Chroniques culture : la « lose » de Napoléon en BD, le vinyle de Radio Campus et la rédac de tmv au Hellfest

Grosse fournée de chroniques culture cette semaine ! Au programme : une sélection éclectique de BD et le très très drôle Waterlose, sans oublier un zoom sur la nouvelle salle culturelle à Rochecorbon, le vinyle de Radio Campus Tours, et notre arrivée prochaine au Hellfest.

LE COIN BD

WATERLOSE

Après « Salade César », Karibou revient avec « Waterlose » (éd. Delcourt), ce qui confirme tout le talent du bonhomme pour nous faire marrer grassement. Accompagné du dessin tout en bichromie de Josselin Duparcmeur, le scénariste dépeint l’ennui profond d’un Napoléon sur Sainte-Hélène, dictant ses mémoires à son biographe.

Un gag par planche, une poilade assurée par page : « Waterlose » est aussi absurde que décalé, balançant l’Empereur tout nu, jouant au badminton, organisant une soirée popcorn ou insistant lourdement pour placer un dragon dans l’écriture de ses mémoires. À mourir de rire et totalement stupide. Donc atrocement jouissif.
Aurélien Germain

La Sélection BD

Avec « Maldoror et moi » (éd. Glénat), Richard et Broyard signent un manifeste visuel et littéraire d’une grande force. Un bel hommage aux Chants du Maldoror du Comte de Lautréamont, à travers cette quête initiatique et ce beau portrait d’un adolescent en proie à ses tourments. On reste dans les adaptations littéraires avec « Baby Face » (Rue de Sèvres) d’après le roman de Marie Desplechinn : Olivier Balez y raconte le quotidien de la jeune Nejma, prisonnière de son image de fille de banlieue, dans un combat qui paraît sans fin, entre suspicion, harcèlement et une belle histoire d’amitié et de passion sportive.

De la banlieue, on passe à « la Forêt » (Casterman), où Claire Braud mène une enquête sur ce milieu bien particulier. Avec son traitement graphique très original, elle va à la rencontre des gardes, chasseurs, scientifiques qui font vivre ce petit monde bien à part.

« L’Enfer pour l’aube » (Soleil), la nouvelle série de Pelaez et Oger, dont le titre est tiré d’un poème de Victor Hugo, est un bon polar dans le Paris du début du XXe siècle. Une idée originale sublimée par un scénario survolté.

On finit avec humour avec « L’Institut » (Fluide Glacial) : le dessinateur tourangeau Mab, sous le parrainage et les commentaires d’Edika, y livre des trips loufoques et cocasses dans un humour barré.
Hervé Bourit


LE LIVRE

L’EAU DE TOUTES PARTS

Sous-titré « Vivre et écrire à Cuba », L’Eau de toutes parts (Métailié) est un recueil d’essais captivants, de l’immense écrivain Leonardo Padura, sur son île chérie dont il dissèque mot après mot les folies et les misères. Le tout, dans une langue brillante et un style flamboyant.

Un ouvrage essentiel pour plonger sans filtre dans cette âme sensible où l’amitié, l’exil, l’amour sont des abîmes sans fonds, mais d’où surgit un émouvant hommage à la littérature, au cinéma et au verbe. Fascinant.
H.B.

400 pages. Sortie le 15 avril 2022.


LE VINYLE DU MOIS DE RADIO CAMPUS

HAKIM NORBERT – STORY TELLING

Le pont aérien Poitiers – Berlin a fait escale à New-York le 1er avril, avec la sortie en vinyle de l’EP « Story Telling », rencontre entre rap, beatmaking et cinéma américain. Derrière la caméra et la plume, le MC poitevin Hakim Norbert, en collaboration avec le beatmaker berlinois Carl Aqua.

Pour le lancement du label Waxflip, « Story Telling » est conçu comme une suite d’histoires, un scénario de cinéma, auquel la musique donne davantage encore de profondeur, accompagnée par des extraits de fresques italo-new-yorkaises comme « Il était une fois dans le Bronx ». C’est le cas du titre « Giovanni », où les scratches de DJ Kidmoko (Poitiers) ponctuent une instru jazzy et boombap, Hakim Norbert nous plante un décor de polar à l’ancienne : criminalité new-yorkaise, cosca du New-Jersey, flingues et pâtes en sauce.

« Écoute parler les anciens » brouille les pistes, et nous emmène dans le Bronx côté clip, mais dans une profonde sagesse côté lyrics, et toujours, des instrus conçues comme de vraies BO.


FESTIVAL

TMV DEBARQUE AU HELLFEST

C’est l’un de nos rendez-vous favoris depuis belle lurette ; ce moment magique, où la team tmv revient toute cassée au travail le lundi, les cheveux ébouriffés, les tympans martyrisés, et des relents de bière entre les dents. Ce « moment magique », c’est le Hellfest, festival metal et des musiques extrêmes qui se tiendra à Clisson cet été.

Et comme chaque année, la rédaction y sera de nouveau pour vous rapporter compte-rendu, photos et impressions. Et il y aura de quoi dire (et nous lire), puisque cette édition anniversaire post-Covid se tiendra du 17 au 19 juin et du 23 au 26 juin. Sept jours de gros son pour 350 groupes ! Rien que ça.
A.G.


CULTURE

SALLE À ROCHECORBON

Vodanum, kézako ? Eh bien Vodanum, c’est le joli petit nom de la salle de spectacles toute neuve ouverte à Rochecorbon en septembre dernier. Au menu, 197 places assises ou 387 debout ; et déjà une programmation alléchante et éclectique. Nos chouchous de Thé Vanille y ont fait un tour il y a quelques mois, tout comme le duo Dyad et Grande, ou encore l’artiste-peintre Alain Plouvier.

Prochainement, comptez d’ailleurs sur « Veuillez patienter », une pièce de théâtre, le 2 mai, et enfin le jeu sur tuyaux « Permis de reconstruire » le 11 juin. Vodanum, salle culturelle et éclectique qu’on vous a dit !
A.G.

Emile Coddens, vigneron star de TikTok : « Le vin, c’est pour tout le monde ! »

Son compte TikTok compte presque 500 000 abonnés. Ses fans raffolent de ses vidéos où il désacralise le monde du vin, vu de l’intérieur. Second de chai chez Plou & Fils, a 24 ans, il a été classé parmi les 50 meilleurs jeunes vignerons du monde. Et en plus, il vient de sortir un livre (Le vin, ça se partage, chez Équateurs). Rencontre avec Émile Coddens, vigneron à Chargé.

Il est né comment ce compte TikTok (@le.vigneron) qui cartonne actuellement ?

Chez Plou & Fils, je fais souvent des visites. J’avais donc cette habitude de transmettre ma passion et j’ai toujours vu aussi mes oncles le faire. J’adore ça, de voir les yeux des gens ébahis qui comprennent enfin comment on fait du vin ! Puis, le confinement est arrivé : plus de touristes, pas de visites. Je trouvais ça dommage qu’il y ait du raisin, du jus de raisin, plein de belles choses à montrer et qu’on ne puisse pas le faire. Comme il n’y avait pas de vigneron sur TikTok, j’ai eu envie de me lancer. Et tout cela a pris une ampleur assez folle en l’espace de quelques mois !

500 000 abonnés en moins d’un an : comment expliquez-vous ce succès incroyable ?

Je reste moi-même dans mes vidéos, je prends mon téléphone à la main et je me filme, en expliquant simplement les choses. Je pense être assez fun et assez simple. Du coup, ça fonctionne…

Avez-vous le sentiment de dépoussiérer le terroir ?

Oui, sans doute. Mais, en fait, je ne néglige pas du tout le côté terroir. C’est juste que ce n’est pas mon registre. Ce qui compte pour moi, c’est de montrer que le monde du vin est accessible à tous. Le vin, c’est un produit assez cool et qui ressemble à celui qui le produit. Boire du vin, cela suscite des sentiments personnels, souvent liés à des souvenirs ou à des sensations. Je trouvais dommage que des gens aient peur de ça. Parce que, c’est vrai, les gens ont souvent peur de dire des choses sur le vin par crainte de se sentir nuls.

Avec vous, les jeunes vont enfin pouvoir se dire que le vin, c’est aussi pour eux…

C’est vrai que ce que je fais tisse un lien direct entre les jeunes et le vin. Les jeunes se disent parfois que pour boire un bon vin il faut mettre un gros billet et qu’un vin à 5 € sera forcément mauvais. Alors qu’en fait, pas du tout, ça ne marche pas comme ça ! On peut trouver de très bonnes bouteilles à bas prix et de mauvaises bouteilles très chères. Au début, quand on demande aux jeunes qui viennent ici ce qu’ils pensent des vins qu’ils dégustent, ils n’osent pas en parler. Et nous, on leur demande de dire simplement s’ils aiment ou s’ils n’aiment pas. Après, on peut en discuter.

Diriez-vous que les goûts des consommateurs évoluent également ?

Oui, c’est sûr. Il y a 30 ans, le goût Parker faisait la loi à Bordeaux et même un peu ailleurs. Il y avait des stéréotypes sur les rouges qui se sont inscrits dans la tête des gens. Aujourd’hui, les gens aiment bien les vins plus simples. Il faut des vins à la fois faciles à boire tout de suite et qui puissent aussi se déguster dans 10 ans. C’est un véritable enjeu économique pour la filière. Le vin, ce n’est pas quelque chose de vital, c’est un plaisir. Donc, il faut écouter le goût des consommateurs.

Chez les vignerons aussi, la nouvelle génération arrive. Qu’est-ce que cela change sur la façon de faire du vin ?

Dans notre région en particulier, il y a beaucoup de jeunes qui s’installent. Les exploitations se rajeunissent. Chaque génération apporte sa pierre à l’édifice. Mes oncles font du vin d’une façon complètement différente de ce que faisaient leurs père. Moi, j’arrive avec ma petite fougue et mes nouvelles techniques. Ils ne me laissent pas totalement carte blanche mais ils apprennent de cette jeunesse comme moi j’apprends de leur expérience. On a surtout envie de faire des choses plus écologiques, moins énergivores. C’est aussi ce que veulent les nouveaux consommateurs. Chez nous, le passage en bio est pour bientôt.

Propos recueillis par Matthieu Pays / Photos : Cyril Chignot (ouverture), tmv (corps article)


*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération

 

 

Chroniques culture : l’histoire du Temps Machine en livre, du polar, la tonne de BD et le retour de No One Is Innocent

Cette semaine, on lit un tas de BD, de polars et on se refait la Petite histoire du Temps Machine en livre, tout en s’écoutant le dernier album de No One Is Innocent.

LES LIVRES

LA PETITE HISTOIRE DU TEMPS MACHINE

On vous en parlait déjà la semaine dernière : c’est désormais dans nos petites mimines que se trouve le livre « La Petite histoire du Temps Machine » ! Au menu ? 125 pages retraçant toutes les vies de la salle de concert jocondienne qui a fêté ses 10 ans. Il y a un esprit fanzine qui se dégage de l’ouvrage rédigé et dirigé par Adrien Durand.

C’est la photographie d’une époque, mais c’est aussi une formidable machine à remonter le temps, à travers les textes, certes, mais aussi les photos, les affiches et les entretiens. Le tout, posé sur un très beau papier glacé (l’objet « a de la gueule », comme disent les jeunes qu’on n’est plus d’ailleurs) et conclu par des chroniques de disques d’artistes tourangeaux, de Chill Bump à Thé Vanille, en passant par Biga*Ranx et Mesparrow. Vivement le livre des 20 ans !
Aurélien Germain

UN TUEUR SUR MESURE

Un polar qui commence par une scène de braquage pas si ratée que ça, avec des gangsters déguisés en loups le soir d’Halloween : voilà un début prometteur ! Pour la suite, on peut faire confiance (enfin…) à Sam Millar, ancien braqueur qui a concocté la petite merveille de l’année avec « Un tueur sur mesure » (éditions Métailié), récit dans un Belfast sous tension, doté d’une belle écriture.

Il y fait surgir des cohortes de tueurs, des hordes de flics, des membres de la redoutable Fraternité Irlandaise dans une course poursuite haletante. Une pépite d’humour noir et burlesque.
H.B.


LE CD

NO ONE IS INNOCENT – ENNEMIS

Les Français de No one is innocent reviennent avec « Ennemis », un disque qui, une fois de plus avec le groupe, redonnera les lettres de noblesse au rock engagé. Sans prétention aucune, la bande à Kemar serre les dents, dénonce, crache et fait pleuvoir les coups. Le Rassemblement national prend cher, les élites et politiques également ; No One égratigne ceux qui restreignent nos libertés (bref, leurs thèmes de prédilection en somme).

Derrière, ça joue sévère, ça riffe poilu (ouille, « Dobermann », titre d’ouverture à l’effet coup de boule) et ça tape sec sur une rythmique béton. Un album taillé pour la scène, le poing levé. Engagé et enragé.
A.G.


LA SÉLECTION BD

Le coup de cœur de la semaine ira au premier roman graphique de Joseph Kai, « L’Intranquille » (éditions Casterman). L’auteur libanais nous entraîne dans un Beyrouth des artistes et des milieux queer, au cours d’une longue déambulation onirique, où son regard dit toute l’anxiété d’une ville et d’un pays au bord du gouffre. Sensible et poignant.

C’est en Corée que Meralli et Henry nous emmène avec « Kill Annie Wong » (Sarbacane) sur les traces d’une tueuse à gages, fan du Grand Bleu, et d’une cantatrice qui est aussi sa cible. Un essai intriguant et haletant. Avec « Une Histoire populaire de la France » (Delcourt), Lugrin, Xavier et Gaston vous scotchent, le long de ces 256 pages qui commentent l’Histoire de notre pays vue du côté du peuple face aux puissants. Un regard pertinent et décapant.

Encore un chef d’œuvre de Hermann qui revient à la série Bois Maury avec un inédit, « L’Homme à la hache » (Glénat), un épisode plein de bruit et de fureur magnifié par un dessin et des couleurs de très haute tenue. Un peu d’humour pour finir avec « Leconte fait son cinéma » (Dupuis), où Nicoby et Joub dressent un portrait très drôle du réalisateur des Bronzés.
Hervé Bourit


L’EVENEMENT

POLAR SUR LOIRE

La 5e édition de Polar sur Loire se dévoile tout doucement. Celle-ci aura lieu le samedi 27 novembre, salle Ockeghem à Tours, de 10 h à 18 h 30 (entrée libre). Le roman policier sera décliné sous toutes ses formes (thriller, noir, polar, anticipation…). Côté dédicaces, 22 auteurs ligériens seront présents, à l’instar de Pierre Belsoeur, Béatrice Egémar, Denis Soubieux ou encore Nadine Jussic et Jean-Noël Delétang. Une expo de dessins de procès d’assises signée Philippe Delord est aussi au programme, ainsi qu’une table ronde autour du personnage du policier dans le polar.
A.G.


 

Chroniques culture : metal maori, le plein de BD et de comics et Le Temps Machine en livre

Il y a de quoi se mettre sous la dent cette semaine, entre le metal groovy et maori des Néo-Zélandais d’Alien Weaponry, un livre célébrant le Temps Machine, ou encore un comics rugueux et de la BD à tout va.

LE CD

ALIEN WEAPONRY – TANGAROA

Prenez une grosse portion de folkore maori, mélangez à un groove metal typique des années 90, ajoutez une pincée de textes traitant d’écologie ou des ravages du colonialisme : et hop, vous voilà avec la mixture signée Alien Weaponry. Sur ce nouvel album Tangaroa, le trio néo-zélandais garde le créneau qu’il occupe (tout seul) et prouve encore son savoir-faire malgré son jeune âge (les loustics n’ont même pas 20 ans !).

Ça tape sévère sur les fûts, les riffs sont simplissimes mais efficaces et puissants. Le chant maori couplé à la démarche artistique finit de faire d’Alien Weaponry un groupe sur qui il faudra compter ces prochaines années.
Aurélien Germain


LA SELECTION BD

Dans « L’Art de Mézières » (éditions Dargaud), ce ne sont pas moins de 240 pages qui sont consacrées à l’auteur de Valerian. Car derrière sa série, pionnière de la SF en France, se cache un des auteurs les plus attachants du 9e Art. Il suffit de se laisser immerger, page après page, dans son univers foisonnant pour découvrir une œuvre d’une richesse insoupçonnée. À travers inédits, croquis, dessins et un entretien passionnant, Jean-Claude Mézières se dévoile comme jamais.

Avec le tome 11 des « Petits Mythos » (Bamboo), le Tourangeau Philippe Larbier et son scénariste Christophe Cazenove régalent une fois de plus en nous entraînant dans une contre-visite de la mythologie grecque pleine d’humour. Fin de la trilogie pour « Le Dernier Atlas » (Dupuis), superbe conclusion à cette série humaniste, écolo et humaine qui fera date.

Avec « Tananarive » (Glénat), le duo Vallée/Eacersall brille via cette histoire de vieillards fantasque et délirante. On finira avec le magnifique « L’Or du temps » (Maghen), où le dessin flamboyant d’Oriol et le scénario malin de Rodolphe nous entraînent dans le Paris fantastique des années 1900.
Hervé Bourit


LE COMICS

RECKLESS

Ed Brubaker et Sean Philipps dégainent du sale avec le tome 1 de Reckless (éditions Delcourt Comics). Ici, c’est un polar poisseux, poussiéreux, qui s’offre au lecteur. L’ambiance sexe, sang et drogue imprègne les 144 pages qui suivent Ethan Reckless, ancien étudiant, dont le job est de « régler les problèmes » à condition d’y mettre le prix. Personnages âpres, flambées de violence : Reckless est un comics rugueux, avec du caractère, et à ne pas mettre entre toutes les mains.
A. G.


LES LIVRES

CLARA YSÉ – MISE À FEU

Encensée lors de sa magnifique prestation cet été aux Francofolies de la Rochelle, la chanteuse Clara Ysé dévoile ici tout son talent d’auteur avec ce premier roman, « Mise à feu » (éditions Grasset). Ce conte cruel de la jeunesse, rempli de rites d’initiation d’une rare poésie, se déploie dans un univers d’une puissance d’évocation phénoménale. On se laisse porter par la force romanesque de cet ouvrage lumineux.
H. B.


LE TEMPS MACHINE EN LIVRE !

Un livre qui retracerait les mille et une vies du Temps Machine ? La salle jocondienne l’a fait ! Pour fêter ses 10 ans comme il se doit, voilà « La Petite histoire du Temps Machine », un ouvrage limité à 500 exemplaires qui vient de sortir. Rédigé et dirigé par Adrien Durand, il « offre la photographie d’une époque » et aborde l’histoire de la salle, sa vision, mais propose aussi des chroniques de disques qui ont marqué la vie du Temps Machine. Carte blanche est également laissée à Terreur Graphique pour nourrir la bête. À dévorer fissa !
A. G

Madeleine Assas, lauréate du Prix du roman tmv : « New York est une ville inspirante et aspirante »

Madeleine Assas a remporté l’édition 2021 du Prix du roman tmv ! On en a donc profité pour passer un petit coup de fil à l’autrice qui, en direct d’Arles, nous a parlé de son premier roman Le Doorman et de sa plongée dans New York. Le tout, avec le sens des jolies phrases.

Pour nos lectrices et lecteurs qui ne connaissent pas encore votre roman Le Doorman, comment le résumeriez-vous en quelques phrases ?

Question difficile ! (rires) C’est une tranche de vie sur une quarantaine d’années, du début des années 60 à 2003, c’est la vie d’une ville, la vie d’un immigré algérien d’origine juive qui part sans attache à New York. Il exerce le métier de « doorman », portier d’immeuble, ce qui est typique dans cette ville. Il est présent et, en même temps, invisible par sa discrétion. Il y a la verticalité de l’immeuble où il travaille et l’horizontalité des promenades et de ses pérégrinations. On le suit arpenter cette ville en perpétuelle mutation. C’est un voyage, une ville et une vie.

Le Doorman, c’est une belle plongée dans un New York hétéroclite. Pourquoi avoir choisi cette ville comme terrain de jeu pour votre roman ?

Au départ, je voulais écrire sur une ville qui me fascine, que j’adore et qui me révulse. J’ai donc choisi New York. La première fois qu’on va là-bas, on croit la connaître, en raison de notre culture littéraire, cinématographique… J’en avais déjà une image ; j’ai été touchée par ce qui fait de cette ville une vieille ville, les fantômes d’une vieille Europe. Ce n’est pas une ville historique, mais il y a des millions d’histoires. C’est la ville des exilés par excellence. Un endroit de chaos mais, au milieu, on peut y faire sa vie.

Dans une présentation sur Youtube, vous parlez de « roman géographique ». Quelle a été votre approche ? Vous avez pris des notes durant vos voyages ?

Je n’ai pas fait un travail de journaliste ! (rires) Je n’ai pas pris de notes là-bas, car New York s’est incorporée en moi. J’y suis allée plusieurs fois et voulais écrire dessus. Adopter le regard d’un homme dans la géographie d’une ville qui change sans cesse. Je voulais évoquer certains lieux. Je n’ai pas fait de structure de départ, cela est venu par la suite. Petit à petit, j’ai fait évoluer Ray, le personnage, car les lieux suscitent chez chacun une cartographie intime. J’ai fini par faire un plan chronologique et géographique par la suite. Les lieux m’ont inspirée quand j’y étais. New York est inspirante et aspirante.

Ray est un portier européen, il marche, il vit dans la ville qui ne dort jamais. Mais finalement, n’est-ce pas avant tout un roman sur la solitude ?

Oui, bien sûr. C’est la solitude au milieu de la multitude. Car il y a une multitude de solitudes, à New York ! C’est une course à la vie là-bas. Ray est seul. Mais quand on est seul, on reçoit les choses plus intensément. Pourquoi un portier, justement, comme personnage principal ? Je voulais quelqu’un venant d’un milieu social modeste. Il fallait un observateur et quelque chose d’intemporel et de « désuet ». Cela permet une traversée dans le temps. Tous les gens qui exercent ce genre de métiers sont les petites fourmis qui font marcher la ville.

Vous êtes comédienne (télé, cinéma, courts-métrages…). Comment on en vient à l’écriture d’un roman ?

Je suis dans les textes et j’ai toujours aimé écrire. Je faisais des petites histoires qui restaient dans mes tiroirs. Mon passé dans le théâtre fait que j’aime raconter. Je n’ai pas l’impression d’un hiatus entre les deux activités. En étant comédien, on est toujours entourés… Dans l’écriture, on est dans la solitude réjouissante, la liberté. La phrase de Barthes me parle : « J’écris parce que j’ai lu. »

C’est votre premier roman. Quelles ont été les difficultés pour l’écriture ?

Le temps de maturation a été très long, j’ai eu les premières idées il y a 10-12 ans. J’imagine que chaque livre a sa propre fabrication et sa vie. Mais l’écriture s’est passée harmonieusement. J’étais confiante, car je voulais raconter cette histoire ! Même si le manuscrit était resté dans les tiroirs, tant pis, il fallait que j’écrive. Là, j’essaye de préparer mon second roman, ce n’est plus pareil.

Je trouve que c’est un roman d’atmosphère, contemplatif, plutôt qu’un roman d’intrigue. Comment abordez-vous vos descriptions très fouillées ?

C’est vrai, c’est de l’observation, de la sensation. J’ai fermé les yeux, j’avais comme une caméra en moi, je revoyais les images. C’était très visuel pour moi ; je voyais les choses que j’ai gardées visuellement. Je me prenais par la main et me laissais aller. La maturation a aidé cela. Visuellement, j’étais comme dans un état d’improvisation et me laissais guider. New York est une ville qui vous marque. À chaque fois. Elle est toujours en transformation.

Selon vous, à qui s’adresserait votre roman ?

C’est dur de répondre ! (rires) Écoutez, c’est sûr que si l’on aime New York, c’est un livre sympa à offrir ! (rires) Attention, ce n’est pas un guide de voyage, bien sûr ! Mais j’aimerais que les gens l’apprécient pour l’écriture. Je souhaite que le roman vous touche…

> Le Doorman, de Madeleine Assas. Paru aux éditions Actes Sud


Propos recueillis par Aurélien Germain
Photo ouverture : crédit Carole Parodi
Retrouvez les romans qui étaient en compétition en retrouvant notre article du 20 mai 2021 ICI

Chroniques culture : de Rob Zombie à Cabadzi, en passant par la séance lecture

Cette semaine, on glisse les albums de Rob Zombie et de Cabadzi dans sa chaîne hi-fi, puis on part bouquiner dans le Grand Nord avec Olivier Truc, avant de finir par une grosse dose de BD.

LES CD

ROB ZOMBIE – THE LUNAR INJECTION…

Il était annoncé depuis plus de cinq ans… L’attente a enfin pris fin, monsieur Rob Zombie venant de publier son septième album solo, « The Lunar Injection kool aid eclipse conspiracy ». Derrière ce titre à rallonge se cache un disque compact de seulement 32 minutes, sur lequel s’enchaînent les petites pépites rock’n’roll, les interludes bizarroïdes, les gros riffs et les samples à tout va. Un véritable fourre-tout sans trop de surprise qui n’empêche pas de prouver que le musicien de 56 ans et sa bande s’éclatent encore… et nous avec !

« Catchy » à souhait (le bondissant « Shadow of cemetery man ») et fun (« 18th century cannibals » et sa country virant au metal), mélodique et bourré d’énergie, ce nouvel album prouve, dans un ouf de soulagement, que Rob Zombie en a encore sous le pied.
Aurélien Germain

CABADZI – BURRHUS

Cinquième album déjà pour Cabadzi, duo de hip hop-chanson- spoken world aussi inclassable qu’iconoclaste, qui tout au long de ces 16 titres, joue avec les ambiances comme personne. Entre rap, trap abstract, ou à travers quelques notes de piano, Olivier et Victorien envoient des phrasés qui scotchent littéralement ou entraînent dans un monde sombre qui moque les maux avec des mots, le tout avec une justesse et une humanité qui font mouche.
H. B.

> Burrhus, paru sur Difymusic

LES BD DE LA SEMAINE

Lupano au scénario et le Tourangeau Relom au dessin ? Il n’en fallait pas plus pour qu’on se torde de rire à la lecture de « Maharadchat » (Éd. Delcourt). Cette farce contemporaine et féroce sur fond de pâté pour chat et d’écologie est une totale réussite. Restons dans le registre de l’humour avec le tome 2 de « Champignac, le patient A » (Dupuis), où le duo Beka – Etien fait encore des merveilles. Ils séduiront bien au delà des amateurs du personnage iconique des aventures de Spirou, plongés dans une aventure trépidante au sein de l’Allemagne nazie.

Encore un peu d’histoire avec « Niala » (Glénat), plongée dans la jungle avec ce personnage féminin qui met à rude épreuve tous les clichés coloniaux et tarzanesques avec une petite touche sexy et beaucoup de second degré. On finira avec « Les Oiseaux » (Futuropolis), bel ouvrage de Troubs naviguant entre écologie et philosophie, avec un art singulier de la contemplation qui fait du bien en ces temps un peu troublés.
H.B.

ROMANCE

Ne pas se laisser berner par le titre ! Car ici, point de romance à l’horizon (il suffit de zieuter la couverture…), mais une tripotée de gags grivois et souvent situés en-dessous de la ceinture. Dans « Romance » (éditions Delcourt), Elric utilise un humour où le raffinement n’existe pas et craque le vernis du romantisme via le concept du détournement. Le décalage entre l’esthétique vintage, les personnages aseptisés et tout mignonnets, et leurs propos graveleux fait sourire et fonctionne bien. À ne pas mettre entre toutes les mains. Surtout les plus chastes…
A. G.

LE LIVRE

OLIVIER TRUC – LES CHIENS DE PASVIK

La Police des rennes repart pour une quatrième enquête ! Dans ce polar au parfum unique, Olivier Truc sait mieux que personne nous plonger dans ce Grand Nord arctique, où mafieux russes, petits trafiquants norvégiens et éleveurs samis finlandais jouent à cache-cache avec une brigade des douanes sous tension. « Les chiens de Pasvik » (éditions Métailié) est un roman brillant comme une aurore boréale et glaçant comme ce froid polaire qui s’infiltre doucement page après page.
H.B.

Chroniques culture : Nota Bene en BD, musique baroque en CD et le plein d’EP

Ô joie ! Le youtubeur tourangeau Nota Bene sort une nouvelle bande-dessinée, cette fois en s’intéressant à la mythologie nordique. On fait aussi le plein de BD polars, tout en voyageant en Italie avec l’Ensemble Parchemins côté musique.

LA BD
NOTA BENE – LA MYTHOLOGIE NORDIQUE

Et de trois tomes pour la série BD de Nota Bene ! Et c’est peu dire qu’on l’attendait de pied ferme, celui-ci. Le T3 (éditions Soleil) aborde effectivement la mythologie nordique – sujet ô combien cher à nos yeux. Ici, le youtubeur tourangeau se sert des bases telles que l’Edda poétique pour livrer une synthèse d’une mythologie aussi complexe que passionnante. Abordant les mythes fondateurs et croquant les dieux principaux (Ases comme Vanes) avec brio, Benjamin Brillaud prouve une nouvelle fois qu’il est un fin conteur. Servie par le dessin de Christian Paty, cette BD est aussi divertissante (certaines références pop culture et traits d’humour) que riche en informations. À mettre entre toutes les mains. Surtout pour le/la Viking qui sommeille en vous, évidemment.
Aurélien Germain

LE LIVRE
LE PETIT COIFFEUR

La rubrique culture du magazine Le Point disait de lui qu’il était « une marque fiable sur les planches » : lui, c’est Jean-Philippe Daguerre. Et force est de constater que l’auteur est effectivement une jolie plume dans le domaine. Avec Le Petit Coiffeur (éditions Albin Michel), il évoque l’histoire de la Tondue de Chartres. Du moins, il la revisite. L’exercice n’est pas facile – lui-même avoue qu’il « marche sur des oeufs » – mais l’écriture et la rythmique des mots en font une pièce bien huilée et pertinente, à découvrir d’ailleurs sur la scène du Théâtre Rive Gauche en octobre.
A.G.

LE CD
ENSEMBLE PARCHEMINS – RÉCRÉATION ITALIENNE

Les Tourangeaux Matéo Crémades et Nathalie Ferron emmènent l’auditeur par la main dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles. À travers cette « Récréation italienne », on découvre ainsi tarentelles du Sud de l’Italie et chansons (Obizzi ou encore Monteverdi). De quoi remonter dans le temps au son d’une guitare baroque jouée de main de maître, des mélodies expressives et des voix qui se chevauchent.
A.G.

LES EP
PR2B ET LOMBRE

Avec son 1er EP, « Des rêves », la Berruyère PR2B livre en 6 titres un univers foisonnant pop aux textes ciselés et aux mélodies percutantes. Très poétique, son écriture ne s’éloigne jamais du réel avec une acuité bluffante.
Le Rodézien Lombre, lui, sort un 1er EP « La lumière du noir », où son spoken word racé, nappé d’incandescentes touches d’électro, fait mouche à chaque coup. Ces deux-là sont bien partis pour mettre un peu de folie, de corps et de cœur en cette rentrée musicale pas comme les autres.
H.B.

LES BD DE LA SEMAINE
Passion polars

C’est fou comme le polar convient aux temps troublés que nous vivons, à l’image d’un Nestor Burma qui, dans « Les Rats de Montsouris » (Casterman) de Ravard, Malet et Moynot, livre un bel embrouillamini de chantage et de cambriolage.
Autre détective qu’on adore : Léo Loden. Avec « Sète à huîtres » (Soleil) et la complicité de Nicoloff et Carrère, il nous emmène dans le monde pas toujours reluisant de l’ostréiculture.
Autre enquête bien ficelée également, celle de Tarrin et Neidhardt qui envoient notre cher Spirou « Chez les Soviets » (Dupuis). Le résultat plus que réussi est truffé de clins d’œil !
On terminera avec le superbe récit de Baru, « Bella Ciao » (Futuropolis), où l’auteur se replonge dans la mémoire de ses ancêtres italiens dans un récit poignant et d’actualité : superbe, élégant et fort.
H.B.

A LIRE
LE REPAS DES HYÈNES

Une fable, autant qu’un conte initiatique. « Le Repas des hyènes », récit en bande-dessinée signé Aurélien Ducoudray et Mélanie Allag, est une véritable plongée au coeur de l’Afrique ancestrale. Les deux auteurs retracent la vie de Kubé et Kana, deux jumeaux lancés dans un voyage étrange et paradoxal, où se réveille l’esprit maléfique d’un Yéban. La douceur de l’enfance côtoie la cruauté de la vie, dans un ouvrage qui a le mérite de présenter un ensemble graphique audacieux et pertinent.
A.G.

Romane, une stagiaire Bibliovore

#EPJTMV Romane, en troisième au collège Paul-Louis Courier, effectue son stage à la librairie le Bibliovore. Elle présente ses coups de cœur littéraires.

 

Romane replace un livre sur l’étagère. Crédit photo : Nathan Filiol.

Romane est une vraie bibliovore, c’est pour cette raison qu’elle envisage de s’orienter dans les métiers du livre ou de l’édition. Passionnée par le fantastique, elle présente sans hésitation les livres qui l’ont marquée.

Le livre…

  • Qui t’a donné envie de faire ton stage ici : Le quatrième tome de la saga fantasy La Passe-miroir de Christelle Dabos. Une fille vit dans un monde sans planète mais constitué d’arches (blocs de terre qui flottent dans l’espace). Elle possède le pouvoir de traverser les miroirs.

 

  • A changé ta vie : Je suis ton soleil de Marie Pavlenko. C’est l’histoire d’une jeune lycéenne qui doit faire face à des problèmes personnels tout en préparant son bac.

 

  • Que tu recommanderais à tes amis : Les Gardiens des Cités perdues de Shannon Messenger. « L’histoire est belle, les personnages sont attachants ».

  • Qui t’a fait peur : Harry Potter et la Coupe de feu de J.K Rowling. « Il ne faut pas le lire dans une pièce tout seul ».

  • Le premier livre que tu as lu : La série Fantômette de Georges Chaulet avec son personnage double. « J’avais adoré ces livres quand j’étais petite ».

  • Que tu as commandé à Noël : Les Sept sœurs de Lucinda Riley. C’est l’histoire d’une famille de six sœurs adoptées. À la mort de leur père, elles trouvent des indices pour remonter la piste de leurs origines. « Je l’ai déjà fini et adoré ».

  • Que tu as préféré : Harry Potter à l’école des sorciers de J.K Rowling. « J’ai commencé à les lire dès sept ans ».

  • Qui t’a fait rire : Les livres de Gilles Legardinier et surtout Complètement cramé ! 

  • Ta saga préférée : Oksa Pollock de Anne Plichota et Cendrine Wolf. Une adolescente se découvre des dons et apprend que sa famille et elle sont originaires d’un autre pays, invisible aux yeux des humains.

  • Que tu as toujours sur ta table de chevet : La bande dessinée Dad de Nob. C’est l’histoire d’un père qui a quatre filles de quatre mères différentes. « Elles lui mènent la vie dure, c’est très drôle ».

  • Ta pièce de théâtre préférée : L’Hôtel du Libre-Échange de Georges Feydeau. « J’ai vu la représentation de la pièce au théâtre ».

  • Ta BD préférée : Entre chiens et loups de John Aggs (adapté du roman du même nom). C’est l’histoire d’un monde dans lequel les gens sont très racistes, particulièrement envers les blancs.

 

Laura Alliche et Caroline Frühauf, étudiantes à l’École Publique de Journalisme de Tours (EPJT).

Le Bibliovore : « La crise du livre, on ne connaît pas »

Valérie et Corentin Halley, ex-profs de lettres en Touraine, sont unis par la passion des livres. Ils ont ouvert depuis un an et demi une librairie bien particulière. Au 104 de la rue Colbert à Tours, Le Bibliovore vous propose pas loin d’un millier d’ouvrages d’occasion et en excellent état. Dans l’arrière-magasin, il y en a trois fois plus. Et tout cela, à petits prix : 3 euros pièce, 10 euros les quatre.

Valérie et Corentin Halley, du Bibliovore.

Quand on franchit la porte du Bibliovore, rue Colbert, on se sent d’emblée dans une librairie. Une vraie. Seule la petite odeur caractéristique du papier ancien nous rappelle que Corentin Halley, ex-prof de lettres et fils de bibliothécaire, a passé beaucoup de temps dans les brocantes après avoir quitté l’Éducation nationale.

Dénicheur de beaux et bons livres, ouvert à tous les genres littéraires, il a surfé dans les années 2000 sur une intuition et aujourd’hui, il a embarqué avec lui son épouse Valérie, dans une aventure passionnante. « Tout est transparent, dit-il. Nous achetons les livres aux particuliers. C’est au poids : 1 kilo, 1 euro. Et nous les revendons 3 euros à l’unité ou 10 euros les quatre. Nous mettons deux conditions à l’achat : que les livres soient en bon état et qu’ils ne soient pas datés, du genre guide des États-Unis de 1986, ou essai politique des années 90. »

Dans les rayons, pas mal de bonnes surprises et des associations originales : Frédéric Beigbeider est à portée de pages du poète Henri Bauchau, et Amélie Nothomb pourrait lever les yeux en direction de Vladimir Nabokov. « Merci d’exister, m’a dit l’autre jour une dame, ajoute Valérie Halley. C’est chouette, non ? »

Ouvert 4 jours par semaine

Durant l’heure et demie pendant laquelle je discutais avec les deux libraires, le magasin n’a pas désempli. Entre un couple venu vendre un sac de livres et reparti avec 7 euros dans la poche, un petit monsieur apportant cinq livres de jeunesse de sa fille (2 euros) et plusieurs acheteurs de tous âges, Le Bibliovore ne fait que des heureux.

Ouvert quatre jours par semaine (mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 11 heures à 13 heures et de 15 heures à 19 heures), la librairie d’occasion se transforme le dimanche en festival du livre de poche. « J’enlève tous les ouvrages situés au centre du magasin et je les remplace par des Poche, ajoute Corentin. Nous participons aussi au festival des langues et là nous proposons des livres étrangers. »

La proximité, le réseautage grâce à une page facebook suivie par 5 000 fans, l’endroit aussi (« La rue Colbert permet de se garer en voiture pour déposer des livres mais reste largement piétonne ») expliquent aussi le succès grandissant.
« La crise du livre, on ne connaît pas. Nous ne sommes pas dans l’obligation d’exposer un catalogue d’ouvrages proposé par une maison d’édition. Et plus globalement, nous nous rendons compte que beaucoup de gens lisent, des plus jeunes au plus anciens. Je suis même très optimiste », assure Corentin.

Chroniques culture #73

De la lecture avec une dose de BD pour l’été mais aussi du livre 100 % rock… Sans oublier la musique avec le EP de VLAP et du ciné avec le DVD des Fauves : voici l’heure des chroniques culture.

LE DVD
LES FAUVES


Deuxième long-métrage pour Vincent Mariette qui, pour le coup, a réuni pas moins que Laurent Lafitte, Lily-Rose Depp et Camille Cottin. Et ici, c’est bien la fille de Johnny Depp qui crève l’écran et vole la vedette. Visage anguleux, regard noir, air étrange, tout concourt à faire d’elle la comédienne parfaite pour ce rôle d’ado dark.
Thriller aux accents de polar et de fantastique, Les Fauves est un film aussi envoûtant qu’énigmatique auquel il faut toutefois s’accrocher. Et même si les enjeux sont un peu faiblards et peu fouillés, le climat anxiogène qui enveloppe le tout réussit sa mission.
Pour sa sortie en DVD, l’éditeur a incorporé un entretien touffu du réalisateur (1 h 20 au compteur !) et deux courts-métrages en bonus.
A.G.

LE EP
VLAP – CROCRODILES

Ce n’est pas un secret : à tmv, on a toujours aimé les disques où le mix laissait respirer la basse et la rendait, surtout, audible. En cela, VLAP a de quoi nous ravir : sur son premier EP, nommé CrocRodiles, la quatre cordes ronronne, vrombit, claque parfois. Elle donne son ossature à cette « pop groovée », comme ce groupe tourangeau l’appelle.
Alternant la douceur (le langoureux « Dance ») et l’énergie (le quasi-funk « Greed is god »), VLAP offre quatre titres où chaque instrument – guitare, claviers, batterie – a également sa place et ressort. La voix, parfois un peu éraillée, donne un léger grain soul à l’ensemble.
Si la formation a déjà été sélectionnée pour jouer au Printemps de Bourges 2019 dans la section Grandes Ecoles, elle sera à découvrir dans nos contrées tourangelles prochainement : rendez-vous le 18 juillet prochain, au Festival Les Courants d’Amboise et le 4 septembre à Campus en Fête à Tours !
A.G.

LES BD
ÇA SENT L’ÉTÉ, NON ?

Vu les récentes chaleurs, on se contentera de bouger la tête en lisant « Break » (éd. Steinkis) où Ledoux et Liano nous refont vivre l’épopée du hip hop US des blocparty à MTV et où l’on croise avec un petit pincement au coeur DJ Kool Herc et Afrika Bambaataa.
On reste à New York avec « Bootblack » (Dargaud), juste après la guerre et cette histoire passionnante d’une bande de gamins des rues, servie par le trait magnifique et le récit puissant de Mikaël. Remontons encore le temps avec « Après l’Enfer » (Grand Angle) : Marie et Meddour nous entraînent dans l’après-guerre de Sécession avec ce récit âpre et graphiquement bluffant.
Et puis l’été, les séries prennent le pouvoir : alors on se jette sur le T30 de Lefranc (Casterman) dans lequel Alvès et Corteggianni nous emmènent pour une visite passionnante de la Corée du Nord. Encore plus exotique, Virginie Augustin propulse Conan dans des contrées peuplées de pirates, de grands singes et de zombies avec le magnifique « Chimères de fer » (Glénat).
Eh oui cette année, Glénat fête ses 50 ans avec un super ouvrage collectif et Soleil fête ses 30 ans avec un ouvrage hors-commerce (débrouillez-vous pour le trouver !) : longue vie à eux. Bel été et n’oubliez pas de buller !
H.B.

LIVRES ROCK
JULIE BONNIE ET DOC PILOT
On commence avec « C’est toi Maman sur la photo » de Julie Bonnie, sorti aux éditions Globe. Celle qui fut membre de Forguette mi note, avant de commencer une carrière solo et se retrouver maintenant auteure, raconte son parcours atypique et croisé de musiciennes punk et de mamans bobo. C’est prenant et séduisant à la fois.

Mais la grosse claque, c’est « X-ray Pop, la machine à rêver » de Didier Doc Pilot chez Camion Blanc. Trois parties dans ce livre, dont un roman à la Doc : psychédélique et luxuriant. Puis toutes ses années musicales sur Tours où il nous raconte, avec une mémoire moins sélective que Miss Bonnie, toute la scène rock tourangelle et surtout son exceptionnel parcours musical, avec une écriture au scalpel.
Soulignons aussi cette sublime série de portraits de nos icones musicales de Joe Strummer à Paul Weller, en passant par Alan Jack. Ces portraits, dont certains ont été aperçus dans les pages de tmv (la rubrique Minute rock), sont l’oeuvre de Jocelyn Herbelot qui suinte le rock comme jamais par tous les poils du pinceaux. Une fusion exceptionnelle entre deux artistes hors normes et hors du commun.
H.B.

La cuisine pour 100 potes, à la sauce Aucard

Aucard de Tours, outre la musique, c’est aussi et surtout une équipe de bénévoles qui oeuvre… même en cuisine ! D’où la sortie de leur livre « Popote ‘N’ Roll, la cuisine pour 100 potes », à acheter sur le site du festival cette année.

A Aucard, le show se fait aussi dans les casseroles. Une quinzaine de bénévoles s’activent durant une semaine, de 9 h à minuit, pour nourrir les musiciens, les techniciens, les chanteurs et toute l’équipe du festival.

« On prépare 100 repas tous les midi, 250 le soir et tout est fait maison, y compris la chantilly », explique Cécile, aux fourneaux d’Aucard depuis 1995.

Mais comment font-ils ?! « Beaucoup d’organisation et des recettes testées et éprouvées par les bénévoles avant le festival », sourit Céline.
Soupe de petits pois à la menthe, gâteau à la betterave ou cheese cake salé : l’équipe des « toqués d’Aucard » a la bonne idée de partager cette année quarante de ces recettes dans un livre collectif, La Cuisine pour 100 potes.

100 % conçues par l’équipe, toutes ces recettes peuvent être multipliées ou divisées par deux pour des cousinades, des fêtes d’été ou des mariages. Et bien sûr, le livre intègre une play liste spéciale Aucard, à écouter en cuisinant !


> Popote ‘N’ Roll, La Cuisine pour 100 potes, 12 €, en vente sur le festival Aucard

 

Un bouquin, des pépètes et un cacatoès !

On n’est pas objectif, mais on assume ! Le roman d’Elisabeth, Les Pépètes du cacatoès (City Éditions) on l’aimait déjà avant d’en avoir lu la première ligne, parce que Elisabeth, c’est notre copine-qu’onbosse-avec et qu’on l’aime aussi. Sa première interview de romancière est pour nous (et elle décoiffe !).

Interview / Spécial copinage (bah ouais)

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(Photo Crédit : Gin Pineau)

C’est quoi cette histoire de cacatoès, pourquoi pas un boa constrictor ou un gibbon à mains blanches ?
J’avais peur d’effrayer les enfants. Je me suis dit qu’un cacatoès, c’était plus consensuel. En même temps, un cacatoès, ça fait beaucoup de bruit et ça peut être drôle si plein d’enfants en réclament à leurs parents, du coup.

Donne-moi trois bonnes raisons de ne pas lire ton roman.
Déjà, c’est écrit par une journaliste (une journaliste de tmv, en plus !) et les gens détestent les journalistes. Deuxième raison, c’est écrit par une provinciale et on sait bien que tout ce qui vient de province est quand même assez insignifiant. J’habiterais Saint-Germain-des-Prés ça vaudrait peut-être le coup, là, franchement, c’est gâché. Et troisième raison, c’est écrit par une femme et, par définition, une femme ça n’a pas de cerveau. Et puis, dernière raison : c’est une comédie et la comédie, ça n’intéresse vraiment personne.

Et si, malgré tout, on avait quand même envie de le lire, qu’aurais-tu envie de nous dire avant ?
Ben… Merci, déjà. Vous ferez plaisir à mes enfants. Et aussi, que si Instagram et l’art contemporain vous intriguent, si vous aimez les plats locaux et de saison et les histoires qui finissent bien, vous avez fait le bon choix.

Comment aimerais-tu que les lecteurs le lisent, ton roman ?
Puisque c’est un livre improbable, j’aimerais qu’ils le lisent dans les endroits les plus improbables de la planète. Par exemple, la tête en bas, perché dans un arbre. Mais bon, ils le lisent comme ils veulent, en même temps, je ne serai pas là pour les surveiller, ils peuvent le lire dans leur canapé.

As-tu, sérieusement, envisagé l’hypothèse d’un succès ?
Non. Je me suis juste dit que j’allais écrire toutes les nuits pendant trois mois, que j’allais faire suer une vingtaine d’éditeurs et j’étais à peu près sûre que ça ne marcherait pas. En fait, l’objectif, c’était juste de boire un coup avec des copains et écrire un livre, c’est quand même une bonne raison pour boire un coup. Et si jamais ça marche (car on n’est jamais à l’abri d’un succès…), eh bien ça me fera une occasion de reboire un coup.

Si ce roman était adapté en film, tu verrais qui dans les rôles principaux ? Les-pepetes-du-cacatoes
Je verrais bien Michael Douglas dans le rôle du grand-père, ça pourrait être assez drôle. Et Catherine Deneuve dans le rôle de Mathilde, la fille. Et puis Jean-Hugues Anglade, il est de la région, ça me rendrait super fière de l’avoir dans le film.

C’est un livre drôle, puisque c’est une comédie et réconfortant puisque c’est écrit dessus. L’as-tu écrit dans un but thérapeutique ?
Absolument. Je suis d’ailleurs en attente de l’accord pour le remboursement du livre par la Sécu. C’est un livre qui n’est pas toxique, qui n’a pas d’effet secondaires, qui a une empreinte carbone raisonnable car imprimé en France par un imprimeur labellisé Imprim’ vert et qui est très bon pour la santé. Donc, si je n’obtiens pas l’accord, je vous encourage à lancer une pétition sur change.org, adressée à Agnès Buzyn pour exiger son remboursement.

Pour finir et sans langue de bois, doit-on croire ce que l’on commence à voir circuler sur les réseaux sociaux ? Seras-tu candidate à la mairie de Tours en 2020 ?
Je ne souhaite pas communiquer sur ce sujet pour le moment. Disons que j’entends des choses, j’écoute ce qu’on me dit. Il y a un désir d’autre chose, je le perçois bien. Mais il est vraiment trop tôt pour en dire plus.

(N’oubliez pas… Le second degré n’est pas qu’une température !)

Propos recueillis par Matthieu Pays / Photo : Gin Pineau

>> Les Pépètes du cacatoès, d’Elisabeth Segard. City Editions / 256 p. Disponible à La Boîte aux livres, à la Fnac, Cultura et autres librairies. Bref, partout !
>> Le résumé du livre : 
Le jour où Adalbert de Sainte-Sévère meurt brutalement, ses trois héritiers découvrent avec effarement son testament. Leur grand-père lègue sa fortune à son superbe cacatoès aux plumes roses. À moins que les petits-enfants relèvent son dernier défi : monter leur propre entreprise et ainsi prouver qu’ils ne sont pas juste des adultes trop gâtés ! Seulement, Victorien, Mathilde et Arthur sont passionnés par beaucoup de choses… mais pas franchement par le travail. Entre boîtes de nuit, soirées poker, et shopping, leur vie s’écoule paresseusement.
Comment récupérer l’héritage sans renoncer à leur mode de vie ? C’est le début d’une drôle d’épopée, au cours de laquelle l’esprit de famille (et un cacatoès…) s’avéreront bien utile. Et qui sait, au bout de l’aventure, peut-être gagneront-ils quelque chose de bien plus précieux qu’un héritage…

Chroniques culture #61

Cette semaine dans nos chroniques culture, une plongée effarante dans le porno amateur avec le dernier ouvrage de Robin d’Angelo, du polar, mais aussi de la BD, le DVD de Sans un bruit et la mini PlayStation qui débarque bientôt.

PAUSE_ECRANS_DVDLE DVD
SANS UN BRUIT
Dans un monde post-apocalyptique, la population doit désormais vivre sans dire un mot, sous la menace de créatures monstrueuses qui attaquent au moindre bruit. Thriller high-concept par excellence, Sans un bruit s’était taillé un joli succès — mérité — lors de sa sortie en salles. Réjouissant et efficace, aussi audacieux que flippant, le film de et avec John Krasinski se retrouve en DVD/Blu-ray et se revoit avec plaisir, tant son côté angoissant et sa mise en scène habile plongent le spectateur dans un moment de tension. L’éditeur a eu la bonne idée de prolonger la version Blu-ray avec des suppléments abordant les coulisses de la production, les effets visuels et, bien sûr, le montage son, véritable « personnage » de Sans un bruit.
A.G.

LES LIVRES
PAUSE_ECRANS_LIVREJUDYJUDY, LOLA, SOFIA ET MOI
Une claque, un livre qui secoue, un ouvrage dur. « Judy, Lola, Sofia et moi » (éditions Goutte d’or), c’est tout ça à la fois. Durant 320 pages, le journaliste Robin d’Angelo raconte son année passée en immersion dans le monde du porno amateur français. De ce récit intime écrit à la première personne, Robin d’Angelo livre une vision hallucinante, une plongée brutale, parfois très sordide, dévoilant aussi bien les conditions dégradantes imposées aux jeunes femmes qu’un univers où le droit du travail est parfois plus que limite.
Sans tabou, sans fard, le livre dissèque ce monde où le consentement est une notion malmenée, y donne quantité de détails (l’infiltration de l’auteur est réussie et va parfois… très loin), aborde le phénomène Jacquie et Michel (pas si glorieux…) et la concurrence, révèle des témoignages glaçants (le producteur Pascal OP, une actrice totalement paumée). C’est passionnant, marquant, féroce et rude.
A.G.

FLUCTUAT NEC MERGITOURS PAUSE_ECRANS_LIVREFLUCTUAT
Il était professeur d’Histoire, il est désormais retraité… mais surtout écrivain ! Le Tourangeau Jean-Noël Delétang a repris la plume pour ce nouvel ouvrage, inti-tulé Fluctuat Nec Mergitours (éditions Le Geste), clin d’oeil à la locution latine et, bien sûr, devise de Paris. L’auteur revient ici à son style de prédilection, le polar, qu’il avait déjà adopté dans son premier ouvrage en 2017 (Trois petits Tours et puis s’en va). Emmené par deux policiers joliment dessinés, l’inspecteur Abert et son jeune collègue Karim, le livre de Delétang place son intrigue autour de la rue de la Scellerie. C’est en effet là qu’un meurtre vient déranger la paisible vie de ses résidents. Fluctuat Nec Mergitours, outre son écriture fluide, vaut surtout pour son côté tourangeau (oh, allez, soyons chauvins !) qui imprègne chaque page… jusqu’à la couverture.
A.G.

PAUSe_ECRANS_LIVREPAROLELA PAROLE DU CHACAL
Clarence Pitz vient de signer un habile « ethno-thriller » (ou thriller anthropologique) avec La Parole du chacal (éditions Le Lys Bleu) ! Transportant littéralement son lecteur au coeur du Mali, l’auteure belge a le mérite de signer un récit palpitant dans un exercice pourtant périlleux, celui du huis-clos. Axant son propos sur le peuple des Dogons, Clarence Pitz offre une histoire riche en rebondissements et en angoisse, dans laquelle elle distille une grosse dose de culture (on sent ses connaissances en anthropologie). L’écriture est affûtée, précise, et le rythme haletant. Une bonne découverte !
A.G.

Les BD PAUSE_ECRANS_BD
Avec « La Plus belle femme du monde » (La Boîte à Bulles), William Roy et Sylvain Dorange livrent un magnifique portrait de l’actrice et inventrice, Hedy Lamarr. Avec cette bio sensible et magnifiquement restituée, ils rendent un hommage poignant à cette femme libre et d’exception qui, dans un Hollywood des année 40 schizophrène et puritain, transfigura à jamais le 7e Art.
Les héros de « Double 7 » (Dargaud) nous emmènent en 1936 à Madrid, où face aux troupes de Franco s’agitent révolutionnaires de tout bord. Cette plongée sombre, héroïque et sentimentale est magnifiée par le talent des deux auteurs Yann et André Julliard.
Avec « Polaris ou la nuit de Circé » (Delcourt), on plonge avec Vehlman et De Bonneval dans une enquête policière passionnante sur fond de pratiques érotiques. Un petit chef d’oeuvre, à l’instar du T3 « Les Frontières » (Casterman) de la saga Le Reste du Monde de Jean-Christophe Chauzy. Avec ses scènes d’apocalypse et l’élan qu’il donne à ses personnages, on est littéralement bluffé par cet auteur qui mériterait plus grande reconnaissance.
Hervé Bourit

MINI PLAYSTATION
LES JEUX DÉVOILÉS
Le 3 décembre sortira la PlayStation Classic (99,99 €), version mini de sa toute première console sortie en 1994. Sony vient enfin d’annoncer les 20 jeux qui seront gravés dans son modèle retro. Il s’agit de : Battle Arena Toshinden, Cool Boarders 2, Destruction Derby, Final Fantasy VII, Grand Theft Auto, Intelligent Qube, Jumping Flash !, Metal Gear Solid, Mr. Driller, Oddworld : L’Odyssée d’Abe, Rayman, Resident Evil, Revelations : Persona, Ridge Racer Type 4, Super Puzzle Fighter II Turbo, Syphon Filter, Tekken 3, Tom Clancy’s Rainbow 6, Twisted Metal, Wild Arms.

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Avec Livre Passerelle, des histoires qui rapprochent

Vingt ans que l’association tourangelle Livre Passerelle raconte dans tout le département que le livre et la littérature sont essentiels au développement de chacun ! Vingt ans qu’elle transporte ses valises d’albums là où on ne les attend pas.

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Tout le monde écoute la lecture de Va-t-en-guerre, de Thierry Dedieu, au Seuil Jeunesse.

Vendredi matin, 9 h 30, à la Protection Maternelle et Infantile (PMI) des Rives du Cher, installée au pied des barres d’immeubles. Christine arrive. Elle tire une grosse valise, remplie d’albums jeunesse. Délicatement, elle l’ouvre bien grand, comme une invitation à plonger dedans.

Elle en sort quelques livres qu’elle dissémine dans la pièce. La salle d’attente est encore vide.
Puis arrive un couple avec une petite fille de 18 jours. Tout le monde se salue. Ils s’installent. Christine attend quelques instants puis s’approche de la famille, avec un grand sourire : « Voulez-vous que je vous raconte une histoire ? ». Et c’est parti. Alors que d’autres familles arrivent, l’animatrice, les enfants et les parents se liront des albums, piochés au hasard par l’un, minutieusement choisis par l’autre. Un moment de plaisir et de partage.

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Patrick et Anne-Sophie ont rendez-vous à la PMI pour leur fille Abbigaël. Ils découvrent les livres de l’association

Voilà ce que fait l’équipe de Livre Passerelle depuis sa création en 1998. Elle lit des albums aux bébés et à leurs parents dans les lieux qui les réunissent. Comme Christine, Dominique va tous les lundis à la PMI de Rochepinard-Bouzignac. Marie-Françoise lit tous les mois à la Petite Maison, le Comité d’aide aux détenus de la maison d’arrêt de Tours. Le mardi, Sarah anime un atelier de lecture pour ados à la médiathèque de La Riche. Elles lisent également chaque semaine à la sortie de certaines écoles. Avec 5 salariées (Christine Barbier, Sarah Goyer, Émeline Guibert et les deux fondatrices Catherine Métais et Dominique Veaute) et 80 bénévoles, l’association intervient dans une quarantaine de lieux en Indre-et-Loire.

LE POUVOIR DE COHÉSION

Malika, Syrienne, arrivée en France dans les années 1990, se souvient de ses rendez-vous hebdomadaires avec Livre Passerelle : « Quand mes enfants étaient jeunes, on allait à la PMI de Bouzignac, le mercredi matin, sans rendez-vous. Et la dame des livres venait. C’était magnifique. On s’amusait. La salle était pleine. Il y avait au moins 20 enfants. Et elle lisait. Parfois, les médecins venaient écouter aussi. Nous, on ne venait pas pour le médecin. On venait pour la dame. J’ai emmené mes 4 enfants jusqu’à l’âge du collège. » TMV 181024 Livre passerelle 5

Maintenant, elle y emmène sa petite-fille et retrouve le même plaisir à partager les lectures de l’association. Au-delà des bienfaits de la littérature, c’est le pouvoir de cohésion du livre et plus largement de la culture que cherche à faire vivre Livre Passerelle. « L’album, outil de création, de recherche et de lien social », c’était justement le thème du colloque qu’elle organisait le 13 octobre dernier, à l’espace Jacques-Villeret.

Pour lancer cette journée de réflexion, Catherine Métais et Dominique Veaute sont revenues en images sur 20 ans d’actions. Une série de photos attire plus particulièrement notre attention. Sur un premier cliché, un adolescent, clairement récalcitrant, se fait conter « Comment on fait les bébés ? » de Babette Cole. Sur le suivant, même scène, mais un rictus est apparu sur son visage. Il faut dire que le livre est particulièrement drôle. Sur ceux d’après, l’adolescent s’est emparé du livre, sourire aux lèvres et le lit à d’autres enfants. Manifestement à plusieurs reprises ! Mission accomplie pour Livre Passerelle…

Mais l’association n’est pas du genre à s’asseoir sur ses lauriers. En perpétuelle réflexion pour faire valoir au mieux les droits culturels pour tous, elle a créé en 2016 l’atelier Passerelle. Tous les vendredis, de 14 h à 15 h, l’association propose une séance de lecture d’albums à voix haute, ouverte à tous et totalement gratuite, à la bibliothèque Paul-Carlat. Pendant une heure, par petits groupes, les participants vont soit lire des histoires, soit les écouter, juste pour le plaisir de… les lire et de les écouter.

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« C’est vraiment une idée géniale, constate Frédéric Terrier, éditeur, typographe et directeur des Mille univers, partenaire de Livre Passerelle. Et le plus étonnant, c’est ce que ça fonctionne merveilleusement bien. Ce sont des gens de divers horizons sociaux et culturels, des réfugiés, des fonctionnaires, des retraités, de partout dans le monde, qui n’avaient pas de passion spéciale pour la littérature jeunesse et qui se retrouvent autour de l’album. Ils n’ont a priori rien d’autre en commun. Mais autour de l’album jeunesse, Livre Passerelle arrive à faire société. Et ça, c’est exemplaire. Ça pourrait être un projet gouvernemental : le livre jeunesse pour faire société. »

Une bonne idée, mais comme toute association de loi 1901, Livre Passerelle passe un temps fou à remplir des dossiers de subventions pour rémunérer ses salariés, acheter ses livres (pour soutenir les librairies), entretenir sa camionnette littéraire, etc. Autant de temps qu’elle ne passera pas sur le terrain. À bon entendeur…

Texte : Jeanne Beutter

Caroline Langlade : vivre après le Bataclan

Rescapée du Bataclan, Caroline Langlade a participé à la création de l’association Life for Paris et se bat pour une vraie prise en charge des syndromes post-traumatiques. Son livre Sorties de secours vient de recevoir le Prix du livre d’Actualité du Club de la Presse Centre Val-de-Loire.

(Photo Matthieu Gardes)
(Photo Matthieu Gardes)

La scène se passe à Saint-Doulchard, dans la banlieue de Bourges. Dans un beau domaine arboré, une grande demeure ancienne devenue lieu culturel municipal accueille un important salon du livre. C’est dans ce cadre qu’est remis le Prix du livre d’actualité décerné par le Club de la Presse Centre Val-de-Loire.

Caroline Langlade se tient, fragile, au milieu de la petite foule venue pour l’occasion. Tout au long de la journée, elle a signé des livres, de son écriture droite et serrée, elle a souri à des gens, écouté souvent ce qu’ils avaient à dire eux, ce dont ils se souvenaient, d’un certain 13 novembre 2015.

Ce jour-là, dans la soirée, après avoir passé la journée avec des migrants que les forces de l’ordre avaient évacués de la Place de la République, Caroline était allée au Bataclan écouter le concert des Eagles of Death Metal. C’était l’anniversaire de son compagnon, Alexandre. Puis l’horreur était advenue. Elle avait passé plusieurs heures, avec quarante personnes, otages des terroristes dans une loge de la salle de spectacle parisienne. Elle en était sortie sans blessure physique, mais gravement blessée psychologiquement.

« Ce jour-là, se souvient Caroline, j’ai basculé dans un autre monde. » La violence qui frappe les migrants, mais aussi les soldats, les aidants ou les victimes où qu’ils soient dans le monde lui devient alors intimement compréhensible. Blessée dans sa chair, jusqu’au plus profond d’elle-même, elle connaît les effets physiques du traumatisme lié à la possibilité d’une mort imminente.
Depuis, elle se bat pour les faire comprendre et accepter, ces effets. Pour que l’État fasse ce qu’il faut pour les traiter vraiment et sur le long cours. Pour que la société ne se contente pas de pleurer ses morts mais accepte aussi de réparer les vivants, comme elle le dit, empruntant la jolie formule de Maylis de Kerangal.

Elle se bat, Caroline, avec toute la fougue de son tempérament et, en dépit de tout, avec l’élégance de son sourire. Mais après tout ça, forcément, elle se bat en plus avec une arme que seuls possèdent les anges et les miraculés : l’humanité absolue. Le 13 novembre 2015, dans les ruines du Bataclan, elle a laissé la carapace que les humains se forgent en grandissant. Elle n’a plus de protection. Elle n’a plus que la chair des sentiments, l’essentiel.

En recevant le diplôme format A4 symbolisant son prix, Caroline a la voix qui tremble. En quelques phrases qui tombent dans une écoute absolue, elle dit son émotion, très simplement. Elle dit que ce prix est celui de « tous les amis » victimes comme elle. Elle est heureuse, surtout, que son livre ait été reçu pour ce qu’il est : une main tendue à une société pour qu’elle n’oublie pas ses enfants blessés.

> Caroline Langlade, Sorties de Secours (Robert Laffont), Prix du livre d’actualité du Club de la Presse Centre Valde- Loire. 19 €.

Sorties de secours : morceaux choisis du livre de Caroline Langlade 

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Seconde Guerre mondiale : il déterre les lettres des soldats alliés

Pendant quinze années, Clément Horvath a collecté des milliers de lettres écrites au front européen de la Seconde Guerre mondiale. Ce Tourangeau de 30 ans les a compilées dans un livre qui sortira le 10 octobre. Un travail de mémoire.

Clément Horvath à l'ouvrage... sur son ouvrage !
Clément Horvath à l’ouvrage… sur son ouvrage !

Bon… Comment passe-t-on d’un groupe de metal à… la rédaction d’un livre sur la Seconde Guerre mondiale ? [Clément est l’ex-chanteur de Holding Sand, NDLR]
Effectivement, ça n’a rien à voir, n’est-ce pas ? (rires) Ça s’est fait en parallèle, en fait. Je suis passionné par le sujet depuis que je suis gamin. À l’époque, mon père m’emmenait déjà sur les plages du Débarquement en Normandie. Un jour, j’ai rencontré un résistant qui n’avait plus qu’un pouce… J’avais 7-8 ans, ça m’a marqué. Mon père m’a acheté un livre sur des objets de la Guerre et l’histoire qu’il y avait derrière.
Ado, j’ai alors démarré une collection, j’écumais les vide-greniers. Puis je me suis lancé dans la recherche de lettres écrites sur le Front, j’en ai trouvé des milliers. Or, il n’y avait qu’un pourcent de courriers intéressants, en raison de la censure qui sévissait à l’époque. Mais parfois, une pépite se dégageait : quelqu’un passait à travers les mailles du filet, racontait les copains qui meurent, la vie au front, etc. Je devais en faire quelque chose. Et il y a 4 ans, ça a fait tilt alors que j’étais sous la douche… (rires) ! Une vision : il fallait que j’en fasse un livre.
J’ai donc tout réalisé de A à Z : les recherches, la traduction des lettres, l’écriture, le design, mais aussi retrouver les descendants pour qu’ils donnent leur accord à la publication. Il y a eu 45 familles partout dans le monde, jusqu’en Nouvelle-Zélande !

Derrière ce livre intitulé « Till Victory : lettres de soldats alliés », il y a 15 ans de travail. Racontez-moi le cheminement de tout ça. NEWS_LIVRE_couv
C’est 15 ans de travail et aussi de recherche : sur les sites de généalogie, les associations de vétérans, etc. J’essayais de trouver l’unité du soldat, où il s’était battu. J’ai collecté des objets incroyables. Par exemple, un appareil photo d’un Britannique qui avait été traversé par une balle. Il y avait écrit « Le Bosch m’a loupé ». Ce n’est pas pour la beauté de l’objet, mais l’histoire qu’il y a derrière. Car c’est le plus grand conflit que le monde ait connu. C’est le dernier combat entre le Bien et le Mal. Là, on a trois générations sans guerre sur notre territoire. On ne réalise pas la chance que l’on a. Ce livre, ce n’est pas politique, c’est un travail de mémoire.

En fait, avec Till Victory, vous avez voulu faire un ouvrage sur la paix ?
C’est tout à fait ça. Un livre sur la paix, pas sur la guerre.

Mine de rien, on a davantage l’habitude des livres sur les lettres des Poilus durant la Première Guerre mondiale que des lettres durant la Seconde…
Oui, ça n’existe pas. Donc forcément, ça a été plutôt simple de trouver un éditeur. Pourtant, je ne suis ni écrivain ni historien. Je suis juste un passionné et je crois en mon projet, car tout y est inédit.

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Une carte de Saint-Valentin à Melvyn Roat… tué au combat en Allemagne.

Pourquoi s’être tourné vers les éditions Ouest-France ?
Car, à mes yeux, ils ont sorti beaucoup de livres de référence. Et ils ont tout de suite cru en mon projet. Le premier tirage comptera 3 500 exemplaires. Et j’espère en décliner une édition anglaise.

Que ressent-on en découvrant ce genre de lettres pendant le travail de recherche ?
Un peu de culpabilité, car c’est très personnel en fait. C’est le plus intime qui soit. Mais j’ai fait ça pour honorer ces gars. J’ai énormément de respect pour eux. Et j’ai toujours fait attention, en demandant à chaque fois l’accord de la famille. Je cherchais un contenu historique et émotionnel. Par exemple, il y a eu ce courrier d’un soldat qui a appris la naissance de sa fille lorsqu’il combattait. Il est mort quelques jours après… J’ai aussi des lettres d’officiers ou de généraux qui se livrent, c’est passionnant. On retient toujours l’image héroïque du G.I. qui sent bon l’after-shave… Mais non, eux se décrivaient comme des clochards qui voulaient juste rentrer chez eux. Là, c’est la réalité. Ils n’étaient pas si volontaires, beaucoup d’Américains étaient antiguerre. Dans le livre, il y a des Canadiens – eux étaient tous volontaires, c’est une particularité – des Français, des Sud-Africains…

Vous avez également réalisé un site pour parler de votre livre, il y a des teasers, une page Facebook, de la vidéo… C’est nécessaire dans un monde de l’édition devenu difficile ?
Je voulais quelque chose de moderne. Mon objectif est de rendre l’ouvrage accessible et émouvant. Ce livre, ce n’est pas un objet vieillot, c’est quelque chose de vivant. Je veux qu’on revive le truc, c’est pour cela que j’ai tout rédigé au présent. Il faut que ça parle aux jeunes, que ça sensibilise toutes les générations.

Dernière lettre à Jim Miller, aviateur canadien tué à 19 ans dans un raid sur Berlin.
Dernière lettre à Jim Miller, aviateur canadien tué à 19 ans dans un raid sur Berlin.

Comment on se sent après un tel projet ? Lessivé ? Bouleversé ? Marqué ?
Bonne question… J’ai passé 2 000 heures sur ce bouquin, ça a été difficile pour ma copine ! (rires) Elle a fait preuve d’une patience folle et je l’en remercie. Je suis fier car c’est mon premier livre et c’était passionnant. C’est comme mon ancien groupe de musique, c’est de l’art, une façon de s’exprimer. J’ai réalisé le livre que je souhaitais lire. C’est également l’espoir de voir un monde en paix.

Quel est le public visé avec Till Victory ?
Tout le monde ! C’est accessible à tous et à toutes, même ceux qui n’y connaissent rien (sourire). Je cible également ceux qui croient avoir tout lu sur ce sujet. Là, ce sont des lettres inédites et des éléments nouveaux. Il y a plein d’histoires humaines.

> Till Victory : lettres de soldats alliés (éditions Ouest-France). Prix conseillé : 32 €. 376 pages. Sortie officielle le 10 octobre (certains fournisseurs pourront l’avoir le 5 octobre)
> Infos sur tillvictory.com et facebook.com/tillvictory
> Clément Horvath sera présent aux Rendezvous de l’Histoire de Blois, le 12 octobre, de 14 h à 16 h, pour présenter et dédicacer son ouvrage.

Un aperçu du livre Till Victory.
Un aperçu du livre Till Victory.

Propos recueillis par Aurélien Germain
Photos : crédit Clément Horvath

Reportage : la rentrée au cœur de la Boîte à livres

Ça sent l’encre, le papier et les rêves, on y trouve des milliers de pages et les espoirs de centaines de romanciers qui espèrent toucher les lecteurs. Née en 1946, La Boîte à livres vit toujours au rythme des rentrées littéraires.

Marie a vu le rayon Art de vivre et Pratique suivre les évolutions de la société.
Marie a vu le rayon Art de vivre et Pratique suivre les évolutions de la société.

Il est 10 h. La grille, rue Nationale, vient de se lever et La Boîte à livres est silencieuse mais à l’arrière du magasin, une demi-tonne de livres a déjà été livrée. Pierre et Manu, les responsables de « l’arrivage », ouvrent chaque carton, les ouvrages sont vérifiés, enregistrés, puis rangés dans des bacs. Chaque libraire a le sien, il y trouve les commandes passées par les clients, les réassorts demandés et les nouveautés livrées par les éditeurs.

Tous les libraires sont passés par l’arrivage. « C’est essentiel », explique Marie-Noëlle qui travaille à la Boîte à livres depuis plus de quinze ans.
Chargée de la communication, elle organise entre autres les rencontres avec les auteurs. Le carnet d’invitations de septembre fait rêver : Gaëlle Nohant, Éric Fottorino, Boualem Sansal, Tiffany Tavernier et Adrien Bosc seront là. La Boîte à livres est considérée par le circuit du livre comme une librairie de niveau 1, les plus importantes. Avec 34 salariés, dont trois apprentis, et un fond de 65 000 titres (120 000 au moment de Noël), elle est dans le top 25 des librairies indépendantes en France. Plusieurs fois par an, les diffuseurs (Hachette, Sodis, Harmonia Mundi…) envoient leurs représentants, catalogues d’éditeurs sous le bras, présenter les nouveautés. À eux de convaincre le libraire d’acheter le dernier Angot ou le nouveau Lévy.

À l’arrivage, Pierre et Manu vérifient le bon état de chaque livre puis les scannent.
À l’arrivage, Pierre et Manu vérifient le bon état de chaque livre puis les scannent.

Cette année, une centaine de nouveaux romanciers tentent leur chance à l’occasion de la rentrée littéraire. Les éditeurs imposent certains titres, ce sont les « offices ». En fonction des goûts de leur clientèle, les libraires en commandent un certain nombre d’exemplaires : « Amélie Nothomb a ses fidèles, nous en commandons plusieurs dizaines, explique Joël Hafkin, le directeur. Parfois, un livre discret s’envole au bout de quelques semaines grâce au bouche-à-oreille ; ça été le cas pour En attendant Bojangles. Les libraires surveillent les demandes et commanderont alors de nouveaux exemplaires au fur et à mesure. »

Les invendus peuvent être renvoyés au bout de trois mois à un an ; entre temps, le stock mobilise beaucoup de trésorerie et d’énergie. Au rayon jeunesse, Jean-Christophe, représentant pour plusieurs éditeurs, montre à Véronique les nouveautés pour Noël. Sa valise est pleine de « maquettes », des livres-échantillons. Une couverture argentée nous fait de l’oeil. En vingt ans, Véronique a vu le secteur exploser. Trois libraires se partagent d’ailleurs l’espace enfants, qui va du livre en peluche pour les bébés au roman young adult.

« SI ON NE FAIT PAS VIVRE LA LIBRAIRIE, ON MEURT »

L’édition n’échappe pas aux tendances. « Il y a eu la vague des livres de cuisine vegan, des livres de chefs et maintenant, ce sont les ouvrages pratiques pour cuisiner maison vite et bien », explique Marie, responsable du rayon gastronomie, pratique et développement personnel, pour lequel la demande est exponentielle.
Si elle conseille les clients, elle transmet aussi aux représentants les demandes des lecteurs. « Par exemple, les livres de cuisine trop grands ne fonctionnent plus, les gens ont de moins en moins de place pour les stocker. » Au sous-sol, le rayon BD a grandi ; Céline, sa gardienne, lui a greffé les mangas et une sélection uchronie.

Claire, responsable du rayon polar, accroche des notes sur ses livres « coups de coeur ».
Claire, responsable du rayon polar, accroche des notes sur ses livres « coups de coeur ».

Midi. Une dame traverse la librairie au pas de course jusqu’au rayon des polars ; elle profite de sa pause déjeuner pour venir voir les nouveautés. Elle avoue être « droguée aux livres, j’en lis au moins trois par semaine. » Elle ne lit que sur papier, explique avoir besoin de toucher les couvertures, feuilleter les pages, pour faire son choix. « Catherine adore les thrillers, sourit Claire, la responsable du rayon. Comme je n’ai pas le temps de tout lire, elle me donne son avis sur certains romans. »

À l’étage, le petit salon de thé accueille quelques clients le temps de grignoter une quiche maison. Pour résister au géant en ligne, les librairies doivent se montrer imaginatives. Si la venue des auteurs stars fait toujours son effet, elles organisent aussi des ateliers, des débats, participent à des salons spécialisés. Au sous-sol, Michel, qui veille sur le rayon Essais et Histoire, prépare le stand de la librairie pour les Rendez-vous de l’Histoire. La Boîte à livres est aussi présente lors des séminaires gastronomie de l’IEHCA et propose une sélection d’ouvrages d’art au CCCOD.

Pour Joël Hafkin, qui a des idées plein la tête, il faut toujours avancer. « Si on ne fait pas vivre la librairie, on meurt. Pas d’agrandissement pour l’instant, mais nous venons de créer un rayon littérature en langues étrangères et nous préparons deux beaux projets pour 2019. »

Brigitte Giraud: « Il m’a fallu vingt ans pour écrire ce livre »

L’histoire d’un appelé qui ne voulait pas porter d’arme, l’histoire d’une jeune femme qui ne voulait pas vivre séparée de son fiancé et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Le roman de Brigitte Giraud a conquis le jury du prix du roman tmv. Rencontre.

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C’est un roman qui s’inspire très directement de l’histoire de vos parents. A t-il été, de ce fait, plus compliqué que d’autres à écrire ?
Il m’a fallu plus de vingt ans pour écrire ce livre. J’avais besoin de me sentir les épaules plus larges en tant qu’écrivain pour être sûre de ne pas le gâcher. Il fallait que je sois très au fait sur la guerre d’Algérie, sur tous ses aspects. C’est un conflit qui est très difficile à comprendre. Il n’y a pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants.

Que saviez-vous de l’histoire de vos parents ?
Je savais assez peu de choses. Je savais que mon père avait demandé à ne pas tenir une arme et à suivre une formation d’infirmier. Mais je me demandais ce que cette information rassurante pouvait éventuellement cacher. Il fallait que j’entre dans la boîte noire qui contenait l’expérience de mon père. Cela a pris des années.

Comment vous est-elle apparue, cette expérience de votre père ?
Pour moi, c’est la révélation du soin. Antoine, qui est le personnage que j’ai construit à partir de l’image de mon père, se met du côté de ceux qui soignent, qui apaisent, qui réparent les corps et les âmes. Est-ce qu’il est plus viril de tenir un fusil ou de tenir une seringue, de prononcer des paroles apaisante, de soutenir un homme qui marche avec des béquilles, de rendre son humanité aux hommes ? Qu’est-ce qu’on attend des hommes, c’est une question importante pour moi.

Et puis, il y a cet acte incroyable de votre mère, Lila dans le livre, qui décide de rejoindre son fiancé en Algérie…
Je savais que ma mère l’avait rejoint, mais je n’avais pas mesuré à quel point c’était un acte exceptionnel en 1960. Un acte féministe et très libre. Dans le roman, une fois que le couple est réuni à Sidi-Bel-Abbès, ce qui m’intéressait, c’était de voir comment le féminin allait venir perturber, ou pas, l’univers d’hommes dans lequel évolue Antoine.

Était-ce une façon pour vous de braquer le projecteur sur cette génération ?
J’ai voulu montrer comment ces jeunes gens sont devenus les témoins et les complices malgré eux de quelque chose qu’ils n’auraient jamais dû voir. C’est cette grande mécanique de manipulation qui m’intéresse, ce conditionnement. Ils n’avaient pas compris qu’ils allaient se battre pour une cause qui était loin d’être noble. C’est pour ça qu’ils n’ont pas pu se regarder en face à leur retour et que personne ne pouvait les entendre.

On a l’impression en vous lisant que les détails comptent plus pour vous que les grandes choses. C’est vrai ?C’est vraiment ma façon d’écrire. Il me semble que tout ce que l’on vit passe par le détail. Si j’étais cinéaste, j’aurais envie de faire un zoom avec une focale assez serrée sur ces cinq ou six mecs qui partagent la chambrée, qui fument une cigarette ensemble, qui boivent des bières, qui jouent aux cartes, qui s’ennuient, qui se consolent. C’est en regardant comment quelqu’un fume sa cigarette que l’on comprend s’il va bien ou s’il va mal. Il y a beaucoup de scènes de la vie quotidienne dans le livre. Par exemple, quand les copains viennent dans le petit appartement, ils prennent l’apéro, ils veulent montrer à quel point ils sont séduisants. Ils essayent de découper une pastèque, de nouer un chèche autour de leur tête… Tout cela raconte nos vies.

Il y a les odeurs aussi. Vous l’avez voulu très olfactif, ce roman ?
Je suis très sensible à ce rapport aux paysages et aux lieux dans lesquels on vit. Or les lieux sont imprégnés d’odeurs. L’odeur de cigarette, l’odeur du gibier, l’odeur de la Méditerranée quand on s’en approche, l’odeur des sardines grillées, les odeurs d’épices quand on traverse un marché. L’Algérie est un pays qui est d’abord perceptible par ses odeurs, qui sont parfois contradictoires. Ce qui m’intéresse dans l’écriture, c’est la justesse, cette justesse-là.

RENCONTREZ BRIGITTE GIRAUD
Brigitte Giraud sera à Tours ce jeudi, à partir de 18 h, au CCC OD. 18 h : Remise officielle du prix du roman tmv, en présence du jury. 18 h 30 : rencontre croisée avec Manuel Benguigui pour son livre Un tableau neigeux (Mercure de France). Vous êtes cordialement invités à ces deux événements, entrée libre et gratuite.

Chroniques culture #54

De Stranger Things au rock enfumé de Earthless, en passant par le nouveau tome de la BD Infinity, voilà nos chroniques culture de la semaine.

PAUSE_ECRANS_DVDLE DVD
BAD MOMS 2
Si le premier volet de Bad Moms savait se montrer caustique avec son côté poil-à-gratter, le second laissait en revanche de marbre. Récit de trois mères de famille au bout du rouleau, enguirlandées par leurs mamans respectives à Noël, Bad Moms 2 a toujours cet humour potache mais amuse moins. Peu de surprises au programme dans cette comédie néanmoins divertissante, emmenée par un casting principal savoureux (Mila Kunis, Kristen Bell et Kathryn Hahn s’éclatent) et des seconds rôles truculents. Pour sa sortie DVD (le 2 avril), pas grand-chose à se mettre sous la dent : l’éditeur a mis le pied sur le frein avec des bonus rachitiques (un bêtisier et des scènes additionnelles pour un résultat d’à peine… dix minutes).
A.G.

LE CD  PAUSE_ECRANS_CD
EARTHLESS – BLACK HEAVEN
Quel voyage que ce Black Heaven, nouvel album des Californiens de Earthless ! Ce trip psychédélique est une savante mixture où Led Zeppelin copulerait gaiement avec Black Sabbath, le tout saupoudré d’un soupçon d’Hendrix. Digérant au mieux leurs influences, Earthless envoie son propre space rock survolté, mené par des musiciens aussi talentueux qu’affamés. On pense notamment au travail monstrueux abattu par Isaiah Mitchell : le guitariste tronçonne ses riffs par paquet de 100, avant de partir dans d’interminables soli… tout en chantant ses parties avec le groove d’un Ozzy Osbourne (Black Sab’) et des modulations qu’on croirait parfois sorties tout droit d’un vieux vinyle des 70’s. Un disque planant, enfumé et psyché, une fièvre électrique. Simplement excellent.
A.G. .

LE LIVRE
PETIT ÉLEVAGE FAMILIAL BIO
Anne Denis pratique l’élevage depuis une trentaine d’années dans une propriété de 3 hectares. Âne, cheval, moutons, volailles forment l’essentiel de son cheptel. Et c’est justement le sujet de son ouvrage, Petit élevage familial bio (éditions Terre Vivante), véritable manuel ludique qui aide les intéressés pour se lancer dans l’élevage bio.
Cherchant à déterminer vos atouts et vos ressources, l’ouvrage se concentre ensuite des fiches consacrées aux animaux à élever. C’est là que le livre d’Anne Denis est le plus intéressant, car il décrypte en profondeur et de manière simple et efficace les savoirs utiles : portrait de la bête, la race à choisir, ou encore le logement requis, l’hygiène, les soins et l’alimentation… Bien construit, nourri d’illustrations et parfaitement agencé, un manuel qui devrait bien préparer les éleveurs de demain.
A.G

LA BD
INFINITY 8 — ET RIEN POUR FINIR
C’est presque la fin de l’aventure, avec ce tome 7 du projet éditorial (Éditions Rue de Sèvres) ludique et innovant qui consiste à repartir de zéro à chaque album. Cette fois, comme héroïne, une petite fille à laquelle Boulet au dessin et l’inévitable Trondheim au scénario font subir mille et une péripéties. Et que l’on soit amateur ou non de science-fiction, on marche encore à tous les coups ! Livre, série, film, tout peut recommencer même si les héros sont morts. Ce serait génial dans la vraie vie ? Alors pourquoi ne pas se prendre au jeu et oublier le cartésianisme qui nous anime encore trop souvent ? Quand en plus, l’humour, le suspense et le petit fond social-politique sont mélangés avec talent, on se dit que cet Infinity 8 va se terminer en apothéose. Vite, vite la suite !
Hervé Bourit

LE CHIFFRE
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Stranger Things est la série la plus regardée sur Netflix en France. Sur la 2e marche du podium, on retrouve Jessica Jones, puis Orange is the new black.
PAUSE_ECRANS_CHIFFRE

Salon du livre et journalisme à Tours

[Spécial #AssisesDuJournalisme] Fans de livres et de sujets chauds ? Le Salon du livre vous tend les bras le samedi 17 mars, au Vinci. L’occasion de découvrir de belles enquêtes, des témoignages ou des biographies et d’échanger avec leurs auteurs.

ASSISEs-LIVRES_YUNGL’ASSASSIN ET SON BOURREAU
Ancien inspecteur devenu journaliste, l’auteur romance un fait divers célèbre et y mêle des documents d’archives. En décembre 1946, le sulfureux marquis Bernady de Sigoyer, l’un des hommes les plus riches de Paris – tantôt collaborateur, tantôt résistant – est accusé d’assassinat. Il aurait, avec la complicité de sa maîtresse, étranglé son épouse. Dans l’ombre, le bourreau officiel de la République, Henri Desfourneaux, suit les avancées de ce procès mettant en cause un homme qu’il connaît, espérant ne pas devoir exécuter la sentence finale…
Éric YUNG, L’Assassin et son bourreau, Ed. De Borée, 5,90 €.

42,195 KILOMÈTRES LE MARATHON PAR CEUX QUI L’ONT COURU ASSISES_LIVRES_COLLIN
Courir un marathon est une aventure et ceux qui l’ont vécue s’en souviennent. Ils partagent tous la même histoire, qu’ils soient sportifs de haut niveau ou pas, et forment une sorte de confrérie. Jean-Christophe Collin est parti à la rencontre de trente coureurs. Qu’ils soient recordman du monde du marathon, présentateur de télé, patron d’une entreprise cotée au CAC 40 ou professeur des écoles, tous ont vécu l’appréhension à s’élancer, la souffrance, se sont cognés au fameux mur des 30 km et sont sortis de cette épreuve transformés. Tous se disent plus ouverts sur le monde, plus humains
Jean-Christophe COLLIN, 42,195 kilomètres : le marathon par ceux qui l’ont couru, Éditions Solar, 16,90 €.

ASSISE_LIVRES_FAUVERGUEPATRON DU RAID
La tuerie de Charlie Hebdo et la prise d’otages à l’Hyper Cacher porte de Vincennes en janvier 2015, les attentats du 13 novembre à Paris quelques mois plus tard, l’opération de Saint-Denis, le meurtre d’un couple de policiers en juin 2016, l’attaque au camionbélier sur la promenade des Anglais, à Nice, le 14 juillet, celle dans une église à Saint-Étienne-du-Rouvray douze jours plus tard… Jamais un chef du RAID n’aura dû faire face à autant d’attaques terroristes en quatre ans. Jean-Michel Fauvergue raconte son histoire et celle de son unité de l’intérieur. Il partage aussi ses doutes, ses colères, ses moments de solitude et rend hommage à ses compagnons d’armes et aux politiques.
Caroline de JUGLART, Patron du RAID, Editions Mareuil, 19 €.

LES JOURS D’APRÈS ASSISES_LIVRES_DUHAMEL
« Qu’est-ce que le vide ? Interrogés au sujet de personnes qui ont eu à subir l’arrêt brutal de leur activité, plusieurs spécialistes ont accepté d’évoquer pour nous les images que les patients rapportent pour traduire leurs sensations. L’image qui revient le plus régulièrement est celle du soleil couchant avant qu’il ne sombre derrière l’horizon. Ce n’est plus le jour, ce n’est pas la nuit. » Ainsi commence ce recueil d’histoires d’hommes. Président de la République, ministre, député… comment ont-ils vécu le jour d’après, quand la lumière de la scène est éteinte et que le pouvoir s’est envolé ?
Patrice DUHAMEL, Les jours d’après, Éditions L’Observatoire, 12,99 €

ASSISES_LIVRES_COJEAN« JE NE SERAIS PAS ARRIVÉE LÀ SI… »
« Quel hasard, rencontre, accident, trait de caractère, lecture, don, peut-être aussi quelle révolte, ont aiguillé ma vie ? Quelle joie m’a donné des ailes ? Ou peut-être quel drame ? À moins qu’il m’ait dévastée, qu’il m’ait fallu me battre, plonger et rebondir. Oui, comment se construit une vie ? » Annick Cojean s’est posé toutes ces questions et a lancé un début de phrase à 25 femmes : Juliette Gréco et Christiane Taubira, l’une haïe par sa mère, l’autre galvanisée par sa mémoire, Virginie Despentes, Amélie Nothomb, Patti Smith, Agnès b., Claudia Cardinale, Joan Baez, le rabbin Delphine Horvilleur… Écrivains, chanteuses, politiques, elles racontent la genèse de leur combat ou de leur force.
Annick COJEAN, Je ne serais pas arrivée là si…, Editions Grasset, 20 €.

BRIGADE DES MINEURS  ASSISES_LIVRES_TITWANE
Pour la troisième fois, le duo de Raynal Pellicer et Titwane ouvre des portes habituellement fermées. Ils plongent le lecteur dans le quotidien des quatre-vingts enquêteurs spécialisés de la Brigade de Protection des Mineurs. Là où les photos seraient impossibles, les mots et les dessins vontdroit au coeur, avec empathie et respect. Un beau livre et un grand livre de journalistes.
TITWANE, Raynal Pellicer, Brigade des mineurs – Immersion au coeur de la brigade de protection des mineurs, Editions La Martinière, 29,90 €.

> Les auteurs seront présents entre 10 h et 18 h 30.
> Programme complet des rencontres et des tables rondes. 

Ouvrage : Lumière sur ma métropole

Les étudiants de l’école Esten Sup’édition et deux photographes professionnels signent Lumière sur ma métropole, un bel ouvrage qui fait découvrir Tours et son agglomération de nuit, avec light-painting et éclairage urbain au menu. Passez du côté obscur dès le 14 décembre !

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Photo de Romain Gibier et Antony Gomes, extraite de l’ouvrage Lumière sur ma métropole.

Faire voyager le lecteur en (re)découvrant la métropole, de nuit et avec originalité : c’est la promesse de Lumière sur ma métropole, un ouvrage de photographies pour voir Tours et son agglomération différemment, axant son regard sur 22 communes, leurs éclairages publics et des lieux passés à la moulinette du light-painting (« peinture à la lumière »).

Cette technique, où l’on déplace une source de lumière en bougeant l’appareil photo dans un environnement sombre, utilise un temps d’exposition long. En résulte une photo qui révèle des traces lumineuses colorées.

À l’origine de l’idée, il y a deux photographes, le Tourangeau Romain Gibier et Antony Gomes, de Paris. « Ils souhaitaient mettre en valeur des lieux avec le light-painting. Ils ont pris contact avec notre école, l’Esten, et le directeur Emmanuel Roc a été emballé par l’idée ! Et a donc confié le projet à notre classe pour une collaboration », retrace Maëva Hughes, l’une des 17 étudiant(e)s à l’oeuvre sur ce livre. « Maquettes, relectures, édition… Nous avons touché à tout », résume Marine Louward, une autre élève.
Sans oublier bien sûr leurs fameux « raids photos » nocturnes, après les cours, pour immortaliser l’éclairage urbain sous toutes les coutures.

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Photo de Romain Gibier et Antony Gomes, extraite de l’ouvrage Lumière sur ma métropole.

Au final, la sélection est aussi diverse que variée. « C’est le patrimoine au sens large du terme », synthétisent Maëva et Marine. Passant des entreprises comme Michelin et SKF, aux anciennes Halles de Luynes, ou encore des jardins du château de Villandry et du lavoir de Ballan-Miré aux ruelles de Chambray et de Mettray…
« À Tours, on a photographié le Musée des Beaux-Arts, la Villa Rabelais, l’hôtel du Grand Commandement, l’hôtel L’Univers, mais aussi à l’intérieur du cinéma CGR et de la Nouvelle République et bien d’autres… », précise Maëva. Chacune des 176 pages est accompagnée d’un petit texte explicatif ou d’une anecdote. « Cela a été un gros travail. Éprouvant, mais enrichissant », soufflent les deux étudiantes.

Car la réalisation du livre n’a évidemment pas été sans difficultés. « Au départ, nous avons essuyé des refus, car les autorisations étaient difficiles à obtenir ! » Délicat, en effet, d’éteindre toutes les lumières en gare de Tours, par exemple ! La création en elle-même a également pris du temps. Effets de light-painting, sélection des multiples clichés, travail minutieux sur les couleurs et sur logiciels, sans oublier de penser à un résultat final qui se devait de comporter « la même ambiance et une certaine harmonie ». Ces dizaines et dizaines de photographies se retrouveront dès le 14 décembre, date de parution de Lumière sur ma métropole. L’occasion de voir Tours et ses environs de nuit… sous un nouveau jour.

> Lumière sur ma métropole (éditions Incunables 2.0)/ 15 € / 176 pages. Disponible à la Boîte à livre et à l’Office de tourisme de Tours.
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Ô populaires zombies !

De White Zombie à The Walking Dead, en passant par les jeux vidéo et la littérature, le zombie est partout. Petit panorama, évidemment non-exhaustif, de la figure du mort-vivant dans la culture populaire.

Rien ne sert de courir, il faut pourrir à point

C’est l’histoire d’une bande de potes. La vingtaine d’âge, l’envie dévorante de prendre une caméra, mais des producteurs qui leur ferment la porte au nez. Cette bande de potes, c’est celle de George A. Romero qui veut réaliser, un beau jour de 1968, La Nuit des morts-vivants, parabole de la société américaine et critique sociale et politique acerbe.  téléchargement
À cette époque, le cinéaste aux grosses lunettes n’est pas un fanatique de l’horreur, loin de là. Mais rien de mieux qu’une production dans le genre pour être rentable. Leur budget ? 114 000 $. Le film en rapportera… plusieurs millions ! Bref, l’un des films indépendants les plus rentables de l’histoire du cinéma. Prends ça, Luc Besson.

Le « papa des zombies » s’en est allé en juillet 2017 : Romero est mort à 77 ans mais n’est pas ressorti de sa tombe, l’oeil hagard et le gémissement rauque.
En revanche grâce à lui, la figure zombiesque est définitivement entrée dans la culture pop. Son chef d’oeuvre s’est rapidement retrouvé dans le domaine public (le distributeur s’est trompé dans le titre et a oublié le copyright qui devait courir jusqu’en 2064…). Un mal pour un bien, puisque le monde entier a pu découvrir, profiter et s’amouracher des zombies qui, 50 ans après, hantent encore le cinéma, la BD, l’art, la culture au sens large.

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Si l’épidémie mondiale s’est développée avec Romero, les croqueurs de cervelle commencent à plaire dès les années 30. Le pionnier White Zombie, de Victor Halperin, ouvre la marche en 1932. Un titre tellement chouette que Robert Bartleh Cummings, alias Rob Zombie dans le monde de la musique metal, l’utilisera pour son groupe en 1985. White Zombie et son gros rock testostéroné aura un succès fou.

Michael Jackson est une légende

En 1954, Richard Matheson accouche sur papier de Je Suis une légende. Ce roman de science-fiction rempli d’infectés et de morts-vivants, relatant le destin du dernier homme sur Terre, inspirera le cinéma en ‘64, ‘71 et 2007, mettant en scène tour à tour Vincent Price, Charlton Heston et Will Smith.
C’est d’ailleurs – attention subtile transition – ce fameux Vincent Price qui s’occupe des voix additionnelles sur Thriller, de Michael Jackson, dans les années 80. Le clip culte issu du tube du King of Pop s’empare également de la figure du mort-vivant avec la « zombie dance », chorégraphie devenue mythique (qui ne l’a pas dansée en soirée, avec 3 grammes dans chaque œil ?).

Thriller

Tourner la page

Depuis, c’est la foire à la saucisse. La figure du zombie s’est diversifiée et popularisée. Dans le manga High School of the dead, tout débute lorsque le jeune Takashi aperçoit un de ses profs se faire dévorer par un mort-vivant, avant que les infectés se propagent. Dans Guide de survie en territoire zombie, Max Brooks – déjà auteur de World War Z – propose un manuel pour éviter de se faire « bouffer la cervelle et grignoter le gigot lors de vos balades », en rappelant que la tronçonneuse et le marteau restent des armes efficaces en cas d’attaque.

D’un tout autre style, Zombies ! Une histoire illustrée des morts-vivants est un ouvrage d’une grande précision et très bien documenté de Jovanka Vuckovic. Piochant dans les origines du vaudou haïtien et les références littéraires dans certains romans de Mary Shelley et Edgar Allan Poe, le livre exhume ensuite séries B, cultures alternatives des années 60 ou encore bandes-dessinées et jeux-vidéo.
Car ce véritable filon, l’industrie du jeu-vidéo l’a bien exploité. L’an dernier, elle a dégagé plus de 2,5 milliards de dollars sur les franchises à zombies. On citera, pour les plus connues, Call of Duty et les terrifiants Resident Evil. Mais les gamers ont aussi pu se faire grignoter par Left 4 Dead, Dead Rising, The Last of us, voire le cartoonesque Plantes contre zombies, dans lequel le joueur doit protéger son jardin (!) contre l’invasion de morts-vivants…
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Même l’art a, parfois, essayé d’obtenir sa part du gâteau (les frères Chapman, enfants terribles et provoc’ de l’art contemporain, avaient présenté une armée de zombies nazis au White Cube de Londres).
Mais c’est incontestablement le cinéma qui reste le plus gros consommateur.

Morts-vivants et moutons zombies

Gourmand – profiteur, diront les mauvaises langues (donc nous) – le 7e Art a accouché d’une pelletée de productions à intérêt variable, pépites ou pétards mouillés. Romero restant le maître incontesté, on pourrait toutefois en citer un paquet : les dignes héritiers comme Dernier train pour Busan ; les zombies nerveux de 28 Jours plus tard ; la « comédie romantique » barrée de Shaun of the Dead ; les morts-vivants gnan-gnan de Warm Bodies ; la fable SF écolo The Last Girl ; le stupide Attack of the Lederhosen Zombies… ou des déclinaisons totalement folles comme Black Sheep et ses moutons-zombies (le second degré n’est pas qu’une température…), ou bien Dead Snow et ses Nazis zombies sortis de la glace.

Alors, que ce soit dans une veine totalement déjantée (Bienvenue à Zombieland) ou plus sérieuse (Maggie, façon mélo avec Schwarzenegger), que ce soient des monuments du genre (l’excellent Dawn of the Dead en 2004, de Romero) ou des bouses intergalactiques (la farce foutraque World War Z, ses ridicules zombies et son Brad Pitt buveur de Pepsi), le mort-vivant a quitté son monde restreint de l’horreur pure pour s’ouvrir à un cinéma plus mainstream.

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Le petit écran ne s’y est pas trompé non plus : il suffit de voir la longévité de The Walking Dead, plus ou moins bien calqué sur le fantastique comic book d’origine, son spin-off Fear The Walking Dead, ou encore le surprenant Les Revenants, série 100 % made in France. Désormais, le zombie est partout. Ciné, télé, livres, mangas, jeux-vidéo… jusque dans nos rues avec les fameuses Zombie Walks, ces marches avec des participants grimés.
Toujours avide de chair fraîche humaine, il se nourrit de nous pour nourrir la culture populaire.

Le zombie est bien trop humain pour qu’on ne puisse pas ressentir un poil d’empathie et de sympathie pour lui. L’opération séduction fonctionne du tonnerre. Entre l’homme et le zombie, c’est le grand amour, finalement.

Aurélien Germain

Chasse au trésor culturelle à Tours

Ayez l’oeil ! D’octobre à mars, des étudiantes tourangelles cacheront CD, livres et DVD dans des lieux de la Ville pour une chasse au trésor culturelle.

(Photo Facebook Explor'à Tours)
(Photo Facebook Explor’à Tours)

Une chasse au trésor culturelle dans les rues de Tours, voilà le concept d’Explor’à Tours, un projet étudiant tout juste lancé par quatre élèves en 2e année d’info-com à l’IUT.

« L’idée de base était de proposer la culture à tous, tout en faisant découvrir des lieux à Tours », résume Lena. Gaëlle, Esther et Amandine et elle déposent donc 3 lots chaque mois, quelque part en ville. Un CD, un DVD et un livre sont ainsi dispatchés dans des endroits qu’il est possible de deviner, grâce aux indices divulgués sur leurs réseaux sociaux (*).

Ce projet a pu voir le jour grâce à différents partenaires, comme O’CD, la librairie Libre et Riche, Copy Show, l’IUT et Asso Point Com. Ainsi que la Ville de tours qui a, bien évidemment, autorisé le projet.

« La culture est chère, surtout pour les étudiants » qui restent leur cible principale, même si le jeu est évidemment « ouvert à tout le monde », rappelle Lena. Que les retardataires se rassurent : la chasse au trésor ne fait que commencer. Elle durera jusque mars 2018.

(*) Indices sur : facebook.com/ExploaTours ou @Explor_a_Tours sur Twitter

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#WTF 44 : Des congés… « gueule de bois » !

Des congés « gueule de bois », un dealer pas malin, une voiture volée en 1979 rendue à son propriétaire et une auteure pas gênée : voilà la rubrique insolite de la semaine.

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> Des congés « gueule de bois » : voilà ce qu’autorise désormais l’entreprise londonienne de billetterie Dice. Pas besoin de certificat médical, les employés n’ont qu’à envoyer un emoji « bière », « musique » ou « malade » à leur patron par SMS. Deux justifications pour Phil Hutcheon, le big boss : Déjà, « certaines des meilleures offres de l’industrie musicale se font après un concert » (sous entendu, autant picoler un coup pour négocier un contrat). Ensuite, « inutile de faire semblant d’être malade ». Attention à celles et ceux qui voudraient déjà postuler (on vous voit, vous qui lisez ça suite à ce titre aguicheur) : la société n’offre que 4 jours de congés gueule de bois par an…

> À Toulouse, un dealer très malin s’est fait prendre en flagrant délit de business par la Bac. Le trafiquant s’est enfui, laissant sa marchandise sur place. Pas de chance, il avait laissé sa carte d’identité dans le pochon de drogue…

> Une Peugeot 104, volée à Reims en 1979, a été retrouvée par les gendarmes dans un étang. La voiture va donc être restituée à son propriétaire, 38 ans après. Le voleur, lui, n’a jamais été retrouvé.

> Le livre Handbook for mortals, de Lani Sarem, s’est retrouvé en tête du classement des meilleures ventes du New York Times. 18 597 exemplaires vendus, bim. Classe pour un roman dont personne n’avait entendu parler ? Pas tant que ça. Après enquête, l’écrivaine aurait en fait acheté des centaines d’exemplaires pour se retrouver en tête des ventes et se faire remarquer. Elle a nié, prétextant avoir « demandé à des librairies d’acheter plusieurs copies pour des séances de dédicaces ». Ah.

Richard Petitsigne : des pirates pour les petits

Comment présenter Richard Petitsigne ? Comme un conteur ? Oui. Comme un comédien ? Bien sûr ! Comme un animateur ? Également ! Mais il est aussi, et depuis peu, auteur.

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Peut-être avez-vous déjà vu ou entendu Richard Petitsigne. Installée à Cinq- Mars-la-Pile, sa Compagnie Troll, créée en 1991 avec Thierry Robard, monte régulièrement sur les planches des salles de Tours pour présenter ses spectacles à destination du jeune public : Tom Sawyer, Lettres à Lulu et d’autres tournent actuellement dans la région et ailleurs en France.
Les Contes illustrés sont aussi une de leurs spécialités. Pendant que Richard Petitsigne raconte Babayaga, Le pêcheur et sa femme ou encore La Sorcière Tambouille, un illustrateur — souvent Mickael Roux, Olivier Supiot ou Fabian Grégoire — dessine en live sur une planche graphique reliée à un projecteur. Le public peut donc découvrir en simultané les deux performances créatrices. Mais depuis le 12 avril, Richard Petitsigne peut aussi être lu dans Le pirate le plus terrible du monde, illustré par Mélanie Allag et publié aux éditions Glénat. « J’écris depuis longtemps. J’ai donc voulu tenter ma chance auprès des éditeurs et ça a marché ! ».

L’auteur n’en revient toujours pas. Pourtant, il n’y a pas de mystère. Son livre est bon, tout simplement ! Il raconte l’histoire de quatre pirates balafrés qui se présentent à l’élection du corsaire le plus terrible du monde. Malgré leurs faits d’armes, on découvrira que… n’est pas redouté celui qu’on croit. Une chute drôle et inattendue pour les jeunes lecteurs, à partir de 3 ans.
Fin mai, un deuxième ouvrage paraîtra, cette fois aux éditions du Poisson soluble, dans la collection En Queue-depoisson. Il s’agira d’un recueil de 12 histoires bizarres, illustrées par Benoît Perroud et intitulé Le Fennec le plus menteur du monde, et encore plus d’histoires.

Alors pour voir et entendre Richard Petitsigne, consultez l’agenda de ses représentations sur trolletpetitsigne.com. Pour le lire, rendez-vous dans toutes les bonnes librairies !

Vie quotidienne : chassons les toxiques !

La journaliste tourangelle Catherine Levesque publie chez Leduc.s le grand livre anti-toxiques. En avant-première, elle nous dévoile quelques bons conseils.

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C’est à travers l’alimentation et l’air que sont ingérés le plus de toxiques. Pour éviter tous les pesticides, commencez par manger bio et cuisinez vos plats. Parmi les fruits les plus traités, il y a la pomme, le céleri, la fraise. Dans le vin, les sulfites, des conservateurs, sont aussi moins présents dans les labels bio. Le poisson est à consommer avec modération car il peut contenir des métaux lourds. Méfiez-vous aussi de l’acrylamide produit dans des céréales trop cuites et préférez cuire vos gâteaux à 180°C maximum.

Côté contenant, le bisphénol A a été interdit en France. Pour savoir si vos boîtes en plastique (hors Tupperware© qui dit ne pas en utiliser) en contient, prenez votre loupe et cherchez un chiffre, s’il n’y a ni le 7, 6 ou 3, c’est tout bon. La mention « Sans BPA » fleurit aussi sur les couvercles.
Dans tous les cas il faut privilégier les récipients en verre et éviter les canettes, les conserves et l’aluminium. Dans certains bonbons (M&M’s ou chewing-gum Hollywood), il y a un additif nommé l’E171. Ils contiennent des nanoparticules qui pourraient avoir un effet nocif. Et pas de chance, il y en a dans certains dentifrices… Le tout, c’est de ne pas en abuser.

NETTOYER

Nettoyer, balayer, astiquer… le tout en évitant là aussi les produits chimiques trop nombreux qui rejettent dans l’air des produits toxiques. Remplacez par exemple les désinfectants qui rendent les bactéries plus fortes par un entretien régulier avec du vinaigre blanc, du citron et selon les cas, du bicarbonate de soude. Équipez-vous de textiles en microfibres, lavables, pour frotter.

Vous pouvez aussi préférer un produit multi-usage au savon noir éco-labellisé. Et parmi les toxiques, il y a aussi des choses naturelles comme les acariens et la moisissure et pour ça rien de mieux que d’aérer toutes les pièces chaque jour et de retourner son matelas régulièrement.

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SE LAVER

Une règle simple : plus la liste des composants est longue, plus c’est suspect… Ce qui est moins connu c’est l’effet « cocktail » que ces produits ont, une fois additionnés, sur notre santé et dans la durée. Là aussi, privilégiez les produits naturels ou bio en visant les éco-labels. Pas facile, quand on sait que 80 % des cosmétiques sont issus de la pétrochimie.
L’association UFC-Que choisir a publié une liste, aujourd’hui de 400 produits « contenant un ou plusieurs ingrédients indésirables », dont des perturbateurs endocriniens, qui sont des molécules qui ont un profil proche des hormones et déséquilibrent le fonctionnement de l’organisme. Ces éléments peuvent causer diabète, autisme, cancer, obésité ou altérer les capacités cognitives.

MAVILLE_toxiquesinterieurINTÉRIEUR

Alors que pour l’air extérieur, il est difficile d’agir sur les particules fines, sauf à soi-même moins polluer, c’est surtout sur l’air intérieur que l’on peut être actif. D’autant plus que l’on passe 85 % du temps dans des lieux confinés, parfois même plus pollués que dehors.
Pour la peinture et tout matériau de construction utilisez des produits étiquetés « A+ » qui dégagent moins de COV (composés organiques volatiles) que les produits classiques. L’aggloméré et le contreplaqué dans les meubles sont aussi toxiques à cause de la colle utilisée. Côté ambiance, éviter le papier d’Arménie ou l’encens, l’un sécrète des particules fines et l’autre du benzène cancérigène. Et si vous décidez de diffuser des huiles essentielles, soyez vigilants car certaines sont allergisantes.

⇒À PROPOS DE L’AUTEUR MAVILLE_Couv+Antitoxiques
La journaliste Catherine Levesque s’intéresse depuis 20 ans aux questions du développement durable en écrivant dans plusieurs titres nationaux, toujours avec le souci de vulgariser des domaines pointus. Elle a réalisé « Le Grand Livre de Toxiques » pour les Éditions Leduc.s, à la suite d’une enquête de Cash Investigation sur ce sujet en 2013.
Militante, elle se soucie du principe de précaution et accompagne ses conseils de résumés d’enquête et rappelle de grandes crises. Le tout, avec une pointe d’humour dans les illustrations de Coco, dessinatrice de Charlie Hebdo et des bonus web et vidéos sur la chaîne YouTube de l’auteure.

>>Sortie en avant-première le 2 mars, avec une présentation au Club de la Presse Val de Loire et sur TV Tours à 18 h. Sortie nationale le 7 mars et dédicaces à la Boîtes à Livres, le 18 mars, à partir de 15 h.

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Textes : Pauline Phouthonessy

Culture, tendances & web #40

Côté chroniques, on commence l’année en beauté avec le DVD de Fronteras, la BD Vectorama ou encore le livre d’une auteure originaire de Tours.

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VECTORAMA
Le premier bébé de cette nouvelle année mesure 30 cm sur 30 cm et pèse 3 kg ! C’est qu’il en faut de l’espace et de la matière pour contenir et exprimer tout le talent d’Arthur De Pins, le créateur de Péchés Mignons et de Zombilénium. C’est donc une superbe monographie que les éditions Soleil donnent à lire. Le résultat est impressionnant tant par l’inédite technique de l’auteur que son génie à transformer tout ce qu’il touche en or ! On souhaite une belle année à son papa, mais aussi à tous les lecteurs de la rubrique BD de tmv qui commence 2017 avec ce véritable feu d’artifice visuel et graphique.
Hervé Bourit

LE DVD PAUSE_ECRANS_DVD
FRONTERAS
Clandestinité et homosexualité sont les deux thèmes abordés dans Fronteras. Le film de Mikel Rueda les utilisent habilement en les transposant au monde adolescent. Ici, deux histoires se rejoignent, se croisent, s’enlacent. Celle d’Ibra, ado marocain en instance d’expulsion, et celle de Rafa, un jeune lambda. Les deux vont devenir amis. Puis bien plus… D’une simplicité extrême, Fronteras sait trouver un ton juste tout du long. C’est parfois un peu brouillon, parfois maladroit, mais le binôme formé par ces acteurs non-professionnels, ainsi que la grande sensibilité du cinéaste, font de ce Fronteras un film beau, tout simplement. À (re)découvrir d’urgence, à travers cette édition DVD collector, dotée de suppléments et d’un livret.
A.G.

PAUSE_ECRANS_LIVRELE LIVRE
VOS ABSENCES – FATINE EL ASRI
C’est l’histoire de Leïla, une femme qui, depuis sa plus jeune enfance, ne connaît que des tragédies. Mais à travers ces 182 pages, c’est surtout le portrait d’une femme qui se bat même si elle souffre que brosse Fatine el Asri, auteure originaire de Tours. Vos Absences, un exutoire pour l’écrivain ? Le chagrin, la souffrance, la mort côtoient effectivement le positif, la réussite, la volonté de s’en sortir. Nourri par un humour subtil, le roman réussit à faire disparaître le drame derrière l’émotion. Les courtes citations introduisant chacun des chapitres, permettent, elles, un instant de réflexion toujours bienvenu.
> Aux éditions Edilivre.
A.G.

JEUX VIDÉO PAUSE_ECRANS_JEUVIDEO
LES MEILLEURES VENTES
La plateforme Steam (le plus important vendeur de jeux vidéo dématérialisés sur PC) a divulgué la liste des 100 jeux vidéo les mieux vendus en 2016. Dans la catégorie « platine », on trouve notamment Grand Theft Auto V, Total War : warhammer, ou encore Dark Souls III. La catégorie « or » voit Call of Duty : black ops III, Doom et Rainbow Six Siege très rentables. La catégorie « argent » rappelle le succès de Civilization V, Farcry Primal et Watch Dogs 2. Enfin, pour la catégorie « bronze », on retrouve Les Sims 3, Street Fighter 5, Farming Simulator 17 et NBA 2K17…

Noël : des bouquins sous le sapin ! (pour les grands)

Polar, BD, beau livre ou témoignages, on ne se lasse jamais des livres ! Sérial lectrice, la blogueuse tourangelle Mademoiselle Maeve a sélectionné pour tmv quelques pépites à offrir.

LIVRE_ADULTES_ALICEALICE, DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR
Après Notre Dame de Paris de Victor Hugo, Les Contes macabres d’Edgar Allan Poe et Alice aux Pays des Merveilles de Lewis Caroll l’an dernier, Benjamin Lacombe s’est penché sur la suite des aventures de la petite Alice pour proposer une édition magnifique illustrée de De l’autre côté du miroir. Des dessins pleins de poésie, de douceur et d’étrangeté avec des pages qui se déplient. Un très beau livre. Un coffret contenant Alice et De l’autre côté du miroir est disponible, il faut compter 59,95 €.
Alice, de l’autre côté du miroir, de Lewis Caroll / Benjamin Lacombe, éd. Soleil, 29,95 €.

MY BOOK BOX
Et sinon pourquoi ne pas offrir une Book Box à Noël ? Le concept est vraiment sympa et en plus, vous soutiendrez un projet local puisque My Book Box vient de Saint-Pierre-des- Corps. My Book Box c’est un livre (ou deux ou trois selon l’abonnement) choisi avec soin, des petits goodies – thé, carnet, savons, cartes – et un livret sur le thème du mois pour aller plus loin dans la réflexion avec des pistes de films, d’expositions… Le tout emballé dans une jolie boîte illustrée par le Tourangeau NEP. Alors, tentés d’être curieux ? De 11,50 € pour un livre à 120 € pour un an de lecture.
Pour en savoir plus : mybookbox.fr

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LA PART DES FLAMMES LIVRE_ADULTES_PARTDESFLAMMES
4 mai 1897. Le Bazar de la Charité disparaît dans les flammes et avec lui plus de cent-vingt personnes, la plupart issue de la haute société parisienne. Dans le roman de Gaëlle Nohant, récompensé par le Prix des lecteurs du Livre de Poche, nous faisons connaissance avec des personnages incroyables. Certains sont réels (la duchesse d’Alençon qui est la soeur de Sissi) et cela rend ce récit passionnant. Mais la grande force de La part des flammes est son écriture. On se croit vraiment dans le Paris de la fin du XIXe siècle. Gaëlle Nohant a un talent fou, son roman est haletant, émouvant, dramatique et on ressort de la lecture complètement chamboulé, avec la sensation de quitter des amies. Le jury du Prix des lecteurs Polars du Livre de Poche (dont j’ai eu la chance de faire partie) a pour sa part récompensé Poulet Grillés de Sophie Hénaff et si vous cherchez un polar drôle, détonnant et aux personnages attachants, foncez !
La part des flammes, de Gaëlle Nohant, éd. Le Livre de Poche, 8,60 €

LIVRE_ADULTES_ASSASSINSLES ASSASSINS
Les Assassins nous plonge dans New York en 2006. Alors que quatre homicides sont commis en quinze jours, selon des modes opératoires très différents, un documentaliste voit un lien entre eux. En effet, chacun des meurtres a été perpétré à une date anniversaire, celle d’un célèbre crime exécuté par un serial killer, d’après une procédure rigoureusement identique. Va alors commencer une traque singulière. Chaque roman d’R.J. Ellory est une réussite, mais les Assassins a ce petit truc en plus qui en fait un roman inoubliable, au même titre que Seul le Silence, mon roman préféré. Et si vous l’avez déjà lu, sachez que son dernier titre Un cœur sombre vient de sortir.
Les Assassins, de R.J. Ellory, éd. Le Livre de Poche, 8,60 €.

ALORS VOILÀ LIVRE_ADULTES_ALORS
Baptiste Beaulieu est médecin. Et écrivain. Et blogueur. Et humaniste. Il vient de sortir un nouveau roman La Ballade de l’enfant gris chez Mazarine, inspiré par le choc de la disparition de l’un de ses jeunes patients. Mais si vous ne le connaissez pas encore, commencez donc par Alors voilà, dans lequel il a décrit son quotidien d’urgentiste avec beaucoup de sensibilité et d’humour. Alors, on ne va pas vous mentir, oui, ça fait sourire, mais ça fait aussi pleurer et ça remue. C’est touchant et plein d’espoir. Et si vous souhaitez en savoir plus, direction son blog : alorsvoila.com
Alors voilà, de Baptiste Beaulieu, éd. Le Livre de Poche, 7,10 €.

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L’auteure de Joséphine vient de publier le premier tome d’une série intitulée Culottées qui dresse le portrait de quinze femmes « qui ne font que ce qu’elles veulent ». Parmi elles, la célèbre Joséphine Baker, Tove Jansson la « maman » finlandaise des Moomins, Wu Zetian impératrice chinoise du VIIe siècle, Agnodice gynécologue plus de trois siècles avant Jésus-Christ, Nzinga reine du Ndongo et du Matamba au début du XVIIe siècle, Christine Jorgensen célèbre transexuelle américaine… C’est appréciable de voir que Pénélope Bagieu est allée chercher ces portraits de femmes à travers le monde et les époques, faisant se côtoyer des personnalités flamboyantes et d’autres plus modestes. Le point commun entre chacune de ces femmes ? Avoir résisté, s’être dressées contre leurs conventions, s’être assumées et ces portraits font du bien. Chacun d’entre eux a été publié sur le blog de l’auteure (http://lesculottees. blog.lemonde.fr/), mais cette bande dessinée à la jolie couverture comporte un petit plus avec l’illustration inédite présente à la fin de chaque chapitre.
Culottées tome 1, de Pénélope Bagieu, éd. Gallimard Jeunesse, 19,50 €

GÉNÉRATION PARKER – GEORGE EDDY AVEC B. HENRY ET R. MOLINA – HUGO SPORT Image4
Les amateurs de basket connaissent tous George Eddy et sa voix mythique. Deux jeunes journalistes, Romain Molina et Benjamin Henry, sont à l’origine de ce livre qui rend hommage à une génération dorée, menée par Tony Parker, alors que ce dernier a tiré sa révérence après les jeux Olympiques de Rio. Génération Parker retrace les faits marquants de l’équipe de France. Joueurs, entraîneurs, dirigeants, journalistes y racontent leurs plus grandes joies, mais aussi les échecs, les anecdotes sur la vie du groupe et la mutation profonde de ce sport dans l’hexagone. Et les éclairages de George Eddy apportent une touche technique, inédite ou drôle aux récits des aventures de ces joueurs.
Génération Parker, de George Eddy avec Benjamin Henry et Romain Molina, éd. Hugo Sport, 25 €

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Créatrice de maquillage pour Lancôme, Lisa Eldridge raconte les dessous de cet art ancestral. Le maquillage raconte bien des choses : les statuts sociaux, les critères de beauté selon les époques, l’histoire des échanges économiques aussi et surtout, surtout, qu’il est un instrument de libération pour les femmes. Marylin Monroe, Audrey Hepburn et Brigitte Bardot entretenaient un lien quasi fusionnel avec leur maquilleur, car, tout autant, peut-être plus encore que le vêtement, le maquillage permet de façonner une image et d’imprimer un style en deux coups de crayon. L’auteur a choisi de suivre le fil de la couleur pour traverser par petites touches les époques et les pays. Les photos sont superbes.
Face Paint, de Lisa Eldridge, 240 p., éd. Hachette, 29, 95 €.

>Retrouvez d’autres idées de lecture sur le blog de Mademoiselle Maeve : mademoisellemaeve.wordpress.com

Petite tortue deviendra grande…

Nathalie est Tourangelle. Adeline, Poitevine. La première écrit. La deuxième dessine. Ensemble, elles auto-éditent un livre pour enfant, Pourquoi la tortue verte est verte ?

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La magie du livre pour enfants ? Nathalie Occhipinti y croit depuis longtemps. Il y a 15 ans, lors de sa formation d’auxiliaire de puériculture à Niort, elle fait la connaissance d’une conteuse particulièrement envoûtante. « Elle m’a fait découvrir les histoires pour enfant d’une manière différente et m’a appris à les raconter en les incarnant réellement, en les vivant, afin de faire voyager et rêver celui qui les écoute », se souvient Nathalie.

Ce jour-là, elle caresse le rêve d’écrire à son tour un livre pour enfants. Puis le temps passe. La jeune femme exerce son métier dans les crèches de la Ville de Tours, devient maman de jumeaux, Stella et Raphaël. Au contact des tout-petits, elle entretient et partage son amour des albums illustrés, mais elle exerce également sa verve et sa répartie face aux questions sans limites des enfants. Un jour, au réveil, l’idée lui vient puis se déroule comme une évidence dans son esprit. Le sujet de son livre sera une question : pourquoi la tortue verte est verte ? Nous sommes alors en mars 2016.

À partir de là, tout s’enchaîne. En une matinée, elle couche le texte de son histoire sur le papier et contacte une amie infographiste, Adeline Brot, qui accepte immédiatement de collaborer au projet. « Je ne voyais qu’elle pour donner vie à cette petite tortue verte, avoue Nathalie. Son trait fin et délicat correspond parfaitement à cette histoire tendre, qui nous ressemble à toutes les deux. » Le texte écrit, les dessins finis, il faut passer à l’édition. Réalistes face aux difficultés de se faire remarquer par les grandes maisons, les deux jeunes mamans optent pour l’auto-édition via une campagne de financement participatif sur Ulule. Avec les 1 700 € nécessaires et déjà collectés, 200 exemplaires de ce petit livre artisanal seront disponibles au prix de 13 € en décembre. À Tours, vous pourrez le trouver, entre autres, chez Libr’enfant. Une idée de cadeau de Noël local, pour les petits, à partir de 2 ans.

Jeanne Beutter

Nota Bene passe de Youtube au papier

Sur YouTube, ses vidéos qui racontent l’Histoire de façon divertissante cartonnent. L’autodidacte Benjamin Brillaud, tête pensante de Nota Bene, passe au papier : le Tourangeau vient de publier son premier livre, Les pires batailles de l’Histoire.

Benjamin Brillaud, de Nota Bene, et son joli tshirt chaton (Photo tmv)
Benjamin Brillaud, de Nota Bene, et son joli tshirt chaton (Photo tmv)

En septembre 2015, vous disiez dans tmv que la meilleure façon d’intéresser les gens à l’Histoire, ce n’était pas en les écrasant de dates mais en racontant histoires et anecdotes. Vous êtes toujours sur la même ligne ?
Oui mais cela se fait toujours en contextualisant. C’est la technique de la carotte : c’est une méthode, mais j’insiste sur le contenu. L’anecdote attrape et emmène l’internaute ou le lecteur vers un horizon plus large. J’ai récemment fait un épisode sur Marignan. Marignan, 1515, oui bon d’accord. Mais quel est le contexte, et contre qui a eu lieu la bataille ?

Vous avez lancé Nota Bene en 2014. Deux ans après, voilà un livre. Un passage obligé pour les youtubeurs ?
Non… J’ai écrit ce livre car des éditeurs sont venus me voir. J’ai eu de la chance, car quatre ou cinq se sont montrés intéressés. C’est une chance. Surtout quand on voit à quel point il est difficile de se faire éditer. Cela aurait été bête de laisser passer ça. Et puis c’était un rêve de gosse de faire un bouquin ! Là, c’est un défi. C’est tellement différent d’une vidéo.

Quatre ou cinq éditeurs, c’est bien !
Il ne faut pas se leurrer. Comme je l’ai dit dans une interview à Télérama, ils ont aussi vu le potentiel commercial. Mon défi, c’était de faire le meilleur ouvrage qui soit. Je me suis énormément concentré sur ce livre. J’en suis sorti épuisé !

Dans chaque chapitre, il y a plusieurs parties…
Je voulais dynamiser l’ensemble. Il y a les faits, mais il y a aussi un bout de fiction historique. Un petit passage concret pour nous plonger dans la bataille. On peut greffer ça à l’histoire principale. Il y a aussi « Pendant ce temps-là, dans le monde » : là, j’ai essayé de m’ouvrir.

Les Pires Batailles de l'histoire J’ai d’ailleurs trouvé ça très intéressant. Vous y abordez tout ce qu’il s’est passé dans le monde pendant ce temps. Pourquoi cette réflexion ?
L’Histoire, ce n’est pas que la France. J’avais envie de ça dès le début. D’explorer ! Quand je parle de la bataille à Azincourt : oui, okay, mais… ailleurs ? Qu’est-ce qu’il se passait ? Les batailles sont des « carottes », il faut comprendre ce qu’il se passe avant. Par exemple, concernant la Baie des Cochons, il faut aborder les relations passées entre États- Unis et Cuba.

Pourquoi ce thème des « pires batailles » ?
Au début, il y avait plusieurs projets. Mais celui-là s’inscrivait le mieux en livre. Bon, ça reste un titre, hein… (sourire) Des batailles qui ont mal tourné, il y en a partout, sur tous les continents, sur toutes les périodes. Ce sont des situations dramatiques et parfois « rigolotes » qui peuvent intéresser les gens.

Le livre semble bien plus sérieux que les vidéos YouTube…
Oui. Je n’ai pas voulu faire de la blague pour faire de la blague. Je voulais plus de sérieux et parfois, des situations plus légères quand on les analyse avec le recul. Voir que, derrière ça, il y a du concret, des hommes, une histoire politique, économique…

On peut penser aux chapitres du siège de Courtrai ou du Port de Helder notamment, mais dans tout le livre, vous vous attachez à des faits pas si connus que ça.
Oui, il fallait un mix de batailles connues comme Azincourt ou Marathon et de faits moins connus du public. Je vise un large public. L’ouvrage est léger sur la forme. Les abonnés YouTube vont apprécier, mais les autres aussi. Je ne suis pas historien. J’ai envie de toucher tous les publics et je suis demandeur des retours. Tout ça, c’est un bébé de 10 mois de travail ! Je ne veux pas décevoir, c’est un exercice nouveau pour moi.

En parlant d’historiens, comment réagissent-ils face à l’autodidacte que vous êtes ?
Très bien, généralement. Ils savent que ce ne sont pas des cours, mais que l’objectif est de faire s’intéresser à l’Histoire. Que les gens s’ouvrent… La force de Nota Bene, justement, c’est que je ne suis pas historien.

Le choix des batailles a-t-il été difficile ?
Oh oui. Il y en avait tellement… Et il me fallait beaucoup de sources. J’ai notamment voulu parler de la Bataille de la Falaise rouge, mais il n’y avait pas assez de sources occidentales. Et je ne parle pas vraiment chinois ! (rires) Au départ, il y avait 20 batailles, mais j’en ai gardé 15 pour mieux les développer.

Ah, un volume 2 alors ?
Pourquoi pas ? Là, je vais plutôt me reconcentrer sur mes vidéos, sur Nota Bene. J’en suis à 418 000 abonnés, ça a beaucoup augmenté. Certains formats de vidéos engrangent 200 à 300 000 vues.

L’an dernier, vous disiez que Nota Bene, c’était « votre bébé, votre vie, votre métier ». Vous en vivez ?
Oui. Grâce à la pub, mais aussi au financement participatif et surtout, je développe des relations avec les institutions pour des partenariats. Nota Bene

Vous allez participer aux Salons de Choiseul bientôt. Qu’est-ce qui nous attend ?
Euuuh (rires)… J’ai tellement de choses en ce moment ! (il fouille son portable) Ah oui, c’est le vendredi 18 ! Je vais parler de Youtube et l’essor de la culture populaire auprès des jeunes. Il y a de plus en plus de jeunes sur la création de programmes. De nos jours, beaucoup d’entre eux se disent que la physique ou l’Histoire, c’est cool, ils se déplacent aux conférences, etc. Il y a un renouveau de la culture populaire sur le web. L’accès à la culture est hyper important.

Nota Bene, un livre, le succès…Et maintenant ?
Mon planning est bouclé jusqu’à l’an prochain, je souhaite que ça continue. Il y aura aussi le festival d’Histoire à Montbazon que j’organise les 22 et 23 juillet. J’adore ça. Il y a de gros projets de web documentaire en cours, d’ici mi-2017. J’ai hâte !

> Rencontre et dédicace à La Boîte à livres le 14 novembre, à 19 h 30.

> Conférence aux Salons de Choiseul, le 18 novembre à 14 h 30 (inscriptions sur lessalonsdechoiseul.wordpress.com)

> La chronique du livre Les Pires batailles de l’Histoire, à retrouver ICI.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ejr4n9a33gc[/youtube]

Culture, tendances & web #38

Beaucoup de lecture au programme de nos chroniques cette semaine ! Des livres et de la BD à tout va, mais on n’en oublie pas la musique, ainsi que la petite phrase magique de Bayrou.

PAUSE_ECRANS_DVDLE DVD
TARZAN
Gros blockbuster tellement propre et aseptisé qu’il en perd en authenticité, ce Tarzan new generation, emballé par David Yates, mise avant tout sur la nostalgie et sa générosité. Mais dans sa débauche d’effets spéciaux, le cinéaste en oublie le plus important : le récit. Tarzan reste divertissant, mais pas si mémorable, ni même aidé par un casting 4 étoiles pourtant bien transparent. On accroche peu à Alexander Skargsgård, un peu fade en Tarzan. Et même la solaire Margot Robbie et l’immense Christoph Waltz semblent en roue libre. Comme quoi l’esbroufe d’effets numériques ne fait pas tout.
A.G.

LA BD PAUSE_ECRANS_bD
LE MONDE MAGIQUE DE LA BANDE DESSINÉE
Avec ce recueil de dessins parus dans le magazine DBD, Philippe Vuillemin frappe très fort. Aucun des travers et de l’actualité du petit monde du 9e Art n’échappe à son oeil et il s’en donne à coeur joie pour dézinguer tout ce qu’il se passe à portée de son humour caustique et ravageur. Mais loin de n’être qu’une entreprise de destruction et de sarcasme, on sent aussi l’amour de l’auteur pour cet univers qu’il connaît sur le bout de ses crayons. Pour preuve ? Ces hommages appuyés, à tous ces auteurs qu’il admire et à ce milieu dont il est un des piliers majeurs depuis de nombreuses années.
Hervé Bourit

PAUSE_ECRANS_CD1LE CD
HOPE SANDOVAL & THE WARM INVENTIONS – UNTIL THE HUNTER
Le timbre est hypnotisant. La voix, de velours. Hope Sandoval, l’ancienne Mazzy Star, est tout simplement magique sur Until the hunter. Accompagnée de Colm Ó Cíosóig, elle pose de sublimes ballades, aériennes, mélancoliques, douces. On plane souvent à l’écoute de ce disque. Les yeux se ferment, la beauté nous enveloppe. Hope Sandoval transporte littéralement. Dans toute cette délicatesse, certains titres sont de véritables instants de poésie. Par exemple, The Hiking song, magnifié par ses arpèges entêtants et ses violoncelles, véritable merveille. Un petit bijou, tout en sensibilité. A.G.

CINÉMA
ANNÉE DORÉE POUR DISNEY
L’année 2016 aura été en or pour Disney. La firme a annoncé que ses recettes mondiales au box-office étaient de 5,85 milliards de dollars. Un poil plus que l’an dernier (5, 84 milliards). Il faut dire que le studio de Mickey a tapé juste en squattant le podium grâce à ses succès comme Le Livre de la jungle, Le Monde de Dory, Zootopie et Captain America Civil War. Nul doute que Disney dépassera largement ces 5,85 milliards puisque, à deux mois de la fin de l’année, il leur reste encore à dégoupiller Vaiana (le 30 novembre en France) et Rogue One : A Star Wars story (14 décembre)…
PAUSE_ECRANS_BOXOFFICE

LES LIVRES
PAUSE_ECRANS_LIVRE1NOTA BENE – LES PIRES BATAILLES DE L’HISTOIRE
Après avoir fait ses preuves sur le web avec sa chaîne YouTube Nota Bene, Benjamin Brillaud se lance dans la version papier. Ici, l’autodidacte fanatique d’Histoire se penche sur 15 batailles désespérées, incongrues, à l’issue souvent inattendue. Tyr contre l’empire macédonien, Zanzibar, Pont-Saint-Louis ou encore Marathon : Benjamin Brillaud parcourt les siècles et pose, avec simplicité, un regard pédagogique bienvenu. De vulgarisation historique il est toujours d’actualité. Mais la mine d’informations et de petits anecdotes élèvent le propos. Digeste, récréatif et surtout très intéressant, un ouvrage à mettre (vraiment !) entre toutes les mains…
A.G.

LA SÉNILITÉ DE VLADIMIR P. PAUSE_ECRAN_LIVRE
Dans un futur proche, reclus dans une luxueuse datcha, l’octogénaire Vladimir P. délire, s’imaginant encore président, entouré vingt-quatre heures sur vingt-quatre par une kyrielle de domestiques corrompus. Seul Nikolaï Ilitch, son infirmier, ne profite pas de lui. Michael Honig, l’auteur, pourtant Australien, a su écrire « à la russe ». Un tour de force exceptionnel. Comme Le Pingouin, d’Andreï Kourkov, La Sénilité de Vladimir P. nous fait entrer dans un monde corrompu au point qu’on frise la folie. Et derrière l’uchronie, pointe une autre réflexion : tout homme, quels que furent ses actes et son passé, mérite d’être traité avec dignité.
E.S.

PAUSE_ECRANS_LIVRE3LES 20 PLUS GROS BIDES DE LA PRESSE FRANÇAISE
Morts-nés ou éphémères : ici, Guillaume Fischer s’intéresse aux journaux qui, soit ne sont finalement jamais parus, soit ont été tués au bout d’à peine deux ans. Au milieu d’une multitude de témoignages et d’anecdotes, l’auteur décrypte finement l’évolution de ces journaux sur une trentaine d’années. On aurait souhaité davantage d’illustrations, mais le livre de Guillaume Fischer remplit tout de même sa mission : loin de n’être destiné qu’aux journalistes, l’ouvrage intéressera aussi les curieux/ses du monde des médias et d’une facette méconnue de l’histoire de la presse écrite.
A.G

Capture

Culture, tendances & web #36

Beaucoup de lecture, cette semaine, pour nos chroniques culture. De la BD, du livre enquête et du roman sont au programme. Sans oublier la musique et la série télé immanquable ce mois-ci !

PAUSE_ECRANS_BDLA BD
ANDY ET GINA
Il ne fallait pas moins qu’une superbe intégrale, enrichie de planches et d’illustrations inédites, pour rendre un hommage mérité a Andy et Gina qui nous ont fait hurler de rire ces dernières années dans les pages de Fluide Glacial. Un magazine où leur papa, le dessinateur tourangeau Relon, s’est fait une place au soleil grâce à son humour caustique. Ce magnifique pavé promet des heures de franche rigolade, avec un frère et une soeur, aussi antinomiques qu’inséparables, devant se coltiner une famille un peu… spéciale ! Tout est dans le mélange des genres entre rêves les plus fous et bêtises les plus gores, qui font de cette série un OVNI humoristique de haut vol à classer entre Tim Burton et la Famille Adams sur fond d’AC/DC.
Hervé Bourit

LA SÉRIE TV PAUSE_ECRAN_ROBOT
MISTER ROBOT, SAISON 2
Le hacker le plus névrosé du petit écran est de retour. Depuis le 24 octobre, France Télévisions diffuse la deuxième saison de Mister Robot. Son héros, Elliott, informaticien de génie, est une version geek de Decker. Comme Decker, il est solitaire, inapte a communiquer avec autrui, il utilise ses connaissances (fort développées) et son métier pour jouer les justiciers nocturnes et éliminer les brebis galeuses de la société. Il constitue aussi son petit cimetière personnel de trophés. Mais ici, pas de sang : les codes et le data sont les armes. On peut reprocher à Mister Robot un rythme très lent et des intrigues un peu tirées par les cheveux mais sa photo, son montage et sa bande son méritent qu’on suive ce deuxième tome. Juste pour le plaisir de prendre le temps.
E. S.

PAUSE_CD_CORBELLE CD
CÉCILE CORBEL – VAGABONDE
Difficile de décrire le travail de Cécile Corbel, un OVNI musical qui trace sa route depuis dix ans. Formée à la harpe celtique, elle a instauré une musique onirique mais structurée, nourrie de ballades bretonnes, d’influences baroques et même sépharades. Une délicatesse et une originalité récompensée par un disque d’or et une Victoire de la musique au Japon. Vagabonde, son nouvel album, est une nouvelle pépite et elle y ose des expérimentations musicales inédites. Dans La Fille sans nom, sa voix cristalline se mêle au timbre chaud de Faada Freddy sur des rythmes entraînants. Waterfalls, très rythmé, a des accents folk magnifiques. Un moment hors du temps à savourer sans modération. E. S.

LES LIVRES 
LE DISPARU- ANNE-SOPHIE MARTIN PAUSE_LIVRE
Il a juste disparu. Il laisse derrière lui cinq cadavres et des dettes. Des mails et des lettres aussi. Cinq ans après le massacre de sa famille, Xavier Dupont de Ligonnès reste introuvable. Anne-Sophie Martin, journaliste et scénariste spécialiste des faitsdivers, a remonté le fil des écrits de Ligonnès pour suivre son voyage en enfer. Elle rappelle les paroles de Côme Garcin, procureur de Nantes, un an après la tuerie : « On se demande toujours comment une personne bascule du côté du mal ». Dans Le Disparu, c’est ce mystère-là qu’Anne- Sophie Martin tente de percer, rappelant que les monstres naissent bien souvent de leurs fragilités. Écrite à la troisième personne, cette enquête nous fait pourtant entrer dans la tête du fugitif le plus célèbre de France.
E. S.

PAUSE_LIVRE_COMMECOMME SI J’ÉTAIS SEUL – MARCO MAGINI
Si vous cherchez une bluette, passez votre chemin : Marco Magini publie un texte à trois voix sur le massacre de Srebenica. Dirk, un casque bleu, Drazen, un homme engagé dans l’armée serbe et Roméo, un juge espagnol du tribunal pénal international racontent chacun le massacre et leur implication. Inspiré d’une histoire vraie, ce livre prend à la gorge. L’écriture, très forte, simple et profonde, sans effets de style, nous embarque dans des vies cassées.
E.S.

Polar sur Loire : ça va saigner !

Polar sur Loire, c’est le 5 novembre à Tours ! Les amoureux/ses de littérature vont se régaler.

Oubliez la douceur de vivre, le long fleuve tranquille qui berce la Touraine, ses petits châteaux coquets, son vin doux et ses rillons. La région a une autre spécialité, plus piquante : l’auteur de polars. Et ils sont bien plus nombreux qu’on ne le croit !
Avec zéro subventions mais beaucoup d’énergie, trois d’entre eux ont décidé de tenir salon pour la première fois ce 5 novembre, salle Ockeghem, dans le Vieux Tours. Un lieu emblématique de la ville mais assez intime pour un rendez-vous chaleureux, car les organisateurs refusent de créer une manifestation avec des auteurs « en rang d’oignons ».

Pas de prix, pas de ruban rouge, mais une rencontre à la bonne franquette pour permettre aux amateurs de polar de papoter avec vingt-deux plumes acérées (comme Adrian Mathews, invité d’honneur, ou encore Béatrice Egémar, Jean-Paul Pineau, Jérémy Bouquin, Michel Douard, Michel Embareck…)
Et il y en aura pour tous les goûts : thriller, roman noir, espionnage, historique, fantastique ou carrément délirant, le polar, comme la poésie, est une littérature complète à elle toute seule. Certainement la recette de son succès, puisqu’on la dévore de 7 à 77 ans. Comment ne pas souhaiter longue vie à Polar sur Loire ?

>Le 5 novembre. Gratuit.
> Plus d’infos sur polarsurloire.hautetfort.com

polar sur loire

Tours de sang : la face cachée de la ville

Vous aimez les histoires mignonnettes, qui se finissent bien, avec des cœurs et des paillettes ? Eh bien… tant pis ! Tours de sang, un roman entièrement réalisé par les étudiants de l’Esten, s’inspire des faits divers sanglants de Touraine. Ambiance !

(Illustration : Yann Morfoisse)
(Illustration : Yann Morfoisse)

« Oubliez sa culture si riche, ses châteaux si grands, et sa Loire si belle. Faites place à la pure horreur. » La phrase, extraite de la quatrième de couverture, annonce la couleur. Celle du sang. La Touraine façon faits divers et histoires pas franchement joyeuses, c’est ça, Tours de sang. L’idée vient des étudiants de l’école Esten Sup’édition, à Tours. Un projet éditorial scolaire qui a fait trimer une quinzaine d’élèves, âgés de 18 à 25 ans, pendant des mois.
Le résultat ? Un ouvrage de 115 pages qui sort ce mercredi 26 octobre, notamment à La Boîte à livres.

Si l’an dernier, leurs camarades avaient accouché d’un livre pour enfants (Contes et légendes de Touraine), ce n’est pas peu dire que la nouvelle promo a pris le contre-pied total. « Cette idée d’un roman sanglant, c’est aussi une manière de marquer une certaine originalité », confirme Éloïse Douillard, l’une des étudiantes du projet. « La seule chose que l’on s’est imposée, c’était de ne pas traiter de faits divers trop récents, afin de ne pas heurter certaines sensibilités ou personnes. »

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Tours de sang (éditions Incunables 2.0). 12,90 €

Ici, on s’inspire davantage des histoires réelles (et bien glauques) qui se sont déroulées au cours de ces derniers siècles. En les réécrivant : « Au début, trois d’entre nous ont fait des recherches sur des faits divers et des affaires criminelles en Touraine, pour en faire un synopsis qu’ils ont ensuite remanipulé. Les écrivains recevaient le sujet et devaient rédiger leur nouvelle à partir de ça », résume Éloïse. En découlent donc douze histoires, où le lecteur finit par cogiter pour retrouver de quels faits divers elles s’inspirent. Pas de vraies identités, mais parfois, quelques indices.

La nouvelle « C’est enfant que l’on apprend » ? Le détail de l’adresse nous rappelle Zeiro Finatti, alias le Monstre de la rue du Cygne, assassin de prostituées en 1924. « Un plat bien mystérieux » ? Pas de doute, celle-ci fait référence à l’affaire Sylvie la dépeceuse, en 1988. « Étaler juste un fait brut n’était pas une bonne idée. Le fait de romancer la chose, c’était plus compliqué à écrire, d’autant qu’il fallait se mettre dans la peau du personnage. Mais c’est plus surprenant aussi », argumente Éloïse.

Dotés d’une enveloppe de l’école de 4 000 €, les étudiants ont dû se débrouiller de A à Z. Et gérer le budget. Le prix qu’ils ont fixé pour leur livre sera réinjecté dans les projets futurs de l’Esten. Pour le reste, ils ont pu compter sur un imprimeur allemand, « emballé par le projet », et l’éditeur Sutton pour la distribution des 600 exemplaires. Pour fêter la sortie de Tours de sang, la fine équipe se fend aussi d’une soirée de lancement avec apéro dînatoire, vendredi 28 octobre (18 h, au Campus, entrée libre). Son nom ? La Blood party. Évidemment.

> toursdesang.fr ou facebook.com/toursdesang  

Culture, tendances & web #33

Cette semaine, tmv a beaucoup lu ! Une double dose de BD, un sublime livre sur la ville de Tours, mais aussi des ouvrages divers et variés. Bonne lecture !

PAUSE_ECRANS_LIVREPHOTOLE LIVRE PHOTO
TOURS, DES CHEMINS ET DES HOMMES
C’est un sublime ouvrage qui vient de paraître. Tours, des chemins et des hommes est une promenade passionnante : entre les textes de Benoît Piraudeau et les photos de Chanel Koehl et Guillaume Le Baube, il donne à voir une ville lettrée, musicale, gourmande, architecturale. Accessible à tous, bourré de petites informations historiques et d’anecdotes, ce très beau livre se distingue aussi par un ensemble photographique absolument extraordinaire. Esthétique et de toute beauté, déjà, mais surtout immanquable pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur Tours… ou qui, tout simplement, aiment leur ville.
A.G.
> 24 €. éditions Sutton, avec Ville de Tours.

LES BDs
LES FONDUS DES VINS DE LOIRE PAUSE_ECRANS_BD2
Après avoir écumé les quatre coins de la France, il fallait bien que la série des Fondus du vin pose ses cases dans notre jolie région. Ce septième volet, nourri du trait simple d’Olivier Saive, propose 48 pages de gags, comiques sans être hilarants non plus, mais qui sont une mine d’informations. Scénarisée par le duo Cazenove-Richez, la BD distille des dizaines de renseignements sur la technique du vin, les appellations et cépages, ainsi que les qualités des vins de Touraine, de la Loire, du Centre, de l’Anjou et du pays nantais. Une sympathique découverte, aussi ludique que divertissante.
A.G.

PAUSE_ECRANS_BD1JOSEPHINE BAKER
Déjà auteur de biographies dessinées remarquables, le duo Catel Muller (dessin) – José Louis Bocquet (récit) récidive avec ce superbe pavé de 568 pages. Il n’en fallait pas moins, car quand on s’attaque à un personnage aussi riche que Joséphine Baker, on est pris dans un tourbillon inextinguible. Celle qui débarqua à Paris à l’âge de 20 ans fut tour à tour militante anti-ségrégationiste, résistante, mère adoptive. Tout cela en parallèle de sa carrière d’artiste de music-hall qui fit chavirer la planète ! Une grande, très grande Dame, qui méritait bien qu’on lui rende enfin l’hommage qu’elle méritait. Et c’est au 9e Art de le faire d’une façon généreuse et vraiment touchante pour ce qui est un de nos gros coups de coeur de cette saison.
Hervé Bourit

LES LIVRES
LA RUE EST MON ROYAUME PAUSE_LIVRE
Le titre est révélateur. La Rue est mon royaume est une ode à ces « ombres de la rue », comme l’auteure, Bénédicte Froger-Deslis, l’écrit si bien. Dans ce livre de 430 pages, elle y raconte la vie, le quotidien, l’avancée d’une « clodette », une femme de la rue. Hiver comme été, elle est là. Qu’on la regarde ou qu’on l’ignore. Sombre mais paradoxalement lumineux, le roman permet de découvrir la rue, la ville et tout simplement la vie sous un autre prisme. Les descriptions admirablement bien menées et les dialogues percutants parachèvent un ouvrage captivant.
A.G.

Image26ENTRE SCALPEL & CISEAU
C’est un parcours singulier qui est présenté ici. Dans Scalpel & ciseau, Jean-Jacques Santini y mêle habilement son amour pour l’art — peinture et sculpture en tête — et sa passion de la médecine qu’il a exercée, notamment au CHRU de Tours. Véritable tête pensante de la neuro-chirurgie et professeur d’anatomie, Santini fouille ses souvenirs, se rappelle, explique et raconte. Entrecoupé de séquences purement visuelles (quel effort fourni pour le travail de photos ! Le livre fait le lien entre le sculpteur et le chirurgien. Une double lecture intéressante.
A.G.

LE CHIFFRE
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Le nombre de jours d’affilée que durera le marathon Simpson : la chaîne américaine FFX a annoncé qu’elle diffuserait les 600 épisodes de la famille jaune du 24 novembre au 13 décembre. C’est ce qu’on appelle un « binge watching »…

Prix du roman : Petits & grands plaisirs

C’est une Rachel Khan ravie de se voir distinguée pour la première fois, chez elle, à Tours, qui est venue recevoir le Prix du roman tmv à la Boîte à Livres. Avec les membres du jury, elle a passé un long moment à parler de son roman, en toute liberté…

Rachel Khan, Prix du Roman tmv 2016 pour Les grandes et les petites choses (Éditions Anne Carrière). (Photo Hugues Le Guellec)
Rachel Khan, Prix du Roman tmv 2016 pour Les grandes et les petites
choses (Éditions Anne Carrière). (Photo Hugues Le Guellec)

Comment vous l’avez écrit, ce livre ?
J’y ai pensé pendant pas mal de temps et, à un moment donné, j’ai dit Go ! À partir de là, je l’ai écrit en un mois. Je ne me suis plus arrêtée. C’était un peu radical, mais je ne pouvais pas faire autrement. Je voulais que le rythme du livre soit celui d’une course. Je voulais que le lecteur court vraiment en le lisant et qu’il reste toujours dans ce rythme-là.

C’est un roman qui peut vraiment plaire à des jeunes gens : le style est direct et nous plonge dans l’action. C’était votre volonté ?
Oui, j’ai pensé à eux tout le temps, aux jeunes. C’était important pour moi, surtout dans ces périodes compliquées où on leur raconte toujours les mêmes choses. Je ne voulais pas d’effets de style. J’ai sabré pas mal de phrases pour ne pas être dans le descriptif mais toujours dans le sensoriel. Ça rejoint mon travail de comédienne : travailler avec les sens.

C’est un livre qui a une forte musicalité, aussi…
J’ai toujours été baignée dans beaucoup de musiques. La musique classique puis, après, la musique de mon père, le hip-hop, le jazz… Je voulais que chaque personnage corresponde à des notes qui, à la fin, soient en harmonie. Une note, c’est très simple et c’est la diversité des notes qui fait qu’il y a harmonie ou pas. Alors, j’ai joué avec le son des mots. J’ai grandi avec des couleurs différentes dans l’oreille. Entre les accents Yiddsh de ma mère et les accents de l’Afrique de Ouest de mon père, les accents anglophones par dessus tout ça, cela donnait des sonorités vraiment variées. Je voulais qu’on les retrouve dans le livre.

Les Grandes et les petites choses, n’est-ce pas, avant tout, un roman de transmission ?
C’est peut-être lié à la crise de la quarantaine ! Mais oui, c’était une nécessité à un moment donné de ma vie de dire en une seule oeuvre l’essentiel pour mes enfants et, dans le même temps, de rendre hommage à mes parents tant qu’ils sont encore là.

C’est un des grands thèmes du livre, ça. Le brassage des cultures, des différences…
Dans la manière dont les choses sont présentées, et notamment au cours de cette année 2015 terrible, on stigmatise beaucoup et on a l’impression que les gens ne se parlent pas. Que d’un côté il y a les noirs, de l’autre les blancs, les catholiques, les musulmans, les juifs… Alors que non.. Tout le monde se parle, pour de vrai. Je crois vraiment que les histoires d’origines, c’est un alibi. La vraie histoire, elle n’est pas là du tout. En chacun de nous, il y a des histoires qui sont toutes très singulières et qui, en même temps sont très communes. Nous sommes semblables sur 99 % de ce que nous sommes. C’est sur le 1 % restant que l’on stigmatise, les différences.

Des événements très graves et des choses plus légères sont traitées sur le même plan dans votre roman. Pourquoi ce choix ?
Parce que, parfois, dans nos vies quotidiennes, un souci qui n’est pas du tout grave peut prendre des proportions inouïes. On se fait en permanence sa propre hiérarchie des problèmes. En fait, on passe une vie à trouver sa place. C’est ça le vrai thème du livre. Mais pOur moi, au fond, c’est une célébration de la vie. D’ailleurs, durant tout le temps de l’écriture, ce livre devait s’appeler Champagne ! Mais l’éditeur avait peur que les libraires se trompent et croient commander un livre sur le vin.

Diriez-vous qu’il y a une dimension politique dans votre roman ?
Oui. C’est un livre politique, en vrai. Mais politique contre les thèses. Pour laisser à chacun la possibilité de se faire son propre chemin de pensée. Et aussi parce que c’est un livre qui se passe il y a vingt ans, à la naissance de mon fils. À cette époque, il y avait déjà Les graines de problèmes que nous subissons aujourd’hui. Après les attentats de Saint-Michel, les choses étaient déjà là.

1540-1L’HISTOIRE

Les grandes et les petites choses raconte l’histoire de Nina. Elle a 18 ans et vit entre son grand-père juif polonais, tailleur de costumes pour hommes, sa mère, son père gambien et son frère cadet David. L’appartement est un capharnaüm joyeux dont la jeune femme s’évade en pratiquant, en secret, l’athlétisme de haut niveau.

Prix roman tmv : and the winner is…

Notre blogueuse Mademoiselle Maeve vous fait découvrir les cinq romans qui étaient en lice pour le sprint final. A vous de les lire et de vous faire votre idée !

PRIX DU ROMAN TMV / LE GAGNANT :

LES GRANDES ET LES PETITES CHOSES, DE RACHEL KHAN (éditions Anne Carrière) Image5

Sous le nom de Nina Gary, Rachel Khan raconte son histoire. Celle d’une jeune fille de dix-huit ans qui cherche sa place entre un père Gambien qui refuse qu’elle reproduise les clichés de ses origines, un grand-père juif polonais qui lui a transmis sa religion et sa mère qui a été traumatisée par la guerre. Difficile de trouver sa place au milieu de toute cette richesse culturelle et de ses propres envies : la fac de droit, l’athlétisme, les premiers émois… Les grandes et les petites choses est une belle découverte, un excellent premier roman qui lui vaut le prix du roman tmv. La Tourangelle a trouvé sa voix en même temps que sa voie.

Et sinon :

UN AUTRE MONDE, MICHKA ASSAYAS Image4
(Rivages)
Le journaliste spécialiste du rock – il a notamment travaillé pour France Inter, France Musique et Les Inrockuptibles et écrit plusieurs ouvrages sur le sujet – revient sur sa carrière et sur le groupe qu’il a créé avec son fils pour se rapprocher de lui alors qu’il sentait qu’un fossé se creusait entre eux. Une immersion dans l’histoire de la musique post-punk que les amateurs de la scène musicale des années 80 et 90 apprécieront. En revanche, les non mélomanes se sentiront peut-être un peu décontenancés face à toutes les références musicales de l’auteur.

Image8VICTOR HUGO VIENT DE MOURIR, JUDITH PERRIGNON
(l’Iconoclaste)
22 mai 1885, Paris est en deuil, Victor Hugo vient de mourir. En attendant les funérailles, la ville retient son souffle et son chagrin. Sa famille, le peuple, les politiciens, tout le monde se retrouve orphelin. Le roman de Judith Perrignon raconte les quelques jours qui se sont écoulés entre le décès d’Hugo et ses funérailles. Victor Hugo vient de mourir, dans un style très agréable à lire, permet de réaliser à quel point l’homme était apprécié, à quel point son absence laisse un trou béant dans le coeur de tous les Parisiens. À noter aussi, l’esthétique du livre et la belle mise en page des éditions L’Iconoclaste qui rend la lecture vraiment agréable.

L’APPEL DES ÉLÉPHANTS, MARTINE LE COZ Image6
(Michalon)
L’appel des éléphants immerge le lecteur dans le quotidien d’Anil, un cornac indien qui se rend au Botswana pour enseigner le métier de dresseur d’éléphants dans un centre touristique. Sur place, le jeune homme va se retrouver confronté au massacre des éléphants, traqués pour leurs défenses. Le rythme du roman est très lent au départ – on s’imagine très bien en balade sur le dos d’un éléphant avançant au pas et l’on espère qu’il accélérera un peu avant la fin. Eh oui, ouf !, l’intrigue finit par accrocher le lecteur qui ne peut pas s’empêcher de se prendre d’affection pour les personnages principaux du roman : les éléphants.

Image9SANS ÉTAT D’ÂME, YVES RAVEY
(les Editions de minuit)
John Lloyd a disparu. Sa petite amie fait appel à Gu qu’elle connaît depuis l’enfance pour essayer de retrouver son fiancé américain. Mais Gu, amoureux de Stéphanie, n’a pas vraiment envie de voir réapparaître son rival. Lorsque le frère de John débarque, les choses se corsent. Sans état d’âme est un roman court (moins de 130 pages), écrit dans un style très épuré et précis. On retrouve un peu l’esprit des polars ruraux, taiseux – les amateurs de Franck Bouysse apprécieront. On peut seulement regretter que la fin arrive un peu vite et qu’on la voit arriver d’un peu loin…

> Retrouvez tous les coups de coeur de mademoiselle maeve sur son blog : http ://mademoisellemaeve.wordpress.com

Encore merci à nos partenaires : La Boîte à Livres en tête, bien sûr, avec qui est née l’envie de ce prix, mais aussi le Cabinet d’avocats Vaccaro, le Crédit Mutuel, Fil Bleu Kéolis, L’hôtel de l’Univers, toujours fidèles au poste et prêts à remettre le couvert.

Culture, tendances et web #14

Cette semaine, côté culture, on vous parle des derniers Louise Attaque et Wolfmother, sans oublier un ouvrage 100 % tourangeau avec 316 l’Ultime secret. Et en cadeau, comptez sur nous pour vous faire écouter La Feeling. TOTAL WTF !

Image5LA BD
L’HOMME QUI NE DISAIT JAMAIS NON 
Cela fait déjà un petit bout de temps que l’on suit le travail d’Olivier Balez. Son trait accrocheur, à chemin entre le dessin d’humour et l’encrage réaliste, bluµe de nouveau avec cette histoire divertissante. Il faut dire que le scénario est signé par Didier Tronchet et que les pérégrinations de leur héros entre la France et l’Équateur réservent plein de rebondissements qui font de cette comédie policière un petit chef-d’oeuvre entre Hitchock et Capra. Tout est bien vu et bien venu avec un sens incontestable du suspense et du loufoque qui en font un des ouvrages indispensables de ce début d’année.
Hervé Bourit

LE LIVRE PAUSE_ECRANS_LIVRE det
316, L’ULTIME SECRET
« Vous avez dans les mains une invitation au voyage à travers notre histoire de France et celle de Touraine ». Cette phrase, page 7, pourrait résumer à elle-seule cet ouvrage passionnant signé Marie-Françoise Sacré, entièrement créé et réalisé localement (l’éditeur tourangeau Incunables 2.0, l’imprimeur Présence Graphique à Monts, etc.). Sorte de thriller historique, mêlant fiction et personnages ayant réellement existé, il raconte la quête d’une artiste et d’une journaliste, en plaçant Saint-Martin au cœur de l’histoire – un thème on ne peut plus actuel. Mais au-delà de son aspect « Da Vinci Code », 316 l’ultime secret vaut aussi pour ses anecdotes historiques délicieuses et pour sa vingtaine de pages bonus, bourrées de photos, de plans et d’archives sur la basilique Saint-Martin, Marmoutier ou encore Michel Audiard (protagoniste et qui signe la préface). Captivant de A à Z.
> Sortie le 5 février
> Infos : facebook.com/316.Ultime.Secret

LES CD
PAUSE_ECRANS_CD1LOUISE ATTAQUE – ANALOGIE
Après près de 10 ans d’absence, le groupe culte qui a écoulé un premier album à plus de 2 millions d’exemplaires (un record à l’époque en France) est-il toujours d’attaque ? Après un premier titre (« Analogie ») banal, le nouveau disque des Louise Attaque fait l’eµet de montagnes russes. Il y a du (très très) bon. Du (vraiment) moyen, aussi. « Les pétales », avec son côté variété faiblarde, n’est guère convaincant. Mais en face, brillent les excellents « Avec le temps » ou « Du Grand banditisme ». La voix éraillée de Gaëtan Roussel varie les plaisirs ; Louise Attaque explore les sons. Tente, rate parfois, réussit aussi. Un album en demi-teinte qui mérite que l’on s’y attarde.
A.G.

WOLFMOTHER – VICTORIOUS PAUSE_ECRANS_CD2
Propulsés à l’époque dans la stratosphère du bon gros rock’n’roll grâce à leur hit Woman (c’était en 2005 !), les Wolfmother n’ont cessé de sortir de bons albums. Mais qu’en est-il de cette cuvée 2016 ? Avec ce Victorious de 35 minutes à peine, les Australiens enquillent les titres. Pas le temps pour du blabla, place aux gros riµs gerbés des amplis, les potards poussés au max. Sauf que, passée une première écoute agréable sans être transcendante, il ne reste plus grand-chose. Le monumental Gipsy Caravan marque les esprits, mais le reste manque de panache et de force. Dommage…
A.G.

100 % WTF
LA FEELING
On appelle ça du WTF. Du « mais-bon-sang-sontils- sous-LSD ?! ». Fête de fête, de La Feeling, est un OVNI musical sorti sur le label Cocktail Pueblo, basé à Tours. Pour imaginer la Bête, vous imaginez le « C’est la fêêêteuh », de Michel Fugain, greffé sur… NTM, Beyoncé, ou encore Mike Brant et Claude François. La chose dure 6 minutes (dont 5 minutes d’intro et outro !!). C’est débile mais hypnotique, foldingue mais délirant, incompréhensible mais addictif. Rubin Steiner, notre célèbre zikos tourangeau, a avoué avoir « pleuré de rire ». Allez, 3, 4… C’est la fêêêteuh…
> À écouter sur cocktailpueblo.bandcamp.com (pas besoin de substances illicites)
Ou en images ici :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=rfL-Y3kd7wE[/youtube]

PAUSE_ECRANS_DVDLE DVD
SEUL SUR MARS
Mark, astronaute et botaniste, se retrouve coincé sur Mars après avoir été laissé pour mort par ses coéquipiers. Visuellement sublime, ce survival de l’espace réalisé par le grand Ridley Scott brille par sa photographie, ses décors à couper le souffle, mais aussi grâce à un Matt Damon tout en justesse. Malheureusement égratigné par son côté hyper-optimiste agaçant, Seul Sur Mars mérite d’être (re)vu. Notamment grâce à cette édition Blu-ray qui oµre au spectateur son lot de bonus, certains se révélant captivants (distribution, costumes, révision du scénario…) et d’autres beaucoup moins (bêtisier, bande-annonce…).
A.G.

Radio Béton publie sa bible

Trente ans que ça dure ! Pour marquer le coup, Nathan Aulin et les autres ont décidé de tout raconter dans un livre. Avec les bons souvenirs à côté des coups de gueule. Sans filtre, à la sauce Béton, quoi.

Nathan, des réponses béton pour une interview béton (ou pas).
Nathan, des réponses béton pour une interview béton (ou pas).

Une Bétyoton pour les 10 ans, une fête dans les magasins généraux de la SNCF pour les 20 ans. Pourquoi sortir un livre pour les 30 ans ?
Nathan Aulin : Je pense que l’idée n’était pas venue avant. Les 30 ans approchant, c’est Daniel Gazeau qui a eu envie de tout mettre sur papier (il est éditeur à l’université de Poitiers dans la vraie vie). Un livre, c’est une aventure dans laquelle on ne s’était pas encore lancée. C’était un challenge, quelque chose que personne ne savait faire. Il y avait aussi l’envie de créer un objet qui va rester. Et 30 ans, franchement, c’était le bel âge.

C’est aussi un projet multimédia.Qu’apporte la version numérique ?
Les QR code donnent accès à toutes les archives photos, vidéos et sonores qui ont fait Béton. Pour chaque chapitre, il y a aussi une playlist avec les sons qui passaient à l’époque. On voulait aller au-delà des limites du livre, rendre les choses plus concrètes. C’est aussi une façon de rappeler des souvenirs à ceux qui ont vécu cette période et de la faire découvrir à ceux qui étaient trop jeunes.

La force de ce livre, c’est qu’il est raconté par les bétonneux eux-mêmes. Il n’y a pas d’autosatisfaction, les témoignages montrent différents points de vue, le style est très oral…
Oui, on a voulu montrer la pluralité des souvenirs, faire témoigner des gens qui sont toujours dans Béton, mais aussi ceux qui ne peuvent plus blairer la radio. Trente ans d’asso c’est pas tout rose, donc il fallait que ce soit le plus proche possible de la réalité, sans retoucher les propos des gens. Puisque Béton à la base c’est quand même une radio !

La troisième partie, qui retrace la période 2006-2015, s’intitule « La maturité ? ». On comprend alors que la radio a grandi, qu’elle s’est assagie. Peut-être trop ?
Certains disent que Béton s’est institutionnalisée parce qu’on fait des concerts au Grand Théâtre. D’autres répondent que c’est dans l’intérêt de la radio de déplacer la culture populaire dans des lieux comme ça. En fait, je crois qu’on avait deux solutions. Soit tourner le dos aux institutions et durer cinq ans maximum. Soit pérenniser la radio et travailler avec des personnes qui ne partagent pas forcément les mêmes idées, sans pour autant se vendre. C’est ce savant mélange que les bétonneux ont réussi à faire. On parle de maturité parce que la troisième décennie a été le moment où les personnes qui géraient Béton ont grandi, où les jeunes cons de l’époque se sont mis en couple et ont fait des enfants. 

On ressent dans certains témoignages une sorte de nostalgie, que ce soit au niveau de la musique ou de l’engagement politique. Est-ce que Béton c’était mieux avant ?  
Les gens qui ont vraiment bossé dans la radio ne peuvent pas dire que c’était mieux avant. Mais pour ceux qui l’écoutaient pour son punk garage et qui aujourd’hui tombent sur un gros son techno un peu club, je pense que oui. Certains ne s’y retrouvent plus du tout. Après, au niveau des fêtes et de l’engagement politique, je pense que c’est surtout la société qui avait l’air mieux avant, car on pouvait faire plus de choses et les jeunes étaient plus engagés. Mais Béton, faut pas non plus le fantasmer, ça n’a jamais été une radio politique qui défendait un parti.

Dans la dernière partie, vous racontez les années 2016-2020. Rassurez-nous, il n’y aura jamais de partenariat avec le Medef ?!
Oui, on a essayé de voir l’avenir ! Ça nous a fait marrer de s’imaginer roi du monde et aussi pourri que le Medef. C’est une réponse à tout ceux qui ont pu dire que Béton était vendue. Alors pour délirer on a forcé le trait comme on sait bien le faire. J’espère que les gens vont se marrer autant que ça nous a fait marrer.

Plus sérieusement, comment s’annonce la suite ?
Dans une certaine continuité. On a l’intention de bosser avec de nouveaux acteurs culturels, de continuer à donner la parole à ceux qui auront envie de créer une émission. On va encore se diversifier, pour ne jamais être nostalgique des années 80 ou 90. Il n’est pas question de devenir des vieux ringards !

Propos recueillis par Camille Petit

Culture, tendances et web #13

Côté chroniques, cette semaine, on s’est intéressé aux albums de Gonzague, Rihanna, à la BD Roma, mais aussi à l’ouvrage « Publier son livre à l’ère numérique ». Sans oublier le classement des animateurs rentables (ou pas, d’ailleurs). En route !

PAUSE_ECRANS_BDLA BD
ROMA
Il s’y sont mis à quatre ! Didier Convard, Eric Adam, Pierre Boisserie et le regretté Gilles Chaillet ont concocté cette fresque gigantesque sur l’histoire de Rome. Le moins que l’on puisse dire est que le résultat est particulièrement bluffant. D’autant plus que dans ce tome 3, c’est Annabel qui illumine, grâce à son trait vif et nerveux, cette saga centrée sur la personnalité de Jules César. Mieux qu’un cours d’Histoire, la BD sert ici une fresque historique incroyablement documentée et qui laisse pantois devant la somme de détails et d’anecdotes ainsi sublimées. Nul doute que sa lecture provoquera bien des vocations et un intérêt croissant sur cette époque.
Hervé Bourit

LE DVD PAUSE_ECRANS_DVD
MISS HOKUSAI
Japon, 1814. O-Ei, fille du peintre reconnu Hokusai, l’épaule dans ses oeuvres mais reste dans l’ombre, sans reconnaissance. Signée Keiichi Hara, cette balade dans l’art pictural nippon mélange les genres. À la croisée entre portrait de femme et biopic, ce sublime animé (la palette graphique est extraordinaire) pourrait tout de même rester un peu trop pointu pour une frange du public qui restera sur le carreau. Les autres se délecteront de cette sortie DVD. Conseil, toutefois : jetez un oeil sur la version collector qui rajoute une interview du dessinateur, mais aussi un making of bien dodu de 2 h !
A.G.

LES CDs
PAUSE_ECRANS_CD1GONZAGUE – SLY (EP)
Mehdi, Charly et Florian, trois Tourangeaux, réchauffent les coeurs et les corps avec leur second EP tout beau, tout chaud : Sly, petit concentré d’une electro-pop chaleureuse et élégant. Quatre titres, tantôt dans la modernité, tantôt dans le old-school pur et dur. Vulture et ses accents 80s s’écoute en buvant un gin, vautré dans son canapé en cuir ; Forest fait remuer du popotin en se dandinant et en fermant les yeux. Slap est un poil moins marquant, mais on ne peut oublier le planant Sly, meilleur titre de cet EP. À quand l’album ?
A.G.
Pour écouter : soundcloud.com/gonzague-gnzg/sets/sly-ep

RIHANNA – ANTI PAUSE_ECRANS_CD2
Travaillé en collaboration avec mister megalo Kanye West, le dernier album de Rihanna a été balancé d’un coup sur Internet… et gratuitement (pendant une période limitée) s’iou plaît ! Divisant les fans (certains ont crié au scandale, d’autres se sont pamés avec ce 8e album), que reste-t-il vraiment d’Anti, au bout de plusieurs écoutes ? Si la belle Rihanna réussit à être parfois percutante (l’excellent « Consideration » et son phrasé délicieux), elle est inégale tout au long de ces 13 titres. Entre le faussement romantique James Joint (en fait, une ode à la cigarette qui fait rire), le ridicule Work en featuring avec Drake, l’ennuyeux Woo… Rihanna n’accouche ici d’aucun tube. Sans prise de risque et inégal, Anti est loin du disque excitant tant attendu.
A.G.

PAUSE_ECRANS_LIVRELE LIVRE
PUBLIER SON LIVRE À L’ÈRE NUMÉRIQUE
Non, l’édition traditionnelle n’est pas incompatible avec l’édition indépendante. C’est un peu le leitmotiv de cet ouvrage exquis, signé Marie-Laure Cahier et Elizabeth Sutton. Petite guide de l’auteur-entrepreneur, facile à lire, cette véritable boussole sur l’auto-édition enchaîne conseils pratiques, témoignages et retours d’expérience. Huit chapitres, documentés et loin d’être ronflants, qui se dévorent. Bref, idéal pour celles et ceux qui souhaiteraient se faire leur stratégie de publication à l’ère numérique. >19 € en librairie physique et online ; ou 4,99 € en ebook (Amazon, ibooks, etc.)

À LA TV 
ANIMATEURS RENTABLES (OU PAS)
Dans son édition de février, le magazine Capital a fait le classement des animateurs télé les plus rentables. Le tout grâce à un calcul savant, concluant en gros sur le rapport qualité/prix d’une émission et donc de celui qui la présente. Les plus rentables sont donc Cyril Hanouna en première position (TPMP), puis Yves Calvi (C dans l’air), Patrick Sabatier et Laurent Ruquier (Mot de passe, ONPC) et Laurence Boccolini (Money Drop). Dans le bas du classement, se trouvent Maïtena Biraben (Grand Journal), Laurence Ferrari (Le Grand 8), Ali Baddou (Le Supplément), Evelyne Thomas (C’est mon choix) et en première position, Valérie Damidot (Le Labo).

INTERNET
GOOGLE À L’AMENDE
Le fisc italien réclame plus de 227 millions d’euros à Google. Le moteur de recherche est accusée d’avoir fraudé le fisc de la péninsule pendant des années. Un porte-parole de Google a affirmé respecter « les lois en matière fiscale dans chaque pays où il [Google] opère. Nous continuons à travailler avec les autorités compétentes. » Ouf, alors…

1,56

En milliard de dollars, ce qu’a gagné Facebook au 4e trimestre 2015, contre… 701 millions fin 2014 ! Une progression constante pour la firme.

Culture, web et tendance #11 (spécial Star Wars)

Pour nos chroniques culture de la semaine, c’est bien évidemment du Spécial Star Wars ! BD, livres ou encore jeu vidéo : suivez le guide.

PAUSE_ECRANS_LIVRELE LIVRE
JE SUIS TON PÈRE
Mettre en parallèle Star Wars et l’histoire de l’Amérique, voire de la société occidentale en général : c’est le pari cassegueule mais diablement réussi de ce Je Suis ton père. Sorti chez Naive livres, cet essai signé de l’historien Thomas Snégaroff est une franche réussite, un passionnant regard sur la culture politique américaine. Sans être ronflant, l’auteur parvient à captiver et raconter comment une nation démocratique peut évoluer vers un « côté obscur ». Piochant aussi bien dans la première trilogie que dans les épisodes plus récents, Snégaroff sort le film culte de la science-fiction et lui offre un regard politique et contemporain. Aussi brillant qu’intéressant. A.G.

LE JEU VIDÉOImage11
STAR WARS : BATTLEFRONT
Vous rêvez d’incarner les personnages mythiques de Star Wars ou de jouer du canon laser à bord d’un légendaire X-Wing ? Alors n’hésitez pas, Star Wars : Battlefront est fait pour vous ! Fidèle à l’esprit de la saga de Lucas, ce FPS familial, porté par des graphismes et une bande-son de folie, vous propose de vous battre du côté de la République ou de l’Empire dans une multitude de parties multijoueurs. Vous pouvez également relever toutes sortes de défis palpitants en solo, en écran partagé ou en coopération en ligne. Bref, difficile de passer à côté si vous êtes du bon côté de la Force.
> Electronic Arts, + 16 ans, Xbox One, de 60 à 70 €.
L. Soon

LE DOCU
STAR WARS – LES ORIGINES DE LA SAGA
Il reste sans doute l’un des meilleurs documentaires sur la saga. Signé Kevin Burns et diffusé notamment par Arte, ces 90 minutes passionnantes font le lien entre l’histoire du film et ses influences : de la mythologie grecque, aux légendes des chevaliers de la Table Ronde, en passant par les valeurs politiques, spirituelles et des travaux anthropologiques : le docu s’appuie sur des extraits des films et fait appel aux différents réalisateurs qui se sont succédé aux commandes de ce gros vaisseau surpuissant qu’est devenu le désormais culte Star Wars.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Giu6-xlng_g[/youtube]

PAUSE_ECRANS_EXTENSIONSUR LE NET
EXTENSION ANTI-STAR WARS
Deux petits malins, Alex Jumasev et Max al Farakh ont eu l’idée de créer une extension sur Google Chrome pour éviter de se faire spoiler le prochain Star Wars. Le principe ? Une fois installé, ce petit module recherche automatiquement la moindre mention de Star Wars sur une page web. Si le fameux titre est mentionné, une alerte est lancée et crie « nooooo ». Cette fonction est baptisée « Star Wars Spoiler Blocker » (pour les intéressé(e)s) et, ô magie, servira aussi à celles et ceux qui en ont simplement marre de voir Star Wars écrit partout sur Internet (et dans tmv, désolé mouahaha).

SUR LE WEB
LA VIE RÊVÉE DES STORMTROOPERS
L’artiste Darryll Jones ne s’arrête jamais : cela fait des mois et des mois que ce photographe propose des clichés intégrant les Stormtroopers (célèbres soldats de La Guerre des étoiles) dans le monde réel. Parfait pour les observer en train de balayer, boire le café, faire du kayak ou encore en balade en amoureux.
PAUSE_ECRANS_WEB

PAUSE_ECRANS_BDLA BD
LES OPUS PANINI COMICS
De nombreux éditeurs de BD se disputent depuis des années la très rentable franchise Star Wars. Au milieu du flot ininterrompu de comics, Panini Comics se distingue avec deux opus qui méritent que l’on s’y attarde. Le premier autour de Dark Vador, personnage emblématique de la saga, et surtout ce « Skywalker passe à l’attaque » où le duo Jason Aaron (scénario) et John Cassaday (dessin) fait des merveilles. La qualité du dessin est au rendez-vous (ce qui n’est pas toujours le cas) et les scénarios tiennent la route (au milieu d’un univers de nullités). Bref deux ouvrages qui vous donneront la force et à savourer vraiment pour mettre un peu de bulles au milieu de l ‘espace. Hervé Bourit Star Wars vous est complètement inconnu ? Vous n’y comprenez pas grand-chose ? Le Monde a publié une petite vidéo toute mignonne et explicative de la saga mythique. Un résumé de la double trilogie en plusieurs chapitres, intitulée « En 10 minutes, Star Wars tu comprendras ». > À voir sur https://dg7k.net/zl3kf

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Le nombre de jours sans se doucher que vont passer des dizaines de fans qui ont déjà commencé à faire la queue devant le cinéma Chinese Theater d’Hollywood : ces fans se sont installés le 5 décembre pour camper et être parmi les premiers à voir le nouveau Star Wars qui sortira le 18 décembre aux États- Unis.

Tours : Un livre contre le cancer

L’initiative originale du comité départemental de la ligue contre le cancer ! Et ils font appel à vous…

Le chiffre est plus qu’inquiétant: 10 000 Tourangelles rencontreront le cancer dans les cinq prochaines années. Le comité d’Indre-et-Loire de la Ligue contre le cancer se lance dans une initiative originale. Pour sensibiliser les femmes aux gestes de prévention, à la vaccination et au dépistage des cancers gynécologiques, Roger Blanchard, l’actuel président, a créé Femme, de mère en fille. Un projet qui, pour voir le jour, a besoin de vous. Une campagne de financement participatif vient d’être postée sur mymajorcompany.com.

Les fonds récoltés (7 200 € espérés d’ici le 17 janvier) serviront à financer partiellement l’impression d’un livre photo réunissant des binômes mère-fille, le tout accompagné de messages percutants. Tiré à 2 000 exemplaires, l’ouvrage sera distribué gratuitement dans les lieux publics. Pour assurer les séances photos, la Ligue a fait appel aux photographes tourangelles Gaëlle Benoit-Caslot et Dominique Couineau.

Le casting a d’ores et déjà commencé. Le comité appelle toutes les mamans et leurs filles à participer (appelez le 02 47 39 20 20).

Pour soutenir le projet : mymajorcompany.com/luttez-contre- le-cancer-du-col-de-l-uterus

Anne-Cécile Cadio

Les légendes de Touraine se racontent aux enfants

Vingt-et-un élèves de l’Esten, l’école multimédia spécialisée dans l’édition et la communication, ont travaillé dur pour sortir Contes et légendes de Touraine. Un ouvrage qu’ils ont réalisé de A à Z, entre aventures épiques et univers fantastique, le tout à la sauce tourangelle…

L'ouvrage sort ce 21 octobre (Photo tmv)
L’ouvrage sort ce 21 octobre (Photo tmv)
(illustration extraite du livre Contes et légendes de Touraine)

Il était une fois des étudiantes et étudiants de l’Esten, à Tours, passionnés par le patrimoine tourangeau. Âgés de 18 à 24 ans, ils s’aimèrent beaucoup, travaillèrent dur et eurent beaucoup d’enfants. Cinqcents au total (oui, ça fait un paquet de bébés) qu’ils appelèrent « Contes et légendes de Touraine ». Parce que c’est vraiment ça dont ont accouché les élèves : un gros bébé de 100 pages. Un chouette ouvrage, sous la bénédiction du directeur de l’Esten Emmanuel Roc, qui sera vendu à Tours et aux alentours. Le résultat de mois de travail pour ces élèves de première année.
« C’est un projet éditorial scolaire : il fallait que l’on réalise un livre, avec pour seule contrainte, de parler de la Touraine. On s’est rendu dans des librairies et on a remarqué que ce qui marchait le mieux, était le marché de l’enfance. Comme la région compte beaucoup d’histoires, le choix était fait… », raconte Julie Allain. Elle est l’une des « chefs » du projet. Le mot n’est pas très joli, mais soyons fous, utilisons-le. Parce que 21 élèves qui se concertent, réfléchissent et bossent ensemble, ça peut vite tourner au grand n’importe quoi. « Les profs sont là pour nous chapeauter, bien sûr, mais on est lâchés dans la nature ! », sourit Julie.

Visiblement, ils ont survécu puisque leur Contes et légendes de Touraine est dans les bacs. Et c’est un livre magnifique. Pro jusqu’au bout de la reliure. Au sommaire, quatorze histoires : du célèbre Fritz l’éléphant à Guipé le pigeon blanc d’Ussé, en passant par la Fontaine des amoureux. « On a effectué un sacré travail de recherche pour toutes ces légendes. Jusqu’à lire des livres en vieux françois. Impossible de faire appel à de vrais auteurs, ils étaient trop chers ! » Alors les étudiants à l’aise avec leur plume se lancent dans la rédaction. Les autres se répartissent la maquette, les dessins (10 à 15 heures par illustration !), les couleurs. « On a tout fait tout seul », souffle Julie. La classe a même été jusqu’à démarcher un créateur de typographie au Danemark ! « On allait payer et en fait, il a adoré le projet. Il nous a permis d’utiliser sa typo gratuitement ! » L’impression, elle, s’est faite en Italie car les tarifs étaient plus bas.

UN LIVRE POUR TOUS

Pas peu fière du travail réalisé par ses coéquipier(e)s et elle, Julie est hyper enthousiaste. Nous montre l’ouvrage. Tourne les pages en souriant. Il y a plein de couleurs, de vie. Les textes se mêlent au dessin. Coeur de cible ? Les 7-8 ans. Si les parents pourront lire ces légendes tourangelles à leurs enfants, ils pourront aussi leur laisser le livre : le format a été adapté pour que les petits puissent le tenir entre leurs mains. Au final, un ouvrage pour les jeunes. Et surtout pour tout public.

(illustration extraite du livre Contes et légendes de Touraine)
(illustration extraite du livre Contes et légendes de Touraine)

Parce qu’après leurs recherches, les étudiants de l’Esten ont bien vu que certaines légendes étaient un peu… trash, dirons-nous. Exemple ? Le coeur Navré, au hasard. Situé près de la rue Colbert, à Tours, ce passage était en fait le chemin emprunté par les condamnés à mort qui allaient se faire zigouiller place Foire-le-Roi, où attendait l’échafaud. Pas franchement jojo pour des enfants… « Même l’histoire de Fritz qui meurt, c’était un peu tendu. On ne voulait pas choquer », souligne justement Julie. Dans leur livre, la mort de l’éléphant est limite poétique : « C’est alors que Fritz quitta ce monde, emportant avec lui tous ses souvenirs du cirque et ses belles découvertes des dernières semaines. »

Désormais, les 21 étudiants croisent les doigts pour que les lecteurs soient au rendez-vous. Sorti ce mercredi 21 octobre, Contes et légendes de Touraine sera vendu dans plusieurs points de vente du coin, notamment à la Boîte à livres et dans des grandes surfaces et à la Fnac (novembre).

EDIT : Claudine Chollet, auteure tourangelle, a rédigé la préface du livre et ce, bénévolement.

Suicide de Jean Germain : un livre pour comprendre

Alain Dayan et Arnaud Roy publient ce jeudi un livre qui revient sur le suicide de Jean Germain, le 7 avril dernier, au matin de l’ouverture du procès de l’affaire des mariages chinois. Interview croisée.

Pourquoi avoir accolé les mots de suicide et de politique dans le titre de votre livre ?
Alain Dayan : Ce qui nous a intéressés, c’est le double sens. C’est évidemment bien plus compliqué que ça, mais c’est la politique qui a tué Jean Germain. La conversation qui ouvre le livre fait d’ailleurs état des différends que l’on a pu avoir au sujet du titre, Arnaud et moi. J’estimais que résumer la vie d’un homme comme lui à son geste final était un raccourci. Mais il y a le mot enquête aussi dans le titre et nous y tenons.

Une enquête, justement, qui met à jour un engrenage fatal dans lequel Jean Germain se serait senti piégé. Dans cet engrenage, quel est le rôle de la justice ?
Arnaud Roy : C’est la première phrase de la lettre d’adieu de Jean Germain… Elle est simple : “ Des indiscrétions de personnels du TGI révoltés me laissent penser que déjà, alors que les débats n’ont pas eu lieu, le ministère public va requérir de la prison ferme à mon encontre, pour des raisons plutôt politiques. C’est insupportable. ”
A.D. : Faire sortir une réquisition une semaine avant un procès, rien que ça… Et quelle réquisition ! Un an de prison ferme pour de tels faits, c’est hallucinant ! Le procès doit s’ouvrir le 13 octobre et c’est une anomalie majeure qu’il ait lieu à Tours. Nous le révélons dans le livre : un des prévenus est lié de façon très proche à quelqu’un dans le tribunal. Il y a donc une interférence suffisamment importante pour que cela pose une question majeure.

Jean GermainDeuxième élément du piège, selon vous : les médias. Pensez- vous vraiment qu’ils en ont rajouté dans le traitement de cette affaire ?
A.R. : En tant que journaliste, je ne pense pas qu’il y ait eu battage médiatique. Il y a eu un traitement classique. On n’est pas sur un traitement de tabloïd à l’anglaise, ni sur une presse très dure à l’américaine. Ici, en Touraine, on est plutôt sur une presse tempérée.
A.D. : Je n’ai jamais dit, moi non plus, qu’il y avait eu un lynchage médiatique et je ne l’ai pas écrit dans le livre. Mais Jean Germain analysait l’époque comme étant particulièrement toxique pour les hommes politiques. Il y a aussi des erreurs qui ont été écrites, involontaires, comme je le dis dans le livre, mais elles faisaient sens pour quelqu’un comme Jean Germain.

Le troisième volet de l’engrenage, c’est le complot politique que vous révélez dans le livre…
A.D. : On avait parlé, en filigrane d’un éventuel corbeau au moment du déclenchement de l’affaire. Nous, nous mettons en évidence le complot politique par lequel tout est arrivé. Il y a, à un moment, des gens qui se sont dit “on va monter un dossier que l’on va envoyer au Canard enchaîné et à la presse locale” pour nuire au maire.
A.R. : Précisons que ce n’est pas du tout un complot de grande envergure. C’est un complot de petitesse, mais un complot qui tue… Il y a la mort d’un homme au bout.

Comment Jean Germain a t-il pu se laisser enfermer ainsi ?
A.R. : Ce qui l’a desservi, je crois, c’était d’être à ce point taiseux et discret. Il parlait de tout cela avec certains de ses amis, mais c’est tout. Il aurait dû, sans doute, allumer des contre-feux, avec la presse, notamment.
A.D. : Et puis il estimait que, franchement, ce qu’il avait à se reprocher allait, à un moment, se dégonfler tout seul…
A.R. : Sa véritable erreur, c’est de ne pas s’être séparé très rapidement de Lise Han…
A.D. : Pour lui, ce qui comptait, c’était que ça marche. La Chine représentait un enjeu très important pour la ville. Il s’est dit que si Lise Han était à la SPL (Société publique locale de tourisme, NDLR) et non plus au cabinet du maire, on ne pourrait plus rien lui reprocher et qu’elle pourrait continuer à travailler. Ça n’était pas dans ses manières de lâcher les gens…

Et la défaite aux municipales, a-t-elle joué un rôle dans son geste ?
A.R. : On ne peut pas le dire catégoriquement… Après la défaite, il a commencé à oublier l’affaire et il était, au contraire, assez épanoui comme sénateur. Il adorait se promener dans le quartier du Luxembourg, auprès des petites librairies où personne ne le reconnaissait. Il vivait dans son appartement à Paris avec sa compagne et il revenait le week-end à Tours. Il était heureux. Il disait lui-même qu’il était soulagé.

Depuis quand mûrissait-il son acte ?
A.R. : On ne sait pas depuis combien de temps il y pensait. Ce que je peux dire avec certitude, c’est que la veille, il avait pris sa décision, puisqu’il a écrit des lettres le 6 et le matin du 7. Le vendredi précédant, il fait la fête comme tous les vendredis midi, au café d’Isa, place des Halles avec ses proches. Le dimanche de Pâques, 48 heures avant le drame, il dit à son frère « s’ils veulent ma peau, je terminerais comme papa. » C’était peut-être une première annonce.

Propos recueillis par Matthieu Pays

>>Alain Dayan a été adjoint au maire de Tours de 1995 à 2014. Il était un ami proche de Jean Germain.
>>Arnaud Roy est journaliste indépendant, il collabore avec différents médias et est cofondateur du site d’informations 37° MAG.

Enquête sur un suicide politique, Jean Germain, maire de Tours. 16,50 €. Cherche midi éditeur.

« L’économie numérique n’existe pas qu’à Paris »

Emmanuel Roc, fondateur de l’école Esten Sup’édition. Il organise le Salon du livre numérique à Tours. Pour lui, la France doit s’ouvrir à l’édition numérique.

Comment est né ce Salon du livre numérique ?
Au départ, je voulais organiser des rencontres professionnelles pour mes étudiants (l’Esten Sup’édition, une école spécialisée dans les métiers de l’édition et de la communication, lire page 5, NDLR). L’idéal pour leur constituer un réseau. On voulait le faire sur Paris, avec des acteurs de l’économie numérique pour un speed dating. Mais c’était très cher à mettre en place. L’opportunité est venue d’une éditrice en Bourgogne qui avait organisé un salon du livre numérique qui avait bien marché. Elle était en reconversion professionnelle et m’a donc cédé le nom. J’ai relié les deux idées et c’est ainsi qu’est né le Salon du livre à Tours. Il permettra aux étudiants de l’Esten de rencontrer des professionnels venus de Paris. J’ai aussi invité des start-up de l’économie numérique en Touraine qui ont toutes été partantes. Et le grand public pourra découvrir un autre univers.

Il y a peu d’événements comme ça en France et dans la région qui permettent aux talents numériques de s’exprimer. Pourquoi ?
Les salons parisiens sont organisés à but lucratif. Le prix des stands est démesuré. Nous avons voulu un prix attractif pour les invités. Leur emplacement leur coûte 250 € (contre parfois 3 000 € à Paris, NDLR). On reste une école…

Emmanuel Roc (Photo Supedition.fr)
Emmanuel Roc (Photo Supedition.fr)

Et côté public ? Il n’y a pas d’intérêt pour l’édition numérique ?
En France, on est en retard concernant le sujet, comparé aux pays anglo-saxons. Le public français doit savoir ce qu’il se passe dans ce domaine pour être ensuite demandeur. C’est pour cela qu’on a étendu le Salon du livre numérique au grand public, à Tours. Le salon va montrer ce qu’on fait avec les tablettes, la presse numérique, les applis jeunesse, etc. Le public pourra essayer des tablettes, télécharger des applications… Celles et ceux qui possèdent déjà une tablette pourront repartir avec plein de livres numériques. Il y aura aussi un stand senior qui expliquera comment ouvrir un compte Amazon, Google, etc. Histoire de mieux appréhender les nouveaux supports.

J’ai envie de vous embêter… « Ah de toute façon, rien ne vaut un vrai livre physique, avec des pages que l’on peut tourner ! »
(Rires) J’adore le livre papier ! Mais le numérique est un complément. D’ailleurs, les ventes de livres n’ont pas chuté avec la venue du numérique. Le secteur se porte toujours bien, notamment les ouvrages jeunesse par exemple. Les deux forment un binôme. Mais je comprends les personnes réfractaires. Pour le salon, ce samedi, il y aura des ateliers d’écriture pour enfants et adultes. Des éditeurs confirmés seront là pour donner des conseils. L’écriture numérique est différente. C’est plus court. Pour reprendre la citation d’un éditeur : « les passages et chapitres sont calibrés par rapport à deux stations de métro ! »

Lors du salon, il y aura des dédicaces numériques. Qu’est-ce que c’est ?
On a développé un système qui permet aux auteurs de dédicacer leurs livres numériques. Cela ne se faisait pas jusqu’à maintenant. Là, les gens pourront tendre leur tablette à l’auteur qui signera avec le doigt ou un stylet. On va présenter ce système en avant-première au salon !

Pour le reste du programme, quelles sont les grandes lignes ?
Le samedi, le grand public pourra télécharger des livres gratuitement, en acheter, il y aura des dédicaces aussi bien papier que numérique, des ateliers d’écriture, de dessin. Et les étudiants de l’Esten présenteront les applis « enfance » qu’ils ont créées, sur le thème contes et légendes. Les enfants pourront découvrir tout cela et jouer.

À Tours, on commence à avoir de sacrés talents numériques, non ?
Je pense à Pirates sur Loire ou encore le pure-player 37°… Oui ! Justement, Pirates sur Loire est partenaire du salon. Ils organisent une chasse au trésor numérique qui partira de la gare et ira jusqu’à l’Institut de Touraine. On a vraiment des talents dans le coin. Le salon met l’accent sur le local, le régional. L’économie numérique n’existe pas qu’à Paris.

Propos recueillis par Aurélien Germain

Salon du livre numérique, les 11 et 12 septembre (vendredi pour les professionnels, samedi pour le grand public). Dès 10 h, à l’Institut de Touraine. Gratuit.
>>lefuturdulivre.com

Au pays de Nébine Dominguez…

Nébine Dominguez est une auteure jeunesse installée à Luynes. Cette maman d’un enfant handicapé vient de sortir le troisième livre d’une saga destinée aux 4-6 ans avec des personnes invalides.

Enceinte de son troisième enfant, Nébine Dominguez est ravie. Elle vient juste de conclure un partenariat avec une grande enseigne de jouets. Du 17 au 31 juillet, elle participera à la première édition de la grande fête du livre jeunesse, Lire en short. Une nouvelle récompense pour cette maman qui se bat depuis la naissance, en 2003, de son premier garçon, atteint d’une maladie orpheline et lourdement handicapé. Lasse des moqueries que son fils subissait, cette femme d’affaires passionnée par l’écriture a décidé d’agir à sa manière.

Nébine Dominguez

« Je me sentais frustrée, il fallait que je trouve un moyen pour lui venir en aide. Je me suis rendue compte que dans les histoires que je lui lisais, il n’y avait pas de petit enfant en fauteuil roulant. Mon idée a donc été d’introduire des personnages handicapés dans mes contes. L’objectif est que les parents puissent aborder ce sujet afin que leurs enfants ayant vus des personnages invalides ne les perçoivent plus comme différents. »
Au total, Nébine a imaginé neuf tomes dans lesquels évolue une bande de fruits délurés, le tout illustré par Olivia de Bona, parus aux éditions Paja. Dans ce nouvel opus, Les vacances des fruits Kiki, l’auteure aborde avec tendresse et poésie le thème des inégalités face aux vacances.
Un récit où évoluent entre autres Kikille la myrtille, Koko la banane, Kass et Kroute les tomates ; des fruits de terre qui rencontrent des fruits de mer… Cette collection « Yes they can » a même touché des personnalités du milieu artistique : Béatrice Dalle, Alice Pol et Frank Sorbier viennent de s’associer à la promotion des livres de la Tourangelle.

Anne-Cécile Cadio

Plus d’infos sur nebine.fr

Sport lol #18

Toute l’actu sportive… mais décalée. Cette semaine, Ronaldo a pris cher par une playmate et Amaury Leveaux se lâche.

TU L’AS DIT !
« Personne ne pourra me faire croire que Sugar Ray Robinson et Mohamed Ali sont meilleurs que moi. » Le boxeur Floyd Mayweather fait de nouveau parler de lui. Ce samedi 2 mai, il affrontera Manny Pacquaio pour un des combats les plus attendus de l’Histoire. Tellement attendu qu’une place devant le ring coûte 118 000 $. Tranquilou.

ÇA C’EST FAIT !
Quand le nageur Amaury Leveaux sort un bouquin de souvenirs sur l’envers du décor de la natation, ça s’appelle Sexe, drogue et natation (rien que ça). Extrait ? « Certains d’entre nous ne crachent pas sur un petit rail de temps en temps. Pour d’autres, ce n’est plus un rail, c’est carrément une autoroute. »

LE TOP
200 000 €, c’est le don qu’a fait un anonyme à la petite commune de Frelinghien (Nord) pour financer la future salle des sports. Sans ce coup de pouce, c’était presque peine perdue, en raison de la baisse des dotations.

LE FLOP
Visiblement, Cristiano Ronaldo ne plaît pas à la sublime Daisy Olie, la playmate belge de 23 ans (on est sympas, on vous file son Instagram). Elle a déclaré : « Des joueurs comme lui ne m’attirent pas du tout. C’est le genre d’homme qui a plus de sacoches Vuitton® dans son armoire que sa femme. » Pan.

Chroniques culture #50

Et de cinquante ! Voilà notre 50e épisode des chroniques culture. De Manson à Saints Row, en passant par l’Homme qui marche et James Brown.

LE DVD
GET ON UP
De James Brown, on connaît ses chansons cultes. Du Mister Dynamite, on connaît moins l’homme pas si funky que ça, le parano, violent, autoritaire ; le mégalo derrière la légende. Ce biopic de Tate Taylor offre une vision éclairée et électrisante de la sex machine. Le must étant cette tripotée de bonus, offerts sur une copie Blu-ray de toute beauté : version digitale version UV, scènes coupées, alternatives, interprétations des chansons complètes et une tonne de suppléments. De la bombe !
A.G.

LA BD
L’HOMME QUI MARCHE
À l’heure où le 42e Festival d’Angoulême va lui consacrer une grande exposition, Jiro Taniguchi voit enfin l’intégralité de son oeuvre publiée en France. C’est le cas de la magnifique réédition proposée par les Éditions Casterman (avec des histoires inédites, des planches couleur et une nouvelle traduction). Cet Homme qui marche, c’est bien sûr Taniguchi lui-même qui nous invite autant à la réflexion sur le temps qui passe qu’à la rêverie sur notre avenir. Magnifique et indispensable.
Hervé Bourit

LE CD
THE PALE EMPEROR – MARILYN MANSON
Et si Manson était un peu plus Marilyn ? Aux oubliettes, le maître de la provoc’ des années 90-2000 qui terrorisait les mamans. Désormais, Marilyn Manson est adulte. Plus inspiré, aussi, avec cet album vintage qui fera (peutêtre ?) grincer des dents les fans de la première heure. The Pale Emperor navigue dans des eaux troubles, un peu bluesy, un peu atmosphériques, mélodico-mélancoliques. Loin de son metal habituel, nourri d’une basse sourde, un album prenant et surprenant.
A.G.

LE JEU VIDÉO
SAINTS ROW – GAT OUT OF HELL
La météo ne vous donne pas envie de sortir ? Alors pourquoi ne pas défier Satan himself dans un GTA-like délirant ? Fans de Saints Row, prenez le contrôle de Johnny Gat ou de Kinzie Kensington et semez le chaos en enfer dans le politiquement incorrect Gat Out Of Hell. Disponible en standalone sur PS3 et Xbox 360, cette extension signe également l’arrivée remarquée de la saga sur PS4 et Xbox One.
> Deep Silver, + 18 ans, PS3, PS4, PC, Xbox 360, Xbox One.
L.Soon

 

 

Chroniques culture #48 (spécial #JeSuisCharlie)

#JeSuisCharlie. Cette semaine, chroniques spéciales pour numéro spéciales… On vous laisse découvrir (avec une petite touche de nostalgie tiens).

LE LIVRE
CHARLIE HEBDO : LES 1 000 UNES
Les Unes sulfureuses, c’était leur truc. Du genre à traîner les fous furieux de Charlie de procès en procès. Mais ils en sortaient toujours avec un gros doigt d’honneur pointé à la face des bien-pensants. Énorme pavé politiquement incorrect, cet ouvrage mythique s’étire de 1992 à 2011 : Cabu, Tardi, Riss, Luz, Honoré, Kamagurka, Wolinski et tant d’autres… La liberté d’expression et de pensée, c’est aussi se replonger dans ce gros bazar coloré, foutraque et hilarant.
A.G.

LA BD
CABU L’INTÉGRALE BEAUF
Parce qu’avec la disparition de Cabu, on a tous et toutes perdu un copain. Un copain qui avait pondu, en 1973 dans les pages de Charlie Hebdo, le Beauf. L’archétype du Franchouillard bête et méchant, râleur, raciste, odieux. Le pilier de bar obsédé sexuel. Le pire du pire. L’intégrale beauf, c’est 300 pages de strips, BD, dessins et inédits. Et c’est toujours un plaisir de (re)découvrir la bête. Car derrière cette pourriture, il y avait un crayon, une main, un homme, un tendre, un vrai.
A.G.

LE LIVRE
PEUT-ON (ENCORE) RIRE DE TOUT ?
Punaise, en voilà un titre qui laisse un goût amer… N’empêche qu’on a envie de le lire et le relire, ce joli petit bouquin bien sympa. En préface, Cabu (encore lui, on sait) rappelait que « ni les religions et leurs intégristes, ni les idéologies et leurs militants, ni les bien-pensants et leurs préjugés ne doivent pouvoir entraver le droit à la caricature, fût-elle excessive ». Franchement, que dire de plus ? (À la question posée dans le titre, nous on a envie de dire oui. Bam.)
A.G.

Chroniques culture #41

Chaque semaine, on vous décortique les nouveautés bd, dvd, cd…

LE LIVRE
CONVERSATIONS AVEC JIMMY PAGE
À 70 ans, le légendaire guitariste de Led Zeppelin sort enfin son autobiographie (éditions Ring), sous forme de conversations menées par le journaliste Brad Tolinski. Des entretiens, extrêmement précis, où chaque ligne transpire le rock, le savoir musical. On oublie le format bête et méchant de la simple biographie ; cette fois-ci, on explore un agencement différent, où la lecture se veut soudainement bien plus agréable.
Conversations avec Jimmy Page, ce n’est pas franchement des confidences sur sa vie de débauche (drogues, occultisme, sexe…), mais davantage une bible, où Page décrypte la musique comme personne, de son passage chez les Yardbirds à l’immense groupe qu’était Led Zep et ses techniques musicales révolutionnaires : il revient tour à tour sur le travail en studio ou encore la confection de pédales pour son instrument, ses modèles de guitares ou encore le placement des micros lors des enregistrements (un des passages-clé de l’ouvrage). Passionnant.
A.G.

LE JEU VIDÉO
CIVILIZATION, BEYOND EARTH
Les nuits promettent d’être courtes pour tous les amateurs de stratégie… Pour la première fois de son histoire, la célèbre saga Civilization se conjugue au futur dans Beyond Earth. Vous allez donc devoir coloniser une planète lointaine pour assurer l’avenir de l’humanité. Au programme, développement des échanges commerciaux, action, quêtes diverses… Le nouveau Sid Meier ne devrait pas décevoir les fans de remue-méninges virtuels.
+ 12 ans, PC, 50 €.
L.Soon

LA BD
MERCI
« Un pays qui a peur de sa jeunesse est un pays qui a perdu sa foi en l’avenir. » Alors Zidrou, l’un des scénaristes les plus doués de sa génération, relève le défi avec cette histoire de Merci. Cette jeune ado au look gothique et aux idées bien arrêtées, se voit confier par le juge pour enfants le défi de transformer la vie publique de sa commune. Sous le trait d’Arno Monin, la métamorphose est radicale et subtile et le résultat une pure merveille. Un conte moderne qu’on lit avec plaisir !
Hervé Bourit

LE CD
EZ3KIEL – LUX
Ez3kiel n’a qu’un moteur : la liberté. Toujours en mouvement, jamais à une curiosité près, le groupe tourangeau est en passe de devenir, doucement mais sûrement, une des valeurs sûres du rock hexagonal. Rock ? Encore à voir… De l’electro, de l’expérimental, du numérique, de l’onirique, il y a de tout dans ce Lux qui n’en est pas un. Une écoute, trois mesures, et vous serez scotchés, happés par cet univers rythmique et envoûtant. À tmv, on adore…
M.P.

>>>Un petit teasing pour Jimmy Page ?
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x2713ri_teaser-conversations-avec-jimmy-page-l-autobiographie-evenement-de-l-annee_news[/dailymotion]

Chroniques culture #39

Cette semaine, on passe de Marianne Faithfull, à un livre superbe, en passant par de la BD et un jeu vidéo.

LE LIVRE
10 ANS DE PHOTO
Plus qu’un livre de photos, c’est un ouvrage de photographes. Il y a tout pile 10 ans, une bande d’allumés du déclencheur créaient une association pour mutualiser les coûts de diffusion sur le net, tout en conservant leur indépendance. Ils sont aujourd’hui une centaine de free-lance, de toute la France et, pour fêter leur anniversaire, ils sortent un super bouquin avec leurs meilleures images commentées. Franchement, ça vaut le coût…
M.P.

Marianne Faithfull.

LE CD
GIVE MY LOVE… MARIANNE FAITHFULL
Depuis son album Before the Poison (2004), Marianne Faithfull est rentrée dans un nouvel âge musical : celui de la justesse, de la gravité. À 67 ans, elle revisite sa vie chaotique, bouleversée par les abus et les amours déchues. Sa voix rocailleuse accroche les riffs de basses folk, les sons blues d’harmonica. Elle reprend avec une certaine ironie le Going home de Leonard Cohen, s’imagine en Pirate Jenny dans Give my love to London. Sans le chercher, elle rentre dans la légende du rock.
B.R.

LA BD
FATALE
Après l’adaptation de La Princesse de Sang, Max Cabanes se lance une nouvelle fois dans l’adaptation d’un polar de Jean-Patrick Manchette. L’histoire de cette femme débarquée de nulle part, observatrice d’un monde bourgeois d’une ville portuaire se débattant avec ses petits secrets, est un pur régal. Jamais le mélange du polar et du 9e art n’ont aussi bien fonctionné tant le dessin magnifie littéralement le texte jusqu’à l’explosion finale.
Hervé Bourit

LE JEU VIDÉO
LA TERRE DU MILIEU
Découvrez l’origine des Anneaux du pouvoir et affrontez votre plus grand ennemi dans La Terre du Milieu : l’ombre du Mordor. Incroyablement addictif, nettement moins bourrin que prévu, le nouveau jeu d’action/ aventure de Warner est le défouloir musclé que vous attendiez. Pas de doute, vous allez adorer attaquer-bloquer- achever les orques par paquets de cent. Alors aiguisez vos épées…
+ 18 ans, PC, PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One, de 50 à 60 €.
L Soon

Quinzaine du livre jeunesse 2014

La quinzaine du livre jeunesse 2014 a lieu du vendredi 17 au dimanche 19 octobre. Rencontre avec Aude Girardeau qui coordonne cet événement.

quinzaine livre jeunesse 2014
Pouvez-vous expliquer le fonctionnement de cette quinzaine ?
Comme à chaque édition, entre septembre 2013 et juin 2014, nous avons fait se réunir différents comités de lecture qui ont donné leur avis sur des centaines de livres. Enseignants, libraires, retraités : ils ont sélectionné 350 nouveautés de la littérature pour enfant aux romans pour jeunes adultes. Ces livres vont être ensuite présentés pendant ces trois jours à l’Hôtel de ville de Tours. Le grand public pourra les acheter, discuter avec les libraires présents. Mais la grande force de la quinzaine, c’est que ces livres vont ensuite circuler dans des centaines de structures scolaires, des bibliothèques.
Existe-il d’autres événements comme le vôtre en France ?
Il est unique. Plus que ces trois jours à la mairie de Tours, c’est une boîte à outils qui a permis de développer l’intérêt pour la littérature jeunesse dans le département. Pendant de nombreuses années, beaucoup d’enseignants étaient réticents à ce type de littérature. Des parents d’élèves ont été très engagés pour faire émerger la littérature jeunesse en Indre-et- Loire. Les professeurs documentalistes ont vite pris le relais.
La littérature jeunesse fait-elle plus lire les jeunes ?
Oui, mais c’est en général assez facile d’intéresser les très jeunes enfants à la lecture. Ça se complique en général pendant le collège. La littérature ado et la bande dessinée permet de traiter des sujets lourds, qui les touchent, par un biais souvent léger, de faire un pas de côté. Un bon ouvrage jeunesse, pour moi, c’est un livre facile d’accès et de qualité.
Dans l’édition, le livre numérique pourrait tout chambouler, qu’en est-il dans la littérature jeunesse ?
C’est encore balbutiant. Il y a des tentatives sur tablette, mais peu sont concluantes. Je crois que les livres jeunesse seront un peu plus épargnés. Contrairement aux poches, le choix du papier, de leur forme, leur toucher font partie de l’expérience. Les auteurs et les éditeurs s’attachent à en faire des objets particuliers.
Pour retrouver le programme complet sur le site de la Ligue de l’enseignement d’Indre-et-Loire.

Prix du roman tmv : bravo Léonor !

Elle a reçu le premier prix du roman tmv. Récit d’un joli moment de partage, en direct de la Boîte à Livres.

(Photo Hugues Le Guellec)
(Photo Hugues Le Guellec)

Elle arrivait de Rouen, Léonor, où elle avait donné un concert la veille au soir. Car, en plus d’écrire des romans qui gagnent des prix, elle est musicienne. Elle portait sous le bras son joli violon de concert, dans une belle house bleu marine. Elle repartait à midi car, s’excusait-elle « elle devait répéter l’après-midi même à Paris ». Mais ça tombait bien : en prenant le train de 6 h 24, elle avait pu arriver juste à temps. Juste à temps pour recevoir son Prix du roman tmv, le premier du nom.
Nous lui avons expliqué, à Léonor, que ce sont les lecteurs de tmv et les clients de La Boîte à Livres qui nous avaient livré leurs coups de cœur littéraires de l’année. Que nous avions choisi cinq romans parmi ceux dont ils nous avaient parlé et qu’au terme d’une délibération acharnée, c’est sur son livre à elle que notre choix final s’était arrêté. Que nous avions été séduits par son style fluide, sa façon de nous embarquer dans le voyage intérieur de son personnage, tout ça.
Elle en a été toute chose, Léonor. Alors, elle nous a dit comment elle écrivait, son père sculpteur, ses années passées près de Carrare, en Italie, son goût pour les phrases et le travail bien faits. Elle nous a dit que l’on pouvait mener de front deux carrières artistiques, une de romancière et une de musicienne, mais que cela demandait du travail. Et un peu d’organisation. Elle nous a dit qu’elle aimait beaucoup venir discuter avec ses lecteurs, dans les librairies, dans les lycées, partout. En mots simples, elle nous a expliqué sa drôle de vie. « Je croyais que mon existence de romancière serait plus tranquille que celle de musicienne, en fait il n’en est rien. Dans un cas comme dans l’autre, on passe ses journées dans des trains pour aller d’une ville à une autre. »
Heureusement, elle peut travailler n’importe où, en voyage comme dans une chambre d’hôtel. Elle nous a dit aussi comment, comme une historienne, elle aimait s’emparer d’un univers, d’une histoire, pour la retranscrire ensuite à ses lecteurs. Nous avons bu un café, puis un autre café, puis nous nous sommes séparés. Mais pas pour longtemps : avec son prix du roman, Léonor a reçu une invitation pour une escapade à Tours (nuit à l’Univers, dîner au Barju, un coucou à tmv et à La Boîte à Livres). Nous, nous sommes repartis avec un mot sur notre exemplaire de Pietra Viva : « À toute l’équipe de tmv, en souvenir de la remise du prix et de ce beau moment d’échange. Amitiés. Léonor. »
√ EN BREF
LE ROMAN
Pietra Viva part d’un épisode réel et peu connu de la vie de Michel-Ange. En 1505, le sculpteur s’éloigne de Rome pendant six mois et part à Carrare, dans les carrières de marbre où il aura une « révélation ». Le reste de l’intrigue, bien sûr, est imaginaire. Dans le roman de Léonor de Récondo, l’artiste bouleversé par la mort d’un jeune moine et hanté par le souvenir d’une mère disparue, entame un voyage intérieur au bout duquel il doit se réconcilier avec luimême et avec son art. On y croise des personnages étranges et poétiques (un enfant plein de caractère, un homme qui se prend pour un cheval…). La Boîte à Livres vient de refaire son stock de Pietra Viva : courez l’acheter !
SES AUTRES LIVRES
Rêves oubliés Paru en 2012 et plusieurs fois réédité, c’est un roman sur l’exil. Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Aïta, Ama et leurs trois enfants sont contraints de fuir l’Espagne franquiste. Réfugiés en France, ils ont tout à reconstruire… Et aussi, son premier roman, La grâce du cyprès blanc (Le temps qu’il fait, 2010).

Librairies : fin de Chapitre

Les librairies Chapitre sont en cessation de paiement. Celle des Deux-Lions pourrait donc prochainement fermer.

Chapitre à Tours
Coup dur pour le centre commercial des Deux Lions, la libraire Chapitre installée au centre commercial de l’Heure Tranquille pourrait fermer. Le directeur de la galerie, Fabrice Robert, a déclaré dans la Nouvelle République : « Ça ferait un petit coup, mais on est actuellement dans une bonne dynamique. Mango va ouvrir, un restaurant et une boutique de cosmétiques vont suivre mi-décembre. De plus en plus d’enseignes s’intéressent à nous, en partie grâce au tram. »
Les librairies Chapitre traversent depuis le début de l’année une tempête financière et se sont retrouvées en cessation de paiement devant le tribunal administratif de Paris, la semaine dernière. Lundi, la justice a décidé de placer le groupe sous contrôle judiciaire afin de favoriser la reprise des 53 librairies, qui emploient plus de 1 000 salariés en France.
Pertes
Pas de surprise pour Chapitre qui avait déjà tiré la sonnette d’alarme en avril dernier. La direction avait annoncé la suppression de 271 postes avant de revenir sur cette annonce et de mettre en vente la totalité de ses librairies. La date butoir, pour la reprise des enseignes, était le 2 décembre. À ce jour, seules quatre librairies ont été rachetées.
Depuis sa création en 2009, le réseau de librairie créé à partir du site internet chapitre.com n’a jamais vraiment fonctionné. En 2011, le groupe a enregistré plus de 20 millions d’euros de pertes et l’année suivante, 17 millions.
« Catastrophe »
À l’origine, les libraires Chapitre devaient refléter ce qui se faisait sur le site internet, notamment la reprise et la vente de livres d’occasion. La marque est la propriété d’Actissia, un géant de la distribution du livre dans l’Hexagone, juste derrière la Fnac, qui possède également France-Loisirs. «
Quelques mois après la disparition de Virgin, c’est la seconde fois en 2013 que des choix ignorant les fondamentaux de la librairie conduisent à la catastrophe », a déclaré le Syndicat national du livre dans un communiqué. La boutique de Tours n’est toujours pas fixée sur son sort et la seule issue serait la reprise de l’enseigne par une autre librairie indépendante.

Le chapiteau du livre de retour

Cinquième édition pour l’évènement littéraire majeur de Touraine

Saint-Cyr-sur-Loire, c’est un peu la ville de l’écriture. Balzac l’avait choisie. Tout comme Anatole France, Bergson ou encore Tocqueville. Et, comme le Chapiteau du Livre s’y plaît plutôt, il revient pour sa cinquième édition, les 25 et 26 mai, au coeur du Parc de la Perraudière. Entièrement gratuite, la manifestation s’adresse à un large public, afin de lui proposer dédicaces et contacts avec plus d’une centaine d’auteurs et d’éditeurs.
En vrac ? Citons Olivier de Serres, Jean- Jacques Astruc, Jean Goblet, Jean- Pierre Coffe, Jean-François Kahn ou encore Janick Chesneau et Guy de Saint-Roch… La livre se meurt ? Pas sûr ! Près de 10 000 visiteurs sont attendus à cet événement littéraire phare en Touraine. Tandis que le jury (emmené par Mireille Meunier Saint-Cricq) détermine les Plumes d’or et d’argent et les jeunes talents. Des conférences sont aussi prévues, ainsi qu’une dictée publique !
Samedi 25 mai, à partir de 14 h, et dimanche 26, à partir de 10 h. Conférence de Philippe Charlier, le 24 mai à 20 h 30. Plus d’infos sur www.chapiteaudu- livre.com

Francis Métivier, auteur rock et philo

Dans son dernier livre Rock’n philo, Francis Métivier associe le rock’n roll à la philosophie. Le but : rendre accessible à tous la matière philosophique. Tout un programme !

Francis Métivier est l’auteur d’un livre qui décoiffe la façon d’apprendre la philo et de voir le rock’n’roll : Rock’n philo. Rencontre.

Francis Métivier est l'auteur du livre mêlant philosophie et rock'n roll : Rock'n philo. (Photo dr)

Á notre arrivée chez Francis Métivier, c’est une poule qui nous accueille. Celle du rockeur-philosophe. L’auteur du livre Rock’n philo nous reçoit dans sa belle maison d’architecte en bois, près de Chinon. Accessible, rieur, c’est le premier livre grand public du philosophe : « J’ai bien réalisé quelques publications auparavant mais je pense qu’en tout, seules trois personnes les ont lues. » Ce n’est pas le cas de Rock’n philo qui a été reçu avec enthousiasme dans les médias nationaux. Francis Métivier est passé, entre autres, dans Libération, Marianne, sur France culture et même sur Radio Canada. Ce début de célébrité, il le doit avant tout à un concept original. Si le titre, la couverture du livre et le sommaire ont l’air légers, ce n’est pas le cas du contenu. « C’est difficile de simplifier la philosophie, de la vulgariser. En l’associant avec le rock, j’ai créé une porte d’entrée. » Que les élèves de terminale se réjouissent, tout le programme de philo est abordé. Seulement, le thème du désir traité par Platon, est associé à la chanson One de U2. Autre exemple : le fameux « je pense donc je suis » de Descartes se retrouve expliqué avec Where is my mind des Pixies.

La musique et la philosophie ont toujours été très liées chez Francis Métivier. Sa rencontre avec ces deux domaines s’est passée alors qu’il avait 13 ans. Il commence à jouer de la guitare et découvre le groupe Led Zeppelin. «J’étais très étonné de ne rien comprendre à la chanson Stairway to heaven. Au même moment, j’étudiais en classe un texte de Platon sur la mort de Socrate. Là aussi le sens m’échappait. » Ces deux passions ne le quitteront jamais. Le rock va devenir son activité annexe. Il fera ses études en philosophie à Tours puis à la Sorbonne à Paris.

Le livre Rock'n philo est sorti juste avant l'été. Il est en vente dans toutes les bonnes librairies. Edition Bréal, 20€. (Photo dr)

Un prof pas comme les autres. Désormais enseignant dans un lycée à Saumur, il va lancer prochainement une « tournée » de conférences un peu spéciale. L’idée : parler des concepts philosophiques en les illustrant par de la musique live. Le premier de ces concerts d’un nouveau genre est prévu à Marseille.

Bouillonnant d’idées, Francis Métivier doit faire partie de ces professeurs qui laissent un souvenir indélébile à ses élèves. Un professeur qui n’hésite pas à monter sur scène pour parler philosophie en faisant des solos de guitares.

Dans le salon de Francis Métivier