Reportage : la rentrée au cœur de la Boîte à livres

Ça sent l’encre, le papier et les rêves, on y trouve des milliers de pages et les espoirs de centaines de romanciers qui espèrent toucher les lecteurs. Née en 1946, La Boîte à livres vit toujours au rythme des rentrées littéraires.

Marie a vu le rayon Art de vivre et Pratique suivre les évolutions de la société.
Marie a vu le rayon Art de vivre et Pratique suivre les évolutions de la société.

Il est 10 h. La grille, rue Nationale, vient de se lever et La Boîte à livres est silencieuse mais à l’arrière du magasin, une demi-tonne de livres a déjà été livrée. Pierre et Manu, les responsables de « l’arrivage », ouvrent chaque carton, les ouvrages sont vérifiés, enregistrés, puis rangés dans des bacs. Chaque libraire a le sien, il y trouve les commandes passées par les clients, les réassorts demandés et les nouveautés livrées par les éditeurs.

Tous les libraires sont passés par l’arrivage. « C’est essentiel », explique Marie-Noëlle qui travaille à la Boîte à livres depuis plus de quinze ans.
Chargée de la communication, elle organise entre autres les rencontres avec les auteurs. Le carnet d’invitations de septembre fait rêver : Gaëlle Nohant, Éric Fottorino, Boualem Sansal, Tiffany Tavernier et Adrien Bosc seront là. La Boîte à livres est considérée par le circuit du livre comme une librairie de niveau 1, les plus importantes. Avec 34 salariés, dont trois apprentis, et un fond de 65 000 titres (120 000 au moment de Noël), elle est dans le top 25 des librairies indépendantes en France. Plusieurs fois par an, les diffuseurs (Hachette, Sodis, Harmonia Mundi…) envoient leurs représentants, catalogues d’éditeurs sous le bras, présenter les nouveautés. À eux de convaincre le libraire d’acheter le dernier Angot ou le nouveau Lévy.

À l’arrivage, Pierre et Manu vérifient le bon état de chaque livre puis les scannent.
À l’arrivage, Pierre et Manu vérifient le bon état de chaque livre puis les scannent.

Cette année, une centaine de nouveaux romanciers tentent leur chance à l’occasion de la rentrée littéraire. Les éditeurs imposent certains titres, ce sont les « offices ». En fonction des goûts de leur clientèle, les libraires en commandent un certain nombre d’exemplaires : « Amélie Nothomb a ses fidèles, nous en commandons plusieurs dizaines, explique Joël Hafkin, le directeur. Parfois, un livre discret s’envole au bout de quelques semaines grâce au bouche-à-oreille ; ça été le cas pour En attendant Bojangles. Les libraires surveillent les demandes et commanderont alors de nouveaux exemplaires au fur et à mesure. »

Les invendus peuvent être renvoyés au bout de trois mois à un an ; entre temps, le stock mobilise beaucoup de trésorerie et d’énergie. Au rayon jeunesse, Jean-Christophe, représentant pour plusieurs éditeurs, montre à Véronique les nouveautés pour Noël. Sa valise est pleine de « maquettes », des livres-échantillons. Une couverture argentée nous fait de l’oeil. En vingt ans, Véronique a vu le secteur exploser. Trois libraires se partagent d’ailleurs l’espace enfants, qui va du livre en peluche pour les bébés au roman young adult.

« SI ON NE FAIT PAS VIVRE LA LIBRAIRIE, ON MEURT »

L’édition n’échappe pas aux tendances. « Il y a eu la vague des livres de cuisine vegan, des livres de chefs et maintenant, ce sont les ouvrages pratiques pour cuisiner maison vite et bien », explique Marie, responsable du rayon gastronomie, pratique et développement personnel, pour lequel la demande est exponentielle.
Si elle conseille les clients, elle transmet aussi aux représentants les demandes des lecteurs. « Par exemple, les livres de cuisine trop grands ne fonctionnent plus, les gens ont de moins en moins de place pour les stocker. » Au sous-sol, le rayon BD a grandi ; Céline, sa gardienne, lui a greffé les mangas et une sélection uchronie.

Claire, responsable du rayon polar, accroche des notes sur ses livres « coups de coeur ».
Claire, responsable du rayon polar, accroche des notes sur ses livres « coups de coeur ».

Midi. Une dame traverse la librairie au pas de course jusqu’au rayon des polars ; elle profite de sa pause déjeuner pour venir voir les nouveautés. Elle avoue être « droguée aux livres, j’en lis au moins trois par semaine. » Elle ne lit que sur papier, explique avoir besoin de toucher les couvertures, feuilleter les pages, pour faire son choix. « Catherine adore les thrillers, sourit Claire, la responsable du rayon. Comme je n’ai pas le temps de tout lire, elle me donne son avis sur certains romans. »

À l’étage, le petit salon de thé accueille quelques clients le temps de grignoter une quiche maison. Pour résister au géant en ligne, les librairies doivent se montrer imaginatives. Si la venue des auteurs stars fait toujours son effet, elles organisent aussi des ateliers, des débats, participent à des salons spécialisés. Au sous-sol, Michel, qui veille sur le rayon Essais et Histoire, prépare le stand de la librairie pour les Rendez-vous de l’Histoire. La Boîte à livres est aussi présente lors des séminaires gastronomie de l’IEHCA et propose une sélection d’ouvrages d’art au CCCOD.

Pour Joël Hafkin, qui a des idées plein la tête, il faut toujours avancer. « Si on ne fait pas vivre la librairie, on meurt. Pas d’agrandissement pour l’instant, mais nous venons de créer un rayon littérature en langues étrangères et nous préparons deux beaux projets pour 2019. »

Les légendes de Touraine se racontent aux enfants

Vingt-et-un élèves de l’Esten, l’école multimédia spécialisée dans l’édition et la communication, ont travaillé dur pour sortir Contes et légendes de Touraine. Un ouvrage qu’ils ont réalisé de A à Z, entre aventures épiques et univers fantastique, le tout à la sauce tourangelle…

L'ouvrage sort ce 21 octobre (Photo tmv)
L’ouvrage sort ce 21 octobre (Photo tmv)
(illustration extraite du livre Contes et légendes de Touraine)

Il était une fois des étudiantes et étudiants de l’Esten, à Tours, passionnés par le patrimoine tourangeau. Âgés de 18 à 24 ans, ils s’aimèrent beaucoup, travaillèrent dur et eurent beaucoup d’enfants. Cinqcents au total (oui, ça fait un paquet de bébés) qu’ils appelèrent « Contes et légendes de Touraine ». Parce que c’est vraiment ça dont ont accouché les élèves : un gros bébé de 100 pages. Un chouette ouvrage, sous la bénédiction du directeur de l’Esten Emmanuel Roc, qui sera vendu à Tours et aux alentours. Le résultat de mois de travail pour ces élèves de première année.
« C’est un projet éditorial scolaire : il fallait que l’on réalise un livre, avec pour seule contrainte, de parler de la Touraine. On s’est rendu dans des librairies et on a remarqué que ce qui marchait le mieux, était le marché de l’enfance. Comme la région compte beaucoup d’histoires, le choix était fait… », raconte Julie Allain. Elle est l’une des « chefs » du projet. Le mot n’est pas très joli, mais soyons fous, utilisons-le. Parce que 21 élèves qui se concertent, réfléchissent et bossent ensemble, ça peut vite tourner au grand n’importe quoi. « Les profs sont là pour nous chapeauter, bien sûr, mais on est lâchés dans la nature ! », sourit Julie.

Visiblement, ils ont survécu puisque leur Contes et légendes de Touraine est dans les bacs. Et c’est un livre magnifique. Pro jusqu’au bout de la reliure. Au sommaire, quatorze histoires : du célèbre Fritz l’éléphant à Guipé le pigeon blanc d’Ussé, en passant par la Fontaine des amoureux. « On a effectué un sacré travail de recherche pour toutes ces légendes. Jusqu’à lire des livres en vieux françois. Impossible de faire appel à de vrais auteurs, ils étaient trop chers ! » Alors les étudiants à l’aise avec leur plume se lancent dans la rédaction. Les autres se répartissent la maquette, les dessins (10 à 15 heures par illustration !), les couleurs. « On a tout fait tout seul », souffle Julie. La classe a même été jusqu’à démarcher un créateur de typographie au Danemark ! « On allait payer et en fait, il a adoré le projet. Il nous a permis d’utiliser sa typo gratuitement ! » L’impression, elle, s’est faite en Italie car les tarifs étaient plus bas.

UN LIVRE POUR TOUS

Pas peu fière du travail réalisé par ses coéquipier(e)s et elle, Julie est hyper enthousiaste. Nous montre l’ouvrage. Tourne les pages en souriant. Il y a plein de couleurs, de vie. Les textes se mêlent au dessin. Coeur de cible ? Les 7-8 ans. Si les parents pourront lire ces légendes tourangelles à leurs enfants, ils pourront aussi leur laisser le livre : le format a été adapté pour que les petits puissent le tenir entre leurs mains. Au final, un ouvrage pour les jeunes. Et surtout pour tout public.

(illustration extraite du livre Contes et légendes de Touraine)
(illustration extraite du livre Contes et légendes de Touraine)

Parce qu’après leurs recherches, les étudiants de l’Esten ont bien vu que certaines légendes étaient un peu… trash, dirons-nous. Exemple ? Le coeur Navré, au hasard. Situé près de la rue Colbert, à Tours, ce passage était en fait le chemin emprunté par les condamnés à mort qui allaient se faire zigouiller place Foire-le-Roi, où attendait l’échafaud. Pas franchement jojo pour des enfants… « Même l’histoire de Fritz qui meurt, c’était un peu tendu. On ne voulait pas choquer », souligne justement Julie. Dans leur livre, la mort de l’éléphant est limite poétique : « C’est alors que Fritz quitta ce monde, emportant avec lui tous ses souvenirs du cirque et ses belles découvertes des dernières semaines. »

Désormais, les 21 étudiants croisent les doigts pour que les lecteurs soient au rendez-vous. Sorti ce mercredi 21 octobre, Contes et légendes de Touraine sera vendu dans plusieurs points de vente du coin, notamment à la Boîte à livres et dans des grandes surfaces et à la Fnac (novembre).

EDIT : Claudine Chollet, auteure tourangelle, a rédigé la préface du livre et ce, bénévolement.

Prix du roman tmv : les mots d’Océane

Rencontre avec Océane Madelaine, autour de son livre D’argile et de feu (éditions des Busclats), qui vient de recevoir le Prix du roman tmv-La Boîte à Livres.

Océane Madelaine, céramiste et romancière, prix tmv 2015.
Océane Madelaine, céramiste et romancière, prix tmv 2015.

Vous êtes à la fois romancière et céramiste. Modeler la terre et modeler les mots, c’est la même chose ?
J’ai l’impression que plus j’avance et plus ces deux pratiques ont tendance à se rencontrer, à se réconcilier. Et, finalement, D’argile et de feu raconte un peu ça : c’est le territoire de l’écriture qui accueille le territoire d’argile. Mon métier de céramiste m’aide à travailler la langue comme une matière, à aller chercher les mots, à les malaxer, à les tendre.

Et comment savez-vous qu’un texte ou qu’une poterie est prête à passer au four ?
Quand je décore un bol, il y a un moment où je sais que c’est fini, que si je rajoute quelque chose, cela va détruire ce que j’ai fait. Pour l’écriture, c’est un peu la même chose. Je suis quelqu’un qui travaille beaucoup, au mot à mot, je retravaille… Et pour moi, la définition d’un texte qui est terminé, c’est un texte auquel on ne peut rien enlever.

Vous écrivez depuis longtemps et vous n’aviez jamais publié de roman. Pourquoi maintenant ?
D’argile et de feu n’est pas mon premier roman, mais c’est le premier qui est publié et je crois que ce n’est pas un hasard. Il y a dans ce roman quelque chose de très juste, qui est nourri de mon métier de céramiste. Mais, au-delà de ça, quand je suis devenue céramiste, j’ai eu très vite des contacts avec les gens. Je fais mon bol, je le cuis, je l’apporte sur un marché et j’en parle. Avec l’écriture, il est arrivé un moment où j’ai eu besoin de ça. Il me manquait quelque chose parce que je n’étais reconnue que comme potière, j’avais l’impression qu’il me manquait une moitié de moi.

Prix littéraire tmv : un roman pour l’été !

Comme l’an dernier, le prix littéraire tmv revient ! A vous de choisir le romain idéal pour les vacances d’été…

CaptureEt c’est parti pour la deuxième édition de notre prix littéraire tmv, en partenariat avec La Boîte à Livres, le Crédit Mutuel, le Cabinet Vaccaro et Fil bleu. Le but de l’opération ? Désigner notre roman de l’été à nous parmi les romans français parus depuis septembre dernier.

→ COMMENT ÇA MARCHE ?

Nous avons sélectionné pour vous neuf romans qui pourraient avoir leur place dans nos valises estivales. C’est à vous d’en retenir quatre. Pour cela, vous pouvez voter sur le site tmvmag.fr (EN COMMENTAIRE DE CET ARTICLE), sur notre page facebook ou compléter les bulletins de vote qui seront distribués en même temps que tmv cette semaine et les déposer dans l’urne installée à La boîte à Livres.

Vous avez jusqu’au 15 avril pour le faire. C’est, ensuite, le jury qui choisira le lauréat de ce deuxième prix du roman tmv, parmi les quatre ouvrages qui auront obtenu le plus grand nombre de suffrages. Alors, à vous de jouer ! Lisez-en un, lisez-en deux ou toute la sélection et votez pour votre coup de coeur.

Pour mémoire, en 2014, c’est Léonor de Récondo qui avait été primée, pour son roman Pietra Viva, paru aux éditions Sabine Wespieser.

 

 

LES ROMANS SÉLECTIONNÉS

ROMAN1√ Simone et André Schwarz-Bart, L’Ancêtre en Solitude, éditions Seuil
À la Guadeloupe, trois générations de femmes se succèdent depuis le milieu du XIXe siècle jusqu’aux premières années du XXe siècle. La première, Marie, a été achetée bébé par la veuve d’un planteur. Plus tard, un pauvre blanc la « met en case ». Il finira par l’épouser. Sa fille, Hortensia, est comme sa mère, une étrange petite fille, tentée par la révolte mais prisonnière de sa condition. L’esclavage a été aboli mais rien n’a vraiment changé. Puis vient Mariotte. Un homme qui est peut-être son père, lui raconte l’histoire de son aïeule, la mythique Femme Solitude.
Elle entend aussi parler de négresses qui savent lire et écrire. Mais apprendre les « petites lettres » n’est-ce pas risquer de devenir folle ?  Le réalisme du quotidien est enchanté par l’imagination des trois héroïnes hantées par les sortilèges. La vie est dure. Mais c’est la joie ou du moins l’élan à vivre et à rire qui l’emporte toujours.

ROMAN2√ Jean-Marie Chevrier, Madame, éditions Albin Michel
C’est une étrange éducation que Madame, veuve excentrique et solitaire, s’obstine à donner au fils de ses fermiers dans un lointain domaine menacé par la décadence. Que cherche-t-elle à travers lui ? Quel espoir, quel souvenir, quelle mystérieuse correspondance ?
Curieusement, le garçon accepte tout de cette originale. Avec elle, il habite un autre temps que celui de ses parents et du collège. Un temps hanté par l’ombre de Corentin, l’enfant perdu de Madame. C’est dans ces eaux mêlées que nous entraîne l’écriture secrète, raffinée, et cruelle jusqu’à la fascination de Jean-Marie Chevrier.


√ Nicolas Delesalle, Un parfum d’herbe coupée, éditions PréludesROMAN3

« Le jour où mon père a débarqué avec son sourire conquérant et la GTS, j’ai fait la gueule. Mais j’ai ravalé ma grimace comme on cache à ses parents l’odeur de sa première clope. J’ai dit “ouais”, j’ai dit “super”, la mort dans l’âme, même si j’avais compris que la GTS pour la GTX, c’était déjà le sixième grand renoncement, après la petite souris, les cloches de Pâques, le père Noël, Mathilde, la plus jolie fille de la maternelle, et ma carrière de footballeur professionnel. » Par petites touches qui sont autant d’instantanés de vie, Kolia convoque les figures, les mots, les paysages qui ont compté : la route des vacances, les filles, Totor le paysan aux cèpes et la maison de famille, des livres, quelques sauterelles, Raspoutine le berger allemand… Des petits riens qui seront tout.
Un premier roman remarquable, plein d’émotion, d’humour, de poésie, de profondeur, où la petite musique singulière de l’enfance ouvre sur une partition universelle.

√ Jean-Marie Blas de Roblès, L’île du point Némo, éditions ZulmaROMAN4
Roman d’aventures total, tourbillonnaire, conquérant, véritable machinerie de l’imaginaire où s’entrecroisent et se percutent tous les codes romanesques, la littérature populaire, entre passé historique et projection dans le futur, nos hantises programmées et nos rêves d’échappées irrépressibles. Martial Canterel, richissime opiomane, se laisse interrompre dans sa reconstitution de la fameuse bataille de Gaugamèles par son vieil ami Holmes (John Shylock…).
Un fabuleux diamant, l’Anankè, a été dérobé à Lady MacRae, tandis que trois pieds droits chaussés de baskets de marque Anankè échouaient sur les côtes écossaises, tout près de son château… Voilà donc Holmes, son majordome et l’aristocratique dandy, bientôt flanqués de Lady MacRae et de sa fille Verity, emportés – pour commencer – dans le Transsibérien à la poursuite de l’insaisissable Enjambeur Nô.

ROMAN5√ Hubert Mingarelli, La route de Beit Zera, éditions Stock
Stepan vit avec sa chienne quelque part en Israël dans une maison isolée près des bois. Il écrit chaque jour à son fils Yankel, forcé de se cacher à l’autre bout du monde. Il raconte ainsi sa vie de solitude et dit son espoir, un jour, de le retrouver. En faisant face à son chagrin, il se souvient de l’époque où il contrôlait les Palestiniens aux postes-frontières, éprouvait de la haine, de la honte ou de la compassion. Depuis quelque temps, un adolescent mystérieux lui rend visite et s’attache peu à peu à la chienne.
Livre de la paternité et de la transmission, il aborde la question de la séparation, celle d’un père et d’un fils mais aussi celle des peuples qui vivent avec les fautes commises par leurs aînés. Et dit, à hauteur d’homme, la vie quotidienne éprouvée par le conflit israélo-palestinien.

ROMAN6√ Serge Joncour, L’écrivain national, éditions Flammarion
Le jour où il arrive en résidence d’écriture dans une petite ville du centre de la France, Serge découvre dans la gazette locale qu’un certain Commodore, vieux maraîcher à la retraite que tous disent richissime, a disparu sans laisser de traces. On soupçonne deux jeunes  » néoruraux « , Aurélik et Dora, de l’avoir tué. Mais dans ce fait divers, ce qui fascine le plus l’écrivain, c’est une photo : celle de Dora dans le journal. Dès lors, sous le regard de plus en plus suspicieux des habitants de la ville, cet « écrivain national », comme l’appelle malicieusement monsieur le Maire, va enquêter à sa manière, celle d’un auteur qui recueille les confidences et échafaude des romans, dans l’espoir de se rapprocher de la magnétique Dora.
Dans une atmosphère très chabrolienne, Serge Joncour déroule une histoire à haute tension : les quelques semaines de tranquillité que promettait ce séjour d’écriture se muent, lentement mais sûrement, en une inquiétante plongée dans nos peurs contemporaines.

√ Julie Bonnie, Mon amour, éditions GrassetROMAN7
Un homme et une femme s’écrivent. Ils s’aiment, elle vient d’accoucher de leur enfant et lui, pianiste, est parti en tournée. Passion amoureuse, fusion maternelle, engagement artistique s’entremêlent et s’entredévorent tandis qu’un autre homme entre en jeu. Au fil des lettres et de l’inéluctable chassé-croisé amoureux, chacun se découvre livré à sa solitude.
Julie Bonnie saisit avec une extrême sensibilité une histoire qui s’écrit autant dans les mots posés sur le papier que dans les marges d’échanges impossibles. Un regard bouleversant sur la fugacité des rencontres, la transmission et la force des silences.

ROMAN8√ Océane Madelaine, D’argile et de feu, éditions des Busclats
Durant des années, j’ai été un point de silence et d’immobilité. Mais ce point s’est mis en marche ce matin. Mes pieds commencent à inventer une ligne. C’est une ligne de fuite. » Ainsi écrit Marie, jeune femme d’aujourd’hui, dans le cahier blanc.
Elle y raconte sa déambulation, sa halte, l’adhérence des pieds sur le sol des chemins, sa rencontre par- delà les siècles avec l’autre Marie, Marie Prat la potière, qui savait transformer la terre dans ses mains et la cuire au feu. En ce 19ème siècle où la poterie était affaire d’hommes, elle inventait des pots et les signait avec insolence « fait par moi ». Et c’est comme si la force vitale de Marie la potière consignée dans le cahier rouge, apprivoisait peu à peu Marie la narratrice hantée par un cauchemar d’incendie. Flamme de vie contre flammes de mort.

√ François- Henri Désérable, Évariste, éditions GallimardROMAN9
À quinze ans, Évariste Galois découvre les mathématiques ; à dix-huit, il les révolutionne ; à vingt, il meurt en duel. Il a connu Raspail, Nerval, Dumas, Cauchy, les Trois Glorieuses et la prison, le miracle de la dernière nuit, l’amour et la mort à l’aube, sur le pré.
C’est cette vie fulgurante, cette vie qui fut un crescendo tourmenté, au rythme marqué par le tambour de passions frénétiques, qui nous est ici racontée.