Mauvais Genre : carnet de bord (jour 5)

Avant-dernier jour du festival Mauvais Genre : on est passé de l’ennui profond, à un superbe road-movie, en jetant au passage un œil sur une série de courts-métrages 100 % frenchy.

Jour 5 : Pâques fait son mauvais genre

C’est devenu un rituel. Désormais, nos pas nous guident automatiquement vers le Petit Faucheux. Pour l’avant-dernier jour de festival, le programme est encore costaud. Le public est de plus en plus chaud… mais va vite être refroidi par la première séance :

> Alpha (compétition) se lance. Pour info, il s’agit du premier film grec financé par crowdfunding. L’équipe, emmenée par le réalisateur Stathis Athanasiou, a eu la gentillesse de faire parvenir une vidéo de remerciement. Sympa. Sauf que le film aurait pu l’être, lui aussi. Au lieu de ça, Athanasiou a accouché d’un long-métrage pseudo-arty, experimentalo-bizarroïde. Emballé dans un noir et blanc sublime (ça, on ne peut pas le nier), Alpha raconte l’histoire d’une femme qui refuse de cacher un fugitif poursuivi par des miliciens. Geste qui va la condamner. Sur un pitch pourtant prometteur, cette caricature de film d’auteur se gargarise, patauge et se noie, entraîne le spectateur avec : d’un ennui profond, ces 80 minutes en paraissent le triple. Même le texte narré (d’une voix off étrange mais ridicule), d’une justesse et d’une profondeur pourtant remarquables, ne sauve pas ces interminables plans expérimentaux. Quel dommage.

Les réalisateurs français pour la séance Mad in France. (photo tmv)
Les réalisateurs français pour la séance Mad in France. (photo tmv)

>Cette année, le magazine Mad Movies a encore ramené quelques jolis courts-métrages 100 % frenchy dans sa valise, pour la séance Mad in France. On commence par Témoignage de l’indicible (Thomas Pernollet) : un court-métrage de 6 minutes, minimaliste, uniquement basé sur des plans d’une maison, et une voix-off qui raconte une légende cauchemardesque. Un peu simple, mais étonnamment accrocheur et captivant.

Suit Lune Noire (Gallien Guibert), véritable marche funèbre vers la folie pour 3 hommes qui recherchent un trésor. Sympathique, étonnant (le rappeur Oxmo Puccino a un rôle !) mais gâché par un son pas très bon (venant de la salle ou du court lui-même ??).

Notre coup de cœur va à NOCT (Vincent Toujas), 15 minutes durant lesquelles un insomniaque ressent une étrange présence : un bourreau qui, paradoxalement, le libère. Certaines scènes font parfois penser à La Mouche de Cronenberg. NOCT joue la carte de l’atmosphère et du fantastique à fond. Mais surtout, produit avec brio une montée en tension palpable et une vraie créature réalisée sans effets numériques. Chapeau !

On enchaîne sur Le Hall des pendus (Christophe Deroo), une histoire de drogue de synthèse, de couvre-feu et de SDF mystérieusement pendus à des lampadaires. Le coupable, lui, n’a rien d’humain. Fortement influencé par le cinéma asiatique (ça se passe à Tokyo), étrange, mais ultra-pro et esthétique.

Le mot de la fin sera pour Adam moins Eve (Aurélia Mengin). Le plus long des courts (26 min) et le plus difficile à cerner. Un post-apo admirablement filmé, archi-stylisé (photographie sublime, des tons rouge/vert/bleu qui rendent l’atmosphère irrespirable, gros plans qui ont la classe…), dans lequel un prêtre est hanté par une voix divine. Il trouvera le corps meurtri de Eve, sous des décombres… On n’en dit pas plus pour ne pas trop en dévoiler, mais le court d’Aurélia Mengin vaut le détour !

[nrm_embed]<iframe src= »https://player.vimeo.com/video/109175668″ width= »500″ height= »281″ frameborder= »0″ webkitallowfullscreen mozallowfullscreen allowfullscreen></iframe> <p><a href= »https://vimeo.com/109175668″>ADAM MOINS EVE : TRAILER</a> from <a href= »https://vimeo.com/palais7portes »>LAC Production</a> on <a href= »https://vimeo.com »>Vimeo</a>.</p>[/nrm_embed]

>Young bodies Heal Quickly clôt la journée, à 22 h 30. Bon. 22 h 50, ok. Avant-dernier film de la compétition, ce magnifique road-movie d’Andrew Betzer suit deux frères complètement paumés (et plutôt doués pour faire des bêtises), renvoyés de chez leur mère. Ils vont sillonner les Etats-Unis en voiture. Simple, épuré, mais beau, ce Young Bodies… est percutant. Une vraie petite surprise, étonnant de bout en bout, portée par de superbes acteurs hauts en couleurs. Dommage que les dernières vingt minutes de ce Huckleberry Finn des temps modernes s’étirent un peu trop en longueur.

Festival Mauvais Genre : carnet de bord

Comme promis, tmv suit (et de près !) le festival de cinéma Mauvais Genre à Tours. Tous les jours, compte-rendu et chroniques des films, de l’ambiance et du nombre d’heures passées, le postérieur vissé sur un siège. Miam.

Mercredi 1er avril : ouverture et film culte

19 h. La billetterie a ouvert, la file d’attente est déjà longue. Il y a de tout : du jeune, du moins jeune, du papy (dédicace !), de la fille, du garçon. Qui dit premier jour, dit ouverture du festival. Mauvais Genre bénéficie de la plus grande salle du CGR Centre (salle 7 pour les intimes). Dans la salle, on aperçoit Francis Renaud, le président du jury. Eh bah comparé à la photo que tmv a publiée dans l’interview (à retrouver ici), le monsieur a un peu changé ! Grosse barbe et cheveux longs, on l’aurait presque pas reconnu (eh ho, normal, c’est un acteur, me souffle-t-on dans l’oreille).

Les premiers arrivent dans la salle (Photo tmv)
Les premiers arrivent dans la salle (Photo tmv)

Les lumières s’éteignent, Gary Constant (le papa de Mauvais Genre, c’est lui) lance le teaser du festival. Sauf que… Bah la vidéo bugge, freeze et plotch. Gros blanc. Image bloquée, parce que YouTube (et surtout la connexion internet) a décidé de faire des siennes. Dans la salle, on se marre. Quelqu’un crie le premier « à poiiil Gary ». Quand ça veut pas, ça veut pas. Tant pis, Gary Constant se lance dans son discours d’ouverture. Discours d’ailleurs en mémoire de ceux tombés sous les balles en janvier.
Ensuite, place au speech du président Francis Renaud (donc le barbu chevelu super cool), drôle et sérieux à la fois. Pince-sans-rire, mais réaliste. Chouette entrée en matière.

Mais après ça, on s’installe confortablement pour le film d’ouverture. La petite exclu (sortie officielle le 6 mai) pour bien commencer : le film culte Il était une fois en Amérique (Sergio Leone, 1984), en version remasterisée, dépoussiérée et surtout plus longue (on atteint les 4h15). Autant dire que cette restauration est de toute beauté. La musique d’Ennio Morricone sublime le tout, fait voler cette perle loin, très loin. Transporte autant qu’un De Niro plongé dans l’opium, à la fin du film. Certaines scènes inédites rajoutées sont peu lisibles, mais qu’importe. C’est une véritable fresque (les spectateurs sont scotchés à l’écran), un monument, réhabilité à la perfection par Martin Scorcese et son équipe.
Il est 0 h 45, les lumières se rallument. Au dodo (la Nuit interdite du lendemain va faire mal !)…