Hyena : film coup de poing

Un film anglais violent sur un flic corrompu jusqu’à la moelle et une vision d’une ville de Londres cauchemardesque…

Hyena
Une ruelle sombre, quatre silhouettes de gorille se découpent dans la lumière des néons. Gros bras et envie d’en découdre, seule leur petite casquette quadrillée de noir et de blanc indique leur métier. Ils sont policiers. Le look de malfrat ne fait pas le moine. Beat techno en fond sonore, ils rentrent dans un club et fracassent des crânes, la fumée envahit le cadre. Le stroboscope aveugle ses occupants, le ton est donné. Hyena ne fait pas de concession.

Le film suit cette bande de loubards immoraux, de justiciers abîmés dans les bas-fonds de Londres. Fumette, rail de coke, verres de whisky, ces flics cassent de la tronche sans vergogne et se servent comme ils peuvent dans les trafics en tout genre. À leur tête, Michael Logan, cheveux gras peignés en arrière, le leader dépenaillé collectionne les magouilles. Les frontières entre truands et policiers n’existent plus dans cette fiction. La routine malsaine de la bande va finalement prendre un autre tournant avec l’arrivée de deux nouveaux chefs de gangs albanais qui repoussent les limites de la sauvagerie ambiante.
Spirale infernale, Hyena filme la violence pure, la bêtise immorale, le carpediem version mafia sanguinaire. L’histoire avance à coup de crosse, de flingues, sans aucune autre ligne que ce mal qui englue chaque personnage. Dire que Hyena est sombre serait un euphémisme. Le long-métrage de Gérard Johnson fait figure d’uppercut au cinéma d’action, un direct du droite en pleine face du film policier. Ni vraiment polar, ni tout à fait thriller, l’oeuvre du réalisateur britannique plonge dans la sueur, le sang et les immondices. Jeu d’acteur nerveux, sur le fil, Hyena n’a d’autre ambition que de faire ressentir la peur d’une descente aux enfers.

Le film est souligné par la musique magistrale de Matt Johnson, l’ancien leader du groupe The The. Synthé vintage, rythme entêtant, il joue avec la même agressivité que les images. Une bande originale terrifiante qui trouve son point d’orgue dans la scène finale, angoissante au possible (rassurez-vous, pas de spoiler !). Hyena est tout sauf un film d’écriture, son scénario un peu vide en atteste. C’est une oeuvre physique qui se vit comme une lutte cinématographique, qui s’éprouve jusqu’à l’écoeurement, stylise la cruauté, esthétise un monde où le plus fort est celui qui manie le mieux la machette.

>>Hyena de Gerard Johnson. Drame policier britannique. Durée : 1 h 52. Avec Peter Ferdinando, Stephen Graham, Neil Maskell, Richard Dormer, Elisa Lasowski, Myanna Buring, Tony Pitts.
NOTE : **

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NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime