Instagram, TikTok, YouTube… Ces Tourangelles et Tourangeaux pros des réseaux

Décrocher des likes, des abonné(e)s, des followers, puis passer l’échelon au-dessus en intéressant des partenaires pour pouvoir en faire un gagne-pain : la vie sur les réseaux n’est pas de tout repos !

« Maman, quand je serai grand je veux être influenceur. » Cri d’effroi dans les demeures tourangelles, débats animés à la table du dîner. « Non mon fils, ce n’est pas un vrai métier ! » Apportons de l’eau au moulin des futures stars des réseaux sociaux : déjà, maman, papa, on ne dit plus « influenceur » mais « créateur/créatrice de contenu ». Ça fait plus sérieux, et ça reflète un peu mieux la variété des propositions qu’on retrouve sur TikTok, Instagram ou YouTube (vous remarquerez qu’on laisse Facebook de côté, c’est dépassé).

Mais dans ce monde impitoyable où tout bouge à toute allure, beaucoup d’appelés, et peu d’élus ! Heureusement pour nous, même sans en tirer de revenus, plusieurs Tourangeaux sont actifs et tirent les réseaux vers le haut.

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(Photo ouverture : Adobe stock)

Diététique et réseaux sociaux : « J’ai commencé à tourner des vidéos après des consultations avec des jeunes »

Ysaline Benakli est un pur produit tourangeau. À défaut de promouvoir la gastronomie de la région, qui n’est pas toujours très diététique, elle propose sur son compte Instagram @ysalinediet des recettes pour rééquilibrer son alimentation. La diététicienne-nutritionniste de 28 ans a conservé son activité principale et l’utilise pour alimenter ses réseaux sociaux et, par la même occasion, ses 344 000 abonné(e)s. 

Diététicienne-nutritionniste, influenceuse…c’est une carrière professionnelle plutôt atypique. Quel est votre parcours ? 

Je viens de Tours et j’y habite, mais j’ai fait mes études à Toulouse. Je voulais faire un travail utile, en lien avec la santé. J’ai choisi ce métier parce que l’alimentation, c’est la base d’une bonne santé.

fait maintenant cinq ans et demi que j’ai obtenu mon diplôme d’État de diététicienne-nutritionniste. J’ai d’abord commencé chez un prestataire de santé à domicile, où je m’occupais des nutritions artificielles [solutions nutritives pour les patients avec des difficultés à s’alimenter, NDLR], puis dans un cabinet libéral en collaboration. Aujourd’hui, je suis à mon compte, uniquement en télé-consultations.

Quelle était l’intention de départ en créant un compte de recettes sur les réseaux sociaux ?

Ça fait un an et demi que j’ai commencé et, initialement, je voulais sensibiliser sur l’alimentation. Je voulais répondre aux préjugés et apporter de vrais conseils santé face à tout ce que l’on voit sur les réseaux sociaux. Le déclic a été de voir des choses complètement fausses, des aberrations qui, dans le pire des cas, peuvent mener à des troubles du comportement alimentaire.

J’ai commencé à tourner des vidéos après des consultations avec des jeunes, qui me disaient : « Moi j’ai vu ci, j’ai vu ça sur les réseaux sociaux. »  Je les ai publiés et je suis allée préparer mon repas. En regardant mon téléphone par la suite, j’ai remarqué que j’avais déjà pas mal de vues. Aujourd’hui, à ma petite échelle, j’essaye d’influer sur les pratiques alimentaires.

Vos comptes, sur TikTok puis sur Instagram, ont rapidement pris de l’ampleur. Cela a-t-il eu un impact sur votre activité principale de diététicienne-nutritionniste ? 

Je passe pas mal de temps à créer du contenu vidéo, j’ai donc dû réduire mon volume de consultations. Je ne prends plus aucun nouveau patient. Être sur les réseaux sociaux m’a en revanche beaucoup aidée quand j’ai voulu démarrer à mon compte. Cela a servi de relais et je n’ai pas eu à chercher de nouveaux patients.

Et puis j’ai plusieurs projets. J’ai écrit des e-books de recettes et je prépare un livre physique qui devrait voir le jour en février ou en mars. J’ai mis plus d’un an à l’écrire. Le but de ces livres de recettes est de proposer des menus complets, avec les étapes et la liste de course, afin de soulager de la charge mentale que peut représenter la préparation des repas.

Vous promouvez la technique du rééquilibrage alimentaire pour des personnes qui, dans la plupart des cas, souhaitent perdre du poids. Vous inscrivez-vous également dans la mouvance body positive, que l’on a vue fleurir sur les réseaux sociaux ces dernières années ? 

Le but de cette technique est de rééquilibrer son alimentation de manière globale et sur le long terme. C’est toute la différence avec les régimes que l’on voit fleurir partout après les fêtes, par exemple. Alors, effectivement, il peut y avoir une perte de poids et c’est souvent la démarche mais c’est surtout la conséquence d’une alimentation équilibrée.

Le body positive consiste plutôt à apprendre à s’accepter. Il faut cependant comprendre que, pour certaines personnes, cela passe par des changements à mettre en place, notamment dans l’alimentation et l’activité physique. Tout est une question de nuance. Mais effectivement, une fois que toutes ces choses sont mises en place, le travail d’acceptation est important.

Propos recueillis par Marie-Camille CHAUVET, journaliste en formation à l’EPJT.

Photo : Maëva Landais

Emile Coddens, vigneron star de TikTok : « Le vin, c’est pour tout le monde ! »

Son compte TikTok compte presque 500 000 abonnés. Ses fans raffolent de ses vidéos où il désacralise le monde du vin, vu de l’intérieur. Second de chai chez Plou & Fils, a 24 ans, il a été classé parmi les 50 meilleurs jeunes vignerons du monde. Et en plus, il vient de sortir un livre (Le vin, ça se partage, chez Équateurs). Rencontre avec Émile Coddens, vigneron à Chargé.

Il est né comment ce compte TikTok (@le.vigneron) qui cartonne actuellement ?

Chez Plou & Fils, je fais souvent des visites. J’avais donc cette habitude de transmettre ma passion et j’ai toujours vu aussi mes oncles le faire. J’adore ça, de voir les yeux des gens ébahis qui comprennent enfin comment on fait du vin ! Puis, le confinement est arrivé : plus de touristes, pas de visites. Je trouvais ça dommage qu’il y ait du raisin, du jus de raisin, plein de belles choses à montrer et qu’on ne puisse pas le faire. Comme il n’y avait pas de vigneron sur TikTok, j’ai eu envie de me lancer. Et tout cela a pris une ampleur assez folle en l’espace de quelques mois !

500 000 abonnés en moins d’un an : comment expliquez-vous ce succès incroyable ?

Je reste moi-même dans mes vidéos, je prends mon téléphone à la main et je me filme, en expliquant simplement les choses. Je pense être assez fun et assez simple. Du coup, ça fonctionne…

Avez-vous le sentiment de dépoussiérer le terroir ?

Oui, sans doute. Mais, en fait, je ne néglige pas du tout le côté terroir. C’est juste que ce n’est pas mon registre. Ce qui compte pour moi, c’est de montrer que le monde du vin est accessible à tous. Le vin, c’est un produit assez cool et qui ressemble à celui qui le produit. Boire du vin, cela suscite des sentiments personnels, souvent liés à des souvenirs ou à des sensations. Je trouvais dommage que des gens aient peur de ça. Parce que, c’est vrai, les gens ont souvent peur de dire des choses sur le vin par crainte de se sentir nuls.

Avec vous, les jeunes vont enfin pouvoir se dire que le vin, c’est aussi pour eux…

C’est vrai que ce que je fais tisse un lien direct entre les jeunes et le vin. Les jeunes se disent parfois que pour boire un bon vin il faut mettre un gros billet et qu’un vin à 5 € sera forcément mauvais. Alors qu’en fait, pas du tout, ça ne marche pas comme ça ! On peut trouver de très bonnes bouteilles à bas prix et de mauvaises bouteilles très chères. Au début, quand on demande aux jeunes qui viennent ici ce qu’ils pensent des vins qu’ils dégustent, ils n’osent pas en parler. Et nous, on leur demande de dire simplement s’ils aiment ou s’ils n’aiment pas. Après, on peut en discuter.

Diriez-vous que les goûts des consommateurs évoluent également ?

Oui, c’est sûr. Il y a 30 ans, le goût Parker faisait la loi à Bordeaux et même un peu ailleurs. Il y avait des stéréotypes sur les rouges qui se sont inscrits dans la tête des gens. Aujourd’hui, les gens aiment bien les vins plus simples. Il faut des vins à la fois faciles à boire tout de suite et qui puissent aussi se déguster dans 10 ans. C’est un véritable enjeu économique pour la filière. Le vin, ce n’est pas quelque chose de vital, c’est un plaisir. Donc, il faut écouter le goût des consommateurs.

Chez les vignerons aussi, la nouvelle génération arrive. Qu’est-ce que cela change sur la façon de faire du vin ?

Dans notre région en particulier, il y a beaucoup de jeunes qui s’installent. Les exploitations se rajeunissent. Chaque génération apporte sa pierre à l’édifice. Mes oncles font du vin d’une façon complètement différente de ce que faisaient leurs père. Moi, j’arrive avec ma petite fougue et mes nouvelles techniques. Ils ne me laissent pas totalement carte blanche mais ils apprennent de cette jeunesse comme moi j’apprends de leur expérience. On a surtout envie de faire des choses plus écologiques, moins énergivores. C’est aussi ce que veulent les nouveaux consommateurs. Chez nous, le passage en bio est pour bientôt.

Propos recueillis par Matthieu Pays / Photos : Cyril Chignot (ouverture), tmv (corps article)


*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération