Clinton VS Trump : c’est la lutte finale

Le 8 novembre, les Américains éliront leur 45e président. Celui-ci entrera en fonction en janvier 2017. Entre Hillary Clinton et Donald Trump, qui accédera à la Maison-Blanche ? Et qu’est-ce qui est susceptible de nous attendre ?

© doddis77/Shutterstock.com
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HILLARY CLINTON

C’est qui ?
La candidate du parti démocrate. 68 ans et toutes ses dents (normalement). Épouse de l’ancien président Bill Clinton et ex-sénatrice et secrétaire d’État. Impopulaire auprès de l’électorat, elle a toujours bénéficié d’un capital sympathie proche de… pas grandchose en fait. Mais dans les débats télévisés, face à un adversaire régulièrement en roue libre, l’ex-First Lady a souvent été donnée gagnante.

Immigration & réfugiés
Elle veut réformer la loi sur l’immigration. Objectif ? Faciliter l’accès à la nationalité et protéger les sans-papiers de l’expulsion. En même temps, Hillary Clinton a rappelé qu’il fallait renforcer les frontières.

Santé
Clinton veut rendre les assurances santé plus accessibles et réduire le prix des médicaments prescrits. Elle est favorable au cannabis à usage thérapeutique. Enfin des fois. Bref, son avis a souvent changé au cours des dernières années.

Économie
Son Graal ? Augmenter le salaire minimum (comme Trump) pour l’établir à 12 $ de l’heure. Elle souhaite aussi augmenter les impôts des plus riches et des entreprises qui délocalisent. Les petites entreprises, elles, verraient les impôts baisser.

Ses casseroles
L’affaire des emails (le FBI a failli l’inculper et a relancé la procédure), l’ambassadeur tué lors de l’attaque à Benghazi, le scandale financier bizarroïde (avec suicide à la clé) pour lequel elle a finalement été blanchie avec son mari, ainsi que des ennemis à droite, à gauche (même dans son propre camp). Bref, Hillary ne rit pas tellement avec ce qu’elle traîne comme boulet(s)…

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DONALD TRUMP

C’est qui ?
Le candidat républicain. 70 ans et toutes ses dents (très blanches). Homme d’affaires, magnat de l’immobilier, riche, très riche, il a beaucoup oeuvré dans le domaine télévisuel. Adulé par certains, détesté par d’autres, Trump a régulièrement enquillé les polémiques et les propos nauséabonds.

Immigration & réfugiés
Les migrants mexicains ? Des « violeurs ». Son cheval de bataille ? « Un mur pour bloquer l’entrée des migrants » à la frontière. L’immigration clandestine (et les amalgames), c’est son truc. Après la fusillade de San Bernardino, Trump a préconisé de ficher les musulmans.

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Santé
Donald Trump tire à tout bout de champ sur l’Obamacare. Si sa rivale veut élargir son accès, lui souhaite sa suppression pure et simple. À la place ? Un système de compte épargne santé. En 1990, s’il disait souhaiter la légalisation de toutes les drogues, c’est désormais une fois oui, une fois non. « Avec Donald Trump, c’est impossible à dire, on ne sait jamais ce qu’il pense », disait récemment un spécialiste.

Économie
Tout comme sa rivale, il veut augmenter le salaire minimum. Son credo ? Baisser la fiscalité, que ce soit pour les contribuables ou pour les sociétés. Pour financer cela ? Trump reste flou.

Ses casseroles
Tapez Trump casseroles sur Google, ça ira plus vite. Déclaration misogynes, accusations d’agressions sexuelles, passé pas jo-jo qui remonte à la surface, soutien d’un ancien leader du Ku Klux Klan, etc. Pour le défendre, sa femme a parlé de « complot ». Ah oui, forcément là…

√ Résultat ? 

Alors que Donald Trump a connu des débuts glorieux dans son camp, de nombreux partisans et soutiens ont finalement lâché le milliardaire qui continue de plonger à force d’erreurs. D’après de nombreux sondages, la voie semblerait dégagée pour Hillary Clinton. Reste à voir ce que les électeurs décideront cette semaine, d’autant que l’écart entre les deux candidats s’est resserré suite au retour du scandale des e-mails.

Fronteras : clandestinité et homosexualité

Mikel Rueda aborde, avec ce Fronteras, l’immigration clandestine et l’homosexualité… chez les ados. Un film beau, tout simplement.

Il y a dans ce Fronteras une beauté assez étonnante. Un film d’une simplicité extrême, emballé avec la candeur des débuts. Car c’est le premier long-métrage que signe Mikel Rueda. Et de là découle sa force. Fronteras – qui aborde immigration et homosexualité – est certes un peu brouillon. Il souffre aussi, parfois, de son montage trop haché et de quelques maladresses ankylosant le récit. Mais cela n’enlève rien à son charme, à sa pureté.

Tout part de deux histoires. La première sur Ibra, un ado marocain en instance d’expulsion, car déclaré illégal sur le territoire espagnol. La seconde sur Rafa, adolescent lui-aussi, lambda au possible : il sort en boîte, joue à la console, fait du sport. Et puis, les deux récits vont se lier habilement. Vont se croiser, s’entrelacer, jusqu’à s’épouser. Car Ibra et Rafa vont devenir amis. Puis bien plus que ça. L’envie du premier baiser se fait ressentir. L’envie de se cacher aussi.

Parce que des deux côtés il y a pression. Pour Ibra, c’est comme s’il devait obligatoirement vendre de la came pour s’en sortir. Pour Rafa, c’est une bande d’amis qui insiste lourdement pour qu’il embrasse une fille. Mais l’un comme l’autre n’en ont pas envie. Ce sont des codes, des « normes », qu’ils refusent. Avec en toile de fond, le racisme et l’homophobie.
Et ça, Mikel Rueda le raconte avec finesse et grande sensibilité, renforcée par des nombreuses séquences improvisées. Une réussite bien évidemment aussi imputable aux performances extraordinaires des acteurs non-professionnels (le réalisateur souhaitait une certaine authenticité). Notamment les deux personnages principaux, campés par les éblouissants Germán Alcarazu et Adil Koukouh. En fin de compte, de Fronteras naît un cinéma politique et beau. Tout simplement.

Aurélien Germain

Drame/Romance (Espagne), de Mikel Rueda. Durée : 1 h 31. Avec Germán Alcarazu, Adil Koukouh…
NOTE : 3,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=2LfYs3J9wZU[/youtube]

Portraits : Visages de réfugiés

Sans papiers, migrants, étrangers… Au-delà des mots, il y a des histoires de vies compliquées, pleines de souffrance, d’espoir et de beaucoup de courage.

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Alakeel : fuite vers l’avant
Costume et belle chemise blanche, Alakeel se présente avec une poignée de main ferme, le regard assuré. Il aime parler et s’exprime dans un anglais impeccable « parce qu’en français, les mots ne seraient pas aussi précis ». Alakeel vient de Syrie. Il enregistre la conversation afin que ses propos ne soient modifiés et lance laconiquement : « Je n’aime pas les médias. » Réfugié politique, il vient de recevoir son autorisation en France il y a quelques jours. Il est arrivé à Tours en mai 2014, son frère était déjà là. L’histoire d’Alakeel, c’est avant tout celle d’une famille éclatée aux quatre coins du monde, en Allemagne, en Egypte, aux États-Unis, en France. « Mon père a écrit plusieurs livres, plusieurs membres de ma famille sont artistes. Ma famille avait une certaine place dans la société syrienne. Pour cette raison, on nous a accusés d’être proches du pouvoir mais aussi des rebelles. » Paradoxe. Lui a étudié pendant plusieurs années à l’université. Il en est ressorti infirmier : « J’aime être proche des gens, leur apporter une parole, laisser une trace. » Après plusieurs années à travailler dans un hôpital, l’armée le réquisitionne dans une équipe de soin dédiée. « Pendant neuf mois, je ne pouvais plus sortir du bâtiment, je dormais sur place et je travaillais la journée. »
Un jour, on l’affecte aux ambulances. Il sait qu’il a une chance de fuir et la saisit lors d’une intervention à l’extérieur de la ville. Commence alors un périple au Moyen-Orient qui le mène, au bout de plusieurs mois, à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Son frère, installé à Tours depuis peu, lui conseille de venir. « Vu la situation en Syrie, tout le monde souhaiterait partir du pays. » Une fois sur place, impossible pour lui de rester avec son frère et sa femme, trop à l’étroit dans le petit appartement. Alors il se résout à vivre dans un foyer jusqu’à ce qu’il se rende compte que celui avec qui il partageait la chambre était schizophrène. « Je connaissais très bien cette pathologie pour l’avoir étudiée à l’hôpital où je travaillais. J’ai alerté les responsables pour qu’il soit soigné, mais ils n’ont rien fait. » Il part, fait connaissance avec des étudiants syriens, dort dans un appartement un soir ou passe la nuit sur un banc du jardin botanique. Il ne se plaint pas, serre les dents et vous regarde droit dans les yeux.
Ce qui le fait avancer, c’est l’ambition. « Maintenant, je dois avoir un niveau de français élevé, passer mes équivalences d’infirmier et je pourrai travailler, retrouver une vie confortable. »

Gazik, Karen, Alina et Ishkhan : famille soudée
Il pleut des cordes, Alina attend sur le perron de la petite maison quartier Blanqui. Voix douce, gestes mesurés, elle invite à s’asseoir sur le canapé du salon. La pièce est décorée avec soin, seuls quelques meubles sont disposés dans l’immense pièce. C’est au tour d’Ishkhan de rentrer.
Son mari lance un bonjour cordial et s’assoit sur l’unique fauteuil. Alina revient alors chargée de choux à la crème, de thé brûlant. Derrière elle, ses deux fils, lycéens, Gazik et Karen. Première question sur leur pays d’origine, l’Arménie, première réponse d’Amina : « Mangez d’abord, on parlera ensuite. » Pudeur ? L’explication arrive un peu plus tard dans l’entretien : « Les premières fois où nous avons mangé avec une autre famille française, nous avons tous été surpris : tout le monde parlait en mangeant. En Arménie, il y a un temps pour le repas et un autre pour les discussions. » C’est Ishkhan qui est arrivé le premier en France. Il ne veut pas raconter la raison qui l’a poussé à quitter son pays. Trop de souffrance. Arrivé en 2009, il est placé au Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) de Joué-lès-Tours. Il ne peut pas travailler, alors pour s’occuper l’esprit et les mains, il fabrique des monuments en allumettes. Il se lève, fouille dans une petite commode et en sort fièrement un article de journal où il pose fièrement avec une impressionnante reproduction de la Tour Eiffel. Alina, Gazik et Karen le rejoignent quelques mois plus tard.
Les deux adolescents ne parlent pas un mot de français. « On est arrivé au milieu du collège, se rappelle Karen, le plus jeune frère. On parlait bien le russe, ce qui nous permettait de discuter avec d’autres élèves venant de pays de l’ex-URSS. Mais très vite, on a exigé de parler français avec nos copains, pour pouvoir s’améliorer en classe. » La barrière de la langue est un lointain souvenir maintenant pour les deux adolescents qui jonglent entre l’arménien à la maison et le français sans vraiment s’en rendre compte. « Entre frères on parle surtout arménien, sauf quand il s’agit de discuter de foot, là le français devient naturel. » Pour Karen et Gazik, les deux cultures n’ont pas vraiment de frontière, ils vont et viennent entre les deux. L’école leur a permis de vite se sentir chez eux. Leurs parents, eux, se sont tournés d’abord vers leur foi : « Nous faisons partie de l’Église apostolique, majoritaire en Arménie ; suivre une messe catholique nous plaît, sourit Amina. Très vite, nous sommes allés à la cathédrale de Tours. Nous connaissions les gestes qu’il fallait faire, mais nous n’avons rien compris. » Elle rigole avec Ishkhan qui poursuit en arménien, Gazik fait la traduction : « Petit à petit, nous sommes venus aux cours de français organisés par le presbytère. Nous avons rencontré le père Jacques Legoux et nous avons sympathisé avec des familles françaises. C’est le diocèse qui nous prête ce logement. Il nous a aidés à en arriver là. » Aujourd’hui, Ishkhan avoue parler de sa situation plus facilement, il vient de recevoir sa carte de séjour européenne. Il peut désormais travailler en France. « Oui, l’Arménie nous manque, explique Alina. Mais nous souhaitons rester en France pour nos fils. Leur vie est désormais ici. »

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Tenzin* : freedom
Il regarde timidement Nikole, sa professeure de français à la Croix- Rouge. Tenzin est Tibétain. Pour être rassuré pendant l’interview, il a demandé à être accompagné par une de celles qui l’ont aidé en France. Il est arrivé l’année dernière, laissant derrière lui sa femme et ses deux enfants. Dans son village au Tibet, Tenzin était peintre pour des objets de l’artisanat local. Mais le besoin de nourrir sa famille l’a aussi mené avec sa compagne à travailler dans les champs de maïs, ramasser des pommes de terre ou arracher des haricots verts. À mesure que son appréhension diminue, son français devient de plus en plus limpide. Quand il ne sait pas dire un mot, il le trouve en anglais. « Au Tibet, les militaires chinois nous empêchent d’être libres, raconte Tenzin. Impossible pour nous d’avoir une photo du Dalaï Lama chez soi ou sur son portable sinon, direction la prison pour cinq ou six ans. On peut vous arrêter dans la rue sans raison et vous fouiller.
Régulièrement, l’armée faisait des recherches surprises dans les maisons du village. Un jour, un ami très proche s’est fait arrêter, j’ai eu peur d’aller en prison à mon tour. » Il explique avec fébrilité son long périple vers le Népal, le repos de jour et la marche la nuit. Une fois en France, il rencontre un homme par hasard à la gare Austerlitz qui lui conseille d’aller à Tours. Il prend un train. « Pourquoi la France ? Parce que c’est le pays de la liberté. Au Tibet, cela a beau être notre maison, notre terre, nous ne sommes pas libres. » Aujourd’hui, il vient de recevoir son statut de réfugié politique. Il peut travailler mais doit d’abord s’améliorer en français. Alors il étudie sans relâche. Nikole : « Il apprend vite. Il est animé par le désir de pouvoir gagner assez et faire venir sa femme et ses enfants réfugiés en Inde. » Avant de partir, Tenzin joint les deux mains. « Surtout, n’oubliez pas de remercier la France et la Croix- Rouge dans votre article pour tout l’aide qu’ils m’ont apportée. »

* Le prénom a été changé