Vous n’avez encore rien vu de Resnais

Alain Resnais, à 90 ans, surprend encore avec ce film sur la relation entre théâtre et cinéma.

Que faire quand vous avez déjà tout vu, tout fait. Le titre du film est un pied-de-nez. Resnais adore ça, déstabiliser. Il l’avait fait avec On Connaît la Chanson. Il recommence. Vous n’avez encore rien vu de semblable au film que je vais vous montrer, veut dire le réalisateur. Eternel recommencement.

Ça commence, donc, par une triste nouvelle : Antoine d’Anthac vient de décéder. Ce célèbre auteur dramatique a demandé une dernière réunion, dans sa maison, de ses acteurs fétiches. Il a préparé la vidéo d’une de ses pièces de théâtre réadaptée par une jeune troupe : Eurydice. Cette pièce, c’est en faite l’histoire du mythe d’Orphée qui, pour faire sortir sa femme de l’enfer, ne doit pas se retourner sur le chemin du retour. Dans son testament, Antoine d’Anthac souhaite que ses acteurs, qui ont interprété ces rôles dans le passé, la juge. Finalement, chacun va commencer à revivre son personnage et jouer en même temps que le film.

Le dernier film d’Alain Resnais fait partie de ces ovnis difficilement qualifiables. Il réutilise la pièce de théâtre de Jean Anouilh et la reprend à son compte. Sauf qu’il met en scène deux versions différentes : celle de la jeune troupe, celle des anciens acteurs. Il n’hésite pas, d’ailleurs, à répéter plusieurs des scènes. Il les superpose, s’amuse. Surtout qu’en face de lui, il a tous ses amis : Sabine Azéma, Pierre Arditi, Michel Piccoli, on en passe car ils sont une dizaine. On a devant nous, à l’écran, la crème de la crème du cinéma français. Alain Resnais se fait plaisir, il sait qu’il peut tout leur faire faire.

Difficile d’en dire plus sans révéler des surprises. Vous n’Avez Encore rien Vu parle de la relation entre théâtre et cinéma. Vaste thème qu’Alain Resnais choisit de traiter avec un film complexe, des mise en abîme à n’en plus finir, des double discours. Il ne ravira pas tout le monde mais fera certainement date dans la carrière de cet immense cinéaste.

 

Alyah, premier film d’Eli Wijeman

Chronique d’un voyou ordinaire parisien qui ne sait plus comment faire pour s’en sortir.

Alex, ce n’est pas un bavard. Pourtant il en a gros sur le cœur. Il n’a pas de métier, pas vraiment de copine. Son frère, Isaac, lui taxe sans cesse de l’argent. Pour gagner sa vie, il deal du cannabis. Il est juif aussi. Mais c’est à peine s’il va rejoindre sa famille pour les fêtes. Et puis un jour, alors qu’il fait l’effort d’aller à la bar mitzvah de son neveu, il tombe sur son cousin, Nathan. Il revient tout juste d’Israël où il a fait son service militaire et lui apprend qu’il va ouvrir un restaurant là-bas. Alex voit alors un moyen de s’enfuir de cette vie qui l’ennuie.

Le truc, c’est qu’Alex n’a jamais vraiment cru en Israël. Comme il dit, ce pays est aussi déglingué que lui. Mais il va tout faire pour y aller, même passer l’Alyah. Ce rite de passage est indispensable pour immigrer en Israël. Il faut répondre à toutes sortes de questions et prouver que l’on est juif. On a beau suivre les frasques administratives d’Alex, impossible de comprendre pourquoi il fait ça. C’est le jeune acteur Pio Marmaï qui incarne ce héros bizarrement paradoxal et transparent. Le jeune acteur joue tout en nuance, sans trop en faire et toujours juste.

C’est le premier film d’Eli Wijeman qui a été repéré pendant la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Le scénario tient la route. Les acteurs sont vraiment bien dirigés. Seulement, le jeune réalisateur est complètement influencé. Les références à James Gray, le réalisateur américain de Two Lovers deviennent presque agaçantes quand on devient attentif : rythme lent, mélange entre problèmes de familles juives émigrées et polar. Même les personnages d’Alex et de son frère Isaac ressemblent étrangement à Léo Handler (Mark Wahlberg) et Willie Gutierrez (Joaquim Phoenix) dans The Yards sorti au début des années 2000. Si le jeune réalisateur français peut être soupçonné d’imiter sans égaler son maître américain, on peut aussi le féliciter d’avoir d’aussi bonnes influences. Allez, ce n’est qu’un premier long-métrage. Il laisse entrevoir un certain talent d’Eli Wijeman. Reste à prouver qu’il peut faire un film plus personnel.

Portrait : Lucia Iraci et Joséphine

Portrait de Lucia Iraci, fondatrice de l’association Joséphine pour la Beauté des Femmes qui vient aujourd’hui de s’installer sur Tours.

(Photo Didier Pazery)

À la rencontre de Lucia Iraci, fondatrice de l’association Joséphine pour la Beauté des Femmes qui vient aujourd’hui de s’installer sur Tours.

Attablée au bistrot de la gare de Tours, Lucia Iraci vous accueille avec ce sourire des beaux jours. Elle vient juste de sortir du TGV, comme tous les soirs de la semaine quand elle revient de son salon de coiffure à Paris. Elle vit aujourd’hui à Tours. En ce moment, ses cheveux roux sont bouclés. Elle s’en fiche de l’heure tardive de l’interview. Les traits sont, malgré tout, un peu creusés : « J’ai toujours du temps pour parler de Joséphine ».

Joséphine, c’est l’emblème de son association. Ce prénom, qui symbolise la beauté pour toute, c’est surtout celui de sa sœur « au ciel » depuis 7 ans. Lucia Iraci voulait continuer à l’entendre tous les jours alors il s’est imposé de lui-même quand elle a cherché à nommer son projet. Mais elle ne préfère pas trop en parler. Quand elle parle, elle vous regarde gentiment mais fermement dans les yeux, sans trop ciller. Impossible d’aller plus loin.

 

Médiatique

Mais pourquoi se lancer à corps perdu dans cette association quand d’autres personnalités se contentent d’apparaître aux galas de charité ? Après des dizaines d’interviews, elle a bien été obligée de trouver une réponse. Joséphine Pour la Beauté des Femmes est né d’un besoin d’être utile à la société, partager, rendre ce que des femmes lui ont donné quand elle avait besoin d’aide : Lucia Iraci veut être généreuse. Elle est généreuse. « Je ne savais pas comment faire un geste de civilité pour la société. » Et puis c’est la révélation. Grâce à la coiffure la féminité et la beauté vaincront la morosité et le repli social que les femmes abîmées par la vie subissent.

Lucia Iraci s’est lancée dans l’aventure voilà cinq ans. Régulièrement, elle prenait sa valise de coiffure pour se rendre dans une banlieue parisienne aider des femmes qui n’ont pas le temps de se pomponner. Elle coiffe alors des têtes malmenées, des cheveux qui n’ont pas connu de coiffeur depuis des lustres et leur redonne de la superbe. Mais les réactions des aidées ne sont pas toujours faciles à entendre. Très vite elle s’épuise, veut abandonner. C’est la légion d’honneur remise en 2009 qui va la réveiller. Deux ans après, elle monte le premier salon social à Paris, dans le quartier de la Goutte-d’or. Joséphine pour la Beauté des Femmes à Paris est né.

Le succès médiatique est immédiat. Les magazines féminins s’emparent du sujet. Elle refuse d’apparaître dans certaines émissions de télévision : «  Je déteste le voyeurisme. » Elle ne cherche pas le succès, « je l’ai déjà. » Son nom résonne régulièrement dans les pages modes. Pendant vingt ans, elle a coiffé les plus grands mannequins de la planète. « Au tout début de ma carrière, je travaillais dans un salon et coiffais régulièrement des vieilles femmes. Elles n’arrêtaient pas de me demander de faire des frisettes au bout des mèches ou des choses comme ça. J’ai très vite su que je ne voulais pas faire ça toute ma vie. » Elle adore désobéir. Elle préfère les pieds-de-nez aux courbettes.

 

Blessures

Elle était à peine majeure quand elle s’est mise à couper, coiffer, soigner. Lucia Iraci arrivait tout juste de Sicile où elle était née. À l’époque, son rêve c’était Paris, la lumière, l’interdit. Père disparu, mère partie en France, la jeune fille a passé des années avec sa sœur, toutes les deux éduquées par des religieuses en Sicile. Joséphine, le prénom revient toujours. Elle aussi était rousse. « Mes blessures, je les ai déjà guéries. Il le fallait avant de se lancer dans cette aventure. »

Quand le nom de Lucia Iraci est prononcé dans le nouveau salon à Tours, c’est avec le plus grand respect que l’on parle d’elle. Pas vraiment comme d’une star ou d’une patronne mais avec la même tendresse fraternelle que l’on pourrait ressentir pour une sœur.

 

 

Reportage : Bienvenue chez Joséphine

Joséphine pour la Beauté des Femmes, c’est un salon social pour celles qui n’ont pas toujours le droit de se faire belle. Reportage dans le nouveau salon installé à Tours.

Deux semaines que ce salon social a ouvert ses portes à Tours. Entrez dans le monde des bonnes fées de Joséphine pour la Beauté des Femmes.

Elles papotent, les filles. Ça rigole un peu. Au centre de tous les regards : Jeanne*. C’est la « cliente » de la matinée du salon Joséphine pour la Beauté des Femmes. D’ailleurs on ne dit pas cliente ici. C’est Jeanne tout simplement. Autour d’elle, il y a d’abord Manon, l’assistante sociale. C’est avec elle que tout commence, car il faut justifier de sa précarité pour bénéficier des soins de l’association.

Quand Lucia Iraci a décidé d’installer un nouveau salon social, en plus de celui de Paris, Tours est vite devenu une évidence. Le local, situé au pied du pont Napoléon, à deux pas de la fac, a vite été trouvé. Les partenaires ont répondu tout de suite. Les bénévoles aussi. Ici on dit « Joséphine » d’ailleurs, pour parler du salon. Un peu comme une copine.

Jean-Charles Aponte est parrain de l’association. C’est aussi un professionnel de l’événementiel. Il démarche les entreprises pour des dons de matériel, de produits de beauté et tout ce qui est nécessaire au bon déroulement de Joséphine. Les collectivités territoriales mettent également la main au porte-monnaie. Avec sa gouaille et sa démarche enjouée, il invite à rentrer dans la salle d’essayage. Des dizaines de chemises, des manteaux ou des écharpes sont soigneusement posées sur des portants. « Tous ces vêtements, nous les prêtons aux femmes pour un entretien ou une réunion de famille. Ça évite qu’elles remettent pour la dixième fois la robe de la voisine. »

 

Cadre de rêve

On est loin de l’image d’Épinal que peut renvoyer une association venant en aide à des femmes accidentées par leur parcours de vie. Les murs sont roses, vert olive. Au sol, le parquet est tout neuf. Le salon de coiffure, la cabine esthétique et le bureau de l’assistante sociale sont tous très lumineux. Il est 9 h 45. Jeanne avait rendez-vous à 10 h mais elle est arrivée à 9 h 15. « On sent que c’était très important pour elle » , confiera plus tard Emmanuelle. C’est la coiffeuse. Ou plutôt socio-coiffeuse. La discipline n’existe pas encore en France mais la jeune femme a toujours pensé qu’elle voulait faire ce travail, écouter les plus démunis et reprendre les catastrophes que la précarité a fait subir aux cheveux. « Ces femmes sont souvent dans le système D, explique Emmanuelle. Des fois c’est le mari ou la voisine qui les coiffe. Sinon, elles se font leur couleur elles-mêmes avec un résultat par forcément à la hauteur des attentes. » Le salon de coiffure, c’est un monde auquel elles ne peuvent plus accéder faute d’argent et peur du regard des autres. Sans parler des soins esthétiques, de l’épilation, de la manucure et du masque de beauté qui sont à des années-lumière. Le bien-être est un mot qu’elles n’utilisent pas. Joséphine est là pour ça. C’est un temple de la beauté pour celles qui normalement n’y ont pas droit.

 

Fard à paupières

10 h, c’est l’heure du rendez-vous. Jeanne se dirige vers l’espace coiffure accompagnée d’Emmanuelle. Il y a des magazines partout, comme dans n’importe quel salon. Jeanne préfère discuter avec la coiffeuse. Son fils, qu’elle n’a pas vu depuis un an et demi va venir lui rendre visite cet après-midi. Elle veut se faire belle pour le recevoir, lui montrer qu’elle va bien. Emmanuelle travaille avec précision, place avec dextérité les pinces à cheveux, la fait parler. Ce sera chignon aujourd’hui avec quelques mèches de cheveux qui retombent sur le front. Le visage de Jeanne s’illumine une fois la coupe terminée. Elle se trouve belle. Ce n’est pas fini. Valérie entre dans la pièce et lui lance : « Vous êtes prête pour le maquillage ? » Jeanne change de siège pendant que la socio-esthéticienne sort les pinceaux, les tubes de gloss et autres eye-liner. Elle ferme les yeux et c’est parti pour 30 minutes de maquillage. Valérie, c’est la troisième employée du salon social. Elle a été formée aux Cours d’Esthétique à Option Humanitaire et Sociale à l’Hôpital Bretonneau. C’est la seule formation reconnue par l’État en France qui dispense deux ans d’entraînement à cette discipline particulière. Valérie est une esthéticienne formée pour prendre soin d’un public comme celui de Joséphine. Son rôle, c’est de dispenser des conseils beauté à ces femmes souvent portées sur les couleurs sombres. La première fois qu’elle est entrée dans le salon, Jeanne s’était mise du fard à paupière très sombre. Impossible de remarquer ses yeux bleus magnifiques. Valérie a d’abord proposé d’éclaircir un peu. Mais devant les remarques insistantes de la maquillée sur les couleurs vives, elle a dû se restreindre. « On doit aussi faire en fonction des goûts de la personne » , expose Valérie avec sa voix calme et rassurante. Le but est simple : rendre ces femmes belles, mieux intégrer et les préparer, parfois, à un entretien d’embauche. Et pour cela, il faut avant tout qu’elle retrouve leur féminité et l’estime de soi.

*Le nom a été modifié.

 

Photos : dans le salon social de Joséphine

Reportage photo dans le salon social de l’association Joséphine pour la Beauté des femmes.

Reportage photo dans le salon social de l’association Joséphine pour la Beauté des femmes.

Il était une fois une association qui aidait les femmes précaires en leur rendant leur beauté. À coup de ciseaux et de pinceaux à maquillage, Joséphine donnait de l’espoir et de la confiance à des créatures malmenées par la vie. Fondée par Lucia Iraci, une coiffeuse réputée dans le milieu de la mode, Joséphine pour la Beauté des Femmes a ouvert l’année dernière un salon social à Paris. Tout allait bien, les femmes venaient en nombre, elles repartaient toutes belles. Un jour, la présentatrice de l’émission Tous sur un Plateau sur Tv Tours nous a dit que Joséphine s’était installée sur Tours. Émilie Leduc, c’est sa marraine. À tmv, on s’est dit que c’était le genre d’histoire qu’on adorait raconter. On préfère ça aux contes de fées. Alors nous sommes allés rencontrer celles et ceux qui ont créé Joséphine pour la Beauté des Femmes dans la capitale tourangelle. On espère juste qu’ils vivront heureux et qu’ils auront beaucoup d’enfants dans le reste de la France.

Astuce foire aux vins : Comment dénicher la bonne bouteille…

Guide pratique pour se faire une bonne cave pour pas cher.

Après les grands déballages de fournitures scolaires, ce sont maintenant les vins qui ont la part belle dans les rayons de nos grandes surfaces. Des réductions, des noms de domaines, des années, peut-on réellement faire des affaires au milieu de toutes les bouteilles proposées pendant les foires au vin ?

La réponse est évidemment oui, à condition de savoir ce que l’on cherche, et ce qui peut-être mis à la disposition dans les enseignes de grande distribution. « Durant les foires, on va mettre en valeur des vins de petits distributeurs qui ne peuvent pas tenir toute une année dans un rayon, explique Christian Dagorn, chef de rayon boissons dans une enseigne. Et si les bouteilles sont moins chères, ce n’est dû qu’au rapport qui existe entre les producteurs et nous. Il faut que chacun y gagne, surtout que tout le monde n’a pas des gros moyens… » Partir à la découverte des différents cépages avec des vins « basiques » peut alors être une première approche pour les néophytes lors des foires aux vins.

C’est pourquoi dans ces grandes surfaces, le cœur de marché se situe entre 8 et 12 euros. Des prix pour lesquels on peut dénicher des petites merveilles selon le commerçant : « Au magasin, la première journée est cruciale car les connaisseurs savent ce qu’ils viennent chercher, avec des crus un peu plus chers. Mais dans les jours qui suivent on peut trouver aussi son bonheur pour un plus petit prix ». Surtout, il ne faut pas oublier que ce n’est pas forcément le prix élevé qui vous fera aimer un vin, mais bien vos goûts personnels.

Mais, il ne faut pas trop tarder non plus pour ne pas passer à côté de ce qu’on veut. Décortiquez les catalogues de chaque magasin mais aussi informez-vous sur les bonnes années selon les régions et les cépages. La Revue du vin de France et le Guide Hachette seront pour cela de bonnes références. Malgré tout, si vous voulez monter votre cave uniquement dans les jours qui viennent, cela risque d’être compliqué : « La plupart des vins qui sont en rayons lors des foires, en dessous de vingt euros la bouteille, sont à consommer dans l’année », précise alors Christian Dagorn. Essayez quand même de dénicher des Bordeaux de l’année 2009, un année exceptionnelle, c’est le dernier conseil de notre expert !

La vierge, les copte et Namir Messeeh

Premier long métrage de Namir Abdel Messeeh, un jeune réalisateur franco-égyptien très prometteur. Un vrai-faux documentaire hilarant élu film du mois au cinéma Les Studio.

 

Il part dans tous les sens Namir Messeeh. Il filme tout azimut. Il se met en scène aussi : un jeune réalisateur qui cherche à produire son film sur les apparitions de la vierge en Égypte. Namir Messeeh veut tout raconter. Il y a d’abord ses parents exilés du pays des pyramides et de confession copte, les boîtes de production qui ne se battent pas pour prendre son film, sa foi vacillante. Il montre le Caire, la campagne égyptienne. Il parle aussi de ses doutes quand au bien fondé de son film. Namir Messeeh est malin. Il balade le spectateur et fait ce qu’il veut de lui. Car Namir Messeeh est un charlatan, un arnaqueur de la meilleure espèce. De celle qui fait rire aux éclats et qui n’hésite pas à mentir sur la réalité pour mieux la raconter.

Explications : si La Vierge, Les Coptes et Moi ressemble à s’y méprendre à un documentaire sur la communauté chrétienne en Égypte, c’est un leurre. Le film est parfaitement scénarisé. Seules certaines scènes ont été improvisées. Namir Messeh fait penser à une version orientale de Michael Moore, en moins polémique. Sous ses airs de geek un peu bordélique, ce garçon manipulateur est un génie de la mise en scène. Il joue sans vergogne sur la frontière entre le réel et la fiction sur laquelle il tisse les liens de son histoire et de son propos : montrer en 1 h 30 le vrai visage d’une Égypte trop méconnue. Un pays cosmopolite. Une nation baignée d’humour, de théories du complot où les égyptiens évacuent les tracas du quotidien en blaguant. Par petites touches, Namir Abdel Messeeh raconte la complexité de son pays. Cet escroc bienveillant du septième art n’a finalement qu’un seul but : vous faire adorer l’Egypte.

 

 

 

La Superstar de la rentrée

L’histoire d’un homme qui ne voulait pas être célèbre : du cinéma français intelligent.

Martin Kazinski cherche pourquoi il est devenu un jour célèbre. Pourquoi, les « gens » le prennent en photo avec leur portable dans le métro alors qu’il se rend, comme tous les jours, à son travail dans une usine de banlieue. Il n’a pas gagné au loto. Il n’a pas fait de chansons. Ce n’est pas un comique. Non, Martin Kasinski est un ouvrier anonyme, l’antithèse de la star. Pourtant il va faire le buzz, alimentant de son image d’homme ordinaire la machine médiatique qui va très vite s’emballer.

Pourquoi ? Cette adverbe que lâche sans cesse Martin Kasinski lui revient à chaque fois en pleine tête comme un boomerang. Personne ne lui répond. Les journalistes de la télévision préfèrent parler du comment. Comment est-il devenu célèbre ? Dans le film, cette société médiatique ne s’intéresse qu’à l’événement. Et dans la réalité ? Le réalisateur, Xavier Gianolli, a l’intelligence de ne pas répondre à cette question. Il reste dans la fiction pour mieux nous questionner sur ce que veut dire aujourd’hui être informé. Ou plutôt sur ce que les médias de masse veulent mettre en avant.

Cette critique acerbe du système de l’info, même si elle est ici réalisée avec soin, n’est pas nouvelle. Si vous voulez en savoir plus, lisez Sur la Télévision de Pierre Bourdieu ou regardez le documentaire de Pierre Carles, Pas vu pas pris. Ces deux travaux de référence seront plus précis sur le sujet. Mais si Superstar n’est pas un travail académique ou un documentaire indépendant, c’est en revanche une œuvre qui se pose la question du rôle du spectateur dans ce monde médiatique. Pourquoi la foule se met à admirer un inconnu ? Pourquoi se met-elle à le détester d’un seul coup ? À vous de répondre.

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