Moi, Tonya patine vers l’Oscar

Moi, Tonya sort en salles cette semaine. Mené par un casting exceptionnel, le film est bien parti pour rafler quelques statuettes…

PAUSE_CINE

1994. À quelques jours des JO, la patineuse Nancy Kerrigan est attaquée et blessée au genou avec une barre de fer. Très vite, les soupçons se portent sur l’entourage de Tonya Harding, patineuse également et concurrente, star montante qui va alors exploser en pleine ascension.

Ce fait-divers qui a passionné l’Amérique est aujourd’hui repris par Craig Gillepsie dans Moi, Tonya.
Un spectacle brillant et passionnant, retraçant la vie de la sportive déchue, de ses premiers pas sur la glace à sa chute. Là où Gillepsie vise juste, c’est en s’écartant du sentier risqué du biopic académique. Car sous ses airs de film à Oscars « d’après l’histoire vraie de… », il est surtout une comédie mordante : ici, les personnages trash font vivre une oeuvre à l’humour aussi noir que cruel.

Une mixture surprenante gérée avec brio et aidée par un montage aiguisé (les scènes sont coupées par de « fausses » interviews face caméra) et une galerie d’acteurs remarquables. On notera évidemment la performance de Margot Robbie, transformée et habitée par le rôle (le meilleur de sa carrière ?).
Mais force est de constater qu’Allison Janney est tout aussi hallucinante en incarnant la mère de Tonya, femme brutale et imbuvable, tant dans son comportement que dans ses méthodes. Le spectateur assiste alors, impuissant, au quotidien d’une femme forte martyrisée tour à tour par sa maman et son mari (Sebastian Stan, excellent). Ces violences familiales et conjugales, filmées d’une façon terriblement crue, suscitent l’empathie pour une Tonya Harding clouée au pilori par les médias, mais représentée ici comme une battante.

Moi, Tonya réussit à être tragique et drôle à la fois. Un drame qui devient une comédie. Moi, Tonya patine vers l’Oscar…

Aurélien Germain

> Comédie satirique de Craig Gillepsie (USA). Durée : 1 h 51. Avec Margot Robbie, Allison Janney…
> NOTE : 4/5 

Bande-annonce de Moi, Tonya :
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Qx-Pr3iS4IQ[/youtube]

Will Smith est seul contre tous

Entre un titre francisé qui n’a rien à voir avec le titre original, un film longuet et un Will Smith plus que passable, Seul contre tous (Concussion) est loin du film coup de boule espéré.

-« Tu crois qu’on se plante avec ce film ? » -« Tais-toi et marche. »

C’est l’histoire de David contre Goliath. L’histoire vraie du Dr Benett Omalu contre la toute-puissante NFL, la Ligue nationale de football américain. Un neuropathologiste nigérian engagé dans un combat disproportionné, puisqu’il fut le premier à découvrir l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC), maladie traumatique liée à la pratique dudit sport. Une affection cérébrale qui a mis des années avant d’être dénoncée dans le milieu intouchable du foot US. Un sujet intrigant, un propos intéressant ? Oui, mais un film décevant…

Au départ, ce « sport drama » était pourtant prometteur. Filmer la croisade d’un médecin contre des dirigeants décidés à étouffer l’existence de l’ETC aurait pu être piquant. Très piquant. Il suffit de voir ces images d’archive, coupures de presse et séquences, dessinant les conséquences de ces commotions cérébrales décriées : des joueurs pros agressifs, dépressifs, suicidaires…
Mais très vite, un constat s’impose : Seul contre tous n’est en fait qu’un biopic paresseux et fort consensuel. (Trop) sage et (très) classique, le film interminable de Peter Landesman n’ose jamais vraiment. Se contentant simplement, et avec lourdeur, de montrer un homme seul et croyant face aux pouvoirs et aux puissants, cherchant à se faire accepter de Dieu (et de l’Amérique ?).

On aurait pu alors se contenter de la présence de Will Smith en tête d’affiche. Mais malgré son implication (son accent nigérian en VO), l’acteur, empêtré dans un jeu soporifique, ne convainc pas. Reste tout de même une mise en scène frigorifique qui accentue la froideur de cet envers du décor. L’acte final hissera enfin le film dans les derniers instants. Ne laissant qu’un goût amer pour un produit si prometteur, mais à la vision finalement bien faiblarde et proprette.

Aurélien Germain

>Drame, de Peter Landesman (États-Unis). Durée : 2 h 01. Avec Will Smith, Alec Baldwin, Gugu Mbatha-Raw…
>NOTE : 2/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=qFvaXF0xKcc[/youtube]

The Danish Girl : futur oscarisé ?

Avec la sublime métamorphose d’Eddie Redmayne, le film de Tom Hooper est bien placé pour rafler les Oscars. Alors, on va voir The Danish Girl ?

The Danish girl

Il y a une scène, dans The Danish girl, qui marque. Gerda, peintre mondaine mais sans modèle, demande à son mari Einar de poser pour elle en robe. Sourires, puis rires. Et puis soudain, le regard d’Einar se fige, brille, s’illumine. Tout s’arrête autour de lui. Il caresse l’étofƒe, intrigué, terrifié, subjugué. Quelques scènes plus tard, il deviendra femme.
The Danish Girl est l’histoire vraie de deux artistes danois. L’histoire d’amour entre Gerda Wegener et Einar Wegener qui deviendra Lili, première personne à avoir subi une chirurgie de réattribution sexuelle dans les années 30. Signé Tom Hooper (Le Discours d’un roi, Les Misérables…), ce biopic aborde frontalement les thèmes de la transexualité et de la crise d’identité avec élégance.
Sans tomber dans le voyeurisme bébête, le cinéaste déroule cependant un récit un peu longuet, au traitement trop académique et illustratif.

Traversé par de sublimes plans aux allures de tableaux et magnifié par sa photographie, The Danish girl est tout en délicatesse. Mais n’osant jamais sortir du chemin balisé, il pêche par un script maladroit (l’arrivée de la transidentité d’Einar est bâclée) et qui mériterait un peu d’audace (le traitement médical aƒffreux réservé à l’époque aux transgenres est vite expédié).
Côté interprétation, le joli duo oƒffert par Alicia Vikander et Eddie Redmayne paie : la première, humaine et subtile dans le rôle d’épouse délaissée. Le second, déjà oscarisé pour Une Merveilleuse histoire du temps, est précis dans son jeu, mais a tendance à trop minauder. Il n’empêche, cette oeuvre a le mérite d’aborder un sujet brûlant qui pourra – et devrait !- amener à plus de tolérance. Le Qatar, lui, a décidé d’interdire le film, le jugeant « trop dépravé »

Drame/biopic, de Tom Hooper (USA, GB). Durée : 2 h. Avec Alicia Vikander, Eddie Redmayne, Ben Whishaw…

NOTE : 2,5/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=qyn7C99vob0[/youtube]

Une minute sur le web #45

Nouvelle fournée de notre rubrique web. On pioche tour à tour dans Facebook, un tumblr marrant, un type avec un faux Oscar et la longueur d’un pénis normal. Humpf.

Samantha Lee (Eatzybitzy pour les intimes) est une maman américaine. Sur internet, elle fait découvrir les plats hallucinants qu’elle prépare. Ça s’appelle du food-art et ça donne faim… A découvrir ICI
BUZZ_PRINCIPALE

EUROVISION
PUNK’S NOT DEAD
Pour l’Eurovision, la Finlande a décidé de présenter le groupe punk PKN, dont les membres sont atteints de trisomie 21 et d’autisme. Le 23 mai, ils joueront un très court morceau (1’41), nerveux, et chanté en finnois. « Nous ne voulons pas que les gens votent pour nous parce qu’ils sont désolés pour nous », a dit le bassiste.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=zEiM6l5meQI[/youtube]

LE CHIFFRE
15 500
C’est le nombre d’hommes qui ont permis une gigantesque étude pour déterminer la… taille « normale » d’un pénis. Utilisant des données sur 20 ans, l’initiative a révélé que la longueur au repos était en moyenne de 9,16 cm et 13,12 cm en érection. Ralala, qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour décomplexer…

FACEBOOK
ANTI-SUICIDE
Aux États-Unis, le réseau social vient de mettre en place un dispositif pour prévenir des suicides. Les utilisateurs s’inquiétant d’un comportement d’un de leurs contacts pourront avertir Facebook en un clic… qui proposera alors à la personne en détresse de discuter avec un(e) ami(e) Facebook ou un conseiller médical en ligne.

PHOTO
GARE À LA CHUTE
Des gens qui tombent d’un escabeau, dans un escalier, ou encore d’un arbre… Ce portfolio marrant avec des gens qui chutent est signé Kerry Skarbakka. C’est impressionnant, mais c’est aussi très fort techniquement parlant. Et c’est garanti sans Photoshop. skarbakka.com/portfolios/struggle 
BUZZ_CHUTE

FAUX OSCAR…
… VRAIS CADEAUX !
Mark David Christenson, un pro de l’impro, s’est baladé toute une soirée dans Hollywood avec une fausse statuette des Oscars, juste après la cérémonie. Résultat : une entrée au ciné et dans une fête VIP, des photos par dizaines et même… une BMW !

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=XpIqfzYN4yM[/youtube]

>>BONUS<<
On ne pouvait pas vous laisser sans un petit hommage à Sam Simon, le cocréateur des Simpson décédé le 8 mars, à 59 ans, d’un cancer du colon. A savoir que ce philanthrope a aussi légué sa fortune (100 millions de dollars) à des œuvres caritatives.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=phexz4vwIm4[/youtube]