Droits des femmes : un mois d’actions en mars

Durant le mois de mars, de nombreuses animations seront organisées pour mettre en lumière et en valeur les droits des femmes. Petit tour d’horizon (non-exhaustif !).

Une journée spéciale

Chaque année, le 8 mars est la date de la Journée internationale des droits des femmes. En France, il s’agit de rassemblements, manifestations, événements et autres animations, tout en faisant un bilan sur la situation des femmes, fêter victoires et acquis, ou encore et surtout faire entendre leurs revendications. Il ne s’agit donc aucunement de « journée des femmes », mais bel et bien des droits de ces dernières.

Wake up Ladies

Le projet Wake up ladies se déroulera sur plusieurs jours à Tours. Ayant pour objectif la lutte contre les inégalités hommes femmes et la valorisation du travail des femmes, il mettra notamment en place une création chorégraphique au centre social Pluriel(le)s du 4 au 10 mars. Artistes, danseuses, musiciennes et comédiennes tourangelles y participeront.

Le 8 mars, il y aura également des conférences sur les discriminations, suivies d’une battle de danse féminine à l’hôtel de ville. Un défilé dansé est aussi prévu le 11 mars.

Bruissements d’elles

C’est l’un des rendez-vous incontournables… et ce, chaque année depuis plus de 20 ans ! Le festival Bruissements d’Elles se tiendra tout le mois de mars, à Tours et dans son agglo pour « mettre en lumière la femme artiste, pas assez présentée sur le devant des scènes », souligne l’organisation.

Au total, une quinzaine de lieux pour accueillir comédiennes, danseuses, autrices ou encore chanteuses. Au hasard ? Le concert de DORRR le 2 mars au Bateau ivre à Tours ; la pièce de théâtre « La Femme qui ne vieillissait pas », le 3 mars à l’Escale ; la rencontre avec la romancière Laura Poggioli le 13 mars à la bibliothèque George-Sand ; le bouleversant « 37 heures » le 11 mars à Oésia…

Expo d’inconnues… …

Mais d’inconnues illustres et de Touraine ! Elle sera visible du 3 mars au 1er avril à la Bibliothèque centrale de Tours. Et mettra en lumière « des femmes de Touraine qui se sont illustrées dans l’art, la politique, les sciences et le sport, mais que l’Histoire écrite au masculin, a occultées ». Toujours utile pour rappeler à toutes les générations le rôle majeur que les femmes ont pu avoir.

Mais pas que !

Le reste du programme est tout aussi chargé. Course à pied avec la championne Salomé Brun, stage de self-defense, ateliers ludiques, rencontres, création d’un jeu éducatif… Le mois de mars se conjuguera définitivement au féminin !

Texte : Aurélien Germain  (Photo Freepik – Stephanie2212)

> Programme : tours.fr, bruissementsdelles.fr, tours-metropole.fr…

 

Silence ! On donne la parole aux femmes à l’Ecomusée du Véron

Interroger, questionner, traiter la question de la place de la parole et du silence des femmes : c’est ce que fait l’écomusée du Véron en accueillant la grande exposition « Chut… Femmes, silence & parole ». La parole, justement, Marie Joselon, responsable des publics, la prend pour tout vous dire de cette expo.

Pour nos lectrices et lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore, pouvez- vous nous présenter un peu l’écomusée du Véron ?

L’écomusée se situe à Savigny-en-Véron, à une dizaine de kilomètres de Chinon et à une cinquantaine de Tours. C’est un musée un peu particulier, un « musée de société » : il vise à parler de l’humain. Nous sommes pluridisciplinaires. Notre établissement aborde l’humain de la Préhistoire à nos jours, il accueille aussi des œuvres de divers continents. L’idée, c’est de ne pas rester enfermé sur notre territoire. On fait le lien entre les cultures et les époques, en se projetant vers demain.

Abordons « Chut… Femmes, silence & parole » : d’où est venue l’idée ? Pourquoi cette exposition ?

Parce qu’à l’écomusée, on a notre petit trésor… C’est une amulette en argent qui figure une femme, portant deux doigts sur sa bouche et son autre main recouvrant ses fesses. C’était une sorte de porte-bonheur pendant l’époque gallo-romaine – on pouvait le retrouver dans les maisons – qui a été retrouvé à Savigny, tout près de notre musée. Il n’y en a qu’une dizaine en Europe. C’est très rare. La posture est énigmatique : silence ? Silence du repli sur soi ? L’expo est née de cet objet. Ces statuettes sont appelées « pseudo Angerona », d’abord associées au nom de cette déesse romaine du silence. Cette exposition aborde aussi la place de la femme et de la libération de la parole. Nous sommes un musée de société, il était donc logique d’en parler.

On commence donc l’expo par cette pièce ?

Oui, on débute avec cette amulette. Puis, on déroule un discours autour de la femme et du silence. De tout temps, les femmes sont liées à la notion de silence. Pas forcément subi, attention ! Il y a aussi le côté sacré, le recueillement, etc. Il n’est pas question de victimiser les femmes ; même si le silence est subi, la Femme a quelque chose à dire. On voit aussi comment on va arriver dans l’histoire à des artistes femmes. Par exemple, Niki de Saint Phalle qui a libéré la parole des femmes, elle a été transgressive. Il y a aussi George Sand qui a changé de nom pour pouvoir écrire. L’expo a un côté militant.

On parle régulièrement – et encore plus maintenant – de l’égalité femmes hommes. Est-ce que le fait de s’intéresser aux femmes et au lien qu’elles entretiennent avec le silence s’incorpore dans votre thématique ?

Oui, forcément. C’est une question que l’on traite beaucoup, notamment avec le public scolaire qui vient nous voir : comment vit-on ensemble ? Pourquoi le silence est important ? À quoi ça sert ?

Est-ce que vous pouvez me parler de quelques œuvres qui sont présentées ? Que vous aimez particulièrement ou que vous jugez important de mentionner ?

On a des œuvres majeures, comme le bronze de Rodin, « Le Cri », une sculpture expressive de femme qui crie, il y a une notion de souffrance. Pas loin, il y a la toile d’Aurélie Nemours, « Structure du silence », une abstraction géométrique. À Savigny, on aime surprendre notre public ! (rires) Il y a aussi des statuettes féminines du Néolithique, polychromes, de Syrie. Une vraie chance. Ou encore des poupées de fécondité du Cameroun, un cadeau coloré venant de tribu et qui était porté par les petites filles. Tout ça a rapport à la question des civilisations, des différences culturelles, sans regard faussé.

En fait, cette expo couvre une très large période !

De la Préhistoire à la période contemporaine, en 2008 ! Les œuvres viennent de France, d’Égypte, du Cameroun, etc. On a même un dessin de Picasso, « Femme aux cheveux verts ». Intéressant, lorsqu’on connaît le rapport particulier à la femme qu’avait cet artiste. Tout ça est le fruit d’un partenariat avec les musées nationaux, sauf notre amulette, et de collectionneurs privés. Chut présente une soixantaine de pièces.

Avez-vous un « public type » ? L’expo s’adresse aussi aux enfants ?

Aucun public type… Il y a des spécialistes, mais aussi un public très familial, un lien que l’on cultive beaucoup d’ailleurs. Tout à l’heure, j’ai aussi eu des élèves de grande section ! Cela permet de s’interroger, de travailler sur la question de l’émotion.

Petite question concernant l’écomusée. Il devait fusionner avec le Musée du Carroi à Chinon, n’est-ce pas ?

Oui, c’est fait, c’est bon. Nous avons maintenant une équipe et une directrice communes. Le même regard sera porté lors de nos expositions. Le même état d’esprit régnera. Au passage, le Musée du Carroi accueille en ce moment « Fabuleux animaux », une expo sur la symbolique des animaux, et Dominique Bailly, avec « Sculpture, paysage, promenade ».

Propos recueillis par Aurélien Germain
Photos : Musées CC-CVL


> Ecomusée du Véron, 80 route de Candes, à Savigny-en-Véron.
Contact : 02 47 58 09 05. Cet été, ouverture tous les jours, de 10 h à 19 h.
Tarifs : 4 € (plein),
2,50 € (enfants, étudiants, demandeurs d’emploi, etc.), gratuit jusqu’à 5 ans.
> Expo « Chut… femmes, silence & parole » jusqu’au mois de novembre.

 

Chroniques culture : Nirvana toujours au top, le plein de BD et un projet-expo féministe

Nouvelle dose de culture avec le plein de bandes dessinées pour cet été, mais aussi un retour en arrière avec Nirvana (qui continue de cartonner) et un projet expo féministe pour vous faire découvrir d’illustres inconnues !

MUSIQUE

NIRVANA TOUJOURS AU TOP

Alors que Nevermind, l’album mythique de Nirvana, fêtera en septembre ses 30 ans (bim, le coup de vieux !), le magazine Forbes nous apprend que le disque a aussi dépassé les 522 semaines au Billboard 200, classement des 200 meilleures ventes sur le territoire américain, toutes catégories musicales confondues. « Au total, l’album Nevermind est resté pendant 10 ans dans ce classement, un exploit ! », est-il dit.

Autre exploit, celui de la maison de vente californienne Julien’s Auctions : le 13 juin, elle a vendu aux enchères une autocaricature dessinée par Kurt Cobain pour… 280 000 dollars ! Une somme trente fois supérieure à son estimation.
A.G.

La sélection BD

L’été, c’est le plein de bandes dessinées

La température monte avec deux albums cette semaine : avec son « Sweet Jayne Mansfield » (éditions Glénat) Roberto Baldazanni livre l’anatomie d’une sex symbol et icône planétaire qui fit tourner bien des têtes. Chaud, chaud également, « Une Femme Fidèle » (La Musardine), d’Axel, magnifique récit à ne pas mettre entre toutes les mains cependant. « Impact » (Casterman) est, lui, un polar impeccable signé Rochier et Deloupy qui devrait très vite trouver un support cinématographique.
Dans « Histoire du nationalisme corse » (Dargaud), Hélène Durant et Benjamin Adès retracent toutes les déchirures de la Corse avec efficacité et équité. Pour « Contrapaso » (Dupuis), Térésa Valero revient sur la terrible oppression de la dictature franquiste durant 152 pages sous forme d’enquête haletante au dessin sublime.

Et puis on vous dit « À l’Année prochaine » (Auzou BD), bel ouvrage de Philippon et Sauge, histoire de passer de belles vacances avec cette bande d’ados attachants au possible.
Hervé Bourit

LE PROJET

ILLUSTRES INCONNUES

Clémentine Rubio est à l’origine d’ « Illustres inconnues ». 
© Photo NR

Le collectif Osez le féminisme 37 souhaite mettre en lumière des femmes d’Indre-et-Loire disparues et/ou oubliées et qui méritent d’être connues. Ce projet, intitulé « Illustres inconnues », est dans les tuyaux depuis maintenant un an. Trente profils ont été retenus : ils feront l’objet d’une expo itinérante avec des portraits grandeur nature.

C’est l’illustratrice tourangelle Audrey Silva qui s’en chargera, afin de faire découvrir ces femmes (scientifiques, politiques, artistes…) au grand public. Ce projet pourrait être présenté en septembre, lors des Journées du matrimoine. Le collectif féministe recherche partenaires financiers et villes où exposer.
A.G.

 

L’exposition : Olivier Debré, architecte

Retour aux sources de l’œuvre d’Olivier Debré, avec cette exposition collective, Étendue, corps, espace, au CCCOD jusqu’au 28 mars.

Il fallait bien une exposition collective pour figurer l’importance de l’architecture dans le travail et l’œuvre d’Olivier Debré. « Il y a une quantité incalculable de carnets de croquis, de calques qui ont trait à des projets d’architecture réalisés ou non, explique Marine Rochard, chargée d’exposition. Nous en avons mis un petit échantillon en ouverture de l’exposition. C’était pour planter le décor et servir de point de départ à notre exposition. »

Car, si l’artiste est évidemment d’abord connu pour ses toiles et ses sculptures, c’est bien en architecture qu’il s’est d’abord inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts, en 1937, avant de se tourner vers la peinture au sortir de la guerre.

La résonance entre l’art et l’architecture

L’objet de cette exposition qui occupe la galerie blanche, à l’étage du CCCOD, est donc de montrer, dans les œuvres d’artistes contemporains, cette résonance entre l’art et l’architecture qui était omniprésente chez Olivier Debré et qui perdure aujourd’hui.

Les artistes réunis sont américain, français, allemand ou espagnol, ils utilisent des matériaux et suivent des démarches bien différentes. Cela donne à cette exposition un aspect « cabinet de curiosité » très plaisant.

Naturellement, la visite est également l’occasion de revoir, dans la nef, l’envoûtant Scalaire de Vivien Roubaud. On peut se perdre des heures dans la contemplation de cette toile qui flotte dans l’air au gré de ses mouvements. À ne pas rater non plus, dans la galerie noire, Odysées, de Marie-Anita gaube, des grands formats peints, qui vous plongent dans un imaginaire coloré et délicieusement naïf.
M.P.


> CCCOD, jardin François 1er. Tram Porte de Loire. Tarifs : 7 € (réduit : 4 €). Gratuit pour les moins de 18 ans. Ouvert du mercredi au dimanche, de 11 h à 18 h et le samedi jusqu’à 19 h.

 

Laurence Dréano expose à Saint-Cyr : « Je sculpte des femmes qui portent le monde »

L’artiste tourangelle Laurence Dréano expose cinq années de création et de sculptures de femmes aux formes voluptueuses.

Laurence Dréano exposera à Saint-Cyr-sur-Loire (Photo Flore Mabilleau)

Depuis quand n’avez-vous pas exposé ?

C’est ma première exposition majeure depuis le confinement et je l’attends avec impatience ! Cette exposition – pour laquelle on m’a donné carte blanche – est prévue depuis deux ans. Je vais montrer plus de 50 œuvres, représentant 5 années de création, avec des petits formats – comme mes créations en verre de Murano – des grands formats, dont une sculpture inédite de 3,70 m qui s’appelle Retrouvailles.
Mon livre Aquarelles et Conversations qui rassemble les aquarelles que j’ai peintes chaque jour durant le confinement, ainsi que des textes, sera aussi dévoilé. J’ai beaucoup travaillé la mise en scène de cette exposition. Les visiteurs pourront notamment découvrir une salle immersive de mon univers, grâce à une fresque de vidéo mapping.

Quel est le fil conducteur de cette exposition ?

C’est toujours l’idéalisme, l’élan, l’accueil, l’optimisme, toutes ces valeurs considérées comme désuètes et fleur bleue. Mais mon discours a aussi un côté féministe. Depuis mes débuts il y a 15 ans, je sculpte des femmes qui portent le monde. Elles sont maternelles, légères, mais aussi fortes !
J’ai travaillé sur Olympe de Gouges pour la maternité du CHU de Tours. J’ai réalisé L’Insoumise, en 2014, dans le cadre d’un programme de résidence sur les droits des femmes à Notre-Dame-d’Oé, j’ai travaillé sur un poème d’Andrée Chedid défendant la liberté… Cette nouvelle exposition s’appelle Les sens i Elles, fruit du questionnement sur ce qu’est notre essentiel, après cette période de confinement, et sur la place des femmes dans ce monde.

On compare souvent vos sculptures aux Nanas de Niki de Saint-Phalle…

C’est une belle référence à une artiste qui a défendu les droits des femmes, même si notre travail n’est pas du tout le même, à de nombreux égards. Mon père, architecte, a fait les Beaux-arts à Paris la même année qu’elle et mes premières découvertes de la sculpture, sont les siennes, au Palais de Tokyo, où l’on entrait carrément dans ces femmes, ce qui m’a sans doute marqué. Mais son œuvre est très violente, très revendicative. Or, il n’y a aucune violence dans mes sculptures, au contraire.

Propos recueillis par Flore Mabilleau


> « Les sens i Elles », du 24 septembre au 11 octobre, au Pavillon Charles X, parc de la Perraudière à Saint-Cyr. Vente aux enchères le 25 septembre, à 18 h 30, au profit de l’Association pour la Recherche sur l’Autisme et la Prévention des Inadaptations (Arapi).

 

Tours : des artistes ouvrent une galerie partagée et auto-gérée

La galerie collective « Les Couleurs et les sons se répondent » a ouvert le 6 juillet à Tours. Un repère d’artistes qui exposeront toute l’année. Et c’est ouvert sept jours sur sept !

« Les couleurs et les sons se répondent » ? C’est le petit nom d’une nouvelle galerie d’art qui vient d’ouvrir dans le Vieux Tours. Particularité : celle-ci est partagée et auto-gérée. C’est « une galerie d’artistes où tout est possible », d’après l’annonce faite par Diagonale, duo de plasticiens réunissant Juliette Gassies et Frédéric Dumain, à l’initiative du projet.

Pour l’occasion, Juliette Gassies et Frédéric Dumain se sont entourés de cinq artistes : Chrystèle Saint-Amaux, Jean Pierre Loizeau, Yveline Bouquard, Laurence Hauss et Aurélia Vissian. Toutes et tous seront présent(e)s à tour de rôle dans la galerie.

Merci Baudelaire !

Jusqu’à présent, les locaux étaient occupés par la galerie Lyeuxcommuns. L’art imprègne donc toujours les lieux avec cette nouvelle galerie, dont le nom est une référence directe à l’immense Baudelaire. Il s’agit en effet « d’une citation extraite du poème Correspondances ». Le duo Gassies-Dumain souhaitait que le nom « évoque la possible association d’univers artistiques variés ».

Et ici, l’art ne s’arrête jamais. Les Couleurs et les sons est effectivement ouverte… sept jours sur sept ! Aucune excuse pour ne pas prendre le temps de découvrir cette nouvelle pépite tourangelle… A un moment où la culture a besoin de (sur)vivre plus que jamais, après les épreuves qu’elle a affrontées.


> Les Couleurs et les sons se répondent, galerie située au 27 rue Etienne-Marcel, à Tours. Ouverture : tous les jours, de 11 h à 19 h. A retrouver sur Facebook : https://www.facebook.com/lescouleursetlessons/

 

Aurélien Germain
Photos : Aurélie Dunouau

CCC OD : zigzag dans le noir

La galerie noire du CCCOD accueille une nouvelle exposition. Signée des frères Quistrebert, elle est hypnotique et surprenante, abstraite et vertigineuse. Accrochez vos ceintures !

Florian et Michaël QUISTREBERT

C’est peu de le dire : la nouvelle exposition, qui occupe la galerie noire, au rez-de-chaussée du CCC OD sait se jouer des contrastes.

À droite en entrant, une monumentale fresque vidéo qui se déploie en zigzag (c’est le nom de l’expo) le long d’un mur transformé en paravent. Sur chaque panneau, le même mouvement de pixels hypnotiques qui semblent courir sans fin dans un interminable tunnel, mais dans une couleur différente.

La danse est effrénée, sans issue, et vous agrippe le regard pour un moment. Et, de l’autre côté, des toiles blanches, d’une extrême sobriété. Attention, blanches ne veut pas dire entièrement blanches. En fait, sur le châssis des toiles est appliquée une pâte épaisse, quelque chose entre l’enduit et le plâtre, qui donne du relief et de la matière à l’oeuvre.

ABSTRAIT

C’est de l’abstrait, pas de doute là-dessus, mais de l’abstrait qui s’amuse quand même avec la réalité. « Les toiles sont des variations autour de deux thèmes : une église et une vue marine », expliquent les frères Quistrebert, qui travaillent ensemble depuis 2007 et qui ont conçu cette exposition spécialement pour le CCC OD.

Et, de fait, on perçoit dans ces lignes obliques d’une très grande précision, les voiles et le mât et, plus ou moins haut selon l’angle de vue, la ligne droite de l’horizon. Il y a aussi un côté brut dans les toiles, quelque chose de très assumé, qui rappelle le gros oeuvre dans le BTP, le travail d’encollage du carreleur mais aussi, peut-être, le mouvement du râteau dans un jardin zen.

Mais, nous direz-vous, quel est le lien entre ce mur coloré et ces tableaux blancs ? « Pour nous, il y a le même rapport entre les deux qu’entre, par exemple, une BD et un film d’animation. » La vidéo murale serait donc une sorte de traduction en mouvement de ce qui se lit, en version figée sur la toile. Une traduction en couleur aussi.
Car les frères Quistrebert aiment bien jouer avec les codes classiques de la peinture. Par exemple, en séparant la forme de la couleur ou en imaginant des tableaux lumineux, à proprement parler, en y ajoutant des leds multicolores que des interrupteurs placés au beau milieu de la toile permettent d’allumer et d’éteindre. L’abstraction des frères Quistrebert ne manque pas d’humour donc, et elle manie le second degré avec gourmandise.

Cette exposition a fait plus que s’adapter au lieu qui lui a été proposé. Elle s’est construite à partir de lui. « Toute l’exposition s’est constituée petit à petit, comme un puzzle. Ce qui est intéressant, c’est de se planter plein de fois pour arriver à une proposition qui se tient. »

> EN PRATIQUE
Zigzag, Florian et Michaël Quistrebert, jusqu’au 11 novembre 2019, au CCC OD.

François Coty, un parfum d’audace

On doit à François Coty des parfums emblématiques mais aussi le château d’Artigny, étonnante folie construite il y a cent ans. Véronique Coty, son arrière-arrière-petite-fille, y a relancé le Prix François-Coty. Rencontre avec l’héritière d’un patrimoine unique.

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Véronique Coty (Photo NR)

Émilie Coppermann a reçu le Prix François-Coty 2018. Personne ne la connaît… alors que ses créations, comme Black XS de Paco Rabanne, ou Play, de Givenchy, sont célèbres.
La parfumerie reste un milieu extrêmement fermé. En France, on a aussi du mal à remercier nos artistes ou ceux qui ont ouvert des voies. Les maisons doivent absolument valoriser ces artistes de l’ombre auxquels ils doivent leurs grands succès. Le Prix François Coty remis lundi dernier au château d’Artigny permet de mettre en lumière mon aïeul mais aussi le talent des parfumeurs d’aujourd’hui.
La Société française des parfumeurs a reçu des jus tous les 15 jours et choisit une dizaine de nominés sur une liste exhaustive de près d’une centaine de parfums. Ces nominés étaient ensuite libres de nous envoyer la création réalisée dans l’année qui leur tenait le plus à cœur, qu’elle ait été commercialisée ou non. Car certaines créations, magnifiques, sont parfois refusées par une marque pour des raisons de stratégie ou de coût.

Parallèlement au prix, vous avez créé une exposition consacrée à François Coty.
Une rétrospective me semblait indispensable pour le faire reconnaître du grand public. J’ai pensé à une exposition autour de la ligne parfumée, c’était sa particularité : il créait des parfums puis imaginait autour de chacun des lignes complètes avec des colognes et des cosmétiques. À la fin des années 20, François Coty vendait 100 000 poudres par jour dans le monde.
Il a créé 38 parfums dont une nouvelle famille, les Chypres. Il est mort en 1934 mais il reste une référence, une icône, pour tous les parfumeurs. Nous avons donc réuni près de 300 flacons, poudriers, objets d’archives, coffrets… Le parfumeur Jean Kerléo, fondateur de l’Osmothèque, a reconstitué huit fragrances emblématiques et on peut les sentir. En voyant la taille des flacons, on réalise qu’à l’époque, le parfum était vraiment considéré comme un luxe, un vrai bijou.

Petite, quel rapport aviez-vous avec le travail de votre aïeul ? 

Photo credit association francois coty
Photo credit association francois coty

Mon grand-père, son petit-fils, nous en parlait souvent mais c’était un peu étrange, irréel. Enfant, je ne mesurais pas bien la valeur de cet héritage. Mon grand-père m’impressionnait beaucoup plus : il avait créé la Piste aux étoiles, était ami avec Fernandel et Dali. J’ai voulu reprendre ce travail de mémoire à la suite de mon grand-père et aujourd’hui, je vois à quel point le parcours de François Coty est étonnant.

Il a découvert la parfumerie par hasard, il est devenu milliardaire puis il est mort ruiné en 1934…
Il était hors-norme. Par exemple, il a été élu maire d’Ajaccio mais il n’est pas allé cherché son écharpe… Sa carte de visite était un peu mégalo, il y avait inscrit : François Coty, artiste, industriel, technicien, économiste, financier et sociologue ! C’est parce que la Touraine était le pays des rois que François Coty s’y est installé. Il a décidé d’y construire la réplique d’un château du XVIIIe siècle et il voulait faire sortir le tout-Paris de la capitale. Il y a installé un standard téléphonique international, des frigos pour ranger les manteaux de fourrure des femmes qui venaient à ses soirées.
Mais il avait aussi créé une usine pour embaucher des mutilés de guerre, installé des crèches dans ses usines… c’était un entrepreneur très paternaliste et très humain. Son toupet incroyable vient sans doute de son enfance difficile. Il a perdu sa mère très tôt, puis son père a disparu à la guerre et à l’âge de 14 ans, il a quitté Ajaccio pour Marseille. Et cet enfant pauvre est devenu l’homme le plus riche de France.

On peut dire qu’il a créé les premières collab’ dès les années 20. Un visionnaire ?
Oui, il n’a pas seulement révolutionné le monde de la parfumerie en pensant à utiliser certaines matières premières originales, il a aussi été un précurseur en terme de marketing. Il a pris le nom de sa mère, Coti et changé le i terminal en y pour le rendre plus graphique. En 1910, avouez qu’il fallait y penser !
Il a créé l’échantillon en 1917 pour les militaires qui en ramenaient à leurs petites amies. Il voulait que le luxe soit accessible à tous. Il est le premier à vendre du parfum en grand magasin, il adaptait ses produits pour qu’une ouvrière puisse porter le même parfum qu’une baronne, en imaginant deux types de contenants, l’un bon marché et l’autre luxueux. Il était le premier parfumeur à concevoir des packagings, il a travaillé entre autre avec Lalique, des graveurs, des peintres, des Prix de Rome… Il a su réunir l’art et l’industrie. Ce n’était pas seulement un créateur, c’était aussi un entrepreneur et un bâtisseur.

L’EXPO

LA LIGNE DE VIE PARFUMÉE DE FRANÇOIS COTY
Dédiée à l’univers de François Coty, cette exposition réunit ses plus belles créations ainsi que des archives et des objets personnels. Elle sera accueillie fin 2019 au Musée de Suresnes, lieu historique des créations de François Coty puis chez Bucherer, rue des Capucines à Paris. Elle s’installera au Musée international de la Parfumerie à Grasse courant 2020.
À voir jusqu’au 31 décembre 2018, au Château d’Artigny à Montbazon

Le catalogue de l’exposition, ravissant, a été réalisé par la graphiste Mademoiselle Hazard, avec des contenus de Ghuislaine Picchiottino. Durant tout le mois de décembre, Hervé Guttin le chef cuisinier, propose à la carte du restaurant « L’Origan », un « menu parfumé François Coty ».

Une expo-vente d’art contemporain contre les violences sexuelles

Une expo-vente autour de 25 artistes est organisée ce week-end, à l’initiative de SVS 37. Un moyen d’alerter l’opinion publique et de combattre les violences sexuelles.

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C’est un lieu de prestige que va investir l’association SVS 37 (Stop aux violences sexuelles) pour sa deuxième édition de Rep’Art. Cette expo-vente d’art contemporain aura en effet lieu à l’Hôtel Goüin. De quoi voir encore plus grand, suite au succès de leur précédente édition, en 2017.

Cette année, 25 artistes seront présents, de Zazü à Cidalia Alves, en passant par Catherine Barthélémy, Paul Jacquette ou encore Olivia Rolde. Les dons récoltés pendant Rep’Art et cette vente de tableaux permettront à SVS 37 de continuer sa mission et développer des projets. Trois jours seront donc consacrés à l’art, certes, mais surtout à la lutte contre les violences sexuelles.

C’est aussi pour cela qu’un cycle de conférences et de débats est programmé dans la journée du samedi 24 novembre avec avocate, journaliste, députée ou encore gynécologue et psychiatre en tant qu’intervenants. Elles et ils aborderont les thèmes des violences sexuelles sur mineurs, les réseaux pédocriminels, le silence des victimes et « les pathologies gynécologiques chroniques conséquences des violences sexuelles ».
Car comme le rappelait Catherine Raynaud, la présidente de SVS 37 dans notre numéro 274 : « Le corps finit toujours par parler. Ce qui fait mal aux adultes et aux enfants fait du mal dans le temps. »

> Du 23 au 25 novembre, à l’Hôtel Goüin de Tours. De 10 h à 20 h le vendredi et samedi ; et de 10 h à 15 h le dimanche.
> Nouveauté cette année : remise du premier Prix Jeunes talents de Touraine, le dimanche à 15 h.
> Infos sur facebook.com/SVS37

François Cheng ou l’art de la calligraphie

Pour la première fois, le poète et romancier François Cheng, de l’Académie française, expose ses calligraphies au public. Parce qu’il est devenu Tourangeau par mariage, il y a près de 60 ans, il a choisi le musée des Beaux-arts. Et pour nous permettre d’apprécier cette exposition de poche à sa juste valeur, il nous en a lui-même livré quelques clés.

Captrure

La calligraphie, qu’est-ce que c’est ?
La calligraphie est un art du trait et des combinaisons du trait. Il y a donc, d’abord, la beauté formelle, la beauté de chaque idéogramme qui est un être vivant en lui-même. Par exemple, l’homme, c’est deux traits obliques et cela incarne un homme qui se tient sur ses jambes. Mais ces formes ont une signification en elles-mêmes et ça, c’est la spécificité de la calligraphie chinoise.

Art ou forme d’écriture ?
La calligraphie est un art complet. Elle contient à la fois la subjectivité humaine et, en même temps, la signification objective des signes. Il y a aussi une forme de transcendance car quand on pratique la calligraphie, on est porté par une sorte de souffle vital et c’est tout le corps qui s’engage. Le calligraphe est animé par ce souffle vital, et ce souffle vital, dans l’imaginaire chinois, anime l’univers dans le même mouvement. Et tout cela passe à travers les signes, qui agissent comme des agents de liaisons entre le calligraphe et l’univers vivant.

Les textes, d’où viennent-ils ?
Tous les textes sont des textes poétiques que je connais par coeur. Au moment de réaliser la calligraphie, on ne peut plus regarder autre chose. C’est une concentration extraordinaire. Il faut maintenir le rythme jusqu’au bout, c’est une très grande tension.

Pourquoi Tours ?
Je suis devenu un Tourangeau depuis mon mariage, il y a près de 60 ans, puisque ma femme est Tourangelle. En l’épousant, j’ai épousé la Touraine, qui est l’une des plus belles régions de France ! Et son fonds historique lui a conféré une sorte de dignité, pour ainsi dire royale. Et puis surtout, c’est ici que l’on parle le mieux le français, où l’on entend la prononciation la plus exemplaire. Grâce à cela, Tours a gagné une sorte de prestige international car on y vient de partout et aussi de Chine pour y apprendre le français. Je n’oublie pas que moi-même, j’ai été ce jeune homme débarqué en France sans connaître un mot de français et, à partir de là, j’ai embrassé cette langue avec passion et elle est devenue mon destin.

Que signifie le carré rouge que l’on voit sur toutes les calligraphies ?
C’est mon sceau, qu’une femme artiste a dessiné pour moi. Dedans, il y a mon nom en français et aussi mon nom chinois qui peut se traduire par « Embrasser l’un ». Il traduit ce besoin d’atteindre l’unité de l’être. Je suis habité par deux cultures, je suis français, il n’y a pas de doute, mais cela a été l’aboutissement d’un long cheminement dont Tours a été le témoin.

Exercice n°1 : analyse d’une oeuvre, « Entre source et nuages »
Capturre

« Cela correspond à un de mes recueils de poèmes. La source et les nuages, c’est tout le mystère de la vie. En France comme en Chine, souvent, on compare le temps à un fleuve qui s’écoule sans retour, comme le temps qui fuit sans jamais revenir. Or, la pensée chinoise a pensé à autre chose. Le fleuve coule en effet pour se jeter dans la mer mais on n’oublie pas, en Chine, que durant son écoulement, l’eau s’évapore pour monter dans le ciel, devenir nuage et qu’elle retombe en pluie pour ré-alimenter le fleuve. Si on reste au niveau terrestre, on est désespéré mais dès que l’on introduit la dimension céleste, il y a cette grande circulation. En sorte que tout est réversible, mais cela ne dépend pas de nous. Ce qui est perdu est repris. »

Exercice N°2 : analyse d’une oeuvre, « Le rocher »
Cheng_rocher

« Ces deux caractères, ils signifient, la pierre qui interroge. Je l’ai traduit par « Le cri de la pierre ». En apparence, une pierre, c’est une présence absolument anonyme. Or, pour un Chinois, la pierre est reliée à l’origine du monde. Dès la création du monde, la pierre est là. Donc, les Chinois adorent les pierres. Il y a aussi une loyauté de la pierre. La pierre ne trahit pas. En contemplant la pierre, l’homme apprend le dépouillement et l’intégrité morale, la pureté originelle. Donc dans cette calligraphie, je dis que la pierre possède un mystère que nous devons nous-mêmes, tenter de percer. »

>> Pour en savoir plus : lire notre numéro 309, parution du 10 octobre 2018 <<
>> Exposition de François Cheng au Musée des Beaux-Arts jusqu’au 7 janvier 2019 : toutes les infos disponibles ici <<

Art contemporain : rencontre avec Klaus Rinke

C’est une double exposition événement qui commence cette semaine au CCC OD. Klaus Rinke, un des big boss de l’art contemporain international ré-installe une de ses œuvres mythiques et nous plonge dans le tourbillon créatif de Düsseldorf, œuvres rarissimes à l’appui.

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INSTRUMENTARIUM 2017

« Nous sommes allés chercher les eaux de douze fleuves européens. Le Rhin, le Danube, le Pau, l’Elbe, la Seine, la Loire… Parce que jadis, ce sont les fleuves qui ont fait l’Europe, explique Klaus Rinke. Ils étaient ses veines, comme le sont aujourd’hui les autoroutes. Toutes ces eaux se mélangent dans quatre jarres, qui sont les quatre points cardinaux et des pompes assurent la circulation des eaux. »

INSTRUMENTARIUM 1985

L’installation de Klaus Rinke dans la fosse du Centre Pompidou, en 1985, fut un des événements marquants du Centre qui fête cette année ses quarante ans. L’horloge que l’on voit à Tours est la même (Rinke s’est battu pour la récupérer après démontage dans une gare allemande), les tuyaux sont les mêmes, mais en neuf et les pompes sont, en partie, d’origine.

PROF’ KLAUS

«Quand j’étais professeur à la Kunstakademie de Düsseldorf, on m’appelait le Jet-set professor. Parce que j’habitais à l’époque à Los Angeles et que je venais toujours en avion. Mais moi, je leur disais, je suis un voyageur au long cours sur l’océan infini de la création, je ne suis pas là pour apprendre aux élèves à naviguer à la voile dans la petite bassine universitaire. Quand vous êtes professeur pendant trente ans dans une académie comme ça, il y a ceux qui vous aiment et ceux qui vous détestent, c’est comme ça ! ».

DÜSSELDORF

C’est une ville en Allemagne, vers l’ouest, pas très loin de la Belgique. Là, depuis 70 ans, existe une école d’art unique au monde. Elle s’appelle la Kunstakademie et invite toutes les générations d’artistes à échanger, travailler ensemble et, parfois, à s’opposer les uns aux autres ou ensemble au reste du monde. Plus qu’une école, c’est un esprit. Klaus Rinke y a enseigné pendant trente ans. Il en fut même, brièvement, le recteur. C’est ce foisonnement créatif incroyable que l’exposition Düsseldorf mon amour s’attache à reconstituer.

TIC TAC

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(Photo E. Decourd – CCCOD Tours)

 « Il y a souvent des horloges dans mon travail (Klaus Rinke porte d’ailleurs une belle montre ronde argentée autour de son cou, ndlr). Parce que je sais que nous n’avons pas beaucoup de temps ! » Celle qui est installée dans la nef du CCC OD, c’est celle de la gare de Düsseldorf qu’il a réussi à récupérer après de longues tractations avec les chemins de fer allemands. Il est quand même arrière-petit-fils, petit-fils et fils de cheminot, Rinke ! Pour lui le temps est comme l’eau. « J’ai fait de l’eau le matériaux de ma sculpture. Car quand vous êtes devant une rivière, l’eau de cesse de s’écouler, sans qu’il soit possible de la figer, comme le temps. »

BUREN

Eh oui, notre Daniel Buren à nous est aussi lié à l’école de Düsseldorf. Il y fut professeur, « Dans une classe à côté de la mienne ! », s’amuse Klaus Rinke. Pour cette expo, il est venu superviser l’installation d’une oeuvre qui appartient au Centre Pompidou et qui n’avait encore jamais été montrée. On y retrouve les bandes de 8,7 cm chères à l’artiste (mais en vert) et une réflexion sur l’image tout à fait contemporaine.

CHAMEAUX

(Photo Bernard Jensen)
(Photo Bernard Jensen)

Cette photo vous accueille en haut de l’escalier qui mène à la galerie blanche. Le type avec la grosse boule de cheveux sur la tête, c’est Klaus Rinke. Et la scène se déroule dans l’enceinte de l’école, à l’occasion d’une fête de fin de trimestre. Rinke était à l’époque recteur adjoint de l’Académie et vraiment, vraiment, il ne reculait devant rien !

TIGRE

Cette toile de Gerhard Richter n’avait aucune chance de sortir de son museum Morsbroich de Leverkusen. Pour situer, le garçon (85 ans, quand même), qui était le voisin de Rinke à Düsseldorf, est l’artiste vivant le plus coté au monde. Un de ses tableaux s’est vendu pour plus de 20 millions d’euros en mars dernier. Ce flou de l’image que l’on trouve dans ce Tigre de 1965 est caractéristique de son travail.
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Zofia Rydet au Château de Tours

De 1978 à 1990, Zofia Rydet a photographié les hommes et les femmes de Pologne. Une expo à voir au Château de Tours.

Zofia Rydet
série « Répertoire sociologique » / Zofia Rydet Courtesy Fondation Zofia Rydet. © Musée d’Art Moderne, Varsovie, Pologne

Dans les grandes salles du château, l’effet est saisissant : des dizaines de photos noir et blanc se serrent sur les murs, collées les unes aux autres. Comme un immense film négatif. Ou comme des papillons épinglés dans une boîte. De 1978 à 1990, Zofia Rydet a photographié les hommes et les femmes de Pologne, leur maison, leurs rituels, aussi, prise d’une espèce d’angoisse à l’idée que tout disparaisse un jour.
Plus de 20 000 photos, classées selon des typologies très personnelles. Sa démarche sociologique rappelle celle de Nicolas Muller mais la ressemblance s’arrête là.

Les photos de Zofia Rydet sont sombres, laides, cliniques. Comme l’explique l’un des deux commissaires de l’exposition, Sebastian Cichocki, « Zofia était un terroriste de la photo : elle entrait chez les gens, leur disait qu’elle devait faire une photo d’eux, là, tout de suite. » Une exposition à voir, non pour sa beauté mais pour toutes les réflexions qu’elle porte : la photo est-elle toujours un art ou peut-elle être un médium scientifique ?

 > Zofia Rydet, Répertoire, 1978-1990, jusqu’au 28 mai 2017. Château de Tours.

Culture, tendances & web #32

Combien gagne Céline Dion pour un concert à Vegas ? Que vaut le DVD de Green Room ? Et le roman graphique qui se la joue Abba ? Toutes les réponses sont ici.

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GREEN ROOM
Un groupe de punk, une tournée désastreuse, un dernier concert au fin fond d’un rade pourri squatté par des néo-nazis. Le pitch de Green Room est dévastateur. Encensé par la critique lors de sa sortie (plutôt confidentielle), le film de Jérémy Saulnier s’offre une seconde vie avec cette édition DVD. Huis-clos cruel et anxiogène au possible, Green Room est une petite bombe qui joue la carte du suspense à fond, mâtiné de quelques touches gores pour appuyer le propos. C’est sale et visqueux. Et dire que la sortie DVD propose le « director’s cut » non censuré… Outch !
A.G.

MUSIQUE & ART
PINK FLOYD, EXPO GÉANTE
L’an prochain, c’est au Victoria and Albert Museum de Londres qu’il faudra être. Une exposition gigantesque sur Pink Floyd sera présentée. Le groupe mythique la décrit comme « un voyage en immersion, multisensoriel et théâtral à travers le monde extraordinaire de Pink Floyd ». Cette rétrospective, nourrie de plus de 350 objets et d’un show laser, se tiendra du 13 mai au 1er octobre 2017.
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LA BD PAUSe_ECRANS_BD
ABBA CHERCHE FRIDA
Bourré de référence au mythique groupe ABBA, ce roman graphique au ton sobre et aux couleurs acidulées est l’oeuvre de Maarten Vande Wiele. Au travers la vie d’une jeune chanteuse qui a intégré un groupe de reprises d’ABBA, c’est à un parcours intime et à une réflexion toute en douceur, que nous invite cet illustrateur très doué, conteur redoutable. On s’attache vite au personnage, à ses amours, son quotidien, aux réflexions sur la vie et sur la notion de succès. Ces 182 pages se lisent d’un trait ! Et ce pop book, incontournable, ne cesse de jouer en nous une petite musique qui fait tilt à chaque instant.
Hervé Bourit

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CAVALE – CAVALE (EP)
« Gangsta grunge » Cette étiquette, le groupe Cavale l’affiche et la revendique fièrement. Tout au long de cet EP éponyme, la fusion se fait ressentir : le phrasé rap s’équilibre avec une basse vrombissante, une guitare orientée rock, le tout saupoudré d’une batterie à la frappe sèche. L’intérêt de Cavale est qu’il sait se montrer aussi bien mélancolique (« Détaché ») que, parfois, plus incisif et énervé (« L’Addition », sans conteste le meilleur titre de l’album). La guitare aurait peut-être mérité un poil plus d’ampleur dans le mix, mais on retient de Cavale une découverte qui devrait aussi faire son effet sur les planches.
A.G.
> En écoute sur cavaleband.bandcamp.com ou facebook.com/cavalemusicband

SÉRIE TV
STRANGER THINGS DE RETOUR
Succès monstre oblige, il fallait bien que Netflix commande une deuxième saison de la série Stranger Things. Celle-ci comptera neuf épisodes (contre huit cette année) et se situerait durant l’automne 1984. Rendez-vous est déjà fixé à l’été 2017 pour sa diffusion.

Capture

#WTF 17 : Il détruit une sculpture en Lego de 13 500 €

Il y a encore de l’insolite, cette semaine, avec un boulet, un Schwarzy poursuivi par un éléphant et un Cyril Hanouna politologue.

(Mr. Zhao / via CCTV)
(Mr. Zhao / via CCTV)

> Nous, on adore les boulets. Surtout celui-là : en Chine, lors d’une expo, un enfant a accidentellement détruit la statue à taille humaine et en Lego d’un personnage du film Zootopie. L’immense figurine avait été terminée une heure plus tôt par Mr Zhao (à gauche sur la photo), un artiste qui y a passé 3 jours et 3 nuits, avec l’équivalent de 13 500 € de pièces Lego.

> En vacances en Afrique du Sud, Arnold Schwarzenegger s’est fait charger par un éléphant, alors qu’il était en voiture durant un safari. L’acteur a filmé la scène et l’a posté sur les réseaux sociaux, avant de philosopher : « Certains d’entre nous ont dû changer de pantalon (…). Prenez-les en photo, mais ne les tuez pas. » (il parlait des éléphants, pas des pantalons, hein).

> Cyril Hanouna ne vote pas (il a promis de s’inscrire sur les listes cette année), mais il a un avis sur la politique. Dans une interview au Point, il a estimé qu’Hollande serait réélu en 2017 « car il a le cul bordé de nouilles (…) et que le personnage n’est pas haï », contrairement à Sarkozy et Juppé que l’animateur ne voit pas « aller au bout ». Merci, Cyril ! Pardon, Baba.

> Après 6 ans de refus de la part d’auto-écoles, Vincent Pourchot a enfin passé son permis. À 24 ans, il est le plus grand sportif français. Le basketteur mesure 2,22 m.

Next Week : l’actu à suivre la semaine du 20 avril

Qu’est-ce qu’il ne faudra pas louper, à Tours, en France et ailleurs, du 20 au 27 avril ? Retrouvez tout ici !

MERCREDI

CONCERT. La jeune et talentueuse chanteuse Marina Kaye – repérée dans l’émission La France a un incroyable talent – sera en concert à Tours, pour un show qui devrait afficher complet. Tmv aurait dû vous proposer son interview dans ce numéro. Mais son manager ne nous ayant malheureusement jamais rappelé le jour convenu de nos terribles questions, vous vous contenterez de cette superbe brève.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=pwKkjLOHd7s[/youtube]

EXPO. Dernière ligne droite pour aller jeter un oeil – et même les deux sauf si vous êtes un cyclope – à l’exposition de Laura Ghirardello, 19 ans ! Jusqu’au 30 avril, cette jeune photographe présente Instants Ordinaires, au KAA, rue de la Paix à Tours. Passionnée d’art contemporain et urbain, elle saisit des moments furtifs du quotidien, dans la rue ou sur les routes, sans retouche. À voir !

JEUDI

JEUX OLYMPIQUES. C’est le 21 avril que sera allumée la flamme olympique, dans la cité antique d’Olympie. Elle partira ensuite pour un relais qui lui fera faire le tour du pays. Les Jeux olympiques de Rio débuteront le 5 août.

VENDREDI

COP21. Plus de 120 pays devraient signer, ce 22 avril, l’accord sur le climat conclu en décembre dernier à Paris, lors de la COP21. L’annonce a été faite par Ségolène Royal. Cette signature se fera à New York.

SAMEDI

SORTIE. Du 23 au 24 avril, les fermes en agriculture durable ouvrent leurs portes au public. Au programme : visites commentées, animations et dégustations. En Indre-et-Loire, vingt-cinq fermes participent à l’opération. L’an dernier, plus de 3 000 personnes s’étaient déplacées en Touraine.
> Samedi 23 avril, de 14 h à 18 h 30 ; dimanche 24 avril, de 10 h à 18 h 30. Visites gratuites. Programme et participants sur defermeenferme.com/departement-37- indre-et-loire

LUNDI

TÉLÉVISION. Le gagnant de Top Chef sur M6 (qui sera connu le 18 avril) affrontera Pierre Augé (Top chef 2014) pour Le Choc des champions. C’est une tradition de l’émission : les deux concurrents s’affronteront en direct et devront séduire membres du jury et téléspectateurs.

Rahan s’expose à Blois

Ce sont les vacances ! On a le temps, alors bondissez dans le train pour Blois (c’est pas loin !) et filez à l’expo Rahan.

Toi aussi fais une folie : va en liane à Blois.

Oui, vous avez bien lu. Rahan aka Cheveux de feu, fils des âges farouches, fils de Crao, c’est bien lui. Jusqu’au 30 avril, il est à l’honneur dans la jeune Maison de la BD de Blois. L’expo est petite mais extrêmement bien agencée. Elle présente les planches originales d’André Chéret, le dessinateur. Dans une vidéo, Jean- François Lecureux, qui a succédé à son père Roger Lecureux en tant que scénariste, revient sur les grands moments de la série phare de Pif Gadget et notamment sur la mort de Rahan. Annoncée en 1977, à la Une du numéro 443 du magazine, la disparition du grand blond aux yeux bleus fait un tollé. Un million d’exemplaires vendus, juste avant sa résurrection dans le numéro 444 !

Au fond de l’expo, une grotte-salle de lecture permet de se replonger dans les dix intégrales des aventures du héros. Les plus jeunes, eux, peuvent s’entraîner à dessiner les animaux de la Préhistoire. Dans le couloir d’à côté, une seconde expo temporaire, intitulée Un autre monde de bulles, présente le travail d’une quarantaine d’artistes qui ont planché sur une maladie de peau méconnue appelée l’épidermolyse bulleuse. Une initiative de l’association Debra (Dystrophic Epidermolysis Bullosa Research Association).

Et vous savez quoi ? L’entrée de la Maison de la BD est gratuite. L’équipe est super accueillante. Alors n’hésitez plus. Partez pour Blois et profitez-en pour découvrir la ville, son château, ses jolies ruelles, son petit village de pêcheur… Heu non, pardon, on s’égare.

Jeanne Beutter

PORTFOLIO : Instants de vies migrantes

Nous avions, depuis quelques semaines, prévu de vous offrir le regard humain d’Olivier Pain, un photographe tourangeau que nous suivons depuis longtemps, sur la situation des migrants à Calais. Entre-temps, le sujet est tombé dans le flux bouillant de l’actualité. Raison de plus, alors que les mots fusent, pour lui donner toute sa chance, à ce regard simplement humain posé sur des hommes qui vivent dans une « jungle ».

Olivier Pain, photo-reporter tourangeau spécialisé dans l’immersion, a accepté de nous montrer quelques photos de son reportage réalisé dans les camps de Calais (quelques semaines avant son évacuation), Grande-Synthe et Norrent-Fontes. Depuis le début de l’année, il suit GSF, l’association humanitaire Gynécologie sans frontières. Pour lui, ses photos ne sont pas là pour apitoyer, « car la pitié veut dire qu’on est supérieur ». « Le message est que ce sont des PERSONNES réfugiées », appuie-t-il. « Ce sont des gens qui auraient pu être nos frères, nos sœurs, nos ami(e)s. »

Si les migrants détestent habituellement les médias (« ils en ont marre d’être considérés comme des animaux dans un zoo. Certains journalistes se comportent très mal », explique Olivier Pain), ils n’étaient pas réticents au travail du photo-reporter. « Parce qu’il y a une façon de regarder, d’aborder les gens. Il ne faut pas les voir comme des personnes pulvérisées. Ce sont juste des personnes avec qui on discute. Des humains. »

> Les photos d’Olivier Pain sur les camps de migrants seront exposées aux Rencontres photographiques d’Esvres, du 4 au 8 mai.

Voici un aperçu de ses photos. Le portfolio complet se trouve dans la version papier du n°202 de tmv (ou en téléchargement ICI)

 (Photo Olivier Pain)
C’est l’entrée du camp de Calais. Une partie qui, depuis, a été rasée. Des plaques électroniques forment cette oeuvre. Il y a beaucoup d’artistes chez les réfugiés. C’est l’un d’eux qui a construit ce « Welcome to the city ».  (Photo Olivier Pain)
 (Photo Olivier Pain)
Le mot peace est omniprésent au camp de Calais : tags, graffitis, oeuvres d’art… Au fond, on peut apercevoir une église, construite par les réfugiés et les humanitaires. Ici, les religions sont respectées. (Photo Olivier Pain)
 (Photo Olivier Pain)
Inondation totale au camp de Grande-Synthe. La photo parle d’elle-même : cet homme lutte contre le vent… (Photo Olivier Pain)
(Photo Olivier Pain)
Le camp est inondé, mais cela fait le bonheur de certains ! Des enfants qui jouent sont des enfants heureux. « Ils ne comprennent pas trop pourquoi ils sont là, car les parents entretiennent un mythe autour du voyage pour que les enfants vivent sans rancoeur et sans haine. Ils les protègent. » (Photo Olivier Pain)

Un concours photo pour lutter contre l’homophobie

Un concours photo pour lutter contre l’homophobie : la bonne idée du centre LGBT de Touraine.

C’était début décembre : l’exposition Les Amours imaginaires, réalisée par Olivier Ciappa, était vandalisée. Saccagée, tagguée, détruite par des homophobes. Son « crime » ? Être une ode à l’amour, montrer de magnifiques photos pour parler de l’homosexualité. Choquée par cet acte, l’association LGBT de Touraine a décidé de « faire face à ceux qui ont la volonté de nous faire taire, de tuer l’art et la liberté d’expression ».

Le Centre LGBT lance donc un concours de dessins et de photos, intitulé « Quel est mon genre ? Quel est mon corps ? Quelle est ma place ? » Un concours qui vise à donner de la visibilité aux personnes transgenres (qui seront d’ailleurs au centre de la Marche des fiertés 2016). Ouvert à toutes et à tous, il donnera naissance à une exposition à la Maison des étudiants de l’Université de Tours en juin 2016.

En attendant, si vous voulez participer, il suffit d’envoyer vos clichés et productions à contact@centrelgbt- touraine.org
Vous avez jusqu’à fin mars !

Expo photo : t’es Capa ou t’es pas Capa ?

Tours accueille une expo unique en France : une découverte toute en couleurs de Robert Capa.

Voir le monde en couleur alors qu’il est terne… Près de 150 tirages couleur d’époque de Robert Capa, le célèbre photographe, sont désormais visibles au Château de Tours. Parmi ces oeuvres figées, des documents personnels, aussi. Une expo unique en France. Une première. Menée en collaboration avec Le jeu de Paume.

En 1938, alors qu’il était en Chine pour couvrir la guerre, Robert Capa, surtout connu pour ses clichés en noir et blanc, a écrit à son frère pour lui demander de lui envoyer des bobines de pellicules Kodachrome, inventées deux ans plus tôt. Des raretés à découvrir d’ailleurs à Tours, parmi une centaine d’autres. Des reportages qui prouvent que l’artiste s’intéressait à la photo couleur avant même qu’elle soit utilisée par les photojournalistes. Des photos traitant aussi bien des conflits que de Picasso, des sports d’hiver, que de la France en général.

> Robert Capa et la couleur, jusqu’au 21 mai 2016. Au château de Tours, du mardi au dimanche, de 14 h à 18 h.
Tarifs : 3 € (plein), 1,50 € (réduit), gratuit pour les scolaires.

L’expo au Bij : portraits de bénévoles

Stagiaire au Bureau info jeunesse, Léo Penot a voulu mettre en valeur les jeunes et le monde du bénévolat, à travers une expo photos.

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Jeunesse et bénévolat sont-ils incompatibles ? Absolument pas, à en croire Léo Penot. Âgé de 20 ans et stagiaire au Bureau information jeunesse (Bij), il a voulu se lancer dans un projet pour favoriser la citoyenneté chez les jeunes. « Les deux sont reliés », assène-t-il. Durant le mois de juillet, lui et le Bij vont le prouver grâce à l’expo Portraits de bénévoles.

Un projet dont la réflexion a débuté en janvier, suite à ce constat : « On a remarqué qu’il n’y avait, finalement, que très peu de mineurs qui venaient au Bij. Sans oublier le manque de reconnaissance qu’a parfois le bénévolat auprès des jeunes… » Un terreau idéal pour Léo, afin de façonner et construire son action qu’il dit « citoyenne ». Au final, un travail de longue haleine, « difficile » même, durant lequel Léo a sacrifié tous ses weekends pendant plus de six mois, « à motiver les troupes ».
Les troupes, ce sont les jeunes (certains n’ont que 13 ans !) qu’il a pris sous son aile et qu’il a accompagnés sur différentes actions de bénévolat. « Avant, leurs amis leur disaient : “ Pourquoi le bénévolat ? C’est un truc de vieux ! ” Maintenant, ils comprennent mieux ce monde et ont complètement changé d’avis. » Toutes et tous se sont engagés auprès de sept associations du coin : Gloriette Festival, la Banque alimentaire, la Tablée du samedi pour le Secours catholique, Handisport, Aucard de Tours, le don du sang et la Maison des jeux de Touraine. En résulte donc une exposition intelligente et citoyenne qui met en lumière le bénévolat des jeunes et leur engagement. Une trentaine de photos, des objets, des témoignages…

« Cela permet d’avoir un autre regard sur les jeunes : eux aussi peuvent s’engager. Eux aussi peuvent être citoyens, même si tous n’ont pas l’âge de voter. Les chiffres prouvent que les 15-25 ans sont de plus en plus intéressés par le bénévolat. Avec, on se forge une personnalité, on mûrit plus vite. C’est une véritable démarche, il y a une vraie réflexion derrière tout ça », avance Léo. Avant de lancer, en souriant : « Une fois dans le bénévolat, on devient vite “ accro ” ! »

EN BREF
C’EST QUAND ET OÙ ?
L’exposition Portraits de bénévoles aura lieu du 1er au 31 juillet, au Bureau information jeunesse (Bij) de Tours, situé au 78 rue Michelet. Entrée libre. Vernissage ce mercredi 1er juillet, à 17 h. Les autres jours, ouverture du lundi au jeudi, de 13 h à 18 h, et le vendredi de 13 h à 16 h. Contact : 02 47 64 69 13.

RAPPELEZ-VOUS…
Pour celles et ceux qui ont fait un tour à Aucard cette année, vous êtes sûrement tombés sur de jeunes gens, munis d’une immense pancarte en carton (notre photo). Ils étaient là pour donner infos pratiques ou encore renseignements sur les autres festivals de la région… Il s’agissait de jeunes qui participaient au travail Portraits de bénévoles dont nous parlons ici. Leur histoire, leur avis, leur photo, à retrouver au Bij pendant l’expo !
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LES ASSOS QUI ONT MARQUÉ LÉO
« En premier lieu, la Tablée du samedi, du Secours catholique. C’est un moment convivial, les bénévoles sont toujours là, même si ça se finit le samedi à 22 h. Idem à Aucard de Tours, c’était hyper-sympa. Je citerais aussi Handisport : beaucoup d’engagés et tous étaient à fond dedans. Ils prenaient du temps pour nous parler, alors qu’ils avaient des

L’expo de la semaine : Aires Mateus

Les architectes portugais du futur Centre de création contemporaine Olivier-Debré investissent le CCC rue Marcel-Tribut. Visite guidée.

(Photo tmv)
(Photo tmv)

Aux murs ,le nouveau nom est déjà installé. Il faut désormais dire CCCOD. Atmosphère de fin d’époque, le Centre de création contemporaine entame sa mue. Le CCC de la rue Marcel-Tribut vit ses derniers mois, ses dernières expos, avant son déménagement en 2016 en haut de la rue Nationale. Il s’agit justement de cela.

À quoi ressemblera le futur musée ? Première réponse à l’entrée, sous la forme d’une grande maquette grise en polystyrène. Coupé en deux, le Centre de création contemporaine Olivier-Debré offre ses entrailles à la curiosité du visiteur. Pour mieux éprouver les volumes, la lumière. À l’origine du musée, deux stars de l’architecture contemporaine européenne : les Portugais Francisco et Manuel Mateus. Dominance de blanc et de matière lisse, les deux architectes présentent également 60 maquettes. 60 projets d’architecture que le cabinet Aires Mateus a fait sortir de terre ces 15 dernières années. 60 miniatures qui ont modelé sa réputation d’acteur majeur de l’architecture actuelle. Minuscule, à l’échelle 1:200, ces bâtiments tiennent pratiquement tous dans la paume d’une main.
Objets plastiques témoins d’une créativité architecturale, d’une ligne, d’une pensée, ces bâtiments miniatures reposent sur de grandes planches en bois brut. Au mur, des plans de coupe, de face, des vues aériennes sans légende, sans contexte, soulignent cette volonté de s’affranchir d’explications pompeuses. C’est justement l’attrait de cette exposition : pouvoir se plonger dans les projets d’Aires Mateus sans forcément s’alourdir de concepts architecturaux. Juste éprouver. Les oeuvres se transforment en sculptures immaculées. Abstraction, Francisco et Manuel Mateus pensent avant tout aux vides, aux creux, aux trous. Leurs bâtiments ressemblent à des blocs de pierre évidés. Aires Mateus imprime à chaque construction une identité forte, comme une emprunte indélébile, sans pour autant s’affranchir du territoire dans lequel il s’élève. Le Centre de création contemporaine Olivier-Debré fera désormais partie de cette lignée, comme un signal fort qui coïnciderait avec l’ambition tourangelle.

EN BREF
PRATIQUE
Le CCCOD (son nouveau nom) n’a pas encore bougé, il est toujours au 55 rue Marcel-Tribut (quartier Velpeau). Il est ouvert du mercredi au dimanche, de 14 h à 18 h, sauf le 1er mai. Entrée gratuite.

ATELIER
Les architectes d’Aires Mateus ont imaginé pour vous un atelier construction. Vous serez amenés à construire vous-même (en maquette papier, hein ?) votre Centre contemporain Olivier Debré. Une fois assemblé, vous aurez un bel aperçu du futur bâtiment (vous pourrez même mettre la tête dedans il paraît). Le 16 mai prochain pendant la Nuit des musées, de 18 h à minuit. Gratuit.

LE FUTUR MUSÉE
Le Centre de création contemporaine Olivier-Debré ouvrira ses portes l’année prochaine et disposera d’une surface de 4 500 m2. En gros, il y a aura quatre lieux d’exposition : la nef pour les grandes installations, la galerie noire pour des expos temporaires, les petites galeries pour des oeuvres graphique et la galerie des abstraits où sera présentée l’oeuvre d’Olivier Debré et des formes de l’abstraction.

A La Riche, le ballet des balais

Avec Corps de ballet, le collectif Zirlib souhaite mettre un coup de projecteur sur les femmes et hommes de ménage du coin.

Corps de ballet et ses balais, à La Riche (photo tmv)

La Riche, à deux pas de la mairie. Sur la petite place qui borde la rue du 11-Novembre, une quarantaine de balais se tiennent droit comme des piquets. Ils traversent un parterre d’herbe. Les autres se trouvent square Marcel-Pagnol. Là même où sont exposées des photos d’hommes et de femmes de ménage.

Parce que c’est cela, le propre du projet Corps de ballet : « Rendre visible ces gens qu’on ne voit jamais », comme le présente Frédéric Hocké, plasticien du collectif Zirlib. Inscrite sur chaque balai posé au centre-ville de La Riche, une phrase extraite d’une interview avec un(e) de ces technicien( ne)s de surface. Accrochés aux manches, des moulages de mains d’habitants qui se sont prêtés au jeu, du passant lambda à la serveuse de bar. « Les gens accueillent très bien l’installation. Et on peut voir à quel point une femme de ménage est importante. C’est au-delà du simple ménage. Parfois, elles aident aussi les personnes âgées à monter leurs courses », donne en exemple Frédéric.
Pour faire valser les clichés, le collectif a aussi installé une expo photos. « Un travail sur l’intime », souligne Mohamed el Khatib, le responsable du projet. Immortalisées par la photographe Marion Poussier, ces femmes de ménage des environs se retrouvent placardées dans les centres-villes de La Riche et de Joué, jusqu’à la fin du mois. Un véritable ballet de corps.

Pour elles, c’est une fierté. « Cela prouve qu’elles peuvent être coquettes, drôles, cultivées et qu’il y a un amour de leur travail », précise Frédéric. Dézinguer une vision faussée du métier et les mettre en valeur : un vrai « coup de projecteur qui les a ravies », sourit Mohamed. Le collectif en a même créé un flipbook : un enchaînement d’images, de portraits des femmes et des hommes rencontrés pour le projet. Comme si leurs corps dansaient. « On leur a montré le film en avantpremière (lire programme ci-contre, NDLR). Elles étaient émues, leurs corps étaient poétiques. Cela a une valeur symbolique, on déplace le regard », explique Mohamed. Avant de rappeler : « Il n’y a aucune prétention sociologique derrière tout ça. On veut juste mettre en lumière un métier de l’ombre. »
Aurélien Germain

EN BREF

(Photo Marion Poussier)
(Photo Marion Poussier)

C’EST OÙ ET QUAND ? Le projet Corps de ballet est un projet participatif à l’initiative de Culture O Centre, en partenariat avec La Riche et Joué. À voir :
> L’expo photos des femmes et hommes de ménage est installée jusqu’au lundi 27 avril. Il suffit de se balader dans les centres-villes de La Riche (centre social Equinoxe, mairie, square Marcel-Pagnol…) et de Joué-lès-Tours (quartier de la Rabière, mairie, Espace Malraux…) pour la découvrir.
> L’installation plastique avec les balais se tient jusqu’au 27 avril également. Elle débute en face de la mairie, se prolonge par le centre commercial rue du 11-Novembre et prend fin au square Pagnol.

DES SPECTACLES Moi Corinne Dadat
> Moi, Corinne Dadat. Mohamed el Khatib a observé cette femme de ménage faire son métier dans un lycée. Témoignages, confidences, expérience. Juste avant le spectacle, projection du flipbook et performance amateur de femmes de ménage de La Riche et Joué.
Jeudi 23, à 20 h 30, à l’Espace Malraux de Joué. De 6,30 € à 14 €.

> Finir en beauté parle de la disparition de la mère de Mohamed el Khatib. Enregistrements sonores et vidéos qui montrent les décalages culturels entre sa famille venant de Tanger et le milieu hospitalier.
Vendredi 24, à 20 h 30, à La Pléiade de La Riche. De 8 à 12 €.

Expo photo : le droit d’être

Traiter de l’inégalité hommes/femmes, du point de vue… des hommes. C’est le pari d’une jeune photographe tourangelle. Car, les hommes ont aussi le droit d’être sensibles.

Justine Murzeau (Photo tmv)
Justine Murzeau (Photo tmv)

Début janvier, elle nous avait envoyé une photo de la marche Charlie, à Tours. Un très beau cliché, aux tons sépia, plein d’émotion. Elle, c’est Justine Murzeau, 21 ans, jeune photographe tourangelle. Petite blonde aux yeux bleus rieurs qui piquait l’appareil photo de son père à 16 ans. Passion transmise par son grand-père. Le sien, d’appareil, est d’ailleurs toujours à portée de main. Avec, elle veut « embellir » le quotidien et ce qu’elle voit. Elle a des idées plein la tête.
Sa dernière trouvaille ? Un travail qui va à contre-courant et doit faire réfléchir : « La réflexion m’est venue pendant un cours sur les droits des femmes, en socio », raconte celle qu’on connaît aussi sous le pseudo Jaïne, dans la photographie. « Je me suis fait la remarque : on ne parle pas du droit des hommes. Pourquoi pas eux ? Par ce biais, j’ai réfléchi à la condition des hommes dans notre société. »

Son discours est limpide, réfléchi. Elle est attablée au Kaa, le bar où elle expose ses œuvres. Regarde par la fenêtre : « Avant, les femmes n’avaient pas le droit de porter de pantalon. Maintenant, si. Mais ce n’est pas pour autant qu’un homme a le “ droit ” de porter une jupe, par exemple. On octroie les droits des uns en oubliant ceux des autres », sourit-elle.
Tour à tour, elle prend l’exemple du droit de garde chez ces messieurs. Ou bien les cheveux longs (un de ses modèles les a d’ailleurs jusqu’au nombril !), le maquillage, la sensibilité, l’émotivité… « On dit toujours aux garçons : ne pleure pas, c’est pour les fillettes. Sauf que les hommes peuvent être aussi émotifs que les femmes… », remarque, à juste titre, Justine.

C’est ce qu’elle démontre habilement dans son expo photo intitulée On ne naît pas homme, on le devient. Une série de quatorze images, où chacun porte un masque en dentelle noire. Des inconnus, des amis, des passants, peu importent la classe sociale, le physique ou l’âge. Un leitmotiv ? « Chacun est libre. Dès qu’un homme prend soin de lui par exemple, on dit que c’est une “ tarlouze ”. C’est choquant. Honteux. » Un seul but : faire réfléchir. Car ici, pas question de sexisme inversé. Pas de favoritisme. Surtout pas ! « C’est juste de l’égalité. »

EN BREF
L’EXPO

Photo Jaïne Photography
Photo Jaïne Photography

« On ne naît pas homme, on le devient », l’exposition, sera visible au Kaa, tout le mois d’avril. Le bar se situe au 18, rue de la Paix (place des Joulins). SA PAGE FACEBOOK PAR ICI

QUESTIONS BONUS
Parce qu’on n’avait pas fini notre bière lors de l’interview, on a rajouté quelques questions existentielles (ou pas) pour Justine Murzeau.

> Si tu pouvais passer la soirée avec un cinéaste ou un acteur ? « Mmh… Johnny Depp, très bon acteur ! C’est un super guitariste, en plus. Il a joué avec Marilyn Manson. Et j’aime beaucoup de ses films, notamment Edward aux mains d’argent. Bon, et puis aussi parce qu’il est beau gosse ! (rires) »

> Si tu pouvais passer la journée avec un artiste ? « Je ne suis pas forcément admiratrice de gens célèbres. Donc je dirais mon grand-père. »

> Argentique ou numérique ? « Numérique ! Même si l’argentique a son charme, le numérique c’est l’avenir. Les possibilités sont infinies. Je vis avec mon temps ! »

> Des photographes que tu admires ? « À part Doisneau, car c’est une référence… Je suis davantage admirative des talents qui peuvent m’entourer. »

> Ton avis sur la scène artistique et culturelle à Tours ? « On a énormément de talents. Mais c’est dommage, car on ne les voit pas assez. Beaucoup sont prometteurs, ils méritent un gros coup de projecteur. »

Expo les Allochtones : terres d’ailleurs

Imaginez les jardins Saint-Lazare, des étudiants en art, de la récup’ et un paquet d’idées. Vous obtenez l’expo Les Allochtones.

Eternal Gallery
Expo les Allochtones : le chantier (Photo tmv)

Place Choiseul. Le tram est arrêté « momentanément » (tiens ?). Le soleil lèche les murs de l’Eternal Gallery. Comme dans une fourmilière, des jeunes s’y affairent, rentrent, sortent, vont et viennent. Tous et toutes étudient à l’Esba TALM, les beauxarts de Tours. Ici, c’est le monde des Allochtones, l’expo qu’ils présentent fièrement pendant plus d’un mois. À l’intérieur, il y a une sorte de terreau par terre. Des cartes postales, un bidon éventré, où grimpent des plantes… Un monde qui prend vie. Tout est parti d’un atelier workshop, organisé par Eternal network, sollicité par le collectif d’habitants qui ont sauvé de la destruction les jardins Saint-Lazare du quartier Febvotte. Une commande auprès de six étudiants en art est passée : ils doivent rencontrer les habitants, visiter les jardins et y imaginer une intervention artistique.

L’objectif ? Conserver la poésie du lieu, « tout en ménageant des parcelles privatives et des espaces collectifs », comme l’indique Éric Foucault, d’Eternal network. « Utiliser un jardin comme support d’exercice et comme commande est intéressant », souligne-t-il. « Les besoins des habitants ont servi de base de travail. » Direction La Laverie, à La Riche, où les étudiants auront leur QG. À coup d’imprimante numérique (merci le Fun Lab !), de prototypes, de créations miniatures, ils cogitent et créent.

Six projets artistiques naissent (lire le détail des œuvres ci-dessous) : on passe de la valorisation du lieu, au réemploi des déchets. Sculpture, vidéo ou encore cartes postales… L’esthétique change tout le temps, mais tout se complète. Pas de logique purement écolo là-dessous. Mais tout a été fait pour ne pas dénaturer les jardins et garder l’esprit. Axel Fourmont, par exemple, a transformé, grâce à Photoshop, des photos des lieux pour en faire des cartes postales distribuées aux habitants. Ces derniers y ont inscrit des anecdotes sur le lieu. Celles-ci seront d’ailleurs à découvrir durant l’exposition. « J’ai voulu éveiller les souvenirs », indique posément Axel. Une mémoire à retrouver jusqu’au 26 avril.

EN BREF
>>C’EST QUAND ?
L’expo Les Allochtones est visible à l’Eternal Gallery, jusqu’au 26 avril. Les samedis et dimanches, de 15 h à 18 h, et sur rendez-vous la semaine. Entrée libre.
Plus d’infos sur facebook.com/eternalgallery

QUI FAIT QUOI ?
> Emmy Charbonneau L’étudiante a assemblé des matériaux plastiques pour créer un autel à offrande écologique (notre photo d’ouverture). Une sculpture qui mixe plantes et plastique.
> Charline Laguérin L’art de la récup’… Sa sculpture rappelle les jardins d’arches métalliques. Mais ici, roues de vélo, barbecue rouillé et vieil arrosoir constituent un portique.
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> Elsa Leroy Un ensemble de modules pour jardinier, afin de créer sa clôture, son seuil ou son mobilier. Ingénieux !
> Marie Libéros Une vidéo de la performance, qui joue sur la brume pour rappeler les fumées des locomotives près des jardins.
> Axel Fourmont Une série de cartes postales des jardins transformées par Photoshop. Le tout avec des anecdotes rédigées par les habitants euxmêmes.
> Téo Biet Intrigant est le mot qui vient à l’esprit : son projet relève d’une approche chimérique. Le monde souterrain des jardins, avec des têtes monstrueuses en argile. On vous laisse la surprise.
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L’expo : Femmes et mues

L’Arcades Institute accueille les œuvres de Nathalie Menant jusqu’au 21 février. Rencontre avec la plasticienne.

Mues
(Photos Frédérique Menant)


Vous réalisez des moulages sur des corps de femmes, expliquez-nous en quoi cela consiste.

J’utilise en effet une technique assez ancienne de moulage avec du plâtre et de la dentelle. Je prends une partie précise du corps du modèle. Le point de départ, c’était de crier ce que personne ne voulait entendre ou montrer quand il s’agissait des femmes. Au départ, c’était une oeuvre féministe en fait. Je ne souhaitais pas déclarer la guerre, c’était plutôt un désir de partager un regard sur le féminin. Les premières dentelles que j’utilisais appartenaient à mes arrière-grands-mères, des femmes issues d’un milieu populaire qui n’avaient aucun moyen de s’exprimer.

Comment cette intimité entre vous et le modèle se traduit dans votre oeuvre ?
J’utilise une technique qui n’est pas violente pour le corps de ces femmes. Plus je pose des bandes de plâtre, moins elles sentent mes mains bouger à travers. Ce n’est pas intrusif comme travail, mais je le vois plutôt comme la construction d’une douceur. Seulement, émotionnellement, c’est souvent très fort. C’est comme si je perçevais la souffrance : je suis persuadée que nous gardons dans notre corps la mémoire de notre vie.

Comment choisissez-vous la partie du corps à mouler ?
Je demande d’abord aux femmes si elles veulent mettre en avant une partie en particulier, une main, un pied, la poitrine. Souvent, elles me laissent choisir. Souvent, je tombe sur un endroit qui leur parle, avec lequel elles ont une histoire. J’ai par exemple eu une femme dont je moulais le bras. Le même que son mari avait cassé. Lors du séchage, le moule en plâtre s’est brisé. Elle m’a répondu que cela devait arriver.

Vous n’avez pas toujours fait de la sculpture, pourquoi ce choix du plâtre et de la dentelle ?
J’ai avant tout une formation dans l’audiovisuel et puis j’ai beaucoup fait de scénographie, des installations avec le collectif Akeway. Il y a quelques années, je me suis remise à la terre comme un hobby. Je me suis aperçue que mes mains faisaient ce que ma tête ne pouvait pas conscientiser. Ce que j’aime dans Mues, c’est de ne pas savoir où je vais.

Propos recueillis par B.R.

EN BREF
MuesL’EXPO
Les sculptures de Mues seront visibles à l’Arcades Institute du 12 au 21 février. Vous pourrez également voir le film tourné par Frédérique Menant (voir ci-dessous) et les témoignages des femmes « moulées ».

LA RÉSIDENCE
Nathalie Menant a réalisé les œuvres que vous verrez lors de l’expo pendant une résidence de deux semaines à l’Arcades Institute en décembre. « Elle m’a permis de me couper de mon quotidien, explique Nathalie Menant. Mais aussi de partager avec les autres femmes pour que tout ce que nous nous disons deviennent nos questions. »

JOSÉPHINE
Les femmes qui sont passées sous les bandes de plâtre de Nathalie Menant sont toutes passées par l’association Joséphine, le salon de beauté social lancé à Tours par Lucia Iraci. Plus d’infos sur josephinebeaute.fr

ENTRE SŒURS 
Nathalie Menant a invité sa soeur, Frédérique Menant, qui est venue filmer en 16 mm. Une démarche d’autant plus importante qu’elle a été son premier modèle pour Mues.

Lignes d’Horizons, Craig Taborn, Vol de Nuit & Cartoon Cats

Tous les lundis, doc pilot vous fait part de ses découvertes côté culture. Du très bon et… du moins bon.

Lignes d’Horizons à l’ Espace Malraux par la Cie Le Lutin

Chute dans l’abîme visuel, de la peinture et de l’eau en direct, fil rouge d’un rêve de papier altéré par l’imaginaire suspect d’une magicienne d’Oz. Pas d’histoire évidente, à chacun de la bâtir à la source de ses rêves les plus intimes, pool de psychoses et de joies expulsées en un trait dans la lumière omniprésente et même dans son absence, la force du clair obscur revisité avec la technologie des années 10.
Ce spectacle est pour tous les âges, mais pas pour toutes les têtes : il implique de pouvoir s’abandonner, d’oser lâcher prise, de ne pas vouloir comprendre à tout prix, de ne pas tenter de se rattacher à une narration classique, de tomber dans les images sans la peur de ne pas se recevoir sur du solide. C’est de la méditation dans du beau, de la relaxation dans les images.

D’une expo l’ Autre

Galerie Neuve au Sanitas pour l’expo Paya’Chama-Tours, les photographies d’une aventure, celle d’Antonin Beranger et de ses compères à l’assaut des sommets andins. L’accrochage laisse un peu à désirer mais il s’y trouve la fraîcheur de l’instantané, l’émerveillement dans la rencontre de la majesté des paysages (on aimerait être à la place du photographe face au lac Titicaca) et celle de l’Autre, de l’Humain…

Belle arnaque au Château de Tours avec l’expo du peintre Patrick Deutschmann, vide de sens et d’esprit, la répétition à l’infini d’un même principe, duplication sans limite d’une idée et d’une palette sans réelle originalité, du décoratif justifié par des titres à mourir de rire à les voir ainsi à la suite. Faudra m’expliquer la différence entre « Oleron » et le reste. Mais bon ça devrait faire joli dans le salon de ceux qui aiment les couleurs qui ne veulent rien dire…

Craig Taborn quartet & Duo Aussanaire/Brochard au Petit Faucheux

En première partie, invitation au voyage, avec une improvisation sous direction spirituelle dans le souffle de Jean Aussanaire aux saxos et la contrebasse de Eric Brochard : un film, une réelle déconnexion d’avec le vulgaire, un véhicule pour perdre pied, sauter en chute libre dans les espaces inexplorés de sa perception intime.
Leur art est une médecine, leur virtuosité l’outil pour nous balader dans leur montée vers un ailleurs, vers un bigbang du son, une récréation de l’écoute à déguster les yeux fermés… Puis le Craig Taborn Quartet ou l’atonal codifié dans une écriture précise et inspirée, malicieux mélange de Monk et Schoenberg saupoudré d’improvisations incisives.
Ici encore, la possibilité d’user de l’œuvre pour s’exporter loin de la Terre. Les mantras s’entremêlent, la virtuosité reste un outil au service du combat contre la médiocrité ; le plaisir est au rendez-vous et le public en redemande, encore et encore, histoire de retarder l’instant où il nous faudra retrouver le froid plancher des vaches.

Vol De Nuit au Fumoir

Vol de nuit (photo caméra doc pilot)
Vol de nuit (photo caméra doc pilot)

Au sortir du Faucheux, passage au bar à vins Le Fumoir place du Monstre, un lieu très fréquenté, élu pour l’instant par les noctambules et en l’instant incontournable. Vol de Nuit balance, un blues rock dans la tradition, une brochette de classiques des sixties et des seventies, du billard pour ce power trio au service du rock et de la pop depuis une quarantaine d’années.
Ca joue, c’est l’idéal fond sonore pour onduler du corps en dégustant un bon vin, se frôler, draguouiller, décompresser, et c’est un régal pour les oreilles dans l’écoute des solos très inspirés du guitariste Jean-Michel Heurtereau dit « Minou », le chaton de ses dames.

Cartoon Cats en Arcades Institute

Au pub anglais de l’an 1000 Foulque Nerra n’est pas loin.. Les anglais et leur compère franco-hongrois balancent un rock blues brut de décoffrage bâti à l’énergie et à la hargne de vieux chiens fous. On sent le bagage d’années passées à aimer l’électricité, à nourrir une tradition et un style, à narguer le temps qui passe à la manière des vieux bluesmen.
Il s’y mêle des accents jazzy, des ambiances éthérés à la Peter Green ; tonique version de « Baby please dont go » lors du deuxième set, et intervention improvisée applaudie par le public de l’harmoniciste Julien Cormier sur deux titres.

Désir… désirs : Genre, l’expo !

Elle est lui, il est elle : la nouvelle expo de la photographe Nikita, à l’occasion du festival Désir… Désirs, s’affronte au genre. Visite guidée.

Nikita (Photo tmv)
Nikita (Photo tmv)

Je n’aime pas les étiquettes. Nikita le répète à plusieurs reprises. Elle cligne des yeux en souriant timidement. Ses paroles résonnent dans la grande salle de la bibliothèque centrale. Cinq de ses diptyques y sont exposés. Sur ces grandes photos en noir et blanc, cinq sujets prennent la pose. Version homme, version femme.
Première impression étrange : impossible d’identifier leur sexe d’origine. Elle lance, énigmatique : « Leur véritable identité se situe à peu près au milieu de ces deux photos. » Nikita a l’idée de cette série en 2009. « Je n’avais pas le temps de la commencer, j’avais plusieurs casseroles sur le feu. » Elle attend alors quatre ans avec cette idée en tête. « Ce n’est pas une réaction à l’actualité. » C’est un acte militant. « Quand j’ai commencé à shooter et à discuter avec les personnes, je me suis rendu compte que ce travail allait remuer beaucoup de choses. » Ses personnages, elle les repère dans la rue, à un vernissage, dans la vie de tous les jours. La photographe les choisit pour leur physique, « je les imagine dans le sexe opposé et si ça marche, je leur propose de poser. »

Elle ne sait pas que chacun d’entre eux va alors être perturbé par la séance qui suit. « J’ai découvert que le genre qui nous est imposé par l’éducation, la société, ne correspond pas à celui que nous souhaitons. Plus je parlais avec eux, plus ils me dévoilaient leur malaise. Est-ce que c’est moi qui les ai choisis en sentant ce trouble ou tout le monde souffre du genre qui lui est imposé ? » Pas de réponse.
Et puis, les séances la rattrapent à son tour. « Je me suis rappelée, petite, je revendiquais d’être une fille réussie plutôt qu’un garçon manqué. » Son enfance engagée afflue en appuyant sur le bouton de son appareil photo. Pas vraiment portraitiste, ni spécialisée dans le noir et blanc, Nikita se concentre sur le regard, elle essaye de capter « ce qui se dégage de féminin et de masculin. » Pour mieux le mettre en doute. « Je mets le doigt sur une souffrance infligée par notre société. Garçon ou fille ? Nous sommes avant tout des êtres humains. »
B. Renaudin

L’ÉVÉNEMENT
L’EXPO
Nikita a posé ses photos dans deux lieux : la bibliothèque centrale et la Chapelle Sainte- Anne dans laquelle elle diffuse également les témoignages des modèles. Jusqu’au 31 janvier, entrée libre. Pour les horaires : festival-desirdesirs.com

LE FESTIVAL
Elle est lui, il est elle de Nikita s’inscrit dans une programmation beaucoup plus large du festival Désir… Désirs. Depuis 22 ans, cet événement mélange débat, expo, films, concert avec cette idée qu’il faut accepter la différence de l’autre.
On vous propose nos trois coups de coeur :
>>UN FILM : LES NUITS D’ÉTÉ Pour la soirée d’ouverture, le mercredi 21 janvier, Désir… Désirs commence avec la projection de ce film de Mario Fanfani. Quand un notable de Metz se travestit en cachette dans les années 1950, c’est en général source de questionnement… À 19 h 45, en présence du réalisateur, aux Studio.
>>UN P’TIT DÉJ Toujours aux Studio, Désir… Désirs a demandé à Ciclic une sélection de six courts-métrages à déguster le dimanche 25 janvier avec un croissant. À 10 h 30.
>>UNE PIÈCE Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, c’est un spectacle tout public (à partir de 5 ans) sur une petite fille qui ne cherche qu’à être elle-même. Au théâtre de Vaugarni (Pontde- Ruan) le dimanche 1er février, à 16 h 30. Plus d’infos sur vaugarni.fr

2015 à peine commencée, déjà des sorties

Chaque semaine, Doc Pilot nous régale d’un compte rendu de ses sorties culturelles.

Le batteur des Roots Addict à l'Arcades Institute
Le batteur des Roots Addict à l’Arcades Institute

PNEU CD Destination Qualité
D’abord la pochette, grande claque visuelle à t’emporter direct dans un psychédélisme sans violence, un collage subtil  et séduisant, un truc à te donner l’envie d’écouter la bande son de ce joyeux foutoir de couleurs et d’images, et puis les titres des morceaux (Pyramide Banane Chocolat, Catadiope Ambidextre) des associations graphiques dans les mots,  l’impression d’un langage codé, l’expression initiée d’un gang de lycéens, de Boris Vian électriques. Alors vient la  musique, folle mais vicieusement construite, bruitiste mais subtilement musicale, un brouillage de pistes pour tuer les possibles références : un son. Ce troisième album du duo Pneu me le fait bien, me rend heureux à son écoute, de  l’énergie positive, de la performance sans la course à la timbale, de la force et de la joie mais aussi “ une musique  contemporaine ”, un couple de créatifs sans frontière à l’expression de leur fécondité débordante. Ça s’écoute en entier et ça se réécoute, c’est hors des modes donc ça va pouvoir s’écouter longtemps ; allez je m’avance un peu sur ce coup  là, mais ça sent le futur collectors ; d’ailleurs un disque pareil sera vite épuisé car on voudra tous l’avoir sous sa forme  physique.

ROPOPOROSE CD Elephant Love
Groupe OVNI, groupe unique, groupe atypique par le jeune âge du frère et de la sœur, par leur capacité à balancer à deux ce que bien d’autres ont du mal à proposer à dix… Le duo Ropoporose est talentueux, génétiquement brillant, d’une maturité précoce et d’une originalité d’écriture à se poser la question du pourquoi et du comment. Car ici nous ne sommes pas en présence de jeunes musiciens savants exposant leurs leçons bien apprises, mais face à un groupe de  rock, tout simplement, face à deux artistes, deux créateurs, deux bâtisseurs d’un univers capable d’embarquer tout un chacun au delà des chapelles et des strates générationnelles. Leur musique n’a pas d’âge, elle est universelle, elle est  pop et même si cet album se barre un peu dans tous les sens, la qualité reste de mise, son écoute un plaisir et la sensation d’être au début d’un truc qui pourrait aller plus loin, beaucoup plus loin, évidente. Il s’y mélange la ligne claire et le pastel gras, l’aquarelle et la peinture au couteau, l’art brut à des subtilités impressionnistes. La force de la fratrie laisse supposer un futur fécond ; la rencontre d’un grand producteur pourrait optimiser toutes les qualités de cette aventure. Les gens de Vendôme devraient joindre Brian Eno ; pour le vieux magicien ce serait une belle dernière valse d’ainsi épauler ceux qui feront “ demain ”.

Roots Addict en Arcades Institute  
2e acte des Arcades Hivernales avec The Roots Addict, du reggae à la mode seventies comme on l’aime et sans arrangement suspect, simple lecture festive d’un style avec respect et fidélité aux codes, pour nous entraîner dans une  grosse fête de la fin de ce dimanche après midi si particulier débuté dans la Grande Marche contre la Bêtise. C’est un groupe, une bande d’amis, une association de personnalités brillantes et justes pour balancer une ambiance de bien-être  et de coolitude, grande glissade dans la danse et l’oubli, un décalage du temps vers une douce extase cosmique, un trip  fédérateur et multi­générationnel hautement chargé et addictif.

Soirée Wolfpack au Temps Machine  
Ouverture avec Les Princes du Rock, groupe tourangeau en relecture d’un rock psyché de la fin des sixties dans la  ligne du Floyd de Barret voire de Steppenwolf ou des Byrds, un bel ouvrage extrêmement léché dans les harmonies  vocales et les ambiances cosmiques ; le groupe américain Harsh Toke nous a vraiment baladé au-delà de l’espace et du temps, le type de sensations vécues à l’écoute de Hawkwind mais ici au travers de mantras de hard-­rock  psychédélique, mélange de Grateful dead et de Black Sabbath, de Spirit… A sa suite, Comet Control, le groupe vedette  de la soirée, m’inspire de l’ennui à l’écoute de sa musique néonirvanesque. C’est parfait, au cordeau, séducteur dans ses formats de chansons bâties pour plaire… moi ça me ramène au sol, alors je fuis.

Maxime Vignon au Serpent Volant  
Ce bar a le charme désuet et hors du temps des premiers films de Caro et Jeunet, l’impression de rentrer  dans la réserve d’un 20e siècle oublié, une image d’Epinal des rades du vieux Tours, des îles où rencontrer « des gens vrais »… Aux murs, les créations de Maxime Vignon ; je l’avoue ce n’est pas vraiment ma came car je ne comprends pas où il veut en venir. Difficile de s’y attacher par la technique assez basique, et impossible pour moi de  plonger dans cette collection d’impressions et d’émotions exprimées sans concession et visiblement sans désir de plaire. Je pense sentir des problématiques personnelles affichées face au monde et ainsi nous sommes assurément face à une démarche artistique voire une expression générationnelle, un instant de vie, des couleurs chaudes, des paillettes : un art brut ethno glam.

« Exquises Esquisses » à La Boîte Noire  
Grand plaisir à déguster avec attention cette exposition, réunion d’artistes haut de gamme chacun en leur styles, les foules surréalistes de Eric Demelis, le fameux Jean­-Pierre Conin et ses visions de purgatoire dans les nuages, coterie de « gentils » assemblés pour revivre, les portraits d’une perfection absolue de Remi Planche, les duos de douceur et  de paix de Jean-Pierre Loizeau, les afterpunks post­atomiques de Franck Charlet, les animaux terribles issus de  mutations psychédéliques de Sebastien Thomazo, les scénarios bizarres et graphiquement identifiés de Dominique Spiessert, les jets à plat des tableaux en relief à venir du regretté Didier Becet… Une exposition donnant la part belle à la technique et à l’inventivité, une remise des pendules à l’heure et la force dans le trait ; l’évidence que tout est dit et terminé lors de la naissance du projet, le reste n’étant qu’affaire de pratique.

Expo : on a vu Les Petits formats érotiques

#EPJTMV Les Petits Formats érotiques s’invitent à la galerie La Boîte Noire : treize artistes pour treize visions de l’éros.

Petits formats érotiques
Les Petits formats érotiques (Photo Julie Roeser)

En plein cœur du Vieux Tours, la galerie la Boîte Noire n’a de sombre que son nom. Grande baie vitrée, murs blancs : on pense plutôt au « white cube », architecture typique des lieux d’exposition de l’art contemporain. Cet espace vierge revêt chaque hiver, depuis huit ans, les couleurs de l’érotisme. Ces saveurs crues du péché de chair sont passées par le prisme d’artistes aux sensibilités et aux méthodes de travail fatalement différentes. Sur cet espace dédié au plaisir pèse alors le poids du désir, qui se pose avec volupté sur chaque petit format.

Pierre Guitton fait sourire avec ses peintures colorées au style enfantin. Son audace incite à venir regarder de plus près ces couples qui multiplient les positions. Malicieux, ces personnages invitent à se prendre au jeu, à répondre à leur clin d’œil. Parfois, ces petits formats prennent des formes inattendues. C’est le cas des chaussures érotiques de Juliette Gassies. L’artiste a réalisé des dessins mettant en scène l’acte sexuel, sur papier de soie, qu’elle a ensuite apposés sur les chaussures décoratives. Quoique le visiteur puisse en penser, ces paires de talons n’évoquent pas forcément le fétichisme mais plutôt l’érotisme et la sensualité de cet accessoire. Pour créer les pièces les plus originales de cette exposition collective, la peintre s’est laissée aller à un changement de support radical. D’autres artistes ont effectué un grand glissement de terrain pour cette exposition.
Mélanie Lusseault, dont l’atelier Rouge Pistache ne se situe qu’à quelques mètres de la galerie, n’est pas une grande habituée de la thématique. Ses œuvres de style naïf se transforment alors en scènes érotiques dans la cuisine. Preuve que ce lieu du cliché ordinaire de la ménagère aux fourneaux est aussi une pièce où l’amour se consomme. Notre coup de coeur va pour les dessins minutieux de Caroline Bartal qui rappellent l’aspect torture et intimiste des œuvres d’Egon. Avis donc aux curieux qui voudraient trouver un peu de chaleur en plein hiver.
LE LIEU En plein centre de Tours, la galerie La Boîte Noire propose des oeuvres d’artistes locaux, mais pas que. Agathe Place, galeriste tourangelle depuis trois ans, fonctionne au coup de coeur, qu’elle espère faire partager avec les simples visiteurs comme avec les acheteurs.
>>59 rue du Grand-Marché, jusqu’au 28 décembre. Du mercredi au samedi, de 11 h à 19 h. Renseignements au 06 99 19 52 22.

8e ÉDITION Cela fait maintenant huit ans que cette exposition collective et thématique s’installe dans l’hiver tourangeau. Au mois de décembre, de nombreuses galeries vendent des petits formats à des prix intéressants. Idéal à l’approche des fêtes. Grâce à ce theme original, La Boîte Noire cherche à attirer les parents.

QUARTIER DES ARTS L’exposition est programmée cette année dans le cadre du P’tit Baz’Art du Quartier des Arts. L’association de galeristes et artistes propose un parcours d’expositions dans 14 lieux du quartier du Grand Marché. De quoi prendre sa dose de culture pour le mois. (UN BONUS A LIRE ICI !)

Le Quartier des Arts fait son P’tit Baz'art

#EPJTMV. Pendant tout le mois de décembre, l’association Quartier des Arts propose quatorze expositions dans des lieux différents du quartier du Grand Marché. Une balade culturelle à la rencontre d’artistes d’ici et d’ailleurs.

En vous baladant dans le Vieux Tours, vous êtes forcément déjà tombé sur un panneau à fond marron indiquant le quartier des artisans. Mais peut-être que vous n’y avez pas prêté attention. Il faut dire qu’ils indiquent souvent des lieux de patrimoine à visiter avec pépé Hippolyte plutôt qu’avec votre bande de potes. Mais si vous vous promenez dans le quartier du Grand Marché, vous vous rendrez compte que derrière l’architecture des siècles passés se trouvent des créateurs bien vivants et ancrés dans le présent.
Quatorze ateliers et lieux d’expositions s’attellent à redonner vie à ce périmètre culturel historique. Regroupés au sein de l’association Quartier des Arts, ces artistes d’aujourd’hui proposent un parcours d’expositions à visiter tout le mois de décembre.

EPJTMV
Mélanie Lusseault est la trésorière de l’association Quartier des Arts. Crédits : Julie Roeser

D’une expo à  une asso
Il y a six ans, les deux artistes Ahncé et Mélanie Lusseault organisaient une exposition intitulée Le P’tit Baz’art de l’atelier Rouge Pistache. Comme les deux jeunes femmes venaient d’intégrer cet atelier très bien situé, elles ont eu la bonne idée d’en faire profiter d’autres créateurs qui n’avaient pas forcément accès à un lieu aussi bien placé. « L’idée était de vider complètement l’atelier et de laisser les murs à d’autres artistes, explique Mélanie Lusseault. Parfois, on a même exposé à douze alors que le lieu ne s’y prête pas vraiment, avec ses 40m² de surface. Ça ressemblait un peu à la caverne d’Ali Baba, chacun avait son petit pan de mur. »
De plus en plus de créateurs voulaient exposer à l’atelier Rouge Pistache et, comme les murs ne sont pas extensibles, elles ont demandé aux ateliers voisins de les rejoindre dans leur démarche. Petit à petit, le mouvement s’est propagé à une dizaine de lieux qui voulaient bien participer à l’événement. Elles organisaient ça une à deux fois par an, « toujours en hiver et puis quelques fois au printemps ».
Face au volume de travail que cela demande, les propriétaires des divers lieux ont décidé de créer un collectif pour mieux s’organiser. « On voulait aussi se fédérer pour avoir un peu plus de poids au sein des institutions », précise Mélanie Lusseault.
Un reconnaissance pour le quartier
Gagner une meilleure visibilité était l’un des objectifs de l’association : faire en sorte que le quartier des artistes et des artisans soit vraiment reconnu au sein de la Ville. « A terme, on voudrait être référencés dans les guides, avoir des plaquettes à l’office de tourisme par exemple », détaille Mélanie Lusseault, trésorière. Des négociations sont également en cours avec la mairie pour obtenir une meilleure signalétique qui permette de reconnaître le quartier. En attendant, les lieux d’expositions du P’tit Baz’art seront reconnaissables par de la moquette de couleur disposée à l’entrée aux horaires d’ouverture.
Le Quartier des Arts ne se pose pas de limites, dans la forme comme dans le style. Ainsi, de l’exposition sur le thème de l’érotisme à La Boite Noire aux sculptures en papier mâché de Gritte en passant par les Petits bijoux de mur d’Alice Deloule, présentés à l’atelier Rouge Pistache, impossible pour le flâneur tourangeau ou le touriste amateur de belles choses de ne pas y trouver son compte.
Jessica Lombardi

De Bobbyland à Bobby Keys, de Mano Solo à Headwar

Cette semaine, Doc Pilot a voyagé sur les terres de Mano Solo et de Bobbyland.

2 boules vanille
Bobbyland à la bibliothèque
Nantes et ses fabricants de machines, ici l’orchestre d’automates gérés par l’ordi, l’impression de se retrouver dans un film de Jeunet et Caro, la question dans la dysharmonie constitutive de ces joujoux aussi drôles et dérangeants. Oui, l’humour est maître en cette affaire, l’impression d’assister aux délires d’ingés en robotique industrielle à la recherche d’une enfance sublimée de surdoués fantasques. Ils usent d’un alibi didactique à vouloir tout expliquer lors de la visite de leur terrain de jeux, mais on ne nous la fait pas : on sent bien que ces “ grands n’enfants ” ne se triturent les méninges que pour le fun, l’éclate. Reste pour moi un bémol à l’affaire, la partition, finalement peu surprenante et c’est dommage. Le vieux Pierre Bastien, bricolo légendaire, est en l’affaire plus aventureux.
[nrm_embed]<iframe src= »//player.vimeo.com/video/79735607″ width= »500″ height= »281″ frameborder= »0″ webkitallowfullscreen mozallowfullscreen allowfullscreen></iframe> <p><a href= »http://vimeo.com/79735607″>BOBBYLAND</a> from <a href= »http://vimeo.com/brieucschieb »>Brieuc Schieb</a> on <a href= »https://vimeo.com »>Vimeo</a>.</p>[/nrm_embed]

Bobby Keys part aux fleurs suivi par Ian Mac Lagan

La fameuse loi des séries et deux de mes héros qui partent aux fleurs : ça va jammer au paradis, tous deux à l’occasion musiciens de studio mais aussi à la scène pour les Stones et Joe Cocker, et bien sur dans The Faces ; le son de Bobby au sax identifiable à la première note et tellement nécessaire à l’univers des Rolling Stones (Brown Sugar, Happy), le touché pianiste de Ian la signature sous la voix de Rod Stewart dans ce rock à jamais teenager et british de The Faces ; pour l’un comme pour l’autre, la fiesta à la scène, la joie et la banane, et cette manière de jouer “ en avant ”, si indispensable “ pour faire avancer le truc ”. Deux mecs tellement en phase avec leur époque qu’ils resteront impossible à remplacer ; d’ailleurs à quoi bon essayer répéter une Histoire déjà bouclée dans le XXe.
Kamilya Jubran & Werner Hasler au Petit Faucheux
Intense émotion avec la chanteuse palestinienne Kamilya Jubran au Petit Faucheux ; elle porte la tradition, le message, l’héritage… Nous sommes loin d’un exotisme de pacotille, d’une world music festive et conviviale. Nous sommes face à la gravité dans l’expression d’une artiste engagée ; nous sommes face à l’Histoire. La force de l’artiste est dans cette association créative avec le musicien électronique Werner Hasler ; ainsi à la manière de Bjork avec la culture islandaise, Kamilya porte un style au delà du temps et des modes en l’associant à des arrangements issus de la fin du XXe. Il y a du Radiohead en cette expression ; ce chant écorché rappelle celui de Thom Yorke ; les mantras sans fin et le bourdon du oud, les expériences de Brian Eno et de David Byrne dans leurs télescopages avec les cultures orientales. Cet art est contemporain, les pieds dans la tradition et la tête vers un futur que l’on espère apaisé.
Vernissages et Concerts en Appart’
Tir groupé rue du Grand Marché, avec la bonne idée (pour les curieux et les buveurs) d’un « jour des vernissages » pour tous les ateliers et galeries du collectif « Le Quartier des Arts » ; bon il y a de tout, et plus d’artisanat que d’art en cette affaire axée sur l’idée de susciter l’achat pour Noël… En clair, je ne m’y retrouve pas dans ce « marché de Noël », l’émotion n’y est pas de mise et même « les petits formats érotiques » de la Boite Noire n’échappent pas à cette sensation proche du déjà vu, le seul truc amusant et surprenant étant le travail de Juliette Gassies et de ses paires de chaussures pornographées : une pour chaque liaison mémorable ? Allez savoir… Beaucoup plus dans mes cordes et mes envies, « Show d’œuvres d’Hiver » à l’Imprimerie rue Bretonneau, télescopage de psychédélismes identifiés retranscrits dans des pratiques caractérisées, ma préférence allant à l’énorme inventivité de Cédric Marcillac tant dans les sujets que dans les matières, aux délires de Key et aux flottements d’air et d’eau d’Yveline Bouquard… En la Galerie Ozart, Death Amber ou la réunion grinçante d’univers tourmentés ; au moins ici nous ne sommes dans la séduction affichée mais dans des concepts pour habiter nos trips à la Tim Burton : Ludivine Beaulieu, Lus Dumont et T.Léo, ça me le fait bien… Concert surprise à Ozart (je ne savais pas), Padawin en solo, l’un des trois coups de cœur du Terres du Son 2015… Dans un appart’ rue de la Grandière, concert du garage band (appart’band ?), Cigarette, un rock un peu punk joué à l’énergie avec en visuel la vidéo du chanteur en slip qui grille clopes sur clopes face à la caméra ; c’est drôle, brouillon et sincère : à suivre.
 
Concert-Hommage des Hurlements de Léo à Mano Solo
Grande claque du weekend au Centre Culturel de St Pierre des Corps, public nombreux et passionné, effluves punkoïdes pour un retour dans les mélodies et les mots du grand Mano Solo. Artiste emblématique des nineties et du début du XXIe laminé par le showbizz pourrissant, Mano à la séropositivité dramatiquement emblématique a produit une œuvre, une mine d’hymnes humanistes aussi indispensable que celle laissée par Berurier Noir. Les Hurlements de Léo en donne une lecture si fidèle et passionnée que Mano est là. A la guitare un membre des Fréres Misères, l’univers graphique de Mano en fond de scène, et pourtant rien de pleurnichard en l’affaire, simplement le retour d’un type de fiesta rarement croisé sur nos terres, celui aussi d’envoyer ses tripes à la gueule du monde et d’entrer en résonance avec l’humain. Trois rappels puis « la lune » unpluggged au milieu du public. Grandiose. .. Et si finalement ce Centre Culturel se révélait le digne remplaçant du Bateau Ivre ? Et si finalement Les Hurlements de Léo s’imposaient pour de réels passeurs de la culture populaire.
Trois Grands délires au Temps Machine
Soir de Téléthon pour certains, soir de délire pour les chanceux ayant bravé le froid pour monter au Temps Machine2 Boules Vanille, deux batteurs au fûts sous capteurs vers des synthés amplifiés dans des amplis vintage type « triple corps Marshall ». Le Son, énorme, le Concept, inédit, L’écriture, harmonique ; nous sommes faces à une performance physique et artistique unique… Seal of Quality, un mec en solo, excellent dans le chant, le style, le jeu sur sa guitare et ses jouet-machine Nintendo ; annoncé par Rubin dans la ligne Boogers, Janski Beeeat, je trouve ces comparaisons bien réductrices, en partie encore une fois grâce à l’écriture. A son écoute je pense à XTC, à Magazine, à certains albums solos de Brian Eno : cet artiste est rare et dément… Apothéose avec Headwar, un mur de son et de délire, une performance technique et physique, une projection « dans ta gueule » d’images et d’attitudes furieusement « rock », tribales, une guerre de l’air et du feu aux armes électroniques, aux froissements de cymbales, certaines fixées sur des guitares et frappées. Pour les références, je pense au premier album de Killing Joke, à Hawkwind (Space ritual ), à Sonic Youth ( Dirty), à Throbbing Gristle (Doa) et finalement à Hendrix aussi, dans cette capacité à faire évoluer l’approche de la guitare électrique, ici couplée à des cymbales vissées sur les cordes !!! Headwar c’est du hardcore psychédelique !!! On en sort totalement défoncés.
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Guy Limone : le monde taille XXS

On s’est pris pour Gargantua en visitant l’expo 1/87e et ses 4 200 figurines miniatures. Géant !

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(Photos tmv) Retrouvez notre galerie ci-dessous

Ah, on est comme ça au Centre de création contemporaine (CCC) : on aime voir les choses en grand. Sauf que là, les œuvres se mesurent… en millimètres. Bienvenue dans le petit monde de l’artiste Guy Limone, et son exposition 1/87e. Intitulée ainsi « parce que ses figurines sont 87 fois plus petites que nous ! », débute Charlotte Bornes, étudiante en Master.
Elle et ses collègues en Histoire de l’art font les visites guidées de l’expo. Un plus pour leur formation. « Maintenant, je n’ai plus la pression ! On n’est pas comme des profs, mais davantage dans une notion de partage », indique-t-elle.
Piercing à la lèvre, tout sourire, à l’aise, Charlotte parle beaucoup avec ses mains. Décrit et décrypte l’expo. Plutôt que de laisser les visiteurs se perdre dans les méandres de l’art contemporain, elle explique, raconte, et surtout interagit. Pour 1/87e, elle pose des questions, fait réagir les visiteurs.

Sur les murs, on a l’impression de ne voir que de gros ronds. On s’approche et on observe toutes ces figurines miniatures, achetées puis peintes à la main par Guy Limone. Toutes ont des détails, toutes s’incorporent dans ces cercles mesurant 1,75 m, « car c’est la taille de l’artiste ». À chaque fois, l’œuvre est accompagnée d’une légende à rallonge débutant par un pourcentage. Par exemple, « 64 % des Français sont opposés à une intervention en Syrie… ». Pour celui-ci, parallèle avec l’actualité, les minuscules personnages portent des petits bonnets rouges.
« En fait, ce sont des œuvres vivantes », fait remarquer un des visiteurs. Plutôt oui ! Tout prend vie quand on approche son œil de curieux. Un véritable monde lilliputien, où chaque figurine est différente, caractéristique. Et il y en a plus de 4 000 en tout ! On balade ses yeux et finalement, on scotche devant la dernière partie de l’expo : Guy Limone a enfilé 1 500 petits bonshommes sur un fil de nylon long de 4,60 mètres. Du sol au plafond, peints en dégradé du bleu foncé au bleu clair. « De la mer au ciel, rappelant les 1 500 candidats à l’émigration. »

Alors on quitte l’exposition. Nos pas de géant laissant derrière eux une œuvre singulière, un art différent. Un monde miniature. Ho, et après tout, c’est pas la taille qui compte…

Aurélien Germain
EN BREF
L’EXPO
1/87e de Guy Limone est encore visible jusqu’au 1er juin, du mercredi au dimanche, de 14 h à 18 h, au CCC (rue Marcel-Tribut). Une visite commentée par l’une des étudiantes en Master d’Histoire de l’art aura lieu le samedi 3 mai, à 16 h 30. Et c’est gratuit ! Plus d’infos au 02 47 66 50 00 ou sur ccc-art.com

UNE FORMATION Étudiantes en Master Histoire de l’art et CCC marchent main dans la main. En leur permettant de commenter une exposition et sensibiliser les publics à l’art, l’idée, pour le CCC, est « de former les étudiants à l’expo, à la transmission de l’art. On les encadre », indique Noélie Thibault, chargée des publics au CCC. Pour celle de Guy Limone, ces jeunes filles en Master ont pu « participer au montage, à la mise en place du parcours, etc. » Un véritable tremplin pour leur insertion dans le monde professionnel et artistique.

LE PLUS On a aimé le bonus : la classe qui visitait l’expo ce jour-là a eu l’occasion (en demandant au préalable) de se prêter à une séance photo sympa. Les clichés seront miniaturisés et serviront à l’artiste Guy Limone ! (voir notre galerie photos juste en-dessous)

 

Osez Les Virtuoses !!

Doc Pilot se bat pour la virtuosité dans chacune de ses chroniques, partout où il va, il y a du talent. Revue de ses dernières découvertes.

Paolo Fresu
Paolo Fresu

A l’heure de la gratuité absolue, dernier mépris en date du travail des artistes, à l’heure de la musique entendue comme l’air que l’on respire, sans se poser la question de son existence mais dans l’incapacité vitale de s’en passer, il est bon d’aller aux spectacles vivants pour se confronter à « la pratique » et pour prendre conscience de l’investissement de ceux dont la virtuosité reste une bonne claque à une écoute passive. Le saviez-vous, Géraldine, la violoniste de As de Tréfle vient du classique, c’est une virtuose ; son groupe est l’une de nos plus belles machines de guerre scénique. Carton plein au Temps Machine pour la sortie de leur nouveau disque, énergie débordante et communicative, ultime outrage aux règles en faisant la scène envahir par le public (totalement interdit au TM)…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=w0qU2m3RAW0[/youtube]
Bluesy Roosters en concert en Arcades Institute pour la Matmut et les yeux ronds du public époustouflé par les acrobaties techniques du guitariste José Larraceleta : un virtuose…. Cinéma Les Studio pour la première projection du « We are Happy from Tours », bravo, c’est drôle, c’est une facette de Tours et une initiative DIY à soutenir et consommer ; LoupBlanc de la caméra les virtuoses… Toujours Joe Bonamassa en écoute, Le Virtuose !! Puis Nat King Cole avant de filer au Printemps Musical de St Cosmes s’en prendre plein les yeux et oreilles avec le concert de la violoniste Hildegarde Fesneau ( 17 ans) et du pianiste Guillaume Vincent ( 22 ans), de Saint Saëns à Bizet en passant par Brahms, une affolante incarnation des œuvres dans une prestation mémorable : la valeur n’attend pas le nombre des années pour les virtuoses. Plus tard dans la soirée au Petit Faucheux une nouvelle claque avec le quartet du trompettiste Paolo Fresu, un maître dans son style, un virtuose bien entouré par trois musiciens d’exception dans un style mélangeant habilement le classique et la modernité, tout en restant abordable et novateur. La salle est pleine à craquer, pas étonnant…
Au retour, Tracks sur Arte et des virtuoses de l’image et de la musique électronique, avant un concert de Clapton à Bale ; cette bande de vieux mecs reste touchante et passionnée…. Dernier concert des Hivernales en Arcades Institute, la fascinante chanteuse/guitariste anglaise Angie Palmer, accompagnée par le guitariste Jean-Jacques Sigolini, encore un virtuose : deux heures de pur bonheur pour finir en beauté ce cycle de concerts qui nous fit les dimanches d’hiver chaleureux et ludiques.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=y35vhn9zCr8[/youtube]

Eternal Gallery ? suivez le guide

Le nouveau lieu d’expositions d’art contemporain tourangeau. À découvrir de l’autre côté de la Loire, place Choiseul.

Vous voulez entrer dans l'Eternel Gallery, allez venez, ça va être bien, bien, bien.
Vous voulez entrer dans l’Eternel Gallery, allez venez, ça va être bien, bien, bien.

De la poussière au sol, un escabeau et des pierres à nu pour les murs : l’Eternal Gallery est en pleine ébullition. Sur la façade du bâtiment, un panneau indique l’objet de ces travaux : l’ exposition d’Ibraham Poincheval ouvre le lendemain (voir ci-contre). Juste au-dessus de la porte d’entrée, on peut lire en grand « Octroi », vestige d’un ancien temps, quand la tour servait à faire payer une taxe de passage aux marchands. Dehors, la place Choiseul est comme lunaire, avec son sol tout de pierres vêtues. En cette fin d’été, seules quelques voitures se dirigent vers le pont Wilson. Le tram, lui, grimpe la Tranchée.
Une assos, une mission
Cette nouvelle salle d’expositions est complètement gratuite et n’a pour but que de faire connaître des artistes du carnet d’adresses d’Eternal Network. Ça, c’est l’association qui est à l’origine de cette « gallery ». Si leur nom ne vous dit rien, ils sont pourtant installés à Tours depuis 1999 dans l’autre octroi, celui qui est à gauche quand vous êtes face à la Tranchée. Le travail principal de cette association, c’est de mettre en place l’initiative des Nouveaux commanditaires dans la région. Cette mission a été lancée par la Fondation de France voilà 20 ans. Le principe : tout citoyen, seul ou regroupé, qui souhaite faire une commande d’oeuvre artistique, peut se tourner vers Eternal Network. Une alternative à la commande publique traditionnelle. Eternal Network s’occupe d’écouter, de conseiller, d’étudier la demande et de mettre en relation ces citoyens avec un artiste. Un exemple ? Le Monstre de la place du Grand Marché est né d’une envie des commerçants de rendre le lieu plus attractif. C’est Eternal Network qui les a aidés dans ce projet et les a mis en relation avec l’artiste à l’origine de la sculpture monumentale.
Et la Gallery alors ?
C’est vrai, pourquoi ouvrir un lieu d’expositions ? À force de travailler pour les autres, Eternal Network a voulu ouvrir un lieu en son nom, pour faire connaître des artistes contemporains tout au long de l’année. Éric Foucault, coordinateur et médiateur d’Eternal Network, sourit : « Notre but, ce n’est pas de rendre l’art accessible mais d’élargir le cercle des initiés. »
Leur site pour aller plus loin