Le handicap au travail en 3 questions

Mon entreprise est-elle obligée d’embaucher des travailleurs handicapés ? Puis-je demander à mon entreprise des aménagements liés à mon handicap ? Entreprise adaptée : qu’est-ce que c’est ? On fait le point dans tmv, à l’occasion de notre dossier spécial sur le handicap au travail.

Mon entreprise est-elle obligée d’embaucher des travailleurs handicapés ?

Toute entreprise de plus de 20 salariés a pour obligation d’avoir 6 % de son effectif reconnu comme travailleurs handicapés. Si le quota n’est pas respecté, l’entreprise passe à la caisse, et verse à l’État une contribution OETH (Obligation d’emploi de travailleurs handicapés). L’argent servira à l’insertion des travailleurs handicapés.

Sous-traiter certaines tâches à des ESAT est un moyen de réduire le montant de cette taxe. Cependant, toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, doivent déclarer leurs travailleurs handicapés auprès du ministère du Travail. But du jeu ? Motiver les entreprises à mener une politique inclusive en termes de handicap au travail.

Puis-je demander à mon entreprise des aménagements liés à mon handicap ?

Non seulement je peux, mais l’entreprise est obligée d’adapter mon poste à mon handicap, si j’ai bien la reconnaissance de ma qualité de travailleur handicapé, délivrée par la Maison départementale des personnes handicapées. Si vous aimez les sigles, on parle donc de la RQTH donnée par la MDPH. CQFD !

Bon, ne poussons pas le bouchon trop loin : le toboggan pour accéder à votre bureau, hors de question. Les aménagements doivent être « nécessaires et appropriés », selon la loi. Fauteuil, rampe d’accès, recours à un interprète en langue des signes française… C’est à voir en concertation avec votre employeur, la médecine du travail ou des professionnels de l’ergonomie par exemple. Et pour tout cela, le chef d’entreprise peut solliciter un financement spécifique.

Entreprise adaptée : qu’est-ce que c’est ?

Attention ! À ne pas confondre avec un ESAT ! L’Établissement et Service d’Aide par le Travail relève du Code de l’action sociale, et en partie du Code du travail. L’entreprise adaptée est quant à elle une entreprise du milieu ordinaire.

Donc la référence, c’est le Code du travail, comme pour toutes les autres entreprises. La seule différence, c’est la proportion d’employés reconnus en situation de handicap, l’adaptation des tâches réalisées, et les aides dont bénéficie l’entreprise pour l’emploi de personnes handicapées. En Touraine, vous en connaissez peut-être certaines : le centre d’appel Handicall Tours, Socia 3 et ses services comptables, ou l’entreprise multi-services ANRH, entre autres.

Texte : Maud Martinez / Photo ouverture : archives NR ESAT de Montlouis Photo Hugues Le Guellec

Handicap : accompagner grâce au travail

L’ouverture du Café joyeux, à Tours, a mis en lumière l’emploi des personnes en situation de handicap. Dans l’ombre, les personnes handicapées n’ont pas attendu ce café pour travailler, comme c’est le cas dans les ESAT, Établissements et Services d’Aide par le Travail. Envie d’en savoir plus ?

Vendredi. Tout le monde s’affaire. On passe le balai, et on déplace les meubles pour accueillir le public. L’ESAT Les Vallées, à Luynes, a en effet choisi d’ouvrir ses portes au public le mardi 21 juin : « l’événement s’adresse aux personnes handicapées et à leurs proches intéressés par notre structure, bien sûr. Mais nous avons aussi déposé des dépliants dans les boîtes aux lettres du quartier, où les voisins ne savent pas toujours ce que nous faisons ici », explique Aline Palleschi, directrice adjointe de la structure.

Et la publication récente du livre-enquête Handicap à vendre par le journaliste Thibault Petit, pour dénoncer l’exploitation à bas coût des travailleurs et le filtrage en fonction de la productivité des candidats, n’est pas faite pour arranger les choses : « Bien sûr, les réalités décrites existent malheureusement dans certains ESAT, mais pas ici. Il faut bien comprendre qu’un ESAT n’est pas une entreprise, c’est un établissement médico-social. Mais nous avons conscience du risque de glissement », complète Aline Palleschi.

À Luynes, dans les ateliers « conditionnement », on fabrique des caissettes en bois pour des fromages de chèvre, on assemble boulons et pièces de plastique, on fabrique des boîtes de toutes sortes. Un peu plus loin, des ordinateurs servent aux prestations de saisie informatique. À l’atelier « espaces verts », on prend l’air : pour des entreprises ou chez des particuliers, l’équipe entretient les arbustes, pelouses et autres massifs de fleurs. D’autres travailleurs interviennent aussi pour du nettoyage de voiture 100% écologique (sans eau ni produits chimiques).

« Mais on n’est pas là pour faire du chiffre ! Le travail est un support à l’accompagnement des personnes que nous accueillons. » François est moniteur, et suit une douzaine de travailleurs dans leurs parcours respectifs. Avec ses collègues, ils créent des modes d’emploi illustrés, découpent les missions en tâches successives, ou adaptent les gabarits par exemple.

« On est là pour adapter le travail aux capacités de chacun, et pour valoriser leurs compétences. On se questionne en permanence : est-ce que la personne se sent bien dans son travail ? Je ne suis pas sûr que des employeurs du milieu ordinaire se posent ce genre de questions pour leurs salariés ! ». En témoigne la variété des temps de travail (partiels, mi-temps, temps plein), ou cet écran situé dans le deuxième atelier, qui diffuse chaque matin une vidéo de la kiné pour un échauffement physique avant d’attaquer la journée.

Moniteurs, assistante sociale, psychologue, kinésithérapeute… Ils sont en effet une vingtaine de salariés pour encadrer et accompagner une centaine de travailleurs. « C’est un métier riche, où l’humain a toute sa place. En dix ans passés ici, j’ai vu aussi comment évoluait la société, et notre défi est que l’ESAT évolue aussi. Ce sont des enjeux liés à la citoyenneté, » commente François.

Travailleurs extra-ordinaires

Manuela, 40 ans, est arrivée il y a dix jours. « Dans la restauration rapide, mon statut de travailleuse handicapée n’était pas pris en compte. L’aggravation de mes problèmes de dos m’a motivée à me tourner vers les ESAT, car je ne veux pas rester chez moi sans travailler. Ici, on travaille à son rythme, et après quatre ans sans emploi, je me remets dans le bain. » Son but : retourner dans ce qu’on appelle ici « le milieu ordinaire ».

Comme Manuela, de plus en plus de personnes arrivent à l’ESAT après un passage dans le monde des travailleurs lambda : « Historiquement, nos établissements accueillaient des personnes avec déficience intellectuelle, issues des IME (Instituts Médico-Éducatifs). Mais depuis la loi de 2005, le handicap psychique et social est aussi reconnu, et les parcours sont donc de plus en plus divers », ajoute Aline Palleschi.

L’ESAT est pour certains une simple étape après un monde ordinaire qui les a abîmés, où ils ne trouvent plus leur place ; pour d’autres, c’est un aboutissement. L’équipe y accompagne donc chacun vers son projet, qui signifie parfois aller travailler seul au sein d’une entreprise extérieure… toujours sous le regard vigilant et bienveillant des moniteurs, anges-gardiens de ces travailleurs qui ne sont pas sous nos yeux, mais qui n’en ont pas moins l’air joyeux.

Maud Martinez

Handicap : plus de visibilité en entreprise

Changer le regard du monde professionnel, c’est l’un des enjeux de la semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap.

(Photo Adobe Stock)

Les faits

Du 18 au 24 novembre, c’est la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. Une action coordonnée depuis plus de 20 ans, au niveau national, par LADAPT, une association dont le but est d’accompagner les personnes handicapées dans leur vie de tous les jours.

Dans ce cadre, entre autres manifestations, Cap Emploi 37 organise un « Vis ma vie » de travailleur en situation de handicap, le 18 novembre, dans ses locaux de Saint-Cyr-sur-Loire. L’idée est de répondre aux questions des personnes qui travaillent avec collègue en situation de handicap, par des ateliers, des jeux et des mises en situation.

Les enjeux

En 2018, le taux de chômage des personnes en situation de handicap était de 19 % contre 9 % pour le total de la population active. C’est pour lutter contre cette disparité qu’a été créée, en 1997, la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. Le réseau des Cap Emploi a été créé en 2000. Leur mission est d’aider les personnes en situation de handicap à se maintenir dans leur emploi ou à intégrer le monde du travail. Une action qui passe, bien sûr, par l’accompagnement des employeurs.

Le contexte

Le marché de l’emploi connaît depuis quelques mois une embellie notable. En Centre Val-de-Loire, le taux de chômage est revenu à 8 % tout juste (contre 8,2 pour l’ensemble de la France). L’Indre-et-Loire fait partie des bons élèves régionaux, avec un taux de chômage de 7,7 %. Le but est que les personnes en situation de handicap ne soient pas les grandes oubliées de ce sursaut.

Le point de vue

« 80 % des handicaps sont invisibles, rendons visibles les compétences. » Le slogan de la semaine pour l’emploi des personnes handicapées résume bien son enjeu. Benoît Malbran, chargé de mission à Cap Emploi 37, le résume à nos confrères de La Nouvelle République : « Les situations de handicap au travail sont le plus souvent invisibles et les salariés ne sont pas obligés de les signaler ».
1 758 personnes étaient accompagnées par Cap Emploi 37 en décembre 2018 et 491 entrées en emploi ont été enregistrée. À quoi s’ajoutent 45 personnes ayant bénéficié d’une formation.


> Toutes les infos sur capemploi-37.fr et semaine-emploi-handicap. com/ladapt

 

 

Autrement Dit : le festival autour du handicap

Le Festival autour du handicap, Autrement Dit, fait sa deuxième édition ! Concerts et spectacles accessibles en langue des signes sont prévus. Avec également Michel Jonasz, LEJ et Lofofora à l’affiche.

Philippe Croizon y donnera également une conférence.

« Un festival pas comme les autres, autour du handicap et accessible à tous » : voilà le credo du Festival Autrement Dit qui s’installera à Montlouis-sur- Loire les 1er et 2 juin.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour sa 2e édition, la fine équipe a vu grand !
À l’affiche ? Rien de moins que le trio vocal LEJ et Michel Jonasz ! Sans oublier une tripotée d’autres noms alléchants pour un déroulé éclectique : Lofofora, Collectif 13, Jekyll Wood, ou encore ZBMF avec Manu de Tryo, etc., ainsi que des conférences comme celle de Philippe Croizon.

Adapté à tous, Autrement Dit veut rassembler tout le monde puisque les concerts seront traduits en langue des signes et soustitrés. Une signalétique adaptée sera également installée, tout comme des dispositifs de compensation des handicaps spécifiques.

Quant aux décors et infrastructures, ils ont été réalisés ou réparés par des personnes en situation de handicap.

> Les 1er et 2 juin, à l’Espace Ligéria de Montlouis. Ouvert dès 14 h.
> Tarif : 16 €/jour. En préventes, 14 € ou 26 € le pass 2 jours.

Rêves de gosse : accepter la différence

Plus de cent-cinquante enfants ordinaires et « extraordinaires » partageront ce mercredi 16 mai un moment magique dans les airs, là où les différences disparaissent, notamment celle des handicaps

Les 167 enfants « ordinaires » et « extraordinaires » ont pu découvrir le CCC OD lors d’une visite organisée pour eux.
Les 167 enfants « ordinaires » et « extraordinaires » ont pu découvrir le CCC OD lors d’une visite organisée pour eux.

Tout a commencé grâce aux Chevaliers du ciel. Rien à voir (ou presque) avec le film de Gérard Pirès avec Clovis Cornillac et Benoît Magimel, ni avec la série télé de Tanguy et Laverdure qu’ont connu les plus de 50 ans. Les Chevaliers dont on parle sont des pilotes d’avion qui oeuvrent depuis vingt-deux ans pour faire découvrir leur passion à des enfants « ordinaires » et « extraordinaires ».

Pour cela, ils font appel à des associations partout en France et historiquement, aux Jeunes chambres économiques. L’objectif ? Faire se côtoyer des enfants malades, handicapés ou défavorisés socialement, « extraordinaires » aux yeux de la société, et des jeunes scolarisés dans le milieu ordinaire. Et avant de les faire embarquer dans leur bimoteur et leur permettre de faire s’envoler complètement leurs différences, l’association Chevalier du ciel délègue à des associations locales la réalisation d’un projet pédagogique de plusieurs mois.

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Dans le jardin botanique, les différences disparaissent et les rires fusent lors de la plantation des rosiers Rêves de gosse

Pour la première fois, la Jeune chambre économique (JCE) de Tours a tenté sa chance pour ce Tour de France en proposant le thème « La Loire vue du Ciel ». C’est notamment Pierre-Alain Marsande qui a tenu à embarquer la JCE dans cette aventure. « L’idée, c’est que si ces enfants arrivent à dépasser les différences, notamment celle du handicap, à travers leur travail commun et des jeux, plus tard, on pourrait espérer qu’ils gardent ce regard différent », décrit le porteur de projet de l’association tourangelle qui fait partie des neuf villes-étapes du tour de France des Chevaliers du Ciel. Au total, 167 enfants de 8 à 16 ans, répartis dans quatre établissements scolaires de Touraine, travaillent ensemble depuis décembre.
Les responsables et enseignants du collège Pierre-Corneille, de l’Institution Saint-Martin, de l’école Sainte-Marguerite à Tours et de l’IEM (Institut d’éducation motrice) Charlemagne à Ballan-Miré ont aussi accepté de partager leurs différences de statut et de niveaux pour mettre au point ce projet. « Les deux tiers des élèves sont “ extraordinaires ”, ayant un handicap physique ou étant scolarisé en classe Segpa (1) ou Ulis (2) », précise Pierre-Alain Marsande qui a coordonné ce projet au budget total de 20 000 € (sans le baptême de l’air).

Depuis décembre, les enfants et leurs encadrants ont ainsi participé à trois rencontres ludiques. Une visite guidée du Centre de création contemporaine Olivier Debré (CCC OD), un jeu de piste au jardin botanique et la plantation de rosiers Rêves de Gosse et une sortie à la patinoire avec une démonstration de l’équipe de hockey les Remparts. Parallèlement, les enfants ont intégré des groupes de travail mixtes, pour réaliser plusieurs oeuvres exposées ce mercredi à la base aérienne de Tours. Certains ont participé à la création de totems d’1,80 m en bois sous la forme d’avions et de points cardinaux.
D’autres ont peint avec l’artiste Catherine Dufresne un « chemin de Loire » visible du ciel, sur une bâche de 20 m de long. Et les derniers ont préparé une exposition de photos prises au bord de l’eau avec un photographe professionnel, Alexandre Yagoubi.

ENCOURAGER L’OUVERTURE D’ESPRIT

« C’était vraiment un projet riche de sens. Cela a permis des échanges entre les enseignants du public et du privé, des enfants qui n’avaient jamais vu la glace ont pu en profiter, et c’était d’autant plus formidable pour les enfants en fauteuil pour qui c’était inimaginable de patiner », se remémorent les membres de la JCE. « Sortir de l’établissement à la rencontre d’autres jeunes est très précieux et pourtant difficile, explique Yann Cariou, coordinateur pédagogique de l’IME de Charlemagne. Nous organisons déjà des sorties, mais Rêves de Gosse leur permet de rencontrer des jeunes de leur âge aux profils différents, du milieu ordinaire. »

À la patinoire, des élèves en fauteuil roulant ont découvert le hockey-luge avec l’équipe des Remparts.
À la patinoire, des élèves en fauteuil roulant ont découvert le
hockey-luge avec l’équipe des Remparts.

Pour Naoele Hoceine, directrice de la Segpa du collège Corneille à Tours, Rêves de Gosse s’est intégré dans le parcours citoyen des élèves en classe de Segpa (6e, 5e et 3e) et en 6e « ordinaire » : « Ce parcours citoyen encourage l’ouverture d’esprit et l’ouverture à la différence, au sein et à l’extérieur de l’établissement. Je tenais d’ailleurs à remercier les enseignants, très volontaires et investis. » Et les enfants ont d’ailleurs l’air d’avoir pris beaucoup de plaisir à se rencontrer. « Au début, c’était bizarre, je restais avec mes amis, avoue Ulysse, 9 ans et demi, en CM1 à l’Institution Saint-Martin, et finalement on s’est habitués. Je ne pensais pas que les personnes handicapées ne pouvaient pas facilement prendre des photos, faire du patin ou prendre l’avion. Je trouve ça bien qu’elles aient pu le faire avec nous », décrit-il avec l’impression de mieux les comprendre.
Avec son camarade Hector, il conclut : « même si ce sont des personnes handicapées ce sont des personnes quand même. Ce serait bien de faire d’autres activités comme ça, du sport par exemple. »

Le jour-J, ce 16 mai, ils l’attendent avec impatience. Une trentaine d’avions sont attendus à la base aérienne 705 de Tours pour une kermesse « extraordinaire ». Les clowns, les magiciens, les maquilleurs, les militaires et les pompiers amuseront les enfants au sol, pendant que d’autres effectueront leur baptême de l’air d’une vingtaine de minutes, jusqu’à Amboise.
« Dans le ciel, les différentes entraves que peuvent avoir certains enfants disparaissent », explique Pierre-Alain Marsande. Le parrain de l’étape tourangelle, Stéphane Houdet, joueur de tennis en fauteuil roulant médaillé aux jeux paralympiques sera également de la partie. Pour cet événement, fermé au public pour des raisons de sécurité, déjà 800 personnes (enfants, familles, organisations…) sont inscrites. La fin d’une belle aventure et un tremplin pour tous ces enfants.

(1) Segpa : Section d’enseignement général et professionnel adapté. Ces jeunes sont au collège et souffrent de grosses difficultés scolaires.
(2)Ulis : Unités localisées pour l’inclusion scolaire, il existe différents types selon le handicap de l’élève.

La Loire vue du ciel, fil rouge du projet tourangeau Rêves de gosse. Ici, des élèves au travail sur un chemin de Loire.
La Loire vue du ciel, fil rouge du projet tourangeau Rêves de
gosse. Ici, des élèves au travail sur un chemin de Loire.

Photos : Jeune chambre économique de Touraine

Sensicap pour sensibiliser au handicap

Quatre étudiantes tourangelles lancent Sensicap, un projet voulant sensibiliser au handicap, avec des ateliers à la clé.

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Les étudiantes responsables du projet.

« Favoriser l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap », c’est l’objectif affiché du projet lancé par quatre étudiantes à l’IUT de Tours. Gaëlle, Marie, Mathilde et Honorine, élèves en Gestion des ressources humaines, ont donc monté l’association Sensicap, afin d’offrir de solides fondations à leur projet.
Celle-ci va « organiser des ateliers de sensibilisation des organisations au handicap », tout au long de l’année 2018, « qui s’adressent particulièrement aux dirigeants d’entreprises et aux collaborateurs des ressources humaines. Mais également à toutes personnes en contact ou susceptibles d’être en contact avec des personnes en situation de handicap », précisent les étudiantes.

Sont par exemple prévus des dîners dans le noir, les 12 et 19 février au lycée Saint-Gilles Fontiville, à Veigné.

Ainsi que, le 5 avril à Saint-Cyrsur- Loire, des Escape Game malentendants/malvoyants (25 € / atelier ; 45 € les 2). Enfin, au mois de mai, une journée gratuite de conférence et d’ateliers est prévue à l’IUT de Tours, « pour échanger librement sur le sujet ».

> sensicap.wixsite.com/sensicap ou 07 67 34 26 22.

Autrement Dit : festival autour du handicap

Ne manquez pas Autrement Dit, un festival avec une programmation originale, une accessibilité universelle et un public familial. Le 10 juin, au Cirque Georget, à Luynes.

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Cette année, un nouvel événement vient s’ajouter à la belle programmation tourangelle : le festival Autrement dit, le 10 juin, à Luynes, à partir de 13 h 30. Il est de ceux où les enfants sont les bienvenus !

Annoncé en tête d’affiche, Tryo sera sur scène en fin de soirée. Mais avant ça, le groupe La Vache qui rock ouvrira le bal, suivi du talentueux Anton Oak. Les Skalators feront aussi swinguer la foule – enfants comme adultes – avant de laisser place à l’énergique Camille Esteban, l’un des talents de The Voice. En parallèle, sous le chapiteau et en extérieur, quiz musical, batucada, contes, cirques, théâtre, chorale gospel, cinéma pour l’oreille, danse, courts-métrages et d’autres animations pour toute la famille sont prévues.

Le tout dans un souci constant d’accessibilité : les concerts seront donc traduits en langue des signes. Les flyers et programmes en braille. L’espace sera aménagé pour assurer la bonne circulation de tous, que l’on soit en fauteuil, en poussette, en béquille, sourds ou autres. Vous l’aurez compris, le Festival Autrement dit met au cœur de son organisation l’accessibilité dite universelle. C’est-à-dire, l’accès à tout pour tous.
« Nous voulons contribuer au changement de regard sur la personne en situation de handicap, assène Sonia Pareux, organisatrice de l’événement. Le but est de mettre en lumière son potentiel et non plus son incapacité. »

Pour rendre cette première édition possible, Sonia a su fédérer de très nombreux partenaires : l’APAJH37, pour qui elle travaille, et la CAF37 qui finance le projet, les établissements spécialisés, mais aussi les restaurateurs de la rue Colbert, la Loère, ses voisins, des familles de personnes handi-capées, des commerces locaux. 250 bénévoles en tout. L’ambiance promet d’être survoltée !

> Au cirque Georget. 9,50 € en prévente. 10 € sur place. Gratuit pour les moins de 12 ans.

Meet the world : foot & handicap

Le tournoi Meet the world arrive à Saint-Cyr-sur-Loire. Objectif ? Changer de regard sur le handicap mental grâce au football.

(Photo archives NR)
(Photo archives NR)

« Changer le regard sur le handicap mental par le sport », voilà dans quoi se sont engagés Special Olympics (organisation sportive) et SKF (fabricant dans la technologie de roulements). Les 31 mars et 1er avril, Saint-Cyr-sur- Loire accueillera le Meet the world, un tournoi national de football à 7, première étape pour la sélection de l’équipe qui partira à la Gothia Cup, en Suède.
Chaque année, cette finale internationale réunit plus de 1 600 équipes de jeunes venus de 80 pays.

Organisé sur le site SKF de Saint-Cyr, ce Meet the world doit rassembler près de 250 sportifs et coaches, venus de toute la France. Un week-end qui veut « contribuer à l’épanouissement social et au développement personnel » des personnes en situation de handicap, grâce à la pratique sportive.
« Car c’est avec le soutien de chacun que nous changerons le regard de tous », souligne Nathalie Dallet-Fevre, directrice générale de Special Olympics France.

> Tournoi le 31 mars, de 9 h 30 à 17 h ; le 1er avril de 9 h à 15 h, 4 rue Henri- Bergson, à Saint-Cyr-sur- Loire.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=IAhHl3dbt80[/youtube]

Mode et handicap : au-delà de l’image

La mode et la beauté, futiles ? Pour les personnes handicapées, elle est surtout difficilement accessible. À Tours, Véronique Barreau forme les professionnels de la mode à s’adapter aux besoins liés au handicap. Une pédagogie unique en France.

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Le braille dans les ascenseurs, c’est bien, mais qui a pensé à en mettre sur les rouges à lèvres ? Le sujet semble secondaire, pour Manuella, il ne l’est pas : « J’étais commerciale et j’en ai eu marre des rapports centrés sur l’argent. Je me sens bien moins superficielle en aidant les autres à être à l’aise avec leur corps. » Avec Sandrine, Lorraine-Marie, Mareva et Guylaine, conseillères en style ou socio-esthéticiennes, elle est venue de Paris pour suivre cette formation professionnelle de 15 jours unique en France. Dans une société obsédée par l’image, avoir un handicap crée souvent une double peine : la « fracture de la beauté ». Image11
La formation de J’avais pas vu est basée sur l’empathie. En utilisant un fauteuil ou en se bandant les yeux, stagiaires de J’avais pas vu réalisent les difficultés que les hommes et les femmes handicapés surmontent chaque matin pour se coiffer ou s’habiller. « Au-delà des techniques du relooking, on apprend à faire attention à l’autre », résume Sandrine.

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Cette première semaine de formation est consacrée à la prise en compte des handicaps physiques et mentaux, la deuxième à celle des difficultés sociales. Épaulée par sa collègue Maria et des intervenants extérieurs, Véronique Barreau alterne présentations théoriques et exercices pratiques.Image4

Le centre de formation J’avais pas vu a développé une ligne de cosmétiques dont la texture et la pigmentation permettent aux personnes aveugles ou voyant mal de s’approprier facilement le maquillage.

Styliste, elle-même en fauteuil, Solène est venu présenter sa collection de vêtements pour les personnes dont la mobilité est réduite. Ils sont faciles à enfiler mais aussi confortables, un critère essentiel pour une personne assise toute la journée dans un fauteuil.

Textes : Elisabeth Segard
Photos : Thomas Chatriot

>>En savoir plus : J’avais pas vu, centre de formation mode et handicap, 21 rue Édouard-Vaillant, à Tours.
Site : javaispasvu.com

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Au pays de Nébine Dominguez…

Nébine Dominguez est une auteure jeunesse installée à Luynes. Cette maman d’un enfant handicapé vient de sortir le troisième livre d’une saga destinée aux 4-6 ans avec des personnes invalides.

Enceinte de son troisième enfant, Nébine Dominguez est ravie. Elle vient juste de conclure un partenariat avec une grande enseigne de jouets. Du 17 au 31 juillet, elle participera à la première édition de la grande fête du livre jeunesse, Lire en short. Une nouvelle récompense pour cette maman qui se bat depuis la naissance, en 2003, de son premier garçon, atteint d’une maladie orpheline et lourdement handicapé. Lasse des moqueries que son fils subissait, cette femme d’affaires passionnée par l’écriture a décidé d’agir à sa manière.

Nébine Dominguez

« Je me sentais frustrée, il fallait que je trouve un moyen pour lui venir en aide. Je me suis rendue compte que dans les histoires que je lui lisais, il n’y avait pas de petit enfant en fauteuil roulant. Mon idée a donc été d’introduire des personnages handicapés dans mes contes. L’objectif est que les parents puissent aborder ce sujet afin que leurs enfants ayant vus des personnages invalides ne les perçoivent plus comme différents. »
Au total, Nébine a imaginé neuf tomes dans lesquels évolue une bande de fruits délurés, le tout illustré par Olivia de Bona, parus aux éditions Paja. Dans ce nouvel opus, Les vacances des fruits Kiki, l’auteure aborde avec tendresse et poésie le thème des inégalités face aux vacances.
Un récit où évoluent entre autres Kikille la myrtille, Koko la banane, Kass et Kroute les tomates ; des fruits de terre qui rencontrent des fruits de mer… Cette collection « Yes they can » a même touché des personnalités du milieu artistique : Béatrice Dalle, Alice Pol et Frank Sorbier viennent de s’associer à la promotion des livres de la Tourangelle.

Anne-Cécile Cadio

Plus d’infos sur nebine.fr

Loi accessibilité : « Un mépris de l’handicapé »

Le 30 avril, ce sera la Journée mondiale des mobilités et de l ’accessibilité. Un événement qui sonne étrangement en France après le recul de la loi sur l’accessibilité. Interview de Gérard Chabert, représentant départemental pour l’Association des paralysés de France.

Au 1er janvier 2015, seuls 10 % des établissements recevant du publics avaient appliqué la loi de 2005. (Photo tmv)
Au 1er janvier 2015, seuls 10 % des établissements recevant du publics
avaient appliqué la loi de 2005. (Photo tmv)

 

Expliquez-nous ce recul ?
Il y a une série d’arrêtés, d’abord celui du 5 novembre 2014 sur les transports et l’habitat, puis ensuite celui de décembre 2014 sur les établissements recevant du public. A été mis en place ce que l’on appelle des Ad’AP. C’est une abréviation pour dire Agendas d’accessibilité. En gros, ils fixent les obligations pour les établissements recevant du public afin qu’ils aménagent leurs locaux pour accueillir des personnes handicapées confortablement.

Qu’en est-il de la loi de 2005 ?
Elle est repoussée, même s’il y avait 10 ans pour l’appliquer. Seulement 10 % des établissements recevant du public, en France, ont réalisé les travaux obligatoires.

Ce recul du gouvernement, comment opère-t-il ?
Tous les établissements recevant du public, transports ou logements, devront remplir un document en septembre prochain afin de fixer leur agenda pour la réalisation des travaux qu’ils auront entre 3 et 9 ans pour réaliser, en fonction de leur cas.

En majorité, qui n’a pas respecté la loi de 2005 ?
Ce sont les cabinets médicaux, les commerçants, les professions libérales. Il y a une certain pression des milieux économiques sur les élus et un mépris de l’handicapé. C’est vrai que d’un point de vue strictement commercial, ce n’est pas à notre avantage. On ne nous considère pas comme des personnes à part entière. C’est inacceptable. Le 5 mai prochain aura lieu la dernière discussion au Sénat, la loi sera ensuite dans les mains du gouvernement. On craint, dans le milieu associatif, un recul par rapport à celle de 2005. Si c’est le cas, une partie d’entre nous risque de se radicaliser. Assez ! Je crois que c’est le mot juste.

Handicap à Tours : des progrès à faire !

Tours arrive à la 54e place des 96 villes notées par l’APF et son baromètre de l’accessibilité.

Niveau accessibilité, Tours a des efforts à faire sur les équipements municipaux. (Photo tmv)
Niveau accessibilité, Tours a des efforts à faire sur les équipements
municipaux. (Photo tmv)

L’Association des Paralysés de France (APF) a rendu, la semaine dernière, son baromètre de l’accessibilité. Tours arrive à la 54e place des 96 villes notées et affiche une légère progression par rapport à l’année dernière.

Ce palmarès souhaite sensibiliser le grand public et les politiques locales sur l’échéance qui se dessine à grands pas : d’ici 2015, tous les établissements recevant du public devront être accessibles pour les personnes en situation de handicap.
Pour Tours, le constat est mitigé. Si la ville reçoit une très bonne note pour son cadre de vie, en revanche, le constat sur l’accessibilité des équipements municipaux est catastrophique (9,7/20). Elle se situe dans les villes les moins biens notées au niveau national.

Dans son rapport, l’APF constate : « Outre la moyenne générale dont il aurait été attendu qu’elle soit au moins à 16/20 cette année, on constate que les commerces de proximité ainsi que les cabinets médicaux et paramédicaux sont toujours aussi mal notés par les personnes en situation de handicap qui vivent au quotidien des grandes difficultés pour mener une vie sociale comme tout un chacun. […] À peine plus de la moitié des écoles primaires sont accessibles. De même, un tiers des chefs-lieux départementaux (32/96) n’ont même pas la moyenne pour l’accessibilité de leurs équipements municipaux ! »

Pour l’antenne locale de l’APF, la faiblesse de Tours se situe plutôt dans l’absence d’une politique volontariste. Elle a perdu beaucoup de points dans ce baromètre pour ne pas avoir fourni de Plan de mise en accessibilité de la voirie et des espaces publics. Le document est pourtant obligatoire depuis 2009. En septembre dernier, le gouvernement a déclaré que l’objectif d’accessibilité ne serait pas atteint d’ici 2015.
Une concertation est ouverte depuis, entre acteurs publics et privés, pour qu’ils s’engagent sur un calendrier de travaux en cas de non-application. L’APF craint la mise en place « d’un délai supplémentaire inacceptable de 3 à 9 ans. »

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EN BREF
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HUMANITAIRE 50 étudiants de médecine ont décidé de lancer un projet humanitaire. Construction d’une maternelle, soutien scolaire, reboisement, actions de sensibilisation à des problèmes de santé : Médecine Tours au Népal souhaite aider le village de Meghauli. Pour pouvoir partir cet été, ils ont besoin de financements. Intéressé ? Contacter les à solidarite. internationale.act@gmail.com

Enfance & handicap : Faciliter la garde

Sonia Pareux s’occupe d’une aide à l’accueil pour les enfants handicapés, dans tout le département.

C’est quoi ?
Un projet né en 2010 et qui a été initié par la Caisse d’allocations familiales d’Indre-et-Loire (Caf 37) et qui est « une aide à l’accueil des enfants en situation de handicap reconnu ou non, ou de maladie chronique », comme l’indique Sonia Pareux. Cette éducatrice de l’association Apajh 37 (comprenez, Association pour adultes et jeunes handicapés) a reçu une mission de la Caf : faciliter la vie de parents d’enfants handicapés en recherchant un accueil adapté. « Je dois accompagner ces familles. » Notamment sur Tours, « ce que tout le monde ne sait pas forcément ». « Nous permettons de concilier vie familiale et vie professionnelle… »
Comment ça se passe ?
Pour favoriser la prise en charge des familles et améliorer l’accueil des enfants (dans les crèches, les centres de loisirs, chez les assistantes maternelles du territoire…), l’Apajh 37 apporte son expertise et aide les équipes à accueillir au mieux. « On peut aussi se déplacer à domicile si la famille ne peut pas », précise Sonia Pareux. Le principe ? L’accueil des enfants porteurs de handicap doit être assuré en accueil ordinaire, autant que possible.
Où en est-on ?
Depuis près de trois ans, « on a suivi déjà une soixantaine de situations ». Un chiffre important, mais pas encore suffisant selon elle, dans un département pourtant bien mobilisé sur la question du handicap. Car certaines familles, pourtant dans la souffrance, « n’osent pas ». Il suffit pourtant de passer un petit coup de téléphone à Sonia Pareux. L’idée est que ce n’est pas à l’enfant de s’adapter, mais à la structure d’accueil de faire des efforts.
Contact : s.pareux@apajh37.org ou 06 24 21 02 77.

Ce dispositif d'aide permet de concilier vie professionnelle et vie familiale
Ce dispositif d’aide permet de concilier vie professionnelle et vie
familiale