Inferno : le film infernal

C’est reparti pour un tour, avec une nouvelle adaptation d’un des romans de Dan Brown. Loin d’avoir cassé le box-office américain, Inferno réussira-t-il à plaire au public français ? A tmv, on a déjà notre avis…

Inferno
« Quelqu’un sait pourquoi je suis dans ce film ? »

Inferno, l’adaptation de trop ? Après Da Vinci Code en 2006 et Anges et Démons en 2009, Ron Howard reprend les rênes une troisième fois avec ce nouvel épisode et replace Robert Langdon sur le devant de la scène. Sauf que cette nouvelle incursion dans l’univers de l’écrivain Dan Brown, loin d’être explosive, ressemble davantage à un pétard mouillé.

Pourtant, tout démarre plutôt sur les chapeaux de roues. Robert Langdon (Tom Hanks, de nouveau) se réveille dans un hôpital italien, amnésique. Traqué par des tueurs, accompagné d’une médecin, il va alors sillonner l’Europe pour déjouer un complot et empêcher le déchaînement de l’Enfer. La première demi-heure, menée à un rythme haletant, est traversée de superbes idées (les visions infernales). Mais rapidement, Inferno s’essouffle. Piétine et patine. Ron Howard semble s’imaginer qu’il suffit de secouer une caméra pour donner l’impression d’un film palpitant et speed. Il n’en est rien : Inferno devient vite désagréable et chaotique. Pas de quoi arranger un ventre mou qui cannibalise en plus les trois quarts du long-métrage, sombrant dans une lenteur soporifique.

Désarmant parce que vieillot et désuet, Inferno manque de piment pour accrocher, d’autant qu’il en oublie son côté ésotérique au profit d’un thriller brouillon. Désarmant aussi, parce que dans tout cela, il y a un Tom Hanks en pilotage automatique total. Un crève-coeur, vu l’immensité de son talent. Mou, sans envergure, Hanks traîne des pieds et assure le minimum syndical dans sa course à la montre bébête pour empêcher l’Apocalypse.
Une cruelle déception qui finit d’achever un troisième épisode finalement bien dispensable…

> Thriller/policier, de Ron Howard (USA). Durée : 2 h. Avec Tom Hanks, Felicity Jones, Omar Sy, Irrfan Khan…

> NOTE : 2/5

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Top 4 : Tom Hanks au top

Ce jeudi 4, France 3 rediffuse Il faut sauver le soldat Ryan. L’occasion de vous rappeler en 4 films que Tom Hanks est définitivement l’un des meilleurs acteurs au monde. Tom, on te love !

FORREST GUMP
Culte de chez culte ! Dézingué à sa sortie par le journal Le Monde (désolé les gars, mais…), Forrest Gump est beau, tout simplement. Tom Hanks, en benêt qui raconte sa vie extraordinaire, y est magistral, sincère, émouvant, de bout en bout.

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SEUL AU MONDE
Parce qu’il n’y a que Tom Hanks qui puisse captiver pendant 2 h 20, alors qu’il est seul sur une île, à tailler le bout de gras avec un ballon. Lent et minimaliste, mais dans ce one man show qu’est Seul au monde, l’acteur est exceptionnel.

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PHILADELPHIA
Premier film hollywoodien à traiter du Sida, Philadelphia montre un Tom Hanks qui dépérit doucement face à la caméra, tout en se battant pour gagner son procès face au cabinet d’avocat qui l’a licencié en raison de sa maladie. À en pleurer.

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LA LIGNE VERTE
Dans ce film fleuve (3 h), adapté du roman de Stephen King, Hanks est tout en sobriété dans ce rôle de gardien de pénitentier, intrigué par un colosse accusé de meurtre… mais visiblement doté de dons magiques. Humain et humaniste.

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Capitaine Phillips, en profondeur

Capitaine Phillips offre une immersion dans une attaque de pirates somaliens sur un bateau de la marine marchande américaine. Un film d’un réalisme édifiant.

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Deux hommes, deux destins. Le premier monte à bord du Maersk Alabama, un grand cargo de la marine marchande américaine. C’est le capitaine Phillips, cheveux blancs, rigueur de circonstance. L’autre, plus famélique, se réveille dans son village sur la côte somalienne, au son des kalachnikovs. Ce sont ses chefs qui s’énervent de ne pas avoir perçu de butin dernièrement.
Pour récolter cette dîme de guerre, le jeune homme recrute une petite équipe de pirates, avant de prendre le large. Les deux destins se croisent en mer, au milieu des vagues de l’océan Indien. L’esquif chétif de Muse prend d’assaut le géant des mers, tenu d’une main ferme par le capitaine Phillips. Les armes automatiques crachent leurs balles. Les pirates veulent des millions. L’équipage résiste. Les esprits s’échauffent. Les pillards kidnappent le capitaine pour une rançon et s’échappent avec l’otage sur une embarcation légère. Prévenue par radio, l’armée américaine intervient.
Tom Hanks plus vrai que nature
Flux tendu d’images violentes, le film de Paul Greengrass sort très vite du film d’action sans fond. Les deux personnages principaux, qui sont pourtant au coeur de l’action, ont beau se démener chacun dans son camp, la situation leur échappe. Marionnettes d’un pouvoir qui les dépasse, ils sont ballotés dans ce conflit qui oppose les pays occidentaux aux chefs de guerre africains. Phillips et Muse sont les représentants de deux castes mondiales opposées : ceux qui font l’économie mondiale et les autres, privés du gâteau globalisé. Sans pour autant tomber dans l’apitoiement sur les pays pauvres, ni la sociologie de bas étage, Paul Greengrass donne à réfléchir sur cet état du monde sans se détourner pour autant de l’action du film.
C’est que le réalisateur de deux volets des aventures de Jason Bourne est un maître des scènes d’action. Il met seulement, dans ce nouveau film, son talent au profit du fond. Immersive, sa caméra suit de près chaque dialogue, chaque geste. Quitte à parfois donner le mal de mer, la volonté de Paul Greengrass est de retranscrire en image chaque seconde de l’attaque, au plus près du réel. Et pour l’aider dans cette quête de concret, Tom Hanks, représentant de l’Actor’s studio, qui offre un capitaine de navire plus vrai que nature, frustre, borné, calculateur, marin. Une mention spéciale à la performance de l’acteur somalien Barkhad Abdi qui joue à la perfection ce rôle de chef pirate, conduit plus par l’envie de survivre que par la violence. Mettre en avant de jeunes talents somaliens, encore une belle preuve de l’intelligence de Paul Greengrass.
Note : Deux étoiles (PASMALissime)
Fiche technique.
Thriller social de Paul Greengrass. USA. Durée : 2 h 15. D’après le livre de Richard Phillips. Scénario : Billy Ray. Avec Tom Hanks, Catherine Keener, Barkhad Abdi, Yul Vasquez.