Mademoiselle : sensuelle manipulation

Avec Mademoiselle, Park Chan-Wook prouve de nouveau à quel point quel metteur en scène fantastique il est. Doux érotisme et histoire d’escrocs au programme !

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Comment définir la nouvelle offrande de Park Chan-Wook ? Un thriller psychologico-lesbien ? Un drame érotique mâtiné de romance ? Un simple jeu de dupes alambiqué ? Un peu tout ça à la fois, en fait. Avec ce Mademoiselle (Agassi en VO), le cinéaste coréen s’est inspiré de Fingersmith, roman saphique de Sarah Waters paru en 2002. Reprenant les grandes lignes, le réalisateur place toutefois son histoire au cœur des années 30, dans une Corée du sud sous occupation japonaise. Mademoiselle s’intéresse à une jeune fortunée (Hideko) voyant un jour arriver une jeune servante (Sookee), en fait de mèche avec un escroc sadique n’en voulant qu’à son argent.

Mais de ce postulat, Park Chan-Wook va dérouler une histoire de manipulateurs manipulés, un habile jeu de rôles plein de surprises et de rebondissements. Où les cartes sont continuellement redistribuées.
S’en sortant plutôt bien dans l’ensemble (les trois parties du film sont cependant inégales), Park Chan-Wook prouve surtout quel réalisateur virtuose il est. Photographie léchée, composition réfléchie, splendeur visuelle : jusque dans ses moindres détails, Mademoiselle est de toute beauté. Il est d’ailleurs intéressant d’observer que dans cet écrin, le beau cache souvent le laid (un sublime cerisier en fleur, mais auquel on se pend…).

Chic, le film l’est jusqu’au bout. Même quand, nourri d’un érotisme soft, il dépeint la relation passionnelle (et charnelle !) de la maîtresse et de sa servante. Le sexe et l’amour, ici, se mélangent au fétichisme, à la mort, à la violence. Une habitude chez le cinéaste.

Un film chausse-trappes, pensé sous forme de fausses pistes, peut-être mal proportionné mais qui rappelle de nouveau que Park Chan-Wook, en plus d’être formidablement romanesque, est un grand metteur en scène.

Aurélien Germain

> Thriller/drame de Park Chan-wook (Corée du Sud). Durée : 2 h 25. Avec Kim Min-Hee, Kim Tae-Ri, Jung Woo-Ha…
> NOTE : 3,5/5

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Welcome to New York : alors, verdict ?

Sorti sur le net, le dernier Ferrara n’arrive pas à s’extirper d’un sujet ancré dans notre imaginaire, même s’il est réussi sur le plan cinématographique.

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De s f e m m e s partout, belles, dévouées aux demandes les plus violentes. Au milieu, un homme seul assouvit ses pulsions primaires, ses envies de vices, de chair, de cruauté. Autour de ce puissant politicien, une vacuité à faire froid dans le dos. Sans terre ni patrie, il navigue de couloirs d’aéroports, en chambres d’hôtel de luxe, de bureaux sans âme à la cabine aseptisée de première classe. Seul avec lui-même et ce besoin d’aller toujours plus loin dans sa libido biaisée, réduite au moment de jouissance.
Besoin d’humanité quand ces femmes, payées, ne lui offrent qu’un service à la mesure de sa barbarie, il éructe, crache, crie à s’en déchirer les poumons. Comme s’il se sentait enfin en vie. Fantasme atroce, mirage d’un monde sans pitié qui finalement ne s’écroulera jamais pour lui, malgré ses dérapages fréquents et ses crimes.

Impossible de faire de Welcome to New York un simple film d’interprétation de l’affaire DSK. Le réalisateur cherche autre part que dans le sensationnalisme du viol et du procès. Longues scènes lentes aux dialogues creux, le film réussit à plonger dans les méandres de ce vide inhérent à beaucoup d’hommes de pouvoir.
Gérard Depardieu, très bien dirigé pour une fois, ne tente pas l’imitation de l’original et interprète une version primitive du politique perdu, volontairement grotesque. Sans excuser les actes odieux ni brosser dans le cliché larmoyant, Depardieu réussit un des meilleurs rôles de ces cinq dernières années. Il magnifie une des meilleures scènes du film, celle de la prison. Baladé dans les méandres des couloirs sécurisés, par deux sortes de geôliers plus proches du robot que de l’humain, il rentre enfin dans une cellule avec trois loubards prêts à en découdre. Ce sera le seul moment de tout le film où il rencontrera un peu d’humanité, même si elle est incarnée par des regards méfiants et l’hostilité.
Depardieu tourne alors sur lui-même, regarde un des prisonniers dans les yeux, lui demande l’heure pour bien vérifier qu’il ne rêve pas. Ferrara prend beaucoup de plaisir dans ces scènes qu’il adore : celles du non-dit, tout en gestes étouffés, dans l’intimité du mal. Difficile de se défaire de cette affaire qui s’est déroulée outre- Atlantique et qui a bouleversé la vie politique de l’autre côté de l’océan. C’est tout le problème de s’attaquer à un sujet déjà chargé en symboles et représentations et qui a propulsé autant de débats violents sur la place publique.

Si du point de vue cinématographique, Welcome to New York s’en tire à merveille, il ne peut pas convaincre une audience qui a déjà vécu ces scènes 1 000 fois dans leur intimité, dans les articles de presse, suggérés par les images télévisées. Dommage.
Benoît Renaudin

Drame américain d’Abel Ferrara avec Gérard Depardieu, Jacqueline Bisset, Drena de Niro, Amy Ferguson. Durée : 2 h.
NOTE : **
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TOUJOURS EN SALLE
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GODZILLA***
Attention, film qui casse la baraque… dans tous les sens du terme. Méga production signée Gareth Edwards, ce Godzilla version 2014 rend hommage à la version d’origine, en revenant aux sources nucléaires du mythe. Spectacle époustouflant, mise en scène brillante et effets spéciaux bluffants (quelle claque !) font oublier un scénario pas extraordinaire. Efficace à 100 %, notamment lors des combats de monstres, étonnamment filmés sans musique, qui filent la chair de poule. A.G.

BLACKOUT TOTAL **
Après une sale journée et une grosse cuite (la suite logique ?), Meghan Miles, présentatrice télé, se réveille chez un inconnu. Plus de voiture, ni de portable, et en robe sexy : pas l’idéal alors que son travail l’appelle pour qu’elle vienne dans la journée récupérer le poste de ses rêves. Comédie façon trip cauchemardesque, Blackout total enquille mésaventures jubilatoires et quiproquos burlesques. Loin d’être révolutionnaire, mais c’est drôle et porté à merveille par une Elizabeth Banks parfaite. A.G.

X MEN : DAYS OF THE FUTURE ***
Bryan Singer remet le couvert avec cette aventure spatio-temporelle des X Men. Dans un monde où humains et mutants se font exterminer par des machines parfaites, la seule solution c’est d’envoyer Wolverine dans le passé pour changer le cours de l’histoire. Bastons, stades qui volent dans les airs, boules de feu… Vous allez être servis dans cet excellent film de super héros. On retrouve même le côté sombre et pas du tout manichéen des premiers X Men. Un bijou ! B.R.

 
NOTATION :
 **** CULTEissime 
*** TOPissime
** PASMALissime 
* BOFissime
X NULissime

 

Croisette et au-delà

Souvent associée au luxe et à la jet-set, Cannes possède aussi une facette populaire, loin des paillettes.

ESCAPADE_CANNES
1 – Les îles de Leirins : c’est un archipel composé de deux îles. La première, Sainte- Marguerite, abrite le Fort royal. À l’intérieur, les amateurs d’histoire pourront visiter le Musée de la mer et la cellule du Masque de Fer. L’autre île, celle de Saint-Honorat, accueille des moines. Aller sur ces îles prend un quart d’heure en navette depuis le Vieux-Port. Un endroit magnifique, juste en face de la ville, où la nature est préservée. On peut se balader, se baigner, pêcher.
2 – Le Suquet : une belle tour en pierre de vingt mètres de haut située sur une petite colline, au-dessus du Vieux- Port. Elle jouxte le quartier ancien de Cannes. On accède au Suquet par la place de la Castre. Pour grimper au sommet de la tour, il faut passer par le musée du même nom. Tout en haut, on atteint un des points culminants de la ville : on a une vue splendide sur la commune et sur les îles.
3 – Parc de la croix des Gardes : immense espace de 80 hectares, proche du centre-ville. Il est réputé pour ses mimosas, un des emblèmes de la ville. Ils fleurissent de janvier à mars. Le parc devient tout jaune, c’est spectaculaire ! Idéal pour des balades à pied et découvrir la flore. En prenant de la hauteur sur les collines, on aperçoit même le massif de l’Estérel à l’horizon.

4 – La médiathèque Noailles : à dix minutes à pied du centreville, elle est implantée dans un très joli cadre : une villa de style néo-classique. C’est l’ancienne demeure d’un aristocrate anglais et des Rothschild. Aujourd’hui, on peut aller bouquiner dans les jardins et il y a souvent des expositions. Des concerts certains soirs. Cela change des endroits un peu tape-à-l’oeil du quartier Carré d’or.

5 – Les plages du midi : elles ont un côté plus populaire que la Croisette. Les tarifs sont abordables : vous ne trouverez pas des cafés à quatre euros, par exemple. On peut facilement louer des matelas. Il y a moins de monde, même si elles sont prisées par les Cannois à l’arrivée des beaux jours. Elles jouxtent le boulevard du midi, de l’autre côté du Vieux-Port par rapport au Palais des festivals.
6 – Le marché Forville : immense marché aux fruits et légumes de la ville. Les prix sont moins élevés que dans les grandes surfaces. Et on peut trouver d’excellents produits issus de la pêche locale. Tout est très frais. Les visiteurs se régalent les yeux et les narines entre tous les étals de cet endroit historique, construit il y a plus de 130 ans.
OÙ MANGER ?
Dans le Vieux Cannes, il est difficile de faire le tri entre tous les restaurants. Une adresse se démarque : la Sousta (qui signifie l’abri en provençal). De la cuisine traditionnelle, une terrasse et une ardoise qui change chaque jour. Pour un prix
très raisonnable. 11, rue du Pré. Tél. 04 93 39 19 18
OÙ BOIRE UN VERRE ?
Au Charly’s bar. Il brasse une clientèle variée parce qu’il y en a pour tous les goûts : bar à cocktails, bar à vins et de la musique pour danser jusqu’à deux heures du matin. 5 rue du Suquet. 04 97 06 54 78
NOTRE GUIDE
Jérémy CrunchantESCAPADE_GUIDE_CANNES
Cannois de naissance, il enseigne aujourd’hui l’audiovisuel et a créé Citizen-cannes, un réseau d’informations  culturelles sur la ville.