Agents très spéciaux : James Bond version pop

Une comédie d’espionnage décalée, au coeur des sixties. Loin d’être inoubliable, mais suffisamment divertissante.

Agents très spéciaux

Ce n’est pas nouveau : depuis plusieurs années, le monde du cinéma – Hollywood en tête – semble se complaire à patauger dans la grande mare de la crise d’inventivité. Remakes, reboots, spin-off… Rien n’y fait, les idées originales n’existent plus. À court d’idées, les réalisateurs et les studios ? On répondrait aussi par l’affirmative avec cet Agents très spéciaux, Code U.N.C.L.E. Énième remake, encore et toujours. Ce coup-ci, une relecture de la série télé de 1964. Un feuilleton culte diffusé sur NBC à l’époque, signé Norman Felton et Sam Rolfe.

Quoi de mieux, alors, que d’engager le cinéaste britannique Guy Ritchie derrière la caméra ? Le réalisateur de Sherlock Holmes et RockNRolla – et accessoirement ex de Madonna, si cela vous intéresse… – est loin d’être un manchot côté mise en scène. Preuve en est ici encore, dans un film survolté et dynamique, où deux agents, un Russe et un Américain, sont obligés de faire équipe pour mettre deux, trois torgnoles à une organisation criminelle plutôt friande d’armes nucléaires…
Sans aucune méga star à l’affiche malgré son gros budget, Agents très spéciaux remplit brillamment son objectif : être un film d’espionnage décomplexé, fun mais qui n’oublie pas les bonnes scènes d’action. Bourré de second degré (cette scène de la montre, aux accents de western) et de répliques savoureuses, il enquille les clichés tout en les parodiant.

En se la jouant James Bond version pastille pop, Guy Ritchie fait parfois penser à la comédie d’espionnage Kingsman (2015) et insuffle un grain de folie dans un genre balisé. Dommage, toutefois, que le casting ne sache profiter pleinement de l’occasion : Henry Cavill, l’ex-Superman bodybuildé de Man Of Steel (2013), et Armie Hammer, précédemment vu dans le flop Lone Ranger, peinent à créer un tandem crédible. Loin d’être cabotin, ce duo n’est simplement pas complémentaire.
Dans cette dose de ciné à l’ancienne, délicieusement vintage, Agents très spéciaux est aussi d’une élégance british typique. Raffiné tant dans ses costumes, que ses coiffures et ses décors. Tout y est esthétique et assumé. Et par ailleurs nourri d’une fantastique BO, rappelant dans son esprit et son utilisation le cinéma de Tarantino : des morceaux de musique frais, entraînants, dépoussiérant le genre et faisant péter les conventions. Les cinéastes britanniques semblent définitivement être les meilleurs pour marier espionnage et comédie…

NOTE : **
Espionnage/comédie (États-Unis / Grande-Bretagne), de Guy Ritchie. Durée : 1 h 57. Avec : Henry Caville, Armie Hammer, Alicia Vikander, Elizabeth Debicki…

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ST9IdB70zNw[/youtube]

NOTATION :
**** CULTEissime
*** TOPissime
** PASMALissime
* BOFissime
X NULissime

Chroniques culture #69

Une petite sélection de DVD, de BD et de CD.

LE DVD
JUPITER : LE DESTIN DE L’UNIVERS
Les frères Wachowski ont remis le couvert avec cette fable de science-fiction qui baigne dans le mauvais goût. Histoire kitsch, Jupiter découvre qu’en fait elle est impératrice de la galaxie alors que, dans la vie de tous les jours, elle récure des toilettes. Effets spéciaux douteux à l’appui, le dernier long métrage des auteurs de Matrix n’arrive pas à convaincre. Quand la niaiserie atteint son paroxysme.
B.R.

LE DVD
KINGSMAN
Comment réinventer le mythe de James Bond, mais sans James Bond ? Kingsman trouve la formule magique, un mélange d’action, de flegme et d’humour british, de méchants vraiment méchants. Kingsman est tout simplement un film d’espionnage rafraîchissant. Ce qui n’enlève rien à l’affaire, c’est la performance du génial Colin Firth et de Samuel L. Jackson (qui joue un magnat dangereux mais qui a peur du sang). Un sans-faute.
B.R.

LE CD
LEON BRIDGES
COMING HOME
Nouvelle sensation internationale, Leon Bridges a 25 ans. Et quand on écoute son album, difficile de dire qu’il fait de la musique de jeune. Il s’inspire du passé, celui de la soul d’Otis Redding, de Sam Cooke, d’Aretha Franklin. Il y a tous les attributs de la musique des années 60 : la batterie qui swingue, les choeurs et ce grain vintage analogique. Un premier album qui hante une période révolue mais qui donne à écouter un futur musicien de génie.
B.R.

LA BD
XIII MYSTERY TOME 8
Au commande, un duo magique : Franck Giroud, que l’on ne présente plus, au scénario, et l’australien Colin Wilson, dont c’est le grand retour. À l’heure où l’on commence à se choisir les lectures pour la plage, ce Martha Shoebridge devrait figurer en tête de liste ! Car l’histoire démarre pied au plancher et ne faiblit à aucun moment. XIII (et ses suites !) n’en finit pas de susciter des remous. Ici le débat est clos tellement on est bluffé par le résultat.
Hervé Bourit