Le microspop de Mister Doc #4

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Episode 4 : La Nuit est riche et le Jour à La Riche.

Fanny Lasfargues
Deux expos à La Riche… Laurent Bouro à La Laverie (ex laverie de l’Hopital Bretonneau) une ambiance à la Jeunet, des crochets au plafond, des fours de brique en sous-sol ; je pense à Landru quand Laurent interrogé par une admiratrice clame peindre des hommes mais aimer les femmes ( bien cuites ? !). J’apprécie son travail, cette accumulation de portraits venus d’une civilisation oubliée. J’y croise Jacques Moury Beauchamp, le bluesman photographe. En la Chapelle sainte Anne Lydie Arickx ne fait pas dans le décoratif : c’est fort, intense, parfois déstabilisant. Ne pas trop s’impliquer dans la contemplation pour en sortir intact. Un Strapontin plein comme un œuf pour le bœuf ( !), la musique prétexte à de la convivialité nocturne ; au Bistro 64 idem pour le concert Des 2 Moiselles de B avec Juliette Rillard dont je suis fan ( on y croise de l’ Ez3kiel, du Padawin, de l’Homme Vert). Un dernier regard en Arcades Institute aux sensations d’un temps où la vie semblait plus douce et plus simple sous le pinceau de Daniel du Janerand ; d’un pas l’autre nous sommes au Petit Faucheux où se produit The Bridge, 2 ricains et 3 fransozes : fascinante est Joelle Leandre catalyseur de l’osmose artistique. En première partie Fanny Lasfargues outrage sa basse acoustique, la détourne de son usage académique ; ainsi elle existe et crée sa place par ce désir d’être unique… En sortant j’ose dans la rue chanter : « Aux contrebassins j’ai toujours préféré les contrebassistes ».

Chroniques culture #6

Chaque semaine, retrouvez quatre » choses » culturelles chroniquées par nos soins.


LE CD

TIM PARIS, DANCERS
Attendu pour le 28 octobre, le premier album de Tim Paris s’annonce riche en collaborations avec notamment la présence de Ben Shemie, chanteur du groupe montréalais Suuns ou encore Coco Solid, la chanteuse de Parallel Dance Ensemble. Ce Dj underground parisien sait non seulement s’entourer mais il parcourt les différents territoires de l’électro minimaliste avec talent. sorti chez My Favorite robot records.
LE CD
MOTÖRHEAD, AFTERSHOCK
Motörhead, à l’instar d’un AC/DC, fait partie de ceux qui ne changeront jamais d’un iota leur formule, mais qu’on continuera d’aimer. Culte jusqu’à la moelle, la bande à Lemmy (67 ans !!!) balance de nouveau un concentré de rock’n’roll trempé dans le whisky, un brûlot continu à coup de groove bluesy imparable : treize pépites pour ce 21e album studio qui conforte Motörhead dans son statut d’icône.
À LA TV
PRINCESSE MONONOKÉ
Entre le monde des rêves et la mythologie japonaise, ce chef-d’oeuvre de Miyazaki remue les thèmes favoris du réalisateur : écologie, technologie, choix de société. Mais c’est aussi une plongée fantastique dans l’onirisme et la poésie. 16 ans après sa sortie en 1997, ce dessin animé n’a pas pris une ride et s’adresse toujours autant aux parents qu’aux plus petits.
Sur Arte, mercredi 23 octobre, à 20 h 50.
LE DVD
STAR TREK, INTO DARKNESS
Épisode de Star Trek. Sur un script basique, le réalisateur nous fait embarquer dans un film visuellement époustouflant, mené par des effets spéciaux de toute beauté. Rythme à cent à l’heure mais pas étouffant, quelques touches comiques et de très bons acteurs (Zachary Quinto) rattrapent certaines erreurs grossières de ce blockbuster parfois dégoulinant de bons sentiments.

Roller derby, comme sur des roulettes

À la découverte des Silly geez de Tours et d’un sport qui détonne par son sens tactique, sa castagne et aussi son folklore.

rollerderbyweb

Elle hurle une série de chiffres. « 3 ! 4 ! ». Stoppe ses coéquipières, qui étaient lancées sur la piste. « On va changer de tactique », annonce Cindy, capitaine des Silly Geez, l’équipe de roller derby de Tours. Elle sourit. « Il y a pas mal de personnes qui pensent qu’on est juste des filles qui se bousculent sur des patins. Mais il y a une grande part de stratégie », confie-t-elle.

Le roller derby dépote auprès de nombreuses Tourangelles depuis deux ans. Elles sont une trentaine en ce début de saison. À s’étaler sur le parquet. Se marrer à chaque pause. Transpirer au gré des accélérations. Il n’y a pas à en douter : « C’est du sport ! », s’exclame Anne-Lise, en enfilant une genouillère.

En témoigne un début de séance assez physique. Abdos, gainage et même saute-mouton. Cléor, qui dirige l’exercice, explique : « On fait monter le cardio. Et puis chauffer des muscles spécifiques : les cuisses, une bonne partie du dos ». Avant d’aller au charbon. Sport de contact, le roller derby peut parfois laisser des traces. Casque sur la tête et patins accrochés aux pattes, Cécile observe pourtant l’entraînement depuis le banc. « L’an dernier, en jouant, j’ai eu le droit aux ligaments croisés du genou et aussi une belle entorse », raconte-t-elle, voulant rester prudente ce soir.

Ambiance girly, voire « harpie »

Toutes assurent pourtant qu’il n’y a, en général, pas de gros bobos. Des bleus sur les cuisses et les côtes, plus souvent. « Pour mon premier match, j’avoue que j’avais un peu peur. Mais une fois sur la piste, on prend une grosse bouffée d’adrénaline, avec la vitesse, les contacts », révèle Anne.roulettes

Une intensité louée, mais pas autant que l’esprit du roller derby. « L’ambiance girly, voire un peu harpie », décrit Cécile. Les nouvelles sont affectueusement appelées « Fresh meat » (viande fraîche). Chaque joueuse a un surnom et choisit son numéro. Exemple : Cindy, alias Cissy Spankette sur le terrain, porte le numéro 85b. Un folklore dissimulant une certaine solidarité. Les rencontres n’étant pas inscrites dans un championnat, c’est le système D qui prévaut. « On s’entraide avec l’équipe adverse, qui vient souvent de loin. Elles dorment chez nous, on bouffe ensemble », poursuit Cécile. Et conclut son attrait pour le roller derby : « quand on est ici, on change un peu de peau ».

 


DES RECRUES
Les Silly Geez cherchent du monde. Hommes, femmes, sur patins, sans patins, pour arbitrer, encadrer, jouer. Il y a de la place pour tous. Une équipe masculine de roller derby se crée à Tours cette année. Infos sur thesillygeez@live.fr Entraînements mardi (20 h- 22 h), et vendredi (18 h 30-20 h), au gymnase ronsard.

LE BUT DU JEU
Autour d’une piste ovale, deux équipes de cinq s’affrontent sur des patins. La jammeuse, une dans chaque camp, doit dépasser le pack, composé de « bloqueuses », sans se faire jeter au sol ou en dehors du terrain de jeu. Si elle réussit, elle marque des points.

LE FILM
BLISS
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Ellen Page (Juno) joue le rôle d’une jeune fille s’épanouissant et trouvant sa personnalité grâce au roller derby. Parfait pour découvrir l’univers de ce sport.

L’ÉQUIPEMENT
Il faut impérativement des patins de type « quads » (4 roues non alignées), protège-genoux, protègecoudes, protège-poignets, un protège-dents et un casque. « On s’en tire entre 250 et 300 euros pour du matériel neuf », dit Cécile, lineup manager de l’équipe.

Broadway en Touraine

Le Brodway Artistic Show s’agrandit et lance son institut de comédie musicale cette année. Vous connaissez cette compagnie qui a commencé avec un petit groupe d’étudiants ?

LE BAS
(Crédit David Savary)

Les vocalises résonnent depuis la salle panoramique du Sanitas. Elles s’entendent jusqu’au bas de l’immeuble. À l’intérieur, la troupe du Broadway Artistic Show (BAS), spécialisée dans la comédie musicale. Ils s’échauffent la voix, avant de débuter leur répétition. Jupes longues à carreaux, vestes en jean, banane sur la tête. Les artistes soignent leur look 60s. Logique, cette année, ils ont choisi Grease. Le 4e spectacle d’une compagnie étudiante qui s’agrandit d’année en année.
En 2013, le BAS a ainsi ouvert son institut. Les Tourangeaux se prenant pour Fred Astaire peuvent recevoir des formations en chant, danse ou improvisation scénique. « C’était une idée que j’avais en tête dès la première année », sourit Thomas Thuillier, président de l’association. L’étudiant en droit de 22 ans savoure la « professionnalisation » grandissante de BAS. Les débuts, en 2010, lui semblent même déjà loin. Il se souvient du jour où on lui a demandé un plan de feu (ndlr : disposition de l’éclairage) et une scénographie. « On ne connaissait rien à la production », se marre-t-il. Terminés les moments hésitants, quand par exemple l’université a accueilli tièdement son initiative.
L’image vieillotte des comédies musicales françaises a été supplantée par un effet Glee. Et surtout, BAS a convaincu par ses shows. « Maintenant, la fac dit qu’on est une de ses vitrines », fanfaronne Thomas. Il a souhaité amener la rigueur et l’intensité observées lors d’une année universitaire en Alabama. Il avait été impressionné par un de ses amis, étudiant en… comédie musicale. À ses côtés, Nathalie apporte sa parole de sage. « Je suis passée par une école de comédie musicale à Paris, et j’ai l’impression qu’il y a plus de profondeur dans le boulot ici », loue-t-elle.
La troupe dispose d’une directrice vocale et travaille avec Marie-Mathilde Amblat, comédienne au théâtre de l’Ante, une ancienne troupe étudiante devenue pro. Un futur qui trotte dans la tête de Thomas Thuillier. D’ici une décennie, il imagine une troupe BAS pro, et une amateure, en plus de l’Institute. Chiche ?
 
+ Après Cabaret, Adieu Berlin et Chicago, les étudiants ont choisi le célèbre Grease. L’histoire de Sandy, adolescente qui retrouve son petit ami de l’été dans son nouveau lycée. Représentations les 9, 10 à la salle Thélème et le 23 mai 2014 à l’Espace Ligéria, à Montlouis-sur-Loire. Vous avez le temps de réviser les paroles de « You’re the one that I want ».
++ Fondé cette année, BAS Institute propose différents stages, ouverts à tous et à prix abordables (50 €). La prochaine session se déroulera les 9 et 10 novembre. Elle s’intitule « Danse et conscience du corps ». Plus d’infos par ici !

Le cinéma s'adapte au handicap

L’association Ciné-ma différence organise des séances ouvertes à tous, où les handicapés peuvent venir sans appréhender des remarques d’autres spectateurs.

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Elle évoque ces « regards ». À chaque séance de cinéma avec Simon*, son fils, Patricia remarque ces coups d’œil et ressent une crainte. Celle que les spectateurs « disent quelque chose ». Son enfant est autiste. Pendant les séances, il peut avoir du mal à gérer ses troubles du comportement. L’initiative Ciné-ma différence l’a soulagée.
Présent dans 22 villes de France et à Tours depuis 2012, le dispositif instaure des séances de cinéma ouvertes à tous. Où les personnes handicapées, victimes de troubles du comportement, peuvent assister à des films sans appréhender des remarques d’autres spectateurs. « Alors que des familles s’excluent d’elles-même, cela permet d’accéder au cinéma sans frein », explique Benoit Pinero, coordinateur de l’association l’Art et la manière, liée à Ciné-ma différence.
Sensibiliser le public habituel
Avant la séance, des bénévoles vêtus d’un gilet jaune, guident les personnes handicapées jusqu’à la salle. Et les rassurent. Un court-métrage précédant le film est diffusé à tous pour expliquer le principe et les incidences sur le déroulé. « Les handicapés peuvent crier, parler, exprimer leurs émotions. Bref, elles sont-elles-mêmes », continue-t-il. Selon lui, 20 à 50% de la salle est composée d’individus atteints de troubles du comportement. « Il y a une vertu pédagogique sur le public habituel. Les enfants posent notamment beaucoup de questions et la discussion peut s’engager avec les parents », relève Benoit Pinero.
En partenariat avec les cinémas Studio, les séances ont lieu tous les derniers samedi du mois, à tarif unique (4,50 euros). Patricia se réjouit. « Tout est plus facile. Mon fils est moins stressé quant il regarde le film et a même moins de troubles », racontet-elle. Et parle à nouveau des regards d’autres spectateurs. « Bienveillants et accueillants », cette fois-ci.
*le prénom a été changé
Prochaine séance le samedi 26 octobre à 14 h 15 aux Studio. Film : Ma maman est en Amérique.

Thanatopracteur, la mort chevillée au corps

Bienvenue dans le monde des thanatopracteurs, un métier qui a la mort pour quotidien.

Didier Leveau, thanatopracteur depuis plus de 15 ans.
Didier Leveau, thanatopracteur depuis plus de 15 ans.

Carrure d’ancien rugbyman, Didier Leveau sort deux valises en plastique de sa voiture. Il est garé dans le parking des Pompes funèbres intercommunales de Tours. Dans le coffre, des bouteilles remplies de formol dilué et de solutions pour la conservation du corps des défunts qu’il « soigne ». Oui, les thanatopracteurs opèrent des soins sur les morts, leur redonnent une apparence convenable pour que leur famille puisse les voir une dernière fois.

Didier Leveau exerce ce métier depuis plus de 15 ans. Il rigole. S’exclame : « J’ai passé le cap. » Alors qu’il enfile sa blouse bleu : « Souvent, les hommes changent de métier après 15 années de thanatopraxie. Bizarrement, on dit que les femmes s’arrêtent au bout de 2 ans. » Cette profession, il ne peut pas dire qu’il l’adore mais il éprouve une fierté à rendre leur dignité, aux morts. « C’est un métier de l’ombre, regrette-t-il. Les embaumeurs égyptiens étaient des parias dans leur société parce qu’ils s’occupaient des défunts, peut-être qu’il y a un lien avec notre manque de reconnaissance aujourd’hui. »

Mort aseptisée

Didier Leveau est employé des 3T, une entreprise spécialisée dans la thanatopraxie et dans le transport funéraire. Il travaille en Touraine depuis plus de dix ans. Le thanatopracteur est parfois appelé à travailler au domicile du défunt ou de sa famille. Mais la majorité de ses soins sont effectués dans des lieux aseptisés, comme aujourd’hui dans cette pièce des Pompes funèbres, cachée au public. « On ne meurt plus chez soi. La mort ne fait donc plus partie de la vie domestique. Il y a donc eu une marginalisation de la mort, qui est devenue plus mystérieuse », analyse David Lebreton, président de l’Association des professeurs de philosophie et de l’enseignement public (Appep) en région Centre.
Murs en faïence, poubelles médicalisées, grandes tables d’opération en inox : ces éléments du décor s’apparentent à une salle d’opération classique. L’odeur n’est pas trop insupportable, quelques effluves de formol flottent dans l’air constamment recyclé par un système d’aération. Didier Leveau prévient : « Surtout, pas de sensationnalisme, notre métier n’a rien à voir avec ce que tout le monde imagine. »

Les ustensiles du parfait thanatopracteur

Devant le thanatopracteur, le corps d’une femme âgée, habillée d’une robe bleu marine, assez chic. De sa vie, Didier Leveau ne sait presque rien à part des éléments de son état civil. Alors il lui parle, sa façon à lui de se « blinder » et lui invente une existence heureuse pour ne pas rentrer dans la routine. Même s’il ne l’avoue pas facilement, son métier ne laisse pas indemne. Lui, il oublie sa journée en revenant chez lui, le soir, en voiture. Arrivé à la maison, impossible de se rappeler en détail de ce qu’il a fait. Des souvenirs douloureux, il en a quelques-uns qui lui collent à la mémoire. Sa femme travaille dans le domaine funéraire, mais aucun de ses amis n’est dans la profession. « Ça intrigue les autres, ils sont fascinés parce que je fais mais, en même temps, ne veulent pas trop en savoir. Certains se sont éloignés de nous à cause de ça. »

Images choquantes, morts respectueux

De l’une de ses valises, il sort une pompe péristaltique avec plusieurs tuyaux. C’est par eux que va sortent les fluides corporels du corps. Didier Leveau injecte ensuite une solution qui l’empêchera de se décomposer trop vite. Il explique avec simplicité cette procédure. Même si les images peuvent être choquante, ses mots sont respectueux. Autour de lui, les employés des pompes funèbres réceptionnent d’autres corps, les placent dans des chambres réfrigérées. Mourad, le responsable habillé d’un costume gris de circonstance, note avec précision les informations sur les personnes décédées.

Didier Leveau lui, est en train de mettre un collant opaque aux jambes de la défunte : son petit-fils veut la voir comme ça. Il place ensuite du coton dans ses cavités nasales et en dessous de ses lèvres. Avec un peu de cire, il forme un début de sourire. « Je ne vais pas en faire plus. Le but, pour la famille, c’est de revoir la personne qu’ils ont perdue. Si je la maquille trop ou lui fais un grand sourire, ils peuvent ne pas la reconnaître. » Pourquoi une telle attention. « La mort a acquis un côté insupportable. On apporte des soins au corps pour nier l’évidence, donner une illusion de vie. Il y a aussi ce caractère sacré de l’humain. On ne laisse pas la nature prendre le dessus et corrompre le corps », explique David Lebreton.

Avec l’éclatement géographique des familles modernes, et le besoin de présenter un défunt plusieurs jours après sa mort, la thanatopraxie prend de plus en plus d’importance dans les services funéraires. Didier Leveau ajuste les dernières mèches de cheveux et place le corps dans le cercueil qu’il transporte jusqu’à une chambre funéraire. La famille a loué ce lieu pour se recueillir. Au centre de cette petite salle glaciale, il place le corps de biais, pour choquer le moins possible ceux qui vont rentrer. Didier Leveau jette un dernier regard et sort tranquillement par la porte de service.

Pas de (buffalo) bile, ma maman est en Amérique !

Un film d’animation touchant, abordant la question de la mort et de la vérité avec justesse.

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Adapter un ouvrage pour enfants en film d’animation relève d’un sacré pari. Il est impératif de conserver le coup de crayon enchantant les plus petits. D’entretenir leur imaginaire pendant plus d’une heure et de garder intact le message de l’auteur. Marc Boréal et de Thibaut Chatel accomplissent brillamment leur mission avec Ma maman est en Amérique, tirée du livre de Jean Régnaud et Émile Bravo.
L’histoire est celle de Jean, un gamin de six ans, qui vit dans une petite ville de province dans les années 70. C’est l’heure de la rentrée à l’école élémentaire. Ce qui implique parties de billes, nouveaux copains. D’apparence, un garçon comme les autres. Sauf que sa maman est toujours « en voyage ». Elle écrit à Jean via sa petite voisine Michèle, qui lui lit régulièrement des cartes postales, envoyées d’Amérique. L’enfant se prend à imaginer des aventures d’outre-Atlantique. Avant de se rendre compte progressivement de la vérité.
Univers fidèle aux 70s
Le film aborde le sujet de la mort avec intelligence. Les rêves de Jean permettent de toucher cette problématique sans tomber dans le pathos ou la légèreté. Au fil du film, les personnages deviennent drôles, comme dans l’hilarant concours de billes, et touchants dans les scènes où l’absence de la mère plane. Les réalisateurs parviennent à obtenir la réflexion des spectateurs sur la question de la vérité et des mensonges livrés aux petits.
D’autres thèmes, comme le bizutage par les grands dans la cour de récré, rappellent à tous des situations observées ou connues durant l’enfance. Autre atout : l’univers des seventies est fidèlement retranscrit. Jouets, voitures, commerces. Les plus âgés ressassent leur jeunesse.
Résultat : Ma maman est en Amérique s’impose comme un des films d’animation de l’année. Il a d’ailleurs obtenu la mention spéciale du jury au Festival d’animation d’Annecy.

la rédaction de tmv s'installe à Velpeau

La rédaction se délocalise en plein cœur de Velpeau du 19 au 22 novembre au bar le Vel’pot. Le but ? Réaliser un tmv spécial quartier qui sortira le 27 novembre.

Les deux journalistes de tmv s'installent au bar le Vel'pot du 19 au 22 novembre
Les deux journalistes de tmv s’installent au bar le Vel’pot du 19 au 22 novembre

 
Le QG
Pendant cette semaine de novembre, les deux journalistes de tmv posent leurs ordis, leurs moufles, leurs stylos et leurs calepins au bar Le Vel’pot. Vous avez forcément des idées, des sujets et des personnes incontournables à nous faire connaître sur le quartier avant notre arrivée. Pour ça, nous avons construit avec nos petites mains une belle boîte à idée, à l’ancienne. Elle est posée en ce moment sur le zinc du bar Le Vel’pot jusqu’à notre installation, à vous de la remplir.
Participez !
Forcément, le but, ce n’est pas de faire l’hebdo dans notre coin, sans parler à personne. Habitants de Velpeau, amoureux du quartier ou Tourangeaux d’autres horizons, si nous nous installons dans le quartier, c’est pour échanger avec vous, mieux vous connaître. Si en plus d’avoir des bonnes idées à mettre dans notre boî-boîte vous voulez nous rencontrer, on sera très heureux de boire un café avec vous, du 19 au 22 novembre !
 Sur le web
Avant même de venir à Velpeau, nous avons créé une page Facebook qui relate nos aventures et surtout, vous permet de nous aider. Vous retrouverez également tous les articles réalisés sur le quartier sur ce site internet, dans la rubrique super spéciale créée à l’occasion.

Le microspop de Mister Doc #3

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Episode 3 : Peintures et Blue Golden Gate pour des sixties revisitées.

Vous avez dit Orval Carlos Sibelius ??
Vous avez dit Orval Carlos Sibelius ??

Au Temps Machine y’a des soirées au Klub pleines de bonheur : Binidu ( 2 Pneu + 1 Fordamage) propose un nouveau concept et un nouvel album en lecture furieuse car JB est aux drums ( ce mec est inhumain ; surhumain c’est trop faible). Orval Carlos Sibelius ose un subtil retour identifié sur la fin des sixties style Love, Byrds ou Beach Boys voire de l’Airplane dans les morceaux les plus denses ; y’a des Grisbi et des Moonjellies dans la salle : tu m’étonnes… De retour à Tours le Pont de Fil a des airs de Blue Golden Gate. Zazü ouvre une nouvelle galerie à St Pierre, Omaa Akiing, avec l’expo « Soyons Reliés », 8 artistes dont Sylvie Attucci, Bernadette Leclerc dans « sa dark side of » et Laurelle Bessé dont le travail me scotche ( du carton à l’aspect minéral). A l’Annexe de St Avertin, Francois Pagé présente « Mémoire Vive » : le bon peintre devient un grand peintre ; je craque sur les « Colin-maillard » et « Lucille un soir ». Au CCC dans le monde de peinture de Stéphane Calais se produit Machaud, un quartet de saxos où jazz, classique et contemporain se mixent en un son global répercuté sur le béton du lieu : c’est beau, ample et global. A Blois au Chato’dO, Bertrand Belin présente son nouvel album et confirme son statut de plus grand songwriter de sa génération. Épaulé par deux virtuoses, l’excellent guitariste/chanteur n’a de cesse de nous « chavirer » tant par ses mots que par ses mélodies ; La Loire est trop belle dans « l’Hypernuit » ligérienne.
Bonus :
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=tFw5j5Lva6I[/youtube]

"Nous avons accueilli plus de 500 femmes"

Joséphine pour la beauté des femmes fêtait le premier anniversaire de son salon social à Tours. Parfait pour vous reparler de cette belle association qui érige la beauté en droit des femmes. Interview de sa fondatrice, la célèbre Lucia Iraci.

Photo Didier Parizy
Photo Didier Parizy

Cette semaine, Joséphine pour la beauté des femmes fêtait le premier anniversaire de son salon social à Tours. L’occasion était trop bonne pour vous reparler de cette belle association qui érige la beauté en droit des femmes.Interview de sa fondatrice, la célèbre Lucia Iraci.
En un an, le pari est réussi à Tours ?
Oui, nous avons atteint l’objectif. Le bouche-à-oreille a fonctionné. En un an, nous avons accueilli plus de 550 femmes dans le salon. Surtout que notre coiffeuse et l’esthéticienne ne sont là que trois jours par semaine. Pour vous dire, le succès est tel que la liste d’attente dépasse les deux mois. Mais surtout, nous menons un vrai travail de suivi auprès de ces femmes, sachant que notre parcours pour la réinsertion dure 12 mois. Mais la vraie réussite, c’est quand nous apprenons que l’une d’entre elles a retrouvé du travail.
Tours était-il un test après le succès de Joséphine à Paris ?
Non, pas du tout, Tours fait partie de notre volonté nationale, de faire grandir l’association. Nous avions choisi Tours car il y avait des personnes motivées, notamment Jean- Charles Aponte et Catherine Aubry, pour porter le projet.
Comment va évoluer le salon social de Tours ?
Nous essayons de proposer plus d’ateliers aux femmes, pour qu’elles fassent, par exemple, du yoga ou de la sophrologie. Et puis, nous avons mis en place un dressing où les femmes peuvent emprunter des accessoires et des vêtements.
Quelle place avez-vous trouvé auprès des autres associations qui se battent contre la précarité ?
Nous travaillons avec eux sachant que notre envie, à nous, c’est de faire en sorte que le droit à l’estime de soi puisse être autant considéré que le droit au logement ou le droit au travail.
Vos futurs projets en France ?
Nous voulons ouvrir d’autres salons dans le reste de la France, mais je ne peux pas en dire plus sachant qu’ils ne sont pas finalisés.

Chroniques culture #6

Chaque semaine, retrouvez quatre « choses » culturelles chroniquées par nos soins.


LE CD
FUGITIVE AIR, OF MONTREAL
Le groupe de Kevin Barnes revient, encore et encore. Depuis 10 ans, leur pop inonde les bacs des disquaires indés et des sites web spécialisés pour la plus grande joie des puristes. Ce nouvel opus n’opère pas de grand virage mais creuse encore un peu plus ce sillon qui explore les grandes inspirations pop, des Beatles à Belle and Sebastian.
LE CD
AHJ, ALBERT HAMMOND JR
Impossible de ne pas penser aux Strokes quant il s’agit du nouvel EP de son guitariste le plus emblématique. La filiation, comme dans ses précédents disques, s’entend dès la première écoute. Sa Stratocaster fait le pont entre son rôle plutôt discret dans les Strokes et ses propres compositions bien fichues, plus pop, plus sucrées, plus superficielles.
LA SÉRIE
HOMELAND Si vous avez échappé à l’agent Carrie Mathison depuis deux ans, cette fois-ci, c’est la bonne ! L’excellente série Homeland débarque en clair. L’agent Mathison est persuadée que Nicholas Brody, un Marine détenu huit ans en Irak, opère pour Al-Qaida depuis son retour aux États-Unis. Prenant. Jack Bauer peut aller se rhabiller.
Premier épisode le lundi 21 octobre, à 20 h 50, sur D8.
LE DVD
OH BOY
Vingt-quatre heures dans la vie de Niko. Un jeune allemand paumé, sans job, études ou copine fixe. Le spectateur le suit face à un psychologue borné, son richissime père et une fille stressée par son poids. Le film se révèle esthétique par son grain noir et blanc. Mais la répétition des situations absurdes ne fonctionne plus au bout d’un certain moment.
Sortie le 16 octobre.

On like Marou et le chien

La nouvelle page fan Facebook de notre bande dessinée Marou et le chien est en ligne, venez et likez !!

Marou et le chien
Pour suivre chaque semaine les aventures débiles mais géniales de Marou et le chien, c’est par ici !
>> et si vous savez en savoir plus sur l’auteur de ces excellents strips, on vous présente Amandine Alamichel pas là !

De la cave à la table

Un resto qui est en fait une cave… ou plutôt une cave qui est un resto… Allez, venez, on a testé pour comprendre.

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Des bouteilles partout et des verres accrochés aux lustres ! Le ton est donné mais tout est normal : la maison-mère de ce nouveau resto-bistrot à vin est une enseigne de caviste bien connue dans la contrée, laquelle appartient à un vigneron non moins connu, en la personne de Jacky Blot, pape du montlouis et seigneur de bourgueil. Bon, voilà c’est dit : on est dans l’ambiance.
Ensuite, on a le choix. On peut s’arrêter juste à droite de l’entrée, dans une jolie salle lounge, version fauteuils cosy et tables basses. Et là, on peut choisir de grignoter à midi ou, plus souvent, le soir de petites assiettes gourmandes à base d’huîtres, de jambon de pays et de foie gras. Sucrés ou salés, ces petits tapas vous coûteront entre 5 et 8 euros. Gourmandises que l’on accompagne, naturellement, du vin qui va bien, choisi parmi la quarantaine de références au verre ou les bouteilles conservées dans la cave voisine. Dans la lignée des After Work qui font florès actuellement, le concept est parfait.
Mais on peut aussi décider d’emprunter le long couloir qui mène à la salle de restaurant. Le cadre est raffiné, sans excès et discrètement aux couleurs de l’enseigne. L’intérêt principal de cette table, vous l’aurez compris, c’est de proposer une carte des vins proprement hallucinante : 36 pages, 1 200 flacons triés sur le volet. Un vrai pavé. Les bouteilles viennent de la partie cave juste à côté, et leur prix est simplement majoré de 10 € par rapport au prix magasin. Pour ce qui est de la cuisine en elle-même, pas de quoi crier au génie : c’est bon, mais sans plus. La formule du jour affiche les deux plats à 18 € et les trois à 24 €, dans le haut du panier des bistrots-gastros, donc. Le « menu carte » grimpe jusqu’à 38 € pour les trois plats.
Chloé Vernon
Le Bistrot des Belles Caves 21/23, rue du Commerce (tram : Anatole-France) tél. 02 47 05 71 21.


UNE ENTRÉE
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L’oeuf cocotte était un poil trop cuit. Du coup, ça faisait un peu oeuf sur le plat… Dommage.
UN PLAT
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Caille rôtie, sur son lit de choux et son panais. Un plat simple, mais bien réalisé. Agréable.
UN DESSERT
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Petite mousse de poire et son cigare à la pistache. Une note douce et délicatement sucrée.

Philo : penser en série

Professeur de philosophie, Hugo Clémot ouvre le cycle Sérial philo à la Médiathèque François Mitterrand. Il voit dans les séries télé un bon outil pour se réapproprier la matière.

Les sopranos
Quels sont les aspects qui vous intéressent dans l’étude d’une série télé ?
Les séries télé possèdent des personnages qui évoluent plus que dans des films de deux heures, bien que j’utilise aussi beaucoup ces derniers. En les regardant régulièrement, on peut s’identifier plus facilement à eux car ils possèdent une ambiguïté. Il y a des personnages extraordinaires mais on s’immerge aussi dans leurs problèmes quotidiens.
Comment expliquer le retard français dans l’étude philosophique des séries télé ?
Par la nullité des séries françaises, qui est due à des raisons institutionnelles dans le milieu du cinéma. Avec le courant de la Nouvelle Vague, on a moins mis l’accent sur le scénario, au cinéma et dans les séries. En France, il y a eu aussi pendant longtemps un mépris pour les séries, qu’on assimilait à Dallas ou aux Feux de l’amour. Néanmoins, il y a des initiatives comme le séminaire sur The Wire à Nanterre, ou celles de Sandra Laugier, mais elles restent souvent personnelles.
Au lycée, comment utilisez-vous les séries télé ?
Trois usages pour ma part. D’abord, elles permettent d’illustrer des idées. Je peux aussi aborder un problème philosophique avec la série. Enfin, je montre les différentes conceptions d’une notion. Dans ce dernier cas, j’ai déjà utilisé Barry Lyndon, le film de Kubrick, qui traite du désir.
Quelles vertus possèdent l’usage des séries télé en classe ?
Ce sont des références communes que l’on a avec les élèves. On a du mal à admettre qu’elles sont plus du côté des séries et du cinéma que des textes classiques. Ainsi, le côté cinématographique gomme le côté abstrait de la philosophie. Ces extraits ont aussi un côté hypnotique, et ça calme les élèves tout de suite.
Et ça ne risque pas de les endormir ?
Non. L’expérience m’a appris que les élèves ont pris l’habitude d’une telle pratique. Et quand je ne le fais pas, ils sont en demande ! Ils sont donc actifs. Ils me font même remarquer des choses que je n’avais jamais vues. Ils sont très forts. Ils prennent confiance. Certains me suggèrent même telle série pour un thème précis.


LA CONFÉRENCE
Le cycle Sérial Philo a été mis en place par Hugo Clémot et David Lebreton, président de l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public (APPEP). La première conférence se déroule jeudi 17 octobre, à 19 h, à la médiathèque François Mitterrand. Hugo Clémot, professeur de philosophie au lycée Paul-Louis-Courier, se centrera sur Dexter. Trois autres sont prévues dans l’année, dont une sur Kaamelott.
PHILO-HEROS
DEXTER
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« J’utilise pas mal Dexter pour parler de l’inconscient. Il y a toute la problématique du traumatisme d’enfance, et sa dualité entre son côté ordinaire et son statut de tueur en série ».
DR HOUSE
« On peut évoquer la religion. C’est une thématique qui est de toute façon assez présente dans les séries, et plus généralement, aux États- Unis. »
JOHN LOCKE
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« Rien que par son nom, le personnage de Lost est intéressant. On travaille la notion de vivre ensemble et celle du contrat social de Rousseau. »

Turbo, coquille à moitié pleine

Un film d’animation en 3D drôle et efficace, mais un peu trop sur la pédale de frein côté narration.

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Après l’excellent Les Croods sorti en avril, le studio DreamWorks continue sur son rythme effréné à proposer des films d’animation tous les quatre matins. Point trop n’en faut, comme dirait l’autre ? Turbo raconte la vie de Théo, un escargot anticonformiste et impopulaire, au quotidien monotone qui ne rêve que de vitesse. Suite à un accident, sa coquille se transforme en moteur digne d’une Lamborghini et — devenu Turbo — le gastéropode décide d’affronter un champion lors d’une course automobile. Le scénario a beau ne pas être des plus originaux (mais il faut bien combattre le géant studio Pixar et ses Cars ou Monstres Academy…), le réalisateur David Soren a réussi à en faire un film sympathique, en premier lieu grâce à ses personnages attachants. Turbo, Will Flash ou encore le cocasse L’Ombre Blanche, toutes les personnalités des escargots sont travaillées et bien dessinées, servies, en plus, par une animation soignée.
Blagues redondantes
Il suffit de voir l’effort sur les couleurs (les tons sombres dans le monde humain et l’esthétique colorée du monde végétal/animal) ou la course à Indianapolis. Le film repose aussi sur un humour efficace, sans être hilarant, aussi bien sur les petits que sur les grands. Dommage cependant que Turbo n’enclenche jamais la troisième et reste relativement sage, alors qu’il aurait pu être totalement déjanté (à en voir la galerie des personnages secondaires). Les blagues et jeux de mots parfois redondants des escargots auraient mérité un petit coup de turbo (vous voyez, nous aussi on peut le faire). Il aurait fallu pousser le délire jusqu’au bout et peut-être dépasser la recette bateau et éculée des films d’animation : humour pour adultes et enfants, un passage touchant, le combat looser/ winner… « Qui ne tente rien ne risque rien », dit un moment un escargot peureux dans le film. Applicable à Turbo ?
Note : deux étoiles

Les petites entreprises aussi touchées par l'illectronisme ?

Pourtant indispensable pour les structures commerciales, Internet n’est pas forcément prioritaire pour les TPE.

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L’illectronisme concerne aussi l’économie locale. Et particulièrement les TPE. Internet et les nouvelles technologies ont pris une place importante dans la vie des petites structures. « Regardez le nombre de personnes qui consultent sur internet les horaires d’ouverture d’un commerce de proximité. Si elles ne trouvent pas l’information, il y a des chances qu’elles n’y passent plus, constate Yves Massot, 1er vice-président de la CCI Centre. Si ces commerces ou ces petites entreprises ne prennent pas en compte les nouvelles technologies, ils s’isolent, petit à petit. Quand je rencontre des commerçants qui n’ont pas encore franchi le pas, je leur explique qu’être présent sur internet ne va pas leur faire augmenter leur chiffre d’affaires, mais qe cela va, au moins, l’empêcher de baisser systématiquement. »
Même constat pour Sébastien Huillet à la tête d’une agence web tourangelle, Tribut and co : « L’illectronisme, c’est aussi un phénomène qui existe dans les petites entreprises locales. Dans les budgets, toujours un peu serrés, la création d’un site internet, c’est toujours la cinquième roue du carrosse. Surtout quand la personne n’y est pas sensibilisée. » L’Observatoire de Touraine s’est penché en 2012 sur l’usage d’internet dans les entreprises dans le commerce. À Tours, elles sont 68 % à posséder un site web. Le chiffre évolue en fonction de la taille des entreprises. « Aujourd’hui, les entreprises avec plusieurs employés ont pris le sujet en main, explique Sébastien Huillet. En revanche, les toutes petites structures ne sont, pour la majorité, pas sur internet. » Pour celles qui ont moins de 10 salariés, le chiffre tombe à 62 %.
« Les plus curieux et les plus sérieux s’y mettent facilement »
Seulement, en France, selon Médiamétrie, le nombre de consommateurs sur le net est en constante augmentation. De 2010 à 2013, ils sont passés de 25 à 32 millions. Cette année, la hausse est de 5 %. « Les petits commerces, entre autres, n’ont pas forcément besoin d’avoir un site internet, parfois, une simple page Facebook peut suffire, note Yves Massot. Mais les commerçants ont souvent du mal à faire le premier pas parce qu’ils ne possèdent pas les clés techniques. » Et quand elles le font, ces TPE s’adressent en majorité à un prestataire extérieur. Pour les plus petites structures, le manque de connaissance des entrepreneurs dans le domaine des nouvelles technologies peut parfois les mettre dans des situations financières inconfortables. « J’ai parfois des clients qui viennent me voir complètement dégoûtés, après avoir signé un contrat avec une entreprise qui vend des sites tout faits, témoigne une graphiste web. Peu scrupuleux, ces prestataires jouent parfois sur la crédulité des commerçants ou des entrepreneurs pour vendre des sites qu’ils payent chaque mois, au forfait. Au bout du compte, les contrats sont tellement désavantageux que le nom de domaine ne leur appartient même pas. »
Sébastien Huillet rencontre également, ce manque de connaissances de certains patrons de petites entreprises. « Je vois arriver des entrepreneurs qui, sur le conseil du beau-frère, ont envie d’ouvrir un site internet, raconte Sébastien Huillet. Certains d’entre eux n’ont aucune idée de ce qu’ils veulent ni des coûts que cela engendre. Ensuite, quand nous leur demandons les outils qu’ils veulent si c’est une e-boutique ou les fonctionnalités d’un site internet, ces personnes ne comprennent pas. Mais, il ne faut pas généraliser, les plus curieux et les plus sérieux s’y mettent facilement. » En 2007, la CCI a lancé le site internet achattouraine. com pour aider les petits commerces sur internet. Ce portail recense les 9 500 adhérents de l’Indre-et-Loire. « Quand une personne nous appelle pour améliorer sa fiche d’identité sur l’annuaire, c’est une porte d’entrée, se réjouit Yves Massot. C’est un bon moyen de leur montrer ensuite qu’un commerce in situ ne suffit plus aujourd’hui, qu’il faut se mettre au diapason des consommateurs qui comparent, cherchent, s’informent sur les produits. »

Illectronisme, de @ à z

Tablettes, 4G, haut-débit. Un langage inconnu pour certains adultes. Pour eux, c’est difficile de raccrocher les wagons… mais indispensable.

illectronisme

Ses doigts touchent le clavier avec hésitation. Elle s’inquiète de réussir l’exercice et de poursuivre son apprentissage. « Ah, mais pourquoi il me met incorrect ? » À 68 ans, Roberte a décidé de suivre des cours, avec les ateliers de l’Espace public numérique (EPN) de Tours. Bureautique, internet, la sexagénaire apprivoise les outils numériques. Elle se corrige finalement toute seule. « C’est parce que je l’ai mis en majuscules ! », s’exclame- t-elle. Heureuse d’avoir identifié son erreur. Roberte est une illectronique. Une personne qui n’a aucune base dans l’utilisation des outils numériques. Près de 15 % de Français seraient touchés par l’illectronisme, selon le Ministère délégué à l’Économie numérique. Aux côtés de Roberte, Geoffrey Lebert, animateur à l’EPN de Tours. Il écoute, explique, passe slide sur slide grâce à son logiciel de présentation. « Les inscrits à nos cours sont principalement des personnes âgées, des demandeurs d’emploi », décrit-t-il.

Retraités mais pas que…
Un discours confirmé par des chiffres. Près d’un retraité sur deux ne possède pas d’ordinateur (48 %). « Ce n’est pas notre génération, on n’a pas vécu avec ces machines », explique Jacqueline*, 77 ans, ancienne enseignante à Saint-Pierre-des- Corps. Elle s’est décidée à franchir le pas numérique il y a quatre ans. « Beaucoup de personnes âgées se sentent débordées par une technologie qu’elles ne comprennent pas », renchérit Benoît Thibault, référent à l’EPN de Chambray-lès-Tours. Il voit une « forme d’inégalité », conscient que la fracture numérique reste une réalité et une source d’exclusion. 43 % des non diplômés n’ont pas accès à internet à domicile, tout comme 47 % des personnes disposant d’un revenu inférieur à 900 euros par mois, selon une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc).

Assise confortablement dans un fauteuil de son appartement à Saint- Pierre-des-Corps, Jacqueline parle de ce qui la poussait à ne pas utiliser ces appareils. « Je n’en voyais pas l’utilité », lâche-t-elle laconiquement. Aujourd’hui, elle est la première à répondre à des mails de son association. La rapidité des évolutions freine également certains non-utilisateurs à prendre la souris. « Ce que vous apprenez peut être remis en cause le lendemain, c’est un problème pour beaucoup », analyse Benoît Thibault. Une complexité qui a rebuté Priscilla, 31 ans, en recherche d’emploi. « Quand on ne sait pas, on peut avoir une forme de honte. Et on se met des barrières », juge-t-elle, devant l’ordinateur de l’EPN de Tours, attentive aux consignes de l’animateur. 41 % des non-utilisateurs pointent la complexité en premier frein à l’usage d’internet, d’après le Crédoc. En revanche, l’argument du coût n’a jamais été aussi bas. Seuls 12 % des personnes n’ayant pas internet le mentionnent. « Quand on veut s’y mettre, on peut », juge Geoffrey Lebert. Ceux qui rament avec leurs écrans sont conscients de la nécessité d’être connectés. « Ça devient indispensable », estime Marie-Josée, 66 ans, qui note avec application les noms des différents navigateurs.

Un monde de plus en plus complexe
Pour les plus âgés, il y a d’abord l’envie de rester branchés avec leurs familles. Et notamment, leurs petits-enfants, toujours le smartphone scotché aux mains. « Je leur envoie des mails et c’est vrai qu’on utilise moins le courrier postal », annonce fièrement Jacqueline. Lucide également sur l’évolution de la société. Banques, administrations, entreprises : la transition vers le numérique est amorcée depuis plusieurs années. « Avec un organisme, on a été obligé de passer au mail, mais j’imprime toujours ce qu’on m’envoie », note-t-elle, encore attachée au papier. Tous constatent les bienfaits du web. « On va plus vite. Je l’utilise beaucoup pour aller consulter mes comptes », se réjouit Marie-Josée. Priscilla complète : « Je n’ai pas besoin de me déplacer à la CAF ou à Pôle Emploi ». Pour elle, la recherche d’emploi passe obligatoirement par le net. Envoyer des CV, trouver des employeurs, de nouveaux horizons. Une stratégie salutaire selon Benoît Thibault. « Beaucoup pensent que tout va s’enclencher une fois le CV posté sur Pôle Emploi. Mais ce mode de recherche n’est plus bon. Il faut aller plus loin », raconte l’animateur, qui aide ponctuellement des chômeurs à l’EPN.

EPN, what else ?
Près de 5 000 EPN ont été mis en place en France, dont 15 à Tours. La lutte contre la fracture numérique reste longue à mener. Les méthodes n’enchantent pas tous les illectroniques. « Quand on parle de travail en groupe, on peut avoir des niveaux trop différents, et il y a parfois un manque de pédagogie », constate Jacqueline. Surtout, les EPN accueillent des individus en demande. Les publics les plus réfractaires au numérique ne sont pas touchés par ces ateliers. Benoît Thibault plaide pour une stratégie plus globale : « Il faudrait aller plus vers eux. Être dans leur quartier pour les initier. »

* Le prénom a été changé.

Michelin, acte II

Après les manifestations de la semaine dernière, des négociations ont été avancées entre les syndicats de l’usine de Joué-les-Tours et les salariés.

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Cette semaine, c’est le moment d’une nouvelle rencontre entre les syndicats des employés de l’usine Michelin à Joué-lès-Tours et la direction. Sous tensions, ces négociations ont été avancées, par rapport à la date fixée, suite aux ma-nifestations de la semaine dernière. Le mardi 8 octobre, plus de 800 manifestants se sont réunis devant l’usine de pneumatiques avant de se rendre en centre-ville de Joué-lès-Tours. Dans l’après-midi, les salariés en grève sont rentrés dans la salle où se tenait le comité central d’entreprise (CCE), avant de bloquer le boulevard périphérique de l’agglomération.
C’est dans ce contexte très tendu que les deux parties se rencontreront cette semaine. La direction aurait demandé à la mairie de Joué-lès-Tours de trouver une salle plus sûre. C’est en juin dernier que la nouvelle de supprimer 700 postes sur les 926 de l’usine de Joué-lès-Tours a été rendue officielle par la direction de l’entreprise de pneumatiques français.
Poids lourd de l’économie
Si le manufacturier annonçait de bons chiffres de ventes et un bénéfice net supérieur à 1,5 milliard, sa filière poids lourds, elle, a enregistré une chute des ventes, passant de 26,7 millions de pneus en 2007 à 20,2 millions l’an dernier. « Nous sommes en situation de surcapacité. Nos sites de production tournent à 60 % de leur potentiel », indiquait au mois de mars la direction.
Le plan prévoit des mesures de départs en retraite anticipée qui pourraient concerner environ 200 salariés. Les 500 autres postes supprimés localement devraient être ventilés sur les autres sites du groupe, notamment vers l’usine de La Roche-sur-Yon (Vendée) où la direction envisage d’investir plus de 500 M€ dans la recherche et le développement. L’atelier poids lourd devrait fermer en 2015 mais deux cents emplois seraient maintenus à Joué dans deux ateliers annexes. Pas vraiment de quoi être optimiste pour la survie de l’usine. Depuis plus de cinquante ans, l’usine Michelin de Joué est l’un des poids lourds de l’économie locale et le premier employeur de la deuxième ville d’Indre-et-Loire. En 2009, sa taxe professionnelle s’élevait à 4,2 M€, soit 5,58 % des recettes de l’agglomération tourangelle.

Le microspop de Mister Doc #2

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Episode 2 : quand le Doc voit La femme et le sosie version opéra de la bassiste de David Bowie.

La Femme au Temps Machine
La Femme au Temps Machine

J’adore voir Le Temps Machine plein à ras bord, croiser des gens me dire : c’est notre première fois ! Mince alors, pourtant on en a vécu en ces murs des soirées intenses. Ce soir c’est La Femme qui amène du monde, groupe à la mode, générationnel ; nous les anciens, on pense à nos années 80’s et l’on y trouve du B52’s mâtiné de l’Indochine des débuts. Une musique de partage faite par des djeuns pour des djeuns, avec des textes juste tendancieux pour titiller les hormones. Je préfère Wall Of Death, la première partie ( pour les plus vieux), une sorte de néo Pink Floyd servi par deux chanteurs admirables. En Arcades Institute, vernissage de l’expo des peintures de Daniel du Janerand, « le père de ‘ » : c’est beau. Le fils Philippe donne lecture d’extraits du « Journal d’un Collectionneur » de René Gimpel : un régal d’humanité instinctive. Rue Colbert ça joue dans les bars, au Balkanic, et au Bartok Manuela & Sylvain Pinault. Samedi début de la distillerie de Ohé du Bateau ; c’est pas la prise de l’Odéon en 68 mais s’y trouve un feeling d’autonomie participative, une volonté de ce battre contre le temps et les décisions administratives. Beaucoup d’artistes sont présents, toutes disciplines confondues ; superbes prestation de Kosmos et du gang de Guylain Siopatis face à la façade aux mains de graphistes. A l’Opera, Don Giovani de Mozart dans une mise en scène audacieuse et attractive : j’ai beau connaître la fin de l’histoire je m’y laisse prendre ; c’est fort, intense. Ah la belle cantatrice black, on dirait la bassiste de Bowie.

Tours a la science de la fête

Ce week-end, le village des Sciences s’installe sur le parvis des Tanneurs. Pour la 22e édition de la fête de la Science, tous les curieux sont invités à venir explorer le monde, de l’infiniment grand à l’infiniment petit.

Jeanne, le bus-découverte des Petits Débrouillards, sera sur le parvis des Tanneurs dimanche, de 10 h à 18 h.
Jeanne, le bus-découverte des Petits Débrouillards, sera sur le
parvis des Tanneurs dimanche, de 10 h à 18 h.

Du côté de l’infiniment grand, une visite du système solaire et des trous noirs grâce à des animations et des posters. On retourne sur Terre en devenant archéologue du dimanche grâce à l’analyse d’ossements et d’objets anciens. On zoome encore en se baladant sur les bords de Loire, à la rencontre d’un grain de sable. Encore plus petit, aux Tanneurs, des chimistes vous présenteront le monde des molécules de fruits ou de fleurs et animeront des ateliers pour comprendre la fabrication des parfums de synthèse utilisés en agroalimentaire et en cosmétique.
Encore plus petit : venez fêter les 60 ans de la découverte de l’ADN. À cette occasion, des scientifiques vous proposent de (re)découvrir les mystères de sa double hélice de façon ludique et accessible à tous. Si les Tanneurs concentreront ce week-end la plupart des animations, des expositions seront proposées un peu partout dans la ville. À noter, l’exposition sur les serpents au Muséum d’Histoire Naturelle, gratuite tout le weekend, sur réservation. Et enfin, au jardin botanique, l’exposition Bio’Cité vous propose un parcours ludique et sensoriel entre milieux urbains et espaces naturels. Une bonne idée s’il pleut, car la visite se fait au chaud, dans la grande serre de l’Orangerie. Avec tout ça, vous ne pourrez plus dire « La science, j’y comprends rien ! ».

Laura Buratti

+++ Samedi et dimanche de 10h à 18h, tout le programme en détail sur fetedelascience.fr

Chroniques culture #5

Chaque semaine, retrouvez quatre » choses » culturelles chroniquées par nos soins.


LA SÉRIE TV
BORGEN
Les deux premières saisons entraînaient le spectateur dans les arcanes du gouvernement, en suivant la vie de Birgitte Nyborg, Premier ministre. Retirée de la politique, elle décide de faire son retour dans cette saison 3. Une brillante série qui montre l’exercice du pouvoir sans caricature ou manichéisme. Seule la langue danoise est un peu rude à entendre.
Jeudi 10 octobre, à 20 h 50, sur Arte.
LE CD
MY FAVOURITE SWING
Un trio qui envoûte avec du jazz manouche original. Où parfois des voix sont posées sur un son entraînant. On navigue donc entre du manouche et du jazz vocal. Cinq morceaux originaux à écouter dans l’EP de cinq titres de My Favourite Swing, un groupe tourangeau. Idéal pour ambiancer un apéro au calme, dans son salon.
À écouter et commander (CD ou mp3) sur myfavouriteswing.com
LE DVD
INTÉGRALE FRANÇOIS DAMIENS
Il y a des DVD, comme ça, vraiment indispensables. C’est le cas avec ce gros coffret de l’intégrale des « caméras planquées » de François Damiens. Le Belge hilarant, capable du pire, comme… du pire. Quatre DVD insolents à souhait, avec cette tronche inoubliable qui pousse ses victimes à bout. Tour à tour abruti, déroutant, pervers, demeuré, insolent et irrésistible. Hilarant, point barre.
Sortie le 9 octobre.
LA BD
DERNIER ALBUM DE LUZ
Luz revient, et il veut en découdre avec Benjamin Biolay, Bénabar et leurs amis. Mais pourquoi est-il si méchant ? Tout le monde en prend pour son grade dans ses strips acides et belliqueux. Gratuit, jouissif, bien écrit, c’est un bel exutoire pour ceux qui n’en peuvent plus de les voir sur le petit écran.
16 € ed. Les Échappés/Charlie Hebdo

Le burger qui roule

Un camion, un bon grill, des bons burgers : très bon concept de ce food-truck tourangeau.

Frenchy's burger
Les clients s’entassent devant la caravane. Attirés par une douce odeur d’oignons et le bruit des steaks sur le grill. Ils repartent le sac rempli d’un hamburger, un cornet de frites, parfois une boisson. La scène se déroule place des Halles et non à Paris. « Même si c’est le Camion qui fume qui m’a donné l’idée », avoue Romain, le créateur de Frenchy’s burger, le premier food truck tourangeau. Amoureux des hamburgers, « comme tout le monde », il se lance dans l’aventure il y a quatre mois. Avec une démarche singulière : proposer des produits locaux. « Avec la conjoncture actuelle, c’est ce qu’il faut faire », affirme, convaincu, le jeune homme de 31 ans. Sa viande vient de chez Jean- Michel Coolen, du marché des Halles. « Ce matin, j’ai acheté des cageots de tomates au marché pour préparer les sauces moi-même », continue-t-il.
Même engagement niveau boisson. Les jus de fruits, labellisés écoresponsables, sont produits à Sepmes. « Forcément, cela oblige à être un peu plus cher », avoue le gérant. Sans être excessif. Les menus (burger+frites ou salade+boisson) ont une fourchette de prix assez large : de 6,50 € le standard à 11,60 € pour le Méditerranéen, qui comprend, salade, comté, confit de figue, oignons maison au miel, steak et bacon ! La qualité est forcément au rendezvous. Le pain n’est pas sec. Le steak fond dans la bouche. Les frites maison ont le goût des pommes de terre, contrairement aux grandes enseignes. La fraîcheur des produits fait la différence. Et est appréciée. « On est entre 20 et 60 burgers pour un service », estime Romain, qui voit la liste d’habitués s’allonger, qu’importe l’endroit où il se trouve. Réserver est donc une bonne astuce pour éviter la queue. À plus long terme, il espère pouvoir offrir plus de services le soir (seulement le jeudi pour le moment). « Et puis ouvrir un restaurant », lâche-t-il rêveur. Tout en gardant sa fidèle caravane.

Chloé Vernon

Frenchy’s burger
tél : 07 81 10 90 51
facebook.com/Frenchysburger


LE BURGER
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« Le patron » qui régale : salade, comté, sauce béarnaise, compotée d’oignons.

PRATIQUE

Frenchy’s burger change de lieu chaque jour !

Mardi : marché du boulevard Heurteloup. 11 h à 13 h.
Mercredi : marché des Halles ou place Coty. 11 h à 13 h.
Jeudi : marché de la place Velpeau. 11 h à 13 h. Et devant le V and B (194 avenue Maginot). À partir de 18 h 30.
Vendredi : Jardinerie Delbard (199 bd Jean-Jaurès à Jouélès- Tours). 12 h à 14 h.
Samedi : marché de la place Coty. 10 h à 13 h.
Dimanche : marché de la place Velpeau. 9 h à 13 h 30.

Machete Kills : sex, drugs and Danny Trejo

Vous n’avez pas eu votre dose de castagne et d’hémoglobine avec Machete 1 ? Tant mieux, Machete revient pour le deuxième volet. Saignant, ce film !

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Sur le papier, le synopsis prête à sourire : prêt à être pendu, l ’ imperturbable Machete est sauvé in extremis par le président des États-Unis pour sauver le monde d’un maniaque bipolaire menaçant de faire exploser la planète avec un super missile nucléaire. Un scénario fleurant bon la série B, ce n’est pas étonnant de la part de ce deuxième opus de Machete.
Et autant le dire de suite, oui c’est du grand n’importe quoi. Mais c’est aussi diablement jouissif.
D’abord parce que Rodriguez (réalisateur du premier volet) s’amuse à dynamiter les codes : le début nous apprend ce qui va se passer après le film (c’est donc parti pour un troisième volet) ; Jessica Alba se fait zigouiller dès les premières minutes ; les faux-raccords sont légion…
Mais dans ce grand-guignolesque, il y a un casting quatre étoiles : l’éternelle gueule burinée de Danny Trejo (à 69 ans, jouer Machete, chapeau !) ; un excellent Mel Gibson en cinglé mégalo ; Charlie Sheen (en président !) ou encore Lady Gaga, Antonio Banderas et toute une tripotée de portraits dessinés au marteau-piqueur (une bande de rednecks, un ex-tueur reconverti en prêtre).
Avec un scénario au ras des pâquerettes, Machete Kills n’est qu’un prétexte à une orgie d’hémoglobine et de tueries déjantées (exemple au hasard, un méchant attiré dans les hélices d’un hélico par son intestin…) : impossible de compter le nombre de têtes coupées !
Le tout saupoudré d’un semblant d’érotisme : car oui, on ne voit rien, mais Machete Kills, c’est une ribambelle de jolies actrices dotées d’un 95 C minimum, aux jambes interminables (délicieuse Amber Heard par exemple). Machete Kills est tout simplement stupide et gros comme une maison, mais reste paradoxalement jubilatoire, par sa « coolitude » exacerbée. Une farce sanguinolente et allumée, digne d’un cinéma bis. Mais, fans de films d’auteur : FUYEZ !
NOTE : 3 ETOILES
Aurélien Germain
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AUSSI EN SALLES :
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ROOM 514 (Note : 3 étoiles)
Un huis clos captivant dans une salle d’interrogatoire. Anna, enquêtrice au sein de l’armée israélienne, repère un acte de violence gratuite d’un officier à l’encontre d’un Palestinien. Elle s’acharne à démontrer la culpabilité du soldat, au milieu des pressions politiques ou de ses collègues. Inspiré de faits réels, le film gagne en réalisme avec des acteurs qui ont tous combattu au sein des unités spéciales des Forces de défense d’Israël. G.V
C’EST LA FIN (Note : 2 étoiles)
La fin du monde a lieu à Los Angeles où, justement, une bande de potes acteurs s’est retrouvée pour faire la fête dans la nouvelle villa de James Franco. Seth Rogen, Michael Cera, Jonah Hill, Emma Watson, Rihanna, Danny McBride, Channing Tatum… la liste de stars qui jouent leur propre rôle est impressionnante. Dans une ambiance qui mélange blagues potaches, gore et apocalypse, la fin est tellement imprévisible et bordélique que le film en devient drôle. B.R.
LA VIE DOMESTIQUE (Note : 3 étoiles)
Plongée dans la vie de Juliette, mère au foyer dans une banlieue résidentielle parisienne, le film d’Isabelle Czajka a des accents de pamphlet féministe. Mais à mesure que l’histoire avance, le propos se fait plus complexe. Sorte de miroir réfléchi de Desperate housewives, une série tv qui tombait trop souvent dans le burlesque et le sensationnalisme, La Vie domestique met en lumière avec finesse les problématiques qui touchent les femmes dans notre société moderne. B.R.

Rétro hip-hop

La nouvelle création hip-hop d’Abderzak Houmi se jouera à l’occasion des Rencontres de danses urbaines 2013. Nous, on l’a déjà vu et on vous en parle.

La dernière création d'Abderzak Houmi
La dernière création d’Abderzak Houmi

Il débarque dans la pénombre de la scène. Abderzak Houmi observe. Jauge son public. Avant de déblatérer son exposé sur le hip-hop. Un exposé, une démonstration. Comme si une part de l’étudiant qui s’imaginait thésard ne l’avait jamais quittée.  Il est passé des bancs de la fac au hip-hop à 20 ans, il y a une dizaine d’années. A l’occasion des 16e Rencontres de danses urbaines, il présente son huitième spectacle, F.T.T avec sa compagnie X-press. Un opus pour mettre en perspective son chemin et celui du hip-hop.
Au démarrage, il y a une certain contraste à écouter sa voix calme émaner de sa grande carcasse. Il débite les techniques de danse marquantes. Smurf, locking, break. Abderzak s’y colle parfois pour épauler ses trois danseurs. Le rappel est salutaire pour les non-initiés. Utile pour illustrer des noms souvent entendus, rarement connus.  La succession d’extraits et de rappels aux précédentes créations d’Abderzak Houmi s’avèrent pertinentes pour comprendre les facettes du danseur. La constante référence aux lignes et tracés. À la géométrie.
Perpétuelle évolution
En témoigne le nom de son premier spectacle : 3 au cube. Les suivants reviennent aux racines, comme Alifat Mat. Une représentation qui parle des mouvements mécaniques de son père à l’usine. Côté danse, les mélanges sont les bienvenus. Aux mouvements saccadés du popping (contraction et décontraction des muscles en rythme) se mêle une musique baroque aux accents électro. Des bribes de danse contemporaine apparaissent. Un ensemble montrant la diversité du mouvement hip-hop et la porosité des frontières entre les arts aussi. Un signe que le hip-hop demeure en perpétuelle évolution.
La dernière partie du show est peut-être la meilleure. Quasiment pas d’interruption. La pédagogie  d’Abderzak Houmi s’avère juste. Le spectateur reconnaît les mouvements, les mélanges. Le regret : une séquence finalement un brin courte. Exploiter les éclaircissements précédents avec plus de danse aurait apporté de l’épaisseur à F.T.T. L’aspect « mise en scène » et très explicatif était dangereux. Le retour sur le parcours aurait pu être trop mégalo, et long à digérer. Abderzak Houmi livre en définitive une oeuvre convaincante, très accessible pour le grand public, permettant de (re)découvrir l’ensemble des facettes du hip-hop.
++ Foncez à la salle Thélème pour voir le spectacle FTT. Deux représentations auront lieu jeudi 10 octobre. La première à 14 h 30 et la deuxième à 20 h 30. Tarif unique : 8 €.
+++ Le reste de la prog du festival ici

Thierry Nérisson, le bon vin comme patrie

Cet éleveur de vins a décidé d’arrêter son métier de sommelier dans les restaurants de luxe. Aujourd’hui, ce vigneron ne veut faire que du vin sain et surtout bon. Et si c’était l’avenir du métier ?

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T-shirt de rugby, lunettes de soleil, le gaillard parle vite et fort au volant de sa petite Peugeot. Il roule en direction du village de Chargé, près d’Amboise. Il va visiter un viticulteur. Thierry Nérisson est éleveur de vins. Il va d’exploitation en exploitation repérer les grappes qui lui plaisent et acheter le raisin encore dans la vigne. Il s’occupe ensuite de la vendange, de la vinification et de la vente. Mais ce n’est pas tout. Thierry Nérisson ne fait pas du vin n’importe comment. Il recherche la pureté d’un vin naturel. Roulant à bonne allure sur la levée de la Loire, il critique violemment la viticulture conventionnelle, les grands châteaux de Bordeaux qui ont perdu leur identité à force d’utiliser des levures dans leur processus de fabrication. Il tape sans sourciller sur les vignerons qui détruisent le terroir, « la terre, c’est comme une personne. Si, depuis sa naissance, vous lui mettez une claque tous les jours pendant 20 ans, il va sûrement lui rester un truc pas net au bout. Avant l’arrivée de la chimie dans les années 1960, nos vignes pouvaient durer 100 ans. Aujourd’hui, elles doivent être replantées au bout de 25 ans. » Alors que le château d’Amboise apparaît de l’autre côté de la Loire, il se met à parler bio, des vins sans arômes artificiellement provoqués, de la force d’un terroir respecté. Il ne revendique pas pour autant une étiquette particulière. Thierry Nérisson préfère le terme d’artisan à viticulteur. Lui-même allergique aux sulfites, il évite l’utilisation du soufre, bannit les levures et autres produits qui ne sont pas issus de la terre.
Halte à Amboise
Passé le panneau d’entrée du village de Chargé, Thierry Nérisson coupe le moteur de sa voiture devant la maison de Grégory Leclerc. Ce vigneron pourrait lui vendre une partie de son raisin. Lui aussi fait des vins naturels. Les deux hommes parlementent dans les vignes sur le prix de vente avant de sceller l’accord autour de bonnes bouteilles. Ça parle bouche et nez, tanicité et gourmandise mais aussi fûts et filtrages, silex ou argile. Thierry Nérisson verse son vin avec précision, en parle avec passion. Ces gestes mesurés et ces paroles d’expert, il les a répétés des milliers de fois dans une autre vie, quand il était sommelier. Si aujourd’hui il ne porte presque plus le costard-cravate, il a longtemps officié dans les plus belles maisons de France, notamment chez Bardet à Tours où il avait installé une des plus belles caves de la région. Envie de changement, marre du système de la grande gastronomie mais surtout envie de mettre les mains dans le moût de raisin, Thierry Nérisson est passé peu à peu de l’autre côté de la barrière. Aujourd’hui, il assure des cours dans un lycée hôtelier et consacre le reste de son temps à son activité d’éleveur de vins. La dégustation de Chargé finie, Thierry Nérisson reprend la direction de Rochecorbon où l’attendent sa famille et sa cave. Sur la route, il dépasse un enjambeur, cette énorme machine qui sert à récolter plus rapidement le raisin : « Vous voyez ces gros machins en plastique, ça sert à prendre le raisin mais aussi les bestioles et le pourri. C’est rapide, mais comment peut-on faire du bon boulot avec ça ? »

Le microspop de Mister Doc #1

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Episode 1 : quand le Doc part en Arizona armé de bpm et de lunettes noires.

Bob Log III, vous connaissez ?
Bob Log III, vous connaissez ?

Au Nouvel Olympia j’ai bien souri pour « La Nuit Tombe » de Guillaume Vincent. Quoi ? C’était censé nous foutre la trouille, nous projeter dans nos fantasmes intimes et nos cauchemars de l’enfance en l’âge adulte : c’est peut être pour ça que j’ai bien souri, car à force d’y croire on se retrouve en Arizona à Joué les Tours, La Bubble Clock du Temps Machine larguant des bulles au Cactus sur cinq formations de Tucson survitaminées. Y’a même un duo de filles qui tapent le rock et un champion de dragster trempé dans le glitter qui balancent un blues urbain en canoë, Bob Log III. Aussi marteaux que le Shangaan Electro, ultraspeed dating sud africain, bassins dans l’huile pour oscillations à mille tours, et bpm surmultipliés pour des petits Mickey de BD qui piétinent. Piétinement plus lents à l’entrée de La Pleiade pleine à ras bord pour le retour du beau grincheux Jean-Lous Murat ; seul avec un batteur un peu nounours, les lunettes noires, il met du Bashung dans son Murat et ça le fait bien. Y’a même des plasticiens dans le public, Pagé, Gressier… Pour peu l’un le peindrait pour garnir les murs des chambres des dames, l’autre lui collerait un drapeau sur son ampli, celui de l’Auvergne et du Centre réunis, histoire de donner du relief au film de famille projeté derrière lui. Il a plu dans le film, en sortant le sol était trempé : magique, non ?

Vignes : jeunes pousses de Touraine

Reportage au lycée viticole d’Amboise, où le profil et les envies des futurs travailleurs se transforment en même temps que les métiers de la vigne.

 

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Le seau à leurs pieds, le sécateur dans la main. Les mouvements se répètent. Presque mécaniques. Raphaël, Emmanuel, Nicolas et leurs camarades vendangent depuis une dizaine de jours les pieds de vigne du domaine de la Gabillière, qui appartient au Lycée viticole d’Amboise. « Raphaël, tu ramènes des caisses ? », lance Jordan. En classe de première Conduite et gestion d’une exploitation agricole, option vigne et vin, ils s’appliquent dans leurs tâches. Sans machines à vendanger, la priorité est donnée au travail manuel. Même si la « vigne comme nos grands-parents, c’est fini », résume Rodolphe Hardy, maître de chai sur le domaine.

Afféré sur un exercice de thermovinification avec d’autres élèves, il mesure la température d’une cuve. « Avant, il y avait seulement le travail de la vigne et celui du vin. Désormais, il y a tout l’aspect commercialisation qui rentre en jeu », explique-t-il. Vendre son vin aux quatre coins de la France ou du monde, savoir le mettre en valeur. « Le métier s’est professionnalisé », analyse Guillaume Lapaque, directeur de la Fédération des associations viticoles d’Indre-et-Loire et de la Sarthe (Fav 37). Avec les mutations de l’industrie du vin, les jeunes générations changent aussi. « Avant la question de la transmission ne se posait pas. Le fils reprenait l’exploitation du père », continue le directeur de la Fav 37. Aujourd’hui, seuls 30% des viticulteurs d’au moins 50 ans de la région Centre pensent que leur successeur sera un membre de leur famille, selon l’Agreste, le service des études du ministère de l’Agriculture. Et 60 % ne savent pas qui prendra la relève ou estiment que leur domaine est voué à disparaître.

« Investir peut être un peu cher pour les jeunes »

Les investisseurs n’appartenant pas au milieu doivent s’assurer de posséder une certaine capacité financière ou d’être rentable. Ce qui peut décourager les plus jeunes. «Quand on veut acheter un domaine, ce n’est pas une petite somme, on parle en millions », résume Raphaël, 17 ans, les bottes pleines de boue. Tout dépend de l’appellation : en Indre-et- Loire, le coût moyen d’un ha dans une AOP est de 22 600 euros quand il est seulement de 3 700 euros hors AOP. Quel que soit la surface, « il y a désormais tellement de techniques et de machines qu’il faut aussi bien anticiper cette partie de l’investissement », avertit Rodolphe Hardy. « Cela peut peut-être un peu cher pour un certain nombre de jeunes », poursuit Guillaume Lapaque. Les grosses structures s’alignent ainsi avec plus de facilité. La preuve par le chiffre : seules les exploitations de 30 ha ou plus ont vu leur nombre augmenter ces dix dernières années, en région Centre.

Un horizon plus grand

La professionnalisation aidant, l’éventail des métiers s’est élargi. Et travailler au cœur de la vigne devient moins attirant. Au cœur des lignes, la crête de Roman dépasse des rangées. Il est le seul à couper les grappes sans sécateur, et utilise ses mains. Avec facilité. Il assure pourtant que « les métiers dans la vigne sont compliqués. C’est assez physique, il faut avoir du courage ». Une pénurie de main-d’œuvre pointe à l’horizon. « En stage, on s’est déjà retrouvé à trois pour tailler la vigne. Alors qu’aujourd’hui, on est 12 ! », s’exclame Guillaume, qui est habitué du domaine de Vouvray. Il montre un de ses doigts, blessé par les vendanges. « En même temps, il faut comprendre, quand on est à moins quinze degrés et qu’il faut tailler… » lâche-t-il.

« On doit être complet »

Guillaume et Roman s’orientent vers le vin plutôt que la vigne. Maître de chai pour le premier, œnologue pour le second. Le seau plein dans la main gauche, Emmanuel, souhaite, lui, reprendre l’exploitation familiale. Ils s’accordent tous sur un point : travailler dans le secteur viticole requiert aujourd’hui un niveau plus élevé. « Un BTS permet souvent d’approfondir les connaissances après le bac pro », appuie Gaëlle, occupée à trier les grappes dans les bacs. « On doit être complet », poursuit Raphaël, insistant sur les compétences commerciales nécessaires dans les métiers du vin. Dans la ligne d’à côté, Nicolas parade. Toujours la banane et la tchatche facile. « Je veux devenir négociant », glisse-t-il, le smartphone visible dans une poche de sa combinaison. Originaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), son profil est symbolique d’un secteur qui s’ouvre à d’autres mondes. « On a environ 30 % de fils ou filles de vignerons. On devait être à 90 % il y a quinze ans », estime Rodolphe Hardy.

Le renouvellement et l’attractivité pour le vin n’empêchent pas les élèves d’être attachés à des valeurs. Conscients que les mutations ne doivent pas galvauder une certaine conception de leur domaine. « Il faut garder un équilibre entre les grosses structures et les petits vignerons », souligne Guillaume, quand Raphaël met en garde contre une « monopolisation du système de vente des vins ». À eux de jouer. D’autant plus qu’ils sont certains d’être à l’ouvrage d’ici quelques années. Jean-Pierre Genet, directeur de l’établissement, confirme avec le sourire : « Six mois après la fin d’études, plus de 90% de nos élèves ont un emploi ».

La Marelle derrière les Halles

Caché rue de la victoire, cette adresse a le mérite de porter haut la bonne ambiance du quartier.

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Des restaurants, aux Halles, il y en a beaucoup. Le niveau est même plutôt élevé. L’addition aussi, parfois… La Marelle a cet avantage d’être bon marché et de se situer un peu à part. Pour éviter les comparaisons frontales, cette adresse joue à fond sur la proxi-mité. Entre les brasseries de la place des Halles et les petites adresses gourmandes de la rue Courteline (on ne se lasse pas de parler de la Cuisine de Georges), elle fait sa petite place de resto de quartier bon enfant. Par resto de quartier, on entend plats maison, des habitués, un service rapide et des assiettes bien présentées mais sans le chichi du bistrot gastronomique. Avant même de rentrer, l’impression se confirme, une grande pancarte annonce une formule du jour.
À l’intérieur, les ardoises annoncent très peu de plats et une soirée karaoké ce week-end. On est sur la bonne piste. Il y a peu de tables. Quelques clients sirotent un verre de vin au bar. L’ambiance est détendue, l’accueil souriant. On choisit tout de suite l’entrée et le plat du jour. Le service est rapide, comme dans un bistrot. Les assiettes ne sont pas spécialement copieuses mais les produits sont frais. En même temps, on comprend qu’à 14 euros les trois plats, il faille faire des choix. Ici, on choisit la qualité et c’est bien. Tours, en creusant un peu, s’est fait une spécialité de ces restaurants de quartier qui offrent une cuisine bien tenue, de saison, sans se prendre la tête. La Marelle fait bien sûr partie de ces pépites locales.

Dans la chambre de Julie Bonnie

600 concerts dans toute l’Europe avec Forguette Mi Note, trois albums en solo, la Tourangelle débarque en littérature avec un roman sensible et fulgurant.

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«Béatrice, ce n’est pas moi ! ». D’entrée, Julie Bonnie met les points sur les i. Et en i, elle s’y connaît, Julie. Bien sûr, comme elle, son héroïne vient de Tours, comme elle, elle est auxiliaire en puériculture, comme elle, elle a sillonné les routes d’Europe, les salles de concerts et les aires d’autoroute avec une troupe d’artistes hétéroclites et un peu perchés, mais là s’arrête la comparaison. « On ne parle bien que de ce que l’on connaît », concède- t-elle. « Mais, très vite, Béatrice s’est éloignée de moi comme le roman s’est éloigné de ma réalité au fil de l’écriture. »
Dans Chambre 2, objet romanesque assez fulgurant, il est question de carapace. Celle que l’on tente de se construire pour rendre la vie plus supportable. Béatrice, donc, est auxiliaire en puériculture. Elle met sa blouse tous les matins et ouvre des portes de maternité derrière lesquelles se trouvent des femmes souvent en lambeaux, parfois en béton et, plus rarement, rayonnantes.
Sans filtre
Rien ne les a vraiment préparées à ce qu’elles viennent de traverser en donnant la vie. Tout comme rien n’avait préparé Béatrice à ouvrir ces portes dans cette maternité. « En fait, Beatrice est une femme qui ne parvient pas à trouver sa place dans la société. Elle est un peu irréelle, un peu fantomatique. Elle n’agit jamais, elle ne fait que traverser les situations. Et puis, elle reçoit tout du monde à la manière d’un nouveau-né. Sans filtre. »
Julie Bonnie écrit des chansons. Depuis qu’elle sait écrire. Depuis son adolescence tourangelle. Depuis Forguette Mi Note, ce groupe emblématique du rock alternatif des années 90 qui donna plus de 600 concerts à travers toute l’Europe. Alors, les chapitres de son livre ressemblent un peu à ça. Ils sont brefs et percutants. Avec, chacun, une lumière, une couleur bien à lui. Quand on en a lu un, on veut passer au suivant et, sans respirer, on les avale tous d’un coup. Il y a de la fièvre et du feu dans ces pages, fort justement couronnées par le 12e prix du roman Fnac. Et, si Béatrice n’est pas Julie, ce Chambre 2 ressemble bien à son auteure. Il en a le regard clair et la personnalité, forte.


SON ACTU
SIGNATURE
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Si vous souhaitez rencontrer Julie Bonnie, arrêtez de sillonner les rues de Tours. Quand elle y vient, elle s’enferme et ne fait que de la musique. Allez plutôt à la Boîte à Livres le 14 novembre. Elle y sera, entre deux piles de son très beau roman. On y sera aussi, du coup…
MUSIQUE
Actuellement, Julie Bonnie travaille sur la musique d’un spectacle pour tous (comme on dit) qui s’appellera Ouli et qui sera créé par la compagnie d’Anne-Laure Rouxel, Le Cincle Plongeur, en mai prochain, à l’Espace Malraux.
JEUNESSE
En parallèle de son premier roman, Julie publie un romanjunior Super chanteuse et petit pirate, aux éditions du Rouergue. L’histoire d’un frère et d’une soeur qui ont du mal à s’endormir et qui font appel à des lutins pour retrouver le sommeil. Illustré par Charles Dutertre. À partir de 9 ans.
C’EST PERSO
UN ALBUM
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Le dernier Bertrand Belin, Parcs. « J’adore vraiment ce qu’il fait. Son dernier album ne m’a pas déçue et je l’écoute en boucle ! »
UN LIVRE
Les Évaporés, de Thomas Reverdy. C’est un livre qui m’a beaucoup touchée. Je vous le recommande ! UN FILM Habemus Papam, de Nanni Moretti. Je l’ai vu récemment. C’est vraiment un chef-d’oeuvre d’irrévérence.

Osez le féminisme : "On est dans l'action de rue"

Osez le féminisme va prochainement officialiser une antenne de son association en Indre-et-Loire. Interview avec Mélanie Boyeau, à l’origine du mouvement local.

ACTU_PAP1 (CREDIT PATRICE DESCHAMPS)
Active depuis janvier dernier avec des réunions informelles et un flash mob, la section d’Indre-et-Loire de l’association Osez le féminisme sera bientôt officialisée. Une réunion de lancement et un débat sont organisés vendredi 4 octobre. Mélanie Goyeau, à l’origine du mouvement local, présente les futures actions de l’association.
Pourquoi axer la réunion de lancement sur la parité ?
C’est un thème qu’Osez le féminisme avait déjà beaucoup utilisé en 2012, au moment de l’élection présidentielle. On souhaite reparler de la parité pour les municipales de 2014. Il n’y a qu’une femme maire dans les communes de plus de 3 500 habitants dans le département, à St- Pierre-des-Corps.
Outre la parité, quels thèmes allez-vous aborder ?
Prochainement, nous allons lutter contre le sexisme à la fac. C’est une campagne nationale. On n’a pas les moyens de les reprendre toutes, mais on a choisi celle-ci parce que Tours est une ville étudiante. Et on aperçoit ce sexisme, par exemple, avec certaines affiches de soirées étudiantes.
Par quels modes d’action Osez le féminisme va-t-elle opérer ?
On opère avec des actions visibles. Par exemple, on avait organisé le flash mob du 14 février dernier, « One billion rising », contre les violences faites aux femmes. On est dans l’action de rue, dans des campagnes d’affichage, des manifestations. À partir de novembre, on va mettre en place une réunion publique par mois, axée sur un thème.
Réunion de lancement d’osez le féminisme 37, vendredi 4 octobre, à 19 h, salle de réunion du foyer des jeunes travailleurs. 16 rue Bernard-Palissy. Arrêt de tram : Gare de tours. osezlefeminisme37@gmail.com

La nouvelle tête du Nouvel Olympia

Le nouveau directeur du Nouvel Olympia vient d’être nommé : c’est Jacques Vincey.

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L’info est tombée hier en fin d’après-midi : c’est Jacques Vincey qui remplacera Gilles Bouillon à la tête du Nouvel Olympia. L’ancien directeur du théâtre devrait cohabiter avec le nouveau les prochains mois avant d’avoir complètement la main à partir de janvier 2014.
Cette nomination intervient alors que la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti affiche une volonté de changement de directions des scènes nationales et régionales. Parisien, Jacques Vincet a fait le conservatoire de Grenoble dans les années 90. Acteur, il joué sous la direction de Chéreau. Il a fondé sa compagnie Sirènes avec laquelle il a mis en scène du Molière, du Calderon et du Genet.
Cet été, quatre candidats étaient en lice pour succéder à Gilles Bouillon : Valérie Lang, Jacques Vincey, Blandine Savetier et Marcial Di Fonzo Bo. Après la mort de la fille de Jack, grande favorite, les trois candidats offraient des profils très différents.
 
 

La vie domestique, plan-plan féministe

Plongée radicale dans le quotidien d’une femme d’une banlieue résidentielle. Intelligent, engagé, du bon cinéma français.

Un matin comme les autres, Juliette se lève pendant que son mari tente le câlin du matin. Elle pense déjà aux tâches ménagères, prépare le petitdéjeuner, les enfants descendent pour leur chocolat chaud. Comme dans un mauvais rêve, la caméra suit lentement cette femme d’une banlieue chic. Aujourd’hui, elle attend un coup de fil d’un copain éditeur pour un job sur Paris. Envie de revenir dans le stress de la capitale ? Ici, tout semble si calme, rangé, policé. Les maisons se ressemblent toutes comme dans la chanson de Malvina Reynolds, Little Boxes. Weeds, Desperate Housewives, les références collent facilement à la peau de cette critique acerbe de la condition des femmes dans cette bourgeoisie résidentielle. Mais là s’arrête la comparaison. Contrairement aux standards télévisés américains, La Vie domestique choisit la sobriété. Peu de musique, ni de cadrage dynamique, l’histoire se déroule comme une journée banale. On avale les images d’humiliation, de femmes complètement absorbées par les tâches domestiques, soumises par habitude, d’hommes travailleurs incapables eux aussi d’analyser leurs comportements machistes.
La vie domestique
Comme un coup de poing en slow motion, Isabelle Czajka réalise un film à la fois flegmatique dans la forme et violent dans le fond. Aucune lourdeur ne vient alors déranger le propos grave du film. Les plans s’enchaînent en toute simplicité comme pour mieux restituer ces journées ennuyeuses qui défilent sans anicroches apparentes. Véritable tour de force, cette histoire de banlieue chic résonne au-delà des clichés et arrive à évoquer la condition des femmes, en général, dans la société actuelle. Position de nouvelle arrivée dans ce monde codifié, Juliette se fond peu à peu dans le paysage ambiant, accepte de prendre un Nespresso comme on passe un baptême du feu. Tout en nuance, Emmanuelle Devos joue à merveille cette éditrice intelligente et féminine peu à peu absorbée par ce train-train dégradant.

Le bateau ivre refait surface

Le collectif ohé du bateau lance la Distillerie culturelle pour remettre le navire à flots.

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Ohé du bateau ne lâche rien. Le 12 et 13 octobre, le collectif tourangeau organise un grand weekend événement pour montrer que son projet de reprise du Bateau ivre est possible sur le plan culturel. Concert de musiques amplifiées, baroque, classique, plasticiens, théâtre : tout le monde devrait s’y retrouver pendant ces deux jours. Une scène devrait être installée en face de l’ancienne salle de concert.
Le Collectif a même eu l’accord d’utiliser la scène du Bateau. « En mars dernier, la proposition de la mairie pour la location du Bateau ivre a été un vrai coup dur pour nous, Christophe Dupin, membre du collectif. 5 000 € de loyer alors que nous en demandions maximum 1000 par mois pour être viable économiquement, c’est clairement un désengagement politique. Après avoir réfléchi ensemble, nous avons décidé de continuer. Nous avons alors créé la Distillerie culturelle. »
L’idée est simple : il n’existe aucun lieu culturel transdisciplinaire sur Tours. La Distillerie deviendrait un pole pour toutes les compagnies de théâtre, les groupes de musique, d’artistes qui veulent émerger dans le milieu culturel local mais qui n’en ont pas les moyens. « Nous avons constitué des laboratoires, explique Christophe Dupin. Tout le monde peut en faire partie, associations comme citoyens. Dans ces labos, nous réfléchissons à la programmation et la gestion de la Distillerie. »
Le projet de la Distillerie : ohedubateau.com