Nebraska : émouvant road-movie

Émotion à l’état pur dans ce nouveau long-métrage d’Alexander Payne. Nebraska est beau, tout simplement. Un coup de cœur !

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Il est de ces films qui vous chamboulent, vous touchent. Et qui sortent de l’ordinaire hollywoodien, de ce cinéma habituel et quotidien, pas assez fou, pas assez courageux. Nebraska, d’Alexander Payne (The Descendants), en fait partie.
L’histoire n’est pourtant pas révolutionnaire : Woody, septuagénaire alcoolique, reçoit un courrier « Vous avez gagné le gros lot ! ». Persuadé qu’il est désormais millionnaire, il part dans le Nebraska, à pied, pour récupérer ce soi-disant lot. Son fils, agacé par ce comportement, va finalement le suivre.

Sur ce postulat de départ simpliste, Payne accouche d’un road-movie émouvant, naviguant constamment entre la tendresse la plus pure et la cruauté.
Ce qui frappe, aussi, c’est cette merveilleuse photographie : un noir et blanc irréprochable, pur, qui rajoute un côté nostalgique à ce voyage. Loin du glamour à paillettes de la Mecque du cinéma, Nebraska se transforme rapidement en drame comique. Parce que l’on sait qu’il n’y aura aucun lot au bout de ce périple. Parce que l’on sait que ce bon vieux Woody perd un peu la boule, mais en rajoute aussi, incompris et solitaire qu’il est. Parce que l’on rit, on sourit souvent, avec ces petites touches d’humour gentillettes, répétitives, douces.

Mais l’esthétique ne serait rien sans le fond. Nebraska est beau. Tout simplement, car il dépeint à merveille les relations entre un père et son fils qui n’ont, finalement, jamais eu l’occasion de se parler plus que ça, ni d’apprendre à se connaître. Et que, même sans jamais se regarder droit dans les yeux, les liens entre Woody et son enfant sont là, ils existent bel et bien. Leurs anciennes querelles sont en fait rapidement effacées, lorsque « des vautours » s’intéressent subitement à ce brave Woody… et son argent !
C’est le fils qui va défendre le père. L’amour familial éclate alors au grand jour. Et dans cette tornade d’émotions, il y a un acteur qui brille et illumine ce film tout de noir et blanc vêtu : Bruce Dern, touchant et méritant amplement les éloges reçues à Cannes et aux Oscars. Sorte de papy grognon, aux cheveux hirsutes, avec un regard toujours perdu dans le vide. Obnubilé par l’idée de toucher son pactole, en laissant femme et enfants derrière lui. Toute sa vie, même. Quitte à partir à pied. A tout lâcher.
Alors à la fin de ce Nebraska méritant et de qualité, on a envie de regarder son père d’une autre manière. Voir la vieillesse sous un autre angle. Et s’interroger sur la solitude.

Aurélien Germain

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