Greta : thriller psychologique 100 % féminin

Chloë Grace Moretz se retrouve entre les griffes d’Isabelle Huppert, veuve psychopathe qui a bien décidé de ne pas la laisser partir…

 

En deuil de sa mère, la jeune Frances se lie d’amitié avec Greta, une veuve accueillante en mal de compagnie, à qui elle vient de ramener son sac à main après l’avoir trouvé dans le métro.
Mais très vite, Frances va se rendre compte que cette nouvelle connaissance ne lui veut pas forcément que du bien. Le harcèlement commence…

Un thriller psychologique signé Neil Jordan (auteur d’Entretien avec un vampire ou encore showrunner pour Les Borgias), avec en tête d’affiche Chloë Grace Moretz et Isabelle Huppert ? Sur le papier, Greta fait envie. Dans les faits, il montre en fait rapidement ses limites.

Pourtant, Greta maîtrise habilement sa gestion du suspense. La tournure quasi-horrifique et inquiétante du troisième acte permet également de surélever les promesses de départ. Et même si Chloë Grace Moretz est trop fade dans son personnage, Isabelle Huppert se révèle en revanche flippante en froide psychopathe et semble y prendre malin plaisir !

Malheureusement, Greta se prend les pieds dans le tapis. Dès le départ, d’abord, avec une introduction expédiée à la va-vite : survolée, l’accroche est si rapide qu’il est impossible de s’identifier aux protagonistes, de s’y lier ou d’apporter un tant soit peu de crédibilité à leur profil.

Pour le reste, dans ce récit balisé, les clichés s’enchaînent et la mise en scène, conventionnelle et trop classique, n’aide pas. Quant au travail sonore, Neil Jordan a cette tendance insupportable à surligner ses intentions par une musique appuyée lors des scènes de tension.
De quoi en amoindrir toute la portée et frôler parfois le ridicule.

Si l’idée d’un thriller 100 % féminin donnant une autre couleur à l’ensemble, était bonne, Greta s’avère finalement assez décevant et ne révolutionnera pas grand-chose au genre. Frustrant.


> Thriller (USA). Durée : 1 h 38. De Neil Jordan. Avec : Isabelle Huppert, Chloë Grace Moretz, Maïka Monroe…

> NOTE : 2,5/5 

Girls only, un peu léger

Sous ses faux airs de comédie sentimentale, un gentil film positif sur le changement de vie. Trop léger pour marquer.

CINE_PAP

Présenté au festival Sundance début 2014 et sorti aux États-Unis en octobre dernier, c’est seulement maintenant que Girls only débarque sur nos écrans. Étonnant, d’autant qu’il est vendu en France comme une énième comédie romantique à l’eau de rose pour filles. Il suffit de voir les avant-premières « réservées » à la gent féminine, l’affiche gnangnan et ce titre ridicule, Girls only (« Filles seulement »). Alors qu’outre-Atlantique, le film s’appelle Laggies, qu’on pourrait traduire par flâneuses…

Pourtant, derrière cet emballage marketing ronflant, Girls only s’adresse à un public bien plus large. Loin d’être la rom-com de base, il s’agit surtout d’une petite comédie sur l’âge et le désir de changer sa vie. Megan (Keira Knightley) est une trentenaire, éternelle adulescente qui préfère prendre la vie comme elle vient. Les responsabilités ? Pas pour elle ! Tout le contraire de son groupe d’amies. Même âge, mais préoccupations différentes : bien installées dans leur vie, avenir tout tracé entre mari, gosses et quotidien ronflant. Quand le fiancé de Megan la demande en mariage, elle prend la fuite, apeurée, et se réfugie chez une ado de 16 ans (Chloë Grace Moretz) qui vit chez son père (Sam Rockwell). Elle va alors s’occuper des problèmes de la jeune fille plutôt que des siens… Dans Girls only, Lynn Sheldon, réalisatrice du remarqué Humpday, se focalise sur une semaine de la vie de Megan, cette période de flottement en forme de dilemme : accepter une vie plan-plan qui ne lui convient pas, ou écouter son cœur et tout plaquer ?

Pour y parvenir, la cinéaste utilise à merveille le brillant duo Keira Knightley et Chloë Grace Moretz. La première, vue dans Pirates des Caraïbes, est toujours aussi belle, minaude et assure son rôle de femme paumée. La seconde, étoile montante depuis Kick- Ass, crève toujours autant l’écran. D’une sincérité désarmante, elle donne de l’épaisseur à ce personnage coincé entre ses hormones et sa vie de famille compliquée. Dommage que le père, joué par l’excellent Sam Rockwell (le psychopathe dans La Ligne verte, c’est lui !), soit aussi peu exploité. Passionnant au début, il finit par être transparent.
En cause, l’écriture faiblarde du film, ainsi qu’un scénario bien trop maigre et qui ne tient pas toutes ses promesses. Lynn Sheldon multiplie les bonnes idées, mais reste constamment à la surface des choses. Dans ce cadre balisé, elle finit par promener sa comédie en laisse, à un rythme bien trop sage et ennuyeux. Girls only reste évidemment agréable et divertissant. Mais malgré son joli sujet, sa petite morale (il n’y a pas d’âge pour changer de vie) et ses quelques qualités, il peine à convaincre.

Comédie (USA). Durée : 1 h 41. De Lynn Sheldon, avec Chloë Grace Moretz, Keira Knightley, Sam Rockwell, Mark Webber…

NOTE : *
Aurélien Germain
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Lpip8Hkax8c[/youtube]

NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime