Deux jours de Terres du son #2

Notre chroniqueur Doc Pilot était aussi sur Terres du son, il nous raconte ce qu’il a vu, aimé, détesté…

 
nasser 1 pour tmvDix ans déjà, tant mieux, au moins il nous reste une raison de nous laisser glisser dans l’été sans pour autant renoncer aux décibels, une raison de ne pas nous fixer à une table de la guinguette et d’y passer du temps à jouer les touristes sur ses terres ; Terres du Son déplace le centre de gravité tourangeau vers des finis-terres en porte ouverte vers le Sud. C’est cool la campagne quand le son bouge la terre à t’en faire fuir toutes les espèces rampantes et grignotantes. Sans le son ce serait d’un triste ; sans la foule ce serait sinistre et l’on fuirait vers la ville pour échapper à la morne amplitude d’un ennui rural et suicidaire. Une des raisons d’exister des festivals est aussi de donner du sens à la nature, de la matière à la pousse insolente et brouillonne de la matière végétale non disciplinée, de porter l’éco-responsabilité en étendard même si l’on sait bien que finalement : on s’en branle tant on est faible face à la nature. Imaginez : le festival terminé on laisserait les scènes en place, les sonos, les chapiteaux, les bénévoles… très rapidement la végétation recouvrirait tout et les humains abandonnés dans cette jungle deviendrait fous… à cause du silence…
1er jour
J’arrive en Ayo, la belle chanteuse aux petites chansons rustiques et animales, une femme si gentille, à désirer l’avoir pour amie, mais au final un show juste sympathique… Ayo oh Ayo oh Ayo ; non je ne sais ce que répondit l’écho… Des fois (souvent ?) ce n’est pas sur les grandes scènes que ce vit le meilleur ; ce soir sous chapiteau avec les marseillais de Nasser c’est la grande claque au cœur et à la gueule pour une sorte de dance-floor post-apocalyptique parfaite synthèse de multiples influences ( Kraftwerk, Cerrone, Captain Beefheart, PIL, Residents, New Order) pour aboutir à un style auquel adhèrent toutes les générations. Le show est à la hauteur de la musique, haut en couleur, énergique, cohérent, vivifiant : le groupe qu’il ne fallait surtout pas rater !!!… Après Woodkid c’est beau mais c’est tout, c’est parfait mais après ; ça se regarde comme un feu d’artifices, redevenus spectateurs d’une jolie prestation… L’ Ez3kiel Extended balance la bande-son d’un film en la nuit du bout du monde ; est ce de le jouer en extérieur ? On dirait l’orchestre un peu « stone » avec une impression de les voir descendre d’un nuage de fumée odorante…  Je retourne vers Tours, le transformer de Lou Reed à fond dans l’habitacle… Levé aux horaires dans la musique des Temptations ; y’a des nuits où l’on dort peu tant nous travaille l’envie d’être au lendemain…
2e jour
Le ciel gris et bas reste menaçant… fait chier… En Touraine Soundpainting Orchestra  Tribute to the Beatles pour user de la période psyché des fab four pour pousser loin la relecture en construction : la scène est pleine à craquer… Emotion et joie de voir enfin le Staff Benda Bilili, ceux du film avec leurs faiblesses physiques et leur force musicale : la danse est de mise sous l’humidité omniprésente… Barcella j’aime pas, j’y peux rien, j’aime pas; c’est pas ma came, au contraire de David Krakauer et son jazz rock mâtiné de culture juive, beau, technique, dansant et démonstratif, quatre adjectifs que l’on peut aussi coller à la nouvelle formation de Ben L’Oncle Soul, Monophonics, le tourangeau adossé à cette force de frappe semble indéboulonable et son spectacle chargé de bonnes vibes, à l’instar de celles dégagées par M, la star qui aime son public et lui confie sa passion pour mieux l’entraîner vers l’adhésion totale…  Au Village gourmand Padawin en quartet pousse la barre de plus en plus haut… une autre journée s’annonce ; je suis impatient de voir Detroit, pas vous ?

Terres du son 2014… c'est parti ! #1

Vendredi 11 juillet, on était au lancement du festival tourangeau le plus populaire. On vous raconte ce premier jour ?

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De grosses gouttes de pluie s’explosent sur le capot des voitures qui foncent sur la route de Monts. Malgré quelques embouteillages pour ce jour de départ de vacances, la route vers le domaine de Candé n’est pas bondée en cette fin d’après-midi. Il y a de la place sur le parking. Les basses provenant des scènes, juste de l’autre côté de la barrière, tambourinent à leur tour sur le pare-brise. William Mc Anuff a déjà commencé, sans se préoccuper de la météo. Les nuages semblent bien réagir aux vibrations jamaïcaines.
Même site que l’année dernière, sur les dessus du domaine, la crainte d’un déluge comme en 2012 se retrouve sur les accoutrements des festivaliers : ponchos, bottes, kway… Ayo, elle, verse dans le mysticisme. Une voix pleine de miel, elle lance des regards aux cieux, comme si la chanteuse avait enfin trouvé la vérité. Décevante, sa voix se perd dans les limbes quand elle donne dans la soul sirupeuse. Elle est beaucoup plus intéressante dans ses tentatives hip-hop. Heureusement que son batteur est un bûcheron talentueux tout en funk et en groove. Alors quand la chanteuse allemande prend sa place pour entamer un mélodie édulcorée, la coupe est pleine : on se dirige vers le stand de burger pour pouvoir tenir la soirée. Et se préparer à Nasser. Le groupe de rock de la soirée. Celui qui va vraiment lancer cette édition. Le trio n’y va pas par quatre chemins : grosse basse au synthé analo, guitare criarde et un chanteur/batteur de folie, prêt à mouiller la chemise. Les corps se mettent à danser sur les rythmes binaires, Nasser fait le grand écart entre électro-clubbing et rock garage. A une centaine de mètre, le duo des Cats on trees débutent leur prestation sucrée-amer. C’est beau sur scène, plein de triangles et de lumières. Mais c’est à peu près tout. Petit instant de malaise, une partie du public n’est pas dupe : on a l’impression d’assister à une pâle copie de The Do. Nous, on retourne à Nasser pour profiter une dernière fois de leur énergie.
[nrm_embed]<iframe src= »//player.vimeo.com/video/100576868″ width= »500″ height= »281″ frameborder= »0″ webkitallowfullscreen mozallowfullscreen allowfullscreen></iframe> <p><a href= »http://vimeo.com/100576868″>Festival TERRES DU SON / Jour #1</a> from <a href= »http://vimeo.com/clementprotto »>Clement Protto &quot;ECL-R&quot;</a> on <a href= »https://vimeo.com »>Vimeo</a>.</p>[/nrm_embed]
22 h 45 : celui que tout le monde attend se fait désirer. La nuit est bien tombée, des spots agressifs aveuglent les festivaliers, un beat de rap fait monter la sauce. Woodkid monte sur scène. La violence des tambours et des cuivres alternent avec sa voix de basse mélancolique. L’égérie de la nouvelle french touch jubile de revenir en France, après avoir beaucoup travaillé aux Etats-Unis. La démesure outre-atlantique se ressent beaucoup dans ses jeux de scène, dans l’énorme écran qui balance des images sacrées, de squats… Spectacle total où vous en avez pour votre argent. Une prestation magnifique. L’heure tourne, ses mélodies font avancer le temps, un autre dilemme se présente : Ezequiel ou St Lô ? On passe vite voir les Tourangeaux qui restent un peu trop coincés dans leur univers de poupées mécaniques, même si leur talent est toujours au rendez-vous. A minuit, on a envie de fureur, de danse, de prendre du bon temps et de garder l’esprit éveillé. St Lô tente de faire réagir les festivaliers un peu engourdis. Rap, électro, soul, funk, les influences s’entrecroisent, se brouillent entre elles, se répondent. Un bon groupe qui représente l’éclectisme de la programmation de ce Terres du son 2014.
Dernière surprise de la soirée, Breton, on les avait déjà vus au Temps Machine il y a deux ans. A l’époque ces jeunes anglais surprenaient par leur rock nouvelle génération, entre rage contre la société malade et lignes de basses groovy. En quelques années, et un deuxième album, Breton persiste à montrer sa furieuse envie de faire danser les foules. Le son de la grosse caisse de la batterie ressemble plus à un beat de boîte à rythme que d’un repère pop. Les musiciens s’échangent la basse, la guitare, les synthés, ils se déhanchent sur scène jusqu’à l’extrême. Roman Rapak, le chanteur, manque un bout de marche et se retrouve les deux pieds en l’air. Pas grave, le loulou remonte sur ses guibolles. C’est bon de voir un prestation où tout peut déraper, où les musiciens ne prévoient pas, ne calculent pas, donnent tout ce qu’ils ont, même si une partie de la foule s’en ai déjà allée.
 
Le reste de la programmation ? Les groupes de samedi et dimanche par ici.
 

Horoscopie à la plage

On sait tout de votre été.

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Pour Juillet
BÉLIER
Amour Comme Balzac l’a dit : « L’avarice commence où la pauvreté cesse. »
Gloire Il a aussi écrit : « Un vieillard est un homme qui a dîné et qui regarde les autres manger. »
Beauté « Hou, c’est chaud ce matin… » Ça, c’est nous qui l’avons écrit.

TAUREAU
Amour Aïe caramba !
Gloire Le bout du tunnel est à 26 kilomètres environ.
Beauté T’as un truc sous les yeux, là… Ah pardon, c’est l’anticerne qui s’est accumulé pendant un an… C’est un peu crade.

GÉMEAUX
Amour Vertige, comme disait Alain B.
Gloire Vous auriez voulu être un artiste, comme disait Daniel B.
Beauté Doesn’t mean you’re not dead, comme disait David B. (ça ne veut pas dire que vous n’êtes pas mort(e) en VF)

CANCER
Amour Rien à faire, vous êtes bloqué(e)s dans votre délire adulescent, épris de justice, d’idéalisme et de recherche du bonheur. On est astrologue, pas psy.
Gloire Jouez au Monopoly, vous allez gagner. Le reste, c’est compliqué.
Beauté C’est dans la tête…

LION
Amour Ça rime avec calembour.
Gloire Ça rime avec Raymond Barre.
Beauté Ça rime avec épilé(e).

VIERGE
Amour RAS
Gloire Nan, toujours rien…
Beauté Désolé, vraiment, là on a rien…

BALANCE
Amour Elle ou il est vraiment naze, larguez-le (la)… Non, non ! STOP ! Pardon, on s’est trompé. On a pensé que vous étiez scorpion. Pour vous, tout va bien…
Gloire C’est dingue, vous allez être à l’heure à tous vos rendez-vous pro. Dommage que vous soyez en vacances…
Beauté Sel + soleil + sable = vous êtes mal barré(e)s

SCORPION
Amour Voir Balance.
Gloire C’est quand on touche le fond qu’on rebondit… Sauf quand vous avez une jambe cassée et que vous êtes coincé dans le trou.
Beauté Notre truc de grand-mère : les orties.

SAGITTAIRE
(interlude proverbes africains)
Amour Le grain de maïs a toujours tort devant une poule.
Gloire Le bout de bois a beau rester dans l’eau, il ne deviendra jamais caïman.
Beauté Si tu te tapes la tête contre une cruche et que ça sonne creux, n’en déduis pas forcément que c’est la cruche qui est vide.

CAPRICORNE
Amour Hi, hi, hi…
Gloire Du Loup de Wall Street, vous en mangez tous les matins.
Beauté Ce n’est pas parce que vous aimez le foot que vous êtes obligé(e)s de vous coiffer comme les footballeurs…

VERSEAU
Amour Trop de Tinder tue Tinder. C’est pareil pour Meetic ou Adopte un mec, cherchez pas.
Gloire Vous croyez à fond au retour du string de bain sur la plage cet été…
Beauté …mais pensez aux autres avant.

POISSON
Amour Ça roule ma poule.
Gloire Ce n’est pas vraiment génial d’avoir Christophe Maé comme modèle de réussite…
Beauté En revanche, ressembler à Pascal Obispo, ça se discute. Surtout si vous êtes une femme.

 
Pour août
BÉLIER
Amour On vous a charrié toute l’année dans l’horoscope tmv (c’est ça, d’être le premier signe). Donc en août, l’amour sera au rendez-vous. Ou pas ! (ahaha)
Gloire Pour le bien-être de la communauté, cessez de vous triturer le nez.
Beauté Culotte jaune ou slip rouge sinon rien.

TAUREAU
Amour Lol, mdr, ptdr, expdr, mégatriple lolz.
Gloire À vous l’argent dans les poches (avant de tout perdre au casino).
Beauté On vous aime. Coeur. Bisou.

GÉMEAUX
Amour Coup d’un soir, esprit dans le noir.
Gloire La classe totale !
Beauté « T’aimes ça, les grosses “ couisses ” ? » (Dikkenek).

CANCER
Amour Pas pour cet été, désolé.
Gloire Pas pour cet été, désolé (bis).
Beauté Pas pour cet été, désolé (ter).

LION
Amour Le lion (l’animal, ne vous enflammez pas) peuvent s’accoupler jusqu’à 50 fois par jour. Dingue, non ? Jaloux ?
Gloire Dédicace à tous les stagiaires d’été qui n’auront pas de vacances !
Beauté Les cheveux gras, c’est le mal.

VIERGE
Amour Évitez le selfie pendant l’acte. Ça casse vraiment tout, sérieusement.
Gloire Quand le patron est en vacances, les souris dansent. Les souris, c’est vous et votre équipe de feignants, hein !
Beauté On vous fait des bisous !

BALANCE
Amour L’amour, c’est comme une boîte de chocolats. On tombe toujours sur le plus répugnant.
Gloire Ah, vous l’avez pas volée, celle-là, hein ? !
Beauté Qu’est-ce que c’est bien d’être méchant, bon sang…

SCORPION
Amour Comme vous avez pris cher pour le mois de juillet, ça va continuer…
Gloire Ah, le bon vieux temps où vous aviez encore des congés.
Beauté Qui fait pipi contre le vent, se rince les dents.

SAGITTAIRE
Amour Cupidon est un petit être tout nu qui vole, mais il ne vous aime pas.
Gloire Le million, le million !
Beauté On espère que vous n’avez pas la même dégaine que votre signe (un type mi-homme-mi cheval, avec un arc, bof bof pour draguer).

CAPRICORNE
Amour Vous allez vous accoupler avec un scorpion, un lion et un sagittaire. (ça en fait du monde, berk)
Gloire Facebook au bureau, machine à café en panne et le patron qui reste : quel été pourri pour vous au travail.
Beauté Le cérumen, c’est la vie.

VERSEAU
Amour Doux comme un agneau.
Gloire Fier comme un paon.
Beauté Dodu comme un lamantin.

POISSON
Amour Comme le ciel : orageux.
Gloire Comme votre budget : zéro.
Beauté Comme la plage : sale.

Tours : nos idées sorties pour vos vacances

On vous a concocté un super guide pour passer des vacances de rêve dans le coin. On a trouvé 133 raisons de rester à Tours.

UNEouaich
Téléchargez notre pdf pour ne pas vous ennuyer cet été à Tours
La rédaction vous souhaite de bonnes vacances. On se retrouve le 3 septembre.

Rayons Chauds, Rayon Frais en bord de Loire

Chaque semaine, Doc Pilot nous fait redécouvrir Tours sous l’angle culture.

Jonny Lang à Avoine.
Jonny Lang à Avoine.

La biennale Rayon Frais est un rendez-vous incontournable et attendu pour les amateurs de surprises visuelles, auditives, sensitives. Une plongée sans bouteille dans la création abrupte et sans compromis, un voyage exotique vers des terres oubliées au fond de nos rêves, un bon moyen d’oublier un temps la réalité et revenir au quotidien, armé de toutes ses images. Pourtant la performance de Sophiatou Kossoko en Arcades Institute prend racine dans une réalité exacerbée, ne laissant guère de place à l’illusion et au rêve. La force du verbe et la charge des mots est toute en force et en attaque, de l’incarnation visuelle du geste à la danse codée : une voie impossible à quitter avant la fin du voyage…
Au pot d’ouverture du Festival le Quatuor Machaut balance des vagues d’harmonies cuivrées, perché dans la Tour Charlemagne, vers une audience d’acteurs locaux désireux de signaler leur présence à la nouvelle couleur en place et impatients de boire un coup car il fait chaud… Au top de Christine Beuzelin, les goulus et les soiffards massacrent le buffet, comme à l’habitude ; Serge Babary arrive après la bataille et discute à la cool avec les trainards : les quémandeurs sont déjà parti hi hi…
Bœuf blues en Arcades Institute : un peu fiesta de fin d’année pour des prestations de potes en demi-teinte. Jack Cigolini et Patrick Filleul mènent le bal avec l’humilité des grands, mais quand Christiane Grimal entame « summertime », ça joue vraiment et tout s’enflamme… Autre américaine, autre temps, triste destin : tombé dans Karen Dalton j’ai du mal à écouter autre chose : Billie Holidays me sauve in extremis de la noyade…. Dominique Mureau est décédé d’une crise cardiaque foudroyante en plein Ile Simon/Mode d’Emploi ; ça s’appelle « mourir sur scène » et ça fout un choc. Je l’aimais bien cet artiste photographe aux yeux pétillants d’intelligence, au feeling apaisant et apaisé…
En route pour le festival Avoine Zone Blues où se joue, paraît-il, une sorte de guéguerre locale à la Pépone/Don Camillo ; peu nous importe car pour nous c’est « tout pour la musique »… Pillac balance son nouvel album très rythm and blues (serait ce l’effet Ben, beaucoup d’artistes filant dans cette niche ?), c’est bien mais guère innovant ; je le préfère quand il revient au blues… La tête d’affiche Jonny Lang incarne l’excellence avec un quintet de virtuoses au service d’une sorte de rocksoul osant le subtil mariage de l’émotion et de la technique ; lors d’un des solos de guitare du jeune prodige j’ai physiquement « le frisson » ; la version allongée du « livin for the city » de Stevie Wonder restera dans les mémoires. Jonny Lang, remet les pendules à l’heure, confirme une fois de plus que la technique n’est rien sans l’âme et l’amour du public mais aussi que les ricains seront toujours les plus forts dans le style … La France n’est pas qualifiée ; pas grave Le Tour de France arrive…
Aller au Festival Les Courants à Amboise, c’est comme partir en vacances ; se poser à l’île d’Or c’est déconnecter de la vie courante, se donner du temps pour vivre, jouir et partager. Ce festival a su garder un feeling bon enfant et convivial, populaire et festif, une atmosphère unique et sans prise de tête surjouée : on ne voit pas de mecs de l’orga courir les yeux dans le vide et l’esprit dans l’oreillette ; vous saisissez… Après deux groupes sans intérêt ( une excellente copie de Louise Attaque, ben oué ils jouent mieux qu’les mecs à qui ils ont tout piqué, et une pantalonnade punk qu’à pas le son : non, je ne cite pas de nom car demain ils seront peut être enfin bons) Soviet Suprem envahit la scène et balance un concept théâtre et musique, mélangeant le hip hop aux racines de l’est : les ex Java propulse le festif vers un scénario délirant et mine de rien sacrément technique et travaillé : j’adore et j’achète un tee-shirt pour porter leurs couleurs tout l’été !! Les Têtes Raides sont plus sages même s’ils ont mis beaucoup de rock dans leur style ; les titres phares au final ramènent à l’adhésion toutes les strates du public…. Sinsemilia fera l’unanimité au final avec une heure trente de « bonnes vibes, man » ! C’est beau Amboise la nuit au sortir de l’île d’Or ; t’as l’impression d’être dans un film…
Rayon Frais encore, pour un dimanche entièrement consacré à voir un maximum de spectacles : excellente Emmanuelle Lafon au Vinci pour un set écourté pour cause de grève des intermittents ; j’aime cette encyclopédie de la parole au service des combats… A la sortie Jacqueline & Marcel, la compagnie L’Art Osé propose une relecture  du médecin volant de Molière : c’est drôle, insolent, joué à la limite de la caricature et de l’hommage… A L’Opéra, la fascination du désastre est une écriture théâtrale jouée par des orfèvres en la pratique de la drôlerie au service du sens, de la dénonciation par l’image sans exclure la poésie omniprésente. Superbes décors, rires, pas une seconde d’ennui, habillage sonore envoûtant : un sans-faute pour Adell Node-Langlois, Estelle Beugin et Alexandre Demay..  Au Théâtre Olympia les danseurs sénégalais de L’École des Sables nous embarquent dans un trip un peu fou au fil rouge (l’interactivité cybernétique) régulièrement tranché par des références aux traditions ancestrales avec nombre de clins d’œil à l’accueil des migrants : à base de bassines colorées la mise en scène est à l’image de la chorégraphie : tonique, comique, festive et conviviale… En l’Esplanade du Château de Tours se tient le Chef d’œuvre d’Art ultime, la conjonction entre les pratiques, Le Jour du Grand Jour du Théâtre Dromesko, tant et tant élevé dans la qualité et l’humanité qu’il nous sera difficile après l’avoir vécu de goûter autre chose. Le spectacle global engendre l’impossibilité de vous le décrire sans minimiser son impact. Je me contente donc de vous affirmer le sentiment que ce gang d’humains talentueux est fortement nécessaire pour nous aider à vivre, pour relativiser nos angoisses, nos peines et nos joies ; en une heure et demi de surprises et de beauté , notre Condition Humaine nous est habilement exposée dans un univers aux possibles références subjectives allant de Tardi à Fellini, de Scolla à Burton, de Malaparte à Celine. Je n’ai jamais rien vu d’aussi bon : Ils sont forts les Bretons !!

Chroniques culture #31

Chaque semaine, on vous propose notre sélection DVD, album, BD et jeu vidéo.

LE CD
ZZ TOP, VERY BADDEST OF
« Gimme all your lovin’, all your hugs and kisses toooo ». Ah, qui ne l’a pas chantée, cette super chanson de nos barbus préférés ? Les ZZ Top (enfin… leur maison de disques) ressortent un nouveau best-of, histoire de s’écouter une bonne dose de rock texan. Au programme, double CD, 40 titres de la période 1971-2003, avec des hits (La Grange, Tush, Viva Las Vegas…) et de petites pépites moins connues (Fearless Boogie, Beer Drinkers and Hell Raisers…).
LE DVD
SUPERCONDRIAQUE
Gros succès en salles vu le casting (le duo Dany Boon, Kad Merad), Supercondriaque débarque en DVD et Blu-ray. L’histoire d’un hypocondriaque maladif, poussé par son ami docteur dans les bras d’une femme pour guérir. Bonus non négligeables, un making of, un bêtisier, des scènes coupées, un très dispensable docu sur la tournée promo (au cas où vous ne les avez pas assez vus dans tous les JT) et un courtmétrage de l’excellent Stéphane de Groodt.
LA BD
PERKEROS LES NOTES FANTÔMES
Avec ce tome 1, Ahonen et Alare livrent une chronique au jour le jour d’un groupe de rock confronté à… des pouvoirs magiques. Le mélange des genres est parfaitement réussi, comme un croisement entre les univers d’Harry Potter et de Gorillaz ! Le tout est servi par un scénario malin qui transcende les poncifs du genre et mis en valeur par un dessin superbe et plein d’inventivité (les scènes de concert sont particulièrement bien rendues).
Hervé Bourit
LE JEU
VIDÉO EA SPORTS UFC
Vous adorez les sports de combat, mais vous avez peur d’abimer votre joli nez ? Alors laissez-vous séduire par la nouvelle simulation sportive d’EA Sports. Superbement réalisé, cet hymne à la gloire du free fight vous fait enfiler le short d’une centaine de guerriers des temps modernes. Le résultat est impressionnant de réalisme. Il ne manque que les gouttes de sang sur le tapis du salon.
L. Soon
+ 16 ans, PS4, Xbox One, 69 €.

Une minute sur le web #24

Comme chaque semaine, on écume la planète internet pour vous trouver le meilleur du pire…

BUZZ_PHOTOPRINCIPALE
La Photo
Pierre-Adrien Sollier, artiste peintre, revisite les plus grandes toiles de maîtres avec des Playmobils© ! Le Radeau de la méduse, La Liberté guidant le peuple (photo), ou encore La Joconde. Juste génial !
À admirer sur solliergallery.com
 
BUZZ_VAGIN
FAIL
TOP HONTE !
En Allemagne, un étudiant s’est retrouvé pieds bloqués dans la sculpture… d’un vagin géant de 32 tonnes ! Le malheureux voulait juste prendre un selfie à l’intérieur. Sauf qu’il a dû, au final, être secouru par 22 pompiers qui l’ont tiré à mains nues. No comment…
LA PHRASE DU JOUR
NABILLA SARTRE
L’intelligence, « c’est le privilège des moches, elles n’ont que ça à faire ». Voilà, voilà, cette phrase hautement philosophique a été prononcée par notre Nabilla nationale, dans une interview au JDD. On ne sait même pas quoi dire de plus, flûte.
FACEBOOK
SNAPCHAT BIS
Après avoir échoué à racheter Snapchat, Facebook lance sa propre version baptisée Slingshot. L’application permet elle aussi d’envoyer des photos éphémères avec textes. En revanche, il faudra accepter de donner son numéro de téléphone à Facebook… Hum.
Slingshot sur l’App Store et Google Play.
BUZZ_CAPITALE
ART
CHAOS TOTAL
L’Allemand Michal Zak maîtrise le photomontage numérique. Il en a profité pour se la jouer à la Michael Bay (le réalisateur) et plonger les capitales du monde dans le chaos. Destruction, guerre, incendie, apocalypse : l’artiste a fait ça pour « montrer à quel point la paix peut être fragile ». Plus sur michalzak.net
LE CHIFFRE
948
C’est le nombre de buts inscrits lors du match de foot le plus long du monde, à Kerbach (Moselle) ! D’une durée de 73 heures, cette partie voulait sensibiliser l’opinion sur la maladie rare de Crigler- Najjar.
Plus d’infos sur friends-association.fr
BUZZ_JEREMY
BUZZ
SEXY BAD BOY
Jeremy Meeks a été arrêté pour vol à main armée. Comme d’habitude, la police de Stockon a publié son mugshot (sa photo d’arrestation) sur son compte Facebook. Mais le bad boy a bien plu à la gent féminine : en quelques jours, plus de 30 000 commentaires, 100 000 like ! Des agences de mannequin sont d’ailleurs sur le coup !

Le Mille pâtes : une bonne idée de l'Italie

Une pizzeria tourangelle de bonne tenue, classique mais honnête.

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Devanture discrète, décoration simple. Le Mille Pâtes joue la carte de la sobriété. Installé à l’écart de ses concurrents du Vieux Tours, le restaurant se démarque par sa carte riche en spécialités italiennes et son ambiance familiale. Sophie, la patronne, coordonne les gestes de son mari Jean, aux fourneaux, et de sa fille Juliette, au service, qui vient ponctuellement aider ses parents pendant son temps libre. Installés dans la salle du rez-de-chaussée – celle du sous-sol étant réservée aux groupes – nous apprécions la qualité de l’accueil et de la sangria servie en apéritif. Nous profitons de cette entrée en matière pour jeter un oeil à la carte. Le choix de pizzas et de pâtes est impressionnant. Si impressionnant que nous peinons à nous décider et optons pour la simplicité : une pizza reine.
Le calme ambiant est appréciable, idéal pour se déconnecter le temps d’une pause déjeuner. Dix minutes s’écoulent, nous sommes servis. La pizza respire l’Italie, chose assez rare pour un restaurant français. La pâte est fine et fondante, le goût des fromages légèrement prononcé et la qualité du jambon, évidente. L’ensemble ravit les papilles et s’avère relativement consistant. Nous nous laisserons tout de même tenter par le tiramisu maison recommandé par la patronne. Encore une fois, la confection à l’italienne est impeccable et justifie le succès du dessert, produit phare du Mille Pâtes. Misant avant tout sur la cuisine plutôt que sur une esthétique clinquante, le Mille Pâtes séduira les amateurs de cuisine italienne. L’enseigne de la rue Bretonneau se démarque par la qualité de ses pizzas, probablement les meilleures du Vieux Tours, voire de la ville.
L’ADDITION
Les tarifs sont standards. Très corrects si l’on prend en considération la qualité des produits et le fait maison. La carte du Mille Pâtes s’aligne parfaitement sur la concurrence, chez qui la satisfaction gustative n’est pourtant pas toujours au rendez-vous.
EN PRATIQUE
Le Mille Pâtes se trouve au 31 rue Bretonneau, dans le quartier du Vieux Tours. Le restaurant est ouvert du mardi au samedi de 12 h à 14 h et de 19 h à 23 h. Choix à la carte. Réservations au 02 47 64 03 95.
 

Banque alimentaire : cuisinez mobile !

Quand la banque alimentaire de Touraine et l’association d’entraide Téméléïa s’associent, ça donne un atelier cuisine plutôt sympathique. L’idéal pour découvrir la cuisine, y prendre goût, mais aussi pour rencontrer de nouvelles personnes.

Autour de la cuisinette mobile, les participants, satisfaits, terminent la préparation de leur repas.

Branle-bas de combat en cuisine, le repas doit être prêt à midi. Au menu de ce jour : salade mixte, couscous et mousse aux fraises. Les cuistots s’affairent, respectant à la lettre les instructions de la chef. L’ambiance d’une cuisine de restaurant… dans le hall des locaux de l’association d’entraide Téméléïa à Tours. Après trois séances d’initiation à la cuisine, huit bénéficiaires de la banque alimentaire terminent de préparer le repas qu’ils partageront ce midi. Trois séances gratuites destinées à familiariser les participants à la confection de menus à la fois complets et simples.
Pour parvenir à leurs fins, Adtiyan, Sylvia et six autres apprentis cuisiniers ont disposé des conseils de Béatrix, une bénévole de la banque alimentaire. « Nous préparons des plats que les participants ont envie de cuisiner. » Et afin de pouvoir cuire la viande et rincer les légumes, une cuisinette mobile est prêtée par la banque alimentaire de Touraine (BA37). Un outil de cuisine sur roulettes, composé d’un plan de travail, d’un four, de plaques de cuisson, d’un évier. Idéal pour découvrir la cuisine et y prendre goût. Pour Daniel Doyer, président BA37, les ateliers de cuisine « sont l’occasion pour les bénéficiaires de découvrir de nouvelles recettes qu’ils peuvent reproduire ensuite chez eux en utilisant les produits que nous leur distribuons ». Mais outre cet aspect pratique, cuisiner à plusieurs a aussi vocation à permettre de « rencontrer de nouvelles personnes et à d’échanger avec elles autre chose que de simples conseils de cuisine ». Un propos confirmé par Sylvia, une des participantes, qui « apprécie l’ambiance détendue des ateliers ». Lancement réussi pour la banque alimentaire, qui prévoit de nouveaux ateliers à partir du mois de septembre.

Zoom sur Rayon frais : On aime Animal fYESta !

Le festival Rayon frais commence cette semaine, on est allé voir en avant-première le spectacle du collectif Cocktail Pueblo : Animal FYESta. Et on a aimé.

(Photo Laëtitia Barbier)
(Photo Laëtitia Barbier)

Le spectacle Animal fYESta a été imaginé par le collectif d’artistes Cocktail Pueblo spécialement pour le festival Rayons Frais. Ils sont en résidence au Temps Machine, exprès pour ça. Fraîcheur testée et approuvée par nous, vous nous faites confiance, non ? Cocktail Pueblo, c’est une joyeuse bande de copains tourangeaux, musiciens et techniciens, qui ont chacun leur propre projet au sein du Cocktail : Jagwar Pirates, Piano Chat, Futuroscope…
Réunis pour un spectacle son et lumière à vous donner envie de rejoindre vos bambins sur le carré magique. Qui vous fait aussi envier Marceau, le chanteur plein d’énergie avec son masque de chien bleu, qui garde parfaitement le contrôle sur une vingtaine d’enfants déchaînés par la musique. Quand leur carré de lumière s’éclaire? et au son du sifflet, les enfants doivent imiter l’animal que Marceau leur a attribué, chiens, singes, tigres ou poules. La consigne n’est pas toujours respectée mais ils s’amusent. C’est l’heure du limbo : il faut danser avant de passer sous la barre. Certains trichent avec leur petite taille, mais la plupart se prêtent au jeu avec un grand sourire. Ils sont félicités, ils ont gagné un nouveau jeu. On passe aux éléphants. Quand la lumière blanche illumine le carré, personne ne doit bouger ! Car des souris imaginaires guettent pour chatouiller les pachydermes en herbe. Au son d’une flûte à bec heureusement accompagnée par guitare, batterie et synthé, ils marchent en imitant un éléphant. Puis c’est reparti « en direction de la fyesta ! » Pas n’importe quelle fiesta, en somme.
La musique donne envie de se prélasser sous un cocotier (pendant qu’on garde les enfants pour vous), puis s’emballe… les enfants avec. Quand la musique s’arrête, ils s’immobilisent, fascinés. Le spectacle est prévu pour durer 40 minutes : un véritable challenge ! Et pourtant…
Cocktail Pueblo, au Temps Machine, vendredi 4 juillet à 18 h et samedi 5 juillet à 11 h et 18 h. Le Festival Rayons Frais est entièrement gratuit, mais il faut retirer les places au square de la préfecture, jusqu’à une heure avant le début d’Animal fYESta. Plus d’infos sur le reste du programme sur rayonsfrais.com
 

Dragon 2 : la bonne suite

La suite du film d’animation sur les dragons se tient, malgré quelques faiblesses dans le scénario.

CINE_DRAGONS
Harold a bien grandi depuis le premier volet de Dragons (How To Train Your Dragon, en version originale). Toujours accompagné de son fidèle compagnon Krokmou, le garçon, qui est devenu un homme, poursuit ses aventures dans ce second opus, où il explore de nouveaux horizons. L’île est désormais peuplée de nombreux dragons. Tout se passe pour le mieux, dans le meilleur des mondes. Jusqu’à ce que notre duo de héros se retrouve au coeur d’un conflit qui menace à la fois les hommes et les dragons. Harold et Krokmou vont devoir se battre pour défendre leurs valeurs et préserver le destin des deux espèces. Le spectateur découvre un héros soumis à de nouveaux choix, à de nouvelles émotions. Le piège de l’épisode 2 est évité. Le scénario est rythmé, les dialogues tantôt hilarants tantôt touchants, le casting alléchant.
Dans la version originale, la liste d’acteurs ayant prêté leur voix aux personnages est digne des plus grands blockbusters hollywoodiens : Cate Blanchet, Gerard Butler, Jonah Hill. Excusez du peu. Encore une fois chez Dreamworks, le travail est soigné et les animations éblouissantes compensent les quelques longueurs ressenties pendant les scènes d’émotion. Contrairement à d’autres productions pour lesquelles elle est obsolète, la 3D apporte ici un vrai plus pour l’immersion du spectateur lors des scènes de vol à dos de dragons.
On appréciera également la finesse des détails, qui souligne le perfectionnisme de Dean DeBlois et son équipe. Le réalisateur a, par ailleurs, salué ses pairs au travers de quelques clins d’oeil à d’autres productions hollywoodiennes. Le Seigneur des Anneaux, Avatar ou encore Harry Potter ont été autant d’influences évidentes à Dragons 2. Tant sur le plan visuel que sur celui du récit d’ailleurs, qui aborde avec brio les thèmes de la famille, de la solidarité, de l’amitié, de l’amour et du courage. C’est d’ailleurs en ce sens que ce Dragons 2 est susceptible de séduire à la fois les plus petits et leurs parents, tant l’histoire se démarque du commun des films d’animation, par une maturité trop souvent absente dans les films d’animation et par une profondeur inhabituelle. Un troisième opus est d’ores et déjà prévu, Dean DeBlois ne comptant pas s’arrêter là. Petit conseil pour profiter pleinement de ce Dragons 2, regardez le premier volet en amont. Les progrès réalisés pour cette suite n’en seront que plus appréciés.

Le Wwoofing, un voyage participatif

Le Wwoofing, vous connaissez ? Voyager à moindre frais en découvrant le fonctionnement d’une ferme bio séduit de nombreux jeunes : nous sommes allés voir dans la campagne tourangelle.

Wwoofing
Bossay-sur-Claise, dans le sud de la Touraine. Sous un soleil de plomb, Tony et Sylvain, deux jeunes agriculteurs maraîchers, installés à leur compte depuis quelques années, s’affairent sur leurs terres. Il est presque midi, les conditions de travail sont rudes. Difficile de gérer à eux deux 11 hectares de cultures. Bientôt, deux travailleurs à mi-temps viendront les assister, mais en attendant, Tony et Sylvain ont opté pour une solution économique et enrichissante : le Wwoofing. Chaque année, les deux amis accueillent sur leur ferme des apprentis fermiers bénévoles, français ou étrangers, qui viennent les assister gracieusement en échange du gîte, du couvert et de belles rencontres. Côté fermier, l’investissement financier est minime et donc intéressant. Côté Wwoofer, le séjour à la ferme est l’occasion de découvrir le monde agricole et de partager des moments avec les agriculteurs, loin des villes.
« Recevoir des personnes à la ferme, ça nous permet de casser la routine et de rigoler à plusieurs. »
Tania est israélienne. Après deux premières expériences de Wwoofing, une en Israël et une aux États- Unis, elle a choisi la France pour son troisième séjour. Avant tout pour apprendre à parler le Français, mais surtout pour le dépaysement. Car ce qui séduit la jeune femme de 21 ans, c’est « cette déconnexion » qu’offre le Wwoofing. Après avoir passé quelques semaines dans une autre installation agricole du département, elle a choisi de continuer son séjour à la ferme maraîchère de Tony et Sylvain. En contrepartie de ses services, ses hôtes ont mis à sa disposition une petite caravane. Un confort rudimentaire, qui ne perturbe pourtant pas la jeune femme. « Cela fait partie du jeu, on s’adapte à chaque fois aux conditions d’accueil, qui varient d’une ferme à l’autre ». Chaque jour, Tania assiste les fermiers pendant quelques heures. Désherber, entretenir les cultures, préparer les paniers de légumes destinés aux AMAP, nourrir les cochons et les poulets… Tout y passe. La jeune israélienne est investie et n’hésite pas à poser des questions quand elle ne sait pas. Après tout, elle est là pour apprendre. Quand elle a fini son travail, la jeune Wwoofeuse peut profiter des environs ; quand elle le demande, ses hôtes lui prêtent leur voiture, pour qu’elle aille vadrouiller dans les alentours, visiter la Touraine. Et quand, le soir venu, les corps éreintés passent à table, c’est tous ensemble. Wwoofers et fermiers ne partagent pas seulement les tâches quotidiennes, ils apprennent aussi à se connaître autour d’un « bon verre de vin rouge et de fromage français ». En deux ans, Sylvain a accueilli de nombreux Wwoofers et ne pourrait maintenant plus se passer de leur aide. « Outre les avantages financiers, c’est surtout l’aspect humain qui nous manquerait. Recevoir des personnes à la ferme, ça nous permet de casser la routine et de rigoler à plusieurs. »
Nouans-lès-Fontaines, à une cinquantaine de kilomètres plus au nord. Josh, un Wwoofer néozélandais de 26 ans, rentre tout juste de Tours, où il vient de passer quelques jours de détente en compagnie d’amis. Ici, le décor est tout autre. Terminé les cultures à perte de vue, place aux chèvres laitières. Le Wwoofing a la particularité de ne pas se limiter à un type d’exploitation agricole en particulier. Si Josh a choisi l’élevage caprin d’Alexandra Robert, c’est justement pour « varier les plaisirs et avoir une vision d’ensemble de l’agriculture française ». Chaque jour, il sort la cinquantaine de chèvres de leur abri pour les emmener gambader et brouter au pré. Une activité qui amuse le jeune homme, qui assiste aussi Alexandra à la maison. Un geste que la fermière apprécie. « Ce qui est intéressant dans le Wwoofing, c’est que chaque apprenti fermier est différent. Certains sont très à l’aise avec les animaux, alors que d’autres ont plus d’aptitudes à la maison, pour la cuisine par exemple. Dans tous les cas, on y gagne, à la fois en main d’oeuvre mais surtout en rencontres. » La jeune éleveuse caprine sait de quoi elle parle. En un an, elle a reçu à sa ferme près de trente Wwoofers. Parfois seuls, parfois en couple, français ou étrangers. Accro au Wwoofing, Alexandra ? « C’est sûr qu’aujourd’hui, je ne vois pas comment je pourrais m’en passer. Sans l’aide de Wwoofers, je ne pourrais plus tenir la ferme seule, d’autant que je dois aussi m’occuper de ma fille de deux ans. » La petite Margot, encore trop jeune pour aider maman, profite aussi du Wwoofing pour rencontrer du monde. « Il arrive que des couples de Wwoofers viennent avec leurs enfants, explique Alexandra. En général, on se répartit les tâches : l’un d’entre nous reste à la maison pour garder les petits, tandis que les autres s’occupent de la ferme. »
Désherber, préparer les paniers de légumes destinés aux AMAP, nourrir les cochons et les poulets… Tout y passe.
Si la plupart des Wwoofers jouent le jeu en respectant la demande d’aide de l’agricultrice, il arrive parfois que certains abusent du concept. « Il m’est arrivé de recevoir des gens qui venaient simplement profiter du logé-nourri pour consacrer leur budget vacances aux sorties. » Des personnes qui n’aident pas, ça arrive, mais cela reste très rare. « En trois ans de Wwoofing, j’ai eu seulement deux cas de ce type, explique Alexandra. La plupart du temps, les gens s’investissent. Certains plus que d’autres, mais dans l’ensemble, je suis très satisfaite. » En cas d’abus, Alexandra et les autres hôtes peuvent compter sur l’association WWOOF France, qui s’occupe de la mise en relation entre Wwoofeur et hôte. Si la personne accueillie à la ferme ne respecte pas ses engagements, elle sera mise en garde par l’association, qui peut aller jusqu’à résilier l’adhésion du Wwoofeur si les abus sont répétitifs. Mais là encore, pas de règle bien définie. WWOOF France ne se considère pas comme une « police » du Wwoofing, mais plutôt comme un intermédiaire entre le voyageur et le fermier. Sa plateforme en ligne est d’ailleurs exclusivement dédiée à la recherche d’hôtes.
En France, ils sont près de 800 à accueillir chaque année des Wwoofers. Sur le département, sept exploitations agricoles proposent le gîte et le couvert aux apprentis fermiers. Souvent considéré comme un moyen pour les étrangers de visiter gratuitement la France, le Wwoofing évolue aujourd’hui. De plus en plus de Wwoofers français se laissent séduire par la formule, qui s’inscrit dans la droite ligne des nombreuses pratiques d’échange de services, comme le covoiturage ou le couchsurfing. Dans un contexte économique difficile, le Wwoofing représente une excellente alternative aux voyages coûteux. Le concept, apparu dans les années 70 en Angleterre, reste perfectible, notamment sur le plan juridique. Mais nul doute que d’ici quelques années le nombre d’hôtes et de Wwoofers aura considérablement augmenté.
WWOOF ?
Comprenez World-Wide Opportunities on Organic Farms. Le WWOOF est un réseau mondial de fermes bio qui se proposent d’accueillir toute personne souhaitant partager le quotidien et le travail de la ferme, en échange du gîte, du couvert et du dépaysement.
ORIGINES
Le WWOOF a été lancé en Angleterre en 1971. Sue Coppard, une secrétaire londonienne, voulait offrir aux citadins l’opportunité de découvrir la campagne anglaise, tout en soutenant l’agriculture bio. D’abord dans le Sussex, la formule s’est développée dans le monde entier.
800
C’est le nombre d’hôtes en France métropolitaine et dans les départements d’outre-mer. Les structures d’accueil sont diverses : élevages, fermes maraîchères, permacultures… Chaque département compte au moins une exploitation agricole accueillant des Woofers.
ALLER PLUS LOIN
Vous souhaitez tenter l’expérience ? Rien de plus simple. Vous trouverez toutes les informations et les contacts nécessaires sur le site web de l’association française de wwoofing : wwoof.fr. Une adhésion annuelle de 20 € est demandée aux futurs wwoofeurs. Un outil de recherche par département et type d’exploitation est mis à leur disposition. Avant de partir D’anciens wwoofeurs partagent leurs expériences en ligne, sur les forums. Vous y trouverez de nombreux conseils pour préparer au mieux votre voyage. Des avis y sont également laissés sur les hôtes.

Paroles de wwoofers

Qu’ils soient étrangers ou français, de plus en plus de jeunes se laissent séduire par le Wwoofing.

Pierre, 23 ans, Français, en Wwoofing au Canada
« Je suis arrivé au Canada, en pleine période de pointe pour les semis. J’ai du m’adapter très vite à la langue et au rythme de travail. La famille qui m’accueille a su me mettre tout de suite à l’aise et m’intégrer dans leur culture. Ils m’ont fait visiter, goûter, découvrir leurs coutumes… Ils m’ont même prêté une voiture pour mes vacances ! Cette expérience me donne envie de partir découvrir d’autre pays, toujours par le biais de l’agriculture car je pense que la vie des agriculteurs est assez représentative du pays. »
Tania, 21 ans, Israëlienne, en Wwoofing en Touraine
Tania, wwoofeuse israélienne
« La vie à la ferme est vraiment géniale, ici, en France. J’en suis à ma troisième expérience de Wwoofing, après Israël et les États-Unis, mais je dois bien avouer que je préfère de loin la France. Je ne suis pas sous la contrainte d’horaires de travail bien définis, je donne un coup de main chaque jour et peux disposer de temps libre pour visiter les environs. Et le soir, mes ‘’patrons’’ m’invitent à partager le repas et la soirée avec eux. J’ai un certain faible pour les vins et fromages locaux ! »
Marion, 27 ans, Française, ancienne Wwoofeuse
« Le Wwoofing, ça change du stage et de l’école. C’est l’occasion pour les citadins de rencontrer de nouvelles personnes, proches de la terre. Des gens qui ont une autre vision du quotidien et du travail. Je suis partie cinq semaines en Roumanie en 2011. Il n’y avait ni électricité, ni internet. Vivre cinq semaines, coupée du monde, est une très bonne expérience. Pour l’anecdote, à l’époque de mon voyage, je n’ai appris l’accident de Fukushima que cinq jours après ! »
Josh, 26 ans, Néo-Zélandais, en Wwoofing en Touraine
« Je ne connaissais pas le Wwoofing il y a encore quelques mois, c’est un ami qui m’en a parlé. Je suis venu ici (dans une ferme caprine, ndlr) pour découvrir l’élevage de chèvre, mais surtout pour apprendre le français. C’est selon moi une des méthodes les plus simples pour apprendre une nouvelle langue. J’ai aussi pu profiter de congés pour aller passer du temps à Tours et rencontrer de nombreux étudiants. Certains pensent que Wwoofing rime avec contrainte, bien au contraire. »
Sébastien, 28 ans, Français, ancien Wwoofer
Sébastien, ancien wwoofer
« J’ai été Wwoofer en Nouvelle-Zélande, où je suis resté une bonne dizaine de mois au total entre 2009 et 2010. J’étais parti à la base pour mettre à jour un guide voyage sur le pays, et j’ai fi-nalement prolongé mon voyage pour faire du Wwoofing. Je n’oublierai jamais mes parties de chasse à l’oppossum la nuit avec les jeunes maoris de la ferme voisine d’où je travaillais. Je ne ferai sans doute jamais carrière dans l’agriculture, mais ça fait vraiment du bien de bosser loin d’un ordinateur. »