Salons de Choiseul : en route pour le savoir !

Les 17 et 18 novembre, la 4e édition des Salons de Choiseul revient, après avoir été annulée l’an dernier suite aux attentats. Le thème ? Les mobilités. Le credo ? Une cinquantaine de conférences « pour comprendre le monde » et surtout, pas ennuyeuses (si, si, on vous jure). Tmv vous donne son top 12. En voiture !

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JEUDI

9 h 30
ROUTES, DÉROUTES ET DÉTOURS : ÉLOGE DE L’AUTONOMADIE
Avec : Franck Michel, anthropologue, cofondateur de lacroiseedesroutes. com, une plateforme culturelle « de partage au tour du voyage à l’esprit farouchement nomade ». Bref, ici, on s’en fiche des kilomètres : l’important, c’est « le sens du voyage » et son « essence philosophique ».
Et après ? Lisez le sublime Sur la route de Jack Kerouac, fondateur de la beat generation. Ne confondez pas avec Sur ma route de Black M. Pitié.

VIRUS ÉMERGENTS : LA RÉALITÉ ET LES FANTASMES
Avec : Alain Goudeau, 65 ans, Professeur des universités et praticien hospitalier. À 25 ans, il avait intégré l’équipe du professeur Maupas, avec qui il a mis au point le vaccin contre l’hépatite B. Dix ans plus tard, il était chef du service bactériologie virologie du CHU de Tours. Le genre de CV qui calme.
Et après ? Les hypocondriaques en oublieront leur gel antiseptique.

13 h 30
LE FESTIVAL HELLFEST, LIEU DE PÈLERINAGE ET ENJEU DE MOBILITÉ DU PUBLIC METAL
Avec : Corentin Charbonnier, docteur en anthropologie. Vous avez déjà aperçu ce Tourangeau chevelu dans tmv, puisqu’il a été interviewé dans nos pages. Le jeune homme a beau être fan de metal, il pose un regard sociologique remarquable sur ce style musical et son festival culte. Sa thèse sur le sujet va d’ailleurs être éditée prochainement.
Et après ? Vous verrez le metal d’une autre manière. Au point que vous nous suivrez, l’an prochain, au Hellfest, à secouer vos cheveux, boire des bières et vous enfiler 160 groupes romantiques comme Cannibal Corpse.

LAWRENCE D’ARABIE
Avec : Christian Destremeau, historien et spécialiste des questions d’espionnage et du Moyen-Orient.
Et après ? (Re)découvrez le film du même nom, un chef-d’oeuvre du cinéma. Vous pourrez frimer en société (ou fondre pour les beaux yeux de Peter O’Toole qui n’ont strictement rien à voir avec les Salons de Choiseul, on est d’accord).

14 h 30
CHARLES MARTEL ET LA BATAILLE DE POITIERS
Avec : William Blanc, doctorant en histoire médiévale et membre de l’asso d’histoire populaire Gollard(s). Sa conférence est sous-titrée De l’histoire au mythe identitaire.
Et après ? Prenez des notes et armezvous pour faire face aux argumentations bien souvent ignorantes des milieux identitaires (hum hum) qui ont récupéré le personnage.

VENDREDI

11 h 30
WINTER IS COMING…
Avec :Hugo Clemot, docteur en philo notamment. Ce prof à Paul-Louis Courier abordera le thème de la passagèreté dans Game of Thrones. Et on sait tous et toutes à quel point les personnages peuvent vite passer dans la série culte. Ou trépasser, au choix.
Et après ? Refaites-vous l’intégrale de GoT. Le premier qui spoile s’en prend une.

RUMEURS, LÉGENDES URBAINES ET THÉORIES DU COMPLOT…
Avec : Julien Giry, docteur en science po, qui s’interrogera sur les caractéristiques, fonctions et diffusions des croyances contemporaines.
Et après ? Vous arrêterez peut-être vos posts Facebook sur « Elvis n’est pas mort, il vit en fait sur une île avec Hitler et ses potes illuminati parce que sur les dollars y a une pyramide et un oeil bizarroïde qui prévoyait les attentats du 11-Septembre ».

13 h 30
LES EINSATZGRUPPEN : LES COMMANDOS DE LA MORT NAZIS
Avec : Michaël Prazan, écrivain engagé et réalisateur de nombreux documentaires et passionné d’histoire contemporaine. Son père a été caché pendant la guerre quand il était enfant, unique rescapé d’une famille de douze enfants déportée à Auschwitz. Et après ? Vous pouvez vous replonger dans son dernier docu, Das Reich, une division SS en France, dispo sur arte.tv en VOD.

14 h 30
LES INVASIONS BARBARES SONT-ELLES RESPONSABLES DE LA FIN DE L’EMPIRE ROMAIN EN OCCIDENT ?
Avec :Sylvain Janniard. Ce maître de conférences en Histoire romaine (à Tours) sait de quoi il parle. Il a travaillé sur l’armée romaine dans l’Antiquité tardive. Ça va castagner sévère (et être passionnant) !
Et après ? Vous ne lirez plus jamais les aventures d’Astérix de la même façon. Comment ça, rien à voir ?

YOUTUBE ET L’ESSOR DE LA CULTURE POPULAIRE AUPRÈS DES JEUNES PAUSE_ECRANS_LIVRE1
Avec : Benjamin Brillaud, le m’sieur Youtube de la chaîne Nota Bene. Un carton sur le web, puisqu’il s’agit d’Histoire vulgarisée, accessible à tous, et racontée de manière intéressante (oubliez l’avalanche de dates de votre prof de lycée tant détesté). En plus, c’est une conférence « carte blanche tmv ». Parce qu’on aime s’incruster.
Et après ? Vous ne verrez plus l’Histoire pareil. Vous ferez une cure de Nota Bene (3 fois par semaine, avec un chocolat chaud). Surtout, vous verrez à quel point l’accès à la culture est hyper important. Et que le web libère la création auprès des jeunes. Oui, vous !

15 h 30
LE VOYAGE DES RELIGIONS
Avec : Odon Vallet. Vous le voyez constamment invité sur les télés nationales quand il s’agit de causer religion. L’enseignant à la Sorbonne et à l’université Paris-VII sera présent à Tours.
Et après ? Lisez l’une de ses trentaines de publications si vous n’avez pas eu votre dose. Ou bien suivez le compte @JesusOfficiel sur Twitter, parce que c’est un vrai voyage à travers le WTF et le (très) très drôle.

LE JAZZ, PREMIÈRE MUSIQUE MONDIALISÉE
Avec : Alexis Heropoulos. Professeur d’Histoire du jazz et d’analyse au département de jazz du conservatoire de Tours, il a aussi joué dans de nombreux groupes (Eclecpileptic, au hasard). Autant dire que monsieur est calé et plutôt béton sur le sujet.
Et après ? Swinguez sur du Duke Ellington ou repassez-vous le mythique L’Aventure du jazz, réalisé par Louis Panassié. Tranquilou dans le canapé.

>>Les 17 et 18 novembre, au lycée Choiseul. Gratuit !
>> Places à réserver sur lessalonsdechoiseul.wordpress.com (on se presse, ça part vite !). Un coup d’oeil aussi sur facebook.com/LesSalonsDeChoiseul pour voir l’évolution des places. Entre la rédaction de cet article et la parution de tmv, il est bien évidemment possible que certaines conférences susmentionnées affichent complet.
>> >> Jeudi 17 : les salons en direct sur Radio Béton 93.6 !

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Nota Bene passe de Youtube au papier

Sur YouTube, ses vidéos qui racontent l’Histoire de façon divertissante cartonnent. L’autodidacte Benjamin Brillaud, tête pensante de Nota Bene, passe au papier : le Tourangeau vient de publier son premier livre, Les pires batailles de l’Histoire.

Benjamin Brillaud, de Nota Bene, et son joli tshirt chaton (Photo tmv)
Benjamin Brillaud, de Nota Bene, et son joli tshirt chaton (Photo tmv)

En septembre 2015, vous disiez dans tmv que la meilleure façon d’intéresser les gens à l’Histoire, ce n’était pas en les écrasant de dates mais en racontant histoires et anecdotes. Vous êtes toujours sur la même ligne ?
Oui mais cela se fait toujours en contextualisant. C’est la technique de la carotte : c’est une méthode, mais j’insiste sur le contenu. L’anecdote attrape et emmène l’internaute ou le lecteur vers un horizon plus large. J’ai récemment fait un épisode sur Marignan. Marignan, 1515, oui bon d’accord. Mais quel est le contexte, et contre qui a eu lieu la bataille ?

Vous avez lancé Nota Bene en 2014. Deux ans après, voilà un livre. Un passage obligé pour les youtubeurs ?
Non… J’ai écrit ce livre car des éditeurs sont venus me voir. J’ai eu de la chance, car quatre ou cinq se sont montrés intéressés. C’est une chance. Surtout quand on voit à quel point il est difficile de se faire éditer. Cela aurait été bête de laisser passer ça. Et puis c’était un rêve de gosse de faire un bouquin ! Là, c’est un défi. C’est tellement différent d’une vidéo.

Quatre ou cinq éditeurs, c’est bien !
Il ne faut pas se leurrer. Comme je l’ai dit dans une interview à Télérama, ils ont aussi vu le potentiel commercial. Mon défi, c’était de faire le meilleur ouvrage qui soit. Je me suis énormément concentré sur ce livre. J’en suis sorti épuisé !

Dans chaque chapitre, il y a plusieurs parties…
Je voulais dynamiser l’ensemble. Il y a les faits, mais il y a aussi un bout de fiction historique. Un petit passage concret pour nous plonger dans la bataille. On peut greffer ça à l’histoire principale. Il y a aussi « Pendant ce temps-là, dans le monde » : là, j’ai essayé de m’ouvrir.

Les Pires Batailles de l'histoire J’ai d’ailleurs trouvé ça très intéressant. Vous y abordez tout ce qu’il s’est passé dans le monde pendant ce temps. Pourquoi cette réflexion ?
L’Histoire, ce n’est pas que la France. J’avais envie de ça dès le début. D’explorer ! Quand je parle de la bataille à Azincourt : oui, okay, mais… ailleurs ? Qu’est-ce qu’il se passait ? Les batailles sont des « carottes », il faut comprendre ce qu’il se passe avant. Par exemple, concernant la Baie des Cochons, il faut aborder les relations passées entre États- Unis et Cuba.

Pourquoi ce thème des « pires batailles » ?
Au début, il y avait plusieurs projets. Mais celui-là s’inscrivait le mieux en livre. Bon, ça reste un titre, hein… (sourire) Des batailles qui ont mal tourné, il y en a partout, sur tous les continents, sur toutes les périodes. Ce sont des situations dramatiques et parfois « rigolotes » qui peuvent intéresser les gens.

Le livre semble bien plus sérieux que les vidéos YouTube…
Oui. Je n’ai pas voulu faire de la blague pour faire de la blague. Je voulais plus de sérieux et parfois, des situations plus légères quand on les analyse avec le recul. Voir que, derrière ça, il y a du concret, des hommes, une histoire politique, économique…

On peut penser aux chapitres du siège de Courtrai ou du Port de Helder notamment, mais dans tout le livre, vous vous attachez à des faits pas si connus que ça.
Oui, il fallait un mix de batailles connues comme Azincourt ou Marathon et de faits moins connus du public. Je vise un large public. L’ouvrage est léger sur la forme. Les abonnés YouTube vont apprécier, mais les autres aussi. Je ne suis pas historien. J’ai envie de toucher tous les publics et je suis demandeur des retours. Tout ça, c’est un bébé de 10 mois de travail ! Je ne veux pas décevoir, c’est un exercice nouveau pour moi.

En parlant d’historiens, comment réagissent-ils face à l’autodidacte que vous êtes ?
Très bien, généralement. Ils savent que ce ne sont pas des cours, mais que l’objectif est de faire s’intéresser à l’Histoire. Que les gens s’ouvrent… La force de Nota Bene, justement, c’est que je ne suis pas historien.

Le choix des batailles a-t-il été difficile ?
Oh oui. Il y en avait tellement… Et il me fallait beaucoup de sources. J’ai notamment voulu parler de la Bataille de la Falaise rouge, mais il n’y avait pas assez de sources occidentales. Et je ne parle pas vraiment chinois ! (rires) Au départ, il y avait 20 batailles, mais j’en ai gardé 15 pour mieux les développer.

Ah, un volume 2 alors ?
Pourquoi pas ? Là, je vais plutôt me reconcentrer sur mes vidéos, sur Nota Bene. J’en suis à 418 000 abonnés, ça a beaucoup augmenté. Certains formats de vidéos engrangent 200 à 300 000 vues.

L’an dernier, vous disiez que Nota Bene, c’était « votre bébé, votre vie, votre métier ». Vous en vivez ?
Oui. Grâce à la pub, mais aussi au financement participatif et surtout, je développe des relations avec les institutions pour des partenariats. Nota Bene

Vous allez participer aux Salons de Choiseul bientôt. Qu’est-ce qui nous attend ?
Euuuh (rires)… J’ai tellement de choses en ce moment ! (il fouille son portable) Ah oui, c’est le vendredi 18 ! Je vais parler de Youtube et l’essor de la culture populaire auprès des jeunes. Il y a de plus en plus de jeunes sur la création de programmes. De nos jours, beaucoup d’entre eux se disent que la physique ou l’Histoire, c’est cool, ils se déplacent aux conférences, etc. Il y a un renouveau de la culture populaire sur le web. L’accès à la culture est hyper important.

Nota Bene, un livre, le succès…Et maintenant ?
Mon planning est bouclé jusqu’à l’an prochain, je souhaite que ça continue. Il y aura aussi le festival d’Histoire à Montbazon que j’organise les 22 et 23 juillet. J’adore ça. Il y a de gros projets de web documentaire en cours, d’ici mi-2017. J’ai hâte !

> Rencontre et dédicace à La Boîte à livres le 14 novembre, à 19 h 30.

> Conférence aux Salons de Choiseul, le 18 novembre à 14 h 30 (inscriptions sur lessalonsdechoiseul.wordpress.com)

> La chronique du livre Les Pires batailles de l’Histoire, à retrouver ICI.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ejr4n9a33gc[/youtube]