Nota Bene passe de Youtube au papier

Sur YouTube, ses vidéos qui racontent l’Histoire de façon divertissante cartonnent. L’autodidacte Benjamin Brillaud, tête pensante de Nota Bene, passe au papier : le Tourangeau vient de publier son premier livre, Les pires batailles de l’Histoire.

Benjamin Brillaud, de Nota Bene, et son joli tshirt chaton (Photo tmv)
Benjamin Brillaud, de Nota Bene, et son joli tshirt chaton (Photo tmv)

En septembre 2015, vous disiez dans tmv que la meilleure façon d’intéresser les gens à l’Histoire, ce n’était pas en les écrasant de dates mais en racontant histoires et anecdotes. Vous êtes toujours sur la même ligne ?
Oui mais cela se fait toujours en contextualisant. C’est la technique de la carotte : c’est une méthode, mais j’insiste sur le contenu. L’anecdote attrape et emmène l’internaute ou le lecteur vers un horizon plus large. J’ai récemment fait un épisode sur Marignan. Marignan, 1515, oui bon d’accord. Mais quel est le contexte, et contre qui a eu lieu la bataille ?

Vous avez lancé Nota Bene en 2014. Deux ans après, voilà un livre. Un passage obligé pour les youtubeurs ?
Non… J’ai écrit ce livre car des éditeurs sont venus me voir. J’ai eu de la chance, car quatre ou cinq se sont montrés intéressés. C’est une chance. Surtout quand on voit à quel point il est difficile de se faire éditer. Cela aurait été bête de laisser passer ça. Et puis c’était un rêve de gosse de faire un bouquin ! Là, c’est un défi. C’est tellement différent d’une vidéo.

Quatre ou cinq éditeurs, c’est bien !
Il ne faut pas se leurrer. Comme je l’ai dit dans une interview à Télérama, ils ont aussi vu le potentiel commercial. Mon défi, c’était de faire le meilleur ouvrage qui soit. Je me suis énormément concentré sur ce livre. J’en suis sorti épuisé !

Dans chaque chapitre, il y a plusieurs parties…
Je voulais dynamiser l’ensemble. Il y a les faits, mais il y a aussi un bout de fiction historique. Un petit passage concret pour nous plonger dans la bataille. On peut greffer ça à l’histoire principale. Il y a aussi « Pendant ce temps-là, dans le monde » : là, j’ai essayé de m’ouvrir.

Les Pires Batailles de l'histoire J’ai d’ailleurs trouvé ça très intéressant. Vous y abordez tout ce qu’il s’est passé dans le monde pendant ce temps. Pourquoi cette réflexion ?
L’Histoire, ce n’est pas que la France. J’avais envie de ça dès le début. D’explorer ! Quand je parle de la bataille à Azincourt : oui, okay, mais… ailleurs ? Qu’est-ce qu’il se passait ? Les batailles sont des « carottes », il faut comprendre ce qu’il se passe avant. Par exemple, concernant la Baie des Cochons, il faut aborder les relations passées entre États- Unis et Cuba.

Pourquoi ce thème des « pires batailles » ?
Au début, il y avait plusieurs projets. Mais celui-là s’inscrivait le mieux en livre. Bon, ça reste un titre, hein… (sourire) Des batailles qui ont mal tourné, il y en a partout, sur tous les continents, sur toutes les périodes. Ce sont des situations dramatiques et parfois « rigolotes » qui peuvent intéresser les gens.

Le livre semble bien plus sérieux que les vidéos YouTube…
Oui. Je n’ai pas voulu faire de la blague pour faire de la blague. Je voulais plus de sérieux et parfois, des situations plus légères quand on les analyse avec le recul. Voir que, derrière ça, il y a du concret, des hommes, une histoire politique, économique…

On peut penser aux chapitres du siège de Courtrai ou du Port de Helder notamment, mais dans tout le livre, vous vous attachez à des faits pas si connus que ça.
Oui, il fallait un mix de batailles connues comme Azincourt ou Marathon et de faits moins connus du public. Je vise un large public. L’ouvrage est léger sur la forme. Les abonnés YouTube vont apprécier, mais les autres aussi. Je ne suis pas historien. J’ai envie de toucher tous les publics et je suis demandeur des retours. Tout ça, c’est un bébé de 10 mois de travail ! Je ne veux pas décevoir, c’est un exercice nouveau pour moi.

En parlant d’historiens, comment réagissent-ils face à l’autodidacte que vous êtes ?
Très bien, généralement. Ils savent que ce ne sont pas des cours, mais que l’objectif est de faire s’intéresser à l’Histoire. Que les gens s’ouvrent… La force de Nota Bene, justement, c’est que je ne suis pas historien.

Le choix des batailles a-t-il été difficile ?
Oh oui. Il y en avait tellement… Et il me fallait beaucoup de sources. J’ai notamment voulu parler de la Bataille de la Falaise rouge, mais il n’y avait pas assez de sources occidentales. Et je ne parle pas vraiment chinois ! (rires) Au départ, il y avait 20 batailles, mais j’en ai gardé 15 pour mieux les développer.

Ah, un volume 2 alors ?
Pourquoi pas ? Là, je vais plutôt me reconcentrer sur mes vidéos, sur Nota Bene. J’en suis à 418 000 abonnés, ça a beaucoup augmenté. Certains formats de vidéos engrangent 200 à 300 000 vues.

L’an dernier, vous disiez que Nota Bene, c’était « votre bébé, votre vie, votre métier ». Vous en vivez ?
Oui. Grâce à la pub, mais aussi au financement participatif et surtout, je développe des relations avec les institutions pour des partenariats. Nota Bene

Vous allez participer aux Salons de Choiseul bientôt. Qu’est-ce qui nous attend ?
Euuuh (rires)… J’ai tellement de choses en ce moment ! (il fouille son portable) Ah oui, c’est le vendredi 18 ! Je vais parler de Youtube et l’essor de la culture populaire auprès des jeunes. Il y a de plus en plus de jeunes sur la création de programmes. De nos jours, beaucoup d’entre eux se disent que la physique ou l’Histoire, c’est cool, ils se déplacent aux conférences, etc. Il y a un renouveau de la culture populaire sur le web. L’accès à la culture est hyper important.

Nota Bene, un livre, le succès…Et maintenant ?
Mon planning est bouclé jusqu’à l’an prochain, je souhaite que ça continue. Il y aura aussi le festival d’Histoire à Montbazon que j’organise les 22 et 23 juillet. J’adore ça. Il y a de gros projets de web documentaire en cours, d’ici mi-2017. J’ai hâte !

> Rencontre et dédicace à La Boîte à livres le 14 novembre, à 19 h 30.

> Conférence aux Salons de Choiseul, le 18 novembre à 14 h 30 (inscriptions sur lessalonsdechoiseul.wordpress.com)

> La chronique du livre Les Pires batailles de l’Histoire, à retrouver ICI.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ejr4n9a33gc[/youtube]

Culture, tendances & web #38

Beaucoup de lecture au programme de nos chroniques cette semaine ! Des livres et de la BD à tout va, mais on n’en oublie pas la musique, ainsi que la petite phrase magique de Bayrou.

PAUSE_ECRANS_DVDLE DVD
TARZAN
Gros blockbuster tellement propre et aseptisé qu’il en perd en authenticité, ce Tarzan new generation, emballé par David Yates, mise avant tout sur la nostalgie et sa générosité. Mais dans sa débauche d’effets spéciaux, le cinéaste en oublie le plus important : le récit. Tarzan reste divertissant, mais pas si mémorable, ni même aidé par un casting 4 étoiles pourtant bien transparent. On accroche peu à Alexander Skargsgård, un peu fade en Tarzan. Et même la solaire Margot Robbie et l’immense Christoph Waltz semblent en roue libre. Comme quoi l’esbroufe d’effets numériques ne fait pas tout.
A.G.

LA BD PAUSE_ECRANS_bD
LE MONDE MAGIQUE DE LA BANDE DESSINÉE
Avec ce recueil de dessins parus dans le magazine DBD, Philippe Vuillemin frappe très fort. Aucun des travers et de l’actualité du petit monde du 9e Art n’échappe à son oeil et il s’en donne à coeur joie pour dézinguer tout ce qu’il se passe à portée de son humour caustique et ravageur. Mais loin de n’être qu’une entreprise de destruction et de sarcasme, on sent aussi l’amour de l’auteur pour cet univers qu’il connaît sur le bout de ses crayons. Pour preuve ? Ces hommages appuyés, à tous ces auteurs qu’il admire et à ce milieu dont il est un des piliers majeurs depuis de nombreuses années.
Hervé Bourit

PAUSE_ECRANS_CD1LE CD
HOPE SANDOVAL & THE WARM INVENTIONS – UNTIL THE HUNTER
Le timbre est hypnotisant. La voix, de velours. Hope Sandoval, l’ancienne Mazzy Star, est tout simplement magique sur Until the hunter. Accompagnée de Colm Ó Cíosóig, elle pose de sublimes ballades, aériennes, mélancoliques, douces. On plane souvent à l’écoute de ce disque. Les yeux se ferment, la beauté nous enveloppe. Hope Sandoval transporte littéralement. Dans toute cette délicatesse, certains titres sont de véritables instants de poésie. Par exemple, The Hiking song, magnifié par ses arpèges entêtants et ses violoncelles, véritable merveille. Un petit bijou, tout en sensibilité. A.G.

CINÉMA
ANNÉE DORÉE POUR DISNEY
L’année 2016 aura été en or pour Disney. La firme a annoncé que ses recettes mondiales au box-office étaient de 5,85 milliards de dollars. Un poil plus que l’an dernier (5, 84 milliards). Il faut dire que le studio de Mickey a tapé juste en squattant le podium grâce à ses succès comme Le Livre de la jungle, Le Monde de Dory, Zootopie et Captain America Civil War. Nul doute que Disney dépassera largement ces 5,85 milliards puisque, à deux mois de la fin de l’année, il leur reste encore à dégoupiller Vaiana (le 30 novembre en France) et Rogue One : A Star Wars story (14 décembre)…
PAUSE_ECRANS_BOXOFFICE

LES LIVRES
PAUSE_ECRANS_LIVRE1NOTA BENE – LES PIRES BATAILLES DE L’HISTOIRE
Après avoir fait ses preuves sur le web avec sa chaîne YouTube Nota Bene, Benjamin Brillaud se lance dans la version papier. Ici, l’autodidacte fanatique d’Histoire se penche sur 15 batailles désespérées, incongrues, à l’issue souvent inattendue. Tyr contre l’empire macédonien, Zanzibar, Pont-Saint-Louis ou encore Marathon : Benjamin Brillaud parcourt les siècles et pose, avec simplicité, un regard pédagogique bienvenu. De vulgarisation historique il est toujours d’actualité. Mais la mine d’informations et de petits anecdotes élèvent le propos. Digeste, récréatif et surtout très intéressant, un ouvrage à mettre (vraiment !) entre toutes les mains…
A.G.

LA SÉNILITÉ DE VLADIMIR P. PAUSE_ECRAN_LIVRE
Dans un futur proche, reclus dans une luxueuse datcha, l’octogénaire Vladimir P. délire, s’imaginant encore président, entouré vingt-quatre heures sur vingt-quatre par une kyrielle de domestiques corrompus. Seul Nikolaï Ilitch, son infirmier, ne profite pas de lui. Michael Honig, l’auteur, pourtant Australien, a su écrire « à la russe ». Un tour de force exceptionnel. Comme Le Pingouin, d’Andreï Kourkov, La Sénilité de Vladimir P. nous fait entrer dans un monde corrompu au point qu’on frise la folie. Et derrière l’uchronie, pointe une autre réflexion : tout homme, quels que furent ses actes et son passé, mérite d’être traité avec dignité.
E.S.

PAUSE_ECRANS_LIVRE3LES 20 PLUS GROS BIDES DE LA PRESSE FRANÇAISE
Morts-nés ou éphémères : ici, Guillaume Fischer s’intéresse aux journaux qui, soit ne sont finalement jamais parus, soit ont été tués au bout d’à peine deux ans. Au milieu d’une multitude de témoignages et d’anecdotes, l’auteur décrypte finement l’évolution de ces journaux sur une trentaine d’années. On aurait souhaité davantage d’illustrations, mais le livre de Guillaume Fischer remplit tout de même sa mission : loin de n’être destiné qu’aux journalistes, l’ouvrage intéressera aussi les curieux/ses du monde des médias et d’une facette méconnue de l’histoire de la presse écrite.
A.G

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