Enzo Petillault, la voix Béton, l’esprit Aucard

#VisMaVille Enzo Petillault est chargé de production. Un temps sur les ondes de Radio Béton, un autre sur l’organisation du festival Aucard de Tours, il surfe sur sa passion : les découvertes musicales.

Sa voix ou son visage ne doivent pas vous être totalement inconnus si vous êtes familier de « Béton », comme on dit à Tours. Depuis 12 ans, on l’entend sur le 93.6 parler de musique ; on le croise le mercredi à l’animation du « Quart d’heure tourangeau » au Balkanic ou à La Gloriette, aux manettes d’Aucard de Tours.

S’il est entré, en 2011, chez Béton Production dont il est l’unique salarié au sortir de ses études, après un master de médiation culturelle à la fac de Tours, Enzo Petillault, 36 ans, est désormais rôdé. « J’avais déjà une expérience d’organisation de concerts, lorsque j’étais lycéen à Bourges. En rentrant à Béton, c’était bien sûr une autre dimension. J’ai beaucoup appris des bénévoles de l’association qui m’ont chapeauté et je suis devenu rapidement autonome. Je partage une vision de la musique alternative, une bonne entente avec les bénévoles. »

Un lien qui compte lors de l’organisation du festival qui mobilise jusqu’à 180 bénévoles par soir. Cela lui avait manqué lors des deux années Covid. « Passer son temps devant un ordinateur à remplir des tableaux Excel et ne pas rencontrer le public ni les bénévoles, c’était très frustrant. Aucard, c’est aussi comme une colonie de vacances pour adultes. On vit des moments intenses sur deux semaines entre le montage et le démontage, la préparation des repas. »

Le festival Aucard de Tours occupe Enzo Petillault à peu près à 70 % de son temps annuel, le reste se lissant sur la vie de la radio. « Sachant que c’est poreux, ajoute-t-il. C’est le même boulot de découvertes musicales. J’écoute beaucoup de musique, je vois pas mal de concerts. Je suis très rock mais j’écoute de tout, de la pop à l’électro en passant par la soul et le metal. »

De septembre à février, il se concentre sur la partie artistique – la programmation, déniche les artistes têtes d’affiche et des moins connus. « L’important est d’allier les deux. Mais ce qui me fait le plus plaisir est que les gens apprécient en concert un groupe qu’ils ne connaissaient pas. »

Au printemps, tout est calé, il passe sur la partie production de l’événement qui se déroule en juin : caler les plannings, réserver les transports et les hôtels, s’occuper de la communication, de la partie technique, toujours épaulé par une quinzaine de bénévoles. « C’est une période plus dense, Il ne faut rien oublier pour que tout le matériel arrive à l’heure et reparte dans les temps. »

Aucard de Tours brasse aujourd’hui de 350 à 400 000 euros de budget. « Nous avons connu 15 % d’augmentation mais le budget programmation n’a pris que 10 000 euros de plus. À moi d’aller chercher des choses moins connues, et pas les artistes les plus demandés qui ne cessent d’être de plus en plus chers. Nous avons aussi une jauge de 4 500 personnes qui ne bouge pas, c’est souvent plein comme l’année dernière et cela permet un équilibre financier. Nous n’avons pas l’intention de grossir. »

Une philosophie qui correspond à l’esprit Béton, libre et à l’écart du moule dominant.

Aurélie Dunouau

Rock the House va casser la baraque !

Samedi 11 Novembre, le festival Rock the House débarque au Parc des expos, à Tours. Une soirée de concerts, plutôt axée électro, lancée pour la première fois par AZ Prod et Radio Béton. Entretien avec Enzo Pétillault, d’Aucard et Béton, qui veut réchauffer l’hiver tourangeau.

NEWS_ROCKTHEHOUSE

La première question que l’on se pose, c’est pourquoi un festival co-organisé entre AZ Prod et Radio Béton ? Comment s’est fait la rencontre ?
La première approche a eu lieu fin 2015, début 2016. Julien Lavergne, d’AZ Prod, est venu me voir avec l’envie d’un festival d’hiver, une période où il n’y a pas habituellement grand-chose. Il souhaitait lancer quelque chose de régulier qu’eux n’avaient pas. Ils observaient Aucard et avaient moins de connaissances que nous concernant la musique alternative. Ça les intéressait pour que l’on puisse, AZ Prod et Béton, mutualiser les capacités de travail : outils scéniques, finances que nous n’avons pas forcément… Ainsi que notre savoir faire en matière d’organisation et de programmation.
Les compétences ont donc été réparties. Les bénévoles d’Aucard seront au bar, à l’entrée, on a aussi bien travaillé sur la programmation, avec une certaine exigence musicale. Sur l’affiche, on retrouve Detroit Swindle ou Pantha du Prince qu’on voit très rarement en dehors des grandes villes. C’est génial de les avoir à Rock the House ! Je ne connaissais pas trop AZ Prod, mais là, ça se passe très bien. Ils ne comptent pas leurs heures !

L’affiche est très électro. Pourquoi ce choix ?
Ça s’y prête déjà très bien sur un festival qui a lieu toute la nuit ! Et puis j’avais envie d’accentuer ça, j’y suis sensible artistiquement. J’avais du mal à faire venir certains groupes électro sur Aucard de Tours qui est un festival plus généraliste. Certains d’entre eux avaient « peur » de jouer après un groupe de punk rock ! (rires)

Avec Rock the House, vous recherchez quel public ? Vous draguez celui d’Aucard, un autre plus généraliste ou un peu des deux ?
Pas mal de gens, en fait. Aucard brasse large. Mais pour Rock the House, on sait que ce sera du 16-30 ans surtout. Cette frange là d’Aucard s’y retrouvera. Et ça permet aussi de s’adresser aux moins « curieux ». Il y aura des grosses têtes d’affiche comme MØME ou Razorlight. Du coup, l’idée c’est d’en faire un rendez-vous, ce n’est pas un one-shot ? Ah non. Là, on tâte le terrain, on voit si l’eau est chaude ou tiède, mais l’objectif est vraiment de refaire d’autres éditions. Qui sait, si ça fonctionne cette année, on pourrait imaginer un festival sur deux soirs d’affilée à l’avenir.

À partir de quelle jauge, côté public, estimez-vous que le festival serait réussi ?
On vise les 4 à 5 000 personnes. Là, les ventes ont bien commencé depuis mi-octobre. Si la courbe continue ainsi, ce sera top ! (interview réalisée le 31 octobre, NDLR). En plus, Rock the House a lieu le samedi 11 novembre. C’est férié !

Qui a géré la programmation ? Béton seul ou avec AZ ?
Là, c’est vraiment nous. Béton a eu carte blanche et entière confiance de la part d’AZ Prod. Ils étaient contents. Je suis ravi d’avoir certains noms, comme Pantha du Prince. Georgio aussi, c’est un artiste très intéressant de la scène rap française et un sacré showman.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=1YRW1QRKTBc[/youtube]

On peut parler du budget du festival ?
Le budget de la soirée Rock the House est quasiment le même que celui de la programmation des 5 jours d’Aucard ! 90 000 € environ. Les tarifs billetterie sont donc cohérents : on est sur du 25 – 35 € la place.

Investir le Parc expo de 20 h à 5 h du matin, l’idée paraissait ambitieuse, non ?
Hmm… Pour le coup, avec Béton, on est très impliqués. On ne pouvait pas prendre de risques financiers, évidemment, mais là, Tours événement assure le coût du festival. Eux savent et peuvent prendre le risque. Aucard n’a pas beaucoup d’argent, ni les épaules bien sûr. AZ Prod et Tours événement voulaient quelque chose « d’impactant ».

Il y aura deux scènes durant la soirée ?
Oui, avec le Grand Hall pour les lives, comme Razorlight, MØME, le DJ set, etc. Et la club stage, avec Arno N’Joy, les Detroit Swindle… De ce côté-ci, ce sera plus intimiste. Il y aura aussi un lieu de vie, où l’on pourra manger, il y aura des producteurs locaux comme La P’tite Maiz, des foodtrucks, des bars, le public pourra être posé. Certains groupes se chevaucheront, comme ça les gens pourront choisir ce qu’ils veulent écouter ou aller voir par curiosité.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=M2EurT5gOdk[/youtube]

Vous souhaitez tout de même garder cette image Aucard de Tours très caractéristique pour Rock the House ?
Oh oui, de toute façon, on ne sait pas bosser autrement ! (rires) Les bénévoles d’Aucard seront là et on travaille comme d’habitude, on communique sans se prendre la tête. Bon, il n’y aura pas de plaine comme à la Gloriette, mais on reste à la cool ! On n’a pas vendu notre âme au diable. Rock the House sera fédérateur et exigeant, comme Aucard.

Y aura-t-il des navettes durant la soirée ?
Des navettes feront l’aller-retour entre la gare de Tours et le Parc expo, toute la soirée, jusqu’à la fin du festival pour un euro seulement. Comme ça, pas d’accidents !

[nrm_embed]<blockquote class= »twitter-tweet » data-lang= »fr »><p lang= »fr » dir= »ltr »>On met en place des navettes pour venir et repartir du Parc Expo ! Voilà les horaires 🙂 <a href= »https://twitter.com/hashtag/RTH?src=hash&amp;ref_src=twsrc%5Etfw »>#RTH</a> <a href= »https://twitter.com/hashtag/tours?src=hash&amp;ref_src=twsrc%5Etfw »>#tours</a> <a href= »https://twitter.com/hashtag/Rockthehouse?src=hash&amp;ref_src=twsrc%5Etfw »>#Rockthehouse</a> <a href= »https://twitter.com/hashtag/navettes?src=hash&amp;ref_src=twsrc%5Etfw »>#navettes</a> <a href= »https://twitter.com/hashtag/vroum?src=hash&amp;ref_src=twsrc%5Etfw »>#vroum</a> <a href= »https://t.co/2Xau6esrlm »>pic.twitter.com/2Xau6esrlm</a></p>&mdash; Rock The House (@RockTheHouse37) <a href= »https://twitter.com/RockTheHouse37/status/927505422633795586?ref_src=twsrc%5Etfw »>6 novembre 2017</a></blockquote> <script async src= »https://platform.twitter.com/widgets.js » charset= »utf-8″></script>[/nrm_embed]

Vous verriez Rock the House devenir le « Aucard de l’hiver » ?
Oui, carrément. C’est une première et c’est tout neuf, mais on verra la suite. Je pense qu’on peut faire un gros truc, avec une troisième scène pour le rock par exemple. Mais on y va petit à petit. En tout cas, avec Rock the House, on peut faire des choses super…

Propos recueillis par Aurélien Germain

PROGRAMMATION

> Razorlight, MØME, Georgio, Agoria, Pantha du Prince, Kadebostany,
Detroit Swindle, Paula Temple, Arandel, Arno N’Joy.

> Samedi 11 novembre, au Parc des expositions, à Tours. De 20 h à 5 h du matin. Tarifs : 25 € (PCE), 29 € (étudiant, demandeurs d’emploi, moins de 18 ans), 34 € (plein).

> Contact : rockthehouse.fr ou facebook.com/rockthehousefestival

Aucard de Tours : paroles de bénévoles

Billetterie, buvette, cuisines… Entre 150 et 200 petites mains œuvrent pour le festival Aucard de Tours. Tmv laisse la parole à certains d’entre eux.

Marie, aux relations presse

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« Je suis attachée de presse depuis le mois de mai. Je suis dans l’organisation cette année, nous sommes environ 40. Je suis aussi bénévole pour mettre la main à la patte en amont et en aval du festival. Je suis arrivée à Tours, pour mes études, en octobre. Je ne connaissais pas le patrimoine culturel et social d’ici. J’ai été surprise par l’engagement des jeunes. Cette motivation est incroyable. L’expérience Aucard me pousse à rester encore un peu sur Tours. Je n’ai pas envie de partir de cette ville. L’année prochaine, je reviens. Ils m’ont mis dans le bain : maintenant, je veux rester. »

Olivier, à la technique

« J’ai 36 ans et ça fait vingt ans que je viens à Aucard. Au début, je ne voulais pas être bénévole.Image14 Je préférais donner de l’argent pour ce festival qui ne coûte pas très cher. Ça me faisait plaisir. Puis j’ai une amie qui m’a motivé à me lancer. Et j’ai craqué ! J’ai été technicien avec des groupes. Et depuis deux ans, je suis officiellement bénévole pour Radio Béton. Ce festival, c’est que des potes. On se connaît tous, au moins de tête. C’est ça qui me plaît ! »

Fabien, à la buvette

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« C’est la quatrième année que je suis bénévole à Aucard, toujours au bar. Ça faisait une dizaine d’années que j’y pensais, mais je ne le faisais pas. Puis un copain m’a tenté. Je suis passé de l’autre côté de la barrière. J’en avais marre d’être présent en tant que festivalier. Je voulais donner au lieu de recevoir. C’est une grande famille. On prend tous du plaisir à se revoir. L’an passé, on a quand même eu peur que ce soit la dernière édition. On est donc d’autant plus content de se retrouver à nouveau et de voir que ce n’est pas fini. »

Claire, à la billetterie

« Je suis bénévole à Aucard depuis trois ans. J’ai toujours eu envie de réitéreImage9r l’expérience : donner de son temps, de sa personne… Il y a une équipe sympa. Je m’occupe de la billetterie, ainsi que du montage et du démontage. Ça fait une semaine chargée. Là, par exemple, je suis en vacances. Je m’arrange pour caler mes congés au moment du festival, et ainsi être disponible. Avant, je suis venue dix ans en tant que festivalière. »

Odile et Floriane, à la cuisine

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« Je suis bénévole aux cuisines depuis quelques années, et là je suis en train d’équeuter des pois mange-tout. Ils viennent tout droit des producteurs locaux. C’est des grandes quantités car on n’achète aucun plat préparé. Il y a une super ambiance.

« Les postes bougent. Ça s’organise selon les besoins, les envies et les capacités de chacun. Tout le monde n’a pas forcément la possibilité de se libérer. Il y a un roulement. On fait à manger pour 250 personnes environ (artistes, techniciens et bénévoles), par soir, et 80 le midi. Il y a deux équipes au niveau alimentaire. Ce que j’aime bien aussi, c’est qu’on voit plein de gens. Je venais en tant que festivalière il y a déjà une vingtaine d’années. J’ai plein d’amis. On est dans un endroit vivant. C’est une semaine à part : vive le rock’n’roll ! »

Brice, au merchandising

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« Ça fait quatre ans que je suis bénévole à Aucard. Je suis présent ici, en tant que festivalier, depuis seize ans. C’est un rendez-vous qui rythme la vie associative tourangelle. C’est une belle aventure. On se marre, c’est convivial, c’est un terrain de rencontres. C’est un petit milieu très soudé et solidaire. Je m’occupe du magasin depuis trois éditions. Ça consiste à rester quelques heures par soir derrière une table et vendre des tee shirts, des sacs, des affiches, des compils, des livres… Beaucoup de curieux se pointent et achètent pour soutenir l’asso. Je suis aidé là par deux p’tits garçons de 10 et 13 ans : Mino et François. La relève est assurée ! »

Propos recueillis par Simon Bolle et Philippine David

Photos : Simon Bolle

Radio Béton : le prix de la micro-nouvelle

Radio Béton lance un prix de la micro nouvelle, avant le festival Aucard de Tours. A vos stylos (ou vos claviers) !

betonlogo

Votre mission, si vous l’acceptez… Écrire une micro-nouvelle, de 93 mots pour le texte et 6 pour le titre. Car cette année, Radio Béton (93.6 FM) et Béton Production organisent un prix littéraire en marge du festival Aucard de Tours. Le Prix 93.6 consiste donc en l’écriture de ces fameuses « flash fiction », des nouvelles ultra-courtes. Le thème du concours est « à sec », le même que celui de l’édition 2017 d’Aucard.

« Peu importe l’âge, tout le monde de la Région Centre peut participer. Les prix décernés iront dans trois catégories : junior, étudiant et adulte », indique Pascal Robert, de Béton. C’est Michel Douard, écrivain tourangeau, auteur de l’excellent Micron Noir, qui présidera le jury, aux côtés de jurés de la bibliothèque, de la radio Béton ou encore de la Boîte à livres. Il faut compter sur une jolie récompense : la publication de la nouvelle dans le journal du festival et sa diffusion sur Radio Béton.

« C’est vraiment une histoire très courte », rappelle Pascal Robert. « Talent ou pas, c’est tellement court qu’il n’y aura pas l’angoisse de la page blanche ! »

> Inscription et envoi sur radiobeton.com avant le 31 mars

RSA : bonnes ondes sur Radio Béton

Salon de pauvres, une nouvelle émission sur Radio Béton, veut casser les a priori sur les bénéficiaires du RSA.

RSA
(Photo groupe Facebook Bénéficiaires du RSA)

« Nous souhaitons communiquer sur la précarité. Le but est de “ déstigmatiser ” l’image du bénéficiaire du RSA qui profite du système. Il faut casser les préjugés. » Isabelle Thuillier parle de Salon de pauvres. Une nouvelle émission qui, un mardi par mois, sensibilise à la situation des gens contraints de vivre avec quelques centaines d’euros. C’est Radio Béton qui offre sur son antenne une heure à « Bénéficiaires du RSA, des gens comme les autres », le groupe derrière Salon de pauvres.

La première diffusion à la mi-novembre était « un rodage ». Pour la prochaine, ce mardi 13 décembre, la fine équipe promet « d’avoir un discours plus accessible ». D’autant que l’invité, cette semaine, est Vincent Louault, conseiller départemental délégué, en charge du RSA et de l’insertion.

Une émission idéale pour offrir réflexion et prise de conscience. Car, concède Isabelle Thuillier, les a priori sur le RSA sont encore nombreux. « Alors qu’il y a un réel handicap psychologique pour les bénéficiaires… Et n’importe qui peut tomber au RSA. »

 > Le 13/12, à 15 h, sur Radio Béton, 93.6 FM. Avec l’appui de Sandrine Marchais, conseillère à l’insertion à Tours Nord (MDS).

« Aucard, c’est une ambiance, c’est un village »

Du 31 mai au 4 juin, le mythique Aucard de Tours de Radio Béton investira de nouveau la Gloriette. On a interrogé Enzo Pétillault, programmateur, qui nous dévoile les dessous du festival.

Aucard
Enzo, programmateur à Aucard de Tours.

Quand commencez-vous à travailler sur Aucard ?
Concrètement, ça ne s’arrête jamais. Je fais des concerts, on fait jouer des groupes qu’on défend à Radio Béton, il y a des artistes que j’ai vus il y a plusieurs années, etc. Mais la programmation, la prospection démarrent vraiment en octobre. Le bouclage a lieu vers la mi-mars. Ensuite, on entre dans le « très dur » : ce vendredi 27 mai, on investit la Gloriette (le festival débute le 31 mai, NDLR). A la fin d’Aucard, on démonte tout pendant trois jours.

La prog’, c’est un plaisir perso ?
Je me fais beaucoup plaisir. Mais avant tout, on veut trois choses pour Aucard avec Pascal Rémy : un lien avec Radio Béton, un lien avec l’histoire du festival et des découvertes, de l’innovant. Mais ce n’est pas qu’un plaisir personnel. Par exemple, les $heriff, c’est quelque chose qui ne me parle pas, mais c’est hyper important qu’ils jouent, car ils étaient là dès les débuts d’Aucard ! Debout sur le Zinc a joué il y a 10 ans et eux-mêmes ont demandé à revenir.

Il y en a beaucoup qui viennent vers toi ?
Certains, oui. Ou alors ils sont plus arrangeants. Par exemple, les Wampas, l’an dernier, qui nous avaient fait un tarif moins élevé qu’ailleurs. Ou encore Biga*Ranx qui nous avait fait un prix au ras des pâquerettes, car c’était chez lui et ça lui tenait à cœur de venir. Aucard, c’est le festival des Tourangeaux.

En parlant prix, quel est le budget d’Aucard ?
Il est petit comparé à d’autres. On a un budget de 350 000 € tout compris, dont 80 à 90 000 € pour la programmation. Sauf l’an dernier, où on a mis 10 000 € de plus pour notre anniversaire. Il n’y a pas tant de marge que ça. Il y a un peu de risques. S’il pleut, on est dedans direct ! Les Tourangeaux comprennent que c’est un festival pas cher. Même si, cette année, on a augmenté de 2 € la soirée et 5 € la semaine (lire ci-contre).

Vous avez des aides financières ?
Oui, des aides de la Ville avec 48 000 € contre 50 000 € l’an dernier. Mais aussi de l’agglo, de la SACEM…

Pour les cachets des artistes, y a-t-il une fourchette que tu t’imposes ?
Vu le tarif d’entrée, oui ! Pour une grosse tête d’affiche, j’essaye de ne pas mettre au-dessus de 10 000 €. Ce qui n’est pas beaucoup pour un gros groupe… The Shoes avait par exemple accepté ce prix au lieu de ses 20 000 € habituels.

Pourquoi c’est tabou de parler d’argent ?
Je ne sais pas. En France, dans le milieu du spectacle, les gens ne veulent pas savoir que c’est une économie. Certains chiffrent paraissent énormes, mais il faut savoir qu’il y a les frais inhérents au groupe, que 15 % vont au tourneur, etc. C’est bizarre, mais on ne veut pas comprendre que l’art coûte de l’argent. D’où le besoin de subventions.

Les « coulisses » d’Aucard, ce sont des artistes sous des tentes, avec un baby-boot, à la punk. Il y a déjà eu des demandes un peu étranges ou des caprices ?  
La plupart ont leur rider (une liste de demandes – NDLR), mais on respecte quand même. Il est arrivé qu’un DJ nous demande deux bouteilles de champagne. Dans ce cas, je demande : « euh, t’es sûr qu’il en faut vraiment deux ? » Mais sinon, rien de particulier.

Comme chaque année, beaucoup vont se demander pourquoi les horaires de passage ne sont pas divulgués avant ?
C’est une vieille tradition à Aucard. Ce festival, c’est de la découverte. On aime que le public vienne pour tout et pas que pour un groupe. Il y a aussi un côté économique, soyons honnête : c’est toujours mieux que les gens viennent à 20 h, plutôt qu’à minuit ! D’ailleurs, j’en profite pour dire qu’il faudra venir tôt pour ne pas rater notamment Debout sur le zinc et Suuns ! Mais bon, on n’est pas  »relou » : la sortie n’est pas définitive jusqu’à minuit, contrairement à beaucoup de festivals !

Cette année, quel groupe te fait vraiment plaisir ?
Je suis fier d’avoir Mystery Lights. C’est leur 2e concert en France. Ils sont de New York : un gros rock 70s, mon coup de cœur ! Ou encore les Onyx. C’est mortel d’avoir des légendes !

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=KdaR4rAd5pc[/youtube]

Pour quoi vient le public ? Les têtes d’affiche, les groupes locaux, l’ambiance… ?
C’est un tout. Je pense que 50 % d’entre eux viennent « parce que c’est Aucard ». L’autre moitié est attirée par un groupe, une tête d’affiche, etc. Aucard, c’est une ambiance à part, c’est un village.

Aucard, c’est un peu une famille, non ?
Oh oui ! Même dans le public, c’est une ambiance à part, c’est dingue.

J’ai entendu dire que cette année, il vous a été demandé de ne pas dépasser 85 décibels. Soit presque le bruit d’une machine à laver en mode essorage…
Il y a un arrêté préfectoral en Indre-et-Loire depuis 2 ans. Sauf qu’un public qui applaudit, c’est déjà 85 décibels. C’est fait par des gens qui n’y connaissent rien. Baisser à 85 au lieu des 103 réglementaires, c’est bête. Mais la mairie est obligée. On a expliqué que c’était pas possible, à part en ne faisant que de l’acoustique. Aucard respectera les 103 décibels, la limitation nationale. On a eu une dérogation et pour l’instant, il n’y a pas de souci.

L’an dernier, Aucard a fêté ses 30 ans… Alors, qu’en retiens-tu ?
C’était génial qu’il y ait autant de monde. On a fait 22 000 entrées. Il y avait de l’ambiance et des concerts de dingue, comme Rich Aucoin par exemple. Les artistes étaient adorables, ils aiment vraiment Aucard. Le public était au taquet, même pour des groupes moins connus. C’est toujours cool pour eux de jouer devant 3000 personnes !

L'an dernier, Aucard a marché sur la ville (Photo NR)
L’an dernier, Aucard a marché sur la ville (Photo NR)

J’aime beaucoup aborder ce sujet : et les bénévoles alors ?
Une bonne partie d’entre eux revient chaque année. Ils posent leurs jours de congé pour venir monter un chapiteau, servir des bières. C’est fou. De toute façon, l’esprit bénévole, soit tu l’as, soit tu l’as pas. Cette année, on a reçu beaucoup de demandes sur les réseaux sociaux. Pour notre festival, les bénévoles se déguisent suivant le thème, ça rajoute du charme. Cette année, c’est « savants fous et fous savants », il y a ce côté fun chez nous.

Soyons fous : imaginons que la mairie te donne les pleins pouvoirs, 4 millions de budget MAIS obligé de faire une programmation grand public. Qui choisis-tu ?
Euh… Gorillaz, Daft Punk… Les Rolling Stones, tiens ! (sourire) Pas beaucoup de Français, je crois…

Pas de Patrick Sébastien…
Oula non ! Peut-être Jean-Michel Jarre, tiens. (bon, bah on fera pas tourner les serviettes à tmv – NDLR)

Tu regrettes certains choix dans la programmation ?
Je ne suis pas du genre à vivre dans le regret. En octobre, on a beau avoir une prog idéale, c’est complètement différent à la fin, mais on est super heureux. Chaque année, je suis fier.

Certains voient encore Aucard de Tours comme un festival « punk à chien ». ça t’embête ?  
C’est marrant, car certains voient ça, d’autres me disent « oui, mais il n’y a que de l’électro ». On ne peut rien faire contre les images, mais ça m’est égal. Il y aura toujours des mécontents ! On ne s’en sort pas si mal, au final.

[vimeo]https://vimeo.com/162170545[/vimeo]

Que penses-tu de la vie culturelle tourangelle ?

Il se passe pas mal de choses, mais il y a clairement un manque de lieux de diffusion. Tours possède une vie de bars géniale, avec beaucoup de rock, d’électro. Moins pour la chanson et le hip-hop. Et en dehors du Temps Machine, il n’y a pas vraiment de salle avec de bonnes conditions pour un concert, comparé à un bar. Le Bateau ivre, il faudrait vraiment que ça rouvre ! Il y a aussi Phoenix Events, Le Pont Volant (ex-La Belle Rouge – NDLR), mais ça reste loin pour certains. C’est dommage qu’il y ait ce manque d’infrastructures, malgré l’importance de notre vivier musical. J’ai entendu dire qu’en France, Tours avait le plus gros ratio groupes de musique comparé à la population.

En fait, Aucard est un vieux papy maintenant. Mais est-il immortel ?
Rien n’est immortel. Mais Aucard a retrouvé une jeunesse.

Propos recueillis par Aurélien Germain

>> Aucard c’est aussi sur FACEBOOK et TWITTER !

Capture

Radio Béton publie sa bible

Trente ans que ça dure ! Pour marquer le coup, Nathan Aulin et les autres ont décidé de tout raconter dans un livre. Avec les bons souvenirs à côté des coups de gueule. Sans filtre, à la sauce Béton, quoi.

Nathan, des réponses béton pour une interview béton (ou pas).
Nathan, des réponses béton pour une interview béton (ou pas).

Une Bétyoton pour les 10 ans, une fête dans les magasins généraux de la SNCF pour les 20 ans. Pourquoi sortir un livre pour les 30 ans ?
Nathan Aulin : Je pense que l’idée n’était pas venue avant. Les 30 ans approchant, c’est Daniel Gazeau qui a eu envie de tout mettre sur papier (il est éditeur à l’université de Poitiers dans la vraie vie). Un livre, c’est une aventure dans laquelle on ne s’était pas encore lancée. C’était un challenge, quelque chose que personne ne savait faire. Il y avait aussi l’envie de créer un objet qui va rester. Et 30 ans, franchement, c’était le bel âge.

C’est aussi un projet multimédia.Qu’apporte la version numérique ?
Les QR code donnent accès à toutes les archives photos, vidéos et sonores qui ont fait Béton. Pour chaque chapitre, il y a aussi une playlist avec les sons qui passaient à l’époque. On voulait aller au-delà des limites du livre, rendre les choses plus concrètes. C’est aussi une façon de rappeler des souvenirs à ceux qui ont vécu cette période et de la faire découvrir à ceux qui étaient trop jeunes.

La force de ce livre, c’est qu’il est raconté par les bétonneux eux-mêmes. Il n’y a pas d’autosatisfaction, les témoignages montrent différents points de vue, le style est très oral…
Oui, on a voulu montrer la pluralité des souvenirs, faire témoigner des gens qui sont toujours dans Béton, mais aussi ceux qui ne peuvent plus blairer la radio. Trente ans d’asso c’est pas tout rose, donc il fallait que ce soit le plus proche possible de la réalité, sans retoucher les propos des gens. Puisque Béton à la base c’est quand même une radio !

La troisième partie, qui retrace la période 2006-2015, s’intitule « La maturité ? ». On comprend alors que la radio a grandi, qu’elle s’est assagie. Peut-être trop ?
Certains disent que Béton s’est institutionnalisée parce qu’on fait des concerts au Grand Théâtre. D’autres répondent que c’est dans l’intérêt de la radio de déplacer la culture populaire dans des lieux comme ça. En fait, je crois qu’on avait deux solutions. Soit tourner le dos aux institutions et durer cinq ans maximum. Soit pérenniser la radio et travailler avec des personnes qui ne partagent pas forcément les mêmes idées, sans pour autant se vendre. C’est ce savant mélange que les bétonneux ont réussi à faire. On parle de maturité parce que la troisième décennie a été le moment où les personnes qui géraient Béton ont grandi, où les jeunes cons de l’époque se sont mis en couple et ont fait des enfants. 

On ressent dans certains témoignages une sorte de nostalgie, que ce soit au niveau de la musique ou de l’engagement politique. Est-ce que Béton c’était mieux avant ?  
Les gens qui ont vraiment bossé dans la radio ne peuvent pas dire que c’était mieux avant. Mais pour ceux qui l’écoutaient pour son punk garage et qui aujourd’hui tombent sur un gros son techno un peu club, je pense que oui. Certains ne s’y retrouvent plus du tout. Après, au niveau des fêtes et de l’engagement politique, je pense que c’est surtout la société qui avait l’air mieux avant, car on pouvait faire plus de choses et les jeunes étaient plus engagés. Mais Béton, faut pas non plus le fantasmer, ça n’a jamais été une radio politique qui défendait un parti.

Dans la dernière partie, vous racontez les années 2016-2020. Rassurez-nous, il n’y aura jamais de partenariat avec le Medef ?!
Oui, on a essayé de voir l’avenir ! Ça nous a fait marrer de s’imaginer roi du monde et aussi pourri que le Medef. C’est une réponse à tout ceux qui ont pu dire que Béton était vendue. Alors pour délirer on a forcé le trait comme on sait bien le faire. J’espère que les gens vont se marrer autant que ça nous a fait marrer.

Plus sérieusement, comment s’annonce la suite ?
Dans une certaine continuité. On a l’intention de bosser avec de nouveaux acteurs culturels, de continuer à donner la parole à ceux qui auront envie de créer une émission. On va encore se diversifier, pour ne jamais être nostalgique des années 80 ou 90. Il n’est pas question de devenir des vieux ringards !

Propos recueillis par Camille Petit

Tout savoir sur l’univers Radio Béton

Radio Béton n’oeuvre pas que sur les ondes. Loin de là ! Petit aperçu de la galaxie Béton, de quelques exemples de ses différentes (et nombreuses !) activités, ses projets et tout ce qui l’entoure.

LE CHIFFRE

200

Le nombre de partenaires de Radio Béton en 2015 : assos, radios, structures publiques ou encore librairies, bars et cafés-concert, dont la très grande majorité sont des lieux d’Indre-et-Loire.

FOIRE AUX DISQUES, VINYLES & BD

Chaque année, Béton prouve par A+B que, non le vinyle n’est pas mort. Et que oui, le format CD s’achète encore. La foire aux disques ramène aussi les zikos, mais aussi les fans de bande-dessinée qui ont de quoi trouver leur bonheur. Depuis novembre 84, l’événement (par ailleurs gratuit, ce qui est plutôt rare en France) squatte les Halles et rameute un paquet de fouineurs et collectionneurs.

DES ATELIERS

« Nous proposons de nombreux ateliers à destination de publics variés », souligne Maylis Cerbelaud, coordinatrice d’antenne. Notamment la réalisation d’un audioguide poétique avec les collégiens d’Azay-le-Rideau en ce moment. Une émission avec les collégiens aura d’ailleurs lieu le 17 mars au matin, à la Canopée d’Azay.
« Nous avons aussi travaillé cette année avec Cultures du cœur et nous sommes intervenus en prison pour des émissions autour de la littérature », rappelle Maylis Cerbelaud. Par ailleurs, dans le cadre du prix Rockattitude et de la résidence de David Christoel, Béton est en partenariat avec l’université : « Nous apportons nos connaissances aux étudiants pour leur apprendre la prise de son, le montage, etc., en vue de réaliser des pièces radiophoniques à partir de textes scientifiques loufoques, pièces en 180 secondes ». Elles seront présentées à la fac des Tanneurs, le 17 mars après-midi.

Une partie de la prog pour Aucard 2016 !
Une partie de la prog pour Aucard 2016 !

AUCARD DE TOURS (ET AUTRES !)

Impossible de passer à côté : le gros festoche culte, organisé par Béton, a fêté ses 30Ÿans. Chaque année, il fait la part belle à de véritables artistes, loin de la variétoche gnan-gnan, et pioche allègrement dans le rock, le hip-hop, le metal ou encore l’electro. L’an dernier, la Gloriette se souvient des pogos pleins de sueur pendant Verbal Razors ou encore de la folie furieuse balancée par les Wampas et Chill Bump devant un public chaud bouillant.
En 2016, Aucard se déclinera sous le thème Savants fous ou fous savants. Pour le reste, comptez sur Béton dès qu’il y a de bons concerts, sachant que l’asso en organise depuis maintenant 10 ans !
> Festival Aucard de Tours, du 31 mai au 4 juin.

FERAROCK MON AMOUR

Radio Béton est aussi membre du CA de la Férarock : c’est la Fédération des radios associatives musiques actuelles. Comprenez, un réseau de 20 radios réparties partout en France, qui souhaite diffuser et promouvoir «les musiques actuelles en émergence ou peu exposées sur les radios nationales», comme l’explique ferarock.org. Bref, la philosophie même de Béton.

PIMANT : ÇA ARRACHE !

Le Pimant, Pôle info musiques actuelles, a été créé en avril 1998. Le but ? Centraliser les infos sur les artistes, salles de concert, studios de répétition, organisateurs de concerts et techniciens son ou lumière.
Le Wikipédia de la zik tourangelle ? Oui, c’est un peu ça !
> Contact : 02 47 51 11 41 ou pimant@radiobeton.com

MAIS AUSSI

Au Nom de la Loire, les Bétonnades (notre photo), Musica ex-machina… À chaque fois que vous voyez ces noms, c’est Béton qui se cache là-dessous. Infatigable, la radio tourangelle multiplie les projets et essaye de développer le tissu associatif tourangeau : « Ce que nos nombreuses émissions permettent », indique Maylis Cerbelaud, faisant référence aux partenariats avec les cinémas Studio, les salles de concert, les assos programmatrices de concerts au centre-ville, celles à but social, etc.

A l'époque, on savait s'habiller classe à la radio.
A l’époque, on savait s’habiller classe à la radio. Prends ça, Elkabach !