Tolkien, le romancier star se révèle dans un biopic

La vie de l’auteur de la trilogie du Seigneur des anneaux est retracée dans un biopic signé Dome Karukoski.

Le cinéma aurait-il trouvé sa (nouvelle) poule aux œufs d’or ? Ces derniers mois ont été marqués par une palanquée de biopics plus ou moins valables, surtout quand le genre se frotte au monde musical (Bohemian Rhapsody, The Dirt…). Ici, le Finlandais Dome Karukoski a choisi la difficulté, en s’attaquant à l’écrivain emblématique J.R.R Tolkien.

Concrètement, vouloir consacrer un film au créateur du Seigneur des Anneaux est légitime. L’auteur, qui a révolutionné la littérature fantastique, est devenu d’autant plus incontournable lorsque Peter Jackson a décidé d’adapter son œuvre sur grand écran.
Mais avec ce biopic (rappelons que les héritiers de Tolkien ont affirmé leur rejet total du long-métrage), la déception pointe le bout de son nez. Bien trop classique et balisé, sans trop savoir à qui il s’adresse, s’autorisant bien des libertés, « Tolkien » risque de faire bougonner certains puristes…

Pour dérouler son récit, Karukoski a choisi de le séparer en trois périodes charnières : le fin de l’enfance, l’adolescence et ses amitiés et enfin son envoi beaucoup trop jeune au front à la Guerre. Si la première partie ne donne que peu d’émotions et que la seconde ressemble davantage à une resucée du Cercle des poètes disparus, le troisième acte permet – enfin – au film de décoller, notamment grâce à une mise en scène folle et réussie. Le réalisateur montre alors à quel point ce moment de vie a traumatisé l’écrivain qui le symbolisera plus tard dans ses œuvres.

Mais c’est toutefois un peu tard pour un biopic qui, du coup, garde en fait le mystère sur un homme insaisissable. Pas mauvais, mais loin d’être indispensable : un peu de magie n’aurait pas nuit à un film qui s’intéresse pourtant à l’un des romanciers les plus enchanteurs qui soit.


> Biopic (GB). Durée : 1 h 52. De Dome Karukoski. Avec : Nicholas Hoult, Lily Collins…

> Note : 2,5/5

Big Eyes : retour en force pour Tim Burton

Tim Burton sort de sa zone de confort et délivre un biopic divertissant quoiqu’un peu lisse. Un retour intéressant.

Big Eyes
Depuis quelques films, Tim Burton était devenu l’ombre de lui-même. Sombrant dans la caricature. S’autoparodiant, en pataugeant dans l’univers gothique et (quand même) génial qu’il avait créé. Alignant les peu mémorables Frankenweenie et Alice au pays des merveilles. Où étaient passés les Batman, Beetlejuice et autres Mars Attacks ! et Ed Wood ?

Ed Wood, justement. Voilà que ses scénaristes se sont de nouveau acoquinés avec l’ami Burton, pour accoucher de ce Big Eyes. Un retour en force. Un biopic nourri de la musique de Danny Elfman et de Lana del Rey, bourré de bonnes idées.
Soit l’histoire vraie de la peintre Margaret Keane, pionnière dans l’art populaire, dans le San Francisco des années 50. Charmée par un certain Walter, elle l’épouse. Mais celui-ci s’attribue rapidement la paternité des tableaux de sa femme et devient célèbre. Déçue dans un premier temps, elle va alors accepter la supercherie, vu que les dollars s’amassent. Mais l’envie de se rebeller couve…

Big Eyes est un des meilleurs tableaux de Tim Burton. Décors sublimes, aux couleurs saturées faisant exploser les bleus et les verts, véritable voyage de la fin des années 50 à celui des années 60 : la caméra de Burton est élégante. Le scénario est d’une fluidité imparable. Simple, mais efficace. Dessinant parfaitement la plongée du couple dans une spirale infernale. Elle est timide, naïve, mais déterminée. Lui est amoureux, manipulateur, vampirisant, parfois même terrifiant.
Un contraste aidé par le casting. Exit le chouchou Johnny Depp, (trop) présent dans les dernières réalisations du cinéaste. Place au duo Amy Adams – Christoph Waltz. La première campe une Margaret Keane timide, aux yeux de biche, broyée, en totale perdition. Révélé par Tarantino, Waltz, lui, confirme son talent. Il brille, crève l’écran. A une gueule, un débit, une présence. Tour à tour amoureux transit et fou furieux, il agit comme un aimant. Malgré un côté trop lisse (on aimerait en voir un peu plus) et ce petit grain de folie qui manque, Big Eyes prend le spectateur dans sa trajectoire dramatique. Allant même jusqu’à un dernier acte au tribunal, naviguant dans un tragicomique jubilatoire.

Les tableaux de Margaret ne sont que des portraits de personnages aux grands yeux, d’une profondeur incroyable. Lorsque son mari lui demande pourquoi, elle répond simplement « Les yeux sont la fenêtre de l’âme ». Écho à l’obsession de Tim Burton pour les immenses yeux tout ronds, présents dans tous ses films. Walter, lui, force sa femme à peindre encore et encore, toujours plus. Des dizaines, des centaines de toiles. Toujours en s’attribuant tous les mérites qui ne lui reviennent pas. De là à y voir là un parallèle entre réalisateurs et grands studios hollywoodiens. On dit ça…
Aurélien Germain

Note : ***
Biopic, drame (États-Unis, Canada), de Tim Burton. Durée : 1 h 47. Avec Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston ; Krysten Ritter…

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=xcP8lOKH2OU[/youtube]

NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime

Une minute sur le web #27

Du trottoir pour smartphones à l’artiste de la semaine, on vous parle de ce qui a buzzé cette semaine.

BUZZ_PHOTO
Insa, c’est un graffeur assez connu dans le milieu. Son truc ? C’est de faire des graff’ animés en gif mais à partir de peintures réelles. Plus d’infos sur insaland.com

LE CHIFFRE
2,5
C’est, en milliards, le montant du rachat du jeu en ligne Minecraft par Microsoft. Cette acquisition a ému une partie des joueurs qui défendaient avec vigueur l’indépendance de ce jeu, un des plus populaires du web, avec 54 millions d’exemplaires vendus.
BUZZ_MINECRAFT

CONCOURS PHOTO
WIKI
Wikipedia lance, de nouveau, Wiki loves monuments. D’après l’encyclopédie en ligne, c’est le plus grand concours photo au monde. En deux semaines, plus de 90 000 clichés de monuments ont été proposés dans des dizaines de pays différents. Vous aussi, participez sur wikilovesmonuments.fr

LE TUMBLR
STARS DE LA PEINTURE
Ça fait quoi quand vos stars se retrouvent dans un tableau ancien ? Allez jeter un coup d’oeil au tumblr de la graphiste Bénédicte Lacroix. Elle s’amuse comme une folle à les photoshoper dans des toiles de maîtres. >> bainay.tumblr.com

INSOLITE
SMARTWALK
C’est une première dans le monde. Dans la ville de Chongqing, un trottoir est réservé à ceux qui utilisent leur mobile. Cette initiative fait écho à celle lancée, pendant quelques jours, par la revue National Geographic à Washington (USA) pour voir si ça changeait quelque chose de séparer un trottoir en deux.
BUZZ_CHINE

LE DOCU
BIOPIC
C’est rare les productions purement financées par le web et accessibles gratuitement. Internet’s own boy retrace la vie d’Aaron Swartz, un jeune américain, génie du web décédé l’année dernière. Ce documentaire, en anglais, met en perspective la vie de ce jeune prodige et la liberté sur internet. Pour le voir en VO : archive.org

LE JEU
MON OEIL
Terrance, c’est un oeil qui se balade sans vraiment de but apparent dans un monde un peu étrange fait de pyramides et d’électronique. La BO est assez foldingue et le principe du jeu simplissime : avancer coûte que coûte. Pas d’ennemis mais des pièges. Bizarrement addictif… Terrance, the flying eyeball sur kogregate.com
BUZZ_JEU

Get on up : docteur James et mister Brown

Un biopic sur la vie de James Brown, sur l’homme (pas si funky !) derrière la légende. Électrisant !

James Brown Get on Up
Un James Brown en costume rouge, qui sort de l’ombre, serein. Puis changement de plan brutal : « Monsieur Dynamite » explose. Complètement camé, mégalo, furieux, tirant des coups de feu dans le plafond. Le film s’ouvre ainsi, sur un épisode tardif de la vie de James Brown. Un chanteur certes talentueux, mais autoritaire, parfois violent, parano. Ne parlant de lui qu’à la troisième personne.

En cela, ce biopic, loin de n’être réservé qu’aux fans, a décidé de jouer sur deux partitions : oui, le caractère de Mr Brown frôlait l’insupportable ; mais il était aussi un génie (Mick Jagger des Rol-ling Stones, ultime fan du chanteur, a coproduit le film…). Parti de rien, les pieds dans la terre, pour arriver au firmament, la tête dans les étoiles. Un gosse paumé, déchiré entre sa mère battue et son père violent. Tellement perdu qu’il finira quelque temps derrière les barreaux… La prison, symbole paradoxal de sa libération, puisqu’il y découvrira le gospel.

Get On Up est une réussite. Déjà parce qu’il s’écarte des sentiers balisés du biopic simpliste, loin de suivre le bête schéma chronologique. Ici, le montage est syncopé, compliqué, mais appliqué. L’espace-temps est malmené, secoué par des flashbacks, des allers-retours entre l’enfance et l’âge adulte de la Sex machine. Des cassures de rythmes qui renforcent ce contraste entre sa vie misérable en forêt et son apogée sur les planches, sur fond de « I feel good ».
Get On Up ose aussi une forme rare au cinéma, en laissant James Brown s’adresser parfois directement au spectateur. Original, mais déroutant. Surprenant, aussi, ce parti pris d’occulter le rapport de James Brown aux femmes, au sexe et à la drogue. Trop survolé. À peine quelques clins d’oeil. Tout juste peut-on le voir rouler rapidement un joint ou avoir quelques secondes de grâce entre les jambes d’une fille peu farouche. Exit ses arrestations pour possession de drogue ou autres violences conjugales…

Le reste ne souffre d’aucun reproche. Le réalisateur Tate Taylor dépeint le parrain de la soul comme il était : despote exécrable, hautain et prétentieux. Un double personnage, complexe, admirablement joué par Chadwick Boseman, largement « oscarisable » pour ce rôle ! L’acteur y est hallucinant de mimétisme. Colossal dans ses gestes et bluffant dans sa voix (mais reste à voir ce que donnera la version française…). Une véritable performance magnifiant des séquences de concerts, techniquement sans faille, nourries de tubes funk et soul. Un bonheur tant auditif que visuel, point d’orgue du film, contrastant avec l’arrogance d’un monstre de la musique, le Docteur James et Mister Brown.
Aurélien Germain
NOTE : ***
Durée : 2 h 18. Biopic, de Tate Taylor (USA). Avec Chadwick Boseman, Dan Aykroyd, Viola Davis…

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TOUJOURS EN SALLE
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PRIDE ***
Véritable bombe comique à l’anglaise, ce film de Matthew Warchus plonge dans les luttes sociales des années 1980, en pleine période Thatcher. Quand un groupe de Londoniens, défenseurs des droits homos, se mettent à soutenir des mineurs du Pays de Galles, ça donne un film engagé mais qui ne perd pas ce ton pincesans- rire so british. Entre un scénario bien ficelé et des bonnes grosses blagues, cette petite pépite n’est pas sans rappeler Good Morning England ou l’excellent Full Monty. B. R. (retrouvez notre critique complète ICI)

HIPPOCRATE **
Visage de caoutchouc, silhouette longiligne, Vincent Lacoste est un parfait Benjamin, interne dans un hôpital parisien. Entre blagues de potaches et risques juridiques, il s’interroge sur sa vocation au contact d’Abdel, médecin algérien confirmé faisant fonction d’interne en France. Thomas Lilti (médecin lui-même) a confié à Reda Kateb ce rôle. Déjà remarquable dans Un Prophète, il l’interprète tout en violence rentrée et en générosité. Mi-doc et mi-comédie, cette plongée à l’hosto est juste et prenante. A. A.

SEX TAPE **
Jay et Annie s’aiment comme aux premiers jours, époque bénie où ils passaient leur temps à copuler gaiement. Sauf qu’avec le temps, le désir s’est érodé. Le couple décide, pour raviver la flamme, de se filmer pendant leurs ébats. Mais la vidéo va atterrir dans les mains de tout leur entourage. Comédie grivoise (trop ?), vulgaire, Sex Tape est une débauche de blagounettes, sous un vernis trash. On sourit, tout en mettant le holà sur ce film olé olé. Sympathique, sans être tordant. A. G. (retrouvez notre critique complète ICI)
NOTATION :
 **** CULTEissime 
*** TOPissime
** PASMALissime 
* BOFissime
X NULissime