Covid, climat, bio, changements : le monde du vin en pleine mutation

Économie, société, climat… Le monde viticole s’adapte aux évolutions du monde actuel, sans négliger la qualité et l’amour du travail bien fait.

Au printemps 2020, les Français étaient confinés. Tous ? Non, d’irréductibles viticulteurs tourangeaux, ne pouvant délaisser leurs ceps trop longtemps, étaient au pied des vignes. En plein air et à distance les uns des autres, ils ne risquaient alors rien pour leur santé mais voulaient préserver celle de leurs vignobles.

Ont-ils bien fait ? La vigne n’a en tous cas pas attendu le déconfinement pour vivre sa vie : 2020 a été à Vouvray le débourrement le plus précoce de l’histoire de l’appellation. Et tout le cycle de vie de la vigne a suivi, avec des vendanges achevées en septembre dans certains domaines, quand elles trainent certaines années jusqu’à la mi-octobre.

Covid : repenser la commercialisation

Mais si les grappes de raisin ont fait fi du Covid pour faire leur petit bonhomme de chemin, les vignerons ne sont pas tous sortis indemnes de cette année 2020 pas comme les autres. « Le Val de Loire est en général bien représenté sur les cartes des restaurants, et certains vins s’exportent bien. La pandémie, avec ses confinements et fermetures, a donc eu un gros impact pour certains viticulteurs qui ont vu chuter leurs ventes. »

Pour Lionel Gosseaume, président d’InterLoire, l’interprofession des vins du Val de Loire (de Sancerre à Nantes), le Covid aura donc des effets à long terme sur la santé économique de certaines exploitations viticoles. Toutes ne sont pas dans la même situation, comme le souligne Romain Baillon, conseiller viticulture au GABBTO (Groupement des agriculteurs biologiques et biodynamiques de Touraine) : « Pour nos vignerons qui avaient déjà une clientèle constituée de particuliers, ils s’en sont bien sortis, parfois même mieux que les années précédentes. Alors que pour ceux qui vendaient à l’export ou en hôtellerie-restauration, la situation a été compliquée, il a fallu trouver de nouveaux marchés. »

Quel que soit le profil, l’adaptation est apparue comme le maître-mot du monde viticole. Du côté de Chinon, la tradition a dû s’effacer durant quelques mois, comme le souligne Fabrice Gasnier, président du syndicat des vins de l’AOC : « Chez nous, on a l’habitude de venir au domaine, chez le vigneron, pour acheter ses bouteilles. Les portes sont ouvertes en permanence. Avec le confinement, certains se sont adaptés, ont développé la livraison à domicile par exemple. »

Au domaine du Margalleau, en AOC Vouvray, la famille Pieaux travaille par exemple à la création d’un site web. Valentin Pieaux nous dit pourquoi : « Les neuf mois de fermeture des restaurants ont été compliqués pour nous. Il faut diversifier nos moyens de commercialisation, et réfléchir à comment contrer ce genre de situation, car c’est le monde vers lequel on va. » Un monde qui n’en finit pas de changer… et de se réchauffer.

Climat : anticiper les aléas

Ça chauffe ! Ou ça gèle ? Bref : ça bouge ? 2020 a été une année précoce dans tous les vignobles de Touraine, mais 2021 a été marquée par le gel pour plusieurs appellations. Chinon est passé entre les gouttes. Mais chez d’autres, le verdict a été sans appel : plus de la moitié de la récolte tuée dans l’œuf (ou plutôt dans le bourgeon). Et on ne vous parle même pas des risques de mildiou qui ont fait transpirer nos vignerons tout l’été…

Au-delà de la seule récolte 2021, c’est toute une dynamique qui se trouve freinée, comme le rappelle Hervé Denis, le président de la cave des producteurs de Montlouis-sur-Loire (Maison Laudacius) : « Nous avons eu des gels à répétition en 2016, 2017, 2019 et 2021. Les récoltes sont donc irrégulières, il devient compliqué de planifier des investissements. Et avec l’incertitude sur la production, les projets commerciaux que nous avions sont au ralenti. Nous avons trois de retard par rapport à nos ambitions de développement ! ».

La coopérative montlouisienne a même dû contracter un prêt, tout en assurant le paiement mensuel de ses quinze adhérents, pour qui le dicton « l’union fait la force » n’a jamais été autant d’actualité. L’interprofession InterLoire et les syndicats de producteurs veulent anticiper l’accélération de ces changements climatiques, « des questions centrales et stratégiques » selon L. Gosseaume.

Coté commercialisation, une gestion des stocks adaptée pour ne pas reculer sur les nouveaux marchés où les vins de Loire sont concurrencés par d’autres vignobles français ou étrangers. Et côté prévention, une cartographie précise des terroirs pour identifier ceux à risque et le test de nouveaux cépages durant dix ans, plus adaptés à ces conditions climatiques coté prévention, pourraient aider à se préparer à ces changements inéluctables. Sur le terrain, certains cherchent d’autres parades.

Sophie Clair et Romuald Colin, au Chai de Thélème, réfléchissent aussi à la plantation de cépages adaptés à ce nouveau climat. Mais ils misent aussi sur l’ouverture d’un gite axé sur l’œnotourisme pour compléter leur activité.

Et le bio alors ?

Autre évolution à laquelle le monde du vin s’engage : le bio, le respect de l’environnement, et au passage, de notre santé. Là encore, regard sur le futur : d’ici à 2030, 100 % des exploitations viticoles en label environnemental ? C’est l’objectif que se fixe InterLoire. À l’heure actuelle, 50 % des exploitations (pour 30 % des surfaces viticoles) sont inscrites en label Bio, HVE3, Terravitis ou Agriconfiance entre Sancerre et Nantes, en passant par la Touraine. Au GABBTO, on compte aujourd’hui 80 vignerons adhérents, sur les quelques 180 à 200 que compte l’Indre-et-Loire.

Et les chiffres grimpent d’année en année. Les motivations sont multiples : convictions profondes de nouveaux venus, ou motivations économiques face à l’engouement de la clientèle grand public pour les produits labellisés bio. À la cave Laudacius (Montlouis), on évoque ainsi la « pression sociétale » et « l’évolution des demandes pour un respect accru des terroirs et de la nature ».

Mais comme le souligne Romain Baillon, « même si parfois la motivation première est l’intérêt pour la commercialisation, les vignerons qui se forment pour se convertir en bio découvrent tout l’intérêt de ces pratiques et deviennent eux aussi des convaincus ! ». Une chose est sûre : à tmv, on est convaincus que nos vins de Touraine sont partis pour durer, grâce aux efforts déployés par ces professionnels qui ne lâchent pas la grappe tant qu’elle n’est pas mûre à point.

Les jeunes prennent le relais

À Saint-Martin-le-Beau (AOC Montlouis), Céline Avenet a rejoint son père pour créer le GAEC Les Mons Gas. Elle avait pourtant débuté son parcours dans une autre voie : la statistique, dans l’industrie pharmaceutique. Mais après deux ans de vie parisienne, retour au bercail : « J’avais déjà hésité à rejoindre la viticulture, mais j’avais peur que ce soit trop difficile. Finalement ça l’est, un peu tous les jours, mais ça me passionne ! J’adore passer ma vie dehors à chouchouter mes vignes, voir pousser le raisin. Et être en coopérative est enrichissant, il y a de l’entraide, de l’échange. Mon père ne s’attendait pas et il était à la fois heureux qu’une nouvelle génération prenne le relais, mais aussi inquiet pour moi ».

Aujourd’hui, Didier est rassuré car sa fille assure ! À Chançay (AOC Vouvray), Valentin Pieaux a rejoint son père et son oncle au domaine du Margalleau. Pour lui, c’était évident : « Je suis tombé dedans quand j’étais petit, comme Obélix ! Je suis né juste avant les vendanges 1995, date de la création du domaine. J’ai tout de même suivi un BTS à Montpellier, qui m’a permis d’acquérir de l’expérience en Alsace et au Chili avant de revenir ici en 2017 ».

Avec lui, il a ramené un lot de belles idées, dont la fabrication de rosé sec en bouteille dont la première cuvée (2018) s’appelle « L’intronisé ». Et notre nouvel arrivant n’a pas fini d’innover : les trois Pieaux travaillent en effet sur la création d’une nouvelle gamme élevée en fut de chêne, pour monter en gamme et séduire une nouvelle clientèle.

Texte : Maud Martinez / Photos : Adobe Stock (ouverture) & archives NR et tmv (corps de l’article)
*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.


Vieux-Tours côté pile, côté face : plongée dans le cœur historique de la ville

Les touristes seraient-ils insensibles aux aléas météo ? Glissée dans une visite de l’office de tourisme incognito (ou presque, puisque je suis la seule à prendre des notes), je constate que la pluie n’arrête pas les visiteurs motivés par la découverte du Vieux-Tours, guidée par Magali. « Tu vois vraiment plein de choses que tu ne verrais pas autrement », glisse un participant à sa bande de copains.

Avouons-le : même pour les Tourangeaux de longue date, l’expérience est instructive. 90 % des centres-villes anciens seraient en réalité des restaurations. Les maisons à pans de bois étaient moins chères à construire que les maisons de pierre (et nous qui pensions qu’elles étaient chics !). Les bâtiments de la cour Ockeghem étaient au XVIIIe siècle une église transformée en écuries pour l’auberge mitoyenne… Et tant d’autres informations !

Nuits d’ivresse

Mais le Vieux-Tours n’est-il pas plus qu’une carte postale pour vacanciers en goguette ? Vous nous répondrez : c’est le quartier des bars et restaurants. Pas faux. Un petit tour dans les rues pavées certains soirs suffit à le vérifier, à tel point que l’affichage public sur la limitation du bruit ne semble pas faire son effet (au grand dam des habitants amateurs de sérénité).

Veille de jour férié. Sur les coups de 23 h, malgré les frimas, les derniers mètres de la rue du Commerce qui mènent à Plumereau sont encore bondés. Même tarif pour la place du Grand Marché ou la rue Châteauneuf. Seule la rue de la Rôtisserie, une fois passés le New Hamac et la Vida Loca, se calme au rythme des terrasses de restaurants qui se plient pour la nuit.

Phare au bout chemin, l’enseigne de la Civette. Un bar-tabac (surtout tabac) qui ne désemplit jamais, même aux heures les plus avancées, sauvant du naufrage les fumeurs en manque de nicotine. « Il ne faudrait mettre que des fêtards dans ce quartier ! ». Attablé au Bombay pour se refaire une santé, Joseph, 18 ans, vit place du grand Marché. Et il assène cette phrase avec l’assentiment de ses trois comparses : « Habiter ici, c’est la vie ! »

Ce sont en tout cas ces jeunes qui font tourner les commerces nocturnes du quartier. Dans la rue des 3 Orfèvres, la discothèque n’est pas encore ouverte, mais la supérette voisine turbine : « Ce sont les clients des bars qui nous font vivre, on travaille surtout entre 19 h et 22 h pour la vente d’alcool », explique Menad derrière son comptoir. « Après 22 h c’est la nourriture, les chips, et les sodas qui accompagneront l’alcool. La clientèle est jeune, mais ça se passe bien, il y a rarement des problèmes. »

Pause. Lecteur ou lectrice de plus de 30 ans, vous venez de prendre un coup de vieux. Pas de panique ! À chaque bar son identité, à chaque coin de rue sa tranche d’âge. Le Canadian pour les concerts de rock et metal, le Strapontin pour le jazz, et des dizaines d’autres à explorer.

Nos divagations nous mènent jusqu’à la place de la Victoire. Dernier bar avant la fin du monde, le Duke y a ouvert ses portes il y a deux mois, à la place de l’Aventure. « L’esprit du bar ? Celui que vous voudrez ! » répond Pascal en souriant. « C’est comme le nom : Duke, certains pensent à Duke Ellington, d’autres à Booba, ou à la traduction française de « The Dude » dans le film The Big Lebowski. »

L’ancien du milieu pétrolier avait quitté la mer pour ouvrir le Shelter, et à soixante-trois ans, avec un nouveau bar, il n’entend pas prendre sa retraite : « Tant que je suis jeune il n’y a pas de raison ! ». Plusieurs générations sirotent des cocktails au son du rock qu’affectionne le patron. L’expérience nous confirme donc que le Vieux-Tours reste the place-to-be de toutes les générations lorsque l’envie de boire un verre se fait sentir.

Jours heureux

7 h, 8 h, 9 h du matin… Nouveau visage pour la vieille ville. Au fil des jours, vous croiserez les employés de la métropole en opération nettoyage ou les livreurs de fût de bières alimentant le quartier. Au Tourangeau comme ailleurs, c’est l’heure du café du matin. Le quartier s’anime petit à petit. La Bicyclerie et l’épicerie Sur la Branche à la Victoire, les concept-store de Châteauneuf, les libraires rue du Commerce…

Le Vieux-Tours diurne redevient l’antique quartier des marchands qui s’agglutinaient à l’époque dans les ruelles et sur les carrois aux alentours de la collégiale Saint-Martin, aimant à pèlerins. Tandis que les étudiants Léa et Guillaume font tourner leur linge à la laverie du Grand Marché, un peu plus loin, le peintre Laurent Vermeersch apprécie la vie de quartier. Rue Eugène Sue, il est « au cœur de la vieille ville mais en périphérie de la zone bruyante ».

L’artiste observe avec plaisir l’évolution du secteur Grand Marché-place de la Victoire : « Il y a de nouveaux commerces, une galerie, des projets avec l’association Victoire en Transition pour le carroi aux herbes… C’est de plus en plus attractif ! ». Quant au vitrailliste Pascal Rieu, il a choisi à dessein ce quartier pour y installer logement et atelier l’an dernier : « Le quartier est animé, c’est un quartier de nuit, mais on le sait quand on le choisit ! ».

C’est cependant en journée que leur association le Quartier des Arts entend faire vibrer la vieille ville (voir encadré). Il faut en arpenter les ruelles pour découvrir les ateliers… et les très bons restaurants cachés entre les pièges à touristes des grandes artères, et les petites rues discrètes, loin du tumulte. Mais à vous de les trouver, car c’est la seule manière de vraiment connaître le Vieux-Tours : l’arpenter en dehors des sentiers battus !

Reportage : Maud Martinez
Photos : ouverture Gérard Proust NR archives / Maud Martinez / Aurélien Germain

Tours : ouverture d’une antenne universitaire du Secours populaire

Une première permanence a lieu ce mardi 8 décembre, à partir de 18 h.

Les étudiant(e)s en difficulté peuvent se rendre à la permanence ce mardi 8 décembre. (Photo archives NR – Sébastien Gaudard)

Le Secours populaire ouvre une antenne universitaire, s’adressant aux étudiant(e)s en difficulté, à partir de ce mardi 8 décembre. Située à la maison des étudiants (parc de Grandmont), elle sera accessible de 18 h à 20 h. « Nous serons à  votre écoute. Venez nous rencontrer ! », a indiqué l’association sur ses réseaux sociaux.

« La jeunesse universitaire est de plus en plus exposée à la précarité. Les bénévoles de la Fédération d’Indre-et-Loire du Secours populaire proposent des aides concrètes et matérielles aux étudiants en situation de précarité économique et sociale », communiqué l’antenne. L’objectif est de « réduire les risques d’exclusion et de favoriser l’égalité des chances ».

Outre une écoute, le Secours populaire proposera aussi de l’aide alimentaire et vestimentaire, des produits d’hygiène, ainsi qu’un soutien matériel pour la réussite des études. Pour favoriser l’accès à la culture et aux loisirs, des places de cinéma et de spectacles seront également proposées.

Cette première permanence aura donc lieu le 8 décembre et les suivantes devraient prendre un rythme bimensuel à partir de janvier 2021.


> De 18 h à 20 h, au 1 rue d’Arsonval. Contact : 02 47 38 89 85 ou contact@spf37.org / simonecohenjonathan@gmail.com

 

 

« C’est un pari risqué de devenir musicien »

#VisMaVille Tours ne manque pas de bars et de salles de concerts pour écouter de la musique. En vous y aventurant, vous pourrez sûrement y croiser Rémy, un jeune bassiste professionnel, qui fait tomber les clichés sur les musiciens bohèmes.

On va faire avec deux amis un concert d’une heure, puis les musiciens présents pourront venir jouer s’ils veulent ! », explique Rémy Rouland en sortant sa contrebasse d’une camionnette.

Ce 8 janvier, le bassiste et contrebassiste intermittent de 23 ans, à l’air timide, reprend les standards de jazz au bar Le Strapontin à Tours. Ce soir, c’est « jam session », une séance d’improvisation musicale. L’ambiance est feutrée, des jeunes côtoient des plus vieux et se détendent autour d’un verre.

Rémy Rouland fait partie des nombreux musiciens très actifs à Tours. Loin de la vie bohème, il renvoie l’image d’un professionnel rigoureux, comme le remarque Jérôme Bonvin, gérant du Strapontin : « Il est très sérieux, on n’a pas besoin de lui courir après. » Originaire du Mans, il découvre la basse à 16 ans dans un groupe de funk. Rémy Rouland arrive à Tours en 2013 pour des études en musicologie.

Sa licence en poche, il souhaite pratiquer davantage. Il entame une formation de bassiste à l’école de musique Jazz à Tours. « J’y ai rencontré beaucoup de musiciens et j’ai commencé à me perfectionner dans le jazz pour devenir professionnel », avoue-t-il.

Ce n’est pourtant pas sans appréhension qu’il s’est lancé. « C’est un pari risqué de devenir musicien. Cela demande beaucoup de travail et le résultat n’est jamais au rendez-vous lorsqu’on débute ». Rémy a pu gagner de l’expérience dans une ville où l’émulation musicale est forte. « Il y a un gros vivier de musiciens à Tours, explique Jérôme Bonvin, avec deux écoles de musique et des salles comme le Petit Faucheux. »

Une aubaine pour les jeunes musiciens, qui peuvent former des groupes, se produire dans plusieurs salles et se perfectionner. « C’est en jouant avec des musiciens différents qu’on se forge, et c’est ce que j’ai trouvé ici », confesse Rémy Rouland. De son point de vue, « Tours est l’une des villes jazz du grand Ouest, avec Nantes et Rennes ».

Que ce soit au Strapontin, au Petit Faucheux ou encore à l’Oxford pub, chaque concert ou jam rassemble une communauté tourangelle de musiciens. « Tout le monde se connaît, il n’y a que des belles personnes à Tours », dit Rémy en souriant. Ce petit monde crée une effervescence qui, selon lui, n’est pas prêt de s’arrêter : « Beaucoup de projets continuent de se mettre en place. Nous sommes des acteurs de la culture, nous avons tous quelque chose à raconter. »

Textes : Victor Dubois-Carriat / Photos : Nathan Filiol et Lucas Bouguet

« Notre président fait l’autruche »

#EPJTMV La manifestation contre la réforme des retraites a eu lieu ce jeudi 9 janvier en France. À Tours, les manifestants ont battu le pavé, sous le signe de la convergence des luttes. Le cortège comptait 8 000 personnes selon les syndicats, 5 800 selon la police.

Il est 11 h lorsque les manifestants s’engouffrent rue nationale, la banderole en tête de cortège annonce la couleur : « Pour l’amélioration de nos pensions et de nos droits ! Retraites à points, c’est non ! ».

Les manifestants sont nombreux à battre le pavé rue Nationale. Crédit photo : Laura ALLICHE.

Rue nationale, grève générale

Parmi les manifestants, Clément, étudiant en première année de licence d’histoire à l’université des Tanneurs : « Bougez-vous parce que notre Président fait l’autruche. C’est le moment de se mobiliser, on est jeunes, on a de l’énergie à revendre. » Il est venu ce jeudi 9 janvier pour « combattre ce système des retraites. » Fils de cheminot, il manifeste pour son père, qui en est à son 36ème jour de grève, mais aussi contre la misère étudiante. « Certains de mes potes ne peuvent pas payer leur loyer, le Crous tarde à leur envoyer leurs bourses. »

Au fil de la discussion, Clément explique qu’une partie de la jeunesse ne croit plus en ces manifestations « classiques », type CGT, FO. Clément met en avant un problème de représentativité : « Les jeunes pensent que les manifestations calmes ne changeront rien. Ils se rendent compte que ça ne bouge pas. Je ne suis pas pour la violence mais je peux la comprendre, notamment lorsque des grands groupes sont visés comme Amazon et McDonalds. »

Les jeunes en première ligne de la manifestation. Crédit photo : Laura ALLICHE.

Les jeunes en première ligne

Dans la foule, se mêlent drapeaux de syndicats, bruits de klaxons et fumigènes multicolores. Sur les visages, les sourires témoignent d’une ambiance bon enfant. Un peu plus loin, Nathan, élève en terminale au lycée Vaucanson (Tours Nord). Il souhaite l’abandon de la réforme des retraites. « J’espère que ça va être un déclencheur pour que le système change ou du moins qu’il s’améliore. Je parle souvent avec mes parents qui ne soutiennent pas les grévistes. Je leur dis régulièrement qu’en ne se mobilisant pas, ils condamnent les générations futures. »

Baptiste, lycéen en première au lycée Paul-Louis Courier, confie : « Personne n’a appris à notre jeunesse à s’impliquer. Je suis aussi là pour lutter contre la précarité étudiante. Ça devient difficile de joindre les deux bouts, certains étudiants sont obligés d’accumuler les petits jobs pour boucler les fins de mois. » Face à la foule, il lance un message aux étudiants en colère : « On est les premiers visés. Si on ne se défend pas, personne ne le fera à notre place. »

Laura Alliche et Paul Boyer, étudiants à l’École publique de journalisme de Tours (EPJT).

 

 

 

 

 

 

 

 

Ambiance décontractée à l’auberge de jeunesse de Tours

#EPJTMV L’auberge The People Hostel, ouverte depuis octobre 2019, accueille des touristes du monde entier et met à l’honneur l’univers du cyclisme.

Rencontre avec Émilie Lebreton et Alexandre Giroux, les deux gérants à l’initiative de la nouvelle auberge de jeunesse tourangelle The People Hostel. À peine passé la porte d’entrée, le monde du cyclisme saute aux yeux. L’atmosphère se veut décalée : vélos accrochés aux murs, maillots du Tour de France encadrés… Alexandre Giroux, lui-même cycliste et fan de vélo de route, est à l’origine de la décoration.

Des clients du monde entier  

« On préfère parler d’hostel que d’auberge de jeunesse, notre modèle s’inspire de l’international », confie Émilie Lebreton. Les clients sont de diverses nationalités (Américains, Canadiens, Asiatiques). Contrairement à leurs attentes, les gérants constatent une clientèle assez variée : « Nous pensions recevoir essentiellement des « backpackers », de jeunes baroudeurs parcourant le globe. Finalement, nous accueillons des familles mais aussi des salariés qui viennent travailler à Tours. Le cadre est moins froid qu’un hôtel traditionnel. » Le bâtiment appartient à la mairie de Tours, à qui les deux jeunes gérants versent un loyer chaque mois : « En reprenant la franchise de The People Hostel, nous gardons tout de même une indépendance en ce qui concerne les choix d’agencement et de décoration. »

Alexandre Giroux (à gauche) derrière le comptoir du bar « Étape 84 ». Crédit : Lucas Bouguet.

Le vélo roi de la déco

Émilie Lebreton évoque le partenariat de l’auberge avec des artisans de vélos de route sur-mesure haut de gamme (CYFAC). Situés à trente kilomètres de Tours, ce sont les derniers constructeurs de cadres de vélos artisanaux qui existent encore en France.

Le premier jeudi du mois, c’est afterwork à The People Hostel de 19 h à minuit. Au menu : vin local et bières belges. La carte du restaurant Étape 84 – qui fait référence au numéro de la rue de Grammont – propose principalement des produits faits maison, locaux et régionaux. See you soon !

Laura Alliche et Paul Boyer, étudiants à l’École Publique de Journalisme de Tours (EPJT).

Nicolas Mercier, 16 ans, engagé pour la planète

Portrait de Nicolas Mercier, un jeune homme qui mène son combat pour la planète sur plusieurs fronts.

« C’est le combat de ma vie, alors je le vis à fond. » À 16 ans, Nicolas Mercier est déterminé. Son combat pour la planète, il le mène sur plusieurs fronts. D’abord, dans la rue : le jeune homme est l’un des dix élus au collège de Youth for Climate Tours, l’organe décisionnel du mouvement.

Il se souvient de la manifestation du 15 mars, la plus grosse mobilisation tourangelle des jeunes pour le climat avec 3 000 participants, puis de celles qui ont suivi en mai et septembre. « Nous protestons contre l’inaction politique et le capitalisme. »

Le lycéen, en terminale au lycée Balzac à Tours, agit également dans son établissement scolaire, où il participe à un projet environnement. L’objectif ? Installer des ruches. « Ces actions au lycée sont complémentaires », estime-t-il.

Mais l’adolescent s’engage également chez lui, au quotidien : « Aujourd’hui, je ne mange quasiment plus de viande, et je souhaiterais arrêter totalement. » Le jeune homme a convaincu ses parents d’utiliser des produits ménagers qu’il fabrique lui-même, et avec sa mère, il cultive un potager afin « d’aller vers plus d’autosuffisance ». Loin des clichés sur les jeunes fainéants et insouciants.

 

Tours : la jeunesse en action pour la planète

Face à l’urgence climatique, l’appel de Greta Thunberg a déclenché une mobilisation des jeunes sans précédent. Dans le monde, en France… et à Tours.

(15 mars 2019 à Tours : 3 000 lycéens manifestaient pour le climat)

Et 1, et 2, et 3 degrés ! C’est un crime contre l’humanité ! » À Tours, le 15 mars 2019, 3 000 jeunes en grève scolaire manifestaient pour le climat. Une première à Tours ! L’objectif ? Dénoncer l’inaction des dirigeants politiques.

« L’appel de la militante suédoise Greta Thunberg a déclenché ce mouvement transnational. Les jeunes se reportent sur une personne de leur âge, figure d’apaisement et d’indignation morale », analyse Joël Cabalion, sociologue à l’université de Tours. En août 2018, l’adolescente avait commencé seule devant le Parlement suédois, sa pancarte « grève scolaire pour le climat » à la main.

La première mobilisation tourangelle était organisée par des lycéennes de Grandmont et Notre- Dame-La-Riche au sein du collectif « Pas de printemps silencieux ». Une seconde grève a suivi en mai, puis une troisième en septembre, avec un millier de lycéens et d’étudiants à chaque fois.

(Manifestation d’Extinction Rebellion, le 7 octobre à Tours)

Depuis, le collectif s’est structuré. En août dernier, il a rejoint le mouvement de jeunes Youth for Climate France (YFC) : « Nous sommes engagés pour le climat et l’écologie, contre le capitalisme et toutes les discriminations (racisme, sexisme…) », présente le lycéen Nicolas Mercier, membre de YFC Tours et chargé de la communication. Le mouvement se veut horizontal, sans hiérarchie : un collège tourangeau de 10 jeunes (tous lycéens) est élu tous les trois mois afin de prendre les décisions et d’organiser la vie du groupe.

« Nous sommes les adultes de demain, concernés et inquiets pour l’avenir »

D’autres initiatives sont nées de l’urgence écologique, avec des jeunes en première ligne à Tours. Comme ANV-Cop 21 et ses actions non-violentes (les décrochages de portraits présidentiels par exemple) ou Extinction Rebellion (XR), mouvement de désobéissance civile lancé fin 2018 au Royaume-Uni. « Il faut agir face à l’urgence », résume ChaBou (pseudo), 20 ans, membre d’XR Tours.

Le groupe a manifesté devant la métropole pour dénoncer les subventions à l’aéroport, organisé une marche funèbre devant la mairie ou éteint les enseignes lumineuses de magasins. « Ce sont des mouvements disparates, avec diverses formes de mobilisation (grèves, marches, actes de désobéissance civile…), mais aussi des points communs : l’environnement devient une cause dont s’emparent des jeunes, plutôt urbains, issus des classes supérieures », poursuit Joël Cabalion.

Selon les études du collectif de chercheurs Quantité critique, la jeunesse des classes populaires reste la grande absente. À noter cependant, l’initiative #MaCitéVaBriller, où des jeunes des quartiers se lancent le défi de nettoyer leur cité. À Joué-lès-Tours, l’association Salade tomate union, créée par des jeunes du quartier La Rabière, a relevé le challenge en septembre. Ce nouvel élan profite aussi à des associations historiques, comme la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO Touraine).

Fin septembre, elle lançait son groupe jeunes, avec 57 recrues (90 % d’étudiants). Du jamais vu ! « Cet engouement va nous permettre de démultiplier nos actions », se réjouit Baptiste Boulay, animateur et coordinateur du groupe à la LPO Touraine.

« La pensée politique est en pleine ébullition »

De quoi changer certains regards portés sur la jeunesse ? Assurément, « cela remet en cause une vision individualiste et je-m’en-foutiste des jeunes », pointe Joël Cabalion. Pour autant, certains adultes gardent un avis négatif sur leur mobilisation, n’y voyant qu’une seule motivation : sécher les cours… « Non, nous ne sommes pas une bande d’individus amorphes ! Nous sommes les adultes de demain, concernés et inquiets pour notre avenir. Nous voulons construire le futur dans le respect de la planète. Nous portons des alternatives tournées vers l’écologie et le social. Nous aussi, nous voulons réaliser nos rêves ! Et nous nous en donnerons les moyens », assure Nicolas Mercier à Youth for Climate.

Difficile de dire si ces mouvements changeront la donne. Une chose est sûre : « Ils transforment les individus. D’autant plus les jeunes, dont la pensée politique est en pleine ébullition », précise le sociologue. En tout cas, l’action continue. Lycéens et étudiants se donnent rendez-vous à la fin du mois, le 29 novembre, pour une nouvelle grève mondiale pour le climat.

Texte : Nathalie Picard / Photos : Hugues Le Guellec & Julien Pruvost NR

Avec Livre Passerelle, des histoires qui rapprochent

Vingt ans que l’association tourangelle Livre Passerelle raconte dans tout le département que le livre et la littérature sont essentiels au développement de chacun ! Vingt ans qu’elle transporte ses valises d’albums là où on ne les attend pas.

livre passerelle
Tout le monde écoute la lecture de Va-t-en-guerre, de Thierry Dedieu, au Seuil Jeunesse.

Vendredi matin, 9 h 30, à la Protection Maternelle et Infantile (PMI) des Rives du Cher, installée au pied des barres d’immeubles. Christine arrive. Elle tire une grosse valise, remplie d’albums jeunesse. Délicatement, elle l’ouvre bien grand, comme une invitation à plonger dedans.

Elle en sort quelques livres qu’elle dissémine dans la pièce. La salle d’attente est encore vide.
Puis arrive un couple avec une petite fille de 18 jours. Tout le monde se salue. Ils s’installent. Christine attend quelques instants puis s’approche de la famille, avec un grand sourire : « Voulez-vous que je vous raconte une histoire ? ». Et c’est parti. Alors que d’autres familles arrivent, l’animatrice, les enfants et les parents se liront des albums, piochés au hasard par l’un, minutieusement choisis par l’autre. Un moment de plaisir et de partage.

livre passerelle
Patrick et Anne-Sophie ont rendez-vous à la PMI pour leur fille Abbigaël. Ils découvrent les livres de l’association

Voilà ce que fait l’équipe de Livre Passerelle depuis sa création en 1998. Elle lit des albums aux bébés et à leurs parents dans les lieux qui les réunissent. Comme Christine, Dominique va tous les lundis à la PMI de Rochepinard-Bouzignac. Marie-Françoise lit tous les mois à la Petite Maison, le Comité d’aide aux détenus de la maison d’arrêt de Tours. Le mardi, Sarah anime un atelier de lecture pour ados à la médiathèque de La Riche. Elles lisent également chaque semaine à la sortie de certaines écoles. Avec 5 salariées (Christine Barbier, Sarah Goyer, Émeline Guibert et les deux fondatrices Catherine Métais et Dominique Veaute) et 80 bénévoles, l’association intervient dans une quarantaine de lieux en Indre-et-Loire.

LE POUVOIR DE COHÉSION

Malika, Syrienne, arrivée en France dans les années 1990, se souvient de ses rendez-vous hebdomadaires avec Livre Passerelle : « Quand mes enfants étaient jeunes, on allait à la PMI de Bouzignac, le mercredi matin, sans rendez-vous. Et la dame des livres venait. C’était magnifique. On s’amusait. La salle était pleine. Il y avait au moins 20 enfants. Et elle lisait. Parfois, les médecins venaient écouter aussi. Nous, on ne venait pas pour le médecin. On venait pour la dame. J’ai emmené mes 4 enfants jusqu’à l’âge du collège. » TMV 181024 Livre passerelle 5

Maintenant, elle y emmène sa petite-fille et retrouve le même plaisir à partager les lectures de l’association. Au-delà des bienfaits de la littérature, c’est le pouvoir de cohésion du livre et plus largement de la culture que cherche à faire vivre Livre Passerelle. « L’album, outil de création, de recherche et de lien social », c’était justement le thème du colloque qu’elle organisait le 13 octobre dernier, à l’espace Jacques-Villeret.

Pour lancer cette journée de réflexion, Catherine Métais et Dominique Veaute sont revenues en images sur 20 ans d’actions. Une série de photos attire plus particulièrement notre attention. Sur un premier cliché, un adolescent, clairement récalcitrant, se fait conter « Comment on fait les bébés ? » de Babette Cole. Sur le suivant, même scène, mais un rictus est apparu sur son visage. Il faut dire que le livre est particulièrement drôle. Sur ceux d’après, l’adolescent s’est emparé du livre, sourire aux lèvres et le lit à d’autres enfants. Manifestement à plusieurs reprises ! Mission accomplie pour Livre Passerelle…

Mais l’association n’est pas du genre à s’asseoir sur ses lauriers. En perpétuelle réflexion pour faire valoir au mieux les droits culturels pour tous, elle a créé en 2016 l’atelier Passerelle. Tous les vendredis, de 14 h à 15 h, l’association propose une séance de lecture d’albums à voix haute, ouverte à tous et totalement gratuite, à la bibliothèque Paul-Carlat. Pendant une heure, par petits groupes, les participants vont soit lire des histoires, soit les écouter, juste pour le plaisir de… les lire et de les écouter.

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« C’est vraiment une idée géniale, constate Frédéric Terrier, éditeur, typographe et directeur des Mille univers, partenaire de Livre Passerelle. Et le plus étonnant, c’est ce que ça fonctionne merveilleusement bien. Ce sont des gens de divers horizons sociaux et culturels, des réfugiés, des fonctionnaires, des retraités, de partout dans le monde, qui n’avaient pas de passion spéciale pour la littérature jeunesse et qui se retrouvent autour de l’album. Ils n’ont a priori rien d’autre en commun. Mais autour de l’album jeunesse, Livre Passerelle arrive à faire société. Et ça, c’est exemplaire. Ça pourrait être un projet gouvernemental : le livre jeunesse pour faire société. »

Une bonne idée, mais comme toute association de loi 1901, Livre Passerelle passe un temps fou à remplir des dossiers de subventions pour rémunérer ses salariés, acheter ses livres (pour soutenir les librairies), entretenir sa camionnette littéraire, etc. Autant de temps qu’elle ne passera pas sur le terrain. À bon entendeur…

Texte : Jeanne Beutter

Nouvel élan (vert) pour la littérature jeunesse

Du 29 novembre au 4 décembre prochain, se tiendra à Montreuil le 33e Salon du livre et de la presse jeunesse. Parmi les 200 exposants seront présentes les éditions corpopétrussiennes de l’Élan vert qui fêteront leurs 20 ans en 2018.

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9 h 30. Dans leurs bureaux de Saint-Pierre-des- Corps, Julia et Amélie nous accueillent. Glwadys est déjà derrière son ordinateur. L’équipe de l’Élan vert est presque au complet. Chloé est à Paris. Jean-René à Niort. Partout, des livres, des cartons, des couleurs. Pas de doute, on est bien chez un éditeur jeunesse.

Créée en 1998, la maison de l’Élan vert s’est d’abord spécialisée dans la traduction d’ouvrages pédagogiques venus d’Angleterre et du Québec. Pendant huit ans, elle affine son implantation dans le milieu scolaire. Mais en 2007, changement de cap. « On avait envie de créer nos propres albums, de se tourner vers le grand public, tout en restant capables de pénétrer dans les écoles et les bibliothèques », raconte Amélie Léveillé, fondatrice et directrice éditoriale.
Objectif atteint avec la collection Pont des arts, créée cette même année 2007 et publiée en partenariat avec le réseau Canopée, éditeur de ressources pédagogiques. Car la collection a l’avantage de faire découvrir une oeuvre et son artiste, non pas par la voie du documentaire, mais par la fiction. Chaque album raconte une histoire, écrite par un auteur à partir d’un tableau, d’une sculpture, d’une photo ou autre. Elle est ensuite mise en image par un illustrateur contemporain.
« Nous suivons cette collection depuis le début, explique Gaëlle, libraire jeunesse au Centre culturel Leclerc de Blois. Au départ, elle était surtout connue des enseignants, mais petit à petit, elle s’est élargie au grand public. »

Aujourd’hui, c’est elle qui fait la notoriété de l’éditeur. « L’Élan vert est vraiment connu et reconnu pour cette collection, témoigne Hélène, libraire chez Libr’enfant à Tours. Le reste de leur production est beaucoup plus discret. » Pourtant, la maison d’édition dispose d’un catalogue généraliste de quelque 120 ouvrages (hors Pont des Arts). De la petite enfance à l’humour en passant par les cahiers d’activités, on gravite autour des thèmes classiques de l’album jeunesse : colère, amitié, nature, etc.

« Depuis 20 ans, on se construit, on travaille notre matière, on grandit, résume Amélie Léveillé. Ce qui fait qu’aujourd’hui, on n’est certes peu connu mais nos livres se vendent. En France et à l’étranger. On connaît actuellement un développement économique important. C’est maintenant que ça se passe pour l’Élan vert. » Pour 2018 et ses 20 ans, l’éditeur entend sortir de l’ombre. De nombreux projets sont dans les tuyaux. Attention, petite exclu rien que pour vous : les collégiens auront leur propre série !

Par Jeanne Beutter

Boîte à livres : le Prix de lecture

Mardi 12 septembre, la Boîte à livres dévoilait aux enseignants la sélection de son 6e Prix de lecture. Cette année, 3 727 élèves de Tours et des environs en seront les jurés.

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En pleine rentrée littéraire, le Ministre de l’Éducation nationale annonce vouloir « soutenir, promouvoir et étendre les initiatives destinées à susciter le goût de la lecture ». On a quelques idées pour lui ! À Tours de Bulles, Polar sur Loire, Quinzaine du livre jeunesse, Chapiteau du Livre ne seraient pas contre un petit coup de pouce !
Tout comme La Boîte à livres qui lance, en ce mois de septembre, une nouvelle édition de son Prix de lecture.

À l’origine Prix des Embouquineurs lancé au niveau national en 2002 par un groupement de libraires, il est devenu, en 2012, Prix de la BAL, 100 % Boîte A Livres, 100 % local. Cette année, pour la 6e édition, 218 classes issues d’une cinquantaine d’établissements y participent : publics et privés, élémentaires essentiellement, mais aussi collèges et lycées.
Les élèves ont jusqu’au mois de mai pour lire 5 livres sélectionnés par Sarah, Camille et Véronique, les libraires du rayon jeunesse. À la fin de l’année, les jeunes lecteurs seront appelés à voter pour leur ouvrage préféré et invités à assister à l’annonce des résultats lors d’un goûter au 1er étage de la librairie

. « On ne veut surtout pas les faire travailler, explique Camille. Le but de ce prix est de leur faire découvrir la lecture plaisir, de leur montrer qu’on peut lire autre chose que les livres de l’école, qu’ils se rendent compte de la diversité de l’offre. La lecture, c’est pour apprendre oui, mais c’est surtout pour rigoler ! » Côté enseignants, libre à eux d’exploiter le Prix comme ils l’entendent : fiches de lecture à Paul Bert, dessins pour l’école des Grands champs, etc. Une seule consigne : faire durer le plaisir de la lecture ! Cerise sur le gâteau : en fin d’année, la librairie offre à tous les participants… un livre bien sûr !

Jeanne Beutter

HongFei Cultures : entre la Chine et la Loire

Installée au cœur de la Touraine depuis quatre ans, la maison d’édition HongFei Cultures est née à Paris en 2007. Elle fête cette année ses dix ans de création d’albums pour enfants.

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À l’entrée d’Amboise, avenue de Tours, la Loire est toute proche. Au numéro 73, un portail de guingois s’ouvre sur le jardin de l’ancienne maison de vigneron, où se sont installées les éditions HongFei Cultures. Créées il y a 10 ans, par Chun-Liang Yeh, Chinois installé en France, et Loïc Jacob, originaire de Champagne, elles font partie de ces nombreux petits éditeurs qui parsèment le territoire français et cultivent leur particularité, défendent leur indépendance.
« À l’époque de la création d’HongFei, nous constations que, dans la littérature de jeunesse, la Chine était traitée de manière très stéréotypée, explique Loïc Jacob, sous le regard attentif de Chun-Liang Yeh. On y retrouvait généralement la panoplie du Chinois telle que les Européens l’imaginent, sous son aspect le plus exotique : l’homme coiffé de son chapeau ou la petite fille malheureuse à protéger. Ce n’est pas un problème en soi. Mais nous voulions nous démarquer de cela et faire résonner dans nos livres, d’une part la rencontre de nos deux cultures et d’autre part le rapport aux autres, à la différence. »

Les deux créateurs de HongFei Cultures.
Les deux créateurs de HongFei Cultures.

Mais comment transmettre au mieux cette interculturalité ? En la pratiquant tout simplement. En mêlant textes de littérature chinoise, anciens ou contemporains, et illustrations d’artistes français. « Nous sélectionnons toujours des écrits d’une très grande qualité littéraire, raconte Chun-Liang Yeh, éditeur mais également auteur. Je m’efforce de les adapter pour les enfants tout en restant fidèle au texte d’origine. »

Viennent ensuite le long travail de collaboration avec l’illustrateur puis la mise en page, le choix du papier, l’impression… Au fil des années, se sont ajoutés au catalogue des titres sans lien avec la Chine mais ayant à cœur de transmettre les mêmes valeurs d’ouverture et d’altérité. « En réalité, il n’est pas toujours question de ce pays dans nos livres, précise Loïc Jacob. On parle d’amour, de mort, de paysages, de jardins, mais avec un certain regard. Nos personnages sont d’abord des hommes, des femmes ou des enfants avec une âme, des émotions. Il se trouve qu’ils sont souvent Chinois. N’importe quel lecteur, enfant ou adulte, peut s’y reconnaître par empathie, fut-il à l’autre bout du monde. »

UN SUCCÈS ET LA RECONNAISSANCE

En 10 ans, les albums de HongFei Cultures ont su séduire les professionnels et ont trouvé leur lectorat. Bibliothécaires, libraires, critiques et parents reconnaissent la qualité des ouvrages. Implantée à Amboise depuis 2013, HongFei s’est rapidement intégré au réseau professionnel local. Ciclic, l’agence régionale du Centre pour le livre, l’image et la culture numérique lui confirme chaque année son soutien. L’association Livre Passerelle en a fait son partenaire pour identifier les illustrateurs qu’elle reçoit en résidence. Les libraires sont attentifs à la dizaine de parutions annuelle.
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Les raisons d’un tel engouement ? « Une démarche intéressante et particulière, assure Danielle, libraire chez Libr’enfant à Tours. Nous n’aimons pas forcément tout, évidemment, mais nous les suivons de près et sommes rarement déçues. Il y a un travail énorme et une vraie recherche derrière chaque album. » À l’instar de « Te souviens- tu de Wei ? » dans lequel on découvre l’histoire des travailleurs chinois appelés à prendre part à l’effort de guerre entre 1916 et 1918 en France. Dans « Mamie Coton compte les moutons », c’est l’amour qui est abordée de manière subtile. « L’autre bout du monde » interpelle le lecteur sur le lien entre les générations à travers l’histoire tendre de Langlang.
« Il est important de ne pas simplement re-connaître, au sens de connaître à nouveau, les différences mais de reconnaître réellement la diversité. Personnellement, je ne suis pas très inquiet de voir des gens arriver des quatre coins de le planète et de les voir se fréquenter. » Les quelque soixante-dix albums du catalogue de HongFei vont bien dans ce sens, invitant le jeune lecteur à « envisager » l’autre et l’ailleurs.

Jeanne Beutter

> Retrouvez le parcours de cet éditeur au travers d’une exposition intitulée « HongFei Cultures, 10 ans d’édition. Un métier. Une maison. » Du 6 juin au 29 juillet, à la Médiathèque des Fontaines

> Carte blanche est donnée à Mélusine Thiry, artiste plasticienne éditée par HongFei Cultures, en présence de Chun-Liang Yeh et de Loïc Jacob. Samedi 17 juin à 17 h, à la Médiathèque des Fontaines

> La dernière parution des éditions HongFei a été conçue à Tours, lors de la résidence de Valérie Dumas, portée en 2016 par l’association Livre Passerelle. L’auteure et son mari Jean-Pierre Blanpain signent un album sincère et doux. Une histoire de pierre de rêve… « Miss Ming » est disponible en librairie, depuis le 1er juin 2017.

L’Opéra s’occupe de vos enfants

Avec Le Grand Théâtre des petits, l’Opéra de Tours anime les après-midis des enfants dont les parents assistent à un concert.

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Vous êtes résignés. Dimanche, vous ne pourrez pas vous rendre à l’Opéra, écouter avec délectation vos airs préférés de Ravel et Mendelssohn. Pourquoi ? Parce qu’embarquer vos deux petits à ce concert serait pire – pour vos pauvres voisins – que d’inviter deux Ouistitis dans un étoilé. Taratata, Tmv a une solution pour vous ! Et en plus d’être ludique, elle est aussi éducative. L’Opéra de Tours vient de lancer Le Grand Théâtre des petits.

Le concept : pendant que les parents assistent à un concert, les enfants, âgés de 6 à 10 ans, participent à un goûter et à un atelier pédagogique. Une innovation qui permet à certains papas et mamans en panne de baby-sitters de venir profiter d’un concert, et à l’Opéra d’attirer le jeune public tout en « favorisant un moment d’échange familial autour de l’oeuvre », détaille Marie Ostrowski, chargée de communication et de mécénat.

Ce jour-là, ils sont une douzaine, encadrés par Julie Boudscocq, musicienne et intervenante jeune public à l’Opéra. Après le goûter, des jeux basés sur la musique et a fortiori sur le concert que les parents écoutent : « Les Légendes russes ». Une fois échauffé, chaque enfant se munit d’un boomwhacker, ces tubes de couleurs jouant une seule et unique note.
Avec Julie à la baguette, la magie opère et ce petit orchestre improvisé reprend fièrement le thème principal du « Shéhérazade », de Rimsky-Korsakov. « On accueille des enfants qui connaissent bien la musique, d’autres non, observe la musicienne. On introduit de nombreuses notions musicales, comme le tempo, on leur fait découvrir ce qu’est un orchestre, les familles d’instruments, etc. ».

Dans le hall de l’Opéra, Élise, 37 ans, mère de deux enfants de 6 et 9 ans, affiche le sourire de quelqu’un qui vient de passer un bon moment : « C’était l’occasion d’assister à un concert et de leur proposer une activité en lien avec ce que nous sommes allés voir. Sans cela, je ne pense pas que je serais venue ! ».

Flore Mabilleau

Dimanche 5 février, à 16 h 40, au Grand Théâtre. Réservations nécessaires. Tarif : 8 €.

Salon des jeunes inventeurs : les Géo Trouvetou débarquent à Monts

Déjà 20 ans que le salon des jeunes inventeurs de Monts offre aux créateurs en herbe la possibilité de faire entendre leur voix et de présenter leurs projets. Pour son grand anniversaire, l’équipe lui a concocté de belles surprises.

3 QUESTIONS A…

Karine Pillet, chargée de com’ et coordinatrice du salon des jeunes inventeurs.

On fête cette année la 20e édition du salon. Vous pouvez nous en dire plus sur ses origines ?
Tout a commencé en 1997. Le conseil municipal cherchait une idée d’événement pour mettre la jeunesse à l’honneur. C’est Annick Le Goff, alors adjointe à la culture, qui a imaginé un concept autour des inventions et de la création. Dès la première année, une dizaine de projets ont été déposés. Aujourd’hui, nous avons bien grandi : 62 projets sont en compétition cette année. Concernant les prix, 6 200 € seront répartis entre les différents vainqueurs, dont 2 000 € viennent de la ville de Monts et le reste de nos 22 partenaires. Nous avons aussi un partenariat avec le concours Lépine, auquel les lauréats peuvent participer gratuitement.

Qui peut concourir au salon des jeunes innovateurs ?
Il faut avoir moins de 25 ans. Nous avons créé deux catégories : les juniors (avant le lycée) et les seniors (lycée et plus). Leur projet peut concerner une amélioration du quotidien, la robotique et les objets innovants, le développement durable, un jeu de société, etc. Quand nous annonçons l’événement nous envoyons des mails à tous les établissements de France. Donc même si, de fait, beaucoup d’équipes sont de la région Centre, nous avons des candidats de tout l’Hexagone, parfois même plus loin. Cette année nous avons des Belges et il est déjà arrivé que des Chinois ou des Roumains participent !

De manière un peu pragmatique, à quoi sert ce salon, quel est son but ?
À veiller à ce que les jeunes qui ont des idées aient un lieu pour les valoriser. Le salon des jeunes inventeurs et créateurs est aussi un tremplin professionnel, notamment pour ceux qui se mettent ensuite à leur compte. Plusieurs ont eu cette chance. Nous sommes aussi en lien avec la fédération Entreprendre pour apprendre (EPA), qui propose de créer des mini entreprises dans l’enseignement (de 8 à 25 ans). Les élèves créent des objets, souvent grâce aux imprimantes 3D, et notre salon leur permet de sortir du cadre strictement scolaire pour qu’ils commercialisent leurs idées de produits. Et ça marche.

ILS ONT DÉJÀ GAGNÉ…

Image111997 ET 1999 / LUDOVIC CHOPINEAU
Il fut le premier Lauréat du salon des jeunes inventeurs et créateurs grâce à son laser musical, permettant aux personnes handicapées-moteur de jouer de la musique sans avoir besoin de toucher l’instrument, grâce à un rayon laser projeté dessus (par exemple en le fixant comme une lampe frontale). En 1999, il remporte un deuxième prix pour son invention le Téléfeu, un combiné téléphonique relié à un détecteur de fumée qui appelle directement les secours en cas d’incendie. Il a alors 13 ans et cette victoire le conduit au concours Lépine à Paris, où il remporte le 1er prix dans la catégorie jeunes inventeurs. « J’avais eu ces deux idées en regardant des reportages à la télévison », confie-t-il. Après son diplôme à l’école Polytechnique de Tours, il devient ingénieur et travaille aujourd’hui pour une grande société de développement informatique.

2014 / GUILLAUME ROLLAND Image13
Même pas 20 ans, mais déjà repéré par Google grâce à qui il a pu monter sa start-up. Tout a commencé à Monts, en 2014, alors qu’il avait à peine 18 ans. Gros dormeur, Guillaume a eu l’idée d’inventer le réveil olfactif, qui vous tire du lit en douceur grâce à une bonne odeur de café, de menthe, de toast ou même de plage ensoleillée. On ne sait pas vraiment comment il fait tout ça mais ça marche : il est le vainqueur du prix des jeunes inventeurs à Monts, puis médaillé d’or du concours international Lépine et premier finaliste français du prix Google science fair. Rien que ça. La machine sera en vente en magasin en France dès cet été et 2 800 commandes ont déjà été passées.

Image142013 / KARINE NICIER 
La jeune designeuse a cherché à créer des objets qui s’adaptent à notre espace et à nos besoins. Un jour, alors qu’elle dîne avec ses parents, elle casse involontairement une chaise et se rend compte que dans cette position le dossier permettrait d’en faire un banc. L’idée est lancée mais il lui faudra trois ans pour réaliser son prototype (conception d’une maquette, étude de marché, etc.). À 25 ans, quasiment 26, elle tente le salon des jeunes inventeurs et remporte le premier prix. Cela lui vaudra une sélection au concours Lépine à Paris, où elle remporte la médaille de bronze dans la catégorie concours international en 2014. La jeune femme cherche actuellement des financements pour commercialiser son concept, dont elle a décliné plusieurs versions.

LES INVENTIONS WTF

L’équipe de tmv a eu accès à la liste complète des inventions proposées depuis 1997 et on vous a répertorié les plus improbables. C’est cadeau, bisou.

#Sadique Une gratteuse de banco qui, sur les tickets gagnants, gratte automatiquement la partie “nul si découvert”.

#Simplification Le skate-shoes, une planche de skate avec chaussures intégrées, comme ça si on tombe on est toujours dessus. Moins pratique pour les flip quand même…

#Non Le vélo-mer, sorte de scooter des mers qui fonctionne comme un vélo avec des pédales reliées à des palmes pour le faire avancer. Parce qu’on aime quand c’est pratique.

#Mignon Le parachute à Doudou. Bon d’accord ça ne sert à rien mais rien que d’entendre votre enfant dire “regarde Patapon il vole” suffira.

#AyezPitié Un jeu de société intitulé “la course à l’emploi”, pour découvrir plein de métiers tout beaux tout bien. Oui mais non, on fait déjà ça toute notre vie alors laissez-nous passer notre enfance tranquille.

#PuerMoins Satisockchen : derrière ce nom barbare, un emballage donnant un parfum aux chaussettes. En vente dans toutes les auberges de jeunesse.

>>Le Salon des jeunes inventeurs et créateurs de Monts aura lieu les 28 et 29 mai. 
>>INFOS ICI

Jeunesse : Les livres audio ont la cote

En plein essor, le livre audio pour enfants connaît une nouvelle jeunesse et gagne en qualité. Une vraie bonne idée de cadeaux de Noël.

livres audio

François Morel, Arthur H, Dominique A… Les artistes sont nombreux à marcher sur les plates-bandes de Marlène Jobert en matière d’histoires à écouter. Et c’est pour notre plus grand plaisir. Car qui a déjà fait Paris-Marseille en voiture avec son Peter Pan en boucle sait combien il en coûte aux parents… Depuis 3 ou 4 ans, c’est une nouvelle génération de livres avec CD qui apparaît. Les éditeurs (s’)investissent pleinement dans ce secteur, genre à part entière de la littérature jeunesse. La qualité sonore s’érige en priorité pour faire honneur aux textes classiques ou contemporains sélectionnés et aux illustrations travaillées. Quant aux voix d’artistes connus, elles garantissent des ventes satisfaisantes.

Dans ce contexte de plein essor, le Salon du livre et de la presse jeunesse, qui s’est tenu du 2 au 7 décembre en Seine-Saint-Denis, a révélé pour la première année une sélection de Pépites du livre audio. La victoire a été raflée par l’éditeur Didier jeunesse, passé maître dans le secteur avec, entre autres, sa collection de comptines et chansons du monde de grande qualité. « Il faut encourager tout ce qui, comme le livre audio, permet aux enfants d’aller vers le livre et la lecture », explique Sylvie Vassalo, directrice du Salon.
Car comme elle le souligne, le support a de multiples facettes. Pour les non-lecteurs tout d’abord (malvoyants, tout-petits, etc.), c’est le moyen d’accéder à la littérature, tout simplement. Et ses bienfaits sur le développement cognitif et émotionnel, sur la concentration ou encore sur la mémoire des enfants ont été maintes fois prouvés. Que demander de plus ?

Jeanne Beutter

Quinzaine du livre jeunesse 2014

La quinzaine du livre jeunesse 2014 a lieu du vendredi 17 au dimanche 19 octobre. Rencontre avec Aude Girardeau qui coordonne cet événement.

quinzaine livre jeunesse 2014
Pouvez-vous expliquer le fonctionnement de cette quinzaine ?
Comme à chaque édition, entre septembre 2013 et juin 2014, nous avons fait se réunir différents comités de lecture qui ont donné leur avis sur des centaines de livres. Enseignants, libraires, retraités : ils ont sélectionné 350 nouveautés de la littérature pour enfant aux romans pour jeunes adultes. Ces livres vont être ensuite présentés pendant ces trois jours à l’Hôtel de ville de Tours. Le grand public pourra les acheter, discuter avec les libraires présents. Mais la grande force de la quinzaine, c’est que ces livres vont ensuite circuler dans des centaines de structures scolaires, des bibliothèques.
Existe-il d’autres événements comme le vôtre en France ?
Il est unique. Plus que ces trois jours à la mairie de Tours, c’est une boîte à outils qui a permis de développer l’intérêt pour la littérature jeunesse dans le département. Pendant de nombreuses années, beaucoup d’enseignants étaient réticents à ce type de littérature. Des parents d’élèves ont été très engagés pour faire émerger la littérature jeunesse en Indre-et- Loire. Les professeurs documentalistes ont vite pris le relais.
La littérature jeunesse fait-elle plus lire les jeunes ?
Oui, mais c’est en général assez facile d’intéresser les très jeunes enfants à la lecture. Ça se complique en général pendant le collège. La littérature ado et la bande dessinée permet de traiter des sujets lourds, qui les touchent, par un biais souvent léger, de faire un pas de côté. Un bon ouvrage jeunesse, pour moi, c’est un livre facile d’accès et de qualité.
Dans l’édition, le livre numérique pourrait tout chambouler, qu’en est-il dans la littérature jeunesse ?
C’est encore balbutiant. Il y a des tentatives sur tablette, mais peu sont concluantes. Je crois que les livres jeunesse seront un peu plus épargnés. Contrairement aux poches, le choix du papier, de leur forme, leur toucher font partie de l’expérience. Les auteurs et les éditeurs s’attachent à en faire des objets particuliers.
Pour retrouver le programme complet sur le site de la Ligue de l’enseignement d’Indre-et-Loire.