Culture, tendances & web #24

Des gros sous-sous pour James Bond au piratage de LinkedIN, en passant par les chroniques de la compil’ Aucard et de la BD érotique : voilà le programme.

PAUSE_ECRANS_BDLA BD
JULIA
Dans le monde du 9e Art, la BD érotique représente un continent à elle toute seule. Si le genre compte des auteurs phares, comme Manara ou Serpieri, il existe aussi des structures dynamiques comme Dynamite qui nous ressort des tiroirs un des chefs-d’oeuvre du genre. Avec son personnage Julie, devenue Julia au fil de ses aventures, le dessinateur Olson n’a rien à envier aux plus grands. Certes, on y retrouve toutes les figures imposées de ce style qui s’adresse à un public adulte averti. Mais le trait incroyable de cet auteur, qui se bonifie de pages en pages, et les multiples rebondissements subis par l’héroïne parviennent à dépasser les carcans du genre. Un résultat plutôt bluffant !
Hervé Bourit

LE DVD PAUSE_ECRANS_DVD
LES 8 SALOPARDS
Western à huis-clos étouffant, la dernière offrande de Tarantino avait divisé à sa sortie. En cause, l’overdose provoquée par un Quentinou qui s’auto-parodiait (dialogues exquis à rallonge, surenchère dans le gore…). Le film possédait toutefois une photographie de toute beauté (tourné en 70 mm, CQFD) et de nombreuses séquences jubilatoires. Les fans du réalisateur pourront donc se régaler avec cette version blu-ray qui a la bonne idée de proposer, en suppléments, un entretien avec le cinéaste et les comédiens, une présentation du procédé 70 mm par Samuel L.Jackson et un bonus moins indispensable sur l’avant-première parisienne.
A. G.

Image27LE CD 
COMPILATION AUCARD DE TOURS
Aucard revient bientôt à Tours pour sa 31e édition (lire p.8) ! À cette occasion, Radio Béton a sorti une petite compile bien dodue avec ses 16 titres, tous de groupes prévus au festival cette année. Les habitués de Radio Béton reconnaîtront la plupart. Le néophyte, lui, se régalera de la grosse claque infligée par Sapiens Sapiens ou du rap sans concession de notre Nivek local. Fidèle à son esprit hétéroclite, le rock côtoie ici l’electro et le punk, en même temps que Debout sur le zinc se fait enchaîner direct par un Francky goes to Pointe-a-Pitre délicieusement ensoleillé. Une compilation idéale à se mettre sous la dent (ou dans les oreilles, suivant vos goûts) avant d’aller se trémousser à Aucard.
> Compile à gagner sur Radio Béton et à Aucard avec « des jeux démoniaques » dixit l’orga !
A.G.

SUPERGROUPE PAUSE_ECRANS_MUSIQUE
ON A LA RAGE
Prophets of Rage, c’est le nom du nouveau supergroupe qui devrait faire causer très prochainement. Si les internautes ont d’abord crû à une reformation de Rage against the machine (dont nous), il s’agirait en fait, d’après Billboard, d’un projet réunissant une partie du groupe culte certes… mais sans son chanteur, et accompagné aussi des membres de Public Enemy et Cypress Hill. Bref, une troupe bien énervée et engagée quand on connaît les loustics, à l’heure où les révoltes sociales se font entendre. Timing parfait !

AU CINÉ
CIAO JAMES BOND
La production lui a proposé 88,5 millions de dollars… mais ça n’a pas suffit. Daniel Craig a refusé la proposition en or de la MGM après avoir passé quatre films à interpréter James Bond. Un rôle qui l’a eu à l’usure, avait-il déclaré. En attendant, c’est Tom Hiddleston (vu dans Avengers et High Rise) qui a fait trembler les cinéphiles… et parieurs ! Après sa rencontre avec la productrice de la saga, l’acteur a affolé les compteurs. Le porte-parole de Coral, un site de paris en ligne, a indiqué au Telegraph : « Les sommes gigantesques investies sur Tom Hiddleston nous ont forcés à arrêter les paris. »

Capture

Salon de l’érotisme de Tours : entre chaud et business

Des sex-toys par milliers, un rodéo sur un zizi mécanique et un gros paquet de sourires : on vous ramène nos souvenirs du Salon de l’érotisme à Tours, qui s’est tenu du 7 au 8 novembre 2015.

Que faire un samedi après-midi de novembre ? Se faire un petit plaisir charnel en zieutant Les Carnets de Julie suivi de Questions pour un champion sur France 3 ? Profiter des derniers rayons de soleil en buvant une Despé’ hors de prix Place Plum’ (« c’est parce qu’il y a une rondelle de citron avec, monsieur ») ? Ou bien prendre la température du Salon de l’érotisme au Parc des expos ?

Choisir sa tenue même si l’habit ne pas le moine.

 Va pour le troisième choix, Marcel ! (oui, on vous appelle comme je veux) Nous voilà donc devant l’Antre de l’érotisme – et plus si affinités – bref, Eropolis comme on l’appelle dans le milieu. Ici, tout, tout, tout, vous saurez tout sur le zizi.  En arrivant dans l’après-midi, il y a déjà la queue. [interlude : voilà, il fallait visiblement que l’on place ce fameux calembour utilisé à tout va par les journalistes dès lors qu’ils traitent du sujet] Ce qui est drôle, c’est d’observer les gens. Au Salon de l’érotisme, pas de regard de travers. Tout le monde vient comme bon lui semble. Eropolis aurait dû piquer le « venez comme vous êtes » à Mc Do. Ce jour-là, on croise tour à tour des visiteuses en tenue sexy, des hommes travestis, des jeunes couples, comme des papys mamies (plus rare, certes) ; à vue d’œil un public composé de 40 % de femmes et 60 % d’hommes. Tranquilou, Bilou. Pas de honte, ni gêne.

ALORS ON DANSE (bon, tout nu, ok)

  La majeure partie de l’espace est occupée par des stands de jouets, divers et variés, de tenues, costumes, ou autres ustensiles incroyables (mon dieu, qu’est-ce que c’est que cet avant-bras ?!). Car érotisme rime avec business. Le sexe fait vendre, c’est bien connu. Tout est bon pour appâter le chaland. Les vendeurs et vendeuses sont beaux/belles, ont la tchatche et savent vous faire rester (et acheter). D’un coup d’un seul, on se fait alpaguer par l’une d’elles. Boum, nous voilà debout, droit comme un piquet, à nous faire masser par deux appareils à trois pattes qui vibrent. Ça passe dans le dos, sur les jambes, dans la nuque. « On doit l’utiliser avec de l’huile de massage. Si vous voulez, on en a à la barbe à papa, au chocolat, ou encore à la framboise. Ça peut rapidement faire monter la température, mais vous pouvez aussi le faire seul, chez vous, si vous avez des douleurs musculaires », me dit-elle. On s’imagine au lit en train de nous auto-masser après notre footing. Ouarf !

Le zizi mécanique attend son rodéo.
Le zizi mécanique attend son rodéo.

Ailleurs, les couples s’agglutinent devant la lingerie affriolante. Du slip en cuir à ouverture-zipette facile aux bas résilles graou-graou. Pour le reste, ce sont surtout les vibromasseurs ultra-perfectionnés qui font les yeux doux aux porte-monnaie des couples. Sous une tente, un homme vante les bienfaits de son « gloss fellation ». Sous ses airs de Salon à bonne humeur (on ne le renie pas), Eropolis est aussi un marché XXL, une vitrine à ne pas louper pour les commerçants des joujoux coquins.
Quelques instants après, on croise un ami journaliste. Son joli badge « PRESSE » (écrit en très gros) a la classe. Nous, nous n’en avons pas pris. OUI, MONSIEUR ! Investigation, reportage inside, Bernard de la Villardière-style ! Visiblement surpris, il bredouille en nous voyant là : « Tu couvres le Salon pour tmv ? Tu as choisi quel angle ? », demande-t-il. Moui, moui, coquinou. Ne fais donc pas semblant de parler boulot !

On continue un peu plus loin pour s’apercevoir que quelques stands proposent aussi des lap dances privées. Les prix varient entre 40 € le petit strip-tease pépère à 80 € le show où l’on peut huiler madame. Perchée sur ses talons, en string et les jambes enveloppées dans des bas, Sophia a l’œil qui brille. Sourit aux clients qui s’approchent. Elle enchaînera les strips pendant deux jours. « Aussi bien pour des personnes seules que pour des couples ! Ce n’est pas réservé qu’aux hommes ou aux célibataires », indique l’hôtesse d’accueil. Après plusieurs recherches internet délicates (ah, quel métier difficile), nous apprendrons que ladite Sophia est aussi actrice X de chez Dorcel. C’est qu’on côtoie les stars, à tmv, non mais !

ZIZI, HYPNOTIQUE ET MÉCANIQUE

« J’veux desceeeendre »

A côté dudit stand trône un tout gros zizi. Mécanique. Il tourne, tourne et tourne sur lui-même. Se cambre, penche, se relève. Diantre, c’est que c’est hypnotique ce machin-là ! Il s’agit en fait d’un rodéo-pénis (on n’a pas trouvé mieux comme terme, désolé). Comme les taureaux mécaniques, mais en plus phallique. Une dizaine de filles vont alors se succéder pour chevaucher la bête et essayer de rester le plus longtemps possible dessus, après avoir payé 5 € de participation. Chacune enfile une paire de gant et zou ! En voiture, Simone. Dans le public, on rigole, on commente, on philosophe. Le zizi continue de tournicoter et de faire valser les courageuses, sous une pluie de stroboscopes et de grosse techno qui fait boum-boum-boum. Finalement, la gagnante – une petite brune qui a tenu plus d’une minute – remporte un strip-tease privé avec un gentil monsieur tout de cuir vêtu et aux fesses douces et imberbes. Félicitations !

Plus loin, l’espace X (comprenez vraiment hard) est rempli jusqu’au slip. Grosse ambiance. Il faut débourser 3 € de plus pour y accéder et montrer patte blanche : ici, s’enchaînent les strip-tease très très chauds sur scène, mais aussi des tournages de scènes porno. L’ambiance est plus qu’étrange. Rivés aux devants de la scène, des jeunes venus entre potes pour se marrer. D’autres pour mater. Des messieurs au regard lubrique filment la fornication avec autant d’attention qu’un Scorcese du X… Mais au milieu, il y a aussi des couples. Bien plus qu’on ne le pense. « C’est que ça va nous exciter, ça », soufflent deux amoureux, la trentaine. D’autres débattent ardemment sur la circonférence impressionnante de l’attribut du monsieur tout nu qui enchaîne les positions comme un robot sans âme. Tmv reste un peu perplexe devant cette partie spéciale du Salon. Mais les goûts et les couleurs, n’est-ce pas ?

  Il est 20 h 30 et nous piétinons au Salon de l’érotisme depuis plus de 3 h (ah quel métier difficile, bis). Après avoir éclusé une bière à 6 € (ça, c’est tout de même moins sexy) et un Ice-Tea en canette à 3 € (le business, qu’on vous dit), nous quittons l’ambiance tamisée du Parc expo. Au loin, les visiteurs continuent à sourire, se bidonner, ou faire des rencontres dans de gros canapés blancs.  Une fois dehors, on se rend compte à quel point le Salon de l’érotisme est une sorte de monde à part. Où l’inhibition n’existe plus vraiment. Qui ramène des milliers de personnes, de tous âges, toutes catégories socio-professionnelles confondues. Dingue tout de même.
Allez, on dit merci qui… ?

>>Plus de photos sur le site de la Nouvelle République (qui a un plus gros objectif que le nôtre, mais c’est pas la taille qui compte !) : JUSTE ICI !

Sex tape : la débandade

Rigolo mais un poil trop vulgaire ; divertissant sans être exaltant… On a connu plus excitant.

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Sujet sexy, petit côté geek, une bande-annonce bien fichue et titre plus qu’explicite… Cela aura-t-il suffi à Sex Tape, dernier bébé de Jake Kasdan, pour éviter la débandade ? Véritable four aux États- Unis, la comédie du réalisateur de Bad Teacher a été assassinée par les critiques outre-Atlantique. Budget de 40 millions de dollars loin d’être à l’équilibre, mauvais scores au box-office… Côté sexy, on repassera. Pourtant, tout n’est pas à jeter dans cette comédie. Loin de là, même.

Dans Sex Tape, Jay et Annie sont amoureux comme aux premiers jours. Premiers jours durant lesquels ils passaient leur temps à faire l’amour : partout, toujours, avec passion. Sauf qu’après dix ans de mariage (et la venue de deux enfants, argh !), le désir s’est érodé. La première scène est parlante : un mélange entre Bridget Jones et une comédie des frères Farrelly, avec Annie (jouée par Cameron Diaz), blogueuse modèle des mamans américaines, qui se remémore les parties de jambes en l’air endiablées. « Eh, on devrait faire l’amour jeudi ! La dernière fois, c’était quand on a acheté des serviettes. » La phrase est lancée. Le couple décide, un soir où les enfants sont absents, de pimenter un peu sa vie sexuelle. Raviver la flamme en filmant leurs ébats.

L’idée fonctionne, jusqu’à ce que la vidéo soit enregistrée par mégarde sur un serveur et envoyée sur toutes les tablettes numériques offertes à leur entourage. Du patron jusqu’au facteur ! S’enchaîne alors une course-poursuite burlesque pour récupérer les fameux IPad, nourrie par une succession de vannes plus ou moins grossières, mais qui prêtent constamment à sourire. Déjà parce que les dialogues sont construits à la manière d’un Jason Sudeikis : incisifs, débités avec concision, bon mot sur bon mot filant comme des missiles. Sans temps mort. Aussi, parce que le casting fait le job avec précision. Étonnamment, on retient d’ailleurs moins le jeu des acteurs principaux (Cameron Diaz et Jason Segel d’How I Met Your Mother) que la performance des seconds couteaux. Notamment l’excellent Rob Lowe, dans son rôle de patron BCBG le jour et cocaïnomane mégalo adepte de thrash metal la nuit (LA séquence du film) ! Dans cette débauche de blagounettes, la vulgarité fait son trou. Trop, peut-être. Tout comme Apple qui y fait son placement de produit de l’année… On pense aussi rapidement à ce triste écho avec l’actualité et ces photos nues de stars, piratées et dévoilées récemment… Enfin, Sex Tape est aussi une analyse, certes pas franchement finaude, sur le couple, sa routine, le sexe, l’amour et le désir. Et dans tout ça, on rit un peu, on sourit beaucoup. C’est déjà ça.

>> Comédie américaine de Jake Kasdan. Durée : 1 h 35. Avec Cameron Diaz, Jason Segel, Rob Corddry…