Enquête sur la fin du monde (même si c’est passé)

21 décembre, dernier jour du monde ? Les médiums et les voyants de Tours nous répondent…

21 décembre, dernier jour du monde ? Les médiums et les voyants de Tours nous répondent…

Allo, je cherche à savoir si l’on va bien tous mourir le 21 décembre? » J’avoue que cela peut sonner bizarrement dit comme cela. Mais après tout pas plus que « Allo, j’aimerais savoir si je vais trouver l’amour un jour ? ». Pourtant, les premiers refus sont catégoriques. Je ne désespère pas et j’appelle les 32 médiums recensés en Indre-et- Loire en jetant un petit coup d’œil sur le compte à rebours avant la fin du monde sur 2012fin.com : « 14 jours, 13 heures, 30 minutes et 3 secondes, 2 secondes, 1 seconde… » Mine de rien, le temps presse et la mission est de taille. Heureusement, Julien, cartomancien à ses heures perdues, accepte de me recevoir dans son studio d’étudiant en musicologie, à Tours. « Ne m’appelez surtout pas voyant, j’ai horreur de cela, on croit qu’on va entrer dans un endroit lugubre et tomber sur une vieille femme avec une boule de cristal…» Hum, à vrai dire, c’est un peu ce que j’espérais. Pourtant, sur internet, Julien est bien répertorié comme voyant. « Je dirais plutôt que j’ai un septième sens, un instinct. » Depuis deux ou trois ans, il reçoit les âmes en peine et leur tire les cartes pour les guider. « Je veux aider les personnes en détresse. » Ah ? Bah, cela tombe bien, vous pouvez peut-être faire quelque chose pour moi : je cherche à savoir si c’est la fin du monde… Le voilà qui sort un jeu de tarot « marseillais ». « Si vraiment la fin du monde était proche, les personnes qui ont un don comme le mien l’auraient sentie », doute-t-il. Malgré tout, nous décidons de tenter l’expérience : nous tirons les cartes du monde.

 

La partie de tarot

C’est parti ! Julien mélange 21 cartes illustrées : les « arcades majeures ». Il coupe de la main gauche et en choisit douze sans les regarder. « Je le fais sans y croire vraiment », précise le jeune homme. Il tire délicatement trois cartes et les retourne une à une. Sur son visage s’affiche un sourire étonné. « Tiens, ça c’est marrant… » Quoi ? Quoi ? Silence…

J’imagine le pire, le tsunami, le nuage de cendres, les travaux du tramway qui ne finissent jamais… « Il se trouve que je pourrais bien avoir la réponse », révèle-t-il. Explications. La première carte, qui dévoile le passé, montre un chariot « le monde a avancé sans se préoccuper de ce qui se passait à côté ». Sur la deuxième carte, celle du présent, est dessiné un pape : « Le monde se pose des questions et cherche des réponses. » La troisième carte, décrivant le futur, est décisive : « Voilà l’empereur, cela signifie que le monde domine la situation, qu’il est sauvé ». Julien a l’air épaté. Moi aussi, un peu : c’est vrai que le résultat sonne bien. « Pour plus de précision, cela vaudrait le coup d’essayer le pendule », ajoute-t-il.

«J’entends à votre voix que vous aimez le thé. »

Je le prends au mot. Après tout, une journaliste se doit de multiplier ses sources. Voilà que j’obtiens un rendez-vous avec Nathalie Lemercier, médium depuis 31 ans, qui, dès notre conversation téléphonique, tente de m’épater : « Je vous prépare un thé ? J’entends à votre voix que vous aimez le thé. » Elle me reçoit dans son cabinet, au sous-sol de sa maison. Là, dans une ambiance tamisée, je suis surprise de trouver plusieurs Sainte-Vierge et des petits anges accrochés aux murs. Elle s’explique : « Les voyants sont croyants. Nous sommes connectés avec une force supérieure. » Une force que Nathalie appelle « Là- haut » et qui lui permet de répondre aux questions de ses clients. Tiens justement, et si nous demandions à « Là-haut » ce qu’ils en pensent de la fin du monde ? Nathalie est sceptique. Elle ne croit pas du tout au 21 décembre. « Par contre, je perçois des choses » « Ah ? » « Un gros ras-le-bol qui devrait éclater vers 2015-2017 avec la hausse du chômage, la baisse du pouvoir d’achat… Ça va dégénérer. » Oh non, Nathalie, ne me dites pas que ce n’est que ça la fin du monde : juste un conflit social. Ce n’est quand même pas très sexy. Moi, je veux un truc qui claque, genre une tempête d’acide sismique intersidérale. Et puis d’abord, le ras-le-bol anticapitaliste, il faut vraiment être voyant pour le pressentir ? « Oui, car moi, je le sais depuis 10 ans », se défend Nathalie, un grand châle noir lancé sur les épaules, un pendentif hibou autour du cou. Assise derrière son bureau près de sa bougie, on chercherait presque la boule de cristal…

 

Mouvement du pendule

Et le pendule, alors ? Sorti d’une petite bourse noire, caché au fond du tiroir, le voici, le verdict final, l’ultime confirmation : le pendule, rempli d’eau bénite. Nathalie le tient entre son pouce et son index, au-dessus d’une carte à jouer illustrée représentant une ville.

Je précise ma question : « Tours connaîtra-t-elle la fin du monde ? ». Le pendule pendouille : droite, gauche, droite, gauche. « Vous voyez le pendule, il dessine une ligne de gauche à droite, ce qui veut dire“non”. Si cela avait été “oui”, il aurait dessiné un cercle de droite à gauche. » À cet instant, nous venons de contredire les Mayas : le monde connaîtra des lendemains qui chantent après le 21 décembre.

Télégaucho, un peu gauche

Plongée dans l’histoire des télés libres et révolutionnaires des années 90, une comédie (trop) acide…

Vous en avez marre des émissions aseptisées destinées au grand public ? Dans les années 90, le réalisateur Michel Leclerc vous aurait conseillé de vous tourner vers les chaînes de télévisions libres, « désintéressées » par l’argent. Avec Télé Gaucho, il nous fait découvrir cette époque et plus particulièrement le milieu qu’il a côtoyé alors qu’il faisait partie de Télé Bocal, entre 1995 et 2000.

C’est un peu de lui qu’on retrouve dans Victor, le personnage central. Le jeune héros débarque à Paris pour y suivre un stage auprès de Patricia Gabriel, icône du petit écran. Mais ce passionné de cinéma va plutôt rejoindre les rangs de Télé Gaucho, une petite équipe qui, avec ses reportages, veut faire la révolution dans la capitale. Il va d’ailleurs se faire sa place grâce à des petits spots télé extrêmement drôles, comme « ces objets qui nous font chier ». Grâce à ce non-conformisme et ses programmes détonants, Télé Gaucho commence à connaître le succès ! Mais l’appel de l’argent, les envies de grande diffusion sonnent le glas de leur belle entente…

Après le succès du Nom des Gens en 2010, Michel Leclerc retrouve le grand écran avec une histoire un peu plus personnel. À la manière de Good Morning England, film sur les radios libres, la comédie est un prétexte pour parler de ce morceau d’histoire des médias. Mais malheureusement, le scénario est un peu trop linéaire pour qu’on s’implique véritablement. Contrairement à la comédie anglaise, aucune tension n’est présente.

Pourtant, plusieurs séquences, filmées à la caméra DV, donnent du rythme à l’histoire. Le spectateur, plongé dans l’action, s’immerge dans cette télé libre de gauche. Les acteurs sont également plutôt justes : le jeune Félix Moati (Victor) trouve sa place entre deux acteurs césarisés, Éric Elmosnino et Sara Forestier. Cette dernière confirme d’ailleurs son énorme potentiel avec une belle prestation de fofolle un peu allumée. Seule Maïwenn est complètement à côté dans son rôle de gauchiste encore plus révolutionnaire que le Che lui-même… Finalement cette comédie ne fait rire jaune, le documentaire aurait été peut-être plus approprié.