Chroniques culture #73

De la lecture avec une dose de BD pour l’été mais aussi du livre 100 % rock… Sans oublier la musique avec le EP de VLAP et du ciné avec le DVD des Fauves : voici l’heure des chroniques culture.

LE DVD
LES FAUVES


Deuxième long-métrage pour Vincent Mariette qui, pour le coup, a réuni pas moins que Laurent Lafitte, Lily-Rose Depp et Camille Cottin. Et ici, c’est bien la fille de Johnny Depp qui crève l’écran et vole la vedette. Visage anguleux, regard noir, air étrange, tout concourt à faire d’elle la comédienne parfaite pour ce rôle d’ado dark.
Thriller aux accents de polar et de fantastique, Les Fauves est un film aussi envoûtant qu’énigmatique auquel il faut toutefois s’accrocher. Et même si les enjeux sont un peu faiblards et peu fouillés, le climat anxiogène qui enveloppe le tout réussit sa mission.
Pour sa sortie en DVD, l’éditeur a incorporé un entretien touffu du réalisateur (1 h 20 au compteur !) et deux courts-métrages en bonus.
A.G.

LE EP
VLAP – CROCRODILES

Ce n’est pas un secret : à tmv, on a toujours aimé les disques où le mix laissait respirer la basse et la rendait, surtout, audible. En cela, VLAP a de quoi nous ravir : sur son premier EP, nommé CrocRodiles, la quatre cordes ronronne, vrombit, claque parfois. Elle donne son ossature à cette « pop groovée », comme ce groupe tourangeau l’appelle.
Alternant la douceur (le langoureux « Dance ») et l’énergie (le quasi-funk « Greed is god »), VLAP offre quatre titres où chaque instrument – guitare, claviers, batterie – a également sa place et ressort. La voix, parfois un peu éraillée, donne un léger grain soul à l’ensemble.
Si la formation a déjà été sélectionnée pour jouer au Printemps de Bourges 2019 dans la section Grandes Ecoles, elle sera à découvrir dans nos contrées tourangelles prochainement : rendez-vous le 18 juillet prochain, au Festival Les Courants d’Amboise et le 4 septembre à Campus en Fête à Tours !
A.G.

LES BD
ÇA SENT L’ÉTÉ, NON ?

Vu les récentes chaleurs, on se contentera de bouger la tête en lisant « Break » (éd. Steinkis) où Ledoux et Liano nous refont vivre l’épopée du hip hop US des blocparty à MTV et où l’on croise avec un petit pincement au coeur DJ Kool Herc et Afrika Bambaataa.
On reste à New York avec « Bootblack » (Dargaud), juste après la guerre et cette histoire passionnante d’une bande de gamins des rues, servie par le trait magnifique et le récit puissant de Mikaël. Remontons encore le temps avec « Après l’Enfer » (Grand Angle) : Marie et Meddour nous entraînent dans l’après-guerre de Sécession avec ce récit âpre et graphiquement bluffant.
Et puis l’été, les séries prennent le pouvoir : alors on se jette sur le T30 de Lefranc (Casterman) dans lequel Alvès et Corteggianni nous emmènent pour une visite passionnante de la Corée du Nord. Encore plus exotique, Virginie Augustin propulse Conan dans des contrées peuplées de pirates, de grands singes et de zombies avec le magnifique « Chimères de fer » (Glénat).
Eh oui cette année, Glénat fête ses 50 ans avec un super ouvrage collectif et Soleil fête ses 30 ans avec un ouvrage hors-commerce (débrouillez-vous pour le trouver !) : longue vie à eux. Bel été et n’oubliez pas de buller !
H.B.

LIVRES ROCK
JULIE BONNIE ET DOC PILOT
On commence avec « C’est toi Maman sur la photo » de Julie Bonnie, sorti aux éditions Globe. Celle qui fut membre de Forguette mi note, avant de commencer une carrière solo et se retrouver maintenant auteure, raconte son parcours atypique et croisé de musiciennes punk et de mamans bobo. C’est prenant et séduisant à la fois.

Mais la grosse claque, c’est « X-ray Pop, la machine à rêver » de Didier Doc Pilot chez Camion Blanc. Trois parties dans ce livre, dont un roman à la Doc : psychédélique et luxuriant. Puis toutes ses années musicales sur Tours où il nous raconte, avec une mémoire moins sélective que Miss Bonnie, toute la scène rock tourangelle et surtout son exceptionnel parcours musical, avec une écriture au scalpel.
Soulignons aussi cette sublime série de portraits de nos icones musicales de Joe Strummer à Paul Weller, en passant par Alan Jack. Ces portraits, dont certains ont été aperçus dans les pages de tmv (la rubrique Minute rock), sont l’oeuvre de Jocelyn Herbelot qui suinte le rock comme jamais par tous les poils du pinceaux. Une fusion exceptionnelle entre deux artistes hors normes et hors du commun.
H.B.

Avoine Zone Groove, Claire Diterzi & des Cd’s que je n’aime pas

La dernière chronique de la saison de Monsieur Doc Pilot. Enjoy.

Manu Katche (photo Doc Pilot)

Des CD’s que je n’aime pas mais ils vous plairont peut-être
C’est un peu comme pour les fournitures scolaires de la rentrée, fin juin les services promos des labels vous envoient tous ces disques espérés à leur sortie en septembre devenir les cartons de la fin 2015  héhé). Un temps, ce fut Christine and the Queens et son travail à m’ennuyer profondément (et ça continue) qui arriva dans ma boîte ; tout cela pour vous dire à quel point ce peut être un bon signe pour « les affaires » quand je n’aime pas un truc…
Là, d’abord, le troisième album d’un « génie », David Lafore, « j’ai l’amour », présenté pour faire « danser les gens », c’est tout dire pour ce sous-Boogers, cet ersatz de Jacno ou d’Etienne Charry, ou comment on nivelle par le bas en habillant le truc d’un argu à grosses ficelles, tout cela pour tenter de décrocher la timbale : bonne chance… Pendant ce temps-là des mecs comme Bertrand Belin ou Bertrand Louis restent dans l’ombre…

Retour de Pascale Picard avec « All things pass » (clin d’œil au chef-d’œuvre de Georges Harrison ?), mixé par un mec qui a bossé avec Ben Harper, masterisé par un autre qui a fait Plant, Clapton… Aznavour peut-être ? Ben oué, mais le problème est que cela ressemble à tout ce que l’on entend depuis un demi-siècle sans jamais être touché au cœur (mais bon ai-je vraiment un cœur ?!?). A la deuxième écoute c’est encore plus ennuyeux et long, laborieux dans la forme comme dans le fond ; mais bien bombardé sur les radios qui font le truc, ça peut marcher !! Pendant ce temps-là des nanas comme Mesparrow, Jungle bouk ou Claire Diterzi ont grand mal à exposer leur travail dans les vitrines « grand public »…

Alex Nevsky et son album « Himalaya mon amour » : on aimerait les aimer tous les deux, à l’instar des Canadiens qui en ont fait l’interprète masculin de l’année et l’album pop de 2015, mais dommage… C’est comme pour le sirop d’érable, j’aime pas, je ferais un mauvais canadien !! En même temps « du sirop », cet album en est huilé à chaque titre, peut-être pour mieux faire passer la médecine, même pas amère. Le jeu de mots est facile mais là, nous sommes vraiment dans du Canada Dry, surtout quand l’animal plagie la forme d’un Miossec (pour le fond, heu, heu comme dirait  François), la guitare du sud de Nino (mais là c’est le grand Nord) ! Mais encore une fois il faut l’avouer, bien travaillés par les attachés de presse, « on ira nus sur la brise comme de vieux oiseaux » (ah ! la belle poésie canadienne !), et on allumera nos briquets les larmes aux yeux en se disant que l’on subit la bande-son de « son époque » et qu’on la mérite, à force d’avoir pris des vessies pour des lanternes, des Christine pour des Fontaine.

CLAIRE DITERZI 69 battements par minute, journal d’une création
Au travers de ce journal d’une création, l’artiste donne de la substance à son dernier album, offre à lire au-delà de l’écoute, exprime l’intime dans un style impudique très déstabilisant dans la découverte des blessures d’enfance portées en étendards virtuels d’une œuvre totalement nourrie des épreuves et des charges, implacablement justifiée dans l’expression et le traitement d’un mal inguérissable.
On aimait Claire sans raison, d’instinct, un peu à la manière totalement décérébrée induite par l’amour-passion ; au sortir de la lecture de ce journal, on comprend pourquoi on l’aime, tant la dramaturgie sans appel de son existence bousculée devient universelle. Le charisme d’un artiste se révèle en cette capacité à devenir un miroir pour comprendre, soigner voire parfois guérir. Acide, ironique, tragiquement lucide, elle se joue du destin, utilise les armes qui auraient du la tuer pour combattre à son tour en fédérant un public. A la manière d’une Barbara, d’une Fontaine, Claire est un médium et un guide possible dans sa manière de forcer le destin, et ce journal d’une création est nécessaire voire incontournable pour aborder son Œuvre dans sa globalité.

AVOINE ZONE GROOVE caniculaire
Richard Arame au rest’o groove le bien nommé pour le premier son du festival, prestation solaire sous la charge d’une chaleur africaine, sans effet négatif sur l’adhésion directe du public attablé la bière en main… Sous le chapiteau il fait chaud, très chaud, face à une prestation mi-figue mi-raisin d’un Charles Pasi oscillant entre de réelles performances instrumentales et des bleuettes variétoches. Nous savons l’artiste un bluesman talentueux et la question se pose alors de l’influence possible et négative d’une direction artistique basée sur le court thème. Reste un medley instrumental des tubes de Michael Jackson, envoyé avec feeling et passion…

Robben Ford
Robben Ford

Concert fleuve de Robben Ford pour finir la soirée, lui donner de la substance, un power trio dans la ligne de SRV, sous la direction aristocratique du guitariste virtuose appuyé par des instrumentistes au service. Ce style oscille entre le jazz et le blues à la manière californienne ; dans la voix parfois une approche à la Donald Fagen mais l’absence de thèmes fédérateurs propres à enflammer le public : audience polie, attentive, sensible aux performances techniques, mais je le pense peut-être à tort, en l’attente du « grand shoot »…
Dans la nuit, les Barons du Bayou donnent l’aubade aux festivaliers sur le départ, à la police municipale aussi, très attentive à leur prestation : surréaliste… Le samedi, Deborah Bonham balance un blues rock seventies bien lourd dans la forme et le son ; la   sœur du batteur de Led Zep emporte l’adhésion. Sous le chapiteau concert poussif de Nicoletta sauvé par le talent de ses choristes dont une ex-Magma, avant la grande claque donnée par le Michel Jonasz Quartet, cadeau absolu de joie, de feeling et de virtuosité ; Manu Katché aux drums est époustouflant, surprenant dans l’inventivité et l’utilisation de l’instrument, unique dans le son et totalement identifiable par un style dépassant la pratique, l’évoluant vers l’écriture symphonique et une esthétique quasi picturale : l’ex-batteur de Peter Gabriel est un maître. Michel confirme son statut de « grand de la chanson » : c’est beau, c’est fort, on en sort heureux et rassuré…

Dimanche 16 h, chaud, très chaud, et un « Au Bonheur des Dames » venu balancer du rock’n drôle comme au milieu des seventies avec Vincent Lamy en comique troupier dans un style Guy Lux caricatural. Alors on mâche des Globos en gueulant « oh les filles » : drôle mais sans plus, pas légendaire car un peu beaucoup vidé de sens… Belle prestation de Julien Clerc avec un programme en grande partie tiré des titres co-écrits avec Etienne Roda Gil ; en apothéose un « patineur » en piano/ voix. Affolant de voir le nombre de grandes chansons écrites par ce mec. On quitte Avoine, le Tour de France commence… Terres du Son se profile à l’horizon…

… Chris Squire, le bassiste de Yes, est parti aux fleurs ; je me souviens de ses yeux amusés croisant les miens lors d’un concert à Paris en 1976, alors qu’il balançait une tuerie sur l’instrument tout en sautillant…

Du Potager électronique à Bertrand Chamayou

Chaque semaine, Doc Pilot voyage d’événements culturels en événements culturels… pour nous ramener le meilleur.

Marc Prépus
Marc Prépus

LE POTAGER ELECTRONIQUE, BERTRAND CHAMAYOU à Meslay, le Festival des Horizons à St Av
Passé Aucard de Tours, Le Potager Electronique est l’alibi pour aller glander sur le site de La Gloriette, s’affaler face à de la musique plutôt soft, plutôt lounge, user de la gratuité du site pour passer d’un son l’autre, d’une essence l’autre, arrêter le temps, se mettre le nez dans les nuages puis dans les étoiles. Les Hommes Verts ont finalement installé leur concept dans le temps, donné à l’événement un caractère incontournable et finalement nécessaire. Après, tout reste affaire d’affinités électives, la musique n’étant plus la raison du propos mais l’un des ingrédients nécessaires à fédérer un public, jeune, ouvert, underground dans ses goûts, par évidence électroniques, avides de contacts et de fête, de partage, de nature aussi ; et oui allez au Potager c’est un peu partir en vacances en bord de la ville. Toutes les Martine des seventies auraient rêvé d’aller au « potager électronique » ; finalement il aura fallu que les soixante- huitards fassent tout et n’importe quoi, mais surtout des enfants pour garder le meilleur et l’essence de leurs trips et ainsi bâtir ce style de manifestation alliant générosité et pragmatisme. Alors comme « Madame », Martine rêve ce soir au Potager ; l’heure avance et la génération de ses petit-enfants envahit l’espace… Le vendredi en arrivant du parking à travers champ, une voix, une guitare, un feeling à la Bertand Belin : Samuel Rehault, c’est bien, c’est beau… de l’audace pour habiter l’espace, de la force pour lui donner du sens…

Un jour qui tombe, un autre, de retour de l’incroyable concert de Bertrand Chamayou à la Grange de Meslay, violence dans l’abîme au piano exprimé dans les transcriptions de Schubert par Litstz, le merveilleux et le « beau bizarre » dans « Miroirs » de Ravel et sa « Pavane pour une infante défunte » en rappel : troublant, planant… à La Gloriette cette lumière rasante au fond à l’ouest : la fratrie Ropoporose chevauche des problèmes techniques, sans effet et sans panique, puis envoie la came, cet entrelacé de mantras électriques, d’hymnes du 21 éme siécle, de joyeuse insolence si fédératrice que toutes les générations mordent à l’hameçon. Ropoporose est unique et c’est son atout principal… Avant, Marc Prépus donnait un théâtre de rue électronique, une recette pour faire « passer le truc » ; drôle, absurde, technique, subtilement interactif, ce spectacle capte sans envahir, réjouit sans effondrer, occupe la vie sans la culpabiliser. Il y a du « bouffon » dans cet homme, alors le roi nous sommes…

Autre amuseur « haut de gamme », Sanseverino au Festival des Horizons à Saint-Avertin, populaire et offert, poète pour transcender le vulgaire, pour exploser le sordide, pousser à danser sur un volcan en bousculant les codes et le politiquement correct. Le lendemain sur la même scène, Ben l’Oncle Soul présente un nouveau style empreint d’influences caraïbiennes, renouveau du geste en modifiant la forme, la trame modifiée pour en garder l’essence : la danse, la joie, le   partage, le respect des racines… En Arcades Institute la même soirée, d’autres racines pour le concert de 18h, une fin de saison avec le quartet de Jean-Jacques Cigolini au chant et à la guitare ; Julien Cormier est à l’harmo, Cyril Latapie à la basse : c’est beau, c’est bon, c’est excellent.

Le CD de TOBASSI  est mon disque de l’été
Grande classe et maîtrise du concept pour ce premier album emprunt d’une telle maturité dans l’esthétique et l’expression qu’il pourrait sembler le fruit d’une longue carrière, l’aboutissement d’une recherche initiée depuis plusieurs années. Et bien non, Tobassi est un sextet de jeunes musiciens issus de la scène dites « jazz », mais totalement en phase avec l’histoire de la musique, l’écoute des maîtres, l’habilité séduisante dans les thèmes et les arrangements.

Tobassi est une machine à faire groover le temps, la symbiose parfaite entre la technique instrumentale et l’écriture de possibles standards. Il y a de la soul dans cette affaire, un peu de l’âme d’un possible ghetto planétaire, une réelle intuition dans la manière de fondre en un creuset, des personnalités uniques réunis pour nourrir le projet. Trompette, saxo, flûte, basse, claviers, drums, chant, des pupitres identifiés, des pratiques authentiques et au final de la joie dans la musique pour ceux qui l’écoutent et ceux qui la font. Parfois on pense à Marvin Gaye, Al Jarreau, d’autres fois à Zappa, à Magma ; toujours l’on se dit à la fin du morceau l’envie que l’on avait depuis longtemps d’entendre ça.
Ce disque bénéficie d’un son parfait (au contraire de la plupart des autoprods), il est présenté dans un design qui frôle l’œuvre d’art, et en plus à la scène le groupe est bon, très bon. Giovanni Thévenin a de la force dans ses mots, de l’impact dans sa diction et son flux fédérateur ; Louis Chevé Melzer n’en finit plus d’étonner les connaisseurs en la matière par l’inventivité de son art à la flûte et au saxo ;  Yohan Fourrier use des drums à la manière des grands accompagnateurs, toujours en place et à sa place, toujours dans l’axe de « pousser au crime » ; William Brocherioux est un ovni en sa gestion des claviers, le feeling exprimé semblant initier la fusion des sensibilités en présence, la joie ; Michael Kuakuvi fascine dans les touches instinctives de trompette très   influencées par « le cool » et « le blue » ; Pierre Thomas- Fredon est de sa basse le ciment de l’affaire, l’architecture occulte, force et stabilité offertes à la beauté de l’écriture. A n’en point douter cette affaire si brillante sera porteuse de bien des surprises, les acteurs de cette réussite des artistes qui feront « demain ». Ce disque sans passé, ce disque nécessaire pour notre présent est déjà un classique. A peine écouté il appartient à notre histoire. Il vit. Il sera la bande-son de mon été 2015.

Fêtes Musicales à Meslay, Une Part d’ Ailleurs & Jungle Bouk  

Chaque semaine Doc Pilot nous régale de ses chroniques en terrain culturel.

Beat matazz
Beat matazz

Lise de La Salle à la Grange de Meslay
Grand privilège d’assister dans ce lieu unique à un concert d’une surdouée dans la pratique, d’une virtuose dans l’expression, d’une artiste qui depuis le plus jeune âge (premier concert à   9 ans) donne de la vie et de l’âme à l’instrument, le piano, instrument roi dans sa capacité à intégrer les diverses expressions et l’image des divers pupitres. L’artiste est au service des œuvres bien sûr, mais intense dans son rendu de la partition, Brahms en fil rouge du programme pour passer du calme à la folie, puis au-delà des rappels un prélude de Debussy pour désarçonner la perception, l’étirer dans le temps. Lise De La Salle marie la performance à la beauté, pousse le spectateur au péché de gourmandises, dans cette envie d’en vouloir toujours plus. Comme à l’habitude Les Fêtes Musicales en Touraine offre le haut de gamme, des dizaines de concerts incontournables.

Jungle Bouk dans un Jardin
La musique de Jungle Bouk parle à l’univers, caresse la spiritualité possible induite par l’écoute et la vibration ; ainsi elle se prête totalement à cette exercice dangereux de se produire à l’air libre dans le végétal. La musique de Jungle Bouk parle à l’espérance en des temps plus responsables, en des jours meilleurs, en une symbiose raisonnée entre le désir et la cohérence ; ainsi elle demande de l’espace pour exercer sa force, de l’audace dans la mise en action du public. La musique de Jungle Bouk parle à notre capacité naturelle à dépasser l’instant pour lui donner une substance éthérée, à peindre par le son nos silences les plus intimes ; ainsi  Marine Fléche transcende la frappe des percussions et dans nos cœurs et nos   tripes inscrit le rythme, Tatiana Paris de sa voix et de sa science harmonique nous hypnotise sans nous contraindre, nous fascine et nous soigne. Ce jeudi soir, le jardin de Brice ose un   nouvel impressionnisme : il s’y trouve une source de jouvence à en oser l’écoute, une option possible à tenter le joie.

Starting Blocks au Petit Faucheux
Passage dans la nuit au Petit Faucheux à la table ouverte des ateliers de Jazz à Tours, dernière prestation de la soirée dans un style rock progressif, habile mélange de structures très électriques à des phrasés de cuivre identifiés « jazz » : une fusion des années 10 génératrice sur les terres tourangelles d’une sorte de scène en relecture des seventies passées à la moulinette de l’histoire du rock et du jazz mélangée. La force en la présence d’ Adrien Lefevre au chant, interprète habité capable de transcender ses limites techniques par la force   de l’expression, l’habilité à capturer la vision, à générer le spectacle : cela s’appelle avoir du   style et l’on suppose « l’affaire » au début de son évolution… Un chanteur à suivre… A la   guitare Alexis Collas du groupe Madja, colle à un tel point au chant qu’il nous semble   entendre une nouvelle mouture de leur groupe… Aux drums, l’actuel batteur de Midjo… Ça s’écoute sans forcer ; on oublie être au spectacle d’un concert scolaire en fin d’année d’école.

Une Part d’Ailleurs à l’Atelier de Brice Auconie  
Acteur incontournable de la vie culturelle tourangelle, Brice Auconie en devient l’animateur  autonome pour combler un vide, celui laissé par la disparition de l’underground des possibilités citadines offertes à l’expression. Armé d’un esprit « do it yourself » il apporte une alternative en ouvrant son atelier à des expositions communes pour présenter des artistes à styles, des univers uniques aux pratiques difficiles dans leurs identités, leurs expressions, des chutes joyeuses ou dramatiques dans l’opposition à la facilité, à la redite. Partout la notion de travail est omniprésente, d’habilité, de sens donné au geste loin d’un art au quotidien. J’aime   la chair végétale « des enfants » génétiquement tourmentés de Anne Valerie Dupond, les peintures néopsychédéliques de Jean-Jacques Piezanowski, les bagues à usages multiples de Brice Auconie, toutes ces questions en suspens dans les peintures de Stacy.O, le blasphème omniprésent et l’inventivité dans les réalisations luxieuses de Yann Gateau… Une coterie nivelée par le haut à voir du 18 juin au 13 septembre : comment résister à l’appel.

Padawin au Plessis Theâtre
Concert de fin de résidence au Plessis Théâtre pour l’un des coups de cœur du festival Terres du Son pour l’année 2015, et dans ce lieu de création et de patrimoine, la rencontre didactique avec l’univers très identifié de ce concept solo devenu un groupe, ses pratiques, ses ambitions et son futur proche : la formation d’une équipe avec un duo de VJ à la pointe de cet art et l’utilisation massive des atouts en poche pour s’installer en première ligne de la nouvelle scène électronique et progressive. La violoniste me rappelle Jean-Luc Ponty : on a vu pire…   Rencontre avec José Cano Lopez et la problématique soulevée par la baisse des subventions du lieu et l’obligation de quitter le Château en décembre ; David contre Goliath   pour des temps où l’on ne peut plus rêver.

Ouverture de l’Atelier de Diego Movilla & Sanjin Cosabic
Entrer dans l’atelier de ces deux princes de l’art moderne nous force à pousser les portes de la perception, à entrevoir l’espace physique au travers du filtre des désirs et de la force. Diego Movilla tape dans le grand format sur papier journal, un papier de verre sur la luxuriance, un papier de terre dans son combat nous relatant l’histoire de l’envie et de la chute, celle polémique de l’instantané, aimé/haï par la presse, le danger aussi dans la vulgarisation de l’info en un déni de violence. Sanjin Cosabic travaille dans les trous noirs, les formules mathématiques, astronomiques, mais surtout la peinture traditionnelle, académique, celle des   grands maîtres portraitistes en lui insufflant ses propres pistes et ses propres clés, ses diverses   inclinaisons à tenir le réel en main pour mieux le projeter dans l’inconscient et l’insondable. Diego et Sanjin jouent dans l’art majeur avec la facilité de ceux désireux d’inscrire leur Oeuvre dans le temps, leur Vision dans l’audace.

Grand Cru Aucard de Tours : 30 ans de plaisir physique  et cérébral

Chaque semaine les aventures culturelles de Monsieur Pilot.

 

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D’un Concert l’Autre en Aucard de Tours…  
D’abord des Zapérorocks où l’on découvre les émergents, ou se retrouvent aussi parfois ceux qui ont été zappés par la programmation et reçoivent ainsi « leur Aucard d’honneur pour l’ensemble de leur carrière » (on l’avait vécu avec Les Parpaings et cette année ce fut au tour de Foued devant le Bergerac pour un concert très brillant avec ses complices : Patrick Filleul, Julien Cormier, Cyrille Latapie et Jean-Jacques Cigollini)…

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=VwJyNZs6TTw&feature=youtu.be[/youtube]

Place des Joulins, un mardi midi ensoleillé avec Philémone, belle découverte, plume acérée, une sorte de chanson à textes en pendant à l’omniprésente influence de Dominique A sur l’expression actuelle, une alternative inédite par la féminité voire le féminisme inclus dans le propos, le tout balancé dans de l’électropop faussement ludique rarement festif, la force dans la voix, la charge dans les mots : en devenir… Plaine de La Gloriette, désormais l’espace vert du quartier nouveau des 2 lions ( pauvres bêtes !)… Et l’esprit Béton avec « le bingo god » de la Cie Cacahuète, drôle dans l’outrage et irrespectueuse avec les curaillons de tous poils : ça fait du bien, c’est bon, et c’est peut être « le temps fort » du festival pour honorer les 30 ans… Belle claque en ouverture avec Have The Moskovik, du texte, de la furie, de la virtuosité et la présence d’une actrice/performeuse très « dérangeante » et peut être aussi très « dérangée », incarnation du propos et de la partition dans le drame … Avec Peter Kernel et son duo électrique, on pense à PJ & Parish, ça le fait, ça envoie, mais je ne suis pas collé aux murs de toile du chapiteau, pas bousculé…
La bousculade c’est pour les Wampas et la prestation positive et excessive de l’incroyable Didier, épaulé en force et en images par l’ex-guitariste des Dogs Tony Truand. Avec les Wampas on a cette impression de se retrouver dans une bd de Margerin ou un Gaston, et l’on se laisse attacher aux ficelles les plus grosses, car c’est drôle, sans frime et vivifiant, et l’on se retrouve à brailler des textes à la con en pissant la sueur de rire : même pas honte… Dans la chapelle Kéké au pied de la caravane de Jean-Louis 2000, Boogers balance ses tubes à l’arrache, habillé de son matos tel un chevalier du son sans monture ; on tape de la semelle et l’on suit l’artiste en communion avec ses potes… Vendredi, arrivés de Seuilly avec le transformer de Lou Reed à plein volume, pile poil pour assister au sacre de Chill Bump sur ses terres de naissance devant un public très jeune et très « aimant » : la fête. Mon concert préféré de ceux vus sur cette édition du festival ; la présence brillante voire émue d’invités   complices, deux Voleurs de swing et un Nivek en osmose parfaite avec le public. Le groupe  d’une génération… Samedi, pluie, bonne raison d’aller à la caravane de la Smalla pour manger des crêpes et onduler dans le son de cette grotte à plaisir… 21 h, soleil, et rockab’ danois avec Powersolo le gang des frères Jeppesen, machine pour séduire « les petits agités », balancée sur des guitares inédites dans la forme comme dans le son. Balthazar avec quelques retards à l’allumage faute à des problèmes techniques vite résolus, avant d’entamer le  travail de séduction du public toutes générations confondues, à la manière des belges dans leur capacité à allier les belles harmonies vocales de la pop à des rythmiques bâties pour obliger au mouvement, à l’abandon : on décolle et c’est bon… Passage chez DJ Kéké où le néo-sixties exotique se revit dans le son, l’image et le geste.. Dehors, bataille d’expression   d’un chapiteau l’autre entre un Cotton Claw increvable et un Agoria sur de son style et de sa force… et le peuple rock, le peuple musique, le peuple Béton, celui né du punk et de l’alternatif, fidèle à l’appel sur plusieurs générations : 30 ans de démarche humaniste pour aider à vivre et installer la fête.

Tremplin Avoine Zone Groove à Seuilly : première demi-finale
Retour à l’Abbaye de Seuilly, lieu de paix et d’Histoire envahi par le son et l’électricité pour la demi-finale du tremplin Avoine Zone Groove ; l’occasion pour des artistes locaux de présenter leur travail,  voire de jouer à l’affiche du festival… Un jury où l’on retrouve Didier Godoy et Michel Daly, maire et adjoint à la culture d’Avoine, le maire de Seuilly, l’experte musicale Françoise Connan…

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Y2PR3ecBs0Q[/youtube]

Beaujardin d’abord, un peu en décalage face à la demande des organisateurs ; il balance son style et sa hargne, son énergie, celle d’une fusion entre le milieu des 80’s et la force du rock anglais du milieu des nineties : excellent… Pierre Dorian à l’harmonica et Jean-Pierre Poulain à la guitare, un duo dans un style très blues racine, assez minimal dans la forme, convivial quand il se donne à groover l’affaire… Pierre Delage, chanteur généraliste accompagné d’une section rythmique, une présence instinctive, avec cette impression que tout pourrait être possible dans son désir de capter le grand public avec ses mélodies populaires, ses thèmes universels… Feyls, une formation de jeunes musiciens armée pour séduire les foules, une formule construite pour gagner des tremplins (hihi), et bien sur il le gagne suivi de Pierre Delage, deux formules sélectionnées pour la finale du 2 juillet. Déception pour Beaujardin qui encore une fois râté un tremplin pour des raisons difficilement acceptables pour les artistes : l’originalité de son expression… L’occasion de discuter autour de l’affiche du festival, du 3 au 5 juillet : Michel Jonaz, Julien Clerc, Robben Ford, Charles Pasi, Nicoletta gospel, Manu Katché, Au Bonheur des Dames… du lourd et du légendaire.

De UND au Années Joué via Les Éphémérides Décalées

Qui dit lundi, dit chronique pilot. Le doc revient avec un paquet de concerts et de culture sous le bras… et même un CD à découvrir !

UND au Théâtre Olympia

Nathalie Dessay (Photo vidéo doc pilot)
Nathalie Dessay (Photo vidéo doc pilot)

Nathalie Dessay, bien sur, dans le rôle, l’incarnation vocale, mais surtout une actrice de la trempe des grandes tragédiennes pour exprimer la force du bel agneau en l’attente de son boucher, l’omniprésence du drame sans possibilité d’endiguer l’angoisse, le destin tragique de ceux qui durent comprendre avant l’heure l’impossibilité d’échapper à la chute et à la déchéance. Rarement vu et entendu une si parfaite expression de cette injustice universelle vécue par les victimes de génocides, identifiée ici dans la Shoah mais directement transposable pour d’autres peuples, d’autres temps ou d’autres terres.
De la Saint-Barthélémy au Rwanda, toujours cet état au delà de la classe sociale, au-delà de la raison, au-delà de la force d’exister, de résister, d’envisager l’avenir. Dans une mise en scène de Jacques Vincey difficile à exprimer par des mots, l’attente et l’angoisse s’installent avec la certitude d’une « happy end » impossible. L’accompagnement musical d’Alexandre Meyer joué en live habille d’impacts et de malaises un univers de glaces en fusion, et la scène de peur « pisse sur elle ». Une réussite globale et utile, une leçon de vie et de mort.

Les Éphémérides Décalées en Arcades Institute

Philippe du Janerand en lecture jouée de textes écrits par l’historienne dramaturge Typhaine de Toury et la joie d’ainsi dépasser l’histoire reliée à Tours et diverses dates et événements habilement exposés pour générer la curiosité, le rire et le partage. Dans un Arcades Institute bondé, nous voyageons sur 2 000 ans d’Histoire, avec des points forts dans une scène sur Calder, une autre sur Henri III et celle sur une hypothétique remise des « Étienne » aux saints les plus méritants, dans un possible concours de l’an 400.
La plume de l’auteure est imparable, habile, subtilement travaillée pour mélanger des sources identifiées d’événements importants à une liberté délirante dans la forme et parfois même dans le fond. De la bonne matière pour l’excellent acteur qu’est Philippe du Janerand.

Les Parpaings à Montjoyeux

Parpaing (Photo vidéo doc pilot)
Parpaing (Photo vidéo doc pilot)

Rock’n’roll au bar le Montjoyeux, avec l’une des plus anciennes formations tourangelles dans le style, une bande de vieux restés jeunes, motivés par l’électricité et la joie, fédérateurs d’une génération venue assister à la messe du punk et du reggae décalé. Le concert de ce groupe devient alors l’alibi à des retrouvailles ; il crée ainsi du lien, du souvenir, de l’échange, et c’est bien : c’est rock et populaire.

Trois jours passés aux Années Joué

Enchaînement de temps forts pour cette bonne cuvée des Années Joué, Funambus ou l’utilisation d’un bus en support à des funambule-acteur pour une plongée dans un univers psychédélique très technique et fascinant, avant la force de la Compagnie Off dans son opéra cosmique et son hypothèse d’un big bang surréaliste ( la participation des enfants du Morier est un plus évident à la mise en scène). Grande claque avec la Cie Bitonio et son spectacle de marionnettes à taille humaine dans une dramaturgie mythologique, avec en réel produit d’appel leur bar animé, où Marcel et Alice vous servent à boire sur leurs corps de bois et de fer animés.
Total dépaysement avec la compagnie belge La charge du Rhinocéros, dans « y’a de la lumière chez le voisin », mélange de jeux d’acteurs et d’images projetées, une lanterne magique appliquée à l’instant pour un charmant scénario plein de douceur et d’humanité. Ballet de vents et de lumières avec la compagnie des quidams dans « fiers à cheval », une déambulation pour atteindre la place Nelson-Mandela où les ambiances sonores donnent matière à divers mouvements de la harde équine imagée… Final grandiose avec le Théâtre Tol, mélange d’opéra et de grande claque visuelle, avec des vélos porteurs d’acteurs musiciens soulevés dans les airs… Le manège enchanté tourne haut dans les airs : il est de chairs et de technologie mélangées, d’Ave maria et de Carmen revisitées… Et puis dans les rues l’oiseau de la compagnie Paris Benares, une belle bête fascinante et magique, La Fanfare Saugrenue et la compagnie Blaka … Dans le square, un temps fort imprévu avec « Ma vie de grenier » de Carnage Productions : plus d’une heure de comédie désopilante par un acteur haut de gamme, ou comment transformer un banal vide-greniers en un dramatique détournement psychologique poussant au rire et à la démesure : avec Bitonio, mon autre coup de cœur du festival.

Beaujardin à Gentiana

En plein soleil, premier apéro rock du festival Aucard de Tours sur l’esplanade de Gentiana avec Beaujardin, le groupe qui monte et se bonifie à chaque prestation. Néo new wave des 80’s passée à la moulinette du rock anglais du début du XXIe siècle, servie par un chanteur habité et des musiciens au service d’un style et de compositions bâties comme des hymnes. Belle reprise de Björk et grande énergie offerte au maigre public, pour ce midi à la température trop élevée pour garantir une parfaite attention.

CD LP Des Jeunes Gens Modernes vol 2 Agnes B

Volume 2 pour ce travail d’archiviste mené par Jean-Francois Sanz, en opposition à d’autres « années 80’s », avec la réunion de pépites et de groupes devenus cultes. C’est de l’Histoire mais ce n’est pas passéiste, tant la période charnière de la fin des seventies au début des eighties se révèle avec le temps une source identifiée pour nombre de groupes des années 10. A leur manière, ces « jeunes gens modernes » inventaient un style et une école sans le savoir, sans en avoir conscience, motivés parfois par l’envie de faire table rase du passé pour s’identifier comme uniques, pour d’autres installés dans ce désir à créer la bande-son de leur époque loin des codes établis… Souvent dans une démarche totalement artistique, globale dans l’accord entre un style vestimentaire, une attitude, un axe de vie, la musique en un reflet sensible d’un romantisme de la déglingue.

J’en suis persuadé : pas un des artistes présents dans cette compilation ne pensaient être encore écouté 30 ans après. L’heure n’était pas à durer, le mois suivant obligeait à se renouveler ou à mourir. Cette compilation est envahie par cette urgence instinctive…

De la Traviata à La Muerte via The Moonfingers

De la Traviata à la pop des Moonfingers, Doc Pilot a passé une bonne semaine.

(Photo Carmen Morand)
La Muerte (Photo Carmen Morand)

La Traviata à l’Opéra de Tours

Splendeur et chute d’une courtisane, Violetta, en déclinaison de toutes « les dames aux camélias » qui firent et diluèrent l’Histoire, victorieuses dans la fête et l’illusion, toujours perdantes face aux sentiments et aux hommes. Ce drame intemporel est magnifiquement exposé dans La Traviata, intense dans cette courte introduction où l’on voit l’héroïne si fragile avant « d’aller au combat » de la fête et des excès, puis dans ce dernier acte où la maladie et la mort s’imposent ; une maladie incurable, celle de l’amour bradé, de l’amour trahi, sacrifié. Eleonore Marguerre est fascinante en Violetta, surtout dans les scènes de passion, d’amour et de déchéance ; ma préférence instinctive va à l’interprétation de Kristian Paul dans le rôle de Giorgio Germont. Je suis très réservé sur le choix de la mise en scène à installer le drame dans la période de la « collaboration » au Lutecia, et faire, au final, le parallèle entre l’épuration, la chute et la fin de Violetta. Il me semble ici ( et ceci n’a bien sur rien à voir avec la beauté du livret et de la partition, créés en 1853 !!), voir s’exprimer une méconnaissance historique de cette période (1941/44), assortie d’un déni du « mourir d’aimer universel», entaché d’une notion de « faute » très réductrice, machiste et moralisatrice. Reste trois heures de grand plaisir au spectacle de cette représentation « haut de gamme ».

The Moonfingers à OK Game (Ockeghem)

Sous la contrainte du “son” très particulier de la salle OK Game se donne le concert de sortie du nouvel EP de The Moonfingers dans une ambiance très “copains”, avec le handicap d’un peu trop de temps laissé aux “groupes copains”, Ladybird d’abord, formation vocale dédiée à l’interprétation de standards du jazz avec un accompagnement guitare/clarinette basse… sSympa certes, convivial mais sans plus… Puis Fare thee well, trio dans la ligne country où se révèle la voix exceptionnelle de Agathe Henry… Et enfin, enfin, enfin… The Moonfingers, quartet hors du temps dédié en la perfection à la relecture de cet instant charnière que fut le passage des sixties aux seventies sur la côte ouest ; on pense bien sûr au Buffalo Springfield de Neil Young et Stephen Stills, aux Byrds de David Crosby, aux Eagles, le tout enrobé dans la douceur d’harmonies vocales initiées par les Beach Boys. En clair, nous sommes transportés dans le temps et loin de toute caricature du style, les pieds dans le Pacifique, la tête dans la fumée bleue : un America continental. C’est beau, c’est bien, on en sort heureux mais on aurait aimé en écouter un peu plus.

La Muerte, Ela Orléans & Super au Temps Machine

Dernière soirée intramuros de la saison, et dernière soirée programmée par Fred Landier, avec bien sur l’évidence de vivre la fin d’une époque. Belle affiche dans un style très intense et très « artistique ». Ela Orléans offre un univers global au feeling néo-gothique parsemé de fulgurances romantiques empruntant autant aux poètes maudits et à leurs paradis artificielles, qu’ à la macumbo sous ergot de seigle des mystiques les plus tendancieux ; ce trip allie musique électronique du 20e, images référencées dans la déviation des enfers supposés, et une voix, signature de l’artiste dans son offre d’un concert global et borné. Ca sent le drame, la douleur, le sang… Super nous ramène à la légèreté des duos bubbles du milieu des 80’s, petite machine à tubes et à danser, aux textes assez légers pour surtout ne pas nous troubler dans notre simple envie d’en jouir. Point fort, la parfaite utilisation en direct du synthé Korg monophonique : je connais assez le sujet technique pour vous confirmer la dextérité et l’inventivité du monsieur… Final brillant avec La Muerte, un magicien, un séducteur, un artiste capable d’embarquer son monde sur tous les types de scène, de transcender la culture club au delà du « pousse-bouton » et des « passeurs de galettes » en usant en direct et en action de « la gloire des machines », en relisant l’histoire du début des 80’s dans ses strates les plus festives et les plus imparables. On sent l’esprit de D.A.F bien sur, avec la force des années 10 à pousser le gimmick pour en tirer toute la substance jouissive induite par la musique sur la peau et sur les nerfs. Je pense à Lao Tseu d’en sa philosophie appliquée à l’amour physique car le concept joue ici sur l’idée de prolonger le plaisir ; cette musique à la classe et le feeling de ne pas vous laisser « en route » ; elle est endurante, respectueuse et habile pour vous rendre heureux et accros. La bande-son parfaite pour jouer à la bête à deux dos.

CD HELAS !
Bon, d’abord il faut le dire, Achille le leader de ce concept est un personnage, un acteur en la vie, un artiste bourré de présence et de charisme, et toute cette exagération de l’être transpire dans cet EP, dans cette écriture de fin de nuit où l’ivresse inspire les talentueux et abêtit les stupides, dans cette poésie beat, psyché et néo-réaliste, giclée à la manière de celle du jeune Christian Descamps (Ange) ou des « glissades » de Léo Ferré aux débuts des seventies, dans un phrasé et une expression qui amènent bien sûr à penser à Dominique A sur la forme (mais pas sur le fond). La musique en support à cette éclate verbale participe de cette nouvelle « prog » de plus en plus présente dans les années 10 : mélodies et furie dans la sauce, fulgurances techniques assorties de bizarreries harmoniques en collages contre-nature, extension du domaine de la chute aux formats traditionnels de la chanson française. C’est pas banal et c’est bien.

CD HAXIS happy

Dans son design de roses déclinés, cet EP est une friandise, la matière à se retrouver dans du bubblegum de lycée pour un après-midi volé à l’âge adulte. Faussement naïf et réellement tubesque, ces cinq titres sont maçonnés par l’envie de plaire, de jouer, d’offrir des images au delà de l’électronique, et des odeurs au delà du synthétique. On passe d’une voix féminine au grain un rien salace, à une voix masculine à peine muée ; on pousse ici l’adulescence en fer de lance d’un concept attractif, on mise sur de la nostalgie mélangée à de l’affectif en allant piocher dans les années 80’s et leurs emprunts détournés aux sixties ; on oublie le vinyle pour poser le diamant sur un rond de réglisse noir. En son centre le sucre : un titre fantôme, une cover de Depeche Mode. Y’a de l’Happy, y’a d’la joie, bonjour, bonjour les demoiselles.

CD THE MOONFINGERS Room 505
Le nouvel EP de Moonfingers enfonce le clou avec une collection de titres en relecture de cet instant béni du passage des sixties aux seventies, mélange des racines folk amenées d’Europe, avec le blues des esclaves et sa déclinaison vocale dans le gospel, le tout sous perfusion vitaminée du rock n roll et du bop, sous influence hippie : ben oué !! la Pop !! Nous sommes admiratifs de la rigueur avec laquelle les tourangeaux rendent témoignage en reprenant le flambeau de formations tels que Buffalo Springfield, Byrds, Crosby Stills et Nash, Eagles. Nous sommes ici en présence d’un concept totalement basé sur la beauté des arrangements, des harmonies, de la recherche de l’enchaînement qui tue. Nous sommes dans de l’histoire et de l’exercice de style, pourtant nous sommes aussi dans de la passion et de l’appropriation magique dans l’écriture de titres originaux. Les fans de cette époque vont se passer et se repasser cet ep ; d’autres découvriront ce style au travers de cet hommage nourri de respect et de talent. Ce « retour vers le futur » est une friandise et une madeleine de Proust ; c’est troublant et c’est bon.

 

Du Son en live et en CD’s

Comme chaque semaine, les péripéties culturelles de notre chroniqueur de l’extrême Doc pilot.

Odran trummel
Odran trummel

Du Son en live et en CD’s … nous sommes très attristés par le départ prématuré de Anne Le Barth… Plus jamais le Printemps ne sera le même à St Cosmes…

Soirée Les Talentueuses : Arry Goni & Buddy Buddha
Soirée privée sur invitation dans un troglo du quartier Paul Bert, une promotion conviviale pour deux concepts difficilement comparables, Arry Goni d’abord, un chanteur charismatique sûr de sa présence et de son chant, accompagné par trois musiciens talentueux dont un homme aux claviers au travail particulièrement fédérateur dans sa capacité à user des styles et des ficelles pour monter la sauce. C’est bien fait mais c’est pas ma came, un peu trop généraliste à mon goût, trop facile à anticiper dans les arrangements et les lignes mélodiques. Il est pourtant évident que ce style de formule peut toucher le grand public, voire récolter la timbale… Buddy Buddha, la réunion au sommet de Krumlek et Janski Beeeat, a donné un fameux concert, le meilleur de ceux des deux compères auxquels j’ai pu assister, le côté ambient au bord de la mer égratigné par du son bétonné, malaxé, détourné, une option intelligente à ainsi donner un grain « rock » à de la suavité harmonique, polluer le sable privilégié de ce club convivial avec une insidieuse dégringolade dans le lâcher prise et l’ivresse. J’adore ces deux canailles et leurs sales manières… En sortant, je passe devant la maison où vécut Alan Jack…

Lady’s Folk & Le Feu au Temps Machine
Le Feu balance une pop faussement innocente et réellement psychédélique, à la croisée des chemins d’une culture seventies réinjectée dans les nineties et d’une sorte de culture club déjantée mâtinée de pop jouissive. On sent de sales gamins près à s’offrir des bouteilles de grands crus coupées au Coca, une envie de peindre hors des cadres, de prolonger la toile très loin sur les murs interdits, et finalement d’opter pour un dandysme sans artifice d’aristos dégénérés. Leur reprise du white rabbit de Jefferson Airplane participe de cette audace omniprésente ; comment ne pas penser à « Las Vegas Parano », comment ne pas réaliser ce style de musique en alternative à la came, une manière de repousser le manque d’une époque et d’un mode de vie par l’usage intempestif d’un nouveau mode « d’exister ». Néo Beatnik sans l’alibi intellectuel, Le Feu porte un univers post Kerouac à l’animalité partageuse… Il n’en est pas de même avec Lady’s Folk, réunion de trois pointures en leur domaine, de trois individualités riches de leurs expériences et de leurs sciences de l’expression, pour finalement ne pas apporter l’émotion souhaitée à la relecture « des filles du Canyon ». Est-ce affaire de circonstances, eu-t’­il fallu les voir jouer en bord de Loire face au public fourni d’une guinguette assoiffée ? Tout semble trop sage, trop codé pour embarquer, surprendre, faire jouir, pousser à adhérer au concept sans réfléchir… Pas le temps d’attendre d’être séduit : je file vers Tours en écoutant « for the roses » de Joni Mitchell et c’est bon, enfin.

Odran Trummel au Puzzle
Le Festival Wabam annulé c’est au bar le Puzzle rue de Chateauneuf où Odran Trummel est venu donner concert le lendemain de sa date parisienne sur la Dame de Canton ( ex-Guinguette Pirate)… J’ai assisté à la balance et n’ai pu écouter que cinq titres du concert mais j’en suis sorti avec le manque de ne pouvoir rester. Dégustant régulièrement leur 4éme album je fus très surpris de le voir ainsi dans des conditions précaires, restitué à la scène sans la moindre variation sur la qualité des arrangements, la technique des instrumentistes, la beautés des harmonies vocales, le lyrisme omniprésent du leader au chant comme à la guitare. On pense bien sur à XTC mais aussi à Peter Hammill voire à Gentle Giant ; nous sommes face à un quatuor haut de gamme, à des créatifs respectueux de leurs capacités et de leur public : des artistes. Savant mélange de folk et de musique ancienne dans une esthétique pop précieuse et décalée, Odran Trummel s’installe désormais dans le peloton de tête des formations hexagonales à dimension internationale… A mes côtés dans le petit public de ce rade en trou de hobbit, le leader de Hélas ! et Romain de Ropoporose… c’est un signe.

CD MOTOR RISE Faster Louder Faster
Le métal est universel, fédérateur au delà des générations, arrangeur de codes déclinés dans toutes les sauces de l’énergie et du feu, une forge électrique où Motor Rise a bâti ce premier EP, une carte de visite instinctive propre à rameuter les troupes. Sous l’influence de Motorhead le groupe est en combat ; ici on ne se cache pas derrière un possible concept voire une démonstration instrumentale sans usage pratique réel ; ici la fusion du groupe et de son public est de mise, la gravure en l’instant d’une machine de scène et de son investissement à long terme, son humanité. Les tristes productions formatées ont beau envahir les ondes et récolter les suffrages d’écoutes préétablies, des groupes comme Motor Rise prouvent qu’il est encore possible d’agir à la marge mais pour un large public. Le power trio tourangeau n’a pas à rougir face à ses collègues dans le style : il possède l’écriture d’hymnes fédérateurs, l’accord entre “ les pupitres ”, de la basse caverneuse à la guitare sans barrière et sans limites, de la voix uniforme dans la trace, à la partition rythmique sans faiblesse. Finalement un ep que l’on écoute et réécoute et qui nous donne l’envie d’aller encore une fois revoir le groupe à la scène, son ring, pour notre plaisir partagé, son combat.

CD VALPARAISO avec Phoebe Killdeer – Winter Sessions – zamora
Produit par John Parish cet EP est addictif dans le son et l’écriture. L’inspiré Thomas Belhom nous balade encore une fois dans ses voyages réels ou imaginaires ; épaulé par une bande d’instrumentistes en la maîtrise et la grâce, il nous projette son film, l’expression d’un exotisme de pacotille propre à magnifier la réalité, à nous faire voyager pour le meilleur en évitant le pire. Valparaiso est un vaisseau, un média, une hypothèse, une porte de la perception ouverte sur un instant béni, une faille dans la normalité, le frôlement d’une perfection oubliée et de nouveau envisageable. Nous sommes dans un court métrage, le premier d’une série où chaque tome verra intervenir un acteur principal, ici la chanteuse Phoebe Killdeer en transit du collectif Nouvelle Vague. Et oui nous sommes bien dans du délicieux artifice, du paradis plastique, du littéraire sans papier, du narratif hors les trames. Inlassablement je retombe dans l’hiver et je sens déjà qu’en l’été j’en nourrirai mes soirs de chaleur excessive. Bien sur ce néo folk des années 10 amène le souvenir de Santa Cruz, de Dark Dark Dark, de Moriarty, de toutes ces formations dans la veine du mélange du rural nord américain des pionniers du 19éme, à la nostalgie terrifiante d’une avant­guerre des passions et des écorchures. Ce disque existe pour votre plus grand bien ; vous allez l’écouter et le réécouter au point de le connaître par cœur, et alors il vous accompagnera dans vos propres voyages, installé dans votre mémoire sans électricité et sans support.

Du Strapontin à 49 Swimming Pools via Le Petit Faucheux

Cette semaine, notre superstar Doc Pilot a encore mangé du concert à tout va. Et vous fait revivre tout ça !

Peu de temps passé cette semaine à Tours, beaucoup plus dans le Sud-Ouest ; malgré tout, quelques sorties en début de semaine…

Quartet Filleul/ Mazé/ Polin/ Piromalli au Strapontin

Grâce à Patrick Filleul, il y a tous les lundis de la musique en live au Strapontin et c’est bien, car c’est une alternative ludique et conviviale pour les esseulés, les touristes, les naufragés du sentiment à la recherche d’une île… Pour les aficionados du blues et du jazz aussi. Le rouge sombre et apaisant du lieu, le bois brillant sous la bière, l’impression d’une architecture stratégique pour sauvegarder l’écoute attentive et celle plus diffuse des rencontre en cours… J’adore ce quartet (Patrick a plusieurs formules dans sa poche), son coté hard bop parfois, sa capacité dans une mélodie à maintenir à flot la beauté et le son dans des thèmes populaires et historiques.
D’abord, les quatre musiciens n’ont pas de barrière technique et en plus, ils s’activent avec une tonne de feeling. Au sax, Renaud Mazé s’applique à ne jamais laisser flotter l’ensemble dont il semble diriger la trame et l’usage. Antoine Polin vit la musique, ainsi pas une fois le son ne sort de son instrument sans que dans son physique l’on voit le total investissement de son être ; avec lui nous dépassons l’étalage d’une technique dépourvue de sens : tel un maître compagnon, il construit l’œuvre avec méthode et passion.
Patrick Filleul aux drums est à sa place, toujours à l’écoute, au service. Il aime l’humain c’est une évidence, le public comme les musiciens. Cedric Piromalli à l’orgue me fascine ; je l’ai connu dans des contextes beaucoup plus difficiles et plus techniques, toujours brillant et surprenant, mais il suffit de le voir jouer ce jour pour saisir à quel point le jeu de cet artiste se bonifie dans « le populaire », le joyeux, le musclé : ce type est bâti pour les grands festivals, pour les grosses machines bien huilées faites pour générer la sueur et l’ivresse… de Parker à Monk, on se balade l’air de rien dans un instant privilégié, l’un de ceux possibles à vivre les lundi soir au Strapontin.

Florent Sepchat & Renaud Detruit au Petit Faucheux

Florent Sepchat (vidéo Doc Pilot)
Florent Sepchat (vidéo Doc Pilot)

Concert des professeurs : ainsi est annoncée cette soirée débutée par des prestations plus qu’honorables d’élèves en la matière percussive avant une deuxième partie pour le duo inédit de deux maîtres en leurs matières. Etonnant, l’accord entre le vibraphone et l’accordéon, perfection dans le mélange harmonique du soufflé et du frappé, cohésion des artistes dans leur volonté à bâtir du beau au travers de la technique. L’écoute est la clé de voûte du concept, une attention commune portée au geste du frère en ce trip, chaque solo au service d’une histoire, d’une narration et d’une esthétique au rendu élevé.
Le programme inclut des compositions de Renaud Detruit, une reprise de Pat Metheny, une adaptation de Bartok, le tout lié par la forte personnalité des musiciens. Cette première est une réussite, un coup de maître, l’assurance d’avoir trouvé la bonne recette. Je pense que nous allons revoir ce duo à la scène, et je suis sûr qu’il va beaucoup plaire au public, l’air de rien : il est nourri de ce feeling et de cette dextérité nécessaires pour rendre populaire une pratique issue de la niche « jazz » mais totalement capable de toucher un plus large public. Normal, on aime tous se faire du bien. Ce duo nous apaise et nous soigne.

49 Swimming Pools au Nouvel Atrium

18 h, horaire ingrat pour un dimanche soir de fin de weekend, sous un soleil et une chaleur longtemps attendus. Difficile pour amener les foules intra-muros même pour assister au concert d’un des groupes des plus brillants de la scène hexagonale. Après une première partie honorable avec le concert RubiCan, pour une néo new wave à la guitare snakefingerienne marbrée de tricatelleries sucrées, entrée de nos héros, les maîtres de la mélodie, de la beauté, de la construction orchestrale entièrement dédiée à l’installation de climats cinématographiques nécessaires à l’évasion. Jamais ce groupe ne me lasse, jamais il ne m’ennuie tant il semble ne devoir jamais s’arrêter de séduire les plus réticents, d’emballer les plus difficiles, de donner une raison d’exister à la scène pour sa capacité à nous soigner, nous calmer, nous coller la banane en tapant la semelle.

Je pense les 49SP en progression évidente en ayant trouvé le bon équilibre entre leurs images de fond de scène et leur gestuelle attractive. Le réarrangement de leurs titres dans des versions brutes et roots, un peu « garages », parfois pseudo unplugged. Le chanteur en sort plus abordable, moins personnel dans la gestion des climats, le rapport au public. Ce groupe est mûr pour nous offrir un album live, passage incontournable pour tout vrai groupe qui se respecte et pense à son public.

CD EDWARD PERRAUD Synaesthetic Trip 02 Beyond The Predictable Touch

Nouvel opus pour le surdoué jazzopsychélique, ping-pong entre des furies alternatives aux frontières de l’expérimental et des gentils morceaux propres à séduire toutes les oreilles. Il y a de la décadence de fin de soirée dans cet « Entrailles » en ouverture du disque. De la fausse normalité à la manière des tangos de Carla Bley ; la belle musique d’un film oublié, le souvenir dilué d’un temps où tout semblait facile…
Puis l’on tombe dans la déviance, l’accumulation de références distordues dans le style, du bop pop, du hard free, l’oubli d’un cahier des charges hypothétique pour surfer sur les vagues et les requins. A pleines dents, les musiciens mordent dans la planche : même pas peur, on aime bien, on est venu pour ça, pour coller Elise et sa lettre au mur graffé de cris de révolte, contre les règles et les bienséantes harmonies. En Captain universe, Edward nous balade dans les étoiles. Parfois l’on se demande s’il a vraiment les cartes en plus des atouts.
Le peintre est doué, le peintre donne du sens à son propos, avec ce disque charnière, ce disque de carrière, mélancolique et furieux, insolent et fragile. Sa toile demande la réécoute et l’oubli de l’instant. Il est bon de savoir perdre son temps en se donnant corps et âme à l’écoute.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=2jSOe9WtxfA[/youtube]

Du Festival des Jardins de Chaumont au Jungle Brothers…

Ses balades dans les méandres de la vie culturelle tourangelle ressemblent à ça : chronique de Mister Doc Pilot.

jungle brothers
Jungle brothers, le concert de l’année ?

… Entre Chaumont et Tours le soleil rougit le ciel au dessus de La Loire, pleine, massive ; les yeux dans sa force  tranquille nous écoutons le prochain album de Caravan Palace et c’est bon … à la place du mort Colotis Zoé fait des  bonds ; elle a des contractions en l’attente de l’accouchement…

Festival des Jardins de Chaumont
Jardins extraordinaires, jardins de collections, un bon cru pour le Festival international des Jardins, de belles surprises  avec Nuances, tableau végétal encadré de blanc, galerie magique en l’espace nature ; de l’humour avec Carnivore Parc  et ses plantes collectionnées en cage ( zz’ai très peurrrr) ; l’extraordinaire « le jardin des 101  pelargoniums » et ses mille parfums en végétal ; le jardin du teinturier et sa gamme colorée de bocaux de gélatine marbrés près de la corde imbibée… Comment ne pas goûter à l’ivresse des elfes entre château et jardins, comment ne pas se perdre et s’oublier dans ces œuvres d’art de l’instant initiés par de l’identité subjuguée et du style, de l’audace parfois, de la provocation, de la joie… Comment ne pas croire en l’intelligence du végétal, à la force omniprésente de la nature dans l’acte de celui qui la dresse, la dirige, l’inclut dans un scénario, une histoire.

Soirée « Hip Hop » au Temps Machine
Ce vendredi au Temps Machine je pense avoir vécu mon concert de l’année, au spectacle d’un style dont je ne suis pas vraiment fan, me jugeant trop éloigné de sa base pour le goûter au quotidien. Pourtant ce soir, j’ai l’impression  d’atterrir ailleurs, de retrouver des codes, d’opter pour la fête omniprésente sans se poser de question, sans chercher à  intellectualiser, à donner du sens, de la raison. D’abord l’environnement, cet espace de guetto blasters en collection, prétexte à la foto « comme avant » ; et puis cette collection de galettes, des traces usées jusqu’à la corde par des milliers de passages sous l’épée de Jedi du diamant… Sur la grande scène des danseurs en performance, de l’amitié, du  mouvement en haut et en bas sans distinction aucune. On se passe l’espace sans concurrence… Puis les maîtres, Jungle Brothers pour une heure de plaisir intense, physique, très physique, une musique pour le corps, des impacts de mots pour le corps, des mouvements inspirés pour le corps ; on en sort vivant, on en sort ramené à la vie et l’on mesure sa  chance de vivre ici, loin des terres de guerres, d’intolérance, de bêtise, et l’on se dit que c’est encore possible de se découvrir dans le hip hop comme l’on se découvre dans le blues, le reggae, « les musiques racines ».

De La Boite Noire à la Gare de St Pierre en passant par chez Les Colettes
Passage dans le Quartier des Arts où l’on croise du « Tout Tours » et des « Hommes de l’Ombre », où l’on passe du  Strapontin au Fumoir, du Tourangeau au Trois écritoires, avec beaucoup de gens en terrasses, en bords d‘établissement. Nous ne venons pas à la lisière du Vieux Tours pour jouer les paons ; nous allons au vernissage de la Boite Noire, celui de l’expo de Philippe Pherivong et de ses tangos romantiques, ses charmantes miniatures émouvantes et fragiles, ses souliers rouges que j’aime tant, cette manière d’user du trait pour en forcer la trace, de la couleur pour en nourrir l’audace, du texte pour lui soumettre de l’émotion… Ils jouxtent les réalisations très techniques  de Bérenice Fourmy : du beau, de l’unique, du bois, du sang, mais je l’avoue sans impact sur ma cervelle de taureau  instinctif… A l’ancienne imprimerie communiste de la rue Bretonneau Maxime Vignon étale une nouvelle fois un  travail primitif et provoquant dans le sens comme dans la forme, mariage d’objets techniques à de la toile, de  composants électroniques avec de la peinture et des paillettes ; cet art brut n’est pas beau mais intriguant, et comme  nous le disions avec deux amis peintres, on l’attend au tournant ce Maxime, on se dit qu’un de ces jours il va peut être nous balancer un truc, le truc, l’œuvre, enfin du lourd dans cette pratique ou une autre : on y croit… Au Café comptoir  Les Colettes je n’ai que vingt minutes pour écouter le concert de Madja, groupe progressif émergent bâti par de jeunes musiciens talentueux travaillant dans un esprit néoseventies… heu, pourquoi le groupe joue-­t’­il dans l’obscurité ? Des  problèmes de fusibles chatouilleux ? Une excitée de service veut piquer la vedette aux artistes : elle y arrive à sa façon.  Bon, le peu du concert vu m’a laissé amer et déçu pour le groupe, pour l’investissement des artistes… ça sent le coup  d’épée dans l’eau mais je n’ai pas vu la suite et ce fut peut être une réussite, la casse­-couille éjectée, la lumière allumée  dans la salle et les yeux des musiciens, du public…. Dites-­moi, dites-­moi… La Gare de Saint-Pierre dans la nuit, c’est  beau… et puis ce passage dans le tunnel habillé de l’art d’Olivier Pain à celui de Jean-Pascal Jauzenque mélangé,  apaisant, magique… Quai numéro 2 j’aime cet instant d’arrêt sur l’image entre le départ d’un train et l’arrivée d’un autre, ce faux silence, cette attente palpable, ce temps à perdre par obligation : dans l’air flotte de la morphine.

Cecile Ravel, XL Art, Mochélan & La Souterraine au Temps Machine

Didier Pilot, c’est un dingue de culture et chaque semaine il nous ramène le meilleur.

CHEVALREX
CHEVALREX

Cécile Ravel : Summerland à La Chapelle Sainte-Anne  
Drôle d’Eté sous la fixité inquiétante des “ veilleurs ”, l’humain en intrus dans la nature, l’évidence en sa peau claire  dans le vert des fougères d’être la cible et la proie, son audace à vouloir sous un masque d’animalité penser leurrer la nature sauvage et s’en faire une alliée. Accueillis par les “ bornes ”, mâles ou femelles, nous entrons dans cet au-delà de l’évolution, ce purgatoire de la raison sous la dictature des sensations. Jamais l’animal ne tend à devenir humain, ne  le désire, mais toujours en son observation s’impose son état de premier-­né à la vie, de propriétaire de la forêt, et de  l’état d’éternel locataire de l’homme en son sein. Reste la mutation au-delà de la mue, la possibilité d’une renaissance  sujette aux pires évolutions, bien au-delà de celles engendrées par l’atome. Il est inquiétant le pays dévoilé par Cécile Ravel, mais il est juste ; il dépasse les techniques de l’artiste pour interroger un vide, celui créé par cette impression de ne plus être de ce monde, de ne l’avoir jamais été, d’être apparu en générations spontanées à la surface de la Terre,  initiées par le “ dreamtime ” orgueilleux de nos animaux totems dans l’île de la doctoresse Ravel.

XL Art à l’ Espace Nobuyoshi
Ils sont venus, ils sont tous là, les adeptes des grands formats, les créateurs sans limite, les malins et les excessifs, les séducteurs et les rêveurs. La Mulonnière offre une collection de styles propre à réjouir toutes les familles et les goûts. De Philippe Lucchese à Fabrice Métais on se laisse à toucher le drame de la Méduse réactivé ; un cochon rose de  plastiques récupérés pousse au rire, à l’envie de toucher ; passer du père au fils en la peinture des Pagé reste un  parcours didactique dans la raison d’être artiste. Jean-Pierre Loizeau soumet son audace sentimentale au filtre rouge, diluée dans une pollution issue d’un choc circulatoire ; Claudine Dumaille dans la méditation d’un monde vidé de  l’humain habille un mur d’interrogations. Zano offre du mouvement de couleur sur l’écran noir de possibles nuits blanches, une partition à lire ou à écrire. L’oiseau de Juliette Gassie n’en finit plus d’étirer sa silhouette imposante, sa longue définition du style et de la grâce : cette artiste excelle dans les grands formats à l’instar des visages de Laurent Bouro, le peintre qui injecte de plus en plus de sang dans son minéral, transfuse la pierre pour toucher l’âme. Manchu  en live balance des rêves à nos faces, opte pour l’incarnation de mondes possibles mais difficilement imaginables où l’humain semble désuet face aux extensions de la technique… Au fond de la serre ma préférence : Lena Nikcevic pour  un paysage apaisé, un univers de méditation, un arrêt sur le temps, l’image, l’envie ; l’impression d’être arrivé au bout  du monde, au bout de la quête, au bout de la vie… Dans les jardins tant de sculptures sous la pluie battante…

Soirée La Souterraine au Temps Machine
Un ex-Holden à la guitare, une chanteuse au phrasé flottant… Midget ! ou la sensation d’une fragilité assumée tel un corps limité par divers traumatisme, une âme écorchée aux blessures à peine avouées, pour finir dans des ambiances à  la Velvet du premier album, la possible absence des substances sublimée par l’envie du Beau (le Beau Bizarre ?)…  Remi Parson pourrait se la jouer tant il dégage le pied à peine posé à la scène, mais ses historiettes d’une humanité universelle amènent à le suivre sans forcer, à tomber dans la légèreté et dans la joie, à danser avec lui sous les bombes,  à danser sans oublier la tombe. Les fins abruptes de ses chansons marquent d’une signature à l’arrache les vignettes néoeighties de ce concept faussement ludique… Seul en scène ChevalRex dépasse l’incarnation du chanteur pour s’évader dans celle de l’acteur ; ici la musique n’est qu’un prétexte à balancer du sens, du texte, de la vie, de l’audace ;  on pense bien sur au Dominique A des débuts, mais l’on pourrait dépasser le snobisme inhérent à la fonction de la chronique, à la classification qualitative, pour avancer d’autres références, de Mano solo à Higelin, de Charlelie à Iggy. Peu importe la forme nous parlons du sens et du fond ; à l’instar du belge Mochelan, on sent être en présence d’un artiste haut de gamme, d’un humain en mal d’expression et de communion, d’un type dont l’immense aura serait capable de s’imposer dans tous les styles de musiques, de la pop au jazz, de l’électro au métal, tant il reste unique et  incarne la clé de voûte de son concept.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=oJRh3qtx_EM[/youtube]

CD MOCHELAN ZOKU Image à la pluie  
Bon, j’ai mis du temps à chroniquer ce CD car mon fils Alix (membre de Padawin) est aux drums et dans certaines compositions de l’album de cet artiste belge à la fois chanteur et acteur, et de plus en plus important sur ces terres. Mais je n’arrête pas d’écouter ce disque, de plonger dans la force des textes, d’entrer en communion avec l’expression de l’artiste, à onduler tout seul dans mon salon à l’écoute de recettes imparables telle « Image à la Pluie », « La période  de la meringue », « J’veux bien »… Auréolé de divers prix, ce concept commence à envahir l’espace après avoir envahi nos têtes et nous savons déjà que nous sommes au début et non pas à la fin du truc ; nous sentons que Mochélan va devenir de plus en plus important, de plus en plus nécessaire, de plus en plus vital… Car il participe à son époque, il en est le chantre, la force, le procureur et l’avocat… et l’organisateur de la Grande Teuf. Ce disque m’alcoolise et  m’instruit, comme de lire un Bukowski un verre de bourbon à la main. Nous sommes dans des tranches de vie, dans de  la littérature balancée sur des notes, les chansons comme des mini­-nouvelles avec leurs dramaturgies et leurs chutes,  leur douce morale aussi au travers de leur révolte. La version physique de l’album bénéficie d’un packaging  particulièrement travaillé avec en bonus la captation live du spectacle « Nés Poumon Noir », le versant acteur de  l’artiste.

PLC’s Band, Angie Palmer & Motor Rise

Cette semaine, doc pilot rend hommage au batteur des Johnson Concorde et cause festoches, Rubin Steiner et Motor Rise !

Thierry, batteur de Johnson Concorde (photo Facebook Johnson Concorde)
Thierry, batteur de Johnson Concorde (photo Facebook Johnson Concorde)

Thierry le batteur de Johnson Concorde est « parti aux fleurs », et nous sommes tous très affligés par ce départ… Nous pensons bien sur à ses proches, à sa famille, à son groupe, à lui… trop jeune pour partir , vraiment trop jeune…

L’arrivée des festivals, au printemps l’été

En Touraine au Printemps l’Eté, avec l’annonce de festivals à venir, avec un premier tir groupé sur le week-end de la Pentecôte, avec le festival Wabam à Fondettes (Odran Trummel, La Mécanique des sourds…), La Poule à Facettes à Cormery avec les mythiques Graves de Grave, Sapiens Sapiens, Beaujardin… Le Florilège vocal… avant l’arrivée en juin du 30e Aucard de Tours, les Fêtes musicales en Touraine à la Grande de Meslay, et puis le Potager électronique à La Gloriette, Les Kampagnards ( la putain d’affiche !!), Avoine Zone Groove, Terres du Son, et puis Yzeures n rock, et ce nouveau festival le dernier week-end d’aout à Villaines les Rochers (Oh la Villaines, avec Kommandoh chamanik, etc.), et tant d’autres opportunités récréatives à la portée de toutes les bourses (profitez en, on ne sait pas ce que sera demain)…
En ao
ût, et ailleurs en Bretagne au milieu d’une centaine de festivals, à Paimpol, belle destination avec le Festival des Chants de Marins du 14 au 16 août avec Youssou n dour, Denez Prigent, Les Souillés de fond de Cale et une centaine d’autres formations ! Et puis les ouvertures des guinguettes de Tours et de Saint-AvDans un mois, c’est à l’air libre que la culture se vivra, les doigts de pied en éventail.

Chapeau bas pour Rubin Steiner et Madame Douze

Et oui, Fred Landier et son épouse Sandrine Douze arrêtent fin juin leurs activités au sein du Temps Machine, un projet puis une réalisation aboutis par leur investissement à plein temps depuis près de huit ans, une couleur et un style initiés par leur amour de l’art et de la musique, une empreinte lisible tant au niveau de l’architecture du lieu que du graphisme du Fascicule, devenu pour beaucoup « le gratuit » le plus lisible et le plus brillant de la région. Une sorte de Nova mag local dépassant de loin la promotion de la programmation pour devenir un outil didactique au service de toutes les générations, drôle et artistique, passionné et passionnant.

A l’instar d’une Suzie Johnson, de Béton, d’une Gisèle Vallée ou d’ Epsylon connection dans les 80’s, nous sommes en présence de gens « qui font », de gens qui créent sur du vide, désireux d’incarner leur rêves et leurs fantasmes dans le présent, de les inscrire dans du solide et du concret. Sandrine, Rubin et leur gang ont bien sur mis la barre très haut en envisageant la création d’un lieu dédié à la musique pointue zé amplifiée dans une petite ville de province finalement très classique. Souvent critiquée comme élitiste, leur direction artistique entrera bientôt dans la légende, et l’on se dira : « Tu te souviens de ce groupe dont tout le monde parle, on l’a vu démarrer au TM à l’époque de Rubin… tu te souviens de ce concert de fous, dire que cet artiste est devenu culte et on l’a vu jouer dans le Club… tu te souviens… tu te souviens… »
Oui, il va nous rester beaucoup de bons souvenirs de cette période unique, osée, décalée… à sa manière une œuvre d’art conceptuel
le dans l’interrogation portée par sa nature, son aspect, sa raison d’être.

PLC Band au Petit Faucheux

PLC pour Paul-Louis Courier, le fameux lycée qui a vu passer un paquet de musiciens en herbe depuis les seventies (François Couturier entre autres). Eh oui, le big band du lycée pour un concert sans amateurisme et sans approximation, une prestation prête à s’inscrire dans un circuit professionnel, brillante et conviviale dans le choix du répertoire, respectueuse de chacun dans la distribution des interventions des solistes, visuelle par la cohérence des look et du propos, celui d’une génération qui s’affirme dans le partage de sa passion avec le public.

Et mine de rien, on passe deux heures à les écouter sans lassitude, sans se sentir obligés de rester, en oubliant leur jeune âge, sans l’impression d’assister à un concert de fin d’année. Tout devient logique, tout est à sa place. Lou Estival au chant à la présence d’une pro ; Louis Chevé (aussi membre de Tobassi) à l’alto a le jeu fluide et inspiré d’un vieux renard… Et ce solo de trombone en quelques notes enchaînées sans accumulation mais dans une continuité d’expression suggérant le touché d’un peintre sur la toile : je ne connais pas le nom du musicien présenté comme le « Pierre Richard » de la bande, mais ce jeune mec a un truc, une puissance dans sa fragilité, une gestion intelligente de ses limites techniques pour en tirer un atout (bien sûr, je n’y connais rien, moi !!). Bravo à Laurent Desvignes et Arnaud Gravet pour la gestion et la direction de l’affaire : aux gamin, ils préparent de beaux souvenirs et aux musiciens en herbe ils proposent une belle opportunité d’action.

Angie Palmer en Arcades Institute

Concert magique, arrêt sur l’image en ce vendredi, pour deux heures d’extrême sensibilité exprimée par la voix de Angie, les solos très très inspirés de Jack Cigolini, le guitariste au service de l’artiste : un musicien en pleine progression dans la maîtrise de son art. En trio avec le compagnon de la dame à la basse, ces trois là nous entraînent aux racines de la musique anglo-saxonne, tant par le folk que par le blues, collection d’histoires bien glauques pour certaines, fort festives pour d’autres, un répertoire habilement construit pour le plaisir de l’auditeur au travers de celui généré par la fusion des artistes.
A peine quittée, Angie nous manque déjà, et l’envie nous vient de la revoir en Arcades Institute…
Dans l’édition 2016 des Arcades Hivernales, par exemple.

Motor Rise à Gentiana

Motor Rise (Photo Francis Blot)
Motor Rise (Photo Francis Blot)

Certes, ce devait être la grande fiesta de la semaine. La folle soirée de sortie du nouvel EP de Motor Rise, et puis le départ de Thierry a fortement dilué nos capacités à nous laisser aller : c’est ainsi. Malgré tout, le trio a balancé l’affaire au mieux de sa forme, pour un set alternant compos originales et reprises flamboyantes (Motörhead, Black Sabbath). Fabrice à la basse et au chant est un homme de passion investi dans sa joie, dans son rêve, dans son envie du partage d’un style avec ceux qui aiment ce style, sans compromis, sans dilution du concept pour le rendre plus séducteur, sans le rendre franchouillard et donc désuet.
Fabrice est massif comme le son balancé sur sa Ricken’, un jouet entre ses mains ; avec le batteur il bâtit une assise de béton sur laquelle le guitariste balance du feu, de la virtuosité, de la nervosité, des trucs incisifs pour nous filer des shoots d’adrénaline. Ce musicien use d’une technique inspirée, sans tomber dans le cirque exubérant et saoulant de certains sportifs de la six cordes.
Il balance du beau et du sens, des jets d’électricité aérographiés sur la toile métallique. L’influence de Motörhead est omniprésente et revendiquée, mais nous ne sommes pas dans la caricature : moi j’aime ça.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=9I6MRl2c9EQ[/youtube]

De Seth Leima, Paris Byzance & Slap à La Bestiole & l’ Orchestre Ducoin

Grooooosse chronique culture, cette semaine, signée de notre blogueur Doc Pilot. Du Point Haut à la finale des 3 O’, en passant par Amboise… En route.

Finale du Tremplin des 3 Orfèvres : Seth Leima, Paris Byzance & Slap

D’abord Paris Byzance et l’assurance d’être face à une affaire bâtie pour plaire, se faire aimer, l’ensemble du set en totale interactivité jouissive avec le public. Tant au niveau des sujets explorés que des thèmes musicaux en indicatifs d’une fiesta à venir. Le groupe a beaucoup progressé, la modification de son plan de scène n’étant pas étrangère à l’impact réactivé de cette machine emprunte de bonnes vibrations. Dans le son comme dans l’image c’est de la world music mélangée à une vision issue des seventies, une sorte de Lo Jo élevé dans la ferme du premier Gong. Le chanteur Alban Landais porte les racines du bassin méditerranéen en tous ses points cardinaux, mais transpire aussi une humanité des années 10 dont il pourrait être le Yves Simon…
Deuxième set avec Slap pour un concert sur le fil du rasoir faute à la présence d’une nouvelle section rythmique juste embauchée. Je l’ai bien aimée, cette section rythmique, cette petite bassiste et ce jeune batteur aux jeux basés sur l’énergie, une bonne base de soutien aux membres historiques, un chanteur très très très physique, un guitariste « électrique » au sens de la matière sonore balancée au public. Il y a du Red Hot en cette affaire, du Rage, mais finalement c’est dans leur avant dernier morceau que je les préfère, une boucle hypnotique et stoogienne…

Seith Leima (Photo  Carmen Morand)
Seih Leima (Photo Carmen Morand)

Pour finir la soirée, Seth Leima ou la perfection dans la forme et dans le fond, un concept à la croisée des styles, une écriture académique dans une histoire psychédélique, des enfants de Beefheart et Zappa, de Père Ubu, des virtuoses décomplexés armés pour pousser loin la construction des thèmes, l’enchaînement des ambiances, le déchaînement du geste, un peu de ce « no wave » new yorkais de la fin des seventies, entre John Zorn et James White, de la performance et de l’énergie, un groupe, un gang, un kommando à l’attaque, en mission pas possible. C’est le nouveau növo et je ne suis pas le seul à les adorrrrrrrer … Qui a gagné le tremplin ? ze zai pa, ze veut pas zavoir, ze m’en fous.

Philippe du Janerand & Fabienne Colbok en Arcades Institute

Le duo charismatique, la belle et le dandy, se balade avec les héros de la chanson française : ici, Balavoine et Starmania comme «  à la maison », discussion historique et didactique sur le fil du temps avec ce laisser-aller inhérent aux deux personnages. Nous ne sommes pas dans une conférence sur le chanteur, mais au spectacle de ce couple d’amis en un ping-pong courtois, un sketch intime en filigrane du prétexte, une scène à la cool dans un film où nous sommes autant acteurs que spectateurs car voyeurs en tant que tel.
Un instant volé, une parenthèse, un début de soirée faussement sage et studieux avant de partir vers des terres doucement interlopes. Une expression des débuts de nuits tourangelles, une alternative à l’arrêt dans le bar branché du moment et à l’ennui qui parfois s’y installe, une apéritive essentielle telle un salon littéraire en les années 10.

Inauguration de la salle Jacques Davidson à Amboise

Souvenez-vous, il fut un temps, il y avait à Tours un lieu culturel incontournable, le Carré Davidson rue Bretonneau. Un espace de création underground, un temps transporté rue George-Sand pour disparaître faute à l’impossibilité de gestion du voisinage…
Jean Marc Doron du Theâtre dans la nuit, initiateur du Carré était loin d’être à la retraite créative mais en gestation de l’ouverture d’un nouveau lieu, la salle Jacques Davidson, sur le site du parc des Mini Chateaux,.. Superbe petit théâtre dans un lieu éloigné de tout voisinage, un endroit où faire la fête et la prolonger, un endroit inauguré par Mondovox, plusieurs dames aux chants dans un répertoire mondial et humaniste (intermondialiste ?) avec, pour les accompagner, l’efficace et talentueux Didier Buisson à l’accordéon et aux percussions.
Puis La Bestiole, ce duo parisien que je n’avais pas vu à la scène depuis plusieurs années et qui a énormément progressé ( ils partaient déjà de haut : souvenez la première partie de Mlle K au Bateau Ivre) : leur nouveau répertoire est une collection de tubes rocks en puissance (vous voyez, des trucs à vous chopper d’entrée comme chez Blur, Oasis, Telephone ou T-Rex), des hymnes passés directement de la scène à vos cœurs, des trames à envahir délicieusement votre vie, à en devenir la bande-son pour un mois ou un siècle. La chanteuse est habitée, elle balance sa force et ses faiblesses intimes à la face du public et comme elle joue aussi de la batterie en chantant, elle en marque les instants forts, les blessures, les joies, servie au mieux par un guitariste bâtisseurs de climats dans le son et d’addictions dans les riffs.

Inauguration du Point Haut à Saint-Pierre avec l’excellent Orchestre Ducoin

Ici, on se trouve face à la réalisation d’un projet à long terme dont la finalisation doit beaucoup à une volonté politique d’aide au théâtre de rue au travers d’une des troupes des plus emblématiques : La Cie Off. Avec le 37e Parallèle, on semble voir se terminer les derniers travaux accompagnés par Jean Germain, ces deux réalisations marquant la fin d’une époque, d’une volonté d’accompagner l’artiste dans ses registres les plus précaires en un temps où il était encore envisageable de le faire.
C’est la Fête et pourtant nous savons tous que la Fête est finie pour beaucoup. Philippe Freslon le créateur des Off, mérite de bénéficier de ce privilège car il fut le premier, car il est parti de rien (je l’ai vu de mes yeux) car il a bouffé « de la vache enragée » avant de voir le ciel s’éclaircir… Et pour moi, ce soir même, s’il va s’élever contre mon propos, pour moi disais-je c’est le sacre d’un homme, son chef d’œuvre, le point haut de la reconnaissance de son talent et du bien-fondé de son engagement ( sans minimiser le rôle de Maud Le Floch pour la partie Polau du truc)… Autre engagement de vie au service de l’art, autre choix des chemins de traverse, avec L’Orchestre Ducoin pour célébrer la sortie d’un nouvel album. Belle initiative (enfin) d’avoir regroupé deux événements afin d’en multiplier la force. La survie de l’artistique ne se fera désormais que dans la synergie des forces, des structures, au delà des chapelles et sous un pragmatisme de bon aloi …
Ici nombre de pratiques en présence pour dépasser la normalité, la logique, l’apesanteur, donner matière aux rêves, s’émerveiller pour s’oublier. La nouvelle mouture de l’Orchestre Ducoin frôle la perfection tant au niveau du visuel et de la scénographie que de l’écriture de la musique et des textes. Nous sommes dans un concept entre Kid Creole et Zappa avec une classe franchouillarde (divin paradoxe) pouvant rappeler des aventures comme le Splendid voire Au Bonheur des Dames. Il s’y mêle du jazz faussement free à de la prog, du növo à de la bonne chanson française décalée, avec un détournement hilarant des scies classiques balancées par les orchestres de bal : ici le « embrassez vos cavalières » serait plutôt remplacé par un «  écrasez vos cavalières ». Ils sont fous, joyeux, sans barrière technique à l’expression de leurs excentricités et de leurs outrages. C’est excellent.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=dlblJssyw-0[/youtube]

Alexandra Soumm et Ariane Matiakh à l’Opéra de Tours

Belle fin d’après-midi à l’Opéra de Tours à l’écoute du concerto N 1 pour violon et orchestre de Prokofiev avec en soliste au violon la géniale Alexandra Soumm au jeu habité, énergique, passionné, en osmose au delà du temps avec le créateur de l’œuvre, l’esprit russe dans les airs, cette tristesse diffuse et cette emphase dans le mouvement, le son, le style.
Pur bonheur avec l’ OSRCT, sous la direction de Ariane Matiakh au geste chorégraphique, en l’incarnation du sens à donner à l’écriture. C’est une star, cette chef d’orchestre, fascinante à voir évoluer, captivante dans l’image donnée à la fonction : une manière comme une autre de transcender la sévérité de la mission au profit d’une communication séduisante avec le public, avec l’orchestre aussi me semble-t-il. Ce fut bon, très très bon.

Yseult en La Tour, Loizeau, Marc Ducret, Perox & Pethrol

Chaque semaine, Doc Pilot nous raconte ses sorties culture en la ville de Tours.

Pethrol
Pethrol

Longuement et sûrement le nouvel et quatrième album de Odran Trummel « in a jar » devient mon disque de  chevet ; j’attends encore pour en faire la chronique car j’en découvre de nouvelles subtilités et sensations induites à chaque écoute…

Marc Ducret au Petit Faucheux
Concept assez surréaliste avec ces Chroniques de la mer gelée de Marc Ducret, une œuvre hypnotique où des textes de Kafka et du Marteau des sorcières sont intégrés à une trame musicale progressive, une musique de chambre contemporaine mélangeant les infiltrations nerveuses de la guitare à des mantras de cordes et claviers, de vents, au  chant de Anne Magouêt, fascinant, puis aux mots au féminin ou au masculin, des mots comme des sons, des mots dont  on intègre le sujet au delà de la réflexion, au delà du sens ; des mots comme des notes, des mots en cascade, puis le son  des instruments tel une clé pour y donner du sens. Étonnant de voir comme l’on est accroché à cette prestation, à sa possible difficulté musicale transcendée par la beauté du jeu, l’équilibre de la formule, la cohérence harmonique, le  style du guitariste, si personnel, son écriture dangereuse et incisive.

Au Temps Machine Soirée Hommes Verts avec Perox et Pethrol  
Un Temps Machine aux mains des Hommes Verts (vous savez cette bande de gens efficaces qui vous offrent depuis  plusieurs années le festival gratuit Potager électronique à la Gloriette), mais un T.M assez vide ce qui pose question sur le soutien du public à ceux qui font la vie culturelle locale et leur apportent de la diversité dans l’offre… Deux  groupes pour cette soirée : Perox de Orléans d’abord, concept léché , scénographie théâtralisée en une chorégraphie à la mesure, une dramaturgie utilisant tous les codes pour capter l’auditeur et le maintenir dans l’espace. Nous sommes dans un univers électronique, pictural, littéraire dans le texte balancé en petites histoires bien réalistes voire surréalistes. Il manque à cette perfection en la forme de l’humanité dans le fond ; nous restons face au spectacle, face à un film, dans une prestation refusant l’interactivité tant elle est compacte et globale… Deuxième groupe, Pethrol de Lyon, un duo, un couple d’artistes, de l’électronique, une batterie et un chant féminin omniprésent. Oui, la chanteuse est l’élément fort de l’affaire, son identification, d’abord au visuel car elle dégage, mais aussi dans la technique d’une  voix assez unique, feulements de chatte sur un toit de glace marbrés de réelles coupures au rasoir dans le style et la  norme ; bien sûr comment ne pas penser à Kas product et à Mona Soyoc ( vus à la scène en 1983, hé hé), sans l’urgence  et l’aspect novateur des anciens, mais avec la même assurance d’avancer dans la bonne voie, d’offrir une bonne came,  de mettre en avant la force d’une chanteuse au capital de fascination indéniable. Il leur reste à devenir « culte » : le  plus dur de l’affaire sur une scène désormais blindée de monde et de talents.

Yseult en la Tour, Hotel de Ville
Olivier Faes est assez unique en son genre, un compositeur prolifique au travail dédié à l’art choral mis annuellement en pratique par Chorea, une chorale d’amateurs qu’il dirige et nourrit depuis une dizaine d’années. Voir une œuvre  d’Olivier jouée à l’Hotel de Ville est tout un symbole, un aboutissement peut être voire le début de sa reconnaissance  par sa ville, sa région. Nous avons droit ce jour à une version oratorio de l’opéra Yseult en La Tour interprétée par  Chorea et l’Orchestre universitaire sous la direction de Martial Djebre. Le sujet est étrange, Tristan &  Yseult importés à Paris lors de la construction de la Tour Eiffel, la quête d’un amour idéal qui s’élève à la manière de la Tour de fer, et toujours la présence du Mal, destructeur ; le sacrifice des amoureux tel celui de victimes expiatoires pour arroser la survie de la modernité. C’est fort, c’est beau, planant, psychédélique. Deux autres représentations du  concept auront lieu cette semaine à l’Escale à Saint Cyr et à Chambray à la salle Yves Renault.

Expo Jean Pierre Loizeau Espace Chabrier à St Pierre
20 ans de peinture en titre à ce voyage dans l’œuvre d’un artiste reconnu et aimé, un des rares à tenir face au temps,  face aux styles, à s’offrir à chaque apparition de surprendre à nouveau sans pour autant paraître en opposition avec son  œuvre. Dans cette espace et par cette chronologie tout devient évident, de cette première période déjà très technique  mais empreinte d’un psychédélisme gaulois, à la peinture du moment quasi contemplative dans l’expression des  humains mis en scène, en passant par les représentations du couple, de l’enfant, puis de la révolte avant de s’inscrire  dans l’Histoire, l’air de rien, en usant de personnages excessifs jetés en pâture à nos moqueries, notre pitié, une  comédie humaine teintée de comedia del arte, une vision de la Vie si juste et si précise, une acceptation de l’humain  dans sa fragilité, sa beauté et sa chute. Loizeau ne joue pas, et même si sa peinture amène le sourire et la joie, le drame  est omniprésent dans toutes les phases de son œuvre, à tous les âges de l’artiste. Reste cette folle Entrée à Jérusalem,  ces icônes païennes et ces deux personnages en fin d’histoire de chaussures de sport bottés, deux cartes à jouer pour un  tarot intime, deux jokers, deux jumeaux ; peut être en ce ying et yang l’aboutissement du voyage, son essence et sa raison d’être.

CD ROYAL UKULELE TOURAINE ORCHESTRA autoprod  
L’un des concepts tourangeaux des plus attachants, des plus improbables, propose ce premier album à la manière  d’une carte postale venue des rives de Loire sublimées et pourtant bien réelles dans cette douceur vocale, les cristallines  mélodies éthérées des cordes grattées à l’unisson. Bien sur nous sommes à l’écoute d’un disque d’été, à écouter un verre de rosé bien frais en main alors que le soir s’annonce, une apéritive essentielle pour borner la journée en l’attente  de la nuit. Ici, la légèreté est de mise, hors du temps, hors des modes, à l’instar de cette “ petite fille riche ” venue s’encanailler (à la Guinguette de Tours sur Loire ?) au côté de ceux qui n’ont rien mais savent rire, aimer, danser.  RUTO est la formation la plus apaisante de la scène tourangelle, produit de l’amitié et du talent, de l’exigence et de la joie, et ce disque un beau témoignage de tout ce qu’ils nous donnent à la scène : une rigueur technique indéniable pour le don d’un instant volé au temps et à l’espace.

CD GOODBYE DIANA head records
Head records est le label d’une école, celle des férus de technique et des furieux du son. A l’instar de Pneu, Goodbye  Diana repousse les limites, ose des enchaînements mélodiques anti­nature pour bâtir une musique progressive qui n’est  pas sans rappeler certaines périodes du King Crimson de Robert Fripp, les moins conviviales, les plus attachées à  l’entrelacement de mantras nullement dévouées à la méditation mais propices à l’exaltation des corps. Et si finalement  la nouvelle french touch c’était ça ; bon, je vous l’accorde elle n’aura pas la portée de la précédente car elle n’est pas construite pour finir en musique au kilo ; elle est passionnée et passionnante et elle demande à l’auditeur de s’investir,  de se poser pour en goûter toute la force, toute la diablerie : c’est une musique à mimer tant on souhaiterait la jouer,  une musique à finir en air guitar dans le salon, les yeux fermés, l’intellect disjoncté. Une musique pour le cerveau  reptilien, une musique animale.

DBFC, Tahiti 80, Farlight et des CD’s (bien vivants)

AAAAAH il est partout ce Doc Pilot. Cette semaine, des concerts au programme et même des chroniques de disques. PARTOUT.

Au Temps Machine DBFC, Tahiti 80 & Rich Aucoin

DBFC (Photo doc pilot)
DBFC (Photo doc pilot)

Vendredi, nous n’étions pas sur les terres de Cheyenne Prod​ pour Shakaponk, mais au Temps Machine​ pour une soirée sucre et miel, avec des bonbons canadiens à l’acide d’érable figés sur la glace brûlante d’une bamboule quadrado (oui, ça veut rien dire, et alors !?)…
Avec Tahiti 80 (une vieille machine installée dans le temps avec la bonne recette qui fait onduler du corps et toucher l’autre, un sourire béat aux lèvres de sucre glace marbrées collé dans son cou), nous ne sommes pas dans la surprise mais dans l’évidence : celle de passer un moment loin de la réalité, de retrouver une insouciance néosixtique, une manière de construire « des tubes », des hymnes, des mélodies mille fois entendues depuis Beatles et Everly Brothers mais resservies avec du style, de la joie, au travers d’une culture club, une sorte de disco west coast. Point faible, les nouveaux titres n’ont vraiment pas l’impact des anciens… En cette soirée, ma préférence va à DBFC, dans la ligne de ce que Rubin Steiner​ faisait il y a une quinzaine d’années, en cette manière très canaille de mélanger la culture techno à des instrumentations traditionnelles jouées par de vrais instruments, et bien, très bien même. On sent le bon mélange des styles et des artistes, une écriture faite pour séduire sans trop d’effort, l’usage d’évidences imparables, l’assemblage de recettes issues de la fin des seventies relookées façon eighties avec cette envie de donner du plaisir si présente dans les nineties doublées de celle emblématique des années 2000 : péter le score !! Je suis impatient de les revoir à la scène…

Le canadien Rich Aucoin est drôle et tonique et son concept « populaire », pour autant son besoin vital de séduire à tous prix n’a pas mis longtemps à me lasser… au bout de trois tirs de canon à confettis, j’attendais les bulles, la mousse et la chenille, voire un tirage de loto pour la caisse des vieux musiciens technos handicapés. On ne peut nier la formidable énergie de l’artiste, son amour du contact, l’efficacité du film en fond de scène, mais passé l’effet de surprise, il faut tenir à subir la même recette multipliée à l’infini…. alcoolisés, ce doit être sympa comme toutes les pitreries sur lesquelles on peut danser les nuits de fiesta.

Farlight Au Miam’s

Le Miam’s est un restaurant à Tours Nord, à l’Horloge près du Leader Price au bout du boulevard Maréchal-Juin… Dit comme ça, on ne peut guère y trouver de quoi rêver, d’inciter en nous l’appel de la fête et du glam. Et pourtant, la nuit tombée, il s’en passe des choses au Miam’s : des bœufs, des concerts à l’arrache, de sacrées soirées pleines de convivialité et de son.

Farlight (Photo Rémi Angeli)
Farlight (Photo Rémi Angeli)

Ce samedi, concert de Farlight, groupe de style seventies très brillant par la conjonction d’identités exceptionnelles : Aymeric Simon, un guitariste virtuose dans la ligne Hendrix/ Stevie Ray Vaughan, inventif, artiste en sa conception des parties solos, efficace dans sa mise en marche de rythmiques au cordeau, heureux de balancer du bonheur, partageur. Aurore Haudebault au chant, dans un style à la Janis Joplin sans tomber dans la caricature, bourrée d’envie et de talent, d’urgence, celle d’exprimer l’émotion omniprésente dans sa pratique, particulièrement fascinante dans les tempos lents.
Bien sûr, ce groupe est un couple, un duo ouvert aux comparses, en cette affaire Guillaume Commençais à la basse ( l’incroyable Guiz à l’aise dans tous les styles, tous les climats), un batteur, un clavier et sur certains titres la subtile Marine Fléche aux drums, une artiste multicarte qui n’en finit plus de nous surprendre par sa capacité en l’écoute et sa mission à magnifier les concepts en son accompagnement. Farlight est désormais incontournable sur la scène régionale et peut être le meilleur groupe dans sa niche, celle de la virtuosité et de l’esprit, de l’âme en la facilité d’exécution, de la joie.

CD BEAUJARDIN Beaujardin autoprod

Le premier album de Beaujardin est produit par Thomas de Fraguier et cela s’entend car un peu à la manière d’un Dominique Ledudal, il apporte cette cohésion du concept et du style qui fait tant défaut à la plupart des albums à petits budgets. Ici, nulle trahison du travail du groupe à la scène, mais une sublimation dans la fixation en l’instant.
On retrouve la force et l’envie de faire du beau et du péchu, de l’écoutable aussi par un public élargi aux différentes strates de ceux qui apprécient la bonne musique. Le lyrisme omniprésent reste la clé de voûte de l’affaire, cette impression d’avant un temps inédit, un événement (on pense bien sûr aux diverses incarnations transitoires de Bowie, celles de Berlin puis celle de la fin des nineties mais aussi aux gâteries ultra léchées des 80’s type Prefab Sprout). Jerome Deia est habité sans forcer, Chris Deia, son frère siamois, installe la scénographie, bâtit les murs délimitant l’aire d’un jeu coupable et subtil ou les quatre boys se passent la balle et nous bluffent. Du bel ouvrage, du travail d’orfèvre.

CD LILO’RIVER Lilac time autoprod

Le style est la clé dans toutes les pratiques. Sans lui, toutes les créations ne sont que de l’artisanat plus ou moins bien goupillé. Lilo’River a du style, un style : le duo a de la classe, une aristocratique perfection du geste dans sa manière de réinventer des classiques. Sa manière d’enchaîner les covers, le choix pas banal de celles-ci, la mise en danger de s’attaquer à du lourd, du culte, installent le duo dans un espace élevé et surtout dans le Beau. Le Beau leur semble obligatoire, une évidence, un espace de volupté saupoudré de technique, celle évidente du pianiste Jean Marc Herbreteau, celle surprenante de Dahlie la chanteuse, l’âme.
Les relectures de Lana Del Ray et Jeff Buckley sont étonnantes, en phase avec les originaux mais totalement éloignées du syndrome du “perroquet” si exploité dans The Voice. Ici, la voix s’appartient et l’on espère ne jamais la voir se formater, ne jamais s’ennuyer, car bien sur la passion est la clé de vôute, l’originalité dans le grain la lymphe de raison de ce concept. Je suis impatient de les voir à la scène, avec la peur que ce disque soit un instant béni impossible à reproduire.

Les Caprices de Marianne, Strktur, Reset VJ & Mysterious Asthmatic Avenger

Comme chaque semaine Doc Pilot nous parle de ses coups de cœur, de gueule. Il est passionné et chronique tout.

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Mysterious Asthmatic Avenger (Francis Blot)

Les Caprices de Marianne au Théâtre Olympia
Ecrit à 22 ans par le jeune Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne est l’expression singulière de la jeunesse de son époque face au pouvoir de l’argent et de la préséance de l’âge établi sur la pauvre fougue romantique de l’amour sublimé. Malgré tout, on peut se demander si le prénom de l’héroïne n’est pas une métaphore à lire au second degré,  l’allégorie de la révolte d’une jeunesse désillusionnée (1833) face à la France et à sa République malmenées par le  règne de Louis­ Philippe. Celle aussi de la gestion léonine des sentiments par la génération d’avant et la force de ses biens et de ses pouvoirs (Marie Anne fut longtemps le nom clandestin pour désigner la République étouffée par la  Monarchie de Juillet). Ainsi cette pièce me semble un cri de révolte contre l’ordre établi, une invitation à prendre en  mains ses envies et ses choix, quitte à user de violence pour arriver à ses fins, à profiter de l’instant et des opportunités  pour les assouvir, face à la génération dominante prête à tout pour conserver ses privilèges mal acquis.
Il s’y trouve un  feeling amoral et cynique qui n’est pas sans rappeler l’audacieuse remise en question du mouvement punk, le no future, mais aussi une tendancieuse misogynie qui laisserait à penser la jeune femme capricieuse, versatile et insensible (la France ?). Musset, issu d’un milieu favorisé mais « curieux » des milieux interlopes, fut peut-être un anarchiste mondain et malin glissé dans son époque. Ma lecture est totalement subjective et hors des analyses académiques, seule  l’impression ressentie au spectacle de cette performance, incarnation d’un texte échevelé offrant dans ses respirations  toutes les possibilités à l’analyse ; la mise en scène de Frédéric Bélier-­Garcia souligne le propos dans un parti­-pris d’instabilité physique, d’offre à la chute, de barrage à l’évidence et au rectiligne, là encore une métaphore de ce qu’est  la vie : tout sauf un long fleuve tranquille. Elle est aussi l’expression de la fin d’un monde, d’une impasse, d’une erreur  de casting du destin face aux identités en présence : en cet aspect elle reste d’une troublante actualité.

Strktur & Reset VJ au Temps Machine  
Organisée par l’ IAE de Tours, La Raffinerie Musicale propose la découverte et l’écoute de jeunes artistes technos  locaux. Audience assez limitée (étonnant, je m’attendais à la foule) pour une musique qui finalement appartient  désormais à l’Histoire à la manière du blues ou du rock n roll. Il est d’ailleurs difficile de qualifier la techno de  générationnelle tant elle est désormais intégrée et digérée par l’écoute universelle, du nouveau ­né à pépé. Hasard total,  j’ai réécouté il y a deux jours cette compil de la fin des 80’s, « techno ! the new dance sound of Detroit », très datée,  nostalgique… 26 ans après entendre Strktur pousse à la danse, à la joie, à l’ambiance, le nerf de la guerre du sujet.  Dans un univers coloré en kaléidoscope psychédélique sur des structures physiques ( l’œuvre d’art de Reset VJ) Strktur  balance une œuvre globale au scénario progressif, à la construction intelligente propre à éviter l’ennui et la redite,  cohérente en sa manière d’enchaîner les climats, les stimuli auditifs habiles pour maintenir l’attention, générer la  surprise, pour aboutir à un thème final addictif, en épilogue de cette matière à capter du temps loin du quotidien… A sa suite, la science technique d’Amorem ne suffit plus à me maintenir à l’écoute, la complicité des deux comparses à justifier un nouvel arrêt du temps. Oui, c’est clair, au bout d’une heure je suis gavé du style, ça me fait le même effet à  l’écoute du rock n roll classique et des valses musettes, du jazz manouche aussi : je dois être un gars tristoune pas doué  pour le festif. Mais Chapeau bas à Reset VJ… retrouvé dans le weekend en Arcades Institute avec une installation  fascinante.

Mysterious Asthmatic Avenger en concert chez Les Colettes
Grande fiesta à Paul Bert, retour vers les terres d’Alan Jack pour une réelle convivialité universelle, une version  théâtrale d’un country rock décalé, un néo rockabilly bâtard mais terriblement identifié, en partie par l’option  revendiquée d’orchestrations minimales privilégiant l’essentiel et balancé par une bande de potes réunis pour le  meilleur et pour la joie. MAA est un groupe de bar, un groupe de terrain, un équilibre parfait entre un leader identifié entouré d’éléments nécessaires pour balancer sa came et un public sans manière et roi dans son bar, venu pour passer  du bon temps. MAA est généreux, MAA est nécessaire, rassurant, porté par une mission, celle de nous amener à taper  la semelle en rythme, à faire les animaux de ferme, à gueuler Madeleine ou Las Vegas, à descendre des bières et à finir  suants, avec la banane, en oubliant le temps, la vie, par la redécouverte d’un temps (avec une heure en moins) et de la  vraie Vie. Les anciens des 80’s pensent aux Nonne Troppo, aux Endimanchés, les autres à … MAA , car finalement en  leur époque ils ont réussi à devenir uniques les MAA, ils ont trouvé la bonne recette. Bravo.

CD’s : de Vadim Vernay à Pearlie Spencer  
Étonnantes années 10 en cette impression d’un temps fixé dans le XXe ( déjà si loin), de la nostalgie sélective d’une époque peu vécue par les acteurs en l’instant. Ainsi ces deux disques reçus la même semaine l’un piochant dans les nineties et l’autre dans les sixties, deux images d’Epinal pour une relecture sublimée d’un exotisme dispatché dans le  temps, les joies, les modes… D’abord Vadim Vernay et son it will be dark when we get here au superbe graphisme, un  artiste à l’univers électro poétique, à l’influence assumée de Sparklehorse ( mais là franchement je ne vois guère le  rapport dans le fond si l’on peut en croiser dans la forme), un spleen du milieu des nineteens à la Portishead voire  Bjork dans le mélange des trames électro­sensibles à une réelle émotion dans l’expression et les mots : un style, un  hameçon pour ramener dans l’audience les acteurs de cette avant­guerre, les nostalgiques des « années folles », pas très  éloigné finalement du Bashung de Novice … Puis Pearlie Spencer et son Memory Street, plongée totale dans la fin des  sixties londoniennes, avec l’ombre des Kinks et la marque de Georges Martin en commandeurs esthétiques de cette  exercice de style. La présence de Fabien Tessier en ingé son a du beaucoup aider à la réalisation du concept sans  double­lecture et jamais dans la caricature AustinPowerienne, d’une époque vendue pour idyllique avec un peut trop  d’emphase et de naïveté. Elie Gaulin le leader de l’affaire, avance dans cette niche déjà bien exploitée par Bikini  Machine et Burgalat mais s’en trop s’aventurer à la distordre pour l’entraîner loin de la norme. Reste 5 titres agréables  à l’écoute et à la réécoute, un power­trio que l’on aimerait voir à la scène, sûr de passer un bon moment dans des  mélodies aimées, la bande­son d’une boum yéyé toute de sucre et miel.

CD WHITE CROCODILE The Stranger
Un peu béni des dieux et pour notre plus grand plaisir White Crocodile a réussi à donner une lecture rock inédite à son  concept artistique, ce qui devient de plus en plus rare dans un monde de la musique ou la relecture devient la norme et  le sampling d’idées la seule alternative pour s’affirmer « créatif ». Ici l’on suppose les quatre acteurs de ce projet  d’assez fortes personnalités pour avoir pu et su transcender les influences, et tout en restant dans un format pop  attractif et séduisant, pousser « le truc » pour passer au dessus de la masse. Julie Biereye la chanteuse, est anglaise (  mais comme moi vous savez que cela n’implique plus d’être meilleur que les continentaux), et pourtant les références  évidentes de son chant sont américaines, de Grace Slick ( Jefferson Airplane) à Blondie..Quand elle chante en français  des petites historiettes psychédéliques, c’est craquant ; derrière elle, « la machine de guerre » est au service dans la  lignée des Ruts, Cars, Pretenders, Oingo Boingo… et de nos tourangeaux Fucking Butterfly !!.. Le concept est global  avec un large investissement dans le visuel, le bel outrage, un cabaret punk berlinois plus proche des murs de béton  graphés que des murs de velours rouge tapissés ; une urbanité réaliste avec les pieds à l’Ouest et la tête à l’Est, une  démarche underground et créative telle l’antithèse de la Nina Hagen de la fin des seventies, une option européenne, la  proposition d’une bande­son pour faire danser de Brest à Vladivostok.

 

A retenir : Super Flux et Kosmik Vortex

Chaque semaine, notre Doc Pilot national nous ramène ses trouvailles sous forme de chroniques.

Rien virgule ( Photo de Remi Angeli)
Rien virgule ( Photo de Remi Angeli)

Claudine Dumaille, Galerie Chabrier, St Pierre des corps
Enfin l’Artiste dans des volumes d’exposition à la mesure de son œuvre, une rétrospective en un voyage dans le temps, une narration de l’instant pour mieux comprendre l’avant et remonter à la source de l’inspiration. Et d’entrée, la découverte de ces noir et or, un peu de ce qui resterait si finalement la forme n’existait plus, si l’essence de l’œuvre d’une vie se réduisait au Grand Œuvre alchimique, dans le charbon la création du métal inaltérable, une réussite après avoir médité dans la trinité du Jardin d’hiver, et celle moins méditative de is it the cause. Pourtant l’humain reste omniprésent dans ses libres danseurs et ses lectures du soir, la filiation, l’implacable cercle fou dans la renaissance des gênes et leur souffle vivant. On finit dans le commencement à la manière d’une pointe du diamant fichée au sol de la vie, d’une réalisation en négatif pour comprendre que ce qui est en haut est en bas. Et je retrouve la quadrature fatale dans ce mur avec couples où le minéral se dissout dans l’humain, où l’humain devient la pierre sur laquelle s’élève une église païenne, un culte au psychédélisme. Depuis 1995 j’adore me perdre dans les rêves de cette artiste.

Festival Super Flux au Temps Machine
Un Festival réussi et raisonnable oblige à la frustration, celle de ne pouvoir tout voir et d’ainsi garder l’envie et le regret pour moteur d’une future édition. Cette année, le quotidien m’aura fait rater Richard Pinhas dont j’écoutais tant les disques dans la deuxième moitié des seventies… Au Temps Machine on repousse les portes de la perception et l’on transcende l’usage des psychotiques par l’image et le son. D’abord accueilli par le charme d’un club où Charlie O balance de l’ambient avec son orgue Hammond sous Leslie ; il est à sa manière le lien entre différentes époques, un feeling à la Booker T, à la Rhoda Scott, à la Timmy Thomas, dans un Hotel Costes nettoyé de toutes les sucreries insipides qui pourrait rendre le concept imbuvable. A la sortie, un artiste que l’on adore, un mec avec lequel on voudrait être pote pour une heure, un soir, dans un lieu à l’entrée interdite où il serait encore possible de fumer, de boire et de faire l’amour dans un coin sombre avec l’inconnue solitaire échouée sur cette île hors du temps et des modes… Je me suis ennuyé lors de la prestation de Au Nord/ Journées Blanches, avant de retrouver la came pour laquelle je suis venu ce soir, Sleaze Art, un quatuor de basses trafiquées pour bâtir un voyage dans le drame de terres où nous avons la chance de ne pas vivre ( perception subjective) : d’abord l’attente, la sensation des destructeurs qui approchent, puis le combat pour survivre, les murs qui s’effondrent, le sang, la résistance, l’équivalence des forces en présence ; elle oblige à utiliser l’atome et le concert se finit dans une dizaine de minutes de radiations auditives propres à effondrer toutes les murailles de Jericho. C’est de l’Art et c’est une Porte… Grande claque aussi avec Rien Virgule de Bordeaux pour une pièce unique et haut de gamme, une écriture dans le son et l’usage de l’outil, la sculpture de la vibration, la charge du bruit, une expérience inédite pour une aventure en clair obscur et sans temps mort. L’émotion omniprésente se glisse dans l’architecture du son, l’utilisation déviée des instruments pour en tirer des sensations inédites ; il est impossible de sortir intact de l’écoute de cette pièce. Nous sommes dans de la musique contemporaine et de l’humain, de la Vie…

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=U9EJbgLLbiw[/youtube]

Festival Super Flux au Petit Faucheux
Charlie O dans l’entrée du Petit Faucheux, fil rouge apaisant, constante pour retrouver la terre après des voyages dans l’inédit musical… Joelle Léandre & Serge Teyssot­-Gay, a priori le mariage de la carpe et du lapin entre l’ex-guitariste de Noir Désir et la mère légendaire de la musique improvisée, pour aboutir à un set furieux, intense, parfait dans la fusion des artistes, et cette fougue de paroles et de sons de la reine Joelle, la glissade des sons de Serge ; ceci peut paraître étrange mais j’ai pensé à Iggy et aux Stooges !! The Sommes Ensemble, quartet nerveux, incisif, captivant dans sa capacité à disloquer le son comme un stroboscope découpe l’image, pour peindre une musique contemporaine dans une pièce, un voyage, un ascenseur vers l’étrange, la curiosité vibratoire, un rêve. Julien Desprez est un guitariste fascinant : il repousse les limites de la technique et la fonction du jeu ; il participe à l’aventure Earthly Bird ( voir chronique du cd en fin de blog)… Au final une légende vivante, Eugene Chadbourne, prince de l’underground, complice de tant d’aventures de Carla Bley à Jello Biafra en passant par Jimmy Carl Black des Mothers (peut être le pendant américain à un Robert Wyatt), accompagné aux drums par Schroeder pour une extension de la tradition vers un autre espace, une démarche à la Captain Beefheart, du banjo et de la joie balancés en un slam surréaliste, un blues à la tristesse sublimé dans l’envie d’exposer « la différence », de l’offrir à l’auditeur sans jamais l’imposer ; en cette différence cet artiste est utile au devenir de la culture : il offre une option sauvage.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=0hFAsyQ6H9c[/youtube]

 

Kosmik Vortex en Arcades Institute
Dernière étape des Arcades Hivernales en Arcades Institute avec l’une des aventures les plus folles bâties sur les terres tourangelles, Kosmik Vortex ou l’assemblage du chant lyrique et de guitares métals sous charge omniprésente d’une section rythmique en chenilles de Panzer. Beauté de la force, beauté de l’audace, fascination du style et maintien de l’auditeur dans un état proche de l’hypnose ; il y a du Magma dans cette dramaturgie, du Motorhead, de l’Hawkwind, de la Callas électrique propre à repousser les limites de tous les styles pour s’imaginer d’autres espaces. Visuel, sonore, inventif et démonstratif, ce concert est un numéro d’excellence, une belle claque et une remise à l’heure de pas mal de pendules pour un premier concert aussi brillant qu’une sortie de tournée. Face à ce style de concept on se demande pourquoi l’on s’obligerait à l’écoute de groupes en demi­-teinte, pourquoi l’on ne remettrait pas les pendules à l’heure histoire d’opter pour le meilleur tout simplement. Kosmik Vortex est unique et sans faille, n’en déplaise aux radoteurs et aux blasés.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=856Ttcib6vo[/youtube]

 

Le CD de EARTHLY BIRD sur quark records/ L’autre distribution
Indéfinissable et sans étiquette possible cette oeuvre d’artistes peut s’afficher pour “du beau et du bon”, la rencontre de quatre expressions affirmées dans leurs pratiques, la collusion voire la connivence canaille de quatre possibilités « d’une île » où enfin pouvoir se reposer de toute la médiocrité ambiante, un rade de furie joyeuse et décalquée pour tenir enfin une bonne médecine pour « s’envoyer en l’air » dans le cri, le son, le souffle et le verbe. Hommage aux mots et à l’expression vocale cette cuisine assemble de la technique à de l’émotion, transcende les slameries faciles balancées sans portée vers le haut, et donne à lire une chanson de gestes contemporaine, l’expression de troubadours du nouveau siècle au mariage du jazz dans le choix des instruments à une sortes de rock alternatif bruitiste. On y retrouve des acteurs majeurs, l’excellent Edward Perraud aux percussions, l’inventif Julien Desprez à la guitare revendiquée « électrique » ( vous allez comprendre), Sebastien Coste au saxo ( et à la forte écriture), tout cela pour bâtir le canapé sonore où Benat Achiary délire de sa voix et de ses mots. Ce disque est important, d’une intensité globale, à la scène se devrait être génial, mais cela s’écoute aussi « à la maison » ( ce qui est de plus en plus rare), et il dépasse de loin le domaine des initiés du jazz, propre à sa manière à embarquer le public avide de rock intense et de chanson musclée.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=CCsGr-f3n-k[/youtube]

RIP Daevid Allen… Il nous reste Jeff Ballard, Grisbi et Johnson Concorde

Notre chroniqueur blogueur Doc Pilot rend hommage à Daevid Allen… Mais n’en oublie pas de se nettoyer les oreilles, à coup de concerts bien sympas.

À 77 ans Daevid Allen, le fondateur des groupes Gong & Soft Machine, repart vers les étoiles… Un piano sous la lune, souvenir d’un album géant sorti en 1971, Camembert électrique …. et là-haut dans l’immensité éthérée, le pool vibratoire, pas mal de mecs dans la flying teapot : Pip Pyle, Alan Jack, Michael Karoli, et maintenant Daevid…. et bien sûr beaucoup de nous… 

On s’est quand même bien marré grâce à des mecs comme Daevid qui ne passaient pas à la radio , et tant mieux… Cette musique a bien hérissé mes parents, et tant mieux… Nos profs de musique détestaient cette musique, et tant mieux… Les culs-bénis détestaient cette musique et toutes les religions la détesteraient encore, et tant mieux… mais les concerts de Gong étaient toujours pleins… C’est un peu de cette étrange lumière des seventies qui s’efface avec le départ de l’artiste, de cette lumière qui nous fait tant défaut alors que l’ombre s’installe, liée à sa philosophie malsaine, l’obscurantisme..

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ycBYm_1MUo8[/youtube]

Johnson Concorde au Temps Machine

Opéra rock au Temps Machine, tir de barrage étoilé dans le temple local de l’électricité pour le fantasme glamour d’un rock tubesque, mélange de Kiss et de Gary Glitter, aussi potache qu’un Slade, aussi technique qu’un Sparks, l’accord dans la forme entre la comedia del arte et la déclinaison décadente du rock n roll, tel que la firent et la débutèrent des Little Richard ou des Sweet, le tout glissé dans l’emballage de cuir noir d’un couple de Suzi Quatro dans la caricature. La bande-son d’un film italien sur le rock londonien du début des seventies, une pop spaghetti sexy, drôle, bâtie avec intelligence.

Derrière les acteurs du « drame », de l’image en appui, un rocky turone show initié au nord de Tours. Un bémol dans cette soirée pour les habitués du lieu : un fouillis dans la définition du son et un volume assez sage face aux concerts que nous venons régulièrement y voir.

Jeff Ballard au Petit Faucheux

Batteur légendaire ayant joué avec Chick Corea, Brad Mehldau, Pat Metheny, Jeff amène un quartet sans leadership évident, sans starisation optimale. Mélange équitable entre les artistes pour donner une musique aux racines évidentes, mais au rendu assez flottant pour un répertoire divers et inégal, avec des instants de grâce, des illuminations, des malaises aussi voire un peu d’ennui sur des climats trop étirés pour ne pas générer l’attente.

Lionel Loueke (Photo Doc Pilot)
Lionel Loueke (Photo Doc Pilot)

Pourtant, la recette semble porteuse dans le mélange de l’électronique (le point faible à mon oreille) aux instruments traditionnels, de la voix à la musique, de mélodies simples à des structures rythmiques proches de la musique contemporaine. Malgré toute la brillance des instrumentistes, je reste sur ma faim, pure attitude subjective, car le public adore. Reste le guitariste magique Lionel Loueke, un personnage et une histoire, un destin : chapeau bas. Reste aussi l’homme des claviers Kevin Hays, à la carrière historique : là, devant nous, pour nous, chez nous. Trop classe, Le Petit Faucheux, trop classe.

Moonjellies & Grisbi en Arcades Institute

Avant-dernière étape des Arcades Hivernales, de sucre et de miel avec deux formations maîtresses en l’art de bâtir des mélodies imparables, des harmonies de voix propres à vous faire planer, à vous propulser direct dans les hauteurs… The Moonjellies d’abord, dans la tradition des Byrds, de Crosby, Stills, Nash & Young, et cette impression de retrouver direct l’esprit et le son de la fin des sixties en Californie, avec une lente glissade vers le psychédélisme sur les deux derniers morceaux du set. Un feeling à la Jefferson Airplane, à la Grateful Dead… Avec un morceau de Neil Young en rappel, histoire de bien marquer le style, les racines…

On pense à Jonathan Wilson ; ils sont dans la même ligne. Grisbi, en deuxième partie, deux desserts pour cette fin d’après-midi, après deux ans d’absence le retour à la formule en quartet, la perfection dans l’exécution, toute en nuances, en écoute, le charme dans la voix de Natacha, l’impression encore une fois de s’élever à leur suite, d’être embarqué dans la lumière, avec en rappel une relecture incroyable d’un titre de Young Marble Giants. Ces deux formations sont des formations-sœurs, avec en commun la recherche du beau et du bonheur induit. Chapeau bas au sonorisateur, atout incontournable pour l’expression des artistes.

Vendredi de Pleine Lune au Temps Machine… et Superflux de sons

Doc Pilot a fait le plein de culture pour cette rentrée des classes. Dans son cartable : un paquet de concerts et d’expos !

√ Carte blanche à Pepiang Toufdy en Arcades Institute

Fin d’après-midi de musique et d’images pour cette étape des Arcades Hivernales si particulière et si représentative des talents multiples de l’artiste invité. Pour la partie musicale, Pepiang s’est entouré de Jungle Book et de sa percussionniste, mais aussi du guitariste et du bassiste de Fucking Butterfly, pour balancer une fusion world totalement dédiée au partage et à l’évasion, la musique d’un film où l’on pousserait les espaces vers des horizons inédits et impalpables…
Pour les images ensuite, projection de film  Fatou, sorti en DVD, un long-métrage pour une réalisation et une direction d’acteur optimales, au service d’un thème difficile, celui de l’esclavage moderne initié à l’intérieur même des familles : terrible exploitation de l’homme par l’homme, triste constat d’une misère sociale et existentielle, installée dans l’ombre et le non-dit. Belle happy end, où l’amour roi saura délivrer l’héroïne et à sa vie donner du sens. Pepiang Toufdy est un artiste incontournable et nécessaire, aussi important en son époque qu’un Malraux ou un Kessel. Il est en phase avec son époque, il la porte et l’image, il est un veilleur et un esthète : chapeau bas.

√ Soirée Dirty Guy rocks au Temps Machine : Swingin’ Utters, ToyGuitar, Saints & Sinners
Pleine lune, nuit froide, contrôle de police au rond-point, en route vers la chaleur de l’enfer du rock. Le club du Temps Machine bondé par de vieux et de jeunes petits agités venus pour vivre un vendredi électrique ouvert avec joie, passion et énergie communicative par les locaux Saints & Sinners, du punk folk à la Pogues mâtiné de culture alternative, des racines de bar à bière irlandais diluées dans les fonds de cale de Paimpol…

ToyGuitar (Photo Doc pilot)
ToyGuitar (Photo Doc pilot)

Puis les Californiens et la furie en scène et en salle, ToyGuitar ou le punk rock au service d’hymnes séducteurs à mort balancés par des tatoués suants et surexcités, du cent à l’heure direct au plancher. Sans temps mort. L’attrait visuel d’une sorte de Cochise psychédélique au chant et à la Strat, d’une jolie blonde à la batterie, métronome de charme ultra rapide…

On retrouve deux des musiciens dans la tête d’affiche de la soirée, Swingin’Utters, une histoire née au milieu des 80’s et toujours aussi fascinante, péchue, balancée avec une technique haut de gamme et avec chez le chanteur une folie identifiée, à faire peur, à rendre heureux, à enfin se sentir revivre loin des daubes variétoches que l’on nous refile pour du rock. Bien sûr, ceux qui restent cultés devant leurs écrans, ne peuvent imaginer que cela puisse encore exister de s’en foutre plein la tronche d’électricité dans des glissades de bière aspergé… Demandez à Carmen, la photographe maison baptisée à la mousse…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=axBoXu_BuyY[/youtube]

√ Emel Mathlouti , Bruissement d’Elles
Une artiste à la dimension internationale pour ouvrir le festival Bruissement d’Elles. Mais aussi une artiste engagée pour la cause des femmes et de la liberté et ainsi raccord avec la programmation de Alain Werner au Centre Culturel de St Pierre. Voix exceptionnelle, musique inspirée mélangeant tradition et modernité, un peu comme si Natacha Atlas se mélangeait à Björk pour défendre des idées, une mission, une identité. La dame et ses trois musiciens tournent dans le monde entier ; la chanteuse tunisienne a le vent en poupe.
Reste pour moi un bémol, sa gestuelle un peu forcée, un peu artificielle, laborieuse, à l’opposé par exemple de celles des dames de Lo Jo … Un des musiciens nous annonce avant le rappel que la chanteuse est malade (grippe ?) et donc très courageuse. L’aspect de mise en scène écrite vient peut-être de ça. Il m’en reste un agréable moment de flottement dans les airs sur des musiques d’électro orientale (ça ne veut rien dire et s’applique à tout)… apaisante, planante, cette musique… fascinante, cette voix.

Fraizeuhmagik expose « Mémoire cutanée » au Centre Culturel de St-Pierre-des-Corps
… De belles photos en deux images d’un même humain, l’une au quotidien, habillée, l’autre dénudée pour dévoiler des tatouages. Chaque duo d’images légendé par le propos du modèle sur la présence graphique sur la peau fixée.
D’abord, et c’est important, c’est du bel ouvrage, c’est un concept et du travail pour un casting multipliant les morphologies, privilégiant le naturel, la nature, l’évidence de l’imperfection physique omniprésente et universelle, véritable grain à l’humanité, à l’humain. Puis le tatouage en identification d’un parcours, d’une idée, d’un besoin, d’un souvenir, et ainsi la possibilité de transcender le capital génétique pour se refaire, s’engendrer et dans cette collection «  s’exposer ».
Rien de vulgaire, dans la peau, le nu ; beaucoup de « beauté » à l’état brut !!

√ Super flux en La Chapelle Sainte Anne
Dans le cadre du Festival Superflux, réunion de « Regards Sonores », de l’art contemporain à voir et à entendre, des espaces d’intimité esthétique, de surprenantes rencontres entre la technologie et le rêve, l’audace. Il me reste le Jardin d’ Eden de Pascal Le Gall, le culte d’un espace d’incertitude spirituelle balancé dans le son alternatif d’un dieu païen… Il me reste la robotique esthétique de Erwin Pilot, le leader de Padawin, une installation posée dans les airs et le clair-obscur des hauteurs de la Chapelle, de l’ingénierie et de la robotique en matière première à l’artistique… Me reste le bleu de Soizic Lebrat, l’accord entre l’image inspiratrice de l’impro, et l’impro filmée de la violoncelliste, image instantanée devenue matière première à la construction d’une œuvre globale et fascinante…
Me reste la vision audacieuse de Pascal Guion, provocatrice dans son expression de la punition par le culte ; à générer l’envie de se damner pour en savoir plus… Me reste ma rencontre avec Hugues Vincent, un artiste que j’aime tant, un maître, un esthète sublimant toujours la technique pour coudoyer le génie… Une expo à voir et revoir.

√ Univers de Femmes à La Boîte Noire
Deux univers, deux matières, deux possibilités, deux îles… De rouge et d’acier pour Charly, une expression qui m’évoque douleur et combat, force et détermination, répétition implacable d’un motif accusateur (bien sûr, tout cela est purement subjectif ; chacun y trouvera son compte et son axe)…
Caroline Bartal me séduit en l’instant avec ces « peintures » psychédéliques dans le format du 33t, comme un clin d’œil au fantasmes des douces années californiennes, des images d’un paradis perdu où l’amour est roi, ou le rêve est la seule raison d’exister, dans un monde androgyne, où les différences sont gommées sous la sensuelle caresse du mélange, de l’humain au végétal, de l’animal au minéral..
Face à ses œuvres j’entends de la musique, celle de l’Airplane, celle de Hendrix, de Tangerine Dream, de Joni Mitchell et je sens que je pourrais passer des heures à leur contemplation, y revenir régulièrement pour toujours y découvrir de nouveaux horizons, oser tomber tel Alice dans cet univers ouvert et sans fond, parsemé de possibles et d’impossibles…

√ Tobassi & Midjo en Arcades Institute
En Arcades Institute, étape de roi pour les Hivernales pour une rencontre avec la génération montante, tellement brillante, tellement joyeuse et décomplexée… Une bande de mecs bâtis pour balancer de la joie en la technique, du bonheur dans l’harmonie, du talent.

D’abord Midjo, un concept empreint d’influences diverses avec des racines évidentes dans la musique noire américaine de la fin des sixties, un parfum californien de l’ Airplane à Electric Flag, une voix blanche colorée de noir à la manière d’un Jamiroquai, d’un Tower of Power, une grande fiesta pour foutre le feu dans la musicalité, une adhésion totale du public à la musique de ce gang…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=XC-rH7LZ4E8[/youtube]

Tobassi (Photo tmv)
Tobassi (Photo tmv)

Puis Tobassi, le sextet fascinant et emblématique de la nouvelle scène tourangelle, une sorte de soul jazz planant, d’acid jazz surréaliste, matière au jeu extraverti des artistes, une virtuosité au service de la beauté, de l’émotion, de la capacité à installer des univers, des espaces d’élévation, et la présence d’un saxophoniste à la dextérité exceptionnel, Louis Chevet. Au chant, Giovanni donne de l’image et de l’incarnation au voyage, du jeu. Il est la clé de voûte d’un des meilleurs groupes apparus sur la scène tourangelle depuis un an… Et cette date peut être la plus brillante de toutes les Hivernales.

De Miossec à Beaujardin, en passant par Fred Chauvin et Johnson Concorde

Allez, on oublie les vacances : voilà la chronique culture de Doc pilot avec du lourd, du Miossec, du Johnson Concorde, du riff, de la musique (et même du cinéma).

Beaujardin & Paris Byzance aux 3 Orfèvres

Deux groupes que je découvre à la scène.Youpi ! D’abord, l’électricité lyrique de Beaujardin, quatre musiciens qui balancent une pop new wave anglo-saxonne aussi marquée par le revival anglais du milieu des nineties à la Suede, que par les dérives grungeo-expérimentales des derniers éclairs de David Bowie au passage dans le nouveau siècle. Le chanteur théâtralise la force des constructions rythmiques et du traitement sonore, matière à un dance-floor néo-futuriste pour habitués épileptiques des mondes en chute dessinés par Bilal. A se demander si cette musique est d’avant ou d’après-guerre ; pour moi elle ne peut se définir sans le drame, sans la mise en danger… j’aime….
Totalement à l’opposé, Paris Byzance semble la vision exacerbé
e d’un temps révolu, celui où l’on pouvait croire que tout serait mieux après avec de l’humain sur la voie de la sagesse et de la paix. On a le droit de rêver ; je le prends et en abuse à l’écoute de cette world music aux vertus apaisantes, une cure de jouvence et de rythmes, l’impression par la force du chanteur, son exaltation dans les textes, de voir une sorte de Yves Simon accompagné par Lo Jo. Il ne fait aucun doute que ce groupe va plaire, puis devenir nécessaire, addictif, histoire de se positiver le quotidien.

Fred Chauvin à La Pleïade

Pleïade pleine à craquer pour le concert de Fred Chauvin, entouré d’une sacrée brochette de virtuoses : les membres de la Canne à Swing et Laurent Zeller au violon, Stéphane Caraty aux drums. Parsemé de reprises (Nougaro, Gainsbourg), Fred offre un répertoire équilibré empruntant des titres à ses deux albums. La part belle est donnée aux instrumentistes par un ping-pong de solos brillants de violon et guitare, soutenus par une section rythmique fluide et implacable.
Fred est humain, ouvert.
Un mec bien qui balance ses petites histoires universelles vers un public prêt à se retrouver dans ses vignettes, ses galéjades : un type populaire et un chanteur dans le style.

Miossec & Parad à l’ Opéra de Tours

Miossec (Photo Doc pilot)
Miossec (Photo Doc pilot)

Surprise avec Parad en première partie, un duo poitevin bass/chant, drums pour une forme de chanson à textes des années 10 dans une mise en scène drôle, bruyante, efficace. A suivre…
Long concert de Miossec (pas loin de deux heures) dans une formule plus esthétique et moins rock que les précédentes, avec un artiste dans le don, la joie, la force. N’en déplaise aux puristes, nous sommes nombreux à nous réjouir de le voir à jeun à la scène, d’entendre tous les textes, de mesurer l’intensité dans le jeu de cette vie balancée dans une écriture unique et identifiée. Nous sommes tous Miossec comme nous f
ûmes tous Charlie ;  nous collons à son drame, à ses blessures, car nous en connaissons les raisons, la trame, l’essence et la chute. Le gladiateur n’est plus seul dans l’arène, nous sommes à ses côtés. Nous ne sommes plus au spectacle de sa mise à mort mais de nouveau dans la communion avec son art. Il le sent et, soutenu par des musiciens au service, nous invite au meilleur en décrivant le pire, nous invite à l’aimer dans ses histoires d’amour écorchées…
Béton, refais-en nous des beaux concerts à l’Opéra : pas de raison que ce lieu ne soit réservé qu’à des musiques dites classiques.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=as1vAIqcqAk[/youtube]

Johnson Concorde en Arcades Institute

La tribu Johnson Concorde est un cirque sur la route, une compagnie de jeu et de gestes dédiée à la mythologie du rock n’roll, sa caricature et sa force. Ceux qui furent témoins de cette furie physique et sonore comprendront mon propos : JC a en lui une force de séduction tranquille propre à rallier à son style et à son concept plusieurs types de public. Le punk fut bâti par des fans du glam rock et l’on retrouve ici dans cet univers fellinien, la synthèse de 30 années de glissades dans la fuzz, dans un nuage de poussières d’étoiles, dans la provocation par l’image, la sueur, la joie.

Johnson Concorde (Photo doc pilot)
Johnson Concorde (Photo doc pilot)


Il y a du Sparks dans cette affaire, de l’Alice Cooper, du Supergrass, du Blur, de la Hagen aussi, du Metallica, du Kiss. JC est une bande de petits agités heavy m
etalleux, des glamrockers irrespectueux, une bande d’ados attardés surs de la qualité de leur camelote. Il est possible que JC devienne localement aussi important qu’ As de Trèfle, aussi attendu et souhaité qu’un Shakaponk ; nous sommes déjà nombreux impatients d’aller le vendredi 13 mars au Temps Machine (4 € !) pour qu’ils nous disent leur messe, celle de l’outrage électrique et de la démesure scénique.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=1qhDGEf3hGE[/youtube]

De Djanga Project à Gentiana au Bœuf Blues, via la soirée de La Meute Slam à La Belle Rouge : errance sur le trajet du Tram.

Djanga Projekt (Photo doc pilot)
Djanga Project (Photo doc pilot)

Sortie de résidence pour Djanga Project, le groupe franco-tchadien de world music en l’essence, support à la fête et au rythme, au dépaysement constructif, au voyage didactique par l’exemple d’un métissage de cultures, avec des textes en français et en tchadien. Dans cette équipe, on retrouve le violoniste de Tijerina projekt, la violoncelliste de Pitchipoï, et des membres du légendaire Pyramides ; un disque vient de sortir…
A La Belle Rouge, passage à la soirée slam organisée par La Meute Slam, succession de spectateur
s-acteurs désignés au hasard par une main au chapeau, et des univers intimes et uniques balancés par divers poètes plus ou moins captivants. Chapeau bas pour « l’Ange Gardien », pour la fluidité de son écriture et la sagesse de son interprétation… Bizarre, cet immeuble voisin du lieu sorti tel un champignon et totalement en opposition avec l’harmonie du quartier… Il ne sent pas bon ce champignon, il semble vénéneux…
Aux cinémas Studio,
Réalité de Quentin Dupieux, la belle éclate, plongée psyché dans le rire et le frisson, démence dans la construction pour un film où l’onirique est roi, et la réalité subjective lisible sur plusieurs strates… Au sortir passage au Bœuf Blues en Arcades Institute, une occasion pour tous d’aller présenter leur camelote, rencontrer des comparses voire monter des groupes. Patrick Filleul en est le maître de cérémonie au coté de Jack Cigolini et de Cyrille Latapie. On y croise Foued, Xavier Monjanel, Pierre Dorian et bien d’autres, avec en cerise sur le gâteau l’intervention de Seb et Julie Delétoile du groupe Kosmik Vortex pour un blues psychédélique aux accents lyriques.

Vive les sœurs Labèque et Nathalie Menant (mais pas Christine and the queens)

Doc Pilot n’aime pas Christine & the queens… En revanche, il vous parle du petit (grand) monde de la culture à Tours et dans ses environs !

Depuis un an, tout le monde essaye de me vendre la révélation incontournable du siècle. Mais je le répète, persiste et signe : je n’aime pas Christine and The Queens, et ne me demandez pas d’argumenter cette formulation sévère et définitive, car peu m’importe que la majorité des gens adore. Je ne suis pas un prédicateur et certains de mes albums de chevet ne se sont pas vendus à plus de 2 000 exemplaires : Bertrand Belin, Bertrand Louis, Young Marble Giants… donc les chiffres de vente d’un disque ne m’inspirent pas obligatoirement de l’admiration et l’obtention de Victoires de la musique n’influe en rien sur mon adhésion à un artiste.

Halle aux Grains, Blois : Les Sœurs Labèque

Soeurs Labeque
Soeurs Labeque (Photo Doc Pilot)


Dans la sphère classique, Katia et Marielle Labèque sortent des codes et des cadres, car elles sont « glam », donc identifiées et armées d’une capacité à toucher un public plus étendu que celui du classique. Passé ce constat admiratif sur leur image et leur identité singulières, il reste la présence de deux interprètes de haut niveau, totalement investies au service de l’œuvre et du compositeur. La Halle aux Grains est un lieu d’écoute magnifique, une arène où déguster l’excellence hors de toute contrainte physique, d’oublier son corps pour tomber dans le son, l’esprit.
En première partie, une sonate de Mozart apéritive, une mise en bouche aérienne pour juger de la symbiose des deux artistes, le mélange des notes et la globalité du jeu…
Puis l’émotion, le trouble intense dans cette fantaisie à quatre mains de Schubert, l’impression d’être touché en l’intime au delà des barrières de sécurité de la pudeur et de la raison. Après un court entracte, plongeon dans l’univers brut et brutal de Stravinsky, avec la version du Sacre du Printemps pour deux pianos. J’aime le Sacre, je n’y peux rien, je l’aime depuis ma première écoute de l’œuvre il y a près de 40 ans, mais cette version à deux pianos est d’une intensité nettement supérieure à celle de la version orchestrale et elle demande aux interprètes un investissement physique et technique sans repos et sans faille. Emmenés très haut dès les premières notes, la partition nous maintient dans une attention vitale, nous interdit la distraction, l’évasion.
Nous sommes du voyage et il est impossible de descendre en chemin, de s’installer face au film et de redevenir spectateur. Nous sommes acteurs, tous concentrés autour du jeu physique des interprètes, plongés dans leur second souffle, les perceptions exacerbées par l’enchaînement des thèmes, leur percussion instinctive, cette image de la chute et de l’éclosion qui fit tant scandale en son époque… et ça continue, j’en fus témoin à la sortie. .. En rappel, un Gershwin balancé du fond d’un bar obscur à Brooklyn, puis une pitrerie des années folles, de la musique à cancan.. Eh oui, les Labeque savent tout faire et elles ont tous compris, elles marchent dans les traces de ceux qui firent les œuvres tout en vivant, en aimant, en rigolant, en pleurant, et l’humanité des deux sœurs magnifie le choix pointues des œuvres et leur interprétations passionnées.

Collision Collective, Petit Faucheux

Collision Collective est une alternative communautaire pour regrouper des énergies régionales et organiser une tournée nationale passant par Tours, Rouen, Nantes, Lyon et Pantin. Le Capsul Collectif en est la cellule tourangelle. Pour cette 2e soirée en Touraine, deux formations, Le Migou de Lyon menée de main de maître par la saxophoniste Thibault Fontana dans une relecture de la bande-son d’un film à réaliser, une inspiration revendiquée du grand Enio balancée avec justesse et beauté à l’aune de cette formation globale et compacte nourries des éclairs inspirés de la guitare de Nicolas Frache ou du violon de Quentin Andréoulis : à l’image des tiags pailletées du saxo, un western de charme et de jazz surréaliste…

1band4acrew (Photo Doc Pilot)
1band4acrew (Photo Doc Pilot)

1band4acrew de Nantes, une machine de guerre, deux batteurs, deux guitaristes, des cuivres, des claviers et une basse en axe central de ce kommando prêt à l’attaque. Du visuel aussi, brillant, fascinant, le noir et blanc en force, et puis des mantras, des boucles balancées à la manière d’un Glen Branca, d’un Phil Glass, puis des chorus agressifs, à la guitare, coltraniens, l’image de certaines formations de Miles, de la folie, de l’audace. Enfin de quoi nourrir notre besoin d’être collés aux murs par un concept original.

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Mues, Nathalie Menant en Arcades Institute

L’hiver était sans nul doute la meilleure saison pour initier cette installation dans les vieilles pierres chargées d’histoire, chaudes et protectrices comme un cocon dans cette caverne-matrice où l’on croise des parcelles d’enveloppes, des impressions de corps et de vie, de la beauté en morceaux et une intensité dans l’image en appel à de la vie, à des destins, à ce que l’on fuit, à ce que l’on efface, mais finalement constitutive de ce que l’être humain porte d’esprit à la surface de son corps.
La féminité en est l’axe, l’association Joséphine le moteur humaniste, le travail de l’artiste son prolongement pour l’inscrire dans le temps, faire le passé un état sublimé dans l’œuvre et dans le présent pour qu’enfin le futur devienne l’allié de ceux qui souffrent et qui gal
èrent. Incontournable.

Du CCC au Kommandoh Chamanik via le Festival de l’Intime et Pitchipoï

Doc pilot est partout, c’est bien connu. Cette semaine, une tonne de concerts à raconter. C’est la chronique culture.

CCC : Combey Pion, Mathieu Dufois, Massinissa Selmani

Collection de sculptures en papier de Combey Pion, de l’usuel exporté sur les terres de l’imaginaire, du sensible à juger sur l’échelle du temps, du périssable et du fragile. Ce sac à dos en symbole rempli de vide, de l’air, de l’ultime agrandi dans un rêve, celui d’un couple, d’un duo, Paule Combey et Patrick Pion. Et cette omniprésente impression de bien-être au spectacle de ces objets agrandis, peut-être un rappel de la prime enfance, du regard porté sur l’univers et le quotidien avant d’avoir atteint le mètre…

Joie d’enfance aussi, au spectacle de la maquette “ ruine ” de Mathieu Dufois, et pourtant l’impression d’arriver après le pire, après l’humain, à l’instant où les fumées retombent pour laisser place au spectacle du désastre, au matériel retravaillé par la folie de l’homme, le décor d’un film où il ne fait plus bon traîner, même si l’envie est intenable d’y trouver du vivant… En restera-t-il dans l’étape suggérée du “ Sally ” de Massinissa Selmani ? La projection de lumière ouverte obligeant à l’attente, à la supposition d’une erreur dans l’effroi du regard du modèle, avant la délivrance de l’arriver de l’Autre, celui venu mettre un point final au calme, apporter une alternative à l’action suspendue dans l’espace. Nous bâtissons la suite, témoin puis acteur du drame avec l’envie du pire pour nous soigner du quotidien : enfin, figurants dans un film, et toujours sous la férule de l’homicide et du sang.

Pitchipoï au Pale

Pitchipoi (Photo capture écran doc pilot)
Pitchipoi (Photo capture écran doc pilot)

Au Pale, place Foire le Roi, Pitchipoï fête la sortie de son premier disque, l’arrivée d’un premier né dans une famille. Il faut dire le couple Olivier Dams /Anne-Sophie Roullin, porteur de ce projet d’une manière emblématique, tant est chargé de sens ce nom de groupe emprunté aux heures les plus noires de l’histoire du peuple juif, a cette capacité à ironiser du pire pour y survivre.
Comme le disait Catherine Ringer, dans Le petit train : « et moi, je suis encore là… » Un défi aux nettoyeurs au service de toutes les églises… et toujours présente et increvable, la musique, la tradition, toujours d’Est en Ouest, toujours des larmes au rire, et dans l’ivresse abusée pour pouvoir encore tenir et ne pas se frapper la tête sur les murs de l’Histoire. Pitchipoï est « encore là » et il est festif. De cette joie vécue à danser sur un volcan sans rapport avec les fiestas du Sud. La perfection instrumentiste est au service de ce blues européen, de ce tango continental, de ce fado né sur les terres imbibées du sang des pogroms.
Il y a de l’urgence dans le mariage des violons et des cordes, cette impression que tout reste encore possible, le meilleur comme le pire et qu’il faut donc aller vite et de l’instant jouir. La scène est le point fort de la bande, la joie communicative du quartet et le spectacle de l’amour du couple leader deux atouts pour nous coller aux murs d’un Pale bondé ; le disque enregistré par le génial Fabien Tessier en est la photographie jaunie par le temps, le souvenir d’un arrêt sur l’image : à coup sûr, il va s’en vendre des centaines à la sortie des concerts.

La mélancolie des dragons au Theâtre Olympia

L’impression d’un théâtre de rue amateur, emmené sur une scène, du vide, du bricolage, des silences, un texte limité à l’extrême. De la dérision, une mise en scène lisible à la première minute et sans évolution : un concept. Je comprends le travail et l’expression de Philippe Quesne, mais c’est pas mon truc, c’est pas ma came. Et je m’y suis beaucoup ennuyé, attendant en vain la petite claque pour justifier l’attente et l’éveil. A voir alcoolisé ou sous hallucinogènes.

Le Festival de l’Intime

En première partie, Manu, l’ex-chanteuse de Dolly, attendue, magique, charismatique avec toujours cette voix si étonnante d’ingénuité et de rage mêlés. Des titres de Dolly bien sûr, des tubes, de nouvelles chansons dont une en japonais, le dialogue avec un violoncelliste inspiré, puis la venue du fils du regretté Mika en invité à la guitare.. trop court pour les fans de la Dame…

Au pied levé, la tourangelle Kundal remplace Peter von Peohl couché par la grippe : c’est en devenir, clairediterziesque, dans l’optique de mélanger beauté harmonique et technique à des textes gentiment osés, à suivre… Pauline Croze c’est la grande classe, une présence énorme, des textes à tomber, un jeu de guitare subtil et sans emphase, une voix envoûtante, une sorte de Dominique A au féminin, je n’en vois que 6 titres ( et oui , la vie n’est pas un long fleuve tranquille) mais dans la nuit glacée, j’avance avec l’image omniprésente de cette Barbara des années 10 : séduit…
Le lendemain, Boys in lilies balance avec audace et talent divers nouveaux morceaux à la couleur coldwave/ambient, glissade psychédélique sur les traces de Cure ou Dead Can Dance voire Cocteau Twin…
Concert assez énorme de Ropoporose, duo nowave au parfum Kas product voire No Unauthorized, aux guitares hachées en boucles superposées comme dans les premiers Talking heads ou le Fripp’s league of gentlemen, canaillement séducteur par l’usage de rythmes imparables et de réelles chansons punk/pop balancées avec une énergie rare et une passion artistique quasi vitale. De l’urgence et de la joie, de l’audace et de l’assurance : on sent le truc qui va péter le score sur toutes les scènes grandes ou petites… Final en pétard mouillé, avec l’ennuyeux concert de Jay Jay Johanson, le crooner de la sphère branchée, mal servi par une sono donnant la part belle aux drums en noyant textes et claviers dans l’omniprésence de la Ludwig : un enchaînement de mélodies prévisibles sans effort et sans passion… à mon oreille.

Kommandoh Chamanik en Arcades Institute

Au sortir de l’hiver (on peut rêver !), des Indiens dans les vieilles pierres, de la tradition épaulée par la technologie des années 10, de la free party chargée de sens et la danse omniprésente et salvatrice au milieu des œuvres de Zäzu, l’attrait compulsif des boucles électroniques magnifié par le souffle du didjerido et l’électricité fuzzée de la guitare électrique.
Les longues mantras nous invitent à la messe de la Terre mère, au souvenir de ses enfants projetés hors de l’histoire par la folie destructrice de l’homme blanc. Le contact et la philosophie mélangés en un rite de joie physique, nature, et toute l’audience embarquée dans la danse, le rythme, la force… On en sort rechargé à bloc ; on a décollé pendant deux heures loin de l’Ukraine, de la Syrie et de la Grippe.

Lignes d’Horizons, Craig Taborn, Vol de Nuit & Cartoon Cats

Tous les lundis, doc pilot vous fait part de ses découvertes côté culture. Du très bon et… du moins bon.

Lignes d’Horizons à l’ Espace Malraux par la Cie Le Lutin

Chute dans l’abîme visuel, de la peinture et de l’eau en direct, fil rouge d’un rêve de papier altéré par l’imaginaire suspect d’une magicienne d’Oz. Pas d’histoire évidente, à chacun de la bâtir à la source de ses rêves les plus intimes, pool de psychoses et de joies expulsées en un trait dans la lumière omniprésente et même dans son absence, la force du clair obscur revisité avec la technologie des années 10.
Ce spectacle est pour tous les âges, mais pas pour toutes les têtes : il implique de pouvoir s’abandonner, d’oser lâcher prise, de ne pas vouloir comprendre à tout prix, de ne pas tenter de se rattacher à une narration classique, de tomber dans les images sans la peur de ne pas se recevoir sur du solide. C’est de la méditation dans du beau, de la relaxation dans les images.

D’une expo l’ Autre

Galerie Neuve au Sanitas pour l’expo Paya’Chama-Tours, les photographies d’une aventure, celle d’Antonin Beranger et de ses compères à l’assaut des sommets andins. L’accrochage laisse un peu à désirer mais il s’y trouve la fraîcheur de l’instantané, l’émerveillement dans la rencontre de la majesté des paysages (on aimerait être à la place du photographe face au lac Titicaca) et celle de l’Autre, de l’Humain…

Belle arnaque au Château de Tours avec l’expo du peintre Patrick Deutschmann, vide de sens et d’esprit, la répétition à l’infini d’un même principe, duplication sans limite d’une idée et d’une palette sans réelle originalité, du décoratif justifié par des titres à mourir de rire à les voir ainsi à la suite. Faudra m’expliquer la différence entre « Oleron » et le reste. Mais bon ça devrait faire joli dans le salon de ceux qui aiment les couleurs qui ne veulent rien dire…

Craig Taborn quartet & Duo Aussanaire/Brochard au Petit Faucheux

En première partie, invitation au voyage, avec une improvisation sous direction spirituelle dans le souffle de Jean Aussanaire aux saxos et la contrebasse de Eric Brochard : un film, une réelle déconnexion d’avec le vulgaire, un véhicule pour perdre pied, sauter en chute libre dans les espaces inexplorés de sa perception intime.
Leur art est une médecine, leur virtuosité l’outil pour nous balader dans leur montée vers un ailleurs, vers un bigbang du son, une récréation de l’écoute à déguster les yeux fermés… Puis le Craig Taborn Quartet ou l’atonal codifié dans une écriture précise et inspirée, malicieux mélange de Monk et Schoenberg saupoudré d’improvisations incisives.
Ici encore, la possibilité d’user de l’œuvre pour s’exporter loin de la Terre. Les mantras s’entremêlent, la virtuosité reste un outil au service du combat contre la médiocrité ; le plaisir est au rendez-vous et le public en redemande, encore et encore, histoire de retarder l’instant où il nous faudra retrouver le froid plancher des vaches.

Vol De Nuit au Fumoir

Vol de nuit (photo caméra doc pilot)
Vol de nuit (photo caméra doc pilot)

Au sortir du Faucheux, passage au bar à vins Le Fumoir place du Monstre, un lieu très fréquenté, élu pour l’instant par les noctambules et en l’instant incontournable. Vol de Nuit balance, un blues rock dans la tradition, une brochette de classiques des sixties et des seventies, du billard pour ce power trio au service du rock et de la pop depuis une quarantaine d’années.
Ca joue, c’est l’idéal fond sonore pour onduler du corps en dégustant un bon vin, se frôler, draguouiller, décompresser, et c’est un régal pour les oreilles dans l’écoute des solos très inspirés du guitariste Jean-Michel Heurtereau dit « Minou », le chaton de ses dames.

Cartoon Cats en Arcades Institute

Au pub anglais de l’an 1000 Foulque Nerra n’est pas loin.. Les anglais et leur compère franco-hongrois balancent un rock blues brut de décoffrage bâti à l’énergie et à la hargne de vieux chiens fous. On sent le bagage d’années passées à aimer l’électricité, à nourrir une tradition et un style, à narguer le temps qui passe à la manière des vieux bluesmen.
Il s’y mêle des accents jazzy, des ambiances éthérés à la Peter Green ; tonique version de « Baby please dont go » lors du deuxième set, et intervention improvisée applaudie par le public de l’harmoniciste Julien Cormier sur deux titres.

De Christiane Grimal à Big Yaz Explosion en passant par Pneu !

Il est comme ça, doc pilot. Il enquille les concerts comme personne. Et en profite pour vous faire part de ses découvertes.

Grimal
Christian Grimal (photo doc pilot)


>Christiane Grimal & Tijerina Projekt à l’ H
ôtel de ville de Tours

Passage éclair de la chanteuse américaine (et un peu Tourangelle, tant nous l’avons adoptée en terres ligériennes) pour un concert de gala dans la salle de réception de l’Hôtel de ville. Concert privé offert aux participants d’un congrès de pédiatres neurologues lors de la soirée Travel Cortex, contexte un peu difficile à devoir jouer les pianistes de bar pour une audience en pleine dégustation d’un dîner. Pourtant, la qualité indéniable et la force artistique et émotionnelle de la chanteuse arrivent à vaincre les estomacs pour ravir les cœurs.
Les quatre musiciens de Tijerina Projekt dépassent le simple accompagnement de leur chanteuse et présentent une cohésion telle que nous sommes face à un Groupe, un Style, un Concept.
L’étonnante dextérité des instrumentistes fait leurs solos magiques et inspirés, une respiration nécessaire pour se maintenir à flots malgré les coups à la sensibilité appliqués avec constance et rigueur par leur chanteuse aussi troublante qu’une Billie Holiday, aussi dramatique qu’une Karen Dalton, investie corps et âme dans le moindre de ses mots, le plus infime de ses gestes, expression globale d’un répertoire original totalement investi dans la recherche de l’unique et du beau.
Christiane Grimal propose des courts métrages, des bribes d’existence, une galerie de personnages haut en couleur, des paysages et des voyages, la force de l’Est, sa migration vers l’Ouest, le mélange des ses racines juives et cubaines, de la beauté et du rythme.
De la danse et de la méditation sur la Condition Humaine, l’Amour, la Joie, le Drame. Je suis grand fan de la Dame.

>>PNEU au Temps Machine

Arrivé vers 23 h, je tombe à pieds joints dans une flaque de fiesta étalée aux sols, aux murs et aux plafonds du Temps Machine. Une bubble-party pour granenfants, une joyeuse déglingue dans ce Cocktail Pueblo régressif, l’impression de voir la génération des trentenaires de retour aux goûtés d’anniversaire de l’école primaire. On me dit que j’ai raté une belle prestation, celle dElectric Electric… Dans le club, passent de vieux clips de la fin des sixties, Henri Salvador dans ses pitreries (mais là c’est un appel à l’enfance des quinquas)…

Je prends un Mars histoire d’être dans le ton et dans la forme : soirée sucrée… Puis dans la grande salle, Pneu comme à l’habitude posé au sol au milieu de son public ou comment redéfinir la scène au-delà de la différence et l’adoration, en propulser les codes vers la fusion, l’égalité et la communion des énergies. Pneu est unique et novateur dans sa capacité à faire du bien avec du bruit, à user de technique pour peindre un univers au premier abord déstabilisant puis terriblement attractif, une drogue dure en appel au corps, à écouter pendant des heures, un trip.
On peut parler ici de « musique contemporaine classique » tant l’écriture est technique, construite, à sa façon académique, dosée, bornée, finalement à l’opposé de la techno de ses grands frères dont elle sublime l’énergie communicative au travers de performances instrumentales. Elle pioche aussi dans la crème des seventies (peut-être sans le savoir), Zappa, Beafheart, King Crimson… et ainsi touche trois générations sans compromis et sans forcer. Jeudi, je fus particulièrement réceptif à leur concert, peut-être tout simplement nourri de l’écoute répétée de leur dernier disque, avec cette impression d’assister à un Don et à un Acte.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=f85TvIwHQnI[/youtube]

>>>Big Yaz Explosion en Arcades Institute

Quatrième étape des Arcades hivernales et la fiesta annoncée avec le passage de la bande de Nacer Yazid, hommage haut de gamme à la période Stax et Motown de la fin des sixties dans l’exécution fidèle et passionnée de classiques de Otis Redding, Aretha Franklin et Wilson Pickett par le bigband de rythm and blues le plus talentueux du Centre Ouest.
De nombreuses formations s’amusent à proposer un tracklisting issu de cette période pour justifier la mise en son d’un dancefloor nostalgique. Avec Big Yaz il n’en est rien, nous sommes dans une recréation permanente des grands classiques, un investissement total dans l’élévation vers les cimes du jeu et du plaisir, un
e interprétation toujours plus globale et tonique, soucieuse d’évacuer les possibles comparaisons avec les interprétations originales par l’énergie investie dans la mission.

En fait, tout est affaire d’esprit. De message aussi : les musiciens, excellents, ont depuis longtemps évacué toutes les barrières techniques, se donnant ainsi la possibilité d’investir leurs rôles de porteurs du message, un vaudou sonore pour réveiller les ombres des dieux morts. A la croisée des chemin, ils font un deal avec le Diable et nous filent du feu, des larmes et de la sueur pour nourrir La Légende. Frappé d’épilepsie réflexe, le public chute dans la danse, se damne pour un rythme, un son, un riff de cuivre martelé dans le souffle, une forge de Vulcain d’émotion dans la gueule de chien fou du chanteur. C’est le Paradis en Enfer.

De Pantagruel à Ecoute-Voir en passant par Le Kyma

On ne sait pas comment il fait, mais Doc pilot est une encyclopédie de la culture. Et ça tombe bien, nouvel épisode de ses chroniques et découvertes pour tmv.

Pantagruel au Théâtre Olympia

Grande claque visuelle avec le Pantagruel, mis en scène par Benjamin Lazar : l’impression de tomber dans un trip psychédélique, une geste sous acide de la venue sur Terre du fils de Gargantua et de son parcours initiatique, sorte de Tour de France d’un compagnonnage de la folie et de la démesure, une glissade dans l’iréel par un texte étonnant de modernité dans son écriture, si facile à capter dans ses images explosives, servi par une interprétation excessive (pour notre plus grand plaisir) , époustouflante, délirante, du génial Olivier Martin-Salvan.
L’accompagnement musical sur des instruments d’époque apporte une touche d’identification temporelle à cette confrérie des fous sous ergot de seigle.

Désir Désirs à La Chapelle Sainte Anne

Je vous conseille d’aller voir la nouvelle expo collective en La Chapelle Sainte Anne, promenade onirique dans le talent et l’inédit, poussée de tous les artistes dans des secteurs inexplorés de leurs pratiques. Jean Pierre Loizeau en pleine recréation de son art, des extensions de ses personnages sous la découpe des corps et des âmes, Nikita et sa galerie de genre, interrogation sur l’identité et l’image, la sensation intime ne pas avoir le corps en phase avec l’esprit voire la possibilité d’évoluer dans la transformation ; extraordinaires portraits de Martine Bligny, ou comment oser le classique en sa perfection technique vers un clair-obscur intime et apaisant, les chaussons de danse de Alexandra Riss, une collection inquiétante… Un arrêt dans le temps, l’espace, le raisonnable, l’évident.

Le Kyma au Temps Machine

Soirée assez folle pour le dernier tour de piste de Le Kyma dans un Temps Machine relooké en un souk alternatif propre à dérouter le visiteur vers une soirée identifiée. Puis le concert, tel une messe païenne, de la joie et de la peine, de l’humanité en sons et en mots, un clin d’œil générationnel à la scène rap ligérienne avec la présence brillante de Ali’n et Nivek sur un titre, la naissance alors d’un super-groupe session dans l’esprit et dans le style. J’ai toujours du mal avec les concerts d’adieu.
Je reste dans le doute face à l’arrêt d’une démarche créative et sociale, m’imagine mal la fin d’une aventure artistique sans la contrainte d’un événement tragique. La talent est là, le public a répondu présent, la joie d’œuvrer et partager semble toujours d’actualité : nous restons tous dans l’attente de la prochaine étape : Le Kyma, le Retour !!

Le Kympa (doc pilot vidéo)
Le Kympa (doc pilot vidéo)

Festival Ecoute-Voir au Petit Faucheux

Grand bravo à Francis Plisson pour avoir programmé dans son festival François Chaignaud et Jérôme Marin dans « Sous l’Ombrelle », grande éclate visuelle et sonore déroulée sur la trame de chansons un peu désuètes des années 30 et des années 20, une légèreté surréaliste transposée dans deux personnages hors des normes et hors du temps. Deux représentations issues des fantasmes les plus fous habilement exprimés par la grâce d’un capital technique et artistique haut de gamme.
Pendant une grosse heure, les artistes nous transportent loin de la réalité, nous apportent bonheur, bien être, chute libre dans la rire et l’émotion : rarement pris autant de plaisir depuis longtemps à perdre pied loin des chapelles.

Matchbox en Arcades Institute

Troisième étape des Arcades Hivernales avec le country blues tonique de Matchbox, une plongée vers les racines, servie par des musiciens totalement investis dans le blues et ses codes, respectueux du cheminement créatif des pionniers pour en tirer une exaltation complice avec le public… Ou comment tenir dans la joie une historique contemplation d’une histoire du XXe siècle dans cet art populaire né dans les champs de coton de l’Amérique du Nord.
Matchbox est peut être la meilleure formation hexagonale pour porter témoignage de cette culture aujourd’hui bien diluée sur ses terres de naissance ; ainsi l’on s’instruit sans le savoir dans la joie et le plaisir, et au travers de ce parcours ludique et didactique l’on rend hommage aux pères fondateurs du blues du Delta.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=7eR9cINmQbk[/youtube]

2015 à peine commencée, déjà des sorties

Chaque semaine, Doc Pilot nous régale d’un compte rendu de ses sorties culturelles.

Le batteur des Roots Addict à l'Arcades Institute
Le batteur des Roots Addict à l’Arcades Institute

PNEU CD Destination Qualité
D’abord la pochette, grande claque visuelle à t’emporter direct dans un psychédélisme sans violence, un collage subtil  et séduisant, un truc à te donner l’envie d’écouter la bande son de ce joyeux foutoir de couleurs et d’images, et puis les titres des morceaux (Pyramide Banane Chocolat, Catadiope Ambidextre) des associations graphiques dans les mots,  l’impression d’un langage codé, l’expression initiée d’un gang de lycéens, de Boris Vian électriques. Alors vient la  musique, folle mais vicieusement construite, bruitiste mais subtilement musicale, un brouillage de pistes pour tuer les possibles références : un son. Ce troisième album du duo Pneu me le fait bien, me rend heureux à son écoute, de  l’énergie positive, de la performance sans la course à la timbale, de la force et de la joie mais aussi “ une musique  contemporaine ”, un couple de créatifs sans frontière à l’expression de leur fécondité débordante. Ça s’écoute en entier et ça se réécoute, c’est hors des modes donc ça va pouvoir s’écouter longtemps ; allez je m’avance un peu sur ce coup  là, mais ça sent le futur collectors ; d’ailleurs un disque pareil sera vite épuisé car on voudra tous l’avoir sous sa forme  physique.

ROPOPOROSE CD Elephant Love
Groupe OVNI, groupe unique, groupe atypique par le jeune âge du frère et de la sœur, par leur capacité à balancer à deux ce que bien d’autres ont du mal à proposer à dix… Le duo Ropoporose est talentueux, génétiquement brillant, d’une maturité précoce et d’une originalité d’écriture à se poser la question du pourquoi et du comment. Car ici nous ne sommes pas en présence de jeunes musiciens savants exposant leurs leçons bien apprises, mais face à un groupe de  rock, tout simplement, face à deux artistes, deux créateurs, deux bâtisseurs d’un univers capable d’embarquer tout un chacun au delà des chapelles et des strates générationnelles. Leur musique n’a pas d’âge, elle est universelle, elle est  pop et même si cet album se barre un peu dans tous les sens, la qualité reste de mise, son écoute un plaisir et la sensation d’être au début d’un truc qui pourrait aller plus loin, beaucoup plus loin, évidente. Il s’y mélange la ligne claire et le pastel gras, l’aquarelle et la peinture au couteau, l’art brut à des subtilités impressionnistes. La force de la fratrie laisse supposer un futur fécond ; la rencontre d’un grand producteur pourrait optimiser toutes les qualités de cette aventure. Les gens de Vendôme devraient joindre Brian Eno ; pour le vieux magicien ce serait une belle dernière valse d’ainsi épauler ceux qui feront “ demain ”.

Roots Addict en Arcades Institute  
2e acte des Arcades Hivernales avec The Roots Addict, du reggae à la mode seventies comme on l’aime et sans arrangement suspect, simple lecture festive d’un style avec respect et fidélité aux codes, pour nous entraîner dans une  grosse fête de la fin de ce dimanche après midi si particulier débuté dans la Grande Marche contre la Bêtise. C’est un groupe, une bande d’amis, une association de personnalités brillantes et justes pour balancer une ambiance de bien-être  et de coolitude, grande glissade dans la danse et l’oubli, un décalage du temps vers une douce extase cosmique, un trip  fédérateur et multi­générationnel hautement chargé et addictif.

Soirée Wolfpack au Temps Machine  
Ouverture avec Les Princes du Rock, groupe tourangeau en relecture d’un rock psyché de la fin des sixties dans la  ligne du Floyd de Barret voire de Steppenwolf ou des Byrds, un bel ouvrage extrêmement léché dans les harmonies  vocales et les ambiances cosmiques ; le groupe américain Harsh Toke nous a vraiment baladé au-delà de l’espace et du temps, le type de sensations vécues à l’écoute de Hawkwind mais ici au travers de mantras de hard-­rock  psychédélique, mélange de Grateful dead et de Black Sabbath, de Spirit… A sa suite, Comet Control, le groupe vedette  de la soirée, m’inspire de l’ennui à l’écoute de sa musique néonirvanesque. C’est parfait, au cordeau, séducteur dans ses formats de chansons bâties pour plaire… moi ça me ramène au sol, alors je fuis.

Maxime Vignon au Serpent Volant  
Ce bar a le charme désuet et hors du temps des premiers films de Caro et Jeunet, l’impression de rentrer  dans la réserve d’un 20e siècle oublié, une image d’Epinal des rades du vieux Tours, des îles où rencontrer « des gens vrais »… Aux murs, les créations de Maxime Vignon ; je l’avoue ce n’est pas vraiment ma came car je ne comprends pas où il veut en venir. Difficile de s’y attacher par la technique assez basique, et impossible pour moi de  plonger dans cette collection d’impressions et d’émotions exprimées sans concession et visiblement sans désir de plaire. Je pense sentir des problématiques personnelles affichées face au monde et ainsi nous sommes assurément face à une démarche artistique voire une expression générationnelle, un instant de vie, des couleurs chaudes, des paillettes : un art brut ethno glam.

« Exquises Esquisses » à La Boîte Noire  
Grand plaisir à déguster avec attention cette exposition, réunion d’artistes haut de gamme chacun en leur styles, les foules surréalistes de Eric Demelis, le fameux Jean­-Pierre Conin et ses visions de purgatoire dans les nuages, coterie de « gentils » assemblés pour revivre, les portraits d’une perfection absolue de Remi Planche, les duos de douceur et  de paix de Jean-Pierre Loizeau, les afterpunks post­atomiques de Franck Charlet, les animaux terribles issus de  mutations psychédéliques de Sebastien Thomazo, les scénarios bizarres et graphiquement identifiés de Dominique Spiessert, les jets à plat des tableaux en relief à venir du regretté Didier Becet… Une exposition donnant la part belle à la technique et à l’inventivité, une remise des pendules à l’heure et la force dans le trait ; l’évidence que tout est dit et terminé lors de la naissance du projet, le reste n’étant qu’affaire de pratique.

Pas de trêve des confiseurs pour un Noël électrique  

2015 a beau être à peine entamée, voilà que doc pilot est toujours sur le front. Première chronique culture de la nouvelle année !

EZ3kiel en Pleine Lumière

Combat biblique en l’Espace Malraux, trois chevaliers de l’Apocalypse et un savant fou maître du feu pour un concert de métal et lumières, sur des terres où ils sont dieux, où ils ont forgé l’ Anneau. Il tombe du ciel de l’énergie, et moult épées de Jedi saturent l’atmosphère, nous adoubent sous leurs fils, sujets de ce concept où le son est un axe et l’espace un prétexte. Le Dieu Luz n’admet pas l’indécision ; nous tombons pieds et mains liés dans ce combat des étoiles. Sans effort et sans pitié, les trois chevaliers subtilisent nos cœurs de chair, en place y fixent la pointe du cristal de la connaissance et de la déraison. Le savant fou active le minéral et nous sommes UN : l’audience sans partage exprimée d’un des plus beaux concerts de l’année.

 [youtube]https://www.youtube.com/watch?v=yeUJrvp6Oew[/youtube]

Les Particules élémentaires, Théâtre Olympia

Bon, d’abord il faut le dire, je suis fan de Houellebecq. Il faut le dire aussi, je n’ai pas du tout aimé le film tiré du roman, donc j’arrivais vers “ cette mise en pièce ” avec un a priori négatif… Bonne surprise, ce fut excellent ! Un travail énorme au niveau de l’incarnation des personnages, de la mise en exergue du drame de la condition humaine exaltée par les utopies des seventies et leurs dérives destructrices, de la charge aussi de la filiation toujours omniprésente et finalement si difficile à dépasser pour enfin exister pour le moins pire… Le meilleur restant une illusion de l’instant vite effacée par les circonstances. La mise en scène est d’une sobriété clinquante et multimédiatique, un paradoxe qui renvoie à une expression underground du sujet. On y joue de la musique en live et j’ai pensé au Velvet, à Warhol, à Nico… La chute du propos touche aux fantasmes de Kraftwerk, dans la recherche d’une perfection humaine impossible sans muter vers le robot, la duplication froide et prévisible. Sincèrement, je me demande comment les acteurs peuvent sortir intacts d’un tel travail tant ils sont géniaux, habités, sincères dans leurs dérives et dans leurs chutes.

 [youtube]https://www.youtube.com/watch?v=8prg4vFH0_8[/youtube]

Nuit du Blues à la salle Coselia de Mettray

Cool Porter pour débuter la soirée, on rentre direct dans le sujet : le blues, la soul, le rythm and blues, un répertoire de standards devenus patrimoine de l’humanité dansante, d’ Aretha Franklin à Wilson Pickett en passant par Otis Redding avec, en maître de cérémonie, le fascinant Ricky. Une belle introduction à la force tranquille de l’ami Foued, le sexta légendaire passeur d’un blues original bâti en près d’une quarantaine d’années de carrière. Ce type en impose, ce conteur-né a la plume précise et populaire, entouré pour l’occasion par un Top Boogie composé d’une brochette de virtuoses : José Laracelleta à la guitare, Philippe Colas aux claviers, Olivier Carole à la basse… C’est du haut de gamme, l’impression d’entendre étirer les racines vers de l’intime et du spatial sous l’audace des instrumentistes.

Ricky de Cool Porter
Ricky de Cool Porter

Francois Gehan au Carré des arts à Montlouis

La matière première de Francois Gehan est l’humanité. Mais une humanité passée au filtre de situations impossibles ou rêvées, un purgatoire entre la réalité et le nirvana. La vie semble audacieuse pour cette galerie improbable construite dans une peinture très technique, très léchée, avec une attention particulière pour la justesse du trait, la perfection des formes, l’originalité identifiée de la  palette. Tout un ensemble propre à donner la vie à l’inerte, le mouvement aux situations, le verbe à l’inaudible.

Kick au Buck Mulligan

26 décembre et la venue en solo d’une légende du rock français de la fin des seventies. Kick le leader de Strychnine pour un concert très “ racines ”, collection de reprises passant de Johnny Cash à Elvis, de Robert Johnson à Hank Williams, dans l’esprit et dans le ton, dans le cœur et dans la hargne sous-jacente, celle des musiciens authentiques, de ceux dont la carrière reste vitale et constitutive de l’individu. Précaire aussi dans les moyens offerts, mais toujours à la hauteur de la famille et du mythe. Il y a du Little Bob dans cet artiste, du Alan Jack, du Jack Pote aussi. On sent bien qu’ici, la triche n’est pas de mise et l’on se retrouve face à des vies balancées dans nos gueules de profiteurs de l’instant, hors du temps, hors des modes, hors de la médiocrité et de l’opportunisme. Un grand moment.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=PSvRXPRraig[/youtube]

Lunacy chez Les Colettes

Les Colettes, d’abord, une expérience de gestion associative d’un lieu chargé d’histoire, celle de Paul Bert si liée au souvenir d’Alan Jack. Un quartier populaire et un quartier d’artistes… Lunacy, couple et duo de Blésois bâtisseurs d’un concept artistique multimédia ; ils nous installent dans un univers psychédélique au sens freudien du terme, une plongée en apnée dans nos angoisses et nos joies les plus intimes. Cette coldwave rappelle une certaine idée de l’underground initié dans les eighties par des groupes qui surent devenir légendaires tels Dead Can Dance. C’est un voyage, un véhicule pour forcer les portes de la perception, une transe médiumnique dans les yeux extasiés de la chanteuse, la reconstruction de son visage sous l’émotion. Pour des raisons de timing, je n’ai pu voir que six titres de ce concert à la cohérence implacable, servi dans un contexte difficile. Ça s’appelle « aller au charbon » et ils ont assuré le job.

Foued & Patrick Filleul Experience, Arcades Institute

Foued
Foued

Premier concert du Festival Arcades Hivernales et toujours cette idée de la fête et de l’inédit en réunissant à la manière des pop sessions des seventies, deux personnalités incontournables de la région. La force reste dans la forte personnalité des deux artistes, leur capacité à oser le défi, à s’amuser du contact, pour une rencontre au sommet dont on suppose qu’elle pourrait oser la récidive tant elle réjouit le public, le pousse à la faute de s’oublier dans le rythme, les mots, le mélange des cultures et des racines. Une jam créative et récréative, de la création à l’état pur avec audace et sans filet. Julien Cormier à l’harmonica est inépuisable d’inventivité harmonique ; Jack Cigolini fait la synthèse de divers styles en un feu d’artifices de solos à l’inscrire dans la catégorie des plus grands.

De Bobbyland à Bobby Keys, de Mano Solo à Headwar

Cette semaine, Doc Pilot a voyagé sur les terres de Mano Solo et de Bobbyland.

2 boules vanille
Bobbyland à la bibliothèque
Nantes et ses fabricants de machines, ici l’orchestre d’automates gérés par l’ordi, l’impression de se retrouver dans un film de Jeunet et Caro, la question dans la dysharmonie constitutive de ces joujoux aussi drôles et dérangeants. Oui, l’humour est maître en cette affaire, l’impression d’assister aux délires d’ingés en robotique industrielle à la recherche d’une enfance sublimée de surdoués fantasques. Ils usent d’un alibi didactique à vouloir tout expliquer lors de la visite de leur terrain de jeux, mais on ne nous la fait pas : on sent bien que ces “ grands n’enfants ” ne se triturent les méninges que pour le fun, l’éclate. Reste pour moi un bémol à l’affaire, la partition, finalement peu surprenante et c’est dommage. Le vieux Pierre Bastien, bricolo légendaire, est en l’affaire plus aventureux.
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Bobby Keys part aux fleurs suivi par Ian Mac Lagan

La fameuse loi des séries et deux de mes héros qui partent aux fleurs : ça va jammer au paradis, tous deux à l’occasion musiciens de studio mais aussi à la scène pour les Stones et Joe Cocker, et bien sur dans The Faces ; le son de Bobby au sax identifiable à la première note et tellement nécessaire à l’univers des Rolling Stones (Brown Sugar, Happy), le touché pianiste de Ian la signature sous la voix de Rod Stewart dans ce rock à jamais teenager et british de The Faces ; pour l’un comme pour l’autre, la fiesta à la scène, la joie et la banane, et cette manière de jouer “ en avant ”, si indispensable “ pour faire avancer le truc ”. Deux mecs tellement en phase avec leur époque qu’ils resteront impossible à remplacer ; d’ailleurs à quoi bon essayer répéter une Histoire déjà bouclée dans le XXe.
Kamilya Jubran & Werner Hasler au Petit Faucheux
Intense émotion avec la chanteuse palestinienne Kamilya Jubran au Petit Faucheux ; elle porte la tradition, le message, l’héritage… Nous sommes loin d’un exotisme de pacotille, d’une world music festive et conviviale. Nous sommes face à la gravité dans l’expression d’une artiste engagée ; nous sommes face à l’Histoire. La force de l’artiste est dans cette association créative avec le musicien électronique Werner Hasler ; ainsi à la manière de Bjork avec la culture islandaise, Kamilya porte un style au delà du temps et des modes en l’associant à des arrangements issus de la fin du XXe. Il y a du Radiohead en cette expression ; ce chant écorché rappelle celui de Thom Yorke ; les mantras sans fin et le bourdon du oud, les expériences de Brian Eno et de David Byrne dans leurs télescopages avec les cultures orientales. Cet art est contemporain, les pieds dans la tradition et la tête vers un futur que l’on espère apaisé.
Vernissages et Concerts en Appart’
Tir groupé rue du Grand Marché, avec la bonne idée (pour les curieux et les buveurs) d’un « jour des vernissages » pour tous les ateliers et galeries du collectif « Le Quartier des Arts » ; bon il y a de tout, et plus d’artisanat que d’art en cette affaire axée sur l’idée de susciter l’achat pour Noël… En clair, je ne m’y retrouve pas dans ce « marché de Noël », l’émotion n’y est pas de mise et même « les petits formats érotiques » de la Boite Noire n’échappent pas à cette sensation proche du déjà vu, le seul truc amusant et surprenant étant le travail de Juliette Gassies et de ses paires de chaussures pornographées : une pour chaque liaison mémorable ? Allez savoir… Beaucoup plus dans mes cordes et mes envies, « Show d’œuvres d’Hiver » à l’Imprimerie rue Bretonneau, télescopage de psychédélismes identifiés retranscrits dans des pratiques caractérisées, ma préférence allant à l’énorme inventivité de Cédric Marcillac tant dans les sujets que dans les matières, aux délires de Key et aux flottements d’air et d’eau d’Yveline Bouquard… En la Galerie Ozart, Death Amber ou la réunion grinçante d’univers tourmentés ; au moins ici nous ne sommes dans la séduction affichée mais dans des concepts pour habiter nos trips à la Tim Burton : Ludivine Beaulieu, Lus Dumont et T.Léo, ça me le fait bien… Concert surprise à Ozart (je ne savais pas), Padawin en solo, l’un des trois coups de cœur du Terres du Son 2015… Dans un appart’ rue de la Grandière, concert du garage band (appart’band ?), Cigarette, un rock un peu punk joué à l’énergie avec en visuel la vidéo du chanteur en slip qui grille clopes sur clopes face à la caméra ; c’est drôle, brouillon et sincère : à suivre.
 
Concert-Hommage des Hurlements de Léo à Mano Solo
Grande claque du weekend au Centre Culturel de St Pierre des Corps, public nombreux et passionné, effluves punkoïdes pour un retour dans les mélodies et les mots du grand Mano Solo. Artiste emblématique des nineties et du début du XXIe laminé par le showbizz pourrissant, Mano à la séropositivité dramatiquement emblématique a produit une œuvre, une mine d’hymnes humanistes aussi indispensable que celle laissée par Berurier Noir. Les Hurlements de Léo en donne une lecture si fidèle et passionnée que Mano est là. A la guitare un membre des Fréres Misères, l’univers graphique de Mano en fond de scène, et pourtant rien de pleurnichard en l’affaire, simplement le retour d’un type de fiesta rarement croisé sur nos terres, celui aussi d’envoyer ses tripes à la gueule du monde et d’entrer en résonance avec l’humain. Trois rappels puis « la lune » unpluggged au milieu du public. Grandiose. .. Et si finalement ce Centre Culturel se révélait le digne remplaçant du Bateau Ivre ? Et si finalement Les Hurlements de Léo s’imposaient pour de réels passeurs de la culture populaire.
Trois Grands délires au Temps Machine
Soir de Téléthon pour certains, soir de délire pour les chanceux ayant bravé le froid pour monter au Temps Machine2 Boules Vanille, deux batteurs au fûts sous capteurs vers des synthés amplifiés dans des amplis vintage type « triple corps Marshall ». Le Son, énorme, le Concept, inédit, L’écriture, harmonique ; nous sommes faces à une performance physique et artistique unique… Seal of Quality, un mec en solo, excellent dans le chant, le style, le jeu sur sa guitare et ses jouet-machine Nintendo ; annoncé par Rubin dans la ligne Boogers, Janski Beeeat, je trouve ces comparaisons bien réductrices, en partie encore une fois grâce à l’écriture. A son écoute je pense à XTC, à Magazine, à certains albums solos de Brian Eno : cet artiste est rare et dément… Apothéose avec Headwar, un mur de son et de délire, une performance technique et physique, une projection « dans ta gueule » d’images et d’attitudes furieusement « rock », tribales, une guerre de l’air et du feu aux armes électroniques, aux froissements de cymbales, certaines fixées sur des guitares et frappées. Pour les références, je pense au premier album de Killing Joke, à Hawkwind (Space ritual ), à Sonic Youth ( Dirty), à Throbbing Gristle (Doa) et finalement à Hendrix aussi, dans cette capacité à faire évoluer l’approche de la guitare électrique, ici couplée à des cymbales vissées sur les cordes !!! Headwar c’est du hardcore psychédelique !!! On en sort totalement défoncés.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=hpi37XwyZho[/youtube]

Sacre de Jaki Liebezeit lors du Festival Super FluX

Il est partout et on se demande encore comment il fait… Grosse grosse chronique culture de notre Doc pilot, cette semaine !

The Fucking Butterfly
The Fucking Butterfly (Photo doc pilot)

 

GU’s Music, Aquaplaning

Black Friday chez Baromètre, le magasin du disquaire Didier Delage et cet album qu’il me glisse dans l’oreille, l’air de rien… Sa mission…Se laisser aller à perdre pied en cet aquaplaning prépare à un dépaysement total, à un oubli de l’instant, à un voyage en soi au travers de la force des textes sans lesquels cet album ne serait qu’un bel album de plus comme il s’en produit à la pelle.
Les 8 titres sont ainsi 8 invitations à rejoindre l’auteur Yan Kouton dans ses formulations psychanalytiques universelles, dans ses strates intimes d’un romantisme post-apocalyptique. L’apocalypse des cœurs et des corps, de l’espoir aussi, de cet instant où l’on sait la chute incontournable, mais le bonheur et la paix induites par cette révélation. Gu’s Music parle la force de ces propos sans emphase, sans forcer le ton mais avec la justesse d’un Dominique A d’antan, un Bertrand Louis, voire du Bertrand Belin d’Hypernuit ou d’un Manfred Kovacic en solo. Il sait porter les mots, nous les inscrire dans l’espace, nous les donner sans nous les imposer, comme des sentences, des prières, les bouts d’un film à construire. La musique est une ambiance, une bande-son hypnotique, une soft cold wave des années 10, les mantras nécessaires pour entrer dans le trip. Ce premier album de Gu’s Music est une réussite.

 

Girls in Hawaii à l’ Opéra de Tours

Passée une première partie scolaire et sans passion (je me demande toujours comment de jeunes musiciens peuvent se complaire à tenter le pseudo-tubesque, à l’âge d’envoyer sa hargne et son énergie à la gueule du monde), nous baignons dans la beauté et le dépaysement avec ce concert dit unplugged de Girls in Hawaii, groupe belge dans les rares Européens, avec Santa Cruz, capables d’user d’une musique aux racines nord-américaines, sans pour autant paraître copieurs et caricaturaux. Dans l’écrin du Théâtre, c’est merveilleux, magique, à ne plus vouloir les laisser partir, le public en adhésion parfaite dans une écoute assez rare, respect et joie à la découverte ou aux retrouvailles de ce groupe nourri d’émotion, de perfection, de classe, de respect de l’auditoire. L’enchantement de la personne très exigeante m’accompagnant ce soir-là confirme ma sensation de ne pas avoir été abusé par la beauté du lieu. Celle aussi des instruments de métal et de bois, de souffle et de verre ; pas de temps mort dans la construction du show, pas de morceau de remplissage, que du beau, et une reprise du Heart of Gold de Neil Young pour nous confirmer leur allégeance au Maître. La Mer du Nord est Pacifique…. Au retour, j’écoute Plan Your Escape intégralement : je vous le conseille.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=FCuCXoZgNe4[/youtube]

Cecile Bisciglia au Château de Tours

Impressionnant travail de l’artiste, immense défi d’ainsi réaliser de grands formats figuratifs avec pour seuls instruments des stylos. Oui, vous lisez bien ! Des Bic induisant l’impossibilité de se “ rater ”, le geste devant être unique, réfléchi, programmé. L’accumulation de traits amène une douceur dans la trame, une vie, l’envie de toucher la rondeur d’un sein, de s’associer à l’érotisme tactile et fantastique issu de l’imaginaire psychanalytique de l’artiste. Le vivant est sa matière, de l’animal à l’humain, de l’animal en l’humain. L’esprit est l’essence, telle l’imprégnation mystique d’un totem indien.
On sent un culte en cette “ peinture ”, la contrainte de la pratique en démarche initiatique, un sentier dans la jungle de l’évidence, une manière de se démarquer, de s’impliquer et de finalement faire miroir à l’Universel. Un accouchement difficile pour des œuvres facilement lisibles, un fameux clin d’œil par l’utilisation d’un outil banal pour toucher le grand public. Pas pop mais populaire, même s’il reste le cœur et la croix, les instruments, la mesure, offerts  par une Marie Madeleine démystifiée à deux pas du suaire de son amant divin.

Nicolas Muller au Château de Tours

Au Château de Tours, il ne faut surtout pas rater la nouvelle expo initiée par Le Jeu de Paume, Traces d’un Exil de Nicolas Muller. Où la fuite d’un Juif hongrois devant un antisémitisme galopant, et le génie de ce photographe à capter dans son exil une Europe vouée à mourir, des identités assumées et défendues becs et ongles qui finalement seront à jamais effacés par le conflit à venir. Le paradoxe de l’histoire étant bien sûr de le retrouver en l’après-guerre le banquier d’images de l’Espagne de Franco, aussi typique que détestable. C’est de l’Histoire, ces images de la petite histoire si chargées de sens pour évaluer « la grande ». De la Hongrie à Paris, du Portugal à Tanger, pour finir en Espagne, nous marchons dans cette première moitié du XXe siècle, où même les instants de joie semblent entachés de souffrances et de contraintes.

Festival Super Flux

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=pHEcPX9VNNw[/youtube]Dit « Le rendez-vous de musiques surprenantes », le Festival Super Flux sait honorer ses promesses sans pour autant poser sa démarche didactique dans un contexte contraignant et pesant. Non, rien d’intello dans ce festival finalement ludique pour ceux dont le laisser-aller jouissif ne s’impose ni barrière, ni contrainte. Deux lieux, deux couleurs de programmation pour nourrir un même propos, avec d’abord au Temps Machine un véritable événement avec la venue de Jaki Liebezeit, le légendaire batteur de Can aux multiples collaborations (Brian Eno, Depeche Mode..) de retour en duo avec un artiste phare de la musique électronique, Burnt Friedman. Nous sommes dans du « Cosmik Joker », du Kraut global et hypnotique, la touche rythmique inédite du batteur de 75 ans constituant une marque, un style, une peinture, une école. A peine le premier coup porté, Can est dans les airs, à se demander si finalement Jaki ne fut pas l’ingrédient de la recette implacable de ce groupe culte dont l’inspiration fut revendiquée par Bowie, PIL ou Happy Mondays. Jaki a tellement renouvelé le jeu percussif, tant dans sa manière d’évoluer les boucles rythmiques que dans celle d’installer son kit batterie totalement inédit, qu’il en devient un maître. Un phare, un compagnon du devoir dans la technique et l’expression…
A sa suite, Etienne Jaumet au sax, à la voix et aux multiples synthés vintage, installe un espace particulièrement séduisant, certes rétro dans sa technique mais ainsi beaucoup plus attractif que tous ceux  armés d’un seul portable pour bagage. Le paradoxe de faire du neuf avec du vieux est finalement de le retrouver « en première ligne ». Je pense qu’il va hurler s’il lit ces lignes, mais il me rappelle les Cramps dans leur démarche de revival, eux avec le rockabilly, lui avec l’éclectronique du XXe siècle, malins comme des singes, séduisants à mort, showmen sans forcer.

Etienne Jaumet
Etienne Jaumet

Etienne Jaumet nous séduit et nous emballe, et il connaît sa force, la canaille. Il ne doit jamais en douter…. Pour finir la soirée, Ninos du Brasil fait dans le mur de son et de rythme avec l’alibi visuel de tom bass martelés. Rien de novateur là-dedans. Que du banal, et rapidement, je fuis bien loin de cette batuka électronique dont la place est plus sur le char d’un théâtre de rue que dans une salle de concert vouée à l’écoute et à la découverte…. Suite du Festival au Petit Faucheux où l’on apprend que « ce festival » est un petit super flux, et que le grand super flux se tiendra en mars !!! En intro, le guitariste Julien Desprez joue sa pièce pour guitare solo, « Acapulco ». C’est fort, classe, intense, technique : on entre sans difficulté dans son trip, on se laisse embarquer pour échouer un peu groggy aux portes de la perception… Pour replonger dans l’inédit avec le St Francis Duo du guitariste Stephen O’Malley et du batteur Steve Noble, ce dernier offrant sur la trame de son omniprésente de son compère une sorte d’accumulation percussive axée vers la saturation des impacts, expression cohérente et hors des codes pour un nouveau voyage vers l’inconnu. J’avoue avoir besoin de temps en temps de rencontrer ce style de musiques dites difficiles. Elles sont tout simplement différentes : à l’oreille, exotiques.

Dernier concert avant destruction avec The Fucking Butterfly

Au sortir de Super Flux, le SMS d’un indic me suggère d’aller vers une grande fête privée dans un lieu désaffecté voué à la destruction. J’ai toujours beaucoup aimé les soirées dans cet endroit. On y respire l’art et l’underground, la vie aussi, l’initiative subversive, créative.. Ce soir s’y croisent musiciens, acteurs, plasticiens, photographes, vidéastes, forces vives, magiciens de la mécanique automobile (salut Pascal !)… The Fucking Butterfly entre en scène à la manière d’un commando coloré, énervé

J’ai vu leur premier concert dans ce même lieu. Ce soir, ils donnent leur meilleure prestation des cinq fois où je les ai vus à la scène. Le caractère privé n’est surement pas étranger à cette liberté du show. De zéro, l’on monte direct à 1000 dans une glissade barock n’roll. Le trio de chanteuses a dépassé l’influence B52’s pour littéralement s’effondrer dans un show à la New York Dolls, à la Happy Mondays. La présence de Janski aux bidouillages électroniques en Eno de ce Roxy Musik déjanté apporte un grain inédit pour identifier le truc… Un beau Crépuscule des Dieux pour la dernière de l’Haçienda tourangelle.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=7pL1Bkm7WYU[/youtube]

Michael Grébil en Arcades Institute

Jour tranquille en Arcades Institute, nouvelle étape de la 3e Saison de musique ancienne programmée par Pascale Boquet avec la venue d’un maître en son expression, le musicien Michael Grébil au chant, au luth médiéval, au cistre et au rebab afghan pour un répertoire où l’on mesure à quel point la notion de world music est millénaire, le métissage et l’arrangement de la culture populaire et ancestrale une constante dans les pratiques. Instant de paix et de joie sous les voûtes, un voyage dans le temps offert par un passeur éclairé de la tradition, un respectueux messager en parfaite maîtrise du style et de la technique avec les étonnantes reprise de pièces de John Cage et Ornette Coleman pour faire le pont entre les époques.

Steve Coleman, Chill Bump & Pierre Mottron

Doc Pilot voyage à Tours, de scène en expo, il observe la culture locale. Chronique

Chill Bump au Temps Machine
Chill Bump au Temps Machine

Steve Coleman au Théâtre Olympia
Nous restait en mémoire cette prestation folle vécue au Vinci il y a près de 20 ans. Ce concert marathon avec un seul morceau de plus de 2 heures ! la force, l’innovation et le charisme de ce jeune saxophoniste new-yorkais tombé du ciel pour bousculer les habitudes et nous souffler fort et dru dans les oreilles la vitalité du jazz, son état d’être tout sauf une langue morte… Concert sold out au Théâtre Olympia (à méditer chers amis tourneurs et organisateurs), un public de passionnés à l’écoute précise et avide du plaisir induit, de l’attente, de la joie et de l’envie. Certes l’artiste s’est assagi mais la technique est époustouflante, pour lui comme pour les trois musiciens d’exception présents à ses côtés, dont une sorte de Dr Doolittle à la trompette en parfaite osmose avec le patron. Aux drums, Sean Rickman, multi-instrumentiste et producteur de renom, une sorte de miracle de la génétique alliant l’intelligence de l’accompagnement à la beauté du diable, un style insolite mélange de toutes les frappes ethniques dans un contexte finalement classique. Peut-être le véritable leader du quartet à la scène tant il emmène le truc, permet au boss de naviguer entre les gammes et les opportunités mélodiques, appuyé sans forcer par un bassiste au service de mantras obsédantes. On plane nerveux comme à l’écoute de la techno.
Exposition Charlie Boquet à L’Annexe à Saint-Avertin
J’aime le bestiaire métallique de Charlie Boquet, sa capacité à refaire la nature en exacerbant ses lignes principales, le fouet du serpent, le flottement massif du requin, la dangerosité de l’animal pour l’homme, mais aussi le rêve de bousculer la normalité en bousculant la physique au profit de situations inédites. Maître en ferronnerie d’art, il possède les capacités techniques pour exprimer sans limite ses concepts les plus fous. La pierre, le verre, le fer et dans l’esprit le feu ; l’artiste nous interroge, nous fascine et nous propulse vers l’explosion cathartique de nos rêves les plus fous. A sa manière. Psychédélique.
Nivek & Chill Bump au Temps Machine
Grande salle pleine à craquer, concert sold out avec un public très jeune et enflammé venu pour faire la fête, danser, gueuler, bouger et boire de la bière sur du bon son livré clefs en main pour sa génération. Nivek épaulé par deux Dj’s dont le fameux Phantom toujours aussi impressionnant (la première fois où je l’ai vu sur scène c’était avec Noda… à la MJC de Joué donc à la même place), Nivek disais-je, porte un message et l’amène à la scène tel un boxeur au ring, tel un tribun révolutionnaire à la tribune d’une assemblée populaire. Acteur il l’est, perfectionniste je le suppose tant le set est huilé, efficace dans son propos et impressionant quand finalement il s’affiche seul avec la voix pour un poème urbain aux accents accusateurs. L’arrivée de Janski Beeat déguisé en chat d’Alice sur la fin du set, dilue et c’est bien, un trop plein de pessimisme accusatoire pouvant devenir pesant de par son évidence… Grande fiesta avec Chill Bump véritablement connu et reconnu par la jeune génération pour un groupe phare de son époque ; il faut dire l’implacable séduction du concept tant dans la réalisation et l’interprétation des titres, la scénographie théâtrale propre à captiver l’auditeur (même un vieux comme moi), tout simplement le charisme optimisé de deux artistes dont on ne doute pas d’avoir « beaucoup travaillé pour en arriver là ». Mon écoute et ma vision du spectacle est certes analytique et donc entâchée d’une retenue absente d’un public qui lui, ce soir-là, se donne à fond dans le plaisir et la joie sans se poser de question. Et c’est bien, et c’est ça la musique live : un groupe capable de toucher le corps et le cœur sans intellectualiser le plaisir induit. Ces deux là sont des maîtres en la fonction.
Pierre Mottron en Arcades Institute
Instant magique, instant de grâce en Arcades Institute avec le concert en solo de Pierre Mottron le surdoué de l’émotion distillée en notes et sons, en textes et en voix. L’artiste est unique, le privilège d’ainsi côtoyer son art comme à la maison, évident. Le lieu millénaire où les portables ne passent pas l’écrin parfait pour une écoute optimale. Le public en a conscience et nous sommes à la messe, à la dégustation ; nous savons déjà que dans dix ans nous en reparlerons de ce concert unique, fondateur, avant que Pierre ne parte vers des scènes importantes dans des salles remplies de spectateurs à séduire. Séduits nous le sommes, sans effort, avides d’en entendre encore et encore : ce type a du génie, la séduction de son art est à la fois diabolique et angélique.
Art Vidéo 3 à La Chapelle Sainte Anne
Les expositions nocturnes, j’adore. Arriver vers 23h à la Chapelle Sainte Anne c’est une récréation. S’installer au centre du monde dans le concept de Georges Paumier avant de rencontrer un visage dans les nuages flottant dans le ciel de Didier Laget, puis entrer dans la vie d’Héléna Fin, si juste, si humaine avant d’errer au sous-sol dans des univers disparates et déroutants. L’horaire nocturne privilégie une autre perception des œuvres, un plaisir inédit, la flânerie aussi au filtre du flottement noctambule. On accumule des images et des sensations et l’on se doute bien qu’elles serviront de matière à rêver quand l’heure sera venue de s’endormir enfin, vers le matin.
 

Des Monstres et Un Zem

Chaque semaine, Doc Pilot sillonne les lieux culturels de la région pour nous rapporter le meilleur.

Simon Proust, le jeune chef d'orchestre de Cartesixte
Simon Proust, le jeune chef d’orchestre de Cartesixte

En pleine écoute du Monster Movie de Can je m’achemine vers le Monstre place du Grand Marché. Cette statue de Xavier Veilhan emblématique de la ville de Tours a été totalement adoptée par les habitants à en faire la place souvent rebaptisée place du Monstre. J’arrive peut- être avant ou après la bataille car il ne s’y passe rien de différent à un vendredi soir classique, une terrasse du Tourangeau blindée, un dj balanceur de bruit sur lequel danser, des enfants grimés et de… l’attente des 300 zombies en déambulation au même moment de Jean-Jaurès à Plumereau… En Arcades Institute lecture du livre de François Bon sur les Rolling Stones par Philippe du Janerand accompagnée d’une comédienne et d’un musicien. La période choisie est celle de l’enregistrement de mon album favori Exile on main Street. Je trouve cette présentation didactique un peu tristoune et en manque d’émotion, face à ma propre expérience et au culte que je porte à ces enregistrements… Retour dans le Vieux à l’issu de la lecture : oué, même en côterie on s’ennuie ferme et les morts vivants ont déjà le maquillage coulant comme un vieux camembert ; dix minutes suffisent à en faire le tour, reste en la nuit l’ivresse…. Burnin de Marley sur les ondes, j’aurais bien aimé ce soir le voir sortir de sa tombe…
Les 20 ans de Tous en Scène
Incroyable, déjà 20 ans d’existence pour Tous en Scène, usine de fabrication de musiciens, plusieurs milliers à ce jour. Trois jours de fiesta pour fêter l’événement, le dernier soir deux groupes habités, d’abord Axis l’accord entre une technique guitaristique toute en finesse et une voix féminime charpentée, un duo performant sans effort, évident et attractif. Et puis Zem, chanteur au début de vie unique mais génétiquement chargé, transcendé par un parcours artistique fécond : un roman et quatre albums. Dans son nouveau groupe trois comparses pas inconnus au bataillon, rien moins que la section rythmique de Océakyl, la meilleure du centre-ouest (ah Mogan Cornebert aux drums et Emeline Fougeray à la basse, pleins d’intelligence, de sensibilité, sans barrières techniques à leur expression), et le guitariste virtuose Yassine au touché dentellien parsemées d’éclairs de violence, peut-être des restes de Black Tears, ce groupe heavy métal dans lequel il officiait dans les nineties. C’est la règle dans ce style, la grande variété internationale, donner à un chanteur habité l’assise musicale brillante sur laquelle exprimer son style et son art, et là ça le fait. On sent bien la marque du destin dans la réunion de ces quatre entités dans un même projet ; ils ont toutes les chances de le réussir… Au retour, le Hendrix Band of gypsies en fond sonore, arrêt au feux du Pont de fil à Paul-Bert, des sons étranges flottent dans l’air ; au passage devant Les Colettes, l’image d’un tromboniste soufflant en dessinant des cercles avec son cuivre… sur le trottoir je crois voir le fantôme d’Alan Jack, la clope au bec.. ce soir c’est Alain Maneval qui est sur les ondes j’aime ça.
Cartesixte à Oesia
Ciel couvert, douce température, derniers instants de l’été indien sur Velpeau, temps idéal pour s’en aller flâner à Oesia écouter du classique. Grande claque avec l’Ensemble Cartesixte pour un programme russe, de Tchaikovsky avec Lucia Barathova au violon solo du concerto à Rimsky Korsakov dans un Capriccio espagnol enlevé, en passant par une Ile des morts de Rachmaninov extraordinaire, habitée, véritable peinture de ce voyage au royaume des âmes en peine, le travail des lumières aidant à s’imaginer sur les eaux noires du Styx. Simon Proust en chef d’orchestre est un maître à 24 ans, une star, un artiste d’exception capable de redonner vie au classique, lui insuffler un souffle nouveau donner du corps et de l’envie en bâtissant une incarnation vivace à l’œuvre et au sujet. Il est aussi un meneur de musiciens hors norme et l’on peut supposer le temps bonifier ce respect et cette rigueur mêlée à la fois du compositeur mais aussi des membres de l’orchestre. A la liste des remerciements exprimés il semble l’institution n’avoir pas pris encore l’ensemble sous son aile, à croire nos officiels réfractaires à la jeunesse, à sa force, à l’évidence d’une capacité à porter la tradition au-delà des circuits poussiéreux dédiés à ces pratiques. Cartesixte représente le futur, l’espoir, la qualité, l’ensemble de ces musiciens, juste nés, livrent une démonstration du « la valeur n’attend pas le nombre des années ».

Sexe, danse et rock !

Doc pilot, notre chroniqueur, ne s’arrête jamais : c’est parti pour une salve culturelle ! Miam.

Du Sexe, le Ying & le Yang
Totalement d’accord avec Michel Onfray : le [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=z4eDdjIiIaI[/youtube] censé promouvoir l’expo Sade à Orsay n’a rien à voir avec le sujet. Il pourrait illustrer un événement consacré à Casanova, mais pas à Sade et à sa sexualité morbide basée sur la souffrance de l’autre, et l’assouvissement des fantasmes les plus criminels sans l’assentiment de l’objet de ces désirs. Sade est à l’image de l’Ancien Régime : oppresseur, léonin et profiteur ; Casanova est le chantre de l’amour libre, révolutionnaire : deux options pour un même sujet, les ying & yang de la sexualité….

 Pas encore pu écouter le dernier et troisième album de Pneu, Destination Qualité. Mais vu sa pochette, un collage psychédélique à regarder pendant des heures, à s’y noyer : bravo JB.

 Au Musée des Beaux Arts, exposition Edouard Debat-Ponsan, une peinture académique, aérienne, d’une perfection habitée, sans lien évident avec la peinture de son petit-fils Olivier Debré… J’ai fui le vernissage, d’ailleurs en ce moment je fuis tous les vernissages et vais voir les expos hors de cet amoncellement d’êtres humains braillards et gloutons, véritable obstacle à la dégustation des œuvres… Est-ce le retour de la fraîcheur, une envie d’ombre et de noirceur, ce grand plaisir à la lecture du Ragoût du Septuagénaire de Bukowski en écoutant Marble Index de Nico ?

Lied Ballet de Thomas Lebrun à l’Opéra de Tours
Lied Ballet se place tellement haut dans cette capacité d’allier le geste au drame, la performance physique à la condition humaine, la beauté à l’universalité, que j’ai vu des larmes aux yeux de spectateurs de cette œuvre en l’écriture chorégraphique d’exception. Elle vient confirmer le talent de l’artiste Thomas Lebrun dont nous ne doutions ni du génie, ni de la capacité à se renouveler par nature et volonté. Tel un cycle d’incarnations, l’artiste nous amène en trois actes, d’un purgatoire des corps et du temps vers une possible contemplation de la vie sur des lieder de Berg, Mahler et Schönberg pour enfin assumer l’individu au travers du groupe. Lui donner les armes pour s’affirmer dans son identité et ses envies face au monde et aux autres… face à la normalité aussi. Ma lecture de l’œuvre est bien sûre totalement subjective et je présume que chacun y trouvera son chemin, ses peines et ses joies… L’indifférence au spectacle offert est impossible, et l’admiration du travail des danseurs et musiciens, évidente.

The Healthy Boy & Zëro au Temps Machine
Au Temps Machine, la chance d’enfin voir à la scène Benjamin Nerot dit The Healthy Boy, chanteur nantais atypique à la voix grave dans un registre à la Bruno Green ou à la Bertrand Belin, au look Front Populaire faussement désuet et donc tendance, habité d’une étrangeté aristocratique si absente actuellement de tous les chanteurs balancés sur les ondes par les majors. Dans un univers alliant la douceur à la furie et servi avec retenue ZËropar ses Badass Motherfuckers, il embarque sans effort, inspire la joie même si l’on sent toute cette affaire bâtie sur du drame. Un ex Unkown Pleasure venu pour la première fois au Temps Machine  m’a dit : j’ai pensé à Nick Cave à son écoute. Y a pire comme référence.

Grand plaisir avec Zëro en deuxième partie : un trip artistique furieux et inventif, frustrant aussi par la brièveté des morceaux souvent arrêtés au moment où l’on désirerait en entendre encore et encore. Le répertoire passe de l’expérimental répétitif à la King Crimson (!!) au rock brutal fugazien, sans pour autant dévier du style, d’un style dû en partie au  jeu brillant des multi-instrumentistes. J’avoue un faible pour le jeu du batteur, encore une fois très dans la ligne de la musique dites progressive dure. L’alliance entre la puissance et la technique, enfant de Bill Bruford et Terry Bozzio au service du shoot et du speed.

Johnson Concorde à Gentiana
Grosse fiesta à Gentiana pour la sortie du nouvel album de Johnson Concorde, show multimédia interactif avec image projetée en fond de scène, hommage indirect au quartier Tours Nord où fut tourné le clip du groupe. C’est une surenchère visuelle, une Comedia del arte appliquée à l’univers rock voire heavy metal, une accumulation de gimmicks et situations désopilantes relayées par les rires du public dans un rythme accéléré, à la manière d’un film muet sonorisé par des chansons tubesques exécutées au cordeau. Après trois rappels, un unplugged final tous assis autour du feu du rideau rouge : la grande classe.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=1qhDGEf3hGE[/youtube]

Migrants et Glenn Branca  : l’excellence et la classe !

Notre chroniqueur Doc Pilot est partout. Partout ! Pas de don d’ubiquité, non. Mais là, il avait franchement envie de voir Glenn Branca, Johnson Concorde ou encore un tas d’expos et de concerts.

Ombre et Lumière
La Boîte Noire accueille Laurent Bouro pour l’exposition « Au Cœur de la matière », un artiste en pleine évolution, impressionnant dans sa gestion d’un clair-obscur habité. Sa galerie d’hommes de l’ombre est lumière, son couple de l’ombre une fusion d’âme-sœurs, ses arbres de l’ombre un verger psychédélique… L’étrangeté voire le malaise se rencontrent dans l’expo de Pierre Texier à la Galerie Ozarts, la mise en scène d’un fantôme du début du XXe, la photo d’un aïeul ignoré, Max, retrouvée dans un grenier, l’écriture d’un passé, en appropriation de cette image : une silhouette entre Aristide Bruant et Jean Moulin, la sensation du tragique et de l’héroïsme, de la nuit et du brouillard…
Au CCC, j’adhère d’instinct au travail de Mounir Fatmi dans son « Walking on the light », facilement séduit par la diversité des œuvres exposées, la capacité d’y capter une lecture immédiate en résonance avec l’intime… As a black man me passe du blanc au noir, d’une vie l’autre, Le Paradoxe à la calligraphie métallique a l’aspect tranchant de la lame. Je conforte mon anti-cléricalisme universel dans sa Divine Illusion… reste Sans Histoire et tout est dit.

Glenn Branca au Temps Machine
Passée la folklorique présence de Philippe Briand et de divers élus (venus on se demande quoi faire au concert d’un compositeur de musique contemporaine dont ils ignoraient l’existence, et dont ils ont l’évidente incapacité de juger de l’importance), il nous reste une prestation de fou de « son orchestre de chambre ». Une montée en puissance des œuvres interprétées pour, au final, nous coller aux murs (du son). La musique de Glenn Branca appartient à l’histoire du XXe siècle. Le voir la diriger est un privilège, un événement impossible à revivre, la sensation de croiser Stravinsky à la création du « Sacre », Satie testant ses gymnopédies sur le piano droit d’un bar de Montparnasse, Moondog à l’interprétation chuintée de ses œuvres aux Trans de Rennes. Il est désormais acté de voir Branca identifié comme compositeur emblématique de la fin du siècle dernier, mais aussi pour l’un des chantres de la guitare électrique, de la saturation utilisée pour repousser les limites de la musique symphonique ; à sa manière Branca rejoint Hendrix.
Je fus physiquement satisfait quand Glenn fit pousser les volumes à ses guitaristes, une sorte de plaisir sensuel, un véhicule pour se dépasser, pousser l’oreille vers ses limites, s’en aller voyager aux portes de la perception… Les politiques avaient depuis longtemps fui les lieux : normal, « le 10 minutes douche comprise » n’est pas la philosophie de dégustation de ce style de concept.

Bernard Santacruz Quartet « Migrants » au Petit Faucheux
Parti aux fleurs Mark Bell, le producteur du chef d’œuvre Homogenic de Bjork ; l’occasion de réécouter Medulla avant de partir au Petit Faucheux. Sous les belles encres de Marie Liberos, je croise deux Kosmik Vortex (le guitariste & la chanteuse lyrique), ce groupe très étonnant apparu depuis peu sur les terres tourangelles. Non, ce soir, nous ne sommes pas tous au concert de Stromae, nous ne sommes pas des 12 000 personnes venues au Grand Hall, nous sommes d’une coterie de privilégiés venus goûter au spectacle des virtuoses. En première partie, Lucky Dog présente son nouvel album, une sorte de quartet ying & yang, avec le duo de cuivre trompette/saxo appuyé sur le duo contrebasse/drums. J’avoue être assez fan du contrebassiste Yoni Zelnik déjà croisé sur d’autres expériences.
En deuxième partie, avec le Bernard Santacruz Quartet « Migrants », place à l’excellence : je n’exagère pas, nous sommes face à la réunion de quatre virtuoses assez uniques dans leurs styles. Leurs pratiques et leurs capacités à communier au sommet sans jamais entrer en concurrence. On peut parler de « super-groupe », de jazzstars à la manière des popstars, d’aristocratie du style sans réelle concurrence. Bernard Santacruz à la contrebasse dépasse l’instrument, le dégage de son omniprésence rythmique pour le faire flotter dans les airs ; une démarche aérienne totalement adaptée au jeu extraverti de Bernard Jean au vibraphone, habité, inventif, unique et physique. Simon Goubert aux drums reste lui aussi unique et impressionnant : c’est un peintre à la fois bucheron et horloger, pas vraiment recommandé aux cœurs fragiles. Géraldine Laurent au saxo m’a beaucoup impressionné par son endurance, cette faculté à pousser l’avalanche de notes sans jamais l’arrêter, un souffle continu et mélodique jamais lassant et toujours inventif. Une force aussi, de celle d’un Connonball Adderley, d’un Steve Coleman. On sort assez chamboulé de « Migrants ». On se pince, on échange, on est bien… très bien.

Simon Goubert (Photo doc pilot)
Simon Goubert (Photo doc pilot)

Johnson Concorde Red Phoenix
Il pleut des albums sur l’avenue Johnson Concorde, celle où l’on vient rouler au  pas au volant de sa Rolls, une silver gost de 1910… eh oui, il y a du Melody Nelson dans ce Red Phoenix rock et baroque. Il y a du concept éclairé monté au ciment étoilé d’Alice Cooper ou de T.Rex voire de ACDC ou des Mothers of Invention, melting pot surréaliste à la scène comme en studio, une collection de hits potentiels au parfum seventies.
Sans respect pour les modes, les coteries, les tribus ou les patries, la clé de voûte pour bâtir un concept identifiable, pour peut-être à son tour se placer en tête de file d’un revival et en inventeur d’un style. Johnson Concorde est « une attraction », « un cirque », une jonction parfaite entre la musique et la comédie : il est donc rock et ce nouvel album, la version sans l’image d’une des meilleures folies osées sur les terres ligériennes.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=1qhDGEf3hGE[/youtube]

Baptiste Trotignon et Yvonne Princesse de Bourgogne mouillent la chemise

Chaque semaine, Doc Pilot voyage dans les différents lieux culturels de Tours et nous rapporte le meilleur.

Trotignon Tours
On a parfois des envies d’excellence, alors on écoute Hear me de Dark Dark Dark et tout va mieux… on a parfois des envies de shoot artistique, de tout voir, de tout goûter, d’oser l’indigestion et l’ivresse de la découverte, d’ainsi gagner des heures en parallèle de la vraie vie, de l’espoir aussi… Soirée haut de gamme au Petit Faucheux, cet écrin fabuleux où l’on a découvert tant d’artistes… Bien sûr nous sommes ce soir dans de l’incontournable avec le pianiste Baptiste Trotignon mais nous allons connaître l’imprévisible satisfaction au spectacle de cette « expérience », la réunion de virtuoses un peu fous et très libres, des amoureux de la vie et du partage. Aux percussions Minino Garay n’a de cesse de pousser son ami et complice à transcender son art, à le faire sculpture et peinture évolutive, à nourrir de prises de risque un jeu pianistique hors du commun, mélodique avec violence, indiscipliné, évolutif et tonique, propre à s’effondrer dans l’audace pour nous exploser à la face… dans un rire. Les deux complices mouillent la chemise même s’ils ne sont pas au charbon ; ils sont à leur place, nés pour donner du plaisir au public, leur fonction, leur mission, leur joie… En première partie le Stephan Orins trio aura donné un concert honorable avec mention spéciale au batteur remplaçant ; la belle écriture de leur musique originale reste le point fort de l’affaire… Alcaline à la TV en l’honneur d’un groupe assez médiocre : Christine and the Queens
Moondog, génie et clochard
Soirée Moondog au Temps Machine, hommage à ce compositeur de musique contemporaine décédé en 1999 ; Amaury Cornut anime une conférence didactique et enjouée, une approche de Moondog à creuser par la lecture de son livre édité par le génial « Le mot et le reste ». J’apprends beaucoup, ainsi cette proximité de potes avec Phil Glass, l’imprégnation évidente de leur palettes sensitives ; le sacrifice total d’un homme à son art, l’incroyable transcendance du handicap (il est non-voyant), le refus de la normalité au service de la préservation de l’œuvre, l’assurance aussi contre vents et marées d’être sur la bonne voie, l’unique voie : un engagement quasi christique pour rester dans les mémoires au delà de son siècle par une musique intemporelle désormais entrée au répertoire de plusieurs formations, ainsi le quintet Minisym, orchestre de chambre au service de l’interprétation de l’œuvre de MoondogMinisym à la manière d’Univers zero à la fin des seventies, est de ces formules magiques alliant à l’obligatoire virtuosité nécessaire au jeu dit « classique », un prolongement de l’âme au toucher, une indéniable élévation artistique propre à donner de la substance à la partition. La présence de Moondog devient palpable, son écriture une invitation au lâché-prise : le bel ouvrage, le bel hommage…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=aK0yv9ME-h8[/youtube]
Yvonne, Princesse de Bourgogne
Au Théâtre Olympia, Yvonne, Princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz dans une mise en scène de Jacques Vincey… superbe, intense, jouissif et captivant, une anti-héroïne dans un procès du « droit de cuissage étendu » , du choix du roi, des manœuvres léonines appliquées aux sentiments et surtout à la raison et au choix du sang, l’argent et le pouvoir permettant de s’amuser puis de casser ses jouets sans cas de conscience subie. Dit ainsi, cela peut paraître dramatique mais a contrario cette pièce est drôle, cynique, caustique, merveilleusement jouée sans temps faible. Dans un décor subtilement aéré, sans pour autant être minimal, des personnages aux caractères exacerbés vous embarquent dans leur folie et leur nuisance domestique à l’humanité. Mention spéciale pour Marie Rémond dans le rôle d’ Yvonne et son incarnation pesante d’étrangeté, pour Hélène Alexandridis dans celui d’une Reine Marguerite névrosée et franchement speed, et pour Alain Fromager dans celui du Roi lourd et léger à la fois, parfaite caricature de l’aristocratie décadente. Yvonne aussi mouille la chemise car elle finit noyée dans un aquarium une arête de poisson en travers de la gorge… D’autres choses en travers de la gorge dans le billet de (mauvaise) humeur de Pascal Noebes, à lire dans le fanzine « Demain le grand soir » : l’adepte de la plaisanterie sérieuse, son concept roi, balance des vérités, du bon sens populaire et des propos de comptoirs…
Atelier Mode d’Emploi en survol
Atelier Mode d’Emploi on le picore et on s’y perd, sûr de ne pas pouvoir tout déguster. Passage à Saint-Pierre du côté de chez Zoé, à l’atelier de Sanjin Cosabic : un nouveau travail de l’artiste issu d’un mauvais coup du destin, de grandes toiles mal stockées envahies de champignons, l’obligation de les flamber, les cendres matière première pour bâtir le concept « Pheabus » en une série de formats moyens… Diego Movilla au même endroit présente lui aussi un nouveau style, une démarche quasi destroy, des représentations au fusain de personnages célèbres lacérés ensuite au grattage pour en extraire la réalité occulte, pour les papes la fausse sainteté… Étrange aussi le travail de Nikita sur les doubles photographiques, la théorie des genres, l’hermaphroditique perception de l’individu, de l’être… il jouxte une suite scénarisée de photos d’Ariane Scao-Fevre, les peintures de Sylvie Attucci, un style personnel pour des paysages à la dimension spirituelle… A Lebled, Nicolas Aulagnier invite le métier de brocanteur/artiste, Emyr trace pour sa génération des témoignages, des souvenirs, une manière d’écrire l’époque avec technique, passion et raison… En Arcades Institute je croise des prétendants à la fonction de Ninja : c’est drôle et surréaliste.

D’une Expo l’Autre… puis au Temps Machine

Chaque semaine, Doc Pilot nous emmène avec lui dans ses pérégrinations culturelles à Tours.

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…Médiathèque de la Riche… Les artistes de l’ Artothèque se confrontent au sommet sur le thème « Mythologies Contemporaines », l’occasion de repousser les limites de leur style, d’innover, de provoquer : la palme à Jean-Claude Lardrot pour ses Beatles féminisés et ses femens en poupées, à Chantal Colombier pour ce diptyque en appel au culte des héros de papier et de S.F, à Béatrice Suspène pour son Minotaure de carton en sentinelle face à l’entrée de l’exposition, la belle photo de Jacques Moury Beauchamp en grand volume sur le mur extérieur de la Médiathèque, un clin d’œil au « pacte avec le diable » du père du blues Robert Johnson, la pleine lune, la croisée de deux chemin, le bleu profond…
A La Boite Noire, Fred le Chapelier joue par l’encre et la ligne claire à donner vie à des personnages à l’humanité sublimée dans l’iconoclastique expression du quotidien ; j’aime ce « Des étoiles dans les yeux » pour cette frange en douce prison des yeux… Il s’y trouve aussi un travail commun avec Beatrice Myself… A la Galerie Olivier Rousseau rue de la Scellerie, Sandrine Paumelle offre des paysages retravaillés sous une palette post-réaliste, des plans et des circonstances où le 19e se plonge dans le 21e. Face au concept on touche à la nostalgie maladive de paysages oubliés dans une enfance sublimée ; l’arrêt sur image provoque notre arrêt dans la vie, la méditation engendrée se révélant chaleur et médecine…
En Arcades Institute l’expo commune d’artistes vietnamiens frôle la caverne d’Ali Baba, l’arrière boutique d’un brocanteur des Puces, les œuvres à profusion et de tous styles proposés, une démarche privée et didactique dont s’extrait à mon appréciation les peintures de Truong Dinh Hao, un art brut rural et rugueux, une signature sans pareil pour parler d’un temps révolu… Au Château de Tours les peintures de Fatema Binet Ouakka occupent un étage pour une expo inégale, le meilleur coudoyant le moyen voire le gênant avec des œuvres avec lumières intégrées. Néanmoins Tombe inconnue et Les survivants forcent à l’interrogation sur les émotions ayant conduit à de tels sujets…
Bonne nouvelle dans le quartier Bretonneau/Grand Marché avec la création de l’identification « Le Quartier des Arts » ; des artistes il s’en trouve à toutes les portes, une pépinière de talents ; le touriste a besoin d’être pris par la main pour oser s’éloigner de Plumereau : en voici l’occasion… Chapelle Sainte Anne, Primum Movens, une expo collective de 19 artistes de rouge et de verre mêlés, le rouge pour la danseuse de Tango, son histoire en quelques minutes filmées, sa force dans le geste, le son, la narration dans les regards et les circonstances.. le rouge pour cet automnale effeuillage à l’accumulation envahissante du plancher de verre de l’endroit ; le verre disais-je, au sous – sol pilé par le rêve de Catherine Martin, une chapelle revisitée en terre inconnue spatiale et dangereuse, une inhospitalité tentatrice par les brillances attiré pour y perdre une main, un pied, la raison peut être… au spectacle de Benoit Pradier incarnant le Beau Bizarre et l’étrange dans la noirceur d’un tunnel sans fin…
Le Ride of me de PJ Harvey à fond dans l’habitacle, foncer vers le Temps Machine pour ne pas rater le début du concert de Rod Anton and The Ligerians, concert de sortie du nouveau disque ( hé oui on fait encore des disques) devant un public nombreux et conquis ; de bonnes vibrations, de la convivialité, un bon sens d’en la fusion des styles et une relecture des racines propre à séduire toute les générations… Il m’y manque pourtant ce grain de folie pour m’embarquer dans l’oubli de l’instant … Le sang a coulé, la tête est tombée ; mon compte facebook suite à une prise de position sur le sujet devient la tribune de la leçon donnée : la sérénité n’est plus de mise… Face au drame je plonge dans le hard rock des seventies, ma médecine : Black Sabbath, ACDC, Deep purple, Led Zeppelin… et la lecture du nouveau Parallèles : rencontre de Laurent Geneix avec l’adjointe à la culture Christine Beuzelin ( au contraire d’avec la précédente couleur, il semblerait que l’on joue cartes sur table même si ça fait mal : un paradoxe politique appliqué à la culture locale)... un portrait de Sylvie Attuci l’artiste-scientifique omniprésente en cet automne, une couverture clin d’œil aux « sans dents » avec un dentier en star de l’image…
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Retour au Temps Machine pour une soirée dites « électro pop » très dans le style avec Weekend Affair, duo de comiques troupiers des années 10 au style 80’s relifté dans son époque, nostalgique et à la limite de la caricature mais sans l’aspect putassier d’aucuns en tentative du genre : on se marre, un peu, on aimerait leur donner plus pour les voir nous renvoyer à leur tour une émotion hors de leur doux cynisme. Leur titre « boxing » agrémenté d’un jeu de scène désopilant est à tomber… Judas Warsky, l’ex Turzi, travaille lui aussi dans le néo 80’s mais dans la strate romantico-dramatique du sujet ; c’est bien emballé mais c’est pas ma came, affaire de goût et de style ; je reconnais la force de son titre « Bruxelles, capitale de l’Europe » et deux trois passages instrumentaux intenses et captivants… De l’intense nous l’aurons avec NLF3, les ex-Prohibition balançant un concept très « rock in opposition » d’entrée en filiation directe avec This Heat, Henrycow voire Magma, une prog’ répétitive technique et obsédante support à des lignes mélodiques capables de toucher le cœur et l’âme. Ces musiciens aguerris relisent leurs instruments d’une manière unique, réinventent l’académisme et le jeu pour user d’une palette inédite alcoolisée d’énergie régénératrice : il y a du mouvement perpétuel dans cette affaire, une parfaite utilisation des forces pour tenir sur le fil sans ne jamais tomber.

Carmen Souza, le sacre à Jazz en Touraine

Chaque semaine, notre chroniqueur Doc Pilot nous en fait voir, de belles sorties culturelles.

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Vaison la Romaine en août, plein après-midi… au milieu des ruines d’une villa romaine, des sons, une balance en cours, puis la voix magique s’élève alors que je m’éloigne du site pour rejoindre Orange, sans savoir que ce jour là, je rate ma première occasion de voir Carmen Souza en scène… La chance repasse l’air de rien pour la retrouver au festival Jazz en Touraine, le hasard d’un planning élastique m’accordant au dernier moment d’ assister à son concert…  Du hasard disais-je, mais non voyons le hasard n’existe pas, tout est affaire de circonstances… A Montlouis, au festival initié par Jean Jacques Filleul, nous sommes gâtés… Cette artiste trentenaire est « haut de gamme », assez unique dans sa capacité à mâtiner des origines cap-verdiennes dans un creuset multiethnique et habilement axé vers le show, une prestation scénique à faire battre des mains, à faire la larme poindre au coin de l’œil, à faire les pieds glisser en rythme sous ce siège que l’on aimerait voir disparaître pour onduler du corps, à faire les yeux s’agrandir et les oreilles se réjouir face aux pirouettes instrumentales de ses amis musiciens  dont l’étonnant bassiste Theo Pas’cal. Cette musique n’a pas son équivalent sur la scène mondiale, en partie dans sa capacité à créer une world music du 21e siècle, mais aussi dans sa liberté d’écriture,  au niveau des textes et des arrangements musicaux…
Opéra Multisteel
New world music aussi avec ce nouveau disque de Opera Multisteel, fratrie d’artistes au concept installé depuis plus de trente ans pour nourrir un style, un chef d’œuvre, fidèle à un univers unique décliné dans diverses approches sans dévier de l’objet, à la manière de carrière à la Magma ou à la Philippe Laurent. New worldmusic disais-je, le groupe ayant glissé dans ces « Apparences de l’invisible » : une palette sonore acoustique et traditionnelle habilement mêlée à l’électronique. Je pense que les membres du « culte » seront réjouis par « L’air du Verseau » tant il propose tous les codes du groupe en un futur standard de son répertoire, ma préférence allant à « Mirage Fatidique », véritable trip gothique forçant à l’élévation.
Cette musique et ces textes sont chrétiens et occidentaux ; à l’heure où renaissent des croisades, la juste bande-son de son époque, maçonnée de feeling et de foi telle une nouvelle église dissidente et éclairée. Une église où l’on danse et où l’on pousse le son…
Ciel canaille à la Guinguette
Belle déception climatique ce vendredi soir où nous pensions tous aller faire la fête à la Guinguette pour la soirée Temps machine, ciel bien canaille et soleil mêlés toute la journée se remplissant de nuages puis de pluie vers 18h : Tant pis… Pour tenter de ne pas maudire les dieux, l’écoute intégrale du Aftermath des Stones, l’époque avec Brian Jones : j’en sors encore plus énervé, car la pluie n’arrête pas de tomber !!
Adepte de Meetic
Superbe la pochette du dernier quatre titres de Fred Chauvin, une mise en scène photographique du génial  Philippe Lucchese ( à qui l’on doit la relecture historique de l’étoile bleue exposée il y a quelques mois au péristyle), amusant scénario dans l’écriture de ces titres savoureux d’humour et de réalisme, belle et juste description de cet âge où l’on se sépare et où l’on revit une deuxième vie, où l’on sait aussi le corps plus fragile mais la conscience plus aigu d’un laisser-aller nécessaire. Les adeptes de Meetic et de On-Va-Sortir s’y reconnaîtront. Pour bâtir cette chanson française de qualité à la sauce jazz manouche, Fred Chauvin s’est entouré de la crème locale dans le style, les musiciens de La Canne à Swing, le violoniste Laurent Zeller et l’éternel complice Stéphane Caraty.
Clair-obscur
Superbe la couverture du nouveau Louis, une photo de Nivek telle un clair-obscur habité de spiritualité. Louis est exigeant : c’est sa marque, son style, sa démarche ; à l’intérieur Boogers, Séverine Deslions, Les Ateliers Auguste… Savonnieres, belle initiative avec la nouvelle édition de « Une expo d’enfer au paradis », la rue du paradis accueillant dans des lieux privés et d’exception, une belle brochette d’artistes travaillant dans diverses pratiques, tel que Topaz le graffeur qui monte, en partie grâce à son style très particulier, mais aussi les photographes Jean Luneau et Nikita, le peintre Laurent Bouro (en pleine évolution) et les sculpteurs Papadom et Azeline Tolmbaye travaillant chacun à leur manière dans un animalier surréaliste….
Beautiful
B.B King sur ARTE, beau à pleurer une pareille histoire : black is beautiful… Au vide-grenier je trouve le 33t, slayed de Slade et j’en suis tout heureux : est ce bien raisonnable à  mon âge ? Gudbuy t’Jane !!! cockney music, les précurseurs du pubrock et du punk, la bande-son des prolos pour la fiesta alcoolisée du samedi soir du début des seventies… M’éton’ pas kon y r’vienn’ (ça c’est du cockney tourangeau !)…  Encore la pluie en cet fin de dimanche après-midi comme vendredi et samedi, et pas de concert à l’air libre pour Les Noces Gitanes au Château de Saint-Avertin, mais un repli vers la salle dans une ambiance surchauffée par la foule présente ; j’aime ce groupe sans pour autant crier au génie, c’est une formation solide, avec des musiciens confirmés, et surtout un chanteur trompettiste talentueux et charismatique, clef de voûte de l’ensemble. On sent l’assemblage optimum pour aboutir  à un bon cru pour enflammer les scènes des grands festivals et donner du plaisir au public. Et nous le plaisir, on aime ça !!

Rayons Chauds, Rayon Frais en bord de Loire

Chaque semaine, Doc Pilot nous fait redécouvrir Tours sous l’angle culture.

Jonny Lang à Avoine.
Jonny Lang à Avoine.

La biennale Rayon Frais est un rendez-vous incontournable et attendu pour les amateurs de surprises visuelles, auditives, sensitives. Une plongée sans bouteille dans la création abrupte et sans compromis, un voyage exotique vers des terres oubliées au fond de nos rêves, un bon moyen d’oublier un temps la réalité et revenir au quotidien, armé de toutes ses images. Pourtant la performance de Sophiatou Kossoko en Arcades Institute prend racine dans une réalité exacerbée, ne laissant guère de place à l’illusion et au rêve. La force du verbe et la charge des mots est toute en force et en attaque, de l’incarnation visuelle du geste à la danse codée : une voie impossible à quitter avant la fin du voyage…
Au pot d’ouverture du Festival le Quatuor Machaut balance des vagues d’harmonies cuivrées, perché dans la Tour Charlemagne, vers une audience d’acteurs locaux désireux de signaler leur présence à la nouvelle couleur en place et impatients de boire un coup car il fait chaud… Au top de Christine Beuzelin, les goulus et les soiffards massacrent le buffet, comme à l’habitude ; Serge Babary arrive après la bataille et discute à la cool avec les trainards : les quémandeurs sont déjà parti hi hi…
Bœuf blues en Arcades Institute : un peu fiesta de fin d’année pour des prestations de potes en demi-teinte. Jack Cigolini et Patrick Filleul mènent le bal avec l’humilité des grands, mais quand Christiane Grimal entame « summertime », ça joue vraiment et tout s’enflamme… Autre américaine, autre temps, triste destin : tombé dans Karen Dalton j’ai du mal à écouter autre chose : Billie Holidays me sauve in extremis de la noyade…. Dominique Mureau est décédé d’une crise cardiaque foudroyante en plein Ile Simon/Mode d’Emploi ; ça s’appelle « mourir sur scène » et ça fout un choc. Je l’aimais bien cet artiste photographe aux yeux pétillants d’intelligence, au feeling apaisant et apaisé…
En route pour le festival Avoine Zone Blues où se joue, paraît-il, une sorte de guéguerre locale à la Pépone/Don Camillo ; peu nous importe car pour nous c’est « tout pour la musique »… Pillac balance son nouvel album très rythm and blues (serait ce l’effet Ben, beaucoup d’artistes filant dans cette niche ?), c’est bien mais guère innovant ; je le préfère quand il revient au blues… La tête d’affiche Jonny Lang incarne l’excellence avec un quintet de virtuoses au service d’une sorte de rocksoul osant le subtil mariage de l’émotion et de la technique ; lors d’un des solos de guitare du jeune prodige j’ai physiquement « le frisson » ; la version allongée du « livin for the city » de Stevie Wonder restera dans les mémoires. Jonny Lang, remet les pendules à l’heure, confirme une fois de plus que la technique n’est rien sans l’âme et l’amour du public mais aussi que les ricains seront toujours les plus forts dans le style … La France n’est pas qualifiée ; pas grave Le Tour de France arrive…
Aller au Festival Les Courants à Amboise, c’est comme partir en vacances ; se poser à l’île d’Or c’est déconnecter de la vie courante, se donner du temps pour vivre, jouir et partager. Ce festival a su garder un feeling bon enfant et convivial, populaire et festif, une atmosphère unique et sans prise de tête surjouée : on ne voit pas de mecs de l’orga courir les yeux dans le vide et l’esprit dans l’oreillette ; vous saisissez… Après deux groupes sans intérêt ( une excellente copie de Louise Attaque, ben oué ils jouent mieux qu’les mecs à qui ils ont tout piqué, et une pantalonnade punk qu’à pas le son : non, je ne cite pas de nom car demain ils seront peut être enfin bons) Soviet Suprem envahit la scène et balance un concept théâtre et musique, mélangeant le hip hop aux racines de l’est : les ex Java propulse le festif vers un scénario délirant et mine de rien sacrément technique et travaillé : j’adore et j’achète un tee-shirt pour porter leurs couleurs tout l’été !! Les Têtes Raides sont plus sages même s’ils ont mis beaucoup de rock dans leur style ; les titres phares au final ramènent à l’adhésion toutes les strates du public…. Sinsemilia fera l’unanimité au final avec une heure trente de « bonnes vibes, man » ! C’est beau Amboise la nuit au sortir de l’île d’Or ; t’as l’impression d’être dans un film…
Rayon Frais encore, pour un dimanche entièrement consacré à voir un maximum de spectacles : excellente Emmanuelle Lafon au Vinci pour un set écourté pour cause de grève des intermittents ; j’aime cette encyclopédie de la parole au service des combats… A la sortie Jacqueline & Marcel, la compagnie L’Art Osé propose une relecture  du médecin volant de Molière : c’est drôle, insolent, joué à la limite de la caricature et de l’hommage… A L’Opéra, la fascination du désastre est une écriture théâtrale jouée par des orfèvres en la pratique de la drôlerie au service du sens, de la dénonciation par l’image sans exclure la poésie omniprésente. Superbes décors, rires, pas une seconde d’ennui, habillage sonore envoûtant : un sans-faute pour Adell Node-Langlois, Estelle Beugin et Alexandre Demay..  Au Théâtre Olympia les danseurs sénégalais de L’École des Sables nous embarquent dans un trip un peu fou au fil rouge (l’interactivité cybernétique) régulièrement tranché par des références aux traditions ancestrales avec nombre de clins d’œil à l’accueil des migrants : à base de bassines colorées la mise en scène est à l’image de la chorégraphie : tonique, comique, festive et conviviale… En l’Esplanade du Château de Tours se tient le Chef d’œuvre d’Art ultime, la conjonction entre les pratiques, Le Jour du Grand Jour du Théâtre Dromesko, tant et tant élevé dans la qualité et l’humanité qu’il nous sera difficile après l’avoir vécu de goûter autre chose. Le spectacle global engendre l’impossibilité de vous le décrire sans minimiser son impact. Je me contente donc de vous affirmer le sentiment que ce gang d’humains talentueux est fortement nécessaire pour nous aider à vivre, pour relativiser nos angoisses, nos peines et nos joies ; en une heure et demi de surprises et de beauté , notre Condition Humaine nous est habilement exposée dans un univers aux possibles références subjectives allant de Tardi à Fellini, de Scolla à Burton, de Malaparte à Celine. Je n’ai jamais rien vu d’aussi bon : Ils sont forts les Bretons !!

C’est ta Fête, Musique ! !

Chaque semaine, Doc Pilot voyage dans la culture à Tours.

Les Parpaings sur la scène Région centre, à la fête de la musique, devant l'Arcades institute.
Les Parpaings sur la scène Région centre, à la fête de la musique, devant l’Arcades institute.

A la Guinguette Swing and Shot ouvre le bal avec un big band années 40 à te pousser au cul dans La Loire à force de plier les gambettes : y’a même Colotis Zoé la chanteuse de Caravan Palace ; elle donne du geste sur la piste opte pour l’esthétique au profit de la gymnastique, avec ses comparses de joie communique en l’instant un dénie du cérébral salvateur et propice au début d’une nuit blanche. Au Petit Faucheux, Starting Blocks, “ si tu veux voir les mecs qui feront demain ils sont là ”, et oui, dans le lot tu peux être sur de les voir là, les futurs Ben, mais j’y passe pour la classe adulte de Patricia Ouvrard, un concert de fin d’atelier à la mesure de l’élève le don. Mauvaise pioche.
Au Château de Tours je croise Hugues Vassal au vernissage de l’expo des photos de Gilles Caron ; avec Depardon ils sont tous les trois à l’origine de l’historique Agence Gamma. Caron fut le témoin et le rapporteur des tragédies de l’après-guerre : Vietnam, Biafra, mais aussi des bouffées de révoltes générationnelles fondatrices : Mai 68, Irlande du Nord, Prague… C’est violent, cru, techniquement parfait, « un conflit intérieur » dans la tourmente… Au CCC, Michel Verjux use de la lumière pour matière première, habille et redessine les volumes dans la rétrospective de trente années de création au service d’un concept anecdotique, d’une portée d’action limitée dans les cœurs et les âmes. Toujours dans l’Art Contemporain, j’avance sans culture à la rencontre de La Force, que ce soit ici, à Venise, au Palais de Tokyo ou ailleurs : cette première visite ne me touche en rien car tout m’y semble vain au sortir de celle de Caron…
Passage au Projet 244 ( et oui, il s’y passe encore des trucs) j’y croise Topaz en pleine répétition de la création d’une toile qui sera réalisée en live dans un des grands festivals : le geste instantané est impressionnant …   » Si tu ne veux pas payer d’impôts cache ton piano…  » Chantaient les Charlot, car oui, il fut un temps où l’instrument de musique était imposé comme une piscine ou ta propriété, Coco, aux Seychelles ou aux Maldives ( Coco, c’est Benoît Renaudin…) : tu n’étais pas à la fête, Musique !!
Et bien Jacques Lang est arrivé avec cette envie de rester dans l’Histoire sans pour autant se rendre responsable de crapuleries mais en imposant du Bien, et ce fut enfin ta Fête, Musique ! !… Plein d’offres partout, je la vis place de la Monnaie avec la scène Arcades Institute : Pascale Boquet pour la musique ancienne, amplifiée et pas du tout décalée, Les Parpaings en bain de jouvence de l’électricité pour du rockpunk convivial, Padawin en héros du soir, force de frappe visuelle et musicale, et un son… le son…. Dernier concert pour Les Fêtes Musicales en Touraine : Boris Berezovsky & le quatuor Borodine dans du Dvorak. Géant, chaud et géant, virtuoses équilibristes et sans filet… Après le concert la Région Centre rase gratis et tout l’auditoire se précipite sur le buffet ; alors arrive Boris en short et tee shirt coloré. Le héros de retour chez les humains. C’est le feu d’artifice.
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De Betty Davis à La Femme : une semaine Aucard de miel et sucre.

Cette semaine, Doc Pilot a beaucoup traîné du côté de la Gloriette…

Brian Jonestown Massacre à Aucard.
Brian Jonestown Massacre à Aucard.

Des fois le hasard vous fait tomber sur une mine d’or… A force de courir les albums de Roberta Flack je suis tombé sur Betty Davis, une ex de Miles propulsée au début des seventies dans l’aventure discographique avec sa bande de potes éclairés : la révélation. Peut-être plus fort que Tina Turner car plus libre, plus sexuel ( hé oui), plus contemporain dans son utilité au dancefloor, un Elvis au féminin matiné de soul racine à te construire le funk comme ça, l’air de rien, aussi importante que la guitare whawha de Shaft, la drum machine de Timmy Thomas, une dame inventeur du chemin qui va de Ray Charles à Pharell Williams, cette route noire et marbrée comme ta peau, chérie, sous la boule à facettes… C’est donc ainsi, la tête dans la soul que j’entame ma semaine Aucard de Tours. 29 ans déjà, pour ce challenge un peu potache que j’ai vu naitre sous le Pont de Fil…. Buddy Buddha au Mc’cools ou le défit au vent, à la pluie et au son. J’avoue être assez fan de l’artiste Janski, ici dans une des ses incarnations au coté de son complice Krom Lek ; bien sur l’attaque au lounge est manifeste, le pied de nez à la musique au kilo, et ça démarre à la José Padilla en Ibiza sur Loire, pour dévier vers du rythme bruitiste tranché de guitares dissonantes et de voix second degré… Arrivée à la Gloriette dans une glissade de boue sous un soleil naissant : c’est de bon augure. Sous le petit chapiteau au bar décoré de photos de Monsieur J, Fucking Butterfly avec toujours Janski mais là aux bruits et aux bulles dans l’une des meilleures formules de scène vues dans la région. Nous sommes dans du növo punk ou du növo rock’n’roll, une synthèse d’influences visant les jambes et les yeux : pour moi le meilleure groupe de ma soirée… Sous le grand chapiteau Deportivo : c’est bien mais au bout de quelques morceaux je ne suis plus dans l’truc et file bouffer des crêpes au stand animé et délicieusement bruyant de la Smalla ; les mains pleines de sucre, je sers des pognes, la gueule huileuse claque des bises : on est bien à Aucard, très bien. Vundabar j’aimerais aimer mais…
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Enfin une longue plongée psychédélique dans l’improbable et l’histoire avec la prestation attendue et échevelée deThe Brian Jonestown Massacre ; d’abord le souvenir du film « Dig !   » comme beaucoup de vieux présents, puis le laisser-aller offert à l’authentique partage de cette bande de potes, sorte de mélange entre les Happy Mondays et le premier Velvet Underground, de l’approximation et de l’improvisation, vitales dans ce monde où les écoles de musique sortent des techniciens à la pelle, et puis ce côté boeuf ambient à la Grateful Dead où l’on sent l’évidence d’une démarche instinctive enfin acceptée par le public… Après ça je ne veux plus rien voir et file vers Velpeau où résonnent des bribes de la fête en cours là-bas au bord du Cher… A Loches au Carré d’art Michel Gressier expose de drôles de papillons prisonniers dans la pierre, des plantes de toiles et couleurs apprivoisées par le jardinier du vent, une manière bien à lui d’occuper à la fois l’air et les murs… Célébration du 6 juin 1944… Une pensée aux anonymes morts sous les coups la même année dans les caves de la Gestapo de Tours, à l’angle des rues George Sand et Victor Hugo : rien de changé sous le soleil, tant d’autres martyrs et d’autres bourreaux depuis 70 ans… Retour à La Gloriette pour une troisième soirée blindée de monde et c’est bien, enfin presque. Le premier groupe offert : Caïman Philippine adoré de tous, c’est pas ma came, trop entendu partout, trop variet’, dans une démarche de séduction à tout prix ; je leur espère le grand succès populaire qu’ils doivent viser, sinon à quoi bon… Je leur préfère Tijuana Panthers, power trio surf garage à la manière d’un Jam trempé dans la compilation Nuggest, nerveux, incisif, avec un jeu de basse en accord sur la Rickenbaker, des punkybyrds…. Funken c’est fou ; JB aux drums assoit le truc et l’on en sort avec un son, un style, une approche d’ados attardés poussant le vice à marier l’insolence à la qualité, la précision aux harmonies expérimentales, emportant sans trop se forcer l’adhésion du public… Un webzine dans sa version papier, c’est la production quotidienne de Jugger webzine, et un rendez vous installé sur le festival… Dernière ligne droite avec La Femme, la pop ligne claire du pays basque, fer de lance d’une génération en relecture totale des années 80 vivifiées de sang neuf pour aboutir à leur style : c’est la fiesta… Skip & Died est une machine de guerre pour réjouir les festivaliers, une ethno electro rock teintée de world. C’est beau et violent, avec une drôle de chanteuse à la barre. Cet Aucard est l’un des meilleurs que j’ai vécu.
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Tours c’est Fou !!!

Des Gorilles chez le Bijoutier, Des Fourchettes Soniques au bord du Cher et de la Guinguette en bord de Loire et ça c’est la chronique de Doc Pilot !

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Je vous conseille la lecture du programme du Temps Machine même si vous n’allez pas au TM ; la plupart du truc est écrit par Rubin Steiner et ça parle de groupes que tu peux ne pas connaître donc à découvrir, à la manière des premiers Inrockuptibles fin  80’s ou de Nova Mag fin 90’s, et puis y’a la BD de Terreur Graphique, juste, drôle et esthétique ; j’en connais qui lisent le programme des Studios sans jamais y aller, et bien c’est pareil : rien qu’à le lire tu sembles avoir été au Temps Machine… C’est trop !!
AZ baptise son festival Les Fourchettes Soniques, avec un nom qui sent le rockab’ ou la devo attitude pour du reggae (en partenariat avec La Smalla) et du celtic ! Déjà d’entrée, ça file l’envie, on se dit que c’est le retour de la fête des fous, le moyen-âge est à nos portes. Bientôt les vikings attaqueront la place du Monstre et les Normands pousseront leurs navires sur le Cher et la Loire, et puis après une finale de coupe de France breton/bretonne comment résister à l’envie d’une soirée celtique. On le sait déjà, on va pleurer à la première note de cornemuse, au premier grattement de caisse claire, tant le beau pays nous manque, cette terre où tout finit, où tout commence, oh samedi nous serons tous bretons et la veille nous serons tous Jamaïquains. Nous sommes dans la découverte après l’ignorance, nous sommes dans l’envie de communier dans les racines, de nous dire que finalement rien n’y fait, le progrès, la Bourse, la politique, seules restent les racines, celles de Dan ar Braz comme celles de Peter Tosh, avec le blues les seules à pouvoir te bousculer l’orgueil, à te faire retrouver l’humain en toi… Oui vendredi au Grand Hall, ce fut bon, d’abord avec Naâman le jeune dans le style mais pas le moins talentueux, puis Brahim le tourangeau de l’étape : je l’ai vu démarrer avec Wadada Sound System et ça me réjouit de voir son aventure continuer : l’artiste au delà du style, porte une identité et des textes qui le rendent unique, à l’instar de Taïro et de cet amour du public rendu au centuple ; le maître Alpha Blondy fait figure de père fondateur mais son propos est d’une tragique actualité, humaniste, politique, pragmatique, et je pense à Fela pour le fond et à Burning Spear pour la forme ; sa reprise du Floyd est belle à pleurer : nous sommes heureux que tu sois là et nous t’en remercions… Je finis la soirée en rematant 48 hours party people, d’autres racines, celles de Manchester, celles d’autres fêtes, celles des pilules en lHacienda et Factory. En début d’ap’ un saut rue de Chateauneuf au bas de la Tour de l’Horloge, la bijouterie de Emmanuel Lecerf accueille dans sa vitrines les gorilles de Catherine Lancelot ; et oui la jolie rennaise fait une fixation sur l’animal et c’est réussi, y’en a même un avec un collier, du style si tu mapproches pour le piquer, je te brise en deux… Le propos à ne pas tenir en la Boite Noire aux rhinos de Michel Audiard épaulés par un Ours blanc absolument craquant ; le bestiaire en voie de disparition fixé dans la résine cohabite avec les tableaux de Nep l’inclassable, et c’est évident, tel un fil conducteur entre deux générations…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=_udvy4uZ9d0[/youtube]
J’ai mis Led Zepp à fond dans la voiture pour filer à la soirée celtique (gasp !!), dites ma chère, un chien noir qui traverse devant vous, ça porte la chance ou la poisse ?  Y’en a qui passe le week-end là bas car à coté des concerts payants y’a plein de trucs gratos, du style FunkTrauma, Tomas Bailey, Volo, Sapiens Sapiens, de la bonne came pour que dalle… Les danseurs et musiciens d’Irish Celtic c’est la claque, techniquement parfait, ce qui n’est pas vraiment le cas de Tri Yann, un peu caricatural et sans surprise, mais indoor on se la joue rencontre interceltique et on adhère car bien sûr on voudrait être à Lorient alors on chante… Dehors dans le village gourmand des Fourchettes Soniques on danse, on boit… et on pisse comme on pleure sur nos terres infidèles…. La première édition du festival est une réussite ; on y retourne le dimanche en l’ap’ pour un concert furieux de Big Yaz Explosion, le truc de fou du moment tant il regroupe de musiciens d’exception au service de racines bonnifiées par le temps… Le spleen n’est plus de mise : le soleil arrive, la Guinguette de Tours sur Loire ouvre ses portes et enterre cette collection Hiver/Printemps 2014 clôturé par l’assassinat de Camille.

Du Nord au Sud de la Gloriette

Toutes les semaines, la chronique de Doc Pilot.

The Roots Addicts
Depuis trois jours, impossible d’arrêter d’écouter Ann Peebles, une compil’ de ses tubes de 69 à 79 : je suis dingue de la musique noire des sixties et seventies… 1er mai sous la flotte ou presque au nord de la Gloriette, Antonin Beranger et sa collègue violoncelliste jouent les pianistes de bar pour un déjeuner syndical et bruyant qui ne les écoute guère… Je vois Paco arriver en tenue pour chanter la paix, dommage je dois filer… Ciel d’encre, orage, éclairs, un live de Police de 1979 dans l’écran , du reggaejazzrock : très forts ces jeunes gens… Le ciel s’ouvre, vite retourner à la Gloriette pour le concert de Little Rina & the Frenchies ; dans des conditions spartiates un set énergique entrecoupé d’une panne de jus : elle est étrange et unique cette petite chanteuse entourée de la crème des guitaristes…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Zw7GJmunOE0[/youtube]
Le lendemain retour sous un ciel bleu à la Gloriette mais au sud en ce bout du monde de Tours qu’est La Belle Rouge, lieu unique au cul des vaches, rare espace encore possible pour l’initiative de la culture indé : Radio Campus y propose la soirée Campus Flavor 2 ( ben oui c’est la deuxième mais pas la dernière)… J’y découvre deux groupes émergents qui, à mon avis, vont être ceux que l’on verra partout dans l’année à venir : d’abord Midjo, sorte de mélange entre Marvin Gaye et Jamiroquai pour les influences, encore en construction mais prometteur : guitariste excellent, bassiste/choriste pilier de l’affaire et chanteur charismatique… puis The Roots Addict, sorte de grosse fiesta reggae décomplexée, bande de potes qui envoient le truc sans se la jouer mais avec la ferme intention de partager la fête avec leur audience ( elle a tout compris l’audience, c’est le délire!!), deux chanteurs incontournables et de superbes instrumentaux avec solo de mélodica et ensemble de percus irrésistible… Tom Bailey finit la soirée, un peu tard pour beaucoup ( y’a le tram à prendre), avec un concert haut de gamme très très influencé par Prince (on pourrait trouver pire). C ‘est parfait, ouhahou la section rythmique, une machine de guerre soul à la Tamla et à la Stax !! Au Velpot place Velpeau, les murs tremblent sous la charge d’un brass band, pour une soirée Swing and Shout qui déborde sur la rue… Le soleil, enfin, le soleil et cette envie de glander sans alibi, d’écouter des trucs délicieusement soporifiques (j’enchaîne le Moon Safari de Air avec le Grand Love Story de Kid Loco puis le Mingus ah um de Charlie Mingus pour revenir au sol), de lire des trucs du 20eme siècle parlant d’errance et de drame ( le Tristessa de Jack Kerouac), de boire du Fronton en se disant : allons à la mer, allons au sud !!
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=H9OiDaTKtxI[/youtube]
 

Moriarty, Shampoo Meuchiine, Pherivong & Loizeau : Pas Banal !!

Doc Pilot nous livre chaque semaine ses impressions culturelles. Bon voyage !

Moriarty au Temps Machine
Moriarty au Temps Machine

Iris le nouvel album de Shampoo Meuchiine est une petite merveille et l’aboutissement du travail de trois maîtres en leurs instruments, curieux et passionnés au point de repousser les limites de la facilité sans tomber dans le stérile ennui d’une expérimentation facile. Cedric Piromalli est aux claviers ( responsable aussi du beau design), Pascal Maupeu que je situe au croisement entre Marc Ribot et Robert Fripp, est aux guitares et Bertrand Hurault aux drums. On plane bien dans cet univers assez surréaliste mais toujours harmonique, un peu comme dans un film où l’on ne comprendrait pas tout, nous obligeant à privilégier l’animal au cérébral pour jouir de toute sa substance. Fabien Tessier des 49 Swimmming Pools est à l’enregistrement et au mixage, et ça s’entend… Autre Cd bien sympa, celui de Jo Dahan, Ma Langue aux anglais à sortir en mai ; l’ex Casse Pieds, Wampas et Mano Negra pourrait bien toucher le jackpot avec un album de chanson rock (le terme est bâtard mais c’est pourtant le mieux adapté), collection de possibles standards nourris de cette effronterie canaille qui fait tant défaut à la plupart des nouveaux dans le style, bien au dessus du dernier Aubert et de son alibi littéraire à deux balles… Le regretté Olive dans le lecteur pour un Retour à l’envoyeur, un Banal et un Monde animal, en route pour le Temps Machine pour le concert de Moriarty, le Dark Dark Dark européen.
[nrm_embed]<iframe frameborder= »0″ width= »480″ height= »270″ src= »//www.dailymotion.com/embed/video/x162r5o » allowfullscreen></iframe><br /><a href= »http://www.dailymotion.com/video/x162r5o_mama-festival-2013-live-moriarty_music » target= »_blank »>MaMA Festival 2013 – live Moriarty</a> <i>par <a href= »http://www.dailymotion.com/orangemusique » target= »_blank »>orangemusique</a></i>[/nrm_embed]
Ces néobeatniks voyagent dans un temps où Kerouac et Ginsberg inventaient l’underground et dans les bases de ceux qui transformeraient le folk en rock psyché (Airplane, Byrds, Dead), mais dans les années 10 du nouveau siècle il ne reste que la beauté idéalisée d’un style désormais sans danger pour le système ; il suffit d’en jouir sans se poser de question, et les passages unplugged sont de purs et audacieux chef d’œuvre… Au retour dans la TV un live de Bob Marley, la tournée que j’ai eu la chance de voir sur scène à Paris en 1976/77, je ne me souvenais pas qu’ils jouaient Jamming si vite par rapport au disque. J’enchaîne sur Otis Redding à Monterey : c’est pas jeune mais ça dégage ; la dernière fois où j’ai croisé son guitariste Steve Cropper, backstage en Avoine Zone Blues, ça m’a filé le frisson… Cette année je ne suis pas allé au Printemps de Bourges, rien ne me semblant justifier le voyage (le Detroit de Cantat me tentait fort mais il sera en TDS), et puis j’ai déjà la tête et l’envie dans Aucard de Tours, Terres du Son et le Potager électronique… La glycine blanche n’en finit plus de laisser s’effondrer sa beauté ; t’as dans l’air comme un parfum d’amour : je m’en saoule avec en fond sonore le Tropical Hot Dog Night de Captain Beefheart… Pierre Fuentes m’invite voir Yamato à l’Espace Nobuyoshi, Le Japon en Touraine, entre expos, performances et mal du pays : l’endroit est magnifique, l’ambiance un peu plastique et le propos précieux. A Langeais, à La Douve, belle expo de Jean Pierre Loizeau et de Philippe Phérivong ; étrange de voir des univers si identifiés cohabiter sans combat : la force des œuvres et du talent doit en être la cause ; les baigneurs de Loizeau dans leur bleu horizon donnent du bonheur et de la joie…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=IM6MEb2xnLk[/youtube]
Samedi soir sur Arte, saga Tina Turner : j’aime ma reine !! Rue Colbert, Elisabeth Daveau propose un travail hyperréaliste et très technique… En début de soirée j’adore aller traîner à La Fête Foraine pour le mélange des odeurs huileuses et sucrées, celui du son aussi : il évolue en marchant, passe d’un tempo à l’autre, d’une usine à l’autre, d’une accroche de bateleur à l’autre, d’un bruit de métal à un autre bruit de métal. De 12 à 14 ans j’y ai claqué tout mon argent de poche et je pense qu’il m’en est venu le goût de jouer des synthés pour retrouver des sons et m’activer un temps dans l’Indus ; le goût du spectacle vivant aussi, le populaire et le frimeur : le goût du Rock.
 

Padawin en physique & un 244 de plus en plus vivant

Chaque semaine, Doc Pilot vous parle. Musique mais pas que…

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On a beau dire l’objet CD mort et dépassé, cela fait bien plaisir dans tenir un en main surtout quand la pochette, signée Janski Beeeat, t’embarque vers une cité où la musique est reine. Celle de Padawin où l’électro se mélange au classique, le dance floor au rock progressif avec des solos de violon incisif à la Jean-Luc Ponty. Le concert de sortie de disque se fera à La Guinguette le 23 mai : une date à ne pas rater… A L’Hôtel de Ville, Renaissance de « L’Étoile Bleue », mise en scène photographique sous l’objectif de Philippe Lucchese, reconstitution d’un temps où l’on venait au bordel après avoir été à la messe : c’est beau, esthétique mais avec des plastiques plus parfaites que celles des campagnardes montées à la ville amenées à travailler dans ces murs pour survivre. N’ayant jamais été dans le besoin, les circonstances ou l’envie d’acheter des prestations sexuelles tarifées, je ne peux juger le propos sur le fond ; pour la forme la relecture de « Marat assassiné dans sa baignoire » est pleine de drame et de sens… Il y a des soirs comme ça où l’on pourrait sortir dans plusieurs endroits, mais où l’on reste devant France 4 car Benedict Cumberbatch joue Sherlock Holmes : c’est neuf, vif, cynique, léché, aucun regret…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Rc1ABD9YFQE[/youtube]
Dans la nuit et le parfum d’une glycine blanche, un verre de Bagnuls à la main regarder les étoiles, c’est bien ; affalé dans Sur les origines d’une génération de Kerouac, je tombe sur l’implacable description d’une corrida. Le sommeil arrive, rouge sang… John Mayall vient fêter ses 80 ans à Paris au Bataclan : son nouvel album est une merveille, à croire que c’est l’année des Chants du Cygne… A quand celui de Robert Wyatt ? Le palestinien Imad Saleh sort un album dédié à son pays d’adoption La Touraine, mais cette dernière a l’air de s’en foutre… Beau voyage au Portugal au Centre Culturel Communal de St Pierre des Corps avec d’abord l’excellent Cordeone en solo, parfaite maîtrise de la scène, de la voix, des instruments, en ouverture du concert de Antonio Zambujo à la voix aérienne et habitée soutenue par 4 musiciens au service de la nuance et de la retenue : un style, un acte, un instant magique… Allez savoir pourquoi, au retour je passe une heure à regarder des vidéos de Joy Division : je voue un culte à Ian Curtis. Dans le style néo80 Cherry Bones dans le cadre de Mauvais Genre tape fort et bien avec le son et l’énergie : que de progrès depuis Aucard 2013… Au Temps Machine il y a foule pour la soirée dub introduite par une prestation assez controversée de Jah Station ( sacrilège !!), suivi d’un instant de pure folie avec Panda Dub l’emblématique ; Ondubground, le groupe des frères Lafourcade s’impose à nouveau pour du bon dans le style et les frérots pour les plus compétents organisateurs de ce style de soirées… Plus on annonce la fin du Projet 244 plus il s’y passe des soirées incontournables, à croire que l’adversité pousse à l’action ; nous arrivons vers minuit du TM pour vivre un concert très explosé de FunkTrauma ; c’est blindé, c’est la fête, c’est indé et inspiré : je me sens chez moi.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=QVc29bYIvCM[/youtube]

En Noir et Blanc comme un vieux film

Chaque semaine Doc Pilot nous emmène en voyage dans ce beau pays nommé Culture.

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Mammane Sani

 
Mammane Sani au Temps Machine, le Niger en Touraine, une forme de variété lounge chargée d’Histoire et d’histoires mais difficilement lisible sans l’alibi du second degré ou de la branchitude absolue.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=MPXuw2f0U9U[/youtube]
Un guitariste du groupe de deuxième partie (un néo Cabaret Voltaire daté) tente de rejoindre le papy sur un titre : le massacre. Me reste de cette soirée l’habillage lumino-technique de Xavier Querel dans la ligne des bricoleurs géniaux sous influence Castors juniors… Au retour je tombe dans la 2e Symphonie de Rachmaninov enchaînée au Timewind de Klaus Schulze, histoire de ne surtout pas reprendre pied sur terre… A la galerie La Boîte Noire, nouvelle expo de Juliette Gassie, Printemps Eté 1973 : c’est l’année de mon premier amour. Je retrouve beaucoup de sensations de cette époque devant ces jeunes femmes aux tenues si caractéristiques et si habilement reproduites, travail assez proche dans le fond des Ginettes de Isabelle Arata, et pour la forme très technique… A Saint Pierre la Cie Off profite du chantier du Point O, pour organiser une suite de plantages de crémaillères : l’impression d’une danse sur un volcan et de la fin d’une époque au-delà des chamboulements politiques… La Renaissance ? Le Hunky Dory de Bowie en bande-son pour rejoindre l’Espace Malraux et le concert de Jacques Higelin pour 3h30 de haut de gamme par un septuagénère et sa bande de virtuoses : l’un des plus grands concerts de Jacques qu’il m’ait été donné de voir, des versions de 20 minutes de classiques tels Irradié, Paris NY… Et un habillage country rock idéal, pour voir l’artiste nous balader, nous élever, nous baigner dans son aura d’amour universel…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=jaVtGsMcNj4[/youtube]
Vernissage au Château de Chaumont sur Loire de la nouvelle exposition d’art contemporain, ce lieu devenu une sorte de Palais de Tokyo ligérien où la nature est reine dans l’inspiration des artistes : le travail vidéographique/ interactif de Miguel Chevalier est surprenant et addictif, celui de Henrique Oliveira, massif et inquiétant : fascinés, des milliers de spectateurs dans les mois à venir y chercheront des réponses à La Question… D’abord on croit à un canular puis on se rend à l’évidence : un désespéré a bien jeté sa voiture contre un tram à midi place Jean-Jo. Il en est mort, dommage, car il a raté le tonique concert de Cartoon Cats en Arcades Institute, powertrio anglo/hongrois au guitariste/chanteur fascinant (Mark Townson) tant dans le son soft/acide à la Peter Green/JJ Cale, que dans le chant, pubrockien. Erwin Wagner aux drums trouve ici le partenaire idéal pour optimiser une longue carrière dans le rock et le blues. Grande, très grande satisfaction à l’Opéra de Tours, avec la 9e symphonie de Mahler par l’OSRCT sous la direction de Jean Yves Ossonce. L’œuvre est magique, complexe dans la richesse de ses propositions, l’alternance de ses climats, la narration disloquée en apparence mais rigoureusement précise dans sa finalité, le dernier mouvement fabuleux optant à l’opposé de l’écriture classique pour une dislocation de la substance sonore jetée dans le vide et le silence ; l’extrême attention de l’audience habite la beauté de cette exécution. La nuance, toujours, le noir et le blanc habilement dosés comme dans un vieux film.
 

K-pture, Valérie Lefebvre, Nathalie Bourdreux, Olivia Rolde : 4 artistes majeures

Doc Pilot nous emmène dans son voyage culturel tourangeau hebdomadaire. Chronique.

On Caffeine
On Caffeine

Expo des photos de K-pture au Centre Culturel Communal de Saint Pierre des Corps : toujours en perpétuelle recherche de l’impact et en mise en scène inédite des sujets, elle vous pousse à la suivre, à vous laisser surprendre et à l’aimer. A l’instar d’une Dorothy Shoes, elle a un style et de la classe, la faculté d’opter pour le beau sans tomber dans le classique.
Même chose avec la vidéaste Valérie Lefebvre, au dernier travail construit dans une pratique inédite pleine de justesse et de poésie, et ça paye… cette vidéo remarquée par les Inrocks. On vient et on retourne voir l’expo des peintures de Nathalie Bourdreux à La Chapelle Sainte Anne à La Riche ( vous savez, cette commune de gauche avec son maire de moins de 30 ans) : c’est tellement fort, intense, troublant. A L’Annexe à Saint-Avertin, Olivia Rolde en une nouvelle étape évolutive de son univers ethnovateur : séduisant contact avec des années antérieures en hypothèses exprimées, colorées…
A TV Tours je croise Lytta Basset en transit de La Boîte à Livres : un choc ; la dame est habitée, son livre Osez La Bienveillance, une alternative au pessimisme ambiant, une charge positive contre tous les intégrismes et pudibonderies casse-bonbon… Galerie Chabrier à Saint Pierre retour du Radeau-Livre, de La Loire venu s’échouer une nouvelle fois sur nos terres. A son bord une confrérie des utopies en tentative par cette exploration ligérienne de se jouer du temps et des modes, une expérience de vie, d’amis… Au Nouvel Olympia Tout semblait immobile, mais pas… totale drôlerie iconoclaste et surréaliste, exacerbation des travers des érudits sur un sujet, le conte, un décalage du réel au fantastique sans sas de décompression : Camille Trophème est géniale comme à son habitude.
Au Petit Faucheux, Ygranka fête la sortie de son nouvel album et transcende ses influences pour te bâtir de la joie sous virtuosité imposée : le solo d’euphonium par Anthony Caillet est à tomber, les interventions de Laurent Derache à l’accordéon toujours dans l’accord de la performance et du beau, leurs collègues à l’unisson… Le Live à Londres de Joe Bonamassa m’accompagne vers la Chapelle Sainte Anne où je fais une expérience rock/crade avec une bande de potes : nul ambition ou vision dans le temps, seule l’envie du partage ; ça sert aussi à ça la musique…
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Gn09Xn9JF5s[/youtube]
Grosse fiesta au Projet 244 (encore vivant) avec La Capsul Bamboule Party : excellente prestation de Oncaffeine (très Ecole de Canterbury: Henry Cow, Hatfield and the North) avant un final de fou avec Gran’Capsul ! Le collectif Capsul est un gang créatif totalement nécessaire au paysage culturel local ; c’est en son terreau que se crée notre futur proche, et entré par la petite porte il s’avère désormais incontournable… I Wanna Be Your Dog gueule Iggy and The Stooges dans l’autoradio sur le trajet vers un concert de musique ancienne en Arcades institute, Maeva Dépollier au chant, Albane Imbs au luth : l’Italie Pré-baroque à la perfection en un voyage dans le temps jouissif et didactique. J’aime les contrastes, les métissages, les chutes temporelles abruptes, les montagnes russes stylistiques, les impossibles copulations contre-nature dans la cervelle de l’auditeur… votre serviteur.

Dernier Désir de Bordaçarre et inédit de Johnny Cash !

Les sorties culturelles de Doc Pilot, à la 1re personne du singulier.

Jean Mi Truong
Jean Mi Truong

Dernier Désir le nouveau roman de Olivier Bordaçarre a la force d’une biographie, à le croire un scénario vécu, un drame ; ce récit est un film, sa souffrance un abîme, son cynisme une médecine à l’erreur et à la chute. Les histoires d’amour finissent toujours mal : je pense au Rita Mitsuko, au Petit Train aussi, celui qui emmène les humains, celui qui emmène les bovins, les chevaux de l’Est dans les cannellonis de l’Ouest… Au Nouvel Olympia, Fratrie de Marc Antoine Cyr dans une mise en scène de Didier Girauldon (remember Les Gueuribands), dépouillée mais très efficace pour exposer les rapports de force entre quatre jeunes frères en construction ; la scène finale pose la condition humaine, son caractère immuable face au temps qui passe… Au soir dans les Nocturnes de Georges Lang, Happy de Pharell Williams ( si le légendaire Ancien s’y met c’est que c’est pas de la daube)… La vidéo We are Happy from Tours cartonne à 95 000 vues en une semaine, n’en déplaise aux jeunes vieux cons qui veulent toujours casser les pattes des générations montantes… Passage à la Galerie O’Zart rue des Bons Enfants, pas d’expo particulière mais un accrochage disparate des artistes résidents : j’aime ce joyeux méli-mélo de talents disparates…
Une pensée vers l’ami Mauricio Cordero désormais à Lowell aux USA ; il m’avait ouvert au monde de Johnny Cash dont un album inédit vient de sortir, une œuvre enregistrée au début des 80’s et considérée comme ringarde par les labels de l’époque… Autre chanteur légendaire, Léo Ferré mis à l’honneur au Centre culturel communal de Saint Pierre des Corps, d’abord par le chanteur Antonin Beranger dans une prestation intense et passionnée, avant celle du légendaire Serge Utgé-Royo et de son groupe, généreux tribun populaire entouré  par des musiciens de génie dont, Léo Nissim au piano, Jean Mi Truong aux drums, l’ex batteur du groupe de jazzrock Zao dans les seventies, mais aussi d’Indochine dans les 80 et 90 sans parler d’une kyrielle d’autres expériences. Quand des musiciens d’un tel niveau se mettent avec intelligence au service de la chanson, ça fait mal et c’est bon… Au retour dans la tv, un concert live de Marvin Gaye à Montreux en 80 ; une soirée pleine de satisfactions comme pour les Stones qui font le Stade de France blindé. Ils ont du pot ces gars là et un sacré coup de fourchette…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=CGQo6zpVzt8&feature=kp[/youtube]
The Jean Genie de Bowie en fond sonore, en route au Grand Hall pour le concert de James Blunt  ; belle surprise à l’arrivée avec une prestation totalement inespérée de Gavin  James en première partie, qui seul avec sa guitare, sa voix et son humanité, emballe un public venu pour la star dont le show sera ennuyeux, long, répétitif… à mes yeux et mes oreilles, car je ne suis pas fan. Au retour sur Arte, un reportage sur le cri d’amour des fans pour Springsteen, alors comment moi aussi ne pas crier d’amour devant le petit écran noir de mes nuits blanches (salut Claude toi qui a gagné alors que tu étais born Toulouse et pas in the USA).

Osez Les Virtuoses !!

Doc Pilot se bat pour la virtuosité dans chacune de ses chroniques, partout où il va, il y a du talent. Revue de ses dernières découvertes.

Paolo Fresu
Paolo Fresu

A l’heure de la gratuité absolue, dernier mépris en date du travail des artistes, à l’heure de la musique entendue comme l’air que l’on respire, sans se poser la question de son existence mais dans l’incapacité vitale de s’en passer, il est bon d’aller aux spectacles vivants pour se confronter à « la pratique » et pour prendre conscience de l’investissement de ceux dont la virtuosité reste une bonne claque à une écoute passive. Le saviez-vous, Géraldine, la violoniste de As de Tréfle vient du classique, c’est une virtuose ; son groupe est l’une de nos plus belles machines de guerre scénique. Carton plein au Temps Machine pour la sortie de leur nouveau disque, énergie débordante et communicative, ultime outrage aux règles en faisant la scène envahir par le public (totalement interdit au TM)…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=w0qU2m3RAW0[/youtube]
Bluesy Roosters en concert en Arcades Institute pour la Matmut et les yeux ronds du public époustouflé par les acrobaties techniques du guitariste José Larraceleta : un virtuose…. Cinéma Les Studio pour la première projection du « We are Happy from Tours », bravo, c’est drôle, c’est une facette de Tours et une initiative DIY à soutenir et consommer ; LoupBlanc de la caméra les virtuoses… Toujours Joe Bonamassa en écoute, Le Virtuose !! Puis Nat King Cole avant de filer au Printemps Musical de St Cosmes s’en prendre plein les yeux et oreilles avec le concert de la violoniste Hildegarde Fesneau ( 17 ans) et du pianiste Guillaume Vincent ( 22 ans), de Saint Saëns à Bizet en passant par Brahms, une affolante incarnation des œuvres dans une prestation mémorable : la valeur n’attend pas le nombre des années pour les virtuoses. Plus tard dans la soirée au Petit Faucheux une nouvelle claque avec le quartet du trompettiste Paolo Fresu, un maître dans son style, un virtuose bien entouré par trois musiciens d’exception dans un style mélangeant habilement le classique et la modernité, tout en restant abordable et novateur. La salle est pleine à craquer, pas étonnant…
Au retour, Tracks sur Arte et des virtuoses de l’image et de la musique électronique, avant un concert de Clapton à Bale ; cette bande de vieux mecs reste touchante et passionnée…. Dernier concert des Hivernales en Arcades Institute, la fascinante chanteuse/guitariste anglaise Angie Palmer, accompagnée par le guitariste Jean-Jacques Sigolini, encore un virtuose : deux heures de pur bonheur pour finir en beauté ce cycle de concerts qui nous fit les dimanches d’hiver chaleureux et ludiques.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=y35vhn9zCr8[/youtube]

De la meilleure manière d'être Happy

Doc Pilot vous parle de ses coups de cœur culturels, d’Ariane Matiakh à Nathalie Bourdreux, de l’Opera à La Chapelle sainte Anne en passant par chez les dames de St Cosmes et leur Printemps Musical…

Sylvain Pinault
Sylvain Pinault

Au café Le Velpot Fat and the Crabs présente son nouvel album. J’adore la pochette et chez moi pose l’épée de diamant sur le noir vinyle de l’objet : il en sort du rock’n’surf brut et joyeux. Dans la foulée je mets le smell of female des Cramps : c’est raccord. Puis le premier album d’Elvis : impossible de vivre sans Elvis et Hendrix… Un Opera de Britten à l’Opéra de Tours, The turn of the screw c’est incontournable. Le sujet est assez flippant, psychanalytique ; la musique n’adoucit pas la charge, on en sort un peu troublés tant l’interprétation incarne le sujet : Isabelle Calls est merveilleuse, les enfants Louise Van der Mee et Samuel Mallet incroyables et la direction d’orchestre par la star Ariane Matiakh, un bonus à cette musique que j’aime tant.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Olbp7ypUs2w[/youtube]
Alors comment ne pas penser à l’extraordinaire expo de Nathalie Bourdreux en La Chapelle Sainte Anne à La Riche, tellement intense, technique, chargée, troublante, addictive elle aussi tant il s’y trouve de quoi nourrir tous nos questionnements. Et puis La Chapelle est sur la route pour aller au Prieuré de Saint Cosmes pour Le Printemps Musical et son affiche exigeante. L’écrin est à la mesure des artistes programmés, tous les atouts en main pour nous faire rendre grâce : grande claque avec Valentin Erben au violoncelle dans des trios de Brahms et Schubert… Au retour dans le lecteur le nouvel album des Cartoon Cats, le trio du batteur Erwin Wagner avec un couple d’anglais, du blues rock à l’ancienne envoyé sans fioritures et sans artifice, de la bonne came pour taper du pied, l’accélérateur enfoncé. C’est la crise du disque, pourtant on a jamais vu sortir autant de cds en indé vendus à la fin des concerts ; pas une tribu n’échappe au do it yourself, un sacré pied de nez aux majors… D’autres comme Christiane Grimal avec la Macif, profite d’un sponsoring pour financer leurs projets…
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=gj0Rz-uP4Mk[/youtube]
Rdv avec Gigi ex Bateau Ivre, Fat, Philippe du Janerand, Elisabeth Boulanger, Bruno Lonchamps pour le tournage de Happy Tours par Antoine de Swing and Shot ; on sera dans le truc à l’instar de Colotis Zoé : ça s’appelle ne pas se la péter ou avoir un balais dans le… Ben oué, Tours c’est pas Cavaillon mais c’est souvent la ville du Melon… Superbe la vidéo d’Ode réalisée par Valérie Lefebvre, white feather à la musique si différente et si nouvelle. En Arcades Institute, duo de claviers multiples : Sylvain Pinault et Joël Frederick : superbe relecture de King Crimson, de Carla Bley et de Coltrane. Je croyais Leslie West de Mountain décédé ; que nenni, son nouvel album live contient une version de man needs a woman à tomber.
 

Des expos démarrent dans tout l’agglo : on est vernis !

Comme chaque semaine, notre Doc Pilot national vous parle de ses découvertes culture à Tours.

didier pilot
Ouahou, la claque, ces extraits du concert de Joe Bonamassa au Grand Rex. Et dire que personne n’a l’idée de le programmer en Touraine   ; ce virtuose de 36 ans est le guitar hero des années 10 ( titre partagé avec Derek Truck) et son travail à l’acoustique invente un style en appui sur les racines. Quand il prend l’électrique, ça t’embarque, loin, loin, loin… son Midnight blues de Gary Moore expose la filiation…

Weekend de vernissages  en lignes, Francine Gentiletti à la Maison des Arts de Montbazon, un univers figuratif et coloré aux foules d’humains tordus ( on cherche Charlie)   ; on y croise Alain Gaschet l’auteur de l’excellent livre sur les disques pirates. En la médiathèque de Chambray les «   Ballades au jardin   » de Francoise Roullier et Roselyne Guittier, univers d’écarlate et de transparence fibrée, de livres aussi dits sur de la musique ce soir-là devant une audience où ils sont tous là.
Face au Vinci, installation participative sous la houlette de Zazu pour soutenir l’avortement   : j’y participe en photo   ; à la Boîte noire l’univers du quotidien poétique de Magalie Bucher s’affirme dans la répétition ( on y croise Laurent Bourro et des Fats and The Crabs  ; ils seront vendredi à 19h au Velpot pour présenter leur album).

Au Musée des Beaux Arts dans le cadre du Printemps des Poétes, Thomas Lebrun (photo) danse sur les mots de Jean Genet, tant et si bien que la majesté du geste nous fait oublier le texte. Nouvel album de Pica Pao, très beau. En La Chapelle Sainte Anne, très grande claque au cœur et à l’âme  : Nathalie Bourdreux est dans l’art majeur, celui qui vous colle la tête au mur et vous oblige à descendre dans les zones d’ombre de votre âme… cet art d’une beauté extrême est sans pitié. Nathalie Bourdreux fait dans l’art majeur, celui qui vous colle la tête au mur et vous oblige à descendre dans les zones d’ombre de votre âme  ; cet art est d’une beauté extrême et sans pitié… En Arcades Institute, excellente carte blanche de Colotis Zoé en sa mise en scène et réalisation de Blanche Aurore Celeste avec Elsa Adroguer dans le rôle principal  : un propos très émouvant sur la condition de la femme au travers de l’amour et du temps. On est vernis.

Doc Pilot
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Bal des Martiens : Des Bogdanov à Charlotte Bärfuss, y’a pas de hasard !

Chaque semaine Doc Pilot vous parle de ses découvertes culture, à Tours.

barfuss
Beaucoup de monde au vernissage de l’expo de Gabriel Temps à l’école des Beaux Arts, face aux toiles bruyantes de musique, la nature envahie par la culture rave, le dialogue entre la tribu et la terre. J’aime ses grands formats, le style au delà de l’évidence classique, la question aussi de savoir pourquoi il a fuit. Pierre Mottron sort un nouvel EP, en pleine conquête de Paris, un titre mis en images par Brice Martinat : la même génération que Gabriel, la même exigence d’installer un style et un propos en usant de règles académiques. Les Bogdanov programment dans la nuit, du start me up des Stones à cette ultime fugue inachevée de Bach : je me sens bien dans cet éclectisme agrémenté d’anecdotes sulfureuses et de révélations philosophico-scientifiques : les saviez vous deux guitaristes honorables emprunts de culture flamenco, leur aïeul le mentor de Mozart et un de leur grand-père un chanteur lyrique d’origine noire et cherokee ! !… Paco de Lucia s’éteint, on écoutait en boucle l’album avec Mac Laughlin et Al Di Meola, inégalé dans le style…
Notre tourangelle Pascale Boquet indirectement honorée aux Césars, celui de la musique pour un titre du groupe Witches dans lequel elle joue. Au Temps Machine un concert Cheyenne avec Anais, la chanteuse comique ou la comique chanteuse ; son rappel en est peut être la clé, un titre des années trente : c’est une comique-troupière agréable mais sans plus… Aux Studios The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, un paquet de messages glissés dans une esthétique hyperréaliste nimbée de drôlerie nostalgique : j’adore. J’adore aussi l’idée d’un Happy Tours sur le titre de Pharrell Williams : tant que ça crée du lien et de la joie inutile dans un monde où l’on voudrait que tout le soit. Arcades Institute blindé pour le concert de la suisse allemande Charlotte Barfuss ; notre The Voice sort un album et elle pète le score, fragile, intense et stylée, entourée de deux jeunes choristes à croquer et quatre musiciens au service de la dame. Un voyage de plus vers des terres oubliées ou à découvrir, d’Atlantide à Mars !
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Gabriel Temps à l’école des Beaux Arts

La chronique de Doc Pilot, un concentré de culture tourangelle, chaque semaine.

Galaxians
Galaxians

Des fois t’as un titre comme ça qui te lâche pas ; tu as beau tenter de le passer en arrière-plan, il te tire à lui comme une addiction indomptable : cette semaine ce fut le “ waiting for you ” du duo new-yorkais Minor Alps. Pourtant les ficelles sont grosses, les mêmes que Ivy, Ultra Vivid Scene, un peu aussi du So you want to be a rock’n’roll star des Byrds. J’y peux rien, je suis cuit. On pourrait dire la même chose pour le côté attractif du travail de Renar en Arcades Institute, là aussi les symboles sont évidents, les modèles au cœur de notre histoire personnelle et populaire ; Pixelle à l’étage offre un arrêt sur image en témoignage de tournages. Au Temps Machine soirée dites electro-pop avec les anglais de Galaxians, mélange discoïde entre Yellow Magic Orchestra et Herbie Hancock, et les parisiens de Discodeïne beaucoup plus tristounes… Youpi, le Staff Benda Bilili sera sur les Terres du Son, eux aussi furent ma bande-son. Une exposition de Gabriel Temps s’ouvre à l’école des Beaux Arts, Gabriel filmé suite à la vue d’une œuvre qui m’avait scotché lors d’un “ Atelier Mode d’Emploi ”, Gabriel qui a décidé de nous quitter trop tôt…
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Sur les marchés distribution de tracts pour les options politiques de l’instant ; tout cela semble d’un autre temps tant il manque de substance à cette échéance… Le jeu de rôles paraît déserté de sa matière première. Pourtant sur d’autres terres on aimerait tant voter. A La Pleiade Caroline Casadesus incarne les doux tourments du début du 20eme, des mots de Cocteau sur des mélodies de Poulenc, c’est beau mais c’est triste ; je l’avais vue avec Lockwood puis avec le trio Enhco mais cette nouvelle rencontre est la plus intense… Mais c’est beau. Au retour When the music’s over des Doors sur une radio nocturne accompagne une dérive automobile ponctuée des divers octrois parsemés ce soir sur tous les plexus routiers. Des silhouettes dans la nuit, Only lovers left alive… Au matin l’occasion de réécouter les portes de Kiev de Moussorski par Emerson, Lake & Palmer… En fin d’ap’ folle boum en Arcades Institute avec Big Yaz Explosion amené par Chapau Prog : le feu !! Nacer Yazid possède la force, le coffre et l’humanité : un sans-faute.

De L’Empire de Saint Saens à la nouba de la new Bab

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end.

Oddatee
Hawkwind vous connaissez ? Ce fut le premier groupe auquel participa Lemmy de Motorhead après avoir été roadie pour Hendrix. On m’a dit qu’il est mal en point et franchement ça me chagrine ; on aimerait tant que nos héros de la déglingue nous enterrent tous histoire de faire un pied de nez au système ultra autoprotégé. Donc « Space is deep » dans les oreilles en route pour Le Temps Machine, l’endroit où ça se passe, n’en déplaise à ses détracteurs… qui n’y vont jamais. Soirée Hip-Hop/Rap, de la musique du siècle dernier chargée de sens : Psykick Lyrikah de Rennes, textes et expression intenses de Arm, habillage à l’acrylique du guitariste Thomas Poly (Dominique A, Montgomery), base electro/basse de Robert le Magnifique, à la suite de l’authentique Oddateee de New York associé à un bassiste/guitariste au chapeau de Zorro : une soirée incontournable.
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J’ai filmé Olivier Pain pour un mini-portrait « some people i love » ; le reporter-photographe a de la substance dans son propos, de la justesse dans son œuvre, le talent dans sa capacité à fixer l’instant pour une image nous balancer l’histoire, celle de l’humain de là-bas, si loin et si proche à la fois, cet humain qui désormais s’échoue sur les berges de l’Europe dans l’espoir de changer le scénario du film… Concert de Jonathan Wilson dans le grand studio de RTL : magique ; je pense aux princes : Jeff et Tim Buckley, John Cippolina, Syd Barret, SparkleHorse. Suit le faux silence de la nuit en la lecture de « L’homme dont toutes les dents étaient semblables » de Philip K.Dick… Expo de Guy Limone au CCC, une vision de l’humanité du haut de l’espace, d’un ovni ou dans les yeux d’un dieu : un jeu à tuer l’ego. A la balance de Colette No Dead, je découvre Elio Camalle avec Francis Genest aux percus : ouha la voix, le touché, la présence : joli !! Bonne chance à Chez Colette… A l’Opera de Tours, l’OSRCT sous la direction de Claude Schnitzler offre un envoûtant concerto pour piano de Saint-Saens avec la magique Carole Carniel au piano ; au même moment démarre au Temps Machine la soirée Eezy Prod zappée faute de temps et d’énergie… Je pense à Ubik de K.Dick… et je me shoote avec le premier Ramones dans lequel je m’endors tout habillé… Bab en carte blanche en Arcades Institute : torride. Excellent Mathieu Parcheminal aux solos tous en finesse : il me rappelle Walter de Steely Dan ; Phil Collas aux claviers et une section rythmique au service. Sonya Koné et Douchka participent à la fête. La version de Wild Horses est belle à pleurer.
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Tu as mis quoi dans les Crêpes… Tout devient Psychédélique !

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end.

rubin steiner pour tmv 3
En 1974 j’ai vu le Pink Floyd lors de la tournée Dark Side of The Moon ; en premier set ils jouaient un morceau inédit : Shine on your crazy diamond… Autant vous dire que j’attendais l’Australian Pink Floyd Show au tournant, du style on ne me la fait pas. Je comprends pourquoi Gilmour leur a donné sa bénédiction, c’est beau et fidèle, didactique aussi pour ceux qui découvrent le Flamand ( non, pas Bruegel, le djeun comme le viok ; mais le truc couleur bonbon qui sautille dans la vase)… Dernière étape de la Folle Journée de Nantes, de la musique classique américaine au Péristyle, pas du Jefferson Airplane ou le I wanna be your dog des Stooges, mais Gershwin, Cage ou Glass ( c’est top, non ?)… Je suis fan de René Martin l’initiateur de la FJN ; il fait parti du Club des 6 avec Manfred Eicher de ECM, Ahmet Ertegun de Atlantic, Claude Nobs de Montreux, Bill Graham des Fillmore, Chris Blackwell de Island : sans ces six là, la diffusion de la musique eut été différente… Jeudi, grosse soirée à Mademoizelle H : “ la culture club populaire ” c’est souvent là que ça se passe, mais ce soir au 244, BadBilly fait péter les bouteilles de son pour baptiser son nouvel album : c‘est rock. Action/Réaction, l’artistique se reproduit à la pelle contre vents et marées ; du Atlatis de Padawin au Enjoy de Sapiens Sapiens tu peux bouffer local sans risquer l’indigé-son…
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A Saint Avertin, L’Intime Festival est incontournable ; je zappe la soirée Delerm, me réserve pour le samedi soir : FunkTrauma l’instrumental jukebox de rose et bleu mélés, Rubin Steiner dans une suite krautienne sous LucyintheSkywithDiamond, Fumuj ou la machine à flows sur le Cher embrumé pour une dernière valse (snif) : on en sort ravis sans car, faut appeler un taxi ; il est si tard… Les photos de K.pture à Saint Pierre sont “ Non Conformes ? ” : tout est affaire de noms ou de formes, ses modèles identifiés en une mode prête à émerger dans la rue ou sur les dancefloors. A St Pierre encore, Sanjin Cosabic invite à visiter son atelier avant reconstruction ! ! Ce weekend reste planant et psychédélique et ce n’est pas le “ Twelve dreams of dr sardonicus ” de Spirit au réveil qui va nous ramener sur Terre avant d’aller planer avec Boys in Lilies en Arcades Institute. Alors à quoi bon résister : planons sur leurs harmonies vocales, planons sur l’aisée et diaphane esthétique de ce quatuor unique et hors du temps. T’as vu mes Clark avec des semelles en crêpe ; j’avais les mêmes au concert du Floyd en 74, mais y’avait des petites fleurs dessinées dessus.
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Electro en Pleurs, Electro en Joie

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end.

Pascale Boquet pour tmv
Dimanche dernier nous apprenions le décès de Vonnick Mocholi, créatrice avec Klod, du groupe de rock Clandestines, du groupe électro expérimental Alma Fury et du festival Total Meeting, concept artistique global de confrontation des pratiques en ses terres inconnues où l’innovation est la règle. A deux heures du mat’ dans la même nuit Daft Punk décrochait cinq Grammy et jouait Get Lucky avec Nile Rodgers et Stevie Wonder dans une version bourrée de feeling ! ! Ainsi le même soir le monde de l’électro pleurait de tristesse et de joie.
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En 1996, un éditeur parisien me parlait le sourire aux lèvres de son neveu qui enregistrait des trucs à la maison sous un drôle de nom : Daft Punk… Le DIY commençait à titiller le bizness… Autres temps, autre gamin surdoué : Venetian Snares au teatime, j’adore. Je file à la fiesta organisée pour les 3 ans d’Arcades Institute, 3 années contre vents et marées sans aide significative pour maintenir la mission à flot, mais pourtant toujours là. En ses murs une création inédite, rencontre de la musique ancienne avec Pascale Boquet, du jazz avec Patrick Filleul, du texte avec Philippe du Janerand, la MATMUT en partenaire, le mécénat d’entreprise restant désormais la seule alternative pour nombre d’initiatives privées. Autre coterie incontournable, Cocktail Pueblo, avec la sortie d’un album compilation ( Rubin Steiner, German Cow, ect…) et un festival sur trois jours du Temps Machine à la place du Grand Marché en passant par le Canadian Café avec Gablé et les Princes du Rock. C’est fou comme les indés me rassurent, comme les jeunes me réjouissent, la culture rock en base incontournable de l’initiative. Fat and The Crabs sortent un album : le cd plus le vinyl pour 10 eu t’en as pour ta caillasse, du rockba’ décalé néosixties emballé dans un look hors du temps. Ça me change du Sacred Songs de Valentin Silvestrov : chœurs de Kiev extatiques, montagne russe des harmonies à te coller au sol sous l’écoute ; Under My Wheels de Alice Cooper me ramène à la rue.
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Aux Studios “ Le Vent se lève ” de Miyazaki réjouit et attriste à la fois : un chef d’œuvre. En Arcades Institute, Honky Donk : le duo blésois relit des classiques, en appelle aux racines et à l’esprit des champs de coton ; rien ne se crée rien ne se perd tout se transforme …Coup de blues sur la Syrie : sur Google Earth il manque des bouts dévorés par La Bête. Le Vent se lève, il faut tenter de vivre.

Tout est affaire de perspective

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end.

Verbal Razors au Temps Machine
Verbal Razors au Temps Machine

2014 comme un jeu ouvert ; annoncer la couleur est de mise et Dieudo l’opportuniste en est le catalyseur. En 68 il était interdit d’interdire ; en 2014 est –il plus moral de condamner un vieux qui à 18 ans fut « petite main » à Oradour, que de museler un pauvre clown aigri surfant sur l’oubli ?.. A Gentiana s’installe un artiste du présent et du vrai, le peintre/comédien/poète David Roulleau : contre vents et marées il trace sa route et construit son style. Au Temps Machine shoot nécessaire et revitalisant avec le hardcore bien massif de Verbal Razors qui vient de sortir un album : j’aime le guitariste qui se suffit de brancher direct sa guitare dans un Marshall pour avoir le son, sans passer par une usine à gaz.
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Helena Villovitch, muse de X Ray Pop, présente un de ses films à Beaubourg : on rentre tous dans l’Histoire. Marrant dans « C’est à Vous » sur la 5, voir la dame présenter un nouveau disque, le Higher de Sly and The Family Stone… enregistré en 69 !! C’est fou comme le bizness est malin, et pendant ce temps là de jeunes artistes tirent la langue. A Cultura showcase de Axis pour son nouvel EP. Je suis le guitariste depuis une dizaine d’année, sûre qu’il va un jour péter le score. Autre guitariste, Daniel Jamet de Chinon, accompagnant Gaetan Roussel dans l’émission de Tadeï ; avant de monter la Mano Negra avec Manu il fut le guitariste des Reactors ce dimanche en concert en Arcades Institute : son leader Jack Pot nous offre la légende, à 60 ans inusable et nullement blasé pour deux heures et demi de concert. Première soirée The Voice : Leila 18 ans bouffe l’écran. Pour ma collection « some people i love » je filme Chantal Colombier et Françoise Roullier : deux trajectoires, deux parallèles qui finalement se rejoignent à l’horizon. Tout est affaire de perspective.
[nrm_embed]<iframe frameborder= »0″ width= »480″ height= »270″ src= »http://www.dailymotion.com/embed/video/x19kzqa » allowfullscreen></iframe><br /><a href= »http://www.dailymotion.com/video/x19kzqa_reactors-live-arcades-hivernales-2014_music » target= »_blank »>REACTORS live Arcades Hivernales 2014</a> <i>par <a href= »http://www.dailymotion.com/xraypop » target= »_blank »>xraypop</a></i>[/nrm_embed]
 

Les Hivernales : festival dominical

Trois questions à Doc Pilot, le programmateur de ce festival si particulier qui anime vos dimanches après-midi à l’Arcades institute (les concerts sont à 17 h). Notez la prochaine date : les Reactors joueront le 12 janvier.

Première carte blanche de l'année au batteur de jazz Patrick Filleul, dimanche 5 janvier.
Première carte blanche de l’année au batteur de jazz Patrick Filleul, dimanche 5 janvier. (Photo Sylvie Hubert)

C’est quoi l’idée des Hivernales cette année ?
Je voulais surtout des personnalités pour cette édition, plus que des groupes. Pour notre quatrième édition, nous laissons carte blanche aux musiciens. Ils sont libres de faire ce qu’ils veulent. Moi-même, je ne sais pas ce qu’ils feront. L’idée, c’est qu’ils nous surprennent, qu’ils proposent aux spectateurs un concert d’exception.
Le but, c’est de ne pas se lasser ?
Pas vraiment, chaque année, il y a de nouvelles formations, du nouveau sang. La musique se renouvelle. Nous avons surtout constaté que le lieu amène des moments étranges. Aucun portable ne passe dans la salle, nous ne sommes pas traversé pas des ondes, nous sommes coupés du reste du monde. Je ne sais pas si ça joue, mais à certains moments, il se passe des choses extraordinaires. Là, il s’agit avec les cartes blanches de les provoquer un peu plus que d’habitude.
Un coup de cœur pour cette programmation ?
Honky Donk, qui passera le 2 février, ce couple de Blois qui fait du blues ont un répertoire immense. Même s’ils ne vont pas être perturbés, je pense que leur carte blanche va donner des trucs supers.
+ Le lieu est petit alors il est vite plein. Réservez au 02 47 66 25 65
++ Retrouvez tout le programme de ce festival ( qui dure jusqu’au 23 mars)
+++ Doc Pilot, il est aussi chroniqueur sur tmvmag.fr

2014 = 2+1+4 = 7 Cavaliers de l’Espoir

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end.

Thomas VDB, le rigolo au Temps Machine l'année dernière (décembre 2013).
Il y a 100 ans mes 4 arrière-grands-parents allaient vivre l’expérience la plus choquante de leur vie en partant se battre « pour la France » dans des tranchées boueuses d’où ils reviendraient vivants mais pas intacts. C’était la fin de La Belle Époque et le constat que progrès et modernité ne modéraient pas la sauvagerie. Notre année 2013 fut aussi celle d’une Belle Epoque à sa manière, exacerbée par diverses incohérences sociales, fiscales et géopolitiques. Il m’en reste l’impudeur stérile et caricaturale de Facebook, le gag de voir le PSG connu un temps pour ses supporters extrêmes, boosté par des capitaux du Golfe, la sortie du nouveau Bertrand Louis ; à Tours l’arrivée du Tram dans lequel je ne suis toujours pas monté mais que j’aime voir passer tel un jouet électrique, l’installation dans le temps de nos héros locaux ( Ben, Zaz, Colotis Zoé, Jacques Perry, Rodolphe Couthuis, Rubin Steiner, Ez3kiel, Thomas Lebrun).
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La montée en ligne (de front) aussi des petits nouveaux qui s’affirment ( Fucking Butterfly, Royal Ukulele, Boys in Lilies, Padawin, Pierre Mottron, Chill Bump, Jekyll wood). Et puis cette fin d’année au Temps Machine avec Thomas VDB et Perceval, nos docteurs par le rire, au Petits Formats Érotiques aussi, concept paradoxal en son identification racoleuse à souhait. Et puis ce trio gagnant vu aux Studios : Le Géant Égoïste, T.S Spivet et le Loup de Wall Street. En pleine semaine arrive alors 2014 comme une glissade : elle oblige au mouvement pour ne pas se faire mal. Début du Festival Arcades Hivernales avec une carte blanche à Patrick Filleul : c’est beau, c’est jazz, la maîtrise est la marque, la joie est la finalité, en trio avec Remi Jeannin à l’Hammond et William Chabbey à la guitare, deux virtuoses. Sincère Bonne Année à Tous : demain est toujours mieux qu’avant et la nostalgie à proscrire.
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Le Microspop de Mister Doc #11

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Épisode 11 : Le Super-Flux est nécessaire

Luc Ex, ici avec Rutabong
Luc Ex, ici avec Rutabong

Des images de Brice Martinat sur du Pierre Mottron : les tourangeaux exilés à Paris tapent fort avec la vidéo Sleep. Au Marché de Noël le jardinier du vent Michel Gressier propose ses cerf-volant ; pas de bol, déjà commandé un drone histoire de voler au dessus de La Fourchette voir si Mick est là pour les fêtes…
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Le dernier Jonathan Wilson est mon album de la semaine, une impression de déjà vu dans les Nocturnes de Georges Lang en la coque de glace d’un pare-brise givré ; sur l’écran noir des mes nuits blanches, Tijerina Projekt dans le Lift de Culturz… A la Mediathèque de La Riche, Hybridations : Nikita interroge les genres, Pierre Fuentes marie minéral, végétal et métal, Chantal Colombier ose l’homo-mobile, leurs confrères de l’Artothèque aussi créatifs. Curieux comme une chèvre me précipite sur le Festival Super Flux initié par Le Temps Machine et le Petit Faucheux, collaboration au sommet pour une prog’ éclectique dans le créneau des musiques différentes. Défricheurs obstinés ces artistes avancent dans le vide sur un fil tissé en l’instant : Atelier 9, une installation magique de Pierre Bastien, la Pierre sur laquelle bâtir l’Eglise hérétique d’un Dreamtime esthétique et unique. Au Temps Machine on danse sur Plapla Pinky, au Petit Faucheux on décolle sur Radian. Intermède à la Bibliothèque : le Royal Ukulele Orchestra berce et calme. Je ne mange ni ne dors car c’est superflu, dans un état flottant assiste au concert de clôture : Luc Ex dans Rubatong, furieux heavy növoblues à la Pére Ubu !! A la Salle des Halles et à l’Ecole des Beaux Arts c’est le souk, de l’art décliné en objet à petit prix ; on y fait son marché pour fourrer la botte histoire d’amener de l’inédit dans la hôte. On y croise le meilleur comme le pire sans jamais oublier que le pire des uns est le meilleur des autres ; l’accumulation des mets génère l’indigestion et l’Art avec un petit A me semble superflu.

Le Microspop de Mister Doc #9

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Épisode 9 : Deux bons Bouillon de 20h… J’M

La chanteuse des Little frenchies
La chanteuse des Little frenchies

Ça sent l’sapin mais j’ai pas les boules ; y’a pourtant de l’émotion dans l’air. Je charge la barque avec du blues des années cinquante trouvé chez OCD, ma bande-son pour visiter l’expo de Vivian Maier au Château de Tours, passage à la postérité grâce aux photos des « gens ». Nouvelle expo à La Chapelle Sainte Anne : 3 jours dans l’urgence, celle de la guerre urbaine avec Franck Charlet, de la guerre des nerfs avec Coco Texedre, de la guerre des mutants avec T.Léo, de la guerre des chairs avec Pierre Guitton, de la guerre du feu avec Sylvie Attucci, de la fin de guerre avec Yveline Bouquart et celle de la paix avec François Pagé. Paix et Amour au Grand Hall bondé pour le concert de M le généreux, M le sensible, M le divin guitariste qui se suffit de deux musiciens pour assurer le show. Dans ce no man’s land de passion que d’aucun appellent la Crise, ce style de concert amène de la joie et de l’envie, de la réaction… M est unique en son époque, à la manière de Polnareff dans les seventies… Dernière représentation du Dom Juan de Molière par Bouillon au CDRT, mise en scène originale et un peu provoc’ (merveilleux Sganarelle interprété par Jean-Luc Guitton) ; « coup de théâtre » au salut final avec l’intervention du tribun Gilles Bouillon ovationné pour son travail à la direction du CDRT… A La Belle Rouge, le collectif Chapau Prog réunit des artistes féminines de diverses pratiques ; brillante est la chanteuse de Little Frenchies, militante Zazu… Bistrot 64, sortie de la compilation de chansons de Noël, Oh Oh Oh, bonne photographie de la scène locale : Padawin, BadBilly, Fucking Butterfly, Last Chance Garage, Janskie Beat…Idéale pour offrir à Mémé… Me reviennent ces vers de ma plume : Je pose mes bottes près des poubelles, j’me dis qu’il’s trouvera bien une loute, pour y déposer de la croûte, non j’écris plus au Père Noël, au Béton christmas… (titre de Doc and The Dudes, en concert avec les Parpaings, le vendredi 6 décembre en Arcades Institute).

Le Microspop de Mister Doc #8

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Épisode 8 : De Fumuj à Wagner…

Stephane Belmondo
Stephane Belmondo

Du froid au chaud, de Tours avec le dernier Bertrand Louis dans l’auto-radio au Temps Machine pour le concert de sortie du nouvel album de Fumuj ; Bad Billy en première partie ou comment des Traine-savates deviennent des Stooges turones. Le son est confus mais le groupe brillant : Nathan Bloch devient Steve Jones sur sa Lespaul. Fumuj est attendu avec amour ; ils nous le rendent bien : leur concept est généreux, leur musique générationnelle, leur démarche intègre. En Arcades Institute vernissage d’Olivier Jauzenque avec des petits bonhommes acrobates pendus à des fils… Dernier concert du festival Emergences au Petit Faucheux et nouvelle claque ; le duo Ortie, piano et clarinette basse pour un couple lyonnais emblématique : beau, classe, novateur, tout le monde le dit . J’écoute en boucle leur premier album. L’homme du soir n’est pas venu seul : Stephane Belmondo est accompagné par le batteur prodige Benjamin Henocq (magique main droite, comment fait-il), Laurent Fickelson au piano, esthéte associé à l’histoire de Seventh Records (Simon Goubert/Magma), à la contrebasse l’israélien Yoni Zelnik (une star!!rarement vu de pareils solis)… Au Velpot y’a des TMV dans la vitrine, non, pas du papier mais du rédacteur en chair et en os… ça délocalise. A l’Opera de Tours découverte de la pièce de Wagner, Siegfried Idyll, écrit par amour pour les trente trois ans de sa femme. C’est beau à pleurer, planant, après ça qu’allons nous offrir à nos dames ? Pas les chansons de Poulenc par Francois Le Roux : daté, une sorte de comique troupier du classique (quoi, j’ai pas d’humour ? quitte à ce que l’OSRCT fasse dans le format court, pourquoi n’ose-t-il pas une relecture des Beatles ? ).. Après la pause L’Orchestre Symphonique Région Centre donne la première symphonie de Tchaikovski : superbe… à la sortie manque une place Rouge, mais de drôles de lumières sur la ville : je vois tout bleuuuuuuuuuuuu !

Le Microspop de Mister Doc #7

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Épisode 7 : deux ex-Forguette Mi Note en la Ville : Un Bizarre Hasard !!

Le batteur JB de Papaye
Le batteur JB de Papaye

Ah le Hasard ! Deux ex Forguette Mi Note parties faire carrière à Paris de retour à Tours pour présenter leur travail issu de carrières bien distinctes… Julie Bonnie à La Boite à Livres pour son premier roman, une œuvre utile, sensible et humaniste ; bonne nouvelle : un album à sortir de l’écrivaine/chanteuse en 2014… Claire Diterzi à l’Opéra de Tours grâce à Radio Béton pour un concert esthétique et mesuré : superbe reprise des Doors. Au Temps Machine Blackie nous crache ses désillusions, Jessica 93 en solo une sorte de Joy Division progressif ( une performance) avant Papaye, trio énervé, technique et bruyant, sortes de Captain Beefheart mâtiné de Sonic Youth et de King Crimson ( ça fait du bien !!). Tribal Palace à l’Imprimerie : l’univers coloré de Coco Nut, les créations issues de rêves laudanumés de Marie Pierre Fontaine et Thomas l’Imposteur, le technicien Jean Claude Lardrot sans limite pour exprimer des fantasmes surréalistes très sex, drogs and rock n roll. En La Chapelle Sainte Anne des vidéos d’art, de l’image alternative, du sens et du non-sens, belle installation audiovisuelle de Didier Laget. Au Petit Faucheux bonne surprise avec les émergeants de Welder Bee 4, puis grande claque avec le quartet de David Murray : son saxe touche l’âme, file du son en plein cœur, à bout portant. A l’Opera Les Fêtes Musicales en Touraine propose Abdel Rahman El Bacha dans des sonates de Beethoven, un calme relatif : le feu couve sous le doigté magique.
 
Bonus : [nrm_embed]<iframe frameborder= »0″ width= »480″ height= »270″ src= »http://www.dailymotion.com/embed/video/xc2dv4″></iframe><br /><a href= »http://www.dailymotion.com/video/xc2dv4_abdel-rahman-el-bacha-joue-chopin-a_news » target= »_blank »>Abdel Rahman El Bacha joue Chopin &agrave; la Folle…</a> <i>par <a href= »http://www.dailymotion.com/NantesMetropole » target= »_blank »>NantesMetropole</a></i>[/nrm_embed]

Le microspop de Mister Doc #6

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Episode 6 : tir groupé dans le quartier des Halles.

Coco nut et les Barons du bayou
Coco nut et les Barons du bayou

Rue de la Longue échelle au Hurricanes Pub Les Barons du Bayou en trio, Coco Nut chant et banjo, Eric Pelle (Last Chance Garage) aux drums et un contrebassiste pour une relecture des racines américaines, festive et tonique, rejoints par Christiane Grimal ( Tijerina project) et Misty White, la vedette de la soirée avec son groupe rock’n’roll où elle chante et où elle tape. On pense aux Meteors, aux Cramps, à Dr Feelgood aussi : Guy « Petit Guy » Delcasse fête ses 62 ans en ondulant à la Elvis au milieu de jolies dames qui l’assistent. Dans l’audience, le peintre Jean Claude Lardrot : saviez-vous qu’au début des 80’s il a fait partie de « 2 hommes avec des boites », groupe culte dans la niche indé ? Première soirée du Festival Emergence au Petit faucheux pour 3 heures de plaisir non simulé : 51 shots le trio du pianiste compositeur Valentin Pommeroy ( 22 ans), et puis celui du batteur Franck Vaillant, haute musicalité pour trois virtuoses dont Bruno Chevillon à la contrebasse. Public mélé, du Ez3kiel Matthieu Fays à l’adjointe Colette Girard, du couple Guittier à Didier Sallé : on en sort tous groggy mais enchantés. Place Chateauneuf s’installe le camion-musée avec sa mascotte addictive. Rue de nuit, dans l’auto-radio les nocturnes de Georges Lang, le dernier Jonathan Wilson. Laurent Bouro et Vincent Gudernoz, s’exposent à la Boite Noire ( Paint it Black) ; Bluesy Roosters repeint l’Arcades Institute en Bleu… comme tes yeux. Salle des Halles les marchands du Temple de la musique s’installent alors que je m’endors.
Bonus ?
[nrm_embed]<iframe frameborder= »0″ width= »480″ height= »270″ src= »http://www.dailymotion.com/embed/video/xgtleh »></iframe><br /><a href= »http://www.dailymotion.com/video/xgtleh_guillain-le-vilain_creation » target= »_blank »>GUILLAIN LE VILAIN</a> <i>par <a href= »http://www.dailymotion.com/xraypop » target= »_blank »>xraypop</a></i>[/nrm_embed]

Le microspop de Mister Doc #3

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Episode 3 : Peintures et Blue Golden Gate pour des sixties revisitées.

Vous avez dit Orval Carlos Sibelius ??
Vous avez dit Orval Carlos Sibelius ??

Au Temps Machine y’a des soirées au Klub pleines de bonheur : Binidu ( 2 Pneu + 1 Fordamage) propose un nouveau concept et un nouvel album en lecture furieuse car JB est aux drums ( ce mec est inhumain ; surhumain c’est trop faible). Orval Carlos Sibelius ose un subtil retour identifié sur la fin des sixties style Love, Byrds ou Beach Boys voire de l’Airplane dans les morceaux les plus denses ; y’a des Grisbi et des Moonjellies dans la salle : tu m’étonnes… De retour à Tours le Pont de Fil a des airs de Blue Golden Gate. Zazü ouvre une nouvelle galerie à St Pierre, Omaa Akiing, avec l’expo « Soyons Reliés », 8 artistes dont Sylvie Attucci, Bernadette Leclerc dans « sa dark side of » et Laurelle Bessé dont le travail me scotche ( du carton à l’aspect minéral). A l’Annexe de St Avertin, Francois Pagé présente « Mémoire Vive » : le bon peintre devient un grand peintre ; je craque sur les « Colin-maillard » et « Lucille un soir ». Au CCC dans le monde de peinture de Stéphane Calais se produit Machaud, un quartet de saxos où jazz, classique et contemporain se mixent en un son global répercuté sur le béton du lieu : c’est beau, ample et global. A Blois au Chato’dO, Bertrand Belin présente son nouvel album et confirme son statut de plus grand songwriter de sa génération. Épaulé par deux virtuoses, l’excellent guitariste/chanteur n’a de cesse de nous « chavirer » tant par ses mots que par ses mélodies ; La Loire est trop belle dans « l’Hypernuit » ligérienne.
Bonus :
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=tFw5j5Lva6I[/youtube]

Le microspop de Mister Doc #2

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Episode 2 : quand le Doc voit La femme et le sosie version opéra de la bassiste de David Bowie.

La Femme au Temps Machine
La Femme au Temps Machine

J’adore voir Le Temps Machine plein à ras bord, croiser des gens me dire : c’est notre première fois ! Mince alors, pourtant on en a vécu en ces murs des soirées intenses. Ce soir c’est La Femme qui amène du monde, groupe à la mode, générationnel ; nous les anciens, on pense à nos années 80’s et l’on y trouve du B52’s mâtiné de l’Indochine des débuts. Une musique de partage faite par des djeuns pour des djeuns, avec des textes juste tendancieux pour titiller les hormones. Je préfère Wall Of Death, la première partie ( pour les plus vieux), une sorte de néo Pink Floyd servi par deux chanteurs admirables. En Arcades Institute, vernissage de l’expo des peintures de Daniel du Janerand, « le père de ‘ » : c’est beau. Le fils Philippe donne lecture d’extraits du « Journal d’un Collectionneur » de René Gimpel : un régal d’humanité instinctive. Rue Colbert ça joue dans les bars, au Balkanic, et au Bartok Manuela & Sylvain Pinault. Samedi début de la distillerie de Ohé du Bateau ; c’est pas la prise de l’Odéon en 68 mais s’y trouve un feeling d’autonomie participative, une volonté de ce battre contre le temps et les décisions administratives. Beaucoup d’artistes sont présents, toutes disciplines confondues ; superbes prestation de Kosmos et du gang de Guylain Siopatis face à la façade aux mains de graphistes. A l’Opera, Don Giovani de Mozart dans une mise en scène audacieuse et attractive : j’ai beau connaître la fin de l’histoire je m’y laisse prendre ; c’est fort, intense. Ah la belle cantatrice black, on dirait la bassiste de Bowie.

Le microspop de Mister Doc #1

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Episode 1 : quand le Doc part en Arizona armé de bpm et de lunettes noires.

Bob Log III, vous connaissez ?
Bob Log III, vous connaissez ?

Au Nouvel Olympia j’ai bien souri pour « La Nuit Tombe » de Guillaume Vincent. Quoi ? C’était censé nous foutre la trouille, nous projeter dans nos fantasmes intimes et nos cauchemars de l’enfance en l’âge adulte : c’est peut être pour ça que j’ai bien souri, car à force d’y croire on se retrouve en Arizona à Joué les Tours, La Bubble Clock du Temps Machine larguant des bulles au Cactus sur cinq formations de Tucson survitaminées. Y’a même un duo de filles qui tapent le rock et un champion de dragster trempé dans le glitter qui balancent un blues urbain en canoë, Bob Log III. Aussi marteaux que le Shangaan Electro, ultraspeed dating sud africain, bassins dans l’huile pour oscillations à mille tours, et bpm surmultipliés pour des petits Mickey de BD qui piétinent. Piétinement plus lents à l’entrée de La Pleiade pleine à ras bord pour le retour du beau grincheux Jean-Lous Murat ; seul avec un batteur un peu nounours, les lunettes noires, il met du Bashung dans son Murat et ça le fait bien. Y’a même des plasticiens dans le public, Pagé, Gressier… Pour peu l’un le peindrait pour garnir les murs des chambres des dames, l’autre lui collerait un drapeau sur son ampli, celui de l’Auvergne et du Centre réunis, histoire de donner du relief au film de famille projeté derrière lui. Il a plu dans le film, en sortant le sol était trempé : magique, non ?

L’Arcades Institute, un lieu unique

Visite de l’Arcades Institute, nouveau lieu culturel autofinancé de Tours, aux côtés de Cécile Jauzenque, directrice du lieu.

À Tours, l’Arcades Institute est un nouveau lieu culturel autofinancé qui propose expos et concerts de grande qualité. Visite guidée avec Cécile Jauzenque, directrice du lieu.

Cécile Jauzenque, directrice d'Arcades Institute. (Photo dr)

Cécile Jauzenque nous fait la visite d’Arcades Institute. C’est elle qui dirige ce lieu culturel incroyable. Ouvert depuis le 9 décembre 2010, il se trouve en plein cœur du vieux Tours, sur la place de la Monnaie. Notre guide nous accueille au rez-de-chaussée de cette magnifique bâtisse en pierre de taille et nous invite à descendre au sous-sol. « C’est ce qu’il y a de plus magique ici. »

Cette grande salle est constituée d’arches magnifiquement conservées et d’une atmosphère silencieuse particulière que seules les catacombes où les églises peuvent produire. Elle date du XIIe siècle et donne sur une petite pièce en long du Xe siècle. Celle-ci sert de loge pour les musiciens et troupes de passage.

Malgré le poids de l’histoire, l’Arcades Institute est une scène artistique contemporaine, novatrice accueillant régulièrement des expositions de peinture et des concerts. Cécile Jauzenque souhaite avant tout que cet endroit soit rentable pour permettre de faire venir un maximum d’artistes et de les laisser le plus libre possible.

Un lieu culturel aux milles facettes

(Photo dr)

Pour cette raison, les locaux sont parfois loués à des entreprises, des institutions et des particuliers qui souhaitent faire une réception, un banquet ou une conférence. Et pourquoi ne pas faire intervenir des artistes de temps en temps ? « Prochainement, nous allons avoir une conférence sur le souffle, organisée par une entreprise. J’ai eu l’idée d’inviter un jeune homme sensible à cette thématique car il est à la fois joueur de didgeridoo et interne en médecine. »

Doc Pilot, le programmateur du festival des Hivernales et acteur majeur de la scène musicale depuis plus de 30 ans a trouver une expression pour décrire l’Arcades Institute. Pour lui, c’est une « utopie pragmatique. »

 

La programmation

Arcades Hivernales

L’Arcades Institute a lancé un festival de musique qui se déroule pendant tout l’hiver le dimanche après-midi : les hivernales. Top pour éviter de se morfondre quand il pleut et qu’il n’y a rien à faire. Ce week-end ce sera l’éphémère groupe Tapin avec la chanteuse tourangelle de Caravan Palace Colotis Zoé et le guitariste Sébastien Giniaux.

Dès 16 h 30. Entrée 10/8 €. Résa au 02 47 66 25 65. Retrouvez tous les autres concerts sur arcades-institute.fr.­­­

Les expos

Il y en a deux en ce moment. Une pour les photos de la jeune artiste du coin, K_pture et une autre sur les peintures acryliques très contrastées de Claudine Dumaille. Jusqu’au 12 février.