Chroniques culture #70

Cette semaine, on fêtera la rentrée avec le groupe Ghost et son nouvel album, un DVD pas flippant, contrairement au jeu vidéo Until Dawn, ainsi qu’une BD estampillée DSK…

LE DVD
OUIJA
Arnaque pseudo-horrifique signée Stile Whites, Ouija met en scène un groupe d’ados essayant de communiquer à l’aide d’une planche ouija avec leur amie décédée. Entre vengeance post-mortem et spiritismew, le film noie ses thèmes pourtant intéressants sous une tonne de clichés éculés. Convenu et téléphoné, d’une bêtise abyssale et surtout pas flippant pour un sou, Ouija ne peut même pas se rattraper avec les maigres suppléments de sa version Blu-ray (mini docu et copie digitale).
A.G.
>>Sortie le 8 septembre.

LE CD
GHOST – MELIORA
Imagerie sombre (tous les membres sont masqués et leur identité reste secrète), mélange de hard-rock et de pop, groupe à la fois haï et adoré… les Suédois de Ghost continuent leur chemin avec ce troisième album. Peu de changement au programme, entre science du riff entêtant et délicieux refrains obsédants : leur rock est propre, léché ; les mélodies douces et enivrantes, parfois parsemées de trouvailles bienvenues. Le Fantôme parvient à nous hanter. Un futur classique ?
A.G.

LE JEU VIDÉO
UNTIL DAWN
Si Massacre à la tronçonneuse fait partie de vos films cultes, laissez-vous séduire par le nouveau survival-horror de Sony. Flippant à souhait, ce jeu vous propose de rejoindre dans une cabane perdue un groupe de huit amis pourchassés par un psychopathe sanguinaire et masqué. Inutile de préciser qu’ils n’ont qu’une nuit pour sauver leur peau. Reprenant tous les codes des films d’horreur, Until Dawn est le « flip » incontournable de la rentrée. Un must.
>>Sony, + 18 ans, PS4, 60 €.
L. Soon

LA BD
LE PROCÈS CARLTON
« Tout ça pour ça », a-t-on entendu à la fin de ce procès où Dominique Strauss-Kahn tenait la vedette. Pascale Robert- Diard, journaliste au Monde, et Francois Boucq aux croquis d’audience, relatent avec humour et justesse ce grand déballage pour rien. Cela donne un ouvrage fascinant sur le fonctionnement de la justice où le trait de Boucq fait mouche à chaque page et confirme qu’il est vraiment l’un des auteurs les plus doués de sa génération.
Hervé Bourit

Ouija : l’arnaque pseudo-horrifique

Une arnaque pseudo horrifique d’un ennui profond et d’une bêtise abyssale. Pas flippant pour un sou, un vrai gâchis.

Ouija

« Je ne sais pas si je veux jouer à ça. » Deux petites filles fixent une table ouija , cette planche fréquemment utilisée aux États- Unis pour les séances de spiritisme. « Tu verras, c’est amusant. Mais il ne faut pas jouer toute seule. » Ce que l’une d’elles, Debbie, fera des années plus tard… avant de se pendre.

D’une scène d’ouverture pleine de promesses, Ouija va pourtant rapidement s’embourber dans une production d’ « épouvante » sans épaisseur ni substance. Abordant les thèmes du spiritisme (les anciens amis de Debbie, intrigués de sa mort, vont aussi utiliser une planche ouija pour lui tailler un brin de causette dans l’au-delà) et de la vengeance post-mortem, Ouija joue sur tous les poncifs les plus éculés qui soient.
Téléphoné et convenu, il multiplie les jumpscare foireux – ce procédé utilisé pour faire sursauter le spectateur : lumière qui s’éteint, bruit dans les murs et porte qui claque, main furtive… Cliché jusqu’à la moelle, Ouija n’est qu’une énième série B peu intéressante et pas effrayante.

Il faut dire que derrière la caméra se cache Stiles White, le scénariste de Possédée ou encore de la purge Prédictions, avec Nicolas Cage, et sa détestable propagande scientologique. Pourtant, Ouija, par ailleurs doté d’une photographie léchée, avait du potentiel. Quelques rares séquences, assez bien ficelées, sortent parfois du lot. Maigre compensation… Filmé avec les pieds, Ouija souffre aussi de dialogues bas du front, d’une narration inexistante et d’acteurs de seconde zone (Olivia Cooke est très jolie mais a le charisme d’une huître). Le tout, maltraité par un montage catastrophique.
Le réalisateur n’est cependant pas le seul à blâmer dans ce naufrage. Ouija était-il déjà mort-né ? Une mise en route tardive (le projet date de 2008 !), des investisseurs et des producteurs frileux, un scénario bancal réécrit, des scènes reshootées après le tournage et la moitié du film remaniée à la demande du studio…

À côté de ça, Ouija est produit par la société de Michael Bay, main dans la main avec Jason Blum. Autrement dit, une compagnie friande de bobines d’horreur/épouvante bas de gamme et spécialiste des remakes lamentables (elle a notamment ruiné le pourtant culte Massacre à la tronçonneuse et a enfanté la saga American Nightmare). Outre-Atlantique, Ouija, dézingué par la critique, a remporté 100 millions de dollars, alors qu’il n’en a coûté que cinq. En résumé, à la sauce Paranormal Activity : budget mini pour rentabilité maxi, enrobé d’un je-m’en-foutisme latent. Bref, pas besoin d’avoir une planche ouija pour comprendre comment a pu naître cette horreur…

Aurélien Germain

Épouvante/horreur, de Stiles White (USA). Durée : 1 h 30. Avec Olivia Cooke, Ana Coto, Douglas Smith…
NOTE : X

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=9MKHpjrocNo[/youtube]

NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime