Mais malgré tout, le manque de gnaque d’Oliver Stone nous ramène constamment à un biopic un peu linéaire et lisse. Trop pour faire oublier son mentor Citizenfour. Encore.

Aurélien Germain

>Biopic/thriller, d’Oliver Stone (USA). Durée : 2 h 15. Avec Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley, Rhys Ifan, Nicolas Cage, Melissa Leo…
>NOTE:3/5

>Attention, sortie le 1er novembre.

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BUZZ : Big Brother is really watching you

Le buzz qui a fait cette semaine ? L’affaire Prism. Espionnage et compagnie, bienvenue dans le monde d’Orwell.

L’affaire PRISM, c’est le nouveau scandale dont les États-Unis se seraient bien passés. Révélé par Edward Snowden, un ancien informaticien de la CIA et de la NSA (agence de renseignement militaire), Prism est un vaste programme de surveillance d’internet au profit des USA.
Le gouvernement américain a donc ainsi pu réclamer aux principaux géants du net (Google, Facebook, Microsoft, Yahoo !, Apple, etc.) des accès aux données des utilisateurs de leurs services. Une révélation qui a suscité de nombreuses réactions dans le monde entier et qui a forcé son auteur, Edward Snowden, à s’exiler à Hongkong. Prism a surtout mis dans l’embarras les acteurs du web, à l’instar de Google qui a fait de la transparence son leitmotiv.
Pour l’instant, seulement le nombre de demandes a été communiqué. Microsoft aurait ainsi reçu entre 6 000 et 7 000 demandes, Apple entre 8 000 et 9 000, idem pour Facebook. La plupart des requêtes concernent des faits divers situés sur le sol américain : des cambriolages, la recherche d’enfants disparus, des fraudes, des homicides ou encore la localisation d’une personne souffrant d’Alzheimer.
Des affaires qui sont bien éloignées de ce qui est censé être l’objectif de Prism, c’est-à-dire la lutte contre le terrorisme. Barack Obama s’est contenté de défendre ce dispositif qu’il estime utile pour lutter contre le terrorisme et qui serait sans risque pour la vie privée des américains. Un programme qui, selon la NSA, aurait permis « d’empêcher plus de 50 attaques terroristes depuis le 11 septembre 2001″.
BUZZ_PAP (AFP)