Don’t feed the alligators : ils fêtent la mort sous chapiteau

La Compagnie de nouveau cirque 100 issues va jouer au 37e parallèle Don’t feed the alligators, sa dernière création sur… la mort.

Si la mort ne craint personne, eux n’hésitent pas à se jouer d’elle. Pour leur septième création, les artistes de la Compagnie de nouveau cirque 100 issues se sont lancés dans un spectacle interrogeant les 1000 facettes de la Grande Faucheuse.

« Pourquoi est-elle célébrée dans certains pays et pas dans d’autres ? », s’interroge Simon Remaud, technicien-musicien de la formation. « Pourquoi n’est-elle triste que dans certaines cultures ? ». « Une fois par an, au Mexique, elle est fêtée de façon très joyeuse au cimetière », ajoute Grit Krausse, responsable de la diffusion de Don’t feed the alligators.

Cirque, manga et Bollywood

Des questions existentielles qui ont incité les artistes, une dizaine sur scène, à revisiter les rites qui l’entourent, les façons de la célébrer, « avec humour et dérision, profondeur et émotion », décrivent-ils, dans une mise en scène de Lorca Renoux. Pour l’occasion, la compagnie basée à Joué-lès-Tours, a construit « Dame Brigitte », un chapiteau de 375 places.

Le spectacle, se revendiquant de l’influence du cirque, du manga, de l’anthropologie ou de Bollywood, rassemblera les ingrédients phare de 100 issues : « la musique live, le mât chinois et la danse », résume Simon Renaud. Mais aussi de la corde volante, de la contorsion, du trapèze ou encore du fouet !

Une création jouée les 10 et 11 avril prochains dans la cour du 37e parallèle et en co-réalisation avec ce centre de création de spectacle vivant, qui les a accueillis en résidence. Le spectacle, soutenu par le Label Rayon Frais de la Ville de Tours, est proposé dans le cadre de la Préfiguration du festival International de Cirque en Val-de-Loire.

Que les inquiets de nature se rassurent, « on rit beaucoup dans Don’t feed the alligators », assure Romain Pachot, administrateur et musicien de 100 issues. Du rire accessible aux enfants à partir de 9 ans.


> Les 10 et 11 avril, à 20 h 30, au 37e parallèle, allée Roger Lecotte à Tours. Ouverture à 19 h avec une petite restauration. Tarifs : de 12 à 15 €, 8 € pour les 7 – 16 ans.

Countdown : faites attention à vos applis…

Et si une appli de votre téléphone pouvait prédire votre mort, la téléchargeriez-vous ? Le pitch est sympathique, mais malheureusement, Countdown se vautre dans la paresse et n’est qu’un énième film estampillé horreur pas bien méchant…

Et si une appli de votre téléphone vous prédisait combien de temps il vous reste à vivre ? En voilà une chouette idée pour Quinn qui se rend compte (forcément sinon ce n’est pas drôle) qu’il ne lui reste que 2 jours sur Terre…

Ce n’est pas la première fois que le cinéma d’horreur fait appel à la technologie pour décider du destin de ses personnages. Dans Countdown, peu de surprises à l’horizon, cette première réalisation de Justin Dec se contentant de recycler les idées de The Ring version smartphone et se poser comme une bête resucée de Destination Finale.

Sauf que l’on est bien loin des deux films pré-cités. Emmené par une mise en scène hésitante et des acteurs aussi expressifs que des étoiles de mer sous Lexomil, ce Countdown ronflant est aussi excitant qu’un épisode de Derrick sans sous-titres.

Cette énième variation autour du thème de la mort qui poursuit des jeunes n’a même pas le mérite d’apporter un tant soit peu de subtilité (le blabla fadasse sur l’addiction aux téléphones). Et ce n’est pas le trouillomètre qui changera quoique ce soit, Countdown restant dans le chemin balisé des jumpscares classiques et foireux, n’offrant que des moments de « tension » vus et revus. Dommage.

Aurélien Germain


> Horreur/épouvante, de Justin Dec (Etats-Unis). Durée : 1 h 30.
Avec : Elizabeth Lail, Jordan Calloway, Talitha Bateman…

> NOTE : 1,5/5 

 

#WTF 49 : sa voyante prédit sa mort, elle porte plainte

De la voyance, Jacquie et Michel, un faux whisky à plus de 8000 € et nos amis les Belges : bienvenue dans la rubrique #WTF et insolite.

Capture

> Comme dirait mon tonton Roger, « elle flippe grave de grave ». Elle, c’est Magalie. Cette Lorraine de 35 ans décide un beau jour de dénicher une voyante sur Facebook (pour 30 € la consultation, mais soit, passons). Sauf que patatras, la médium, qui exerce dans le Tarn-et-Garonne, lui fait une sombre prédiction : Magalie va mourir d’ici février-mars 2018 d’un infarctus. Après plusieurs jours de panique et des rendez-vous chez le cardiologue, elle recontacte la voyante en lui disant qu’ils n’ont rien décelé. Ouf, mais pas ouf : « les médecins ne sont pas réellement compétents », s’entend dire Magalie. Qui, terrifiée, sera finalement hospitalisée. Elle a donc décidé de porter plainte contre la voyante. Comme quoi, vous devriez faire attention à l’horoscope tmv…

> Thérèse aussi risque une amende. Cette habitante de Somain, dans le Nord, a en effet peint sur le mur de sa maison : « Merci Jacquie et Michel », slogan du célèbre site X (qu’on ne connaît pas du tout, évidemment). La quinquagénaire, grande fan, voulait prouver son amour à J&M pour les intimes. La municipalité ne l’a pas entendu de cette oreille : la mairie a parlé « d’infraction au code de l’urbanisme ». La pauvre Thérèse encourt une contravention de 750 € et des poursuites pénales.

> 8 589 €. C’est ce qu’a payé un Chinois, dans un hôtel ultra-chic en Suisse, pour déguster un verre de 2cl de whisky Macallan millésimé 1878. Pas de bol : il s’agissait en fait d’un faux. L’alcool ne datait que de 1970. Le directeur de l’établissement a fait le voyage jusqu’à Pékin pour rembourser le client floué.

> En Belgique, un train a été supprimé et un autre a connu 30 minutes de retard, en raison du pot de départ organisé pour l’un des cheminots.

A.G.

#WTF 46 : elle se marie… à elle-même !

L’actualité, toujours triste ? Pas tant que ça : la preuve avec le résumé de la semaine et des infos insolites.

(Photo Laura Mesi Sposa Single Facebook)
(Photo Laura Mesi Sposa Single Facebook)

> Laura Mesi, une coach sportive italienne, a eu une chouette idée : celle de se marier avec elle-même. Ayant promis à ses parents et ses amis de le faire à ses 40 ans si elle n’avait pas trouvé l’âme soeur, c’est désormais chose faite. « Vous pouvez vivre un conte de fées même sans prince charmant », a déclaré la mariée. Ce qui n’est pas faux. Cette sympathique fête lui a coûté la bagatelle de 10 000 €. Laura, toute en beauté, a fait une promesse : « De m’aimer toute ma vie. » Tu m’étonnes.

> Paul Baxter, un Britannique de 47 ans, pensait souffrir d’un cancer du poumon, en raison de toux persistantes. Bonne nouvelle, il ne s’agissait que d’un Playmobil® qui était coincé dans ses voies respiratoires depuis 40 ans !

> « Johnny Hallyday : le roi du rock s’est éteint cette nuit. La piste du cancer n’est pas éloignée. » Bim, comme ça. Voilà le post qui est apparu sur la page officielle du Facebook de France Bleu. Sauf que… non. Après une avalanche de réactions, le rédacteur en chef a dû supprimer l’article en question. « Nous avons été victimes d’une action malveillante sur ce compte qui a permis de publier un faux post », a-t-il été précisé. Un hacker qui visiblement n’aimait pas le rockeur ?

> Le 25 novembre, se tiendra à Albi, le premier concours mondial du pull moche. Trois catégories au programme : enfants, adultes et groupes. Sur les réseaux sociaux, ce qui était d’abord un petit délire entre amis a pris des proportions énormes, intéressant même les télés internationales.

Robin Williams dans un Boulevard bouleversant

Boulevard, film testament de l’immense comédien Robin Williams, sort enfin sur les écrans français. Un bel hommage ?

Image11

Touchant. Oui, Boulevard est touchant. Tout au long de ce  film maudit (budget quasi-inexistant, peu de recettes, dis- tributeurs aux abonnés absents…), il plane un petit « quelque  chose ». Parce que le point névralgique de Boulevard, c’est  Robin Williams. Le clown triste. Un immense acteur dont le  suicide, peu après le tournage, laisse ici un goût amer. L’impression de voir le comédien exposer sa propre tristesse à  l’écran. Et c’en est troublant.

Mais Robin Williams méritait-il meilleur testament que ce  Boulevard, réalisé par Dito Montiel ?
À contre-courant de  ses œuvres habituelles (davantage des action-movies), le  cinéaste laisse ici éclore toute sa sensibilité. Il fait le portrait  de Nolan, un homme effacé, au quotidien bien tristounet. Il a  beau aimer sa femme, il fait tout de même chambre à part.  Un jour, cet employé de banque modèle à l’existence aussi  vide que plate rencontre Léo, un jeune prostitué. Va alors se  tisser une relation d’amour (ou amitié ?) homo-érotique et  asexuelle, emprunte d’une tendresse que Nolan n’a jamais su  exprimer.

Force est donc de constater que dans Boulevard, tous les  regards se tournent sur un Robin Williams qui vampirise  l’écran, alors qu’il est paradoxalement quasi-inexpressif. Mes  ses yeux brillent. Le comédien aussi. Son regard, qui contient  toutes les peines du monde, agrippe le spectateur et ne le  lâchera pas.

Mais en dehors de cette interprétation « williamesque », le reste du film ne convainc guère. Noyé sous une  musique lancinante, Boulevard tend parfois à jouer de l’effet  lacrymal un peu trop facilement. Quel dommage, aussi, de ne  pas avoir plus insisté sur le rapport entre Nolan et sa femme.  Finalement, Boulevard ne trouve sa force que dans la puissante émotion dégagée par la pudeur d’un Robin Williams  bouleversant. Un joli dernier hommage.

Aurélien Germain

>Drame, de Dito Montiel (États-Unis). Durée : 1 h 28. Avec Robin Williams, Roberto Aguire…
> NOTE : 3/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=HCdUubr70i8[/youtube]

RIP Daevid Allen… Il nous reste Jeff Ballard, Grisbi et Johnson Concorde

Notre chroniqueur blogueur Doc Pilot rend hommage à Daevid Allen… Mais n’en oublie pas de se nettoyer les oreilles, à coup de concerts bien sympas.

À 77 ans Daevid Allen, le fondateur des groupes Gong & Soft Machine, repart vers les étoiles… Un piano sous la lune, souvenir d’un album géant sorti en 1971, Camembert électrique …. et là-haut dans l’immensité éthérée, le pool vibratoire, pas mal de mecs dans la flying teapot : Pip Pyle, Alan Jack, Michael Karoli, et maintenant Daevid…. et bien sûr beaucoup de nous… 

On s’est quand même bien marré grâce à des mecs comme Daevid qui ne passaient pas à la radio , et tant mieux… Cette musique a bien hérissé mes parents, et tant mieux… Nos profs de musique détestaient cette musique, et tant mieux… Les culs-bénis détestaient cette musique et toutes les religions la détesteraient encore, et tant mieux… mais les concerts de Gong étaient toujours pleins… C’est un peu de cette étrange lumière des seventies qui s’efface avec le départ de l’artiste, de cette lumière qui nous fait tant défaut alors que l’ombre s’installe, liée à sa philosophie malsaine, l’obscurantisme..

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ycBYm_1MUo8[/youtube]

Johnson Concorde au Temps Machine

Opéra rock au Temps Machine, tir de barrage étoilé dans le temple local de l’électricité pour le fantasme glamour d’un rock tubesque, mélange de Kiss et de Gary Glitter, aussi potache qu’un Slade, aussi technique qu’un Sparks, l’accord dans la forme entre la comedia del arte et la déclinaison décadente du rock n roll, tel que la firent et la débutèrent des Little Richard ou des Sweet, le tout glissé dans l’emballage de cuir noir d’un couple de Suzi Quatro dans la caricature. La bande-son d’un film italien sur le rock londonien du début des seventies, une pop spaghetti sexy, drôle, bâtie avec intelligence.

Derrière les acteurs du « drame », de l’image en appui, un rocky turone show initié au nord de Tours. Un bémol dans cette soirée pour les habitués du lieu : un fouillis dans la définition du son et un volume assez sage face aux concerts que nous venons régulièrement y voir.

Jeff Ballard au Petit Faucheux

Batteur légendaire ayant joué avec Chick Corea, Brad Mehldau, Pat Metheny, Jeff amène un quartet sans leadership évident, sans starisation optimale. Mélange équitable entre les artistes pour donner une musique aux racines évidentes, mais au rendu assez flottant pour un répertoire divers et inégal, avec des instants de grâce, des illuminations, des malaises aussi voire un peu d’ennui sur des climats trop étirés pour ne pas générer l’attente.

Lionel Loueke (Photo Doc Pilot)
Lionel Loueke (Photo Doc Pilot)

Pourtant, la recette semble porteuse dans le mélange de l’électronique (le point faible à mon oreille) aux instruments traditionnels, de la voix à la musique, de mélodies simples à des structures rythmiques proches de la musique contemporaine. Malgré toute la brillance des instrumentistes, je reste sur ma faim, pure attitude subjective, car le public adore. Reste le guitariste magique Lionel Loueke, un personnage et une histoire, un destin : chapeau bas. Reste aussi l’homme des claviers Kevin Hays, à la carrière historique : là, devant nous, pour nous, chez nous. Trop classe, Le Petit Faucheux, trop classe.

Moonjellies & Grisbi en Arcades Institute

Avant-dernière étape des Arcades Hivernales, de sucre et de miel avec deux formations maîtresses en l’art de bâtir des mélodies imparables, des harmonies de voix propres à vous faire planer, à vous propulser direct dans les hauteurs… The Moonjellies d’abord, dans la tradition des Byrds, de Crosby, Stills, Nash & Young, et cette impression de retrouver direct l’esprit et le son de la fin des sixties en Californie, avec une lente glissade vers le psychédélisme sur les deux derniers morceaux du set. Un feeling à la Jefferson Airplane, à la Grateful Dead… Avec un morceau de Neil Young en rappel, histoire de bien marquer le style, les racines…

On pense à Jonathan Wilson ; ils sont dans la même ligne. Grisbi, en deuxième partie, deux desserts pour cette fin d’après-midi, après deux ans d’absence le retour à la formule en quartet, la perfection dans l’exécution, toute en nuances, en écoute, le charme dans la voix de Natacha, l’impression encore une fois de s’élever à leur suite, d’être embarqué dans la lumière, avec en rappel une relecture incroyable d’un titre de Young Marble Giants. Ces deux formations sont des formations-sœurs, avec en commun la recherche du beau et du bonheur induit. Chapeau bas au sonorisateur, atout incontournable pour l’expression des artistes.

Accident place Jean-Jaurès : reprise progressive du tramway

Violente collision, ce midi, entre le tramway et une voiture. Les deux voies sont bloquées au niveau de la place Jean-Jaurès.

Photo tmv
Photo tmv

Ce midi, un grave accident s’est produit à Tours, place Jean-Jaurès, entre une voiture et le tramway. La collision a été très violente.
Des dizaines de secours sont présents. Police, identification criminelle, samu, pompiers…
Le périmètre est bouclé. La circulation des tramways est toujours interrompue, à 13h30. Celle des bus passant par la place Jean-Jaurès est fortement perturbée. Il reste de nombreux curieux sur la place.
D’après certains témoins, la voiture aurait foncé délibérément sur le tramway. D’après la Nouvelle République, le conducteur de la voiture est décédé. Aucun voyageur n’aurait été blessé dans le tramway, son conducteur a d’ailleurs été pris en charge par les secours, très choqué.
MISE A JOUR 15 H 43 :
[nrm_embed]<blockquote class= »twitter-tweet » lang= »fr »><p>Info trafic Ligne Tram A : Retour progressif à la normale sur le réseau. <a href= »https://twitter.com/search?q=%23timp&amp;src=hash »>#timp</a></p>&mdash; Fil Bleu (@filbleu) <a href= »https://twitter.com/filbleu/statuses/454612475561148417″>April 11, 2014</a></blockquote> <script async src= »//platform.twitter.com/widgets.js » charset= »utf-8″></script>[/nrm_embed]
MISE A JOUR 14 h 30 :
Le site filbleu.fr indique :

« La ligne de tram est interrompue entre les stations Place Choiseul et Gare de Tours. Les stations Jean Jaurès, Nationale et Anatole France ne sont pas desservies.
Un bus de remplacement « Plan B » circule entre Place Choiseul et Gare de Tours. Il dessert les arrêts de bus Gare de Tours, Jean Jaurès (bd Béranger), Grand Marché, Victoire, Constantine (situé à l’angle de la rue des Tanneurs et de la rue Constantine) et Place Choiseul.
Reprise des itinéraires normaux des lignes 2 Tempo et 10 dans les deux sens. Attention, les arrêts de bus à Jean Jaurès sont effectués dans la voie de circulation générale. »

Thanatopracteur, la mort chevillée au corps

Bienvenue dans le monde des thanatopracteurs, un métier qui a la mort pour quotidien.

Didier Leveau, thanatopracteur depuis plus de 15 ans.
Didier Leveau, thanatopracteur depuis plus de 15 ans.

Carrure d’ancien rugbyman, Didier Leveau sort deux valises en plastique de sa voiture. Il est garé dans le parking des Pompes funèbres intercommunales de Tours. Dans le coffre, des bouteilles remplies de formol dilué et de solutions pour la conservation du corps des défunts qu’il « soigne ». Oui, les thanatopracteurs opèrent des soins sur les morts, leur redonnent une apparence convenable pour que leur famille puisse les voir une dernière fois.

Didier Leveau exerce ce métier depuis plus de 15 ans. Il rigole. S’exclame : « J’ai passé le cap. » Alors qu’il enfile sa blouse bleu : « Souvent, les hommes changent de métier après 15 années de thanatopraxie. Bizarrement, on dit que les femmes s’arrêtent au bout de 2 ans. » Cette profession, il ne peut pas dire qu’il l’adore mais il éprouve une fierté à rendre leur dignité, aux morts. « C’est un métier de l’ombre, regrette-t-il. Les embaumeurs égyptiens étaient des parias dans leur société parce qu’ils s’occupaient des défunts, peut-être qu’il y a un lien avec notre manque de reconnaissance aujourd’hui. »

Mort aseptisée

Didier Leveau est employé des 3T, une entreprise spécialisée dans la thanatopraxie et dans le transport funéraire. Il travaille en Touraine depuis plus de dix ans. Le thanatopracteur est parfois appelé à travailler au domicile du défunt ou de sa famille. Mais la majorité de ses soins sont effectués dans des lieux aseptisés, comme aujourd’hui dans cette pièce des Pompes funèbres, cachée au public. « On ne meurt plus chez soi. La mort ne fait donc plus partie de la vie domestique. Il y a donc eu une marginalisation de la mort, qui est devenue plus mystérieuse », analyse David Lebreton, président de l’Association des professeurs de philosophie et de l’enseignement public (Appep) en région Centre.
Murs en faïence, poubelles médicalisées, grandes tables d’opération en inox : ces éléments du décor s’apparentent à une salle d’opération classique. L’odeur n’est pas trop insupportable, quelques effluves de formol flottent dans l’air constamment recyclé par un système d’aération. Didier Leveau prévient : « Surtout, pas de sensationnalisme, notre métier n’a rien à voir avec ce que tout le monde imagine. »

Les ustensiles du parfait thanatopracteur

Devant le thanatopracteur, le corps d’une femme âgée, habillée d’une robe bleu marine, assez chic. De sa vie, Didier Leveau ne sait presque rien à part des éléments de son état civil. Alors il lui parle, sa façon à lui de se « blinder » et lui invente une existence heureuse pour ne pas rentrer dans la routine. Même s’il ne l’avoue pas facilement, son métier ne laisse pas indemne. Lui, il oublie sa journée en revenant chez lui, le soir, en voiture. Arrivé à la maison, impossible de se rappeler en détail de ce qu’il a fait. Des souvenirs douloureux, il en a quelques-uns qui lui collent à la mémoire. Sa femme travaille dans le domaine funéraire, mais aucun de ses amis n’est dans la profession. « Ça intrigue les autres, ils sont fascinés parce que je fais mais, en même temps, ne veulent pas trop en savoir. Certains se sont éloignés de nous à cause de ça. »

Images choquantes, morts respectueux

De l’une de ses valises, il sort une pompe péristaltique avec plusieurs tuyaux. C’est par eux que va sortent les fluides corporels du corps. Didier Leveau injecte ensuite une solution qui l’empêchera de se décomposer trop vite. Il explique avec simplicité cette procédure. Même si les images peuvent être choquante, ses mots sont respectueux. Autour de lui, les employés des pompes funèbres réceptionnent d’autres corps, les placent dans des chambres réfrigérées. Mourad, le responsable habillé d’un costume gris de circonstance, note avec précision les informations sur les personnes décédées.

Didier Leveau lui, est en train de mettre un collant opaque aux jambes de la défunte : son petit-fils veut la voir comme ça. Il place ensuite du coton dans ses cavités nasales et en dessous de ses lèvres. Avec un peu de cire, il forme un début de sourire. « Je ne vais pas en faire plus. Le but, pour la famille, c’est de revoir la personne qu’ils ont perdue. Si je la maquille trop ou lui fais un grand sourire, ils peuvent ne pas la reconnaître. » Pourquoi une telle attention. « La mort a acquis un côté insupportable. On apporte des soins au corps pour nier l’évidence, donner une illusion de vie. Il y a aussi ce caractère sacré de l’humain. On ne laisse pas la nature prendre le dessus et corrompre le corps », explique David Lebreton.

Avec l’éclatement géographique des familles modernes, et le besoin de présenter un défunt plusieurs jours après sa mort, la thanatopraxie prend de plus en plus d’importance dans les services funéraires. Didier Leveau ajuste les dernières mèches de cheveux et place le corps dans le cercueil qu’il transporte jusqu’à une chambre funéraire. La famille a loué ce lieu pour se recueillir. Au centre de cette petite salle glaciale, il place le corps de biais, pour choquer le moins possible ceux qui vont rentrer. Didier Leveau jette un dernier regard et sort tranquillement par la porte de service.