Un amour sans fin : la foire aux clichés

Une romance sur un amour impossible. Prévisible, d’une vacuité confondante et scénario faiblard : avis aux amateurs…

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Était-ce vraiment utile de faire un remake du film Un amour infini de Zeffirelli (avec Brooke Shields, 1981), lui-même adapté du roman Endless love de Spencer en 1979 ? Shana Feste, réalisatrice de films pas franchement glorieux (Country strong, au hasard), ne s’est pas posée la question. Accoucher d’une sorte de Roméo & Juliette moderne et filmer l’idylle impossible de deux adulescents ? Quelle bonne idée ! Oui, sauf que…

Un amour sans fin, c’est donc la chronique du coup de foudre entre David et Jade. Lui, modeste, gueule d’ange un peu rebelle, préfère avoir les mains dans le cambouis et aider son père garagiste dans le besoin. Elle, sans amis et toute timide, est issue d’une famille aisée et se destine à de brillantes études en médecine.
Sous ce postulat éculé se dessine alors une folle histoire d’amour passionnel, rapidement empêchée par le papa de la belle Jade, qui ne voit pas les choses du même oeil. Ne prenant David que pour un bon à rien au passé trouble, il fait alors tout pour les séparer et leur interdire de se voir.

Commence alors une surenchère de clichés alignés sans vergogne : premier regard échangé en ramassant quelque chose en même temps, première fois devant la cheminée, pseudo scène du balcon, retrouvailles à l’aéroport, fête au lac, musique mielleuse… Lourdaud et poussif, Un amour sans fin patauge dans un marécage de stéréotypes, pas plus aidé par un scénario peu abouti et pas crédible. Tout est prévisible, sans rebondissement, faisant alors sombrer doucement cette romance un peu gnan-gnan et édulcorée.
Paresseux, le film de Shana Feste use, durant plus d’une heure et demie et jusqu’à la moelle, son leitmotiv abrutissant : battez-vous pour votre dulciné(e), rien n’est impossible, car l’amour à 17 ans est plus fort que tout (pitié…). Le tout, emmené par des personnages-mannequins tout droit sortis d’un magasin Abercrombie & Fitch®.

Pourtant, Un amour sans fin possède quand même son petit lot de qualités : un sous-texte sur un père traumatisé par le décès d’un de ses fils, le joli travail sur l’image, une complicité palpable et une alchimie visuelle entre les deux amoureux… Mais de maigres consolations, d’autant qu’elles ne sont que peu exploitées, voire vite gâchées par des maladresses (David n’est censé n’avoir que 17 ans mais en paraît 30…).
Un portrait d’une passion adolescente tellement dans l’excès et dégoulinante de bons sentiments (trop !) qu’il ne plaira, au final, qu’à une infime part de spectateurs. Ou à de jeunes romantiques obéissant à la devise amour, arc-en-ciel et poneys à paillettes. Un film au goût d’ex qui revient au mauvais moment : amer. Vite vu, vite oublié.

Aurélien Germain
NOTE : *
Drame/Romance, de Shana Feste (États-Unis). Durée : 1 h 44. Avec Alex Pettyfer, Gabriella Wilde, Bruce Greenwood, Joely Richardson, Robert Patrick…
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TOUJOURS EN SALLE
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SOUS LES JUPES DES FILLES **
Le printemps est là. Onze Parisiennes se croisent, se fâchent, se séduisent. Elles sont mères de famille, copines, célibataires, joyeuses, insolentes, inattendues… Mais surtout paradoxales. Comédie féminine signée Audrey Dana, Sous les jupes des filles multiplie malheureusement trop les personnages, en enquillant des pastilles certes bien écrites, mais manquant de lien. Un zapping incessant qui détruit un peu la force de ce casting glamour et prometteur. Dommage. An.G.
X MEN : DAYS OF THE FUTURE ***
Bryan Singer remet le couvert avec cette aventure spatio-temporelle des X Men. Dans un monde où humains et mutants se font exterminer par des machines parfaites, la seule solution c’est d’envoyer Wolverine dans le passé pour changer le cours de l’histoire. Bastons, stades qui volent dans les airs, boules de feu… Vous allez être servis dans cet excellent film de super héros. On retrouve même le côté sombre et pas du tout manichéen des premiers X Men. Un bijou ! B.R.
GODZILLA ***
Attention, film qui casse la baraque… dans tous les sens du terme. Méga production signée Gareth Edwards, ce Godzilla version 2014 rend hommage à la version d’origine, en revenant aux sources nucléaires du mythe. Spectacle époustouflant, mise en scène brillante et effets spéciaux bluffants (quelle claque !) font oublier un scénario pas extraordinaire. Efficace à 100 %, notamment lors des combats de monstres, étonnamment filmés sans musique, qui filent la chair de poule. A.G.

NOTATION :
 **** CULTEissime 
*** TOPissime
** PASMALissime 
* BOFissime
X NULissime

 

 

Sous les jupes des filles : cacophonique

C’est le printemps. Onze Parisiennes se croisent, se fâchent et séduisent. Une comédie féminine.

CINE_PAP
Programmer un film de filles quelques jours avant la Coupe du monde de football, on a vu plus subtil de la part d’un distributeur. Mais on avait envie de découvrir ce long métrage qui partage son titre avec une sublime chanson d’Alain Souchon. Tout comme on voulait voir évoluer cette pléiade de vedettes féminines. On ressort de la salle obscure avec une impression mitigée. Sous les jupes des filles est une oeuvre chorale. Une comédie qui plus est.
Mais Audrey Dana n’est ni Alain Resnais (On connaît la chanson) ni Robert Altman (Short cuts). Sa comédie se rapproche quelque peu des réalisations de Danièle Thompson (Fauteuils d’orchestre, Le Code a changé). Cependant, la mécanique y est moins bien huilée. Trop de personnages et pas suffisamment d’intrigue. Des pastilles joliment écrites et réalisées, mais qui manquent de lien. Si ce n’est des considérations météorologiques (Évelyne Dhéliat likes this) et la rencontre fortuite des protagonistes. La galerie de personnages dessine le portrait d’une femme du XXIe siècle.
En débutant le film face caméra, dans le rôle d’une quadra déprimée, sous la couette, joint à la bouche et tampon à la main, Audrey Dana a décidé d’injecter un peu de trash là où d’autres auraient sacrifié cette approche sur l’autel de la bienséance. On adhère ou pas. Tour à tour, on découvre des femmes complexes, fortes et fragiles, névrosées et insolentes. En un mot : paradoxales.
On rencontre Audrey Dana dont le personnage est confronté à une irrésistible attirance pour les hommes mariés. Rose (Vanessa Paradis), en PDG au taux de testostérone comparable aux mâles, malmène son assistante Adeline (Alice Belaïdi, touchante). Ysis (Géraldine Nakache) en jeune maman de quatre garçons et qui succombe aux charmes de la nounou (Alice Taglioni). Isabelle Adajni qui refuse la vieillesse et qui consulte sa gynécologue de sœur (Sylvie Testud). Laetitia Casta, en jeune avocate à la beauté diaphane, rencontre les problèmes gastriques de Shrek lorsqu’elle s’éprend d’un confrère. Marina Hands en épouse cocue et cruelle vengeresse. Audrey Fleurot campe une femme fatale à la recherche du désir. Et Julie Ferrier qui se libère du joug de désordres psychologiques en cédant à l’appel de son bas-ventre dans les bras d’une star hollywoodienne.
Un casting glamour et prometteur dont la réalisatrice tire un film sincère. On imagine que les actrices se sont régalées sur le tournage. Nous, un peu moins. La faute à ce zapping incessant entre les personnages. Cette cohabitation de jolies historiettes ne débouche pas sur la comédie dopée aux œstrogènes que l’on attendait. Dommage.