The Boyfriend : une comédie qui fait le job

Comédie potache, graveleuse et vulgos, The Boyfriend se la joue Mon Beau-Père et moi… en bien plus trash !

PAUSE_CINE

Attention, débranchez votre cerveau dans 3, 2, 1… Il est évident que The Boyfriend (sous-titré Pourquoi Lui ?) n’apportera rien au genre éculé de la comédie papa-contre-petit-ami-de-fifille. Il est évident, aussi, qu’il s’attirera son lot de critiques assassines. Car The Boyfriend manie l’humour vulgos/scato/sexo/gros mots. L’utilise beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Il faut dire que côté producteur, il y a Ben Stiller, derrière une idée du trublion Jonah Hill. Bref, bienvenue devant The Boyfriend, resucée 2.0 de Mon Beau-père et moi version trash.

Le pitch tient sur les doigts d’une seule main d’un manchot : The Boyfriend est la rencontre entre un père de famille et son futur gendre. Soit Laird, milliardaire grâce à Internet, tatoué, dément et porté sur le mot « fuck », autant que sur les allusions coquines.
Au casting, il y a déjà Bryan Cranston (le père dans Malcolm), en papa bien sous tous rapports. Un poil coincé, les traits rigides, engoncé dans ses habits bien repassés. En face, James Franco, déjanté et survolté.

Les premières minutes donnent le ton : ce sera grivois au possible. Et du grand n’importe quoi. Les vannes fusent. Le réalisateur John Hamburg (auteur de Polly & moi et scénariste du pathétique Zoolander 2) balance un humour aussi gros que gras. James Franco, délicieux en gendre imbuvable et foldingue, fait le show à lui tout seul. Dans le registre graveleux, le comédien y va à fond, quitte à trop en faire (y aurait-il d’ailleurs une part d’impro ?) et donner le tournis.

Car The Boyfriend ne s’arrête jamais et torpille à tout va jusqu’à, quelques fois, finir par perdre de sa force comique. Un gros quart d’heure aurait peut-être mérité de disparaître (ah, la morale bébête), histoire de recentrer The Boyfriend sur ce qu’il est : un film avec zéro subtilité, mais bizarrement réjouissant. Un plaisir coupable ?

> Comédie, de John Hamburg (USA). Durée : 1 h 47. Avec Bryan Cranston, Zoey Deutch, James Franco…
> Note : 3/5

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Dalton Trumbo : Guerre Froide à Hollywood

Dalton Trumbo sort sur nos écrans le 27 avril. Idéal pour se faire une petite piqûre de rappel historique sur la chasse aux sorcières qui a opéré en Amérique… et à Hollywood.

De Breaking Bad à Dalton Trumbo.

C’était le temps de la chasse aux sorcières. C’était le temps du Maccarthysme. C’était le temps de la Guerre Froide. Où, même à Hollywood, on traquait « les Rouges ». Dalton Trumbo fut l’une des figures emblématiques de cette période : un scénariste idolâtré et réputé – le meilleur disait-on à l’époque – tombé en disgrâce après avoir été placé sur la liste noire en raison de ses sympathies pour le communisme…

C’est cette histoire vraie qu’a voulu raconter Jay Roach, auteur d’Austin Powers ou encore Mon Beau-père et moi. Dans ce biopic élégant et passionnant, le cinéaste s’applique à suivre le fameux Dalton Trumbo, de sa confrontation au Congrès à son passage en prison, en passant par son exil et ses Oscars.
Interprété de façon irréprochable par l’excellent Bryan Cranston (le papa de Malcolm et Walter White dans Breaking Bad, oui oui !), Dalton Trumbo sait aussi s’entourer d’une brillante galerie de personnages. Parmi eux, John Goodman toujours aussi imposant et surtout Helen Mirren, exquise en chroniqueuse perfide et so chic !

Outre cette plongée dans les coulisses hollywoodiennes, dans une époque pas franchement glorieuse, le film de Jay Roach parvient aussi à saisir les conséquences de la clandestinité de Trumbo, entre vies brisées, instabilité familiale, lâchetés et injustices.
Et même si, dans la forme, Dalton Trumbo souffre évidemment de ce côté ronflant propre au genre du biopic (tout ça est un peu plat), il dépasse ce travers avec de subtils dialogues et des répliques assassines pour la plupart authentiques (« Il y a beaucoup de questions auxquelles il ne peut être répondu par oui ou non, que par un imbécile ou un esclave », dit Trumbo face au Congrès). Un portrait intéressant qui, certes aurait mérité d’accentuer son côté poil à gratter, mais qui se pose comme un plaidoyer politique et donne matière à réflexion.

Aurélien Germain

> Biopic, de Jay Roach (États-Unis). Durée : 2 h 04. Avec Bryan Cranston, Helen Mirren, Diane Lane…
> Note : 3,5/5 

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