La Favorite : favori aux Oscars ?

Après The Lobster, Yórgos Lánthimos revient : sa nouvelle oeuvre, La Favorite, a tout pour plaire aux Oscars… mais pas que. Verdict !

PAUSE_CINE

Il était tout simplement impensable et impossible que La Favorite ne soit pas un film « oscarisable ». Un genre (le film historique à costumes), un réalisateur génial (Yórgos Lánthimos qui a reçu les honneurs avec The Lobster et Mise à mort du cerf sacré), un casting de folie (et très féminin) et, on le sent, une propension à diviser le public.
Résultat ? La Favorite se retrouve nommé dans dix (!) catégories aux Oscars.

Alors quoi ? Y a-t-il vraiment de quoi becqueter dans cette histoire de femmes, de pouvoir, d’ambition, de politique, de jeux de dupes au XVIIIe siècle sur fond de manipulations amoureuses ? Ou n’est-ce qu’un pétard mouillé ?

En premier lieu, c’est la mise en scène virtuose de Lánthimos qui saute aux yeux. Le cinéaste multiplie les angles de caméra incongrus ou peu souvent utilisés. Il offre des images d’une beauté hallucinante. Redoutable d’efficacité et chorégraphe de génie, il dynamite les codes du film d’époque et y insuffle une modernité bienvenue.
Ainsi, le réalisateur propose une oeuvre décalée, amusante, (d)éton(n)ante. Le récit, cruel, caustique et ironique, en profite même pour laisser les hommes de côté (et c’est tant mieux).

On est donc bien loin du film à costumes ronflant pour fans de Stéphane Bern. Lánthimos s’amuse ici à rester ce qu’il est : iconoclaste et punk. La mécanique narrative du film déroule quant à elle des dialogues vifs et ciselés, interprétés avec brio par une distribution de luxe (Emma Stone, brillante ; Rachel Weisz, lumineuse).

À la fois drame et comédie, tour à tour bouffon et malin, La Favorite montre bien que Yórgos Lánthimos n’a rien perdu de son mordant. Surtout quand il s’agit de dépeindre la nature humaine.

Aurélien Germain

> Historique (USA/GB/Irl), de Yórgos Lánthimos. Durée : 2 h. Avec Emma Stone, Olivia Colman, Rachel Weisz…
> NOTE : 4/5