Manhattan Stories : tranches de vies à New York

Après avoir écumé les festivals de cinéma indépendant, Manhattan Stories arrive sur les écrans français. Un film choral prenant place dans les quartiers de Big Apple.

manhattan stories

Une journée à New York. Cinq histoires distinctes mais qui se chevauchent plus ou moins. Un film choral à la photographie automnale… Le second long-métrage de Dustin Guy Defa a tout pour plaire en festival. Archétype du ciné US indépendant, Manhattan Stories (Person to person, en VO) a effectivement écumé les Sundance et autres South by Southwest l’an dernier.
Débarquant seulement maintenant sur les écrans français, laissera-t-il chez nous un souvenir impérissable alors qu’il n’a pas franchement marqué les esprits outre-Atlantique ?

Sur le papier, Manhattan Stories organise donc sa narration autour de différentes histoires. Il y a par exemple ce fan de vinyles collectors, obsédé par un disque rare. Mais aussi Wendy, étudiante un peu paumée à la recherche de sa sexualité ou encore Claire, apprentie-journaliste accompagnant Phil, fait-diversier fana de metal…
Centré sur l’humain, les relations et la notion de recherche, Manhattan Stories déroule son récit (trop) doucement, avec un côté authentique rappelant le cinéma new yorkais de Woody Allen. Le film de Defa a cet aspect anodin et ordinaire, attachant mais interchangeable.

Magnifiée par sa photographie (tourné en 16 mm, le rendu est chaud et délicieusement vintage), cette chronique « urbaine » empile les histoires courtes comme un recueil de nouvelles, une mosaïque sympathique mais peu marquante. S’il a le mérite d’avoir réduit son oeuvre au minimum (à peine 1 h 30 au compteur), Manhattan Stories, bien trop anodin, a tout de même du mal à accrocher le spectateur.
L’expérience cinématographique est limitée, l’écriture est trop impersonnelle.

Loin d’être désagréable, mais pas assez enthousiasmant et mémorable pour marquer les esprits : vite vu, vite oublié.

> Comédie dramatique, de Dustin Guy Defa (USA). Durée : 1 h 25. Avec Michael Cera, Abbi Jacobson, Tavi Gevinson…
> NOTE : 2,5/5 

Wonder Wheel : le dernier Allen au goût amer

Woody Allen est de retour avec son 47e film. Sauf que Wonder Wheel, en plus d’être un énième « Woody Allen » sans grande inventivité, baigne dans la controverse.

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Wonder Wheel aura connu une gestation difficile. En plein scandale Weinstein, la nouvelle offrande de Woody Allen a vu son avant-première, mi-octobre, annulée, rappelant par ailleurs que le cinéaste était lui aussi éclaboussé par des accusations d’agression sexuelle sur sa fille adoptive et lâché par de nombreux comédien(ne)s (lire billet d’humeur de notre version print reproduit ci-dessous).
Un mois plus tard, le réalisateur new-yorkais zappait purement et simplement l’instant promo- interview, tandis que certains critiques descendaient Wonder Wheel, y décelant un écho à la vie privée de Woody Allen (connu pour parsemer ses fictions de sa vie personnelle).

Wonder Wheel a donc un goût amer. On ne le regarde pas “juste comme ça”, le récit étant axé sur l’aventure extraconjugale d’une mère de famille avec un jeune sauveteur en mer qui, lui-même, va flirter avec… la belle-fille ! Outch…

Ceci à part, il n’y a pas grand-chose de neuf à se mettre sous la dent ici. Allen fait du Allen avec l’éternel triptyque trahison, triangle amoureux et drama à la clé. Le cinéaste déroule alors un récit déjà-vu, aux procédés éventés (les monologues face caméra) et à la marque de fabrique qui peut lasser (Wonder Wheel est verbeux).

Mais Woody Allen parvient toutefois à garder le cap. D’une part, grâce à un charmant casting (Kate Winslet est fascinante, James Belushi bourru mais attendrissant). D’autre part en accouchant d’un film à la photographie somptueuse, véritable plongée dans les 50s sublimée par des teintes éblouissantes (Vittorio Storaro, d’Apocalypse Now, est aux commandes).. Correct, mais désespérément prévisible ; beau dans la forme, mais plat sur le fond. Avec ce 47e long-métrage, Woody Allen n’a peut-être plus rien à dire…

> Drame, de Woody Allen (USA). Durée : 1 h 41. Avec Kate Winslet, Juno Temple, Justin Timberlake, James Belushi…
> NOTE : 2/5 

Cliquez ci-dessous pour la bande-annonce :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=HCXi7yEnPHE[/youtube]

BILLET HUMEUR

WONDER WHEEL. UN FILM DE WOODY ALLEN, PAS BIEN FOLICHON, la tambouille habituelle. Sauf que ce coup-ci, le Woody, il a du plomb dans l’aile. Il y a quelques jours, Dylan Farrow, sa fille adoptive, a réitéré ses accusations : le cinéaste l’aurait agressée sexuellement lorsqu’elle avait 7 ans. Lui a de nouveau démenti. L’affaire dure depuis 25 ans, entre enquêtes et contre-enquêtes, accusations de manipulation des deux côtés, zones d’ombre…
Alors Dylan Farrow a commencé à s’interroger : pourquoi ces acteurs et actrices qui tapent dans le lard du porc Weinstein, mais qui bizarrement esquivent-ils le sujet Allen, génie intouchable ? Puis, tout doucement, le tout-Hollywood essoré dans le tsunami des scandales sexuels a commencé à réagir.
Outre-Atlantique, on finit par lâcher le réalisateur aux grosses lunettes. Comédien(ne)s et personnalités disent bye bye Woody. Plus personne ne lui dit I love you.
En revanche, en France, Jack Lang s’est ému du « Woody Allen bashing ». Snif. Pierre Arditi s’est agacé du « puritanisme américain ». Snif. Frédéric Beigbeder a invité le cinéaste à venir en France, où l’on sait faire la part des choses, parce que « l’homme privé ne nous regarde pas ». Snif. En fait, ici, c’est comme avec Polanski : c’est rigolo, on n’ose pas trop.

#WTF 39 : sac à puces dans le métro

Un gros délire avec des toutous dans le métro, mais aussi Thomas Pesquet et une super-mamie : voilà la rubrique insolite de la semaine.

PAUSES_WTF

— Il est interdit depuis peu de promener son chien dans le métro new-yorkais. Mais Médor est tout de même accepté à une condition : s’il rentre dans un sac. Les utilisateurs du métro ont trouvé un moyen pour prendre avec eux leurs gros toutous : les mettre dans de gros sacs. Pour admirer ces superbes photos, suivez le hashtag #subwaydog.

— Aux Pays-Bas, un chef cuisinier a préparé le hamburger le plus coûteux du monde : 2 050 euros. Il a choisi les ingrédients les plus chers du monde et a mis le paquet sur la présentation : homard, caviar, truffe, fromage, foie gras et un pain recouvert de feuilles d’or.

— Un train a dû exceptionnellement s’arrêter en gare de Valence après qu’un contrôleur a signalé la présence d’un homme suspect à bord, caché dans les toilettes. C’était en fait un comédien français qui répétait une pièce de théâtre.

— Johanna Quaas, ça vous dit quelque chose ? Non, ce n’est pas la cousine éloignée de Patricia, mais une gymnaste allemande de 92 ans. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, on peut la voir en train d’enchaîner des exercices d’équilibre entre des barres parallèles. Résultat : une cinquième place à la Turnfest de Berlin, pour celle qui n’avait jamais fait de compétitions avant ses 57 ans. Mieux vaut tard que jamais !

Après six mois passés dans l’espace, Thomas Pesquet aura connu des changements. Le spationaute français mesure d’ailleurs cinq centimètres de plus qu’à son départ. Il devrait normalement peu à peu retrouver sa taille normale sur Terre.

S.B. et Ph.D.

The Walk : film vertigineux !

The Walk : rêver plus haut, est de nouveau un joli coup de la part de tonton Zemeckis. Une plongée vertigineuse, un film de funambule, bien plus qu’un simple biopic. Le vertige !

The Walk

Robert Zemeckis possède ce petit quelque chose. Capable des films les plus cultes (Forrest Gump, Qui veut la peau de Roger Rabbit, Retour vers le futur…), comme des plus surprenants : Flight notamment, ou encore l’incroyable Seul au monde. Un film où seul ce réalisateur pouvait tenir le spectateur en haleine avec du « rien ».

The Walk est du même acabit. Un véritable exercice. Où le réalisateur américain réussit l’exploit de captiver pendant deux heures, alors que le climax (l’apogée du film) ne se trouve que dans la demi-heure finale. Car The Walk, c’est ça : du funambulisme à l’état pur. Un film sur la corde raide, qui raconte l’histoire vraie de Philippe Petit. Célèbre pour avoir marché sur un câble entre les deux tours du World Trade Center, en 1974. Et que cela soit clair : ladite traversée ne se trouve qu’à la toute fin. Tout le reste n’est qu’une histoire, savamment construite pour se préparer physiquement avant de se cramponner à son siège.
Zemeckis y filme Joseph Gordon-Levitt – excellent – comme un Mime Marceau ou un Buster Keaton. Nous sommes dans un conte, bien plus qu’un biopic. Une fantaisie, aux accents de carte postale. Zemeckis passe alors de narrateur de génie à technique hors-pair. Sublimée par une 3D magistrale, la traversée des deux tours de New York est une plongée vertigineuse. Le vide est abyssal. Le public retient son souffle. Vit ce moment de tension. se dessine alors une phrase dans nos têtes : croyez en vos rêves.

Il y a de tout dans The Walk : du biopic, du conte, du film de casse, de la romance… Zemeckis envoie valser les conventions. Écrase les blockbusters du moment avec ce film d’artisan. Casse-gueule, mais passionnant. Un instant de beauté. Un hommage aussi bien au funambule Philippe Petit qu’aux tours jumelles.

Aurélien Germain

Biopic, de Robert Zemeckis (Etats-Unis). Durée : 2 h 03. Avec Joseph Gordon-Levitt, Charlotte Le Bon… 

NOTE : 4/5

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=5H5K0aslGoE[/youtube]

Baptiste Lecaplain : "J'ai une relation amour/haine avec les poils"

#EPJTMV. Vendredi 12 décembre prochain, il sera à Montlouis-sur-Loire pour l’un des derniers spectacles de sa tournée. Baptiste Lecaplain a répondu à notre interview décalée.

EPJTMV
Photo : Olivier Wavre/Flickr

On a réalisé un dossier sur les Tourangeaux plus célèbres à l’international qu’à Tours (à retrouver dans notre édition de mercredi 10 décembre !). Et vous, vous connaissez un Tourangeau ?
Je sais qu’il y a une très bonne équipe de volley à Tours ! Avec notamment, le seul rasta blanc que je connaisse, un très bon joueur [il parle de Loïc de Kergret, ndlr]. Sinon, j’avoue que je ne connais pas beaucoup de Tourangeaux… Ah si, Olivier Giroud, non ? Quoiqu’il a joué à Tours mais non, il ne doit pas venir de Tours. [Effectivement. Il est né à Chambéry, ndlr.]
Vous êtes plus connu à Paris que dans la Manche ?
L’avantage de la Manche c’est qu’il n’y a pas beaucoup de gens connus. Du coup, forcément, je suis assez connu là-bas. À Paris, la principale star de Basse-Normandie, c’est quand même Michel Drucker ! Moi je dois être en 5e ou 6e position derrière.
Un tour du monde sans bouger de chez soi, ça fait rêver, non ? Si vous pouviez vous téléporter, vous iriez où ?
J’adorerais me téléporter ! Aller en Australie, ça me fait rêver… J’ai l’impression que tout le monde y est parti sauf moi. Mais je crois qu’il y a 23 h d’avion pour y aller, il faut avoir une sacrée réserve de bons films. C’est typiquement le pays où j’aimerais me rendre via téléportation. New York, aussi, ça me fait rêver. Surtout depuis que j’ai fait un film dessus ! C’est une ville de fous. Ça, c’est plus un voyage que j’aimerais faire régulièrement, quotidiennement.
Plutôt pole-dance ou rugby ?
[Rires] Le pole-dance, c’est pas un truc de stripteaseur ça ? Le rugby c’est cool mais c’est vraiment des gars qui font que de prendre des coups, j’ai du mal à suivre. J’ai du mal à voir l’intérêt aussi ! Du coup, je dirais pole-dance mais c’est vraiment bizarre, quand même… Je préfèrerai danser chez Paul.
Mon sport c’est plutôt l’endurance, je cours tous les jours. Et j’ai fait 13 ans de basket.
C’est quoi le dernier concert auquel vous ayez assisté ?
Dimanche 30 novembre, pour Un cadeau pour la vie, l’asso que je parraine avec Kyan Khojandi, on a fait venir Ben Mazue, un chanteur super, et le mythique groupe Elephanz. Deux gros coups de cœur !
Vous aimeriez vivre à la Into the wild, seul dans les bois ?
Jamais de la vie ! J’aime bien avoir mon tél, appeler mes parents à tout moment, recevoir les alertes des résultats du foot… Ce film est ouf : une personne sur trois qui l’a vu dit toujours « je vais faire pareil, vivre seul, dans les bois, en communion avec la nature », mais j’aimerais bien voir le pourcentage des personnes qui osent lâcher leurs smartphones et se couper de tout.
La tendance de l’hiver, c’est la fourrure. Mais vous, vous êtes plutôt pro ou anti-poils ?
J’ai une relation amour/haine avec les poils. J’ai signé une pétition contre l’élevage à fourrure en France. D’un autre côté, je suis pour la démocratisation de Body ’Minute. Mais bon, généralement les mecs n’aiment pas les poils mais font rarement des efforts là-dessus.
Comment faites-vous pour être aussi beau ?
Déjà je ne bois pas, je ne fume pas et je fais du sport. Mes petits secrets beauté persos ! Après, j’aime bien mettre une petite crème hydratante, en ce moment je suis dans les produits australiens écolos et bio de la marque Aesop. Surtout la gamme à la graine de persil ! J’adore dire ça, ça fait un peu bobo.
À quel âge vous avez-arrêté de croire au Père Noël ? 
J’ai su qu’il n’existait pas à 8-9 ans, dans la cour d’école. C’était pas cool mais je l’ai raconté à mon pote juste après. Sur le coup c’est un peu traumatisant. Mais j’ai une sœur qui a quatre ans de moins que moi, je trouvais ça cool dans les années suivantes de lui mentir et de partager le secret avec mes parents. J’espère que ma fille va bien vivre le truc. Peut-être que j’engagerai un comédien pour qu’il se déguise en Père Noël !
Vous êtes Gémeaux. C’est un bon signe astro ?
Je ne sais pas, on me dit souvent que les gémeaux ont des dédoublements de la personnalité, que ce sont des gens difficiles à cerner. Hitler et Pinochet devaient être gémeaux, elle vient d’où sinon cette espèce de malédiction ? Les horoscopes, c’est cool quand ça ne se prend pas au sérieux. [ndlr : ça tombe bien, à TMV, l’horoscope c’est du douzième degré !]
Un petit mot pour mettre fin à cet entretien ?
La phrase de fin de mon spectacle. « Merci encore pour cette soirée si courte… C’était super ! »
Recueilli par Marie Courvasier
Si vous n’avez pas eu le temps de prendre vos places pour le spectacle, vous pouvez toujours retrouver Baptiste sur son site.

Hell's Kitchen, sauce new-yorkaise

On choisit ce qu’il y a dans son sandwich et on le déguste comme si on était dans la Big Apple.

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On pourrait se croire dans une scène de Gangs of New York, version XXIe siècle. Murs en pierre, tables et chaises hautes. Un lieu où pourrait se réunir la mafia irlandaise. Normal, le Hell’s Kitchen désigne aussi un ancien quartier populaire de NewYork où les immigrés s’entassaient il y a plusieurs décennies, rentraient dans un pub pour manger leur sandwich et siffler leurs pintes. « Le nom est un hommage », confirme Mickaël, le cogérant de l’établissement ouvert il y a un mois. Il est aussi manager au Pale, situé quelques mètres plus loin, rue Colbert.
Il estime que les Tourangeaux « aiment le concept ». Celui de constituer son propre sandwich. On choisit le pain : complet, ciabatta, bagel, wrap. Qui détermine le prix du casse-croûte (entre 4,50 et 5,50 euros). « Et surtout, il y a des produits locaux. Une partie du pain vient du boulanger du coin par exemple », continue Mickaël.
Ambiance rock’n’roll
Ensuite, le client a le droit à un fromage (cheddar, philadelphia…), une viande (on peut même prendre du pastrami, typique des USA) et un choix de crudités à volonté ! Le nombre de sauces, étalées sur un présentoir à 2,50 mètres de haut, impressionne.
On déguste le tout dans une ambiance rock’and’roll. « On a une télé qui passe des vieux concerts de Pink Floyd ou de Led Zeppelin », annonce fièrement Mickaël. Ou plus au calme. Les douceurs du début d’automne autorisent à manger dans la petite cour intérieure, à l’abri de l’agitation, rue Colbert. Le passage à la caisse n’est pas douloureux. Neuf euros pour sandwich (pain Ciabatta) + boisson + dessert. De quoi donner envie de retourner dans l’enfer.
Chloé Vernon
71 « street » Colbert. Tél : 09 83 62 65 94. Du lundi au samedi de 11 h 30 à 14 h 30/19 h-23 h. Dimanche : 15 h-22 h.


UN SANDWICH
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Classique de la Big Apple : le « BLT ». Bacon, salade, tomates et mayo plein les doigts.
UN DESSERT
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Le cheesecake tellement bon qu’on l’a croqué avant de le prendre en photo.
UNE BOISSON
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Dr. Pepper, un des plus vieux sodas au monde, difficilement trouvable en France.