Prix du roman tmv 2024 : les quatre ouvrages en compétition

Sélection diversifiée pour le cru 2024 de notre Prix du roman tmv qui fête ses 10 ans. Voici la liste des quatre ouvrages en lice, uniquement des premiers romans, avant notre délibération à la fin mai.

LE RIRE DES AUTRES
EMMA THOLOZAN (Éditions Denoël)

On ne pourra pas dire que la couverture de ce roman n’est pas intrigante ! Ce drôle de livre suit Anna, fière de son parcours et master de philo en poche, qui tombe vite de haut lorsque sa conseillère Pôle emploi lui annonce que ce diplôme ne vaut rien et qu’elle doit trouver un travail alimentaire. Avec son copain smicard Lulu, elle va défier fièrement la société de consommation. Jusqu’à ce que ce cher Lulu se mette… à vomir des billets de banque à tout va !
Un conte philosophique déjanté qui fait aussi l’état des lieux de la jeunesse d’aujourd’hui, privée d’idéal et pétrie de contradictions.

J’AVAIS OUBLIÉ LA LÉGÈRETÉ
EDWIGE COUPEZ (Éditions du Rocher)

Une maman. Un policier. Un commissariat. « Vous avez une photo d’elle ? » Les doigts de la mère tapotent sur le téléphone, elle fait défiler les derniers clichés. En vain. « Je ne trouve pas de photo de Gabrielle. Je prends conscience de la distance qui s’est installée entre nous. Les heures passées seule dans sa chambre. Les sorties qu’elle déclinait. J’ai honte soudain. Quelle mère n’a pas de photo de sa fille ? »
Edwige Coupez a été journaliste et chroniqueuse à France Info pendant une quinzaine d’années. Elle publie aujourd’hui son premier roman, dans lequel elle raconte l’errance d’une mère après la fugue de sa fille.

LA FIN DU SOMMEIL
PALOMA DE BOISMOREL (Éditions de L’Olivier)

Dans son premier roman, Paloma de Boismorel raconte la grosse crise existentielle de Pierre-Antoine Deltière, un architecte de renom, très en vue, qui a toujours rêvé d’écrire un roman. Une nuit, en pleine insomnie, c’est la révélation : il va annoncer à son entourage qu’il souffre d’un cancer de la gorge (alors qu’on ne lui a diagnostiqué qu’une… allergie !). De quoi pouvoir, enfin, s’isoler et rédiger son œuvre, et également retrouver l’amour et la tendresse de sa femme et de ses enfants.
« La Fin du sommeil », une comédie absurde et burlesque qui dézingue en même temps l’hypocrisie de notre société moderne.

NOS ÂMES SOMBRES
SARAH BORDY (Les éditions du Gros Caillou)

De mémoire de la rédac’ de tmv, c’est bien la première fois qu’un polar atterrit dans notre sélection ! Pour inaugurer tout ça, place à Sarah Bordy qui, avec son expérience d’avocate, a choisi d’écrire sur son personnage de Julien Georget, lieutenant de gendarmerie dévoré par l’ambition, qui se retrouve à enquêter sur l’histoire de Kévin. Ce brillant lycéen, dont le père est une figure politique locale, découvre un jour sa mère inanimée après une tentative de suicide. Au menu de « Nos Âmes sombres » ?
Des jeux de pouvoir, de la jalousie, une enquête complexe et multiforme, sur fond de violence et de maltraitance.

Aurélien Germain / Photo ouverture : Freepik


Bienvenue également à nos trois lectrices qui feront partie du jury : Bérengère Bru, Karen Passemard et Juliette Adam !

Et un immense merci à nos partenaires : Océania L’Univers, Galeries Duthoo, Cultura, Fil Bleu et SNCF. 

« Staline a bu la mer est une fable, un récit initiatique »

Fabien Vinçon a remporté l’édition 2023 du Prix du roman tmv avec « Staline a bu la mer », dans lequel un ingénieur, obéissant à Staline, doit vider la mer d’Aral. Il nous raconte tout.

Lors de notre délibération, on s’est aperçu que que peu de gens étaient au courant de cet écocide perpétré par l’URSS qui a détourné deux fleuves qui alimentaient la mer d’Aral pour l’assécher. Comment vous est venue l’idée de partir de ce fait historique pour votre roman ?

En tant que journaliste, j’ai effectué un voyage pour RTL le 1er septembre 1997. J’étais sur le quai d’un port au Kazakhstan. Les pêcheurs reprisaient leurs filets, mais… il n’y a rien à l’horizon ! « Où est la mer ? », ai-je demandé. Ils m’ont répondu : « À 50 km. » C’était surnaturel. Je me suis donc documenté sur le sujet. Ce n’est pas vraiment Staline qui l’a vidée intégralement, Khrouchtchev était dans la continuité. Je voulais montrer, dans ce roman, que plus un tyran vieillit, plus il promulgue des projets contre la nature.

Vous en parlez encore avec beaucoup de stupéfaction…

Ah, ça m’a énormément marqué ! Comment une mer peut être rayée de la carte ? Alors qu’elle faisait 67 mètres de fond et 400 km de long ! C’était surnaturel.

À la lecture, on trouve un petit côté science-fiction au début (un vent mystérieux souffle), puis on bascule : il y a de l’historique, une histoire d’amour, un pamphlet contre le totalitarisme… Comment décririez-vous votre roman ?

Je pense que c’est une fable qui oppose la raison (le désir de soumettre la nature) à la magie, aux forces chamaniques. On a cette opposition entre le monde soviétique et le monde oriental. Ce n’est pas la même vision de la vie, idem pour les deux personnages principaux avec un homme fanatique qui va découvrir ses sentiments et cette femme si cultivée.

Vous êtes également journaliste. Quel travail de recherche avez-vous fait en amont ?

J’ai engrangé une masse de documents ! J’ai beaucoup lu, même des traités hydrologiques obscurs ! (rires) J’ai lu les classiques russes, de la poésie ouzbek…

La question n’est jamais facile, mais selon vous, à qui s’adresserait « Staline a bu la mer » ?

À différents publics. Celui qui aime les romans d’aventure – car il y a beaucoup de rebondissements –, à celui qui a un intérêt pour l’environnement, et à ceux qui aiment voyager.

Une des membres de notre jury a dit : « C’est un livre courageux. Et en plus, il montre bien qu’on n’a rien appris. C’est toujours la même folie écologique et politique. » Qu’en pensez-vous ?

Elle a raison. On ne va pas dans la bonne direction, on pille la planète pour s’enrichir. La Chine et l’URSS avaient ces projets pour des raisons idéologiques. Mais ça dit beaucoup de la démesure de la folie d’un homme.

Au final et avec du recul, je vois en ce livre une sorte de « conte philosophique » à la Voltaire. Vous êtes d’accord ?

Ah, c’est très juste. J’aime beaucoup votre réflexion. Dans mon roman, ça va vite, il y a cette fluidité de lecture, c’est ce que je souhaitais. Donc il y a cette idée de conte, car même si ça va vite, ça nous fait réfléchir. Le sujet est pourtant lourd.

Quels sont les retours que vous avez déjà eus ?

Il a maintenant été sélectionné pour cinq prix (interview réalisée le 1/06/2023 – NDLR). Et je viens donc de remporter ce Prix du roman tmv ! Je suis extrêmement touché. Je suis nouveau dans l’édition, vous savez. Ça ne fait que 18 mois que je suis édité. Donc ça me fait vraiment plaisir. J’ai aussi rencontré un public génial et ouvert à Saint-Malo, au festival Etonnants Voyageurs 2023. J’ai vendu tous mes livres et les retours sont positifs.

C’est votre deuxième roman. C’est plus difficile ?

Non. Après le premier qui est une autofiction très dure, je voulais repartir dans des paysages. Et j’avais cette documentation sur cette histoire. Le titre m’est venu, j’avais mon genre en tête, j’ai réfléchi aux équilibres et ça s’est écrit assez vite finalement. Je voulais un plaisir de lecture fluide. Et qu’il y ait cet aspect un peu « voyage imaginaire » à la Jules Verne. C’est un récit initiatique.

On en revient à l’idée de conte philosophique à la Voltaire ! Il y a ce personnage principal, qu’on suit, qui évolue. J’ai fini par l’apprécier au cours du roman, car je ne l’aimais pas du tout au début !

C’est fait pour ! (rires) C’est un personnage froid et dogmatique. Mais après, il se découvre. À travers ce récit initiatique, je voulais aussi rendre hommage à ces paysages, à cette civilisation ouzbek.

Nous allons vous remettre votre prix à Tours. Vous connaissez un peu la ville ?

Je venais à l’époque en vacances avec mes parents à Sainte-Maure-de-Touraine ! Mais je suis peu allé à Tours. C’est toutefois une ville que j’aime bien, car quand on descendait en vacances, on partait de Paris où c’était gris et le temps devenait tout le temps ensoleillé à partir de Tours !

Propos recueillis par Aurélien Germain
(Photo © Céline Nieszawer)

Et le Prix du roman tmv 2023 est attribué à…

Fabien Vinçon a remporté la dixième édition du Prix du roman tmv, avec son « Staline a bu la mer ». Retour sur la délibération du 25 mai, ses débats et ses avis… tranchés !

Et de dix ! En ce jeudi 25 mai, la team tmv fête déjà la dixième édition du Prix du roman, pas peu fière (un peu d’auto-flatterie fait toujours du bien) de voir l’aventure perdurer. Cette année encore, notre équipe, nos fidèles partenaires et trois lecteurs/lectrices de tmv font partie du jury, réunis par leur amour de la lecture et leur envie de s’étriper… pardon, de débattre pour élire le meilleur roman 2023.

Installés au restaurant de l’Hôtel Oceania L’Univers, une fourchette en main et un stylo dans l’autre, nous voilà partis pour une délibération enflammée.

J’ai tout dans ma tête (Rachel Arditi)

On commence par « J’ai tout dans ma tête » (éditions Flammarion) de Rachel Arditi ! Dans son premier roman, l’autrice raconte la belle relation entre un père souffrant d’Alzheimer persuadé que des Japonais vont lui racheter ses peintures et sa fille, comédienne pressentie pour adapter une pièce de Pouchkine.

Si l’auteur de ces lignes a trouvé ça bouleversant et très émouvant de par sa poésie, tout comme Magali (de Fil bleu) qui s’est « laissée transporter », Karine (Walter & Garance avocats) l’a trouvé « inégal, entre les passages sur la maladie d’Alzheimer que j’ai aimés et ce qu’elle raconte sur le métier de comédienne qui finit par tourner en rond ».

Qui tourne en rond, c’est aussi ce que pense Alix, lectrice de tmv sélectionnée pour participer au jury (une petite surprise de son époux pour leurs 10 ans de mariage, c’est trop meugnon !). Quant à Béatrice (Crédit Mutuel), c’est « la façon d’embellir Alzheimer qui ne m’a pas plu ». Notre estimée collègue Elisabeth pense quant à elle que « c’est très poétique, justement, comme façon de parler de cette maladie et c’est ce qui fait le charme d’une autofiction ».

Les avis fusent. Tous très tranchés. On aime, ou on n’aime pas. Un coup de cœur pour Geneviève (Hôtel Oceania) qui y voit une « magnifique déclaration d’amour à son père » et notre lectrice Marie-Eve qui a « beaucoup aimé cette relation père-fille ». Idem pour Franck (Auchan) qui, punchline à l’affût, déclare : « Je ne l’ai pas lu… je l’ai bu ! » (pas forcément l’avis de Lara, d’Acuitis, qui « aime lire quand ça fait vibrer », mais qui, là, « ne l’a même pas fini »).

Nuit nigériane (Mélanie Birgelen)

Dans ce roman paru aux éditions Calmann-Lévy, Mélanie Birgelen dresse le portrait d’un jeune styliste homosexuel qui espère percer dans le monde de la mode mais qui fait face à une société nigériane très conservatrice.

Problème dans ce livre, pour certains : cette double histoire avec une journaliste qui part à la recherche du protagoniste, « un rôle qui ne se raccroche à rien », comme le dit Déborah (Auchan). Philippe (mister NR Communication) n’y voit pas un roman, mais un « guide touristique » (et pan, dans les dents). Jacques (groupe Duthoo) lève sa fourchette : « Comme les copains : pas emballé ».

Un dernier pan dans les dents de la part de Franck, je vous prie ? « Ouh, j’ai mis deux ans à le lire. (Franck a une notion de l’espace-temps légèrement exagérée, vous l’aurez compris – NDLR) Je me suis jamais autant ennuyé. »

D’autres en revanche ont adoré, comme Béatrice ou notre lectrice Marion (« c’est un beau roman qui transporte et qui émeut ») et Lara (« j’ai TOUT adoré »). C’est même « le préféré » de Manon, de NR Com : « Le thème est très percutant : comment être soi-même dans un pays où il est compliqué de s’assumer ? »

Les membres du jury du Prix du roman tmv réunis.

Staline a bu la mer (Fabien Vinçon)

Le saviez-vous ? La mer d’Aral a disparu en raison d’un écocide orchestré par l’URSS en Asie Centrale. Et ce fait historique, Fabien Vinçon s’en inspire dans « Staline a bu la mer » (éditions Anne Carrière), où le dictateur fait vider ladite mer grâce à un ingénieur à sa botte.

Troisième roman de notre Prix à être discuté, il va de nouveau diviser. Danièle (Crédit Mutuel) a « un coup de cœur pour ce mélange de conte, de réel et de science-fiction ». Jacques prend l’accent russe pour parler à sa voisine de table, mais a beaucoup aimé ce roman, optant même pour « un coup de coeur » et nous gratifier d’un poétique : « Et grâce à lui, comme disait l’autre, ‘’on s’endort moins con’’. »

Déborah a adoré et veut défendre mordicus l’ouvrage. « Même si ce n’est pas gai, j’ai été happée ! » Car oui, ce côté sombre n’a pas forcément ravi tous les esprits. « Ce n’est pas ce que j’attends d’un roman. J’ai eu du mal », dit Manon. « Je n’ai pas aimé cet aspect folie du pouvoir, ça renvoie à l’état actuel », souligne Geneviève. Franck, pareil : « Avec toute cette actu du moment, bof… »

Mais en face, revigorés par leur coup de fourchette, Elisabeth et Philippe s’enflamment. « Il mérite même un point bonus pour avoir parlé de ça : c’est qu’on n’a rien appris, c’est toujours la même folie politique, écologique, juste pour son ego et sa carrière. C’est un livre courageux », s’exclame Elisabeth. Philippe, quant à lui, devient hyper lyrique, mais je dois avouer que je n’ai pas réussi à prendre des notes.

La poésie des marchés (Anne-Laure Delaye)

Dernier roman en lice, « La Poésie des marchés » (éditions Albin Michel), dans lequel Anne-Laure Delaye plonge dans le monde de l’open space aux côtés d’une analyste financière qui va apporter un peu de poésie dans la folie des marchés. Avec, en prime, un iguane, un SDF et une tripotée d’autres idées saugrenues.

Favori de Marion qui a « beaucoup ri et apprécié le ton optimiste du livre, son côté décalé et un peu surréaliste », l’ouvrage a également fait rire Marie-Eve « du début à la fin. Et c’est aussi poétique ! ». Même son de cloche # littérature tmv I 31 mai 2023 27 chez Alix qui a « adoré et vraiiiment rigolé » (plusieurs « i » parce qu’elle a VRAIMENT rigolé). Toutefois « trop déjanté » pour Déborah (à quoi son taquin collègue Franck lui rétorque « Quand je te dis que t’as pas d’humour… »), alors que Magali « s’est laissée aller » et indique que c’est son roman préféré, « humaniste, social et un peu léger ».

« Loufoque et sympa » pour Jacques, mais « pas vraiment bien écrit avec ce langage parlé » pour Danièle, le roman divise encore la tablée. Philippe, lui, a apprécié « la caricature du monde de l’entreprise et ses faux-semblants », poussé à la lecture par Elisabeth qui, jamais à court d’expressions bien troussées, le décrit comme « Bridget Jones chez les traders ». Pas de quoi émouvoir Karine pour qui « c’était trop délirant », ni Manon qui le trouve certes « farfelu, mais j’ai eu du mal. J’étais peut-être trop premier degré » (si on était vache, on dirait oui, mais on va se faire disputer en réunion de service).

Reste Geneviève qui mettra tout le monde d’accord avec la conclusion qui tue : « C’est une poésie dans un monde où il n’y en a pas. Je me suis dit à la fin : ‘’et si on réenchantait notre quotidien ? ».

 

Et le gagnant est…

Sauf que voilà. Les cafés sont terminés et il est déjà plus de 14 h (y’en a qui bossent, oh !). Un premier tour de table et les romans de Rachel Arditi et Fabien Vinçon, arrivent à égalité en tête. Les deux sont donc propulsés pour le vote final. Qui sera très serré…

Mais c’est finalement « Staline a bu la mer » de Fabien Vinçon qui récolte le plus de voix et remporte le Prix du roman tmv 2023. Qui l’eût cru que la démocratie voterait pour Staline ? [élue pire chute d’article de l’histoire de notre journal]

Prix du roman tmv 2023 : les quatre ouvrages en compétition

C’est reparti pour un nouvelle édition du Prix du Roman tmv ! Voici la liste des quatre ouvrages en compétition, avant notre délibération en mai prochain…

LA POÉSIE DES MARCHÉS
ANNE-LAURE DELAYE (ÉDITIONS ALBIN MICHEL)

Dans la vie, l’autrice Anne-Laure Delaye est analyste de marchés dans une entreprise d’énergie. Pour son premier roman, elle a donc choisi de faire de son personnage principal, une… analyste financière chez Vega Energie ! Dans le décalé « La Poésie des marchés », Lucie survit dans un monde corporate bien trop sérieux, torpillé par la folie des marchés. Un beau jour, elle lance un projet : la PVV, la Poésie Vibratoire du Vivant, pour réenchanter un univers qui a perdu le nord.

Mieux : dans ce monde absurde de l’open space et des jobs ennuyeux, elle va même révolutionner le quotidien de l’entreprise !

NUIT NIGÉRIANE
MÉLANIE BIRGELEN (ÉDITIONS CALMANN-LEVY)

« C’est une nuit nigériane, l’obscurité avale tout, mais la musique déborde des rues opaques où prolifèrent les clubs en vogue d’Abuja. » Premier roman également pour la journaliste Mélanie Birgelen. Dans « Nuit nigériane », Olumiji est un jeune styliste qui espère percer dans le monde de la mode et ce, depuis tout petit. Mais il fuit. Il fuit amis, famille. Et alors que les statistiques de son compte Instagram explosent, Olujimi doit également faire face à la haine, à la violence, lui qui clame sa liberté sexuelle…

Un roman qui se demande comment être soi-même et vivre sa sexualité dans une société très conservatrice.

 

STALINE A BU LA MER
FABIEN VINÇON (ÉDITIONS ANNE CARRIÈRE)

C’est l’histoire d’un projet fou. Celui de Staline qui va vouloir assécher la mer d’Aral. Cette histoire, c’est celle de « Staline a bu la mer », de Fabien Vinçon (déjà auteur de « La Cul-singe » en 2021). Cette fois, l’auteur retrace l’année 1948 et suit Leonid Borisov, un brillant et fanatique ingénieur, chargé par le dictateur soviétique de vider cette fameuse étendue d’eau. Pour la grandeur de l’URSS !

Il y a du réalisme, il y a de la fable, il y a de la fiction, mais pas que. Les frontières sont toujours floues et « Staline a bu la mer » raconte in fine l’une des plus grandes catastrophes écologiques du XXe siècle.

J’AI TOUT DANS MA TÊTE
RACHEL ARDITI (ÉDITIONS FLAMMARION)

Lui est peintre, elle est comédienne. Lui, c’est le papa ; elle, c’est la fille. À eux deux, ils ont plutôt tendance à partager un penchant pour tout ce qui leur permet d’échapper au réel, d’éviter la réalité. Mais le père, en maison de retraite, est persuadé que des Japonais richissimes vont lui racheter une de ses toiles. Quant à la fille, elle reçoit un appel de son amie metteuse en scène qui lui propose de travailler sur une adaptation célèbre.

« J’ai tout dans ma tête » est la première œuvre signée Rachel Arditi. Un livre qui aborde la relation père-fille, la vieillesse, la maladie, l’univers de l’art et des artistes et l’amitié.

Aurélien Germain

Le jury, également composé de trois lectrices et lecteurs de tmv, se réunira le jeudi 25 mai pour la délibération.


> Un grand merci à nos partenaires : Auchan Tours Nord, Acuitis, Fil Bleu, Mc Donald’s Touraine, Oceania L’Univers, Walter & Garance avocats, Galeries Duthoo, Crédit Mutuel

 

 

Chroniques culture : des romans d’histoire pop’, le plein de BD et de comics, et la série glaçante de Netflix

Cette semaine, on vous a choisi une nouvelle collection géniale, les romans d’histoire pop’ ! On lit également le tome 3 de Reckless et un paquet de BD… sans oublier de regarder la mini-série Dahmer.

LE LIVRE DE LA SEMAINE
MON ENFANCE TOUT FEU TOUT FLAMME

« Dans la collection Romans d’Histoire pop’, on ne vous raconte pas d’histoires. L’Histoire avec un grand H est respectée. (…) Leur forme n’a en revanche rien de sérieux. » Tout est dit dans ces quelques lignes de présentation de la nouvelle collection « Romans d’Histoire pop’ », la dernière bonne idée des éditions Eyrolles.

Ici, le pep’s se retrouve aussi bien dans la forme (couverture des ouvrages flashy et fun, tenue funky, tranche orange qui pète) que dans le fond : on revisite la vie de figures historiques, mais avec fantaisie, humour et intelligence.

On a donc, en toute logique, eu un coup de cœur pour cette collection maline comme tout, dirigée par Elisabeth Segard, et qui propose notamment « Mon enfance tout feu tout flamme », roman sur les premières années de Jeanne d’Arc.

L’auteur Michel Douard se sert d’une écriture actuelle pour nous faire découvrir la célèbre pucelle sous un autre jour. On sourit donc très souvent tout au long de ces 240 pages (qui se lisent en un éclair) : « Mon enfance tout feu tout flamme », verbalement anachronique, offre un réel plaisir de lecture et, surtout, prouve en deux secondes chrono que les biographies historiques peuvent intéresser le plus grand nombre quand elles sont à ce point si bien vulgarisées et sympathiques.

Aurélien Germain

LE COMICS
RECKLESS – TOME 3

Ô joie, ô bonheur ! Voici venu le T3 de « Reckless » (éditions Delcourt), la série poisseuse de Brubaker et Philipps. La saga continue donc, toujours aux côtés d’Ethan Reckless, grand blond dur à cuire et taciturne qui, cette fois, doit enquêter et faire tomber un magnat de l’immobilier de Los Angeles. Une plongée dans l’inconnu qui risque bien de prendre une tournure mortelle…

Le duo offre de nouveau un polar âpre et rugueux, emmené par un récit bien charpenté, un trait épais et une colorimétrie simplement parfaite. La violence est ici un peu moindre, mais l’aspect psychologique prend le dessus : pas de souci, Brubacker et Philipps réussissant ici leur troisième opus avec brio.

A.G.

LA SELECTION BD

L’événement de la semaine, c’est la sortie de « Dernier week-end de janvier » (éd. Casterman), où Bastien Vivès déploie une fois de plus un sens inégalé du récit. Un moment de grâce, magnétique, avec en toile de fond le Festival BD d’Angoulême et une histoire d’amour qui vous émeut.
Avec le Tome 39 de son héros Jeremiah, « Rancune » (Dupuis), Herman prouve de nouveau son talent, avec son art de la mise en scène, sa palette graphique, ses ambiances et la noirceur de son propos qui met à nu l’âme humaine. Un récit post-apocalyptique.
Ce n’est pas mieux avec « Très chers élus » (Delcourt) où Gueguen, Tronchet et Terier se penchent sur 40 ans de financement politique. Après un tel réquisitoire et cette enquête choc, difficile de rapprocher les élites du peuple…

On se détendra avec la série « Valérian vu par… » : Virginie Augustin se confronte, avec « Là ou naissent les histoires » (Dargaud), à l’univers de Mézières et Christin. Ce dernier signe d’ailleurs le scénario de ce nouveau chapitre et son vieux complice y fait une apparition remarquée.
Enfin, on se précipitera sur « Tours » (Petit à Petit), où une foule de dessinateurs tourangeaux se sont alliés pour raconter, de Saint-Martin à la Révolution, l’histoire de notre ville. Passionnant et hyper bien documenté !  Hervé Bourit

LA SERIE
DAHMER

Sorti le 21 septembre dernier sur Netflix, « Dahmer » s’est rapidement hissé en tête des fictions les plus regardées sur la plateforme. Créée par Ryan Murphy – mister American Horror Story – elle retrace le parcours du serialkiller Jeffrey Dahmer, alias le Cannibale du Milwaukee. Mieux, elle est portée à bout de bras par un Evan Peters terrifiant, dont la prestation convaincante est impossible à prendre en défaut.

Précis dans sa reconstitution (l’épisode sur le procès est glaçant de réalisme), « Dahmer » surligne également à quel point la police a failli dans cette affaire. Jamais racoleuse, privilégiant le psychologique, la série prend aux tripes de bout en bout. Littéralement.
A.G.

Prix du roman tmv : les livres en compétition

Pour cette nouvelle édition du Prix du Roman, tmv a choisi de ne sélectionner que quatre premiers romans d’auteurs et autrices qui, à n’en pas douter, risquent de faire du bruit d’ici peu. Rendez-vous en juin pour la délibération !

Danse avec la foudre

Jérémy Bracone, éditions L’Iconoclaste, 276 p.

Il était une fois une bande de joyeux ouvriers, artistes de la débrouille. L’un d’eux, Figuette, est marié à une jeune femme aussi irrésistible que fantasque, Moïra. Mais, comme dans tous les contes cruels, la foudre frappe : Moïra se fait la belle et Figuette se retrouve seul avec leur petite Zoé. L’usine menace de fermer, les grandes vacances approchent, l’argent manque…

Alors Figuette tente l’impossible pour enchanter les jours gris. Et reconquérir sa muse. Jérémy Bracone raconte aussi le Nord ouvrier, les usines, le souvenir de la mine et des anciens « rouges », la solidarité, les cœurs gros comme ça. La souffrance et la misère sont-elles plus douces en poésie ? Ce roman écrit au présent, pétri de détails et d’humanité, nous incite à penser que oui.

Le Doorman

Madeleine Assas, éditions Actes sud, 384 p.

C’est un homme vêtu d’un costume noir à boutons dorés. Un étranger devenu le portier d’un immeuble de Park Avenue puis, avec le temps, le complice discret de plusieurs dizaines de résidents qui comme lui sont un jour venus d’ailleurs.

À New York depuis 1965, ce personnage poétique et solitaire est aussi un contemplatif qui arpente à travers ce livre et au fil de quatre décennies l’incomparable mégapole. Humble, la plupart du temps invisible, il est fidèle en amitié, prudent en amour et parfois mélancolique alors que la ville change autour de lui et que l’urbanisme érode les communautés de fraternité. Le Doorman ouvre des portes monumentales sur le monde extérieur, observe, écoute, avec empathie et intégrité ceux qui les franchissent. Jusqu’au jour où il part pour une autre ville.

Grand Platinum

Anthony van den Bossche, éditions Seuil, 160 p.

Louise a fondé une petite agence de communication. Elle est jeune et démarre une brillante carrière, malgré les aléas du métier, liés en particulier à son fantasque et principal client, un célèbre designer, Stan. Elle doit aussi jongler avec les fantasmes déconcertants de son amant, Vincent. Mais elle a autre chose en tête : des carpes. De splendides carpes japonaises, des Koï. Celles que son père, récemment décédé, avait réunies au cours de sa vie, en une improbable collection dispersée dans plusieurs plans d’eau de Paris.

Avec son frère, elle doit ainsi assumer un étrange et précieux héritage. Un roman plein de fantaisie, de personnages attachants, qui présente les choses de la vie sous un jour inédit.

Toni tout court

Shane Haddad, éditions POL, 160 p.

C’est l’histoire de Toni. Elle se lève un matin, s’habille, déjeune, ferme la porte et s’en va pour la journée. La journée de son anniversaire et d’un match de foot. Le match de son équipe, la sienne, celle qu’elle aime. Ce soir, c’est match et toute la journée est une attente. Toute la journée est une projection de son entrée dans le stade, son entrée dans la tribune où déjà les supporters chantent son arrivée.

C’est dans cette tribune remplie d’hommes qu’elle trouvera sinon une place, du moins un espace où vivre pour un temps. Parce que la tribune est à la fois un espace qui n’imagine pas une présence féminine et à la fois un espace hétérogène, multiple, indéfinissable. C’est pour cela que Toni est un personnage qui ne veut pas se définir.


> Le jury, également composé de trois lecteurs de tmv, se réunira en juin. Un grand merci à nos partenaires : Crédit Mutuel, La Boîte à livres, Oceania – L’Univers et Fil Bleu !

 

Prix du roman tmv : et le gagnant est…

Le sixième prix du roman tmv a été décerné à Manuel Benguigui, pour Un bon rabbin, paru au Mercure de France. Le discours, de Fabrice Caro (Gallimard) obtient un Prix spécial du jury, auquel participaient trois de nos lecteurs.

Un conte moral, pas très moral, un concentré d’humour un peu noir quand même, une écriture au cordeau et un sens du non-conformisme qui fait plaisir à lire.

Voilà, résumé à gros traits, ce qui a fait la différence lors de la délibération de remise du sixième prix du roman tmv, dans un salon ouaté de l’Hôtel de l’Univers, mercredi 5 juin, à l’heure du déjeuner.

Un bon rabbin, troisième roman de Manuel Benguigui plonge le lecteur dans le quotidien d’une groupusculaire communauté juive qui fréquente avec une assiduité absolue, une pauvre synagogue menacée de délabrement.
Chlomo, le rabbin respecté, veille sur ce petit monde avec une bienveillance apaisée. Jusqu’au jour où un Jacob dont on ignore tout, vient lui demander les clés du lieu de culte pour pouvoir venir prier dans la solitude des premières heures du jour.
Intrigué, l’homme de foi finit par accepter. Venir en aide à cette âme perdue entraînera le rabbin loin, très loin des rivages de la morale commune.

Bref et dense, sous ses airs de ne pas y toucher, le nouveau Prix du roman tmv est de ces textes qui s’impriment dans l’esprit du lecteur. Il est truffé de références taquines et de clins d’oeil malicieux. Une très belle découverte.

Sans oublier…

Egalement très apprécié du jury, Le discours, de Fabrice Caro, que l’on connaît surtout pour la bande-dessinée Zaï, zaï, zaï, zaï, est distingué d’un prix Spécial. Du point de départ, le personnage principal est sollicité par son futur beau-frère pour prononcer un discours lors du mariage de sa sœur, l’auteur tire une suite de scénettes très drôles.
Il passe en revue les turpitudes de l’amour, les souvenirs d’enfance et les relations familiales souvent compliquées.

⇒RENDEZ-VOUS
Manuel Benguigui viendra recevoir le Prix du roman tmv le mercredi 19 juin, à 10 h 30, à la librairie La Boîte à Livres. Il rencontrera les membres du jury et tous les lecteurs de tmv.
On vous attend !

Prix du roman tmv : les 5 romans en compétition

Ça y est : tout est en place pour le 4e Prix du roman tmv. Les trois jurés lecteurs ont été tirés au sort parmi les nombreux bulletins reçus et les cinq romans en compétition sont connus. Nous vous présentons les uns et les autres.

PRIX DU ROAMN_TOMAS KUSARQuelques jours dans la vie de Tomas Kusar, d’Antoine Choplin (La fosse aux ours)

Voilà une façon singulière de raconter l’Histoire. Tomas Kusar, c’est un simple garde-barrière dans une petite ville de la Tchécoslovaquie communiste. Un jour, une troupe de Prague vient donner une représentation théâtrale et le petit homme simple rencontre un certain Vaclav Havel, dissident et futur président de la République. C’est par la lorgnette de la petite vie que l’auteur choisit de raconter la dissidence.

Nirvanah, d’Yvonne Baby (Editions Maurice Nadeau) PRIX DU ROMAN_Nirvanah

Yvonne Baby est loin d’être une débutante. Journaliste, elle a dirigé le service culturel du journal Le Monde de 1971 à 1985 et elle a obtenu le prix Interallié pour Oui, l’espoir, en 1967. Elle revient aujourd’hui avec un dialogue entre une grand-mère, Clémence et sa petite fille, Nirvanah, débarquée de façon inattendue dans sa vie. L’occasion pour l’auteur de faire le pont entre les époques et, aussi, de s’interroger avec tendresse sur le passé, l’écriture et la transmission.

PRIX DU ROMAN_BRIGANDEChère brigande, de Michèle Lesbre (Sabine Wespieser éditeur)

Ce n’est pas un roman, ce n’est pas un récit, c’est une lettre adressée à Marion du Faouët qui fut, pour résumer, la « Robin des bois » de la Bretagne, au XVIIIe siècle. Cette voleuse qui prenait aux riches pour donner aux pauvres, reste aujourd’hui une figure de la résistance à l’ordre établi. Elle fut pendue le 2 août 1755. Une lettre qui s’adresse, bien sûr, aussi à l’auteur elle-même et à nous tous, à une époque où la misère choquante qui révoltait tant Marion, n’a pas disparu.

Les larmes noires sur la Terre, de Sandrine Collette (Denoël)PRIX DU ROMAN_COLLETTE

C’est le premier « roman noir » appelé à concourir pour le prix du roman tmv. Et, en la matière, Sandrine collette est passée maîtresse dans l’art. Grand Prix de la littérature policière en 2013 pour Des nœuds d’acier, elle publie cette année son cinquième roman. Les larmes noires sur la Terre est un conte de fée qui vire au cauchemar, une histoire de fuite qui se termine dans un monde d’apocalypse où s’entasse les rebuts d’une société chancelante. Un livre qui sent le coup de poing…

PRIX DU ROMAN_PAR AMOURPar amour, de Valérie Tong Cuong (JC Lattès)

Non, il ne s’agit pas d’un énième roman consacré à la Seconde Guerre mondiale. Le fond de l’intrigue est bien celui-ci et c’est qui lui donne sa dramaturgie : la guerre, les privations, les enfants déplacés, la peur… Mais le vrai thème celui, d’ailleurs, qui donne son titre au livre, est ailleurs. Il s’agit pour Valérie Tong Cuong, qui publie son onzième roman, une fresque familiale, de montrer comment l’amour, sous toutes ses formes, peut être un moteur de survie face à l’horreur.

>>LES TROIS JURÉS LECTEURS
Vous avez été nombreux à renvoyer par mail ou par courrier votre bulletin de participation pour intégrer le jury du prix du roman tmv. La main innocente a tranché et voici les noms des trois lauréats : Cécile Kasolter, assistante commerciale ; Hélène Soubise, consultante en Relations humaines ; Leslie Leroy, comédienne.
Le jury se réunira le 24 mai, à l’hôtel de l’Univers pour délibérer et désigner le gagnant.

Devenez juré du Prix du roman tmv

Le Prix du roman tmv revient cette année ! Et vous pouvez faire partie du jury.

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Cliquez pour agrandir la photo

Pour participer, imprimez ce bulletin, répondez aux questions et déposez dans l’urne du Prix du roman chez l’un de nos partenaires (voir bas de l’affiche). 
Ou envoyez-le par mail sur redac@tmvtours.fr 

 

Bonne chance !

Prix du roman tmv : bravo Léonor !

Elle a reçu le premier prix du roman tmv. Récit d’un joli moment de partage, en direct de la Boîte à Livres.

(Photo Hugues Le Guellec)
(Photo Hugues Le Guellec)

Elle arrivait de Rouen, Léonor, où elle avait donné un concert la veille au soir. Car, en plus d’écrire des romans qui gagnent des prix, elle est musicienne. Elle portait sous le bras son joli violon de concert, dans une belle house bleu marine. Elle repartait à midi car, s’excusait-elle « elle devait répéter l’après-midi même à Paris ». Mais ça tombait bien : en prenant le train de 6 h 24, elle avait pu arriver juste à temps. Juste à temps pour recevoir son Prix du roman tmv, le premier du nom.
Nous lui avons expliqué, à Léonor, que ce sont les lecteurs de tmv et les clients de La Boîte à Livres qui nous avaient livré leurs coups de cœur littéraires de l’année. Que nous avions choisi cinq romans parmi ceux dont ils nous avaient parlé et qu’au terme d’une délibération acharnée, c’est sur son livre à elle que notre choix final s’était arrêté. Que nous avions été séduits par son style fluide, sa façon de nous embarquer dans le voyage intérieur de son personnage, tout ça.
Elle en a été toute chose, Léonor. Alors, elle nous a dit comment elle écrivait, son père sculpteur, ses années passées près de Carrare, en Italie, son goût pour les phrases et le travail bien faits. Elle nous a dit que l’on pouvait mener de front deux carrières artistiques, une de romancière et une de musicienne, mais que cela demandait du travail. Et un peu d’organisation. Elle nous a dit qu’elle aimait beaucoup venir discuter avec ses lecteurs, dans les librairies, dans les lycées, partout. En mots simples, elle nous a expliqué sa drôle de vie. « Je croyais que mon existence de romancière serait plus tranquille que celle de musicienne, en fait il n’en est rien. Dans un cas comme dans l’autre, on passe ses journées dans des trains pour aller d’une ville à une autre. »
Heureusement, elle peut travailler n’importe où, en voyage comme dans une chambre d’hôtel. Elle nous a dit aussi comment, comme une historienne, elle aimait s’emparer d’un univers, d’une histoire, pour la retranscrire ensuite à ses lecteurs. Nous avons bu un café, puis un autre café, puis nous nous sommes séparés. Mais pas pour longtemps : avec son prix du roman, Léonor a reçu une invitation pour une escapade à Tours (nuit à l’Univers, dîner au Barju, un coucou à tmv et à La Boîte à Livres). Nous, nous sommes repartis avec un mot sur notre exemplaire de Pietra Viva : « À toute l’équipe de tmv, en souvenir de la remise du prix et de ce beau moment d’échange. Amitiés. Léonor. »
√ EN BREF
LE ROMAN
Pietra Viva part d’un épisode réel et peu connu de la vie de Michel-Ange. En 1505, le sculpteur s’éloigne de Rome pendant six mois et part à Carrare, dans les carrières de marbre où il aura une « révélation ». Le reste de l’intrigue, bien sûr, est imaginaire. Dans le roman de Léonor de Récondo, l’artiste bouleversé par la mort d’un jeune moine et hanté par le souvenir d’une mère disparue, entame un voyage intérieur au bout duquel il doit se réconcilier avec luimême et avec son art. On y croise des personnages étranges et poétiques (un enfant plein de caractère, un homme qui se prend pour un cheval…). La Boîte à Livres vient de refaire son stock de Pietra Viva : courez l’acheter !
SES AUTRES LIVRES
Rêves oubliés Paru en 2012 et plusieurs fois réédité, c’est un roman sur l’exil. Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Aïta, Ama et leurs trois enfants sont contraints de fuir l’Espagne franquiste. Réfugiés en France, ils ont tout à reconstruire… Et aussi, son premier roman, La grâce du cyprès blanc (Le temps qu’il fait, 2010).

Prix du roman tmv : les jeux sont faits !

Le jury du premier Prix du roman tmv s’est réuni le mardi 6 mai pour désigner son lauréat. C’est le magnifique roman Pietra viva, de Léonor de Récondo qui rafle la mise. Mention spéciale du jury pour Faillir être flingué, de Céline Minard.

PRIX DU ROMAN TMV
CULT_ROMAN_PIETRA VIVAPietra Viva, de Léonor de Recondo (Sabine Wespieser Éditeur)
L’histoire : Michelangelo (Michel- Ange) vient d’apprendre la mort d’un jeune prêtre qu’il ne connaissait qu’à peine mais qui était pour lui la grâce et la beauté incarnées. Il décide de s’éloigner de Rome et se rend à Carrare, où il doit sélectionner les marbres qui serviront pour le futur tombeau du Pape Jules II. Là, il devra apprendre à se retrouver en tant qu’homme et en tant qu’artiste.
Le mot du jury : Oui, c’est vrai, le résumé peut faire un peu peur. Mais la surprise de lecture n’en est que plus agréable. Dès la première phrase (magnifique) du livre, vous êtes ailleurs. Comme téléporté à Rome, aux côtés de Michel-Ange. Vous voyez la poussière dans le rai de lumière, vous sentez les veines du marbre, vous percevez le chant des prieurs. Léonor de Recondo, musicienne baroque par ailleurs, sait le prix d’une note ou d’un mot. Elle ne les gaspille pas. Des chapitres brefs, percutants, des personnages plus humains que nature, un style précis comme le burin du sculpteur : le roman de Recondo est de ceux qui ne s’éteignent pas une fois le livre refermé et qui laissent une touche d’humanité au cœur de ceux qui l’ont lu.

MENTION SPÉCIALE
CULT_ROMAN_FAILLIR ETRE FLINGUEFaillir être flingué, de Céline Minard (Éd Rivages)
L’histoire : Dans un Far- West encore vierge et sauvage, les chemins de plusieurs personnages convergent vers une ville en construction.
Le mot du jury : Un livre choral dans lequel aucun des personnages n’est sacrifié. Une vraie maîtrise de l’écriture et de la construction, qui nous permet de plonger avec délice dans ces histoires entremêlées qui, au final, ébauchent celle de tout un continent naissant. Impossible de lâcher ce roman, une fois qu’on l’a commencé. Et on en ressort la gorge sèche et les bottes pleines de poussière.

Cent vingt et un jours, de Michèle Audin (L’arbalète Gallimard)CULT_ROMAN_121 JOURS
L’histoire : Le livre retrace les destins croisés de plusieurs personnes, gravitant dans le monde des mathématiques, tout au long du XXe siècle.
Le mot du jury : Voilà un bel exercice de style. Dans le roman se succèdent des chapitres rédigés « à la façon de… » : un conte, des extraits de journaux, un journal intime… Michèle Oudin, mathématicienne et adepte de l’écriture sous contrainte, nous entraîne dans une vaste équation littéraire à multiples inconnues. C’est brillant et rondement mené. Mais difficile de discerner un vrai propos au-delà de l’exercice de virtuosité.

Dernier Désir, de Olivier Bordaçarre (Fayard) CULT_ROMAN_DERNIEr DESIR
L’histoire : Un couple fatigué de sa vie parisienne s’est installé sur les bords du canal de Berry et vit de sa production. Jusqu’au jour où arrive un nouveau voisin qui ne leur veut pas que du bien.
Le mot du jury : C’est une nouvelle adaptation du mythe de Dracula. Le vampire étant, cette fois-ci, en plus du reste, un symbole de la société de consommation qui nous réduirait à de simples objets vidés de toute substance. Une partie du jury a trouvé ce propos un peu téléphoné et regretté son traitement trop frontal, par des personnages qui peinent à exister au-delà des symboles qu’ils incarnent. Mais tous s’accordent à reconnaître que le roman comporte quelques beaux morceaux d’écriture.

CULT_ROMAN_3000 FACONS√ 3 000 façons de dire je t’aime, de Marie-Aude Murail (École des Loisirs)
L’histoire : Trois jeunes gens qui s’étaient connus en classe de 5e, se retrouvent ensemble sur les bancs du Conservatoire d’art dramatique de leur ville. Guidés par leur professeur de théâtre, ils vont découvrir toute la beauté de l’art dramatique et entrer, du même coup, dans l’âge adulte.
Le mot du jury : Didactique et scolaire pour les uns, joliment initiatique pour les autres, ce roman jeunesse a divisé le jury.

LE JURY
>Président du jury : Joël Hafkin, gérant de La Boîte à Livres. Thierry Guyon, du Crédit Mutuel. François Vacarro, du Cabinet Vaccaro. Laurent Coste, professeur de français au Lycée Balzac. Philippe Saillant et Patricia Cottereau, de NR Communication et Matthieu Pays, chef d’édition de tmv.