Chroniques culture : Nova Twins, la sélection BD, Chabat sur Netflix et Prix Maya

Cette semaine, on se met « Supernova » des Nova Twins dans les oreilles, tout en lisant notre sélection BD, avant de jeter un œil aux lauréat(e)s du Prix Maya à Tours et d’avoir la petite info Netflix sympa…

LE CD

NOVA TWINS – SUPERNOVA

Retour en force du duo Amy Love (guitare) et Georgia South (basse) ! Le duo londonien vient nous mettre une petite claque derrière la nuque avec l’excellent « Supernova », album coup-de-boule qui a le culot de mélanger tous les genres, sans verser dans l’opportunisme musical ou le grand n’importe quoi.

Rap et hip hop, électro, gros rock costaud, tout y passe et les Nova Twins passent tout ça au shaker pour accoucher d’un disque accrocheur au possible, mélodieux et mélodique, rageur et rythmé, tranchant comme une lame de rasoir. Les baffes s’enchaînent (« Toolbox » fera un malheur en live), portées par une basse vrombissante qui remue les tripes. Un album tout en contraste, 100 % réussi.

Aurélien Germain

La sélection BD

On a adoré la nouvelle série d’Eric Stalner, Bertille& Bertille, quiavec « L’ÉtrangeBoule rouge » (éd. Grand Angle) propose un duo iconoclaste entre un policier et un jeune bourgeoise, confrontés à un phénomène paranormal. Le dessin est superbe et le scénario bluffant, avec une résonance à l’actualité.

Avec « Le Serpent à deux têtes » (Soleil), Gani Jakupi démontre l’étendue de son talent en nous emmenant aux prémices de l’histoire de l’Australie avec un récit troublant sur ce qui fait l’identité d’un homme. Un roman graphique saisissant. Henriet et Yann continuent de nous entraîner sur les traces de l’aviatrice Bessie Colman avec ce Black Squaw, dont le T3 « Le Crotoy » (Dupuis) livre une aventure originale entre récit historique et aventure d’aviation.

« BFF » (Delcourt) est un récit complet signé Cadene, Safieddine et Fabre, qui nous plonge aux côtés d’une bande d’amis, où le mensonge et la dissimulation semblent être la règle. Soit 256 pages sur notre société contemporaine, ses affres et ses tourments. On terminera avec le tome 2 d’Idéfix et les Irréductibles, « Les Romains se prennent une gamelle » (Albert René), bourré d’aventures trépidantes, illustrées par Penech et Bastide.

Hervé Bourit

PRIX MAYA  : LES LAURÉATS

Le 18 juin dernier, se tenait à Tours la Vegan Place et avec elle, son prix littéraire animaliste. Le Prix Maya – son petit nom – a sacré Sophie Hénaff, pour le roman « Voix d’extinction » ; Marie Pavlenko et Camille Garoche, pour le livre jeunesse « La Plus belle du monde » ; et Badger pour la BD « Des graines et du boudin ». Le jury était notamment constitué de Camille Silvert, Sophie Wyseur et Audrey Jougla.

A.G.

> facebook.com/prixmaya

NETFLIX : CHABAT ET ASTÉRIX

Ça y est ! Alain Chabat a bouclé l’écriture des cinq épisodes du « Combat des chefs », une mini-série d’animation 3D, adaptée de l’album d’Astérix. Cette production sera diffusée sur Netflix et remet mister Burger Quiz dans la marmite, vingt ans après son cultissime « Mission Cléopâtre ». Pour cette série, Chabat collabore avec Benoît Oullion qui écrivait également les sketchs de Burger Quiz, justement, et Pierre-Alain Bloch, cocréateur de « Avez-vous déjà vu… ? ». Est-ce qu’on attend ça avec impatience ? Oh que oui !

A.G.

God help the girl : pop et top

Premier film de Stuart Murdoch, plus connu pour son groupe pop Belle and Sebastian. Rafraîchissant.

God help the girl
Écrire la chanson pop parfaite, l’ambition de Stuart Murdoch n’a jamais vraiment changé. Ce songwriter écossais a traversé les années 1990 avec ses chansons acidulées et son groupe Belle and Sebastian. Il revient sur le devant de la scène indé avec God help the girl, sans pour autant arrêter la composition musicale (il a écrit toutes les chansons du film). Ni vraiment une comédie musicale ni complètement un teen-movie, son film oscille entre fraîcheur adolescente et nostalgie d’une musique pop, aujourd’hui en pleine désuétude.
Au centre de l’histoire, Eve, jeune femme émaciée, anorexique, chanteuse et compositrice de talent. Lors d’une fugue de l’hôpital où elle s é j o u r n e, Eve rencontre James. Timide, romantique, talentueux, le jeune homme va l’aider à monter le groupe de pop dont elle rêve depuis toujours. En cours de route, ils rencontrent Cassie, une jeune aristocrate aventureuse. Le trio va alors se mettre à conquérir Glasgow avec ses chansons. Dans une métropole aux couleurs vives, Stuart Murdoch suit la vie de ces trois jeunes gens le temps d’un été. Sous les belles images, filmées en 16 mm, et le grain vintage, le réalisateur révèle une ville écossaise pleine de talents et de rêves.

Pour un premier film, Stuart Murdoch sort déjà des sentiers battus. Il réutilise son talent à magnifier les petites histoires du quotidien pour le coucher sur pellicule. Faussement naïf, God help the girl, à l’image des chansons de Belle and Sebastian, ne se contente pas de décrire un monde où le bonheur est sans limite. La pop sert d’exutoire. Elle permet de s’échapper, de créer un monde imaginaire.
Stuart Murdoch a cette faculté de rester constant, que ce soit ses albums ou ce film, il ne dévie pas de style. Comme un accord de guitare sèche, ses cadrages sont propres. Le grain de l’image, qu’il conserve, où les saturations de couleurs primaires, rappellent l’esprit lo-fi qui lui tient tant à coeur : pas de superflus, il ne triche pas, embellit seulement. Malgré les effets de style, God help the girl reste brut. Scénario volontairement simple : tout tend à nous montrer un monde imaginaire malgré la maladie et les coeurs qui se brisent.

Contrairement aux « feel good » movies habituels, celui de Murdoch sort du lot par cette nostalgie prégnante et cette quête de la perfection primitive volontairement grand public. Cerise sur le gâteau, les acteurs apportent la preuve que la jeunesse a toujours raison : Emily Browning (Eve) rayonne par son besoin enfantin de s’en sortir. Quant à Hannah Murray (Cassie) et Olly Alexander (James), ils sortent tout droit de la fabrique à talent qu’est la série anglaise Skins. Leur jeu sincère apporte une dernière touche à ce conte moderne et populaire.
Benoît Renaudin

Drame de Stuart Murdoch. Durée : 1 h 51. Avec Emily Browning, Hannah Murray, Olly Alexander et Pierre Boulanger.
Note : ***
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TOUJOURS EN SALLE
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ASTÉRIX LE DOMAINE DES DIEUX **
 Clichy, prodige de chez Pixar, et Astier, tête pensante de Kaamelott : difficile de faire mieux pour réaliser cet Astérix, version 3D. Basé sur le 17e album de la BD, ce Domaine des dieux nous emmène en pleine forêt armoricaine, où César a décidé d’implanter une résidence romaine, tout près de ses ennemis Gaulois. Merveille sur le plan graphique, véritable perle au niveau des dialogues et du casting vocal, Astérix 3D patine parfois, tourne en rond et souffre d’un passage à vide en plein milieu. A.G. (la critique intégrale ICI)

INTERSTELLAR ****
Le dernier Nolan divise. Il interroge, bouscule. Ce film de science-fiction, qui suit les aventures d’explorateurs interstellaires tentant de sauver l’humanité, contient de gros morceaux hommages aux références du genre. 2001 l’Odyssée de l’espace, Alien, Tron… Xavier Nolan s’amuse de ses influences et offre une production époustouflante et humaniste. Aidé par une bande son épique et analogique, il revisite la légende des argonautes à la sauce écologiste. Monstrueux et sincère. B.R.

HUNGER GAMES : LA RÉVOLTE PARTIE 1 **
Gros dilemme que ce troisième opus. Hollywood la toute-puissante ayant décidé de scinder cet épisode en deux parties, difficile de voir clair dans ce Révolte, partie 1. Loin d’être mauvais, ce chapitre se veut plus sombre et propose un tableau intéressant de la guerre médiatique et de la manipulation de masse. Pour le reste, peu d’enjeux réels et rythme peu soutenu. Reste aussi cette désagréable impression d’être pris pour une vache à lait durant 2 h et devoir attendre onze mois pour la fin… A.G.

Astérix et le domaine des dieux : animation musclée

Le célèbre Gaulois s’offre un lifting 3D. Sans mériter le dix sur dix, dialogues et graphismes offrent un joli mix.

CINE_PAP

Il est toujours difficile de s’attaquer à un mythe culturel comme Astérix. La BD au succès interplanétaire (355 millions d’albums vendus dans le monde) a déjà connu une quinzaine d’adaptations, mais il aura fallu attendre 2014 pour voir la 3D croquer le moustachu. Et par Toutatis, justice est enfin rendue à Goscinny !

Aux oubliettes, les versions cinématographiques au budget colossal, mais à la bêtise abyssale (au hasard, le nullissime Astérix aux Jeux olympiques de 2008). Basé sur le 17e album, ce Domaine des dieux nous emmène en pleine forêt armoricaine, où César a décidé d’implanter une résidence romaine, pour s’attaquer insidieusement au village d’irréductibles Gaulois. Sur le plan graphique, ce nouvel Astérix est une réussite incontestable, la réalisation échouant à Louis Clichy, prodige sorti de chez Pixar. Le rendu ne trompe pas : personnages tout en rondeurs et en relief, aspect « gomme » des visages, typique des Ratatouille, Là-haut et autres Monstres et Cie. Un design numérique impressionnant, tout en couleurs chatoyantes (un bémol toutefois pour les scènes nocturnes, peu lisibles), véritable plongée dans l’ambiance originelle de la BD.

Clichy a visiblement trouvé la potion magique, en laissant la co-réalisation à Alexandre Astier. La touche de l’auteur de Kaamelott est reconnaissable dans les dialogues : répliques qui font mouche, verbe qui claque, humour incisif… Il insuffle à ce Domaine des dieux un comique cartoonesque. À coup de running-gag, blagues bien senties et références populaires, Astier élève un film qui a tendance, parfois, à tourner en rond. Et si les dialogues rendent si bien, c’est aussi – petite révolution oblige – parce qu’ils ont été enregistrés avant même que les images soient animées. Offrant par là une parfaite synchronisation avec le mouvement des lèvres.

Mais derrière ces lèvres, il y a surtout un casting vocal de luxe. Roger Carel y interprète une dernière fois Astérix, qu’il incarne depuis 1967 ! Guillaume Briat brille en Obélix, tandis que les Lorànt Deutsch, Laurent Lafitte, Alain Chabat et autres Semoun et Foresti se surpassent. À force de vouloir bien faire (trop ?), Astérix et le Domaine des dieux n’échappe pas au faux-pas : souffrant d’un gros passage à vide en plein milieu, le film voit son rythme malmené. Les quelques références modernes pourront aussi déplaire aux puristes (ce clin d’œil à King Kong…). Elles tentent de se mêler, parfois poussivement, à ces allégories et critiques, sur l’appât du gain, la mondialisation, l’écologie ou encore la colonisation. Heureusement qu’Obélix, érigé ici en personnage quasi-central et héros super sensible, arrive toujours à booster le film. Aussi irrésistible qu’irréductible.

Film d’animation (France- Belgique). Durée : 1 h 25. De Louis Clichy et Alexandre Astier. Avec les voix de Roger Carel, Guillaume Briat…
NOTE : **

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