Amir et Mina se prennent les pieds dans le tapis

Un film d’animation un peu maigrelet, quelques clichés et une histoire pauvrette de tapis volant : on ne s’est pas vraiment envolés avec Amir et Mina qui sort ce mercredi au ciné.

Amir est un jeune garçon intrépide. Un beau jour, ce doux rêveur s’envole sur un tapis volant aux côtés de sa chèvre de compagnie Raya. Débarquant dans la ville d’un sultan, il est guidé par une fille qui va devenir son amie. Ensemble, ces aventuriers vont affronter voleurs, gardes et crocodiles…

Rien qu’avec son synopsis, « Amir et Mina : les aventures du tapis volant » semblait déjà mal parti. L’argument sur lequel repose ce film d’animation danois paraît bien maigre.
S’il est pourtant pertinent par écrit (il s’agit là d’une adaptation du livre Hodja fra Pjort, d’Ole Lund Kirkegaard), il est en revanche plus délicat de le mettre en images sur une telle durée (1 h 20 au compteur)… surtout avec si peu de moyens.

Car Amir et Mina reste bien peu inspiré malgré ses bonnes intentions, ses jolis décors et son envie de bien faire. Ici, il est tout autant difficile de rentrer dans l’histoire que de s’attacher aux personnages. Trop faiblard pour s’y concentrer, le récit tourne rapidement en rond et ne parvient pas à intéresser plus d’une demi-heure.

Tuant dans l’oeuf toutes ses bonnes idées (la chèvre est drôle au départ, mais devient vite agaçante), lesté de clichés (les personnages chinois et africains…), pas même relevé par sa partition musicale interminable et ennuyeuse, Amir et Mina fait pâle figure dans sa catégorie à côté de ses voisins.
D’autant que son esthétique plus sage que les Pixar et consorts, couplée à un cruel manque de rythme et une animation pas vraiment folichonne, finissent de faire d’elle une production pauvrette.
Vite vu, vite oublié.

Film d’animation, de Karsten Kiillerich (Danemark). Durée : 1 h 20.
> NOTE : 1,5/5

Mika & Sebastian : l’aventure de la poire géante

Adapté d’un best-seller danois, Mika & Sebastian : l’aventure de la poire géante séduira les plus petits, mais les adultes pourront trouver le temps long…

PAUSE_CINE

Au Danemark, c’est un best-seller. La Fabuleuse histoire de la poire géante, paru en 2012 et sorti depuis dans une dizaine de pays, est un monument de la littérature jeunesse scandinave (plus de 60 000 exemplaires vendus chez nos amis danois).
Un roman graphique signé Jakob Martin Strid qui n’attendait donc qu’une chose : se voir transposé sur grand écran.

Voilà donc l’adaptation cinématographique Mika & Sebastian : l’aventure de la poire géante. L’histoire commence dans le port de Solby : un chat et un éléphant trouvent un jour une bouteille à la mer, dans laquelle se trouve une petite graine qui va se transformer en poire géante et un message mystérieux. Celui-ci aurait-il été envoyé par leur ami disparu ?

Les voici alors qui embarquent dans l’aventure avec le professeur Glucose (et vous, gentils parents accompagnant vos enfants) . Il est évident qu’au premier coup d’oeil, Mika & Sebastian apparaît comme un film d’animation clairement destiné aux petits à partir de 4 ans.
Entre ses graphismes simplistes, ses personnages enfantins, ses couleurs pastel et une esthétique globale relativement plate, le film ne s’encombre pas (on reste dans un récit initiatique naïf du « oulala, le courage et l’amitié, c’est important »). Il souhaite simplement accrocher la rétine des nos chères petites têtes blondes. Ce qui fonctionnera forcément avec le jeune public, beaucoup moins avec les adultes qui pourront trouver le temps long.

Si l’ensemble est assez foutraque, la poésie qui enveloppe cette production danoise fonctionne assez bien. On préféra donc, et de loin, son modèle littéraire qui avait une saveur toute particulière. Car ici, au final, rien de bien foufou à se mettre sous la dent pour cette aventure de la poire géante qui manque de pêche (désolé).

> Animation, de Jorgen Lerdam et Philip Einstein Lipski (Danemark). Durée : 1 h 19.
> NOTE : 2/5 

#WTF 43 : Quand Jésus vole à la Fnac

Jésus à la fnac, masturbation à l’armée, championnat de flemme et prince du Danemark sont à la Une de l’actu insolite et WTF de la semaine !

[nrm_embed]<iframe src= »https://giphy.com/embed/rgtnnViLq7Aoo » width= »480″ height= »337″ frameBorder= »0″ class= »giphy-embed » allowFullScreen></iframe><p><a href= »https://giphy.com/gifs/jesus-payback-dance-rgtnnViLq7Aoo »>via GIPHY</a></p>[/nrm_embed]

> Il y a quelques jours, la police de Nantes est appelée par la Fnac qui vient de signaler un vol, dont le préjudice est estimé à près de 350 €. Interpellé et au moment de décliner son identité, l’homme a affirmé s’appeler Jésus-Christ. Souffrant de troubles psychiatriques, il a ensuite expliqué aux policiers qu’il avait volé pour offrir des cadeaux à l’archange Gabriel, « afin de sauver le monde après le déluge ». Début août, le même Jésus avait déjà été arrêté, pour avoir volé un téléphone portable en menaçant la victime avec une machette. Il avait déclaré à l’époque être « né le 25 décembre de l’an zéro ».

> Limiter la pratique de la masturbation chez ses recrues, voilà ce que souhaite l’armée chinoise. Elle a donc décidé de mettre en place des critères de sélection plus stricts à l’entrée. En effet, la Chine affirme que 8 % des candidats ne sont pas retenus pour cause de « veine testiculaire hypertrophiée », une particularité qui s’expliquerait d’après l’armée par un excès de masturbation, de jeux vidéo et un manque de sport.

> C’est au mois d’octobre que devrait se tenir le Championnat international de flemme. L’Etno Village, au Monténégro, organise cette compétition d’un autre genre depuis 2012. Les participants doivent rester allongés, sans se lever, ni aller au petit coin. Ils peuvent manger et bien sûr dormir. L’an dernier, le champion – un Bosnien – a tenu 33 h 30.

> Le Prince du Danemark s’est fait recaler de l’entrée d’un bar en Australie, car il n’avait pas ses papiers sur lui, prouvant qu’il était majeur. Il a 49 ans…

Les Oubliés – Land of mine : la page oubliée de l’Histoire

Chapitre sombre de l’Histoire, Les Oubliés est une véritable déflagration. Le film de Martin Zandvliet est l’un des immanquables de ce début d’année.

(Photo Koch Films GmbH)
(Photo Koch Films GmbH)

C’est l’un des crimes de guerre les plus sordides qu’il y ait eu. C’est, paradoxalement, un fait historique complètement occulté. Oublié. C’était à la fin de la Seconde Guerre mondiale, au Danemark. Le gouvernement, contournant la Convention de Genève, oblige de jeunes Allemands prisonniers — à peine sortis de l’adolescence — à déminer leurs plages et leurs côtes. Ils ont entre 15 et 18 ans. Sur ces 2 000 « gamins », plus de mille perdront la vie ou seront mutilés.

Les Oubliés (Under Sandet / Land of mine en VO) retrace ce terrible épisode. C’est une histoire de haine, comme dans toutes les guerres. Mais aussi de pardon, de rédemption. Et de survie.
Aussi impitoyable que réaliste, Les Oubliés fait l’effet d’une bombe. Véritable déflagration émotionnelle, le film de Martin Zandvliet raconte avec brio et sans misérabilisme aucun ce chapitre sombre de l’Histoire. Servi par des acteurs débutants tout bonnement excellents, embelli par une musique d’une parfaite justesse, Les Oubliés est aussi d’une rudesse terrible. En témoigne cette violente séquence d’ouverture, brutale et sans concession (on pense rapidement à Full Metal Jacket).

Parallèlement au récit de ces jeunes Allemands démineurs, il y a aussi le portrait de cet officier danois, chargé de les commander, mais brûlant de colère. Avide de vengeance envers les Nazis, inhumain dans ses méthodes, il finit par s’ouvrir et se rendre compte que ces ennemis ne sont en fait « que des gosses qui chialent pour revoir leur mère ». Magistralement interprété par Roland Møller, le personnage, subtil, est d’une complexité renversante.

Soigné, intelligent tant dans son timing que son découpage, tragique dans son thème, Les Oubliés a beau être cruel et marquant, il est surtout immanquable.

Aurélien Germain

> Drame historique (Dan./All.), de Martin Zandvliet. Durée : 1 h 36. Avec Roland Møller,Joel Basman, Mikkel Boe Folsgaard, Louis Hofman…
> NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=UJ2ypxh2MKI[/youtube]

Men & Chicken : absurde et jubilatoire

De l’absurde, du foufou, du WTF : Men & Chicken débarque sur nos écrans. Un film hybride, mais terriblement malin.

Chicken Run chez Men & Chicken.
Chicken Run chez Men & Chicken.

Un OFNI. Un objet filmique non-identifié. C’est un peu ça, Men & Chicken : un extra-terrestre, une tambouille cinématographique à la fois déroutante, hilarante, perturbante, touchante.
Pondu par Anders Thomas Jensen (Les Bouchers verts, Adam’s apple…), ce Men & Chicken suit Gabriel et Elias qui viennent de perdre leur père. Ce dernier leur a laissé une vidéo, dans laquelle il leur annonce ne pas être leur père biologique. Les demi-frères vont alors tenter de rencontrer Evelio, leur vrai papa, généticien vivant dans une maison à la limite du sordide, où vivent aussi leurs autres frères… plutôt étranges.

Démarre alors un film rocambolesque, une fresque bizarroïde absurde, un drame complexe, un « freak show » déjanté dans un quasi huis-clos. Le tout, enveloppé dans un humour noir déroutant (la scène Bible/Darwinisme est grandiose). Difficile, d’ailleurs, de décrire Men & Chicken. Parce qu’à chaque séquence, le spectateur est trimballé dans des montagnes russes d’émotion et d’illogisme. Délicieusement fou, jubilatoire dans son postulat « on-ne-choisit-pas-sa-famille », traitant avec brio du rapport homme/animal, Men & Chicken est par ailleurs emmené par une tripotée d’acteurs extraordinaires, tant par leur jeu que leur physique (Mads Mikkelsen, méconnaissable en masturbateur compulsif !!).

Ce conte philosophique – aussi farfelu soit-il – a le mérite de prendre des risques, bousculer le public, entretenir une atmosphère drôle et inquiétante en même temps. Quitte à choquer ? Oui, assurément. Même lors d’une morale finale 100 % amorale. Irrévérencieux, le film de Thomas Jensen l’est donc jusqu’au bout de la pellicule. Iconoclaste, pas franchement grand public, certes. Mais à découvrir de toute urgence.

Aurélien Germain

> Comédie dramatique, d’Anders Thomas Jensen (Danemark). Durée : 1 h 38. Avec Mads Mikkelsen, David Dencik, Nikolaj Lie Kaas…
> NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=sNLp6V8tMoI[/youtube]