Procès des mariages chinois : cartes sur table

Le procès des mariages chinois s’ouvre mardi 13 octobre, à Tours. Sept mois après le suicide de Jean Germain. Pour en comprendre les enjeux, retour chronologique sur cette affaire qui empoisonne la vie tourangelle depuis quatre ans.

FÉVRIER 2007
Tours fête le Premier de l’An chinois et Jean Germain, alors maire de la ville, rencontre Lise Han qui a participé à l’organisation des festivités. L’élu veut offrir à Tours une stature internationale. Il est persuadé que la french touch tourangelle peut se vendre en Chine. D’origine taïwanaise, dynamique, séduisante, Lise Han connaît bien le pays, elle a de l’entregent et lui apparaît comme la femme de la situation.

2008
Jean Germain charge Lise Han des relations France-Chine et elle entre officiellement au cabinet du maire pour organiser l’opération « noces romantiques en Touraine ». Le concept est simple : proposer à des couples chinois de venir à Tours renouveler leurs voeux de mariage à la française. Coût du séjour clé en main pour les amoureux : 3 000 euros. La mairie lance un appel d’offre, une société, Time Lotus Bleu, remporte le marché. Elle est chargée de vendre en Chine ces voyages romantiques, puis d’organiser le séjour sur-mesure.

2009 À 2011
Les « noces » se succèdent, par petits groupes. Les amoureux sont accueillis et totalement pris en charge : coiffés, maquillés, promenés en calèche dans les rues de Tours, ils sont ensuite immortalisés sur le perron l’hôtel de ville, au bord de la Loire, dans les vignobles, puis invités à faire leur shopping dans les grands magasins de la ville privatisés toute une soirée. Au fil des mois, plus de 200 couples chinois viennent s’embrasser dans la grande salle des fêtes de la mairie, sous l’oeil ravi de Jean Germain.

3 AOÛT 2011
Le Canard Enchaîné publie des copies de factures envoyées anonymement au journal. Toutes payées par la mairie, elles révèlent un conflit d’intérêt entre Lise Han, responsable des marchés publics pour les mariages chinois et la société qui remporte tous ces marchés depuis 2008, Time-Lotus Bleu,… dont elle est la gérante. Le parquet de Tours ouvre une enquête.

NOVEMBRE 2011
Lise Han est licenciée du cabinet du maire et reclassée à l’office de tourisme du Val-de-Loire, sous la direction de Jean-François Lemarchand.

DÉCEMBRE 2012Image5
L’office de tourisme licencie Lise Han.

25 JANVIER 2013
Après deux jours de garde à vue dans les locaux de la police d’Orléans, Lise Han est mise en examen pour escroquerie, tentative d’escroquerie, recel de fonds publics et prise illégale d’intérêt. La justice lui reproche sa double position de chargée des relations avec l’Asie auprès du maire de Tours et de gérante de la société Time-Lotus Bleu. Lise Han doit également s’expliquer sur des factures que la justice estime injustifiées payées par la mairie. Lise Han refuse d’être la seule inquiétée dans ce dossier. Elle déclare : « J’ai réalisé exactement ce que me disait de faire le maire. »

FÉVRIER 2013
Le mari de Lise Han, Vien Loc Huynh et son ex-mari, Marc Cheung, sont à leur tour mis en examen. Le premier pour les mêmes motifs que son épouse et le second pour complicité d’abus de bien social. Les enquêteurs suspectent Lise Han d’avoir continué à gérer de fait la société Time-Lotus Bleu après 2008 et d’en avoir confié la gérance fictive à son mari, tandis qu’elle continuait à travailler pour la collectivité, rémunérée 3 500 € par mois, pour organiser les mariages chinois.

6 FÉVRIER 2013
Jean-François Lemarchand, directeur de l’Office de Tourisme de Tours est à son tour mis en examen. La justice le suspecte d’avoir embauché Lise Han pour un emploi fictif à la Société publique locale de tourisme (SPL) ce qui constitue un détournement de fonds publics. Devant les enquêteurs et le juge d’instruction, Jean-François Lemarchand affirme « avoir engagé Lise Han après avoir cédé à des pressions de ses supérieurs ».

Image328 MAI 2013
François Lagière, le directeur de cabinet de Jean Germain à la mairie de Tours est mis en examen pour « complicité de prise illégale d’intérêt et complicité d’escroquerie. »

30 MAI 2013
Faute d’avoir versé la caution exigée par la justice, Lise Han est placée en détention. Elle sera libérée fin août 2013.

6 OCTOBRE 2013
Lors de l’emission Sept à huit, sur TF1, Jean Germain déclare avoir été abasourdi quand il a découvert les liens de Lise Han avec la société Time-Lotus : « Elle m’a fait un enfant dans le dos. Je me suis fait avoir. Mais quand on est maire d’une grande ville on n’a pas le droit. »

31 OCTOBRE 2013
Jean Germain est mis en examen pour « pour complicité passive de prise illégale d’intérêt et complicité passive de détournement de fonds publics ». Il n’est reproché au maire aucun enrichissement personnel.

4 FÉVRIER 2014
Une confrontation a lieu, au palais de justice de Tours, entre le maire Jean Germain et son ancienne collaboratrice. Elle durera 14 heures et chacun campe sur ses positions. Lors de cette même confrontation, Jean-François Lemarchand aurait confirmé avoir embauché Lise Han sur ordre de Jean Germain.

DÉCEMBRE 2014Image2
Lise Han est interpellée à l’aéroport de Roissy, alors qu’elle tentait de s’embarquer pour la Chine, passant outre son interdiction de quitter le territoire. Elle explique par la voix de son avocat avoir voulu rendre visite à son père mourant. Suite à cet épisode, elle sera assignée à résidence sous surveillance électronique. Mais elle se débarrassera de son bracelet une heure après sa pose et sera de nouveau placée en détention. Elle y restera pendant huit semaines.

11 FÉVRIER 2015
Les Prud’hommes donnent raison à Lise Han face à son ancien employeur, la SPL. Elle obtient 48 000 € d’indemnités pour licenciement abusif.

7 AVRIL 2015
Le procès doit s’ouvrir devant le tribunal correctionnel de Tours. Au matin de l’audience, l’ancien maire, Jean Germain, choisit de mettre fin à ses jours.

Textes : Elisabeth Segard et Matthieu Pays
Dessins : NRV

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Suicide de Jean Germain : un livre pour comprendre

Alain Dayan et Arnaud Roy publient ce jeudi un livre qui revient sur le suicide de Jean Germain, le 7 avril dernier, au matin de l’ouverture du procès de l’affaire des mariages chinois. Interview croisée.

Pourquoi avoir accolé les mots de suicide et de politique dans le titre de votre livre ?
Alain Dayan : Ce qui nous a intéressés, c’est le double sens. C’est évidemment bien plus compliqué que ça, mais c’est la politique qui a tué Jean Germain. La conversation qui ouvre le livre fait d’ailleurs état des différends que l’on a pu avoir au sujet du titre, Arnaud et moi. J’estimais que résumer la vie d’un homme comme lui à son geste final était un raccourci. Mais il y a le mot enquête aussi dans le titre et nous y tenons.

Une enquête, justement, qui met à jour un engrenage fatal dans lequel Jean Germain se serait senti piégé. Dans cet engrenage, quel est le rôle de la justice ?
Arnaud Roy : C’est la première phrase de la lettre d’adieu de Jean Germain… Elle est simple : “ Des indiscrétions de personnels du TGI révoltés me laissent penser que déjà, alors que les débats n’ont pas eu lieu, le ministère public va requérir de la prison ferme à mon encontre, pour des raisons plutôt politiques. C’est insupportable. ”
A.D. : Faire sortir une réquisition une semaine avant un procès, rien que ça… Et quelle réquisition ! Un an de prison ferme pour de tels faits, c’est hallucinant ! Le procès doit s’ouvrir le 13 octobre et c’est une anomalie majeure qu’il ait lieu à Tours. Nous le révélons dans le livre : un des prévenus est lié de façon très proche à quelqu’un dans le tribunal. Il y a donc une interférence suffisamment importante pour que cela pose une question majeure.

Jean GermainDeuxième élément du piège, selon vous : les médias. Pensez- vous vraiment qu’ils en ont rajouté dans le traitement de cette affaire ?
A.R. : En tant que journaliste, je ne pense pas qu’il y ait eu battage médiatique. Il y a eu un traitement classique. On n’est pas sur un traitement de tabloïd à l’anglaise, ni sur une presse très dure à l’américaine. Ici, en Touraine, on est plutôt sur une presse tempérée.
A.D. : Je n’ai jamais dit, moi non plus, qu’il y avait eu un lynchage médiatique et je ne l’ai pas écrit dans le livre. Mais Jean Germain analysait l’époque comme étant particulièrement toxique pour les hommes politiques. Il y a aussi des erreurs qui ont été écrites, involontaires, comme je le dis dans le livre, mais elles faisaient sens pour quelqu’un comme Jean Germain.

Le troisième volet de l’engrenage, c’est le complot politique que vous révélez dans le livre…
A.D. : On avait parlé, en filigrane d’un éventuel corbeau au moment du déclenchement de l’affaire. Nous, nous mettons en évidence le complot politique par lequel tout est arrivé. Il y a, à un moment, des gens qui se sont dit “on va monter un dossier que l’on va envoyer au Canard enchaîné et à la presse locale” pour nuire au maire.
A.R. : Précisons que ce n’est pas du tout un complot de grande envergure. C’est un complot de petitesse, mais un complot qui tue… Il y a la mort d’un homme au bout.

Comment Jean Germain a t-il pu se laisser enfermer ainsi ?
A.R. : Ce qui l’a desservi, je crois, c’était d’être à ce point taiseux et discret. Il parlait de tout cela avec certains de ses amis, mais c’est tout. Il aurait dû, sans doute, allumer des contre-feux, avec la presse, notamment.
A.D. : Et puis il estimait que, franchement, ce qu’il avait à se reprocher allait, à un moment, se dégonfler tout seul…
A.R. : Sa véritable erreur, c’est de ne pas s’être séparé très rapidement de Lise Han…
A.D. : Pour lui, ce qui comptait, c’était que ça marche. La Chine représentait un enjeu très important pour la ville. Il s’est dit que si Lise Han était à la SPL (Société publique locale de tourisme, NDLR) et non plus au cabinet du maire, on ne pourrait plus rien lui reprocher et qu’elle pourrait continuer à travailler. Ça n’était pas dans ses manières de lâcher les gens…

Et la défaite aux municipales, a-t-elle joué un rôle dans son geste ?
A.R. : On ne peut pas le dire catégoriquement… Après la défaite, il a commencé à oublier l’affaire et il était, au contraire, assez épanoui comme sénateur. Il adorait se promener dans le quartier du Luxembourg, auprès des petites librairies où personne ne le reconnaissait. Il vivait dans son appartement à Paris avec sa compagne et il revenait le week-end à Tours. Il était heureux. Il disait lui-même qu’il était soulagé.

Depuis quand mûrissait-il son acte ?
A.R. : On ne sait pas depuis combien de temps il y pensait. Ce que je peux dire avec certitude, c’est que la veille, il avait pris sa décision, puisqu’il a écrit des lettres le 6 et le matin du 7. Le vendredi précédant, il fait la fête comme tous les vendredis midi, au café d’Isa, place des Halles avec ses proches. Le dimanche de Pâques, 48 heures avant le drame, il dit à son frère « s’ils veulent ma peau, je terminerais comme papa. » C’était peut-être une première annonce.

Propos recueillis par Matthieu Pays

>>Alain Dayan a été adjoint au maire de Tours de 1995 à 2014. Il était un ami proche de Jean Germain.
>>Arnaud Roy est journaliste indépendant, il collabore avec différents médias et est cofondateur du site d’informations 37° MAG.

Enquête sur un suicide politique, Jean Germain, maire de Tours. 16,50 €. Cherche midi éditeur.

Mariages chinois : le corps de Jean Germain retrouvé

Alors que le procès dit des « mariages chinois » devait s’ouvrir ce matin à Tours, l’ex-maire de Tours, absent à l’ouverture de l’audience, aurait disparu et laissé une lettre d’adieu.

[MAJ 11:30] Le corps de Jean Germain aurait été retrouvé près de son domicile par la police.

(Photo Cécile Lascève)
(Photo Cécile Lascève)

 

« Il était très, très mal ce matin. Il a disparu en laissant une lettre d’adieu », a déclaré l’avocat de Jean Germain, Me Tricaud, à l’ouverture de l’audience ce mardi matin, à 9 h 30. Jean Germain n’est pas là. L’audience ne peut pas se poursuivre. Il est 9 h 30 quand l’avocat sort une lettre d’adieu laissée par l’ex-maire de Tours dans sa voiture : « Soyez sûr que je n’ai pas détourné un centime. […] Il est des êtres pour lesquels l’injustice et le déshonneur sont insupportables. » La police serait à sa recherche.

La lecture de la lettre par l’avocat, enregistrée par Cécile Lascève, journaliste à la Nouvelle République.[nrm_embed]<iframe width= »75% » height= »200″ scrolling= »no » frameborder= »no » src= »https://w.soundcloud.com/player/?url=https%3A//api.soundcloud.com/tracks/199636496&amp;auto_play=false&amp;hide_related=false&amp;show_comments=true&amp;show_user=true&amp;show_reposts=false&amp;visual=true »></iframe>[/nrm_embed]

Me Tricaud a également expliqué que Jean Germain était très mal « psychologiquement » ce week-end.

>> Pour relire l’affaire des mariages chinois

Vidéosurveillance : souriez, vous êtes filmés

Tmv a fait une petite balade… sous l’œil des caméras. Levez les yeux, elles sont plutôt nombreuses et pas forcément où on les attend. Visite guidée et paroles de Tourangeaux

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Il paraît que les murs ont des oreilles… mais aussi des yeux. Si, si, regardez un peu à droite, à gauche, les façades des bâtiments. Mais aussi les poteaux, le tramway, les lampadaires. Vidéosurveillance pour les uns, vidéoprotection pour les autres : peu importe la terminologie, le débat a toujours agité Tours. Pendant la campagne des municipales, Serge Babary (lire notre interview ICI) a répété vouloir de nouvelles caméras dans les rues, notamment dans des « zones sensibles ».
Le bas de l’avenue Grammont est plutôt vide, en matière de caméras, à part autour de la Maison d’arrêt de Tours. Arrivée à la place de la Liberté : les petits yeux sont là. Des boules, appelées « caméras Dome », sont posées sur le réseau du tramway et son environnement. Elles sont gérées par Kéolis, un opérateur privé. Vous ne les voyez pas forcément (d’un côté, qui se balade le nez en l’air ?). Mais curez-vous le nez dans la voiture, vous êtes vus. Embrassez goulûment votre dulcinée à l’arrêt Liberté, en attendant le tram, vu aussi !
Un peu plus loin, en plein quartier du Sanitas, la vidéoprotection hérisse le poil de certains habitants. « Il y a des caméras partout ! Au Palais des sports, au Centre de vie… Le Sanitas, c’est Big Brother ! », lance Ibra.
Accompagné de son ami Jonathan, il traîne dans le quartier et fait la moue à chaque caméra. « C’est pas ça qui va arrêter la délinquance. Ceux qui croient le contraire ne réfléchissent pas. Un type qui voudra voler un autre n’aura qu’à le faire un peu plus loin », souffle-t-il, dépité.
Inefficace, donc ? Catherine Lison- Croze, présidente de la Ligue des droits de l’homme Touraine (LDH37), le pense aussi. « Les caméras ne dissuadent pas. J’étais avocate pendant 40 ans et j’ai bien vu que les gens savaient s’adapter aux moyens de dissuasion. La loi oblige à prévenir de la présence des caméras. Donc on ne fait que déplacer le problème. » Avant d’asséner que « ce qui est ciblé, ce sont les couches populaires, les plus pauvres ». Récemment, Jean Germain, à l’origine de la vidéoprotection à Tours, se justifiait en rappelant que « les gens ont le droit de se promener en ville sans être ennuyés ».
« Le Sanitas, c’est le royaume des caméras. Je ne suis pas contre la vidéosurveillance, mais il ne faut pas exagérer… », soupire André, septuagénaire, vivant dans le quartier depuis une dizaine d’années. Trop de caméras, alors ? Non, d’après quelques habitants croisés. Notamment pour deux étudiantes, Marjorie et Leïla, qui estiment pour leur part que « la vidéoprotection a apporté un bénéfice au quartier. Pas seulement pour la sécurité, mais ça a poussé certains à respecter un peu les bâtiments, les gens, la tranquillité de tous… »
La balade continue. Le soleil tape. On se retrouve devant la gare, baignée par le soleil et où l’on peut apercevoir des caméras « boîtes » : de longs boîtiers, les plus répandus, que l’on voit souvent sur les bâtiments publics. Dites-vous que quand vous courez comme un dératé pour attraper votre train, vous êtes filmés ! Idem tout autour des arrêts de l’arrêt gare du tramway.
Une présence qui ne semble pas beaucoup déranger ici : « C’est même plutôt rassurant, surtout sur le parvis de la gare, le soir. Quand on rentre, seule, on a un peu la trouille… », raconte Sarah, 19 ans. « Et je me mets à la place de quelqu’un qui va se faire piquer son portefeuille. Moi, ça m’arrangerait bien que les vidéos aident à retrouver le voleur ! »
La gare oui, mais le tramway… c’est visiblement plus problématique. En apercevant la petite caméra suspendue à l’arrêt, exploitée par Kéolis, Pierrick, Tourangeau de naissance, se sent « épié et pas à l’aise ». Chaque rame compte deux caméras extérieures et huit intérieures. Ces dernières sont indiquées par de petits écriteaux, au-dessus de vos têtes quand vous validez votre ticket. Sans compter celles disposées aux abords, tout le long de la ligne, Joué-lès-Tours y compris. Un système qui avait, par exemple, permis à la police, en novembre dernier, d’éplucher les bandes vidéos et d’arrêter trois femmes coupables de nombreux vols à la tire dans le tramway.
Début mars, MobiliCités (portail des transports publics et de la mobilité) expliquait que, suite à une demande de Kéolis Tours, le préfet avait autorisé le transporteur à installer 22 caméras aux abords des stations. Seule condition : l’exploitation des images serait du ressort des pouvoirs publics.
S’appuyant dessus, La Rotative, site collaboratif d’informations locales, s’interrogeait sur la visualisation des images filmées sur la ligne de tramway, plus uniquement réservée aux compétences de la police, mais aussi désormais aux agents de Kéolis. En citant un arrêté préfectoral du 20 décembre 2013, qui faisait disparaître la référence de « visualisation de l’image ». « Celle-ci n’est donc plus réservée aux flics (sic), et les agents de Kéolis pourront passer leurs journées à regarder la ville depuis leurs écrans de vidéosurveillance », écrivait La Rotative. Or, la loi stipule bien que le public doit être informé de la présence de vidéoprotection. Si c’est bien le cas à l’intérieur des rames du tramway, tous les arrêts que nous avons visités ne présentaient pas de panneaux pour l’annoncer.
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Alors pour se reposer un peu, direction les quais, au bord de la Loire. On finirait presque par s’habituer à tous ces petits objectifs. En grignotant votre sandwich, sur les marches de l’Hôtel de ville, vous pouvez voir quelques caméras si vous levez un peu les yeux. Il y a aussi celles collées aux banques le long de la rue Nationale, autour du commissariat rue Marceau ou encore aux lycées René-Descartes et Paul-Louis-Courier.
Il est 15 h et une dizaine de collégiens, 16 ans à tout casser, sirotent des bières. Ça fume aussi (mais chut, il ne faut pas le dire). En attendant, une vingtaine de caméras observe tout ça. Julie, en classe de 3e, en rigole : « Bah, de toute façon, ça ne filme pas, c’est juste pour faire peur ! » Sa copine Sandra rétorque : « Au moins, depuis les caméras, c’est devenu plus calme et tranquille ici. »
Un couple, posé au bord de l’eau à bouquiner, ne se dit « pas dérangé » par cette vidéoprotection le long de la Loire. « Il ne faut pas polémiquer pour rien. Le Tourangeau est parano ! Si on n’a rien à se reprocher, où est le problème ? »
Le problème, pour Catherine Lizon-Croze, présidente de la LDH37, c’est le trio effet-coût-liberté. « La vidéosurveillance est inefficace. En plus, c’est une politique onéreuse dans une période de pénurie et d’économie. Et c’est attentatoire aux libertés individuelles. » Un débat loin d’être tranché. « La vidéosurveillance n’est qu’un outil, il ne faut pas caricaturer. Il faut en ajouter, mais ce n’est qu’un outil. La priorité c’est la prévention », a encore récemment rappelé Serge Babary dans la presse locale.
ALLER PLUS LOIN
tours.sous-surveillance.net
Projet né sur le web, c’est une cartographie participative et collaborative qui recense toutes les caméras de vidéosurveillance de Tours. Construit à la manière d’un Google Maps, ce plan indique aussi le nom de l’opérateur, public ou privé, ainsi que l’endroit précis filmé et l’apparence de la caméra (boîte, Dome…)
LES DÉBUTS C’est au Royaume-Uni que s’est généralisée la vidéosurveillance, suite aux attentats de l’IRA. Il reste d’ailleurs le pays d’Europe le plus « télésurveillé », avec au moins 4,2 millions de caméras installées depuis 1990. Londres, la capitale, est la ville qui en compte le plus.
À TOURS Aujourd’hui, il existe près d’une soixantaine de caméras dites de « vidéoprotection », dans la ville. Une quarantaine surveille les bâtiments communaux. Les enregistrements sont archivés durant un mois et détruits ensuite, sauf si la police demande à les consulter.
OBLIGATIONS Depuis la loi du 21 janvier 1995, le public doit être informé de manière claire et permanente de l’existence d’un système de vidéoprotection. De plus, il faut savoir que chaque citoyen a le droit de demander à la municipalité les images enregistrées le concernant.

Municipales à Tours : Jean sans terre

Le 1er tours des élections, c’est fait. Reste que Jean Germain s’est bien fait égratigner par Barbary et que le FN a percé. Analyse avant le 2e tour.

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Jean Germain ne s’attendait sans doute pas à vivre un entre-deux-tours si incertain. Pour lui, la déconvenue est de taille : avec 27,83 % des voix, le maire sortant est en recul de près de 20 points par rapport à son score de 2008 (46,74 %). Difficile d’y voir un satisfecit de son action. Toute la question, pour lui, est de savoir s’il pourra combler les 9 points de retard qu’il enregistre à l’issue du premier tour sur son adversaire Serge Babary (36,43 %), champion d’une droite à visage uni.
Sur le papier, les choses semblent jouables pour le maire sortant puisque l’addition de toutes les listes de gauche et des Verts (11,3 %) donne un total de 49 % des suffrages. Dans un contexte de triangulaire (le FN est qualifié pour la première fois pour le second tour avec 12,93 % des voix), la majorité relative semble à portée de main. Sauf qu’une addition de pourcentage n’a jamais fait une élection et que les électeurs Verts ou de toute autre couleur n’ont pas l’habitude de suivre aveuglément les consignes qu’on leur donne. Tout dépendra, en fait, de la nature et de la force du désamour qu’ils ressentent pour leur premier magistrat. Arrivé en tête du premier tour, Serge Babary, sans réserve apparente va tenter de surfer sur sa dynamique positive. Tours, que les observateurs s’accordaient à considérer comme imprenable est à portée de main. Cela pourrait en motiver certains.
Reste la question récurrente de nos entre-deux-tours à la française : que vont faire les abstentionnistes du premier tour ? Presque un Tourangeau sur deux ne s’est pas exprimé dimanche. Beaucoup sont restés chez eux car ils considéraient ce scrutin sans enjeu : ce n’est évidemment pas le cas. En se rendant aux urnes, le plus probable est qu’ils amplifient le mouvement de fond de cette élection. Des surprises, alors, ne sont vraiment pas à exclure…
 

Mariages chinois : une confrontation en février

Une confrontation entre Jean Germain et Lise Han aura lieu en février.

Mercredi, la première personne mise en examen dans le dossier des mariages chinois, a été entendue l’après-midi par les juges d’instruction de Tours. Elle était accompagnée de son nouvel avocat, Maître Gérard Chautemps.
Cette audition devrait servir pour préparer une confrontation avec l’actuel maire Jean Germain (PS), un face-à-face réclamé depuis le début par l’ancienne chargée des relations avec l’Asie.
Cette confrontation entre les deux aura lieu le mardi 4 février.
Un véritable feuilleton
Retrouvez nos anciens articles ici :
La mise en examen de Jean Germain décryptée
Mariages chinois : Des rebondissements à la pelle
Février 2013 : les mariages chinois, mais keskispasse ?
Lâchez-vous : le concours de la photo à légender !

Lise Han sera confrontée à Jean Germain le 4 février (Photo DR)

Dieudonné : spectacle à Tours interdit

Dieudonné devait se produire ce vendredi soir au Vinci. Son spectacle a été interdit. Tmv suit en direct ce qu’il se passe devant le Vinci.

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Photo prise peu avant 20 h (photo tmv)

[article mis à jour à 20 h 40]
20 h 40 : Les fans de Dieudonné campent toujours devant le centre Vinci. Vers 20 h 15, de nombreux chants ont eu lieu, à coup de « Dieudonné président », « Sioniste raciste assassin » ou encore « La Licra rentre chez toi ! ». De nombreuses personnes présentes ont entonné la Marseillaise. Mais la foule reste très calme.
La circulation est difficile aux abords du centre Vinci.
19 h 07 : Denis Schwok, le président de Tours Événement, a confié aux journalistes présents que Dieudonné ne se rendrait pas au Vinci.
Quelques huées à l’annonce de l’annulation.
19 h 04 : Dieudonné pourrait proposer un autre spectacle pour ce soir, au maire Jean Germain.
18 h 37 : Le Conseil d’Etat confirme l’interdiction du spectacle ce soir à Tours.
18 h 26 : Le site officiel du Conseil d’État est « down » : il est donc inaccessible, comme hier, suite à un trop grand nombre de connexions.
18 h 20 : L’audience est finie. Lecture de l’arrêt dans une trentaine de minutes.
18 h 10 : D’après certains twittos, une dizaine de cars de CRS est arrivée devant le Vinci.
18 h : L’audience publique au Conseil d’État a commencé à 17 h 30, comme prévu.  D’après Libération, l’un des trois avocats de Dieudonné a déclaré dans sa plaidoirie : « Le spectacle se joue depuis six mois six fois par semaine et il n’a jamais posé de problèmes relatifs à l’ordre public. Il n’y a eu que du bruit médiatique. C’est donc une dérive grave de porter atteinte à une liberté fondamentale  »
17 h 28 : Une vidéo circule sur les réseaux sociaux et YouTube : lors de son interview, le maire Jean Germain a été « victime » d’une « quenelle ».
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=o6XS4tglx2c#t=24[/youtube]
14 h 55 : Sur son Facebook officiel, Dieudonné précise que « ses avocats saisissent à leur tour le conseil d’état ! Cette fois le jury du conseil sera différent ! Réponse pour que Dieudonné joue à Tours ce soir : vers 18h !! Merci encore pour votre soutien », avant de dire « les médias vous mentent », en se défendant d’un quelconque salut nazi hier, à Nantes.
Me Damiens-Serf
Me Damiens-Serf

14 h 50 : Devant le Vinci l’Avocat Me Damiens-Serf est interrompu par des ados fans de Dieudonné.
Derrière la porte vitrée.

14 h 47 : L’humoriste/polémiste n’est toujours pas là. Sur place, on doute qu’il viendra. L’avocat du spectateur (condamné à payer 500 €, NDLR), un huissier, deux avocats de Dieudonné étaient là et sont rentrés pour avoir une discussion dans le centre Vinci. Ils se trouvent derrière une porte en verre.
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Discussion derrière porte vitrée = silence radio (pour le moment!) (Photo tmv)

14 h 33 : Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, souhaite que tous les spectacles de Dieudonné soient interdits.
A Tours, les portes du Vinci restent fermées.
Sur Twitter, on apprend que Dieudonné souhaite faire un spectacle « best of » et non celui de la tournée Le Mur.
14 h 01 : Dieudonné avait annoncé qu’il arriverait sur Tours à 14 h 30. Certains journalistes font déjà le pied de grue devant la salle.
Devant le Vinci (Photo tmv)
Devant le Vinci (Photo tmv)

13 h 58 : LE POINT // La Ville va recevoir 1 500 € de dommages et intérêts. 1 000 € de la société de production de Dieudonné et 500 € d’un spectateur qui s’estimait « lésé » après avoir payé 86 € ses deux places pour un spectacle ensuite annulé.
Une audience en référé devant le Conseil d’Etat aura lieu à 17 h 30.
13 h 30 : Le tribunal d’Orléans a annoncé l’interdiction du spectacle de Dieudonné, ce vendredi soir à Tours. Les 2 000 places du Vinci avaient trouvé acquéreurs.
Sur BFM TV, le maire Jean Germain (PS) s’est dit « satisfait » de cette décision.
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Mariages Chinois, La mise en examen de Jean Germain décryptée

Le maire de Tours a été mis en examen la semaine dernière, ça veut dire quoi ?

MAriages chinois
La nouvelle est tombée la semaine dernière. Le maire de Tours était entendu toute la journée du mercredi 30 octobre par trois juges d’instruction. Après onze heures d’interrogatoire, Jean Germain est sorti avec une double mise en examen pour « complicité de prise illégale d’intérêts » et « détournement de fonds publics ». Les avocats de Jean Germain entendent saisir la chambre de l’instruction pour annuler cette mise en examen avant les municipales. Une requête qui a peu de chance d’aboutir.
Que risque Jean Germain ? Si le premier chef est confirmé, il encourt jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Le second est passible d’un emprisonnement pouvant aller jusqu’à dix ans et d’une amende de 150 000 euros. Seulement, tout sénateur français bénéficie d’une immunité. L’article 26 de la Constitution stipule qu’un parlementaire ne peut faire l’objet d’une arrestation ou de mesures restrictives sans l’autorisation du bureau de l’assemblée concernée. Celui du Sénat a pour le moment refusé de lever son immunité.
Pour rappel, la justice soupçonne la municipalité de Tours d’avoir donné, sans être passée par la procédure d’appel d’offres, l’organisation de « Noces romantiques en Touraine » à la société Lotus bleu. L’entreprise, codirigée par Lise Han, proposait un voyage à des couples chinois avec un mariage factice à la mairie de Tours. Sauf que cette entrepreneuse d’origine taïwanaise était également employée à la mairie de Tours. Elle avait ensuite été embauchée par l’office de tourisme pour un emploi que la justice considère comme fictif. Après Lise Han, son ex-compagnon, son mari actuel, le directeur de l’office de tourisme et le directeur de cabinet de Jean Germain, la liste des mis en examen s’allonge. À quelques mois des municipales, l’image du maire est écornée, mais il reste le candidat incontesté au Parti socialiste.

Mariages chinois : Rebondissements à la pelle

Jean Germain reste intouchable quand son directeur de cabinet est mis en examen. Lise Han se retrouve incarcérée. Le point sur l’affaire des mariages chinois.

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Le soulagement de Jean Germain n’est pas encore total. Si le Sénat a refusé mercredi dernier la demande de levée d’immunité du sénateur-maire de Tours, son directeur de cabinet, François Lagière a, lui, été mis en examen. Juste avant que Lise Han, l’organisatrice des mariages chinois, soit incarcérée le lendemain. Bref, des rebondissements nombreux pour un feuilleton encore loin d’être terminé.
François Lagière, plus proche collaborateur de Jean Germain, est la cinquième personne mise en examen dans cette affaire, après Lise Han, son ex-mari et son actuel conjoint, ainsi que Jean-François Lemarchand, directeur de l’office intercommunal de tourisme. Il est poursuivi pour complicité de prise illégale d’intérêts et complicité d’escroquerie. Supérieur direct de Lise Han de 2008 à 2011 au cabinet du maire, il sera entendu dans les prochaines semaines. La justice cherche à savoir s’il connaissait et s’il a été impliqué dans les activités de l’ex-employée de la mairie. Dans un communiqué, Jean Germain a « réaffirmé son indéfectible soutien » à son collègue.
De son côté, Lise Han a été incarcérée jeudi à Orléans, faute d’avoir payé deux mensualités de sa caution de 70 000 euros. N’ayant rien versé en avril et mai, Lise Han avait demandé un mois de délai pour vendre son appartement, estimé à 50 000 euros, pour continuer à s’en acquitter, selon son avocat, Me Christophe Moysan. Ce dernier a déposé une procédure urgente pour demander la remise en liberté de sa cliente.
Mise en examen pour escroquerie, prise illégale d’intérêt et recel de fonds publics, elle avait développé l’organisation de mariages collectifs chinois, tout en étant, un moment, à la tête de Lotus Bleu, la société qui pilotait ces festivités. Elle avait ensuite placé son mari comme gérant de l’entreprise. En trois ans, la ville et la communauté d’agglomération auraient versé 800 000 euros à Lotus Bleu.

Levée d'immunité pour Jean Germain ?

La justice tourangelle cherche à entendre le sénateur-maire de Tours dans l’affaire des mariages chinois.

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Les communiqués en provenance du bureau du Sénat seront scrutés avec attention du côté de Tours, mercredi 29 mai. À l’ordre du jour figure une demande de levée d’immunité parlementaire. Selon toutes vraisemblances, il pourrait s’agir de celle du sénateur-maire de Tours, Jean Germain.
La demande en a été faite il y a déjà plusieurs mois, selon le procureur de Tours, Philippe Varin. La justice tourangelle cherche à l’entendre dans l’affaire des mariages chinois, révélée en août 2011 par le Canard Enchaîné. Depuis fin janvier, quatre personnes ont été mises en examen dans le cadre d’une information judiciaire.
Ancienne collaboratrice de Jean Germain, Lise Han est poursuivie pour escroquerie, prise illégale d’intérêt et recel de fonds publics. Tout en étant employée municipale chargée des relations avec la Chine à partir de 2008, elle avait développé l’organisation de mariages collectifs chinois. Problème : elle était à la tête de Lotus Bleu, la société qui s’occupait de ces festivités. Elle avait ensuite placé son conjoint comme gérant de l’entreprise. Le montant de l’argent public versé à la société de service est évalué à 800 000 euros. L’ancien et le nouveau mari de la femme de 50 ans ont également été mis en examen, comme le directeur de l’office intercommunal de tourisme, Jean-François Lemarchand.
Lise Han affirme qu’elle ne connaissait pas les règles d’attribution des marchés publics et qu’elle se contentait d’appliquer les consignes données par le maire, Jean Germain. Dans un communiqué diffusé vendredi dernier, le maire de Tours réaffirme qu’il « se tient à la disposition des juges » et rappelle « sa totale intégrité ». L’élu risque une mise en examen qui ne serait pas du tout une bonne nouvelle pour lui, à moins d’un an des municipales.
EDIT / MISE A JOUR 13 h 00 : Le bureau du Sénat a refusé ce mercredi matin de lever l’immunité parlementaire du sénateur-maire socialiste de Tours, Jean Germain dans l’affaire dite des « mariages chinois ».