Hellfest 2023 : retour sur une 16e édition d’enfer

Et c’est reparti pour un tour ! Tmv était de nouveau au Hellfest pour se prendre une bonne dose de gros son sous une chaleur étouffante les trois premiers jours (et les pieds dans la boue le quatrième). On vous raconte, en résumé, ce festival de la démesure (avec photos et vidéos pour ceux qui n’aiment pas lire, ouf).

Des chiffres et des êtres

Cette année, le Hellfest se tenait sur 4 jours (et il en sera de même l’an prochain). Au menu de cette 16e édition ? Près de 200 groupes, 6 scènes réparties sur 15 hectares. Côté mimines ? 5 000 bénévoles oeuvrent (et coeur sur eux) chaque jour. Budget de la Bête ? 35 millions d’euros (le Hellfest est une association de loi 1901 et la seule subvention de la Région est de… 19 000 €).

Le festival amène 60 000 personnes par jour (77 nationalités différentes). Moyenne d’âge ? 39 ans et demi, d’après l’étude menée par le Tourangeau Corentin Charbonnier, docteur en anthropologie. Si vous vous attendiez à voir de vilains chevelus buveurs de sang, c’est loupé : la moitié du public est cadre supérieur. Toujours d’après cette étude, on compterait 30 % de femmes et 5 % de retraité(e)s.

Jour 1 : c’est parti pour les claques !

Qui l’eut crû, qu’un jour, on serait là en train de chanter « God Save the Queen » avec les anciens Sex Pistols et de Generation X ? C’est pourtant le cas ce jeudi d’ouverture de festival avec GENERATION SEX. Alors ok, sur scène, le peroxydé Billy Idol en a vachement moins sous le capot et ses speechs entre les morceaux avec la voix de Jeanne Moreau font moins rebelle. Mais n’empêche que les briscards de la scène punk londonienne ont offert un chouette moment nostalgie.

HARAKIRI FOR THE SKY a quant à lui squatté la scène Temple pour offrir une séance de post-black torturé. Les Autrichiens tapent fort, comme ARCHITECTS qu’on attendait avec impatience. Qu’on a attendu d’ailleurs pendant que HOLLYWOOD VAMPIRES terminait son show. Le projet d’Alice Cooper a quand même ramené énormément de monde, malgré la présence polémique de son guitariste Johnny Depp, accusé de violences conjugales (le Hellfest est pointé du doigt pour la venue de certains artistes comme Johnny Depp, donc, mais aussi Tim Lambesis et Tommy Lee… (1)).

Bref, ARCHITECTS a littéralement démonté la Mainstage à 21 h 50, faisant trembler le sol, avec un public chaud bouillant à en voir les circle-pits gigantesques qui se sont formés.

Pour la dose de musique qui broie la nuque, il fallait aussi jeter un œil à HYPOCRISY (baffe) et BEHEMOTH (re baffe). Et pour terminer la journée – enfin à 2 h du mat’ – par une ultime baffe, c’est PARKWAY DRIVE qui s’en est chargé. Le metalcore costaud comme un kangourou des Australiens a remporté tous les suffrages. Ici, rien à enlever : musiciens ravis d’être là, sourire aux lèvres tout du long, son qui déchausse les dents, public à fond et des moments intenses, comme quand Winston McCall se permet de chanter en plein milieu de dizaines de milliers de personnes, avec le public tournoyant autour de lui ; ou encore la présence de trois violonistes extraordinaires habillant le metal de Parkway Drive avec leurs partitions de toute beauté.

(1) Prix des pass qui explose, artistes condamnés, coût environnemental… Récemment, le patron du festival a répondu aux critiques à Ouest-France. A lire juste ICI

Jour 2 : Dans la Valley, oh oh

Chouette, en ce vendredi 16 juin, on a toujours l’impression d’être dans une serre tropicale, tant le temps est chaud et humide (spoiler : ça sera pire le lendemain). Mais ça n’empêche pas de rejoindre le site du Hellfest après un petit déj’ de guerrier (= bière / Red Bull / croissant).

NOSTROMO, DER WEG EINER FREIHEIT ou encore 1349 se sont chargés de faire péter notre dernier plombage à la molaire gauche en envoyant missile sur missile.

PRIMITIVE MAN a chauffé la scène Valley comme il se doit et… tiens, c’est le moment de l’aparté : la Valley, justement, a déménagé pour laisser la place à un immense bâtiment pour le merchandising officiel (alors oui, c’est canon, il y a même une créature maléfique aux yeux rouges qui brillent la nuit, brrr). Sauf que son nouvel emplacement (avec une déco superbe, avouons-le) se situe en plein air. Jadis, il s’agissait d’une scène couverte, configuration idéale puisqu’elle regroupe tous les groupes de stoner / doom. Alors là, forcément en plein cagnard, la magie est moindre. Même pour WEEDEATER qui a offert un show dément (à l’image de son chanteur, morve au nez, yeux exorbités et se rinçant au Jack Daniel’s toutes les 5 minutes) mais quelque peu affaibli par le soleil au-dessus de nos têtes.

À la nuit tombée, on s’est en revanche régalés avec les concerts des romantiques de BLOODBATH et leur death façon tronçonneuse, mais aussi de SUM 41 qui nous a rappelé notre adolescence en skate. Les keupons ont mis le feu pour leur dernière tournée.
On a passé notre tour sur l’arnaque MACHINE GUN KELLY (que diable fais-tu là, monsieur ?) mais beaucoup aimé (et c’est une surprise) MÖTLEY CRÜE. Les ex-trublions de Los Angeles ont offert un show efficace, surtout aidé par un John5 à la guitare exceptionnel, à la setlist béton – un « Primal Scream » sorti de nulle part ! – et avec un Vince Neill pour une fois pas trop à la ramasse. Bref, un très bon crüe (de rien pour la chute).

JOUR 3 : metal indien ou metal mongol ?

Ce samedi, on sue toujours comme des phoques. À considérer que les phoques suent. Pas de quoi nous empêcher de prendre la navette pour le site (avec une conductrice bénévole qui écoute Jul à fond) et arriver sur le site dès l’ouverture. Parce qu’à 11 h 40, BLOODYWOOD est là. Les métalleux indiens sont visiblement attendus. Et tant mieux, car le public est chaud chaud lorsque résonnent les premières notes.
La musique est un mélange intéressant entre du gros metal pachydermique, des mélodies indiennes (avec flûte et tambours dhôl, typiques du pays), un chant guttural bien gras et un autre chant scandé façon rap. Le summum est atteint pour le hit « Dana Dan », lorsque le leader balance une diatribe contre les agresseurs sexuels qui « méritent seulement d’être tabassés et de voir leurs **** broyées ». Le message est clair.

Au rayon des originaux, on a aussi pu voir KALENDRA (une vraie dose de douceur dans ce monde de brutes, de la folk nordique belle à en pleurer) et surtout THE HU, du metal folk tradi venu tout droit… de Mongolie ! Et force est de constater que la tribu est des plus attendues. La marée humaine déborde de la tente Temple. C’est tout bonnement aberrant de voir le groupe jouer ici et non sur la scène principale.
Le public est pris de folie, le concert est aussi beau qu’intense. On appelle ça une baffe, une patate, une torgnole. Tout simplement parfait.

Parfait, IRON MAIDEN l’a été mais qui s’en étonne ? Les Anglais ont encore une fois mis tout le monde d’accord : ils sont et resteront les parrains, les chefs. Deux heures passées avec des musiciens toujours aussi impliqués, costauds (Bruce Dickinson est clairement le meilleur chanteur du circuit). Et autant dire que quand arrivent les classiques comme « Fear of the Dark », « The Trooper » ou autres « Wasted Years », le bonheur est décuplé. Les boss.

JOUR 4 : « alors, ça fatigue les vieux ? »

Les jambes tirent, les cernes s’étirent. Mais l’envie est toujours là. Enfin peut-être moins lorsque la pluie fait une apparition surprise. Pardon, la PLUIE en majuscules. Car des trombes d’eau s’abattent sur Clisson le matin et le début d’après-midi. Nous voilà pataugeant gaiement dans la boue après l’orage (youpi, une paire de pompes en moins) mais on a quand même pu prendre nos petites baffes dans le coin de la nuque.

Avec notamment HATEBREED et son leader Jamey Jasta heureux comme un gosse – le bougre est heureux d’être là ! – qui assène un hardcore des familles qui fracasse comme il faut. Idem avec AMON AMARTH : les Suédois ont sorti la totale. Sur scène, un immense navire viking et un casque à cornes sur lequel joue le batteur, des guerriers se combattent sur les planches, la pyrotechnie est sortie à tout va, le public mime de ramer assis par terre. Enorme !

La surprise du jour vient d’ELECTRIC CALLBOY. On vous la fait courte : vous imaginez de la techno eurodance mixée à de grosses guitares metal sous-accordées. Dans le public, c’est la folie. On danse, on se rentre dedans, on se fait des câlins. La techno se marie parfaitement au metal martial de ces Allemands qui n’hésitent pas à débarquer en jogging fluo et perruque moumoute façon 80s. Fun !

Fun toujours avec TENACIOUS D, ultra attendu et qui aura fait le show qu’on attendait : un Jack Black aussi bon chanteur que pitre rigolo et des tubes à tout va.
Bref, un peu de bonne humeur avant les dernières claques de la soirée – des groupes hyper moins guillerets – comme PANTERA et sa (pseudo)reformation et bien sûr, les stars du soir SLIPKNOT. Les masqués de l’Iowa ont encore une fois mis le public, exsangue, à genoux en infligeant une setlist qui tue et des missiles nucléaires à tout va dans les dents (oui, ça fait mal). De quoi terminer cette 16e édition du Hellfest de toute beauté.

Et d’attendre désormais 2024…

Aurélien Germain

Aucard de Tours : une affiche toujours plus riche et variée

Dans un mois, c’est reparti pour Aucard de Tours ! Et cette année encore, le festival prouve son éclectisme, en offrant une affiche plus que variée et qui soutient – une fois n’est pas coutume – les scènes indépendantes

Ce n’est un secret pour personne. Et à moins d’avoir vécu dans une grotte les trois dernières décennies (c’est votre droit, on ne juge pas), chacun sait que le festival Aucard de Tours se fait toujours un devoir de proposer une programmation riche, éclectique, pointue mais ouverte.

Rebelote pour 2023 ! Du punk au hip hop, en passant par le techno jazz, le dub et le metal, la prochaine édition qui se déroulera du 6 au 10 juin ratisse large et affiche, de nouveau, un soutien sans faille aux scènes indépendantes.

Preuve en est avec la tripotée de noms qui composent cette nouvelle fournée. Impossible d’être exhaustif dans ces quelques lignes, mais citons par exemple le groupe Algiers qui mélange allégrement de la musique industrielle à des sonorités post-punk mâtinées de cold wave et… et bien d’autres choses en fait ! (jetez une oreille sur le titre « Blood », vous partirez même pour un trip blues/gospel)

Autre venue forcément attendue, celle de Totally Enormous Extinct Dinosaurs – TEED pour les intimes – où ce producteur et DJ britannique devrait faire remuer la Gloriette comme il se doit.

Cette année, on note également un retour en force des formations plus électriques. Au hasard ? Le thrash crossover incisif des Tourangeaux de Verbal Razors, les Allemands énervés de Slope, le punk culte de Ludwig Von 88 ou encore les locaux de Beyond the Styx et leur hardcore qui devrait faire péter deux trois plombages s’il reste encore des dents aux festivalier(e)s dans la fosse.

Enfin, Aucard joue aussi la carte du voyage, puisque débarqueront par exemple sur scène Nadia Mc Anuff & The Ligerians, un reggae bien roots comme il se doit, et Kutu, un mix improbable avec la fusion des voix de deux chanteuses éthiopiennes et de la rythmique d’un violoniste français. De l’éclectisme à tous les étages. De quoi espérer une nouvelle édition aussi réussie et folle que l’an dernier…

Aurélien Germain / Photo : archives NR Julien Pruvost


UN JOUR, UNE PROG’

Top départ le 6 juin, avec Agar Agar, Clinton Fearon, H JeuneCrack, Kutu, We Hate You Please Die, Nadia Mcanuff & The Ligerians.

Le 7 juin, Ludwig von 88, Rendez-vous, BCUC, Slope, Verbal Razors, Beyond The Styx.

Le 8 juin, TEED, A Place To Bury Strangers, San Salvador, Meule, Shark Mayol et Chikou.

Le 9, Youv Dee, Marina Satti, Romane Santarelli, Lambrini Girls, UTO, Ghoster.

Et le 10, Acid Arab, Algiers, Eloi, Kabeaushé, Tukan, Ada Oda et Unity Vibes Hifi.

Bateau Ivre : où en est le navire de la culture ?

Avec les beaux jours, le Bateau Ivre prend le large ! La salle de spectacles largue les amarres pour son assemblée générale en forme de festival : l’Archipel du Bateau, du 3 au 7 mai au Point Haut. Et si on faisait le bilan de cette année à flot ?

Cinq jours, dix-neuf concerts, des centaines de sandwichs confectionnés avec amour, et une grosse quantité de bonnes ondes : c’est le programme affiché par les équipes du Bateau Ivre pour l’Archipel du Bateau, festival organisé par la salle de concerts de Tours centre, délocalisée pour l’occasion au Point Haut du 3 au 7 mai.

Sur scène, groupes locaux, talents émergents et artistes confirmés se mélangeront allègrement chaque soir. Irène Drésel, Lysistrata, Vulves Assassines, Lo’Jo, les Australiens de Hard-Ons ou les Tourangeaux de Grauss Boutique, il y en aura pour tous les goûts !

Mais qu’on se le dise : ce festival est aussi et surtout le moment d’une assemblée générale décisive pour la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Ohé du Bateau, qui a racheté il y a maintenant presque sept ans la mythique salle de spectacles de la rue Edouard-Vaillant. « Nous sommes dans une urgence joyeuse », précise Franck Mouget, aujourd’hui en charge de la coordination générale et du développement coopératif.

Les moussaillons doivent en effet faire face aux réalités. D’un côté, la salle a ouvert ses portes à 24 000 spectateurs entre janvier et décembre 2022, avec 350 spectacles accueillis. Une vraie réussite, avec un Bateau de nouveau ancré dans les habitudes tourangelles, y compris auprès des générations qui n’avaient pas connu l’ancienne version du lieu.

Mais côté finances, le compte n’y est pas : « On a plus de 200 000 € de pertes, car l’emploi artistique et technique a un coût important », explique Franck Mouget. La voie d’eau n’est pas irréparable, à condition que tous les matelots soient sur le pont (on vous avait prévenus pour les jeux de mots !). Kevin Turpeau, chargé de communication, ajoute que « avec cette première année à un rythme normal, on a testé les possibles. On a exploré au fur et à mesure.

Mais on ne pourra pas envoyer beaucoup plus de bois : il faut que chacun, bénévole, sociétaire, habitant, vienne prendre part au rêve ! Le débat n’est pas que culturel, il est citoyen, car c’est une vraie démarche coopérative, qui touche au vivre-ensemble ».

Les rouages de la machine

Ni association, ni MJC, ni entreprise lambda, le Bateau Ivre est bien une coopérative. Dans ses statuts, et dans son fonctionnement. « La démocratie permanente, au quotidien, même si ce n’est pas toujours simple ! », commente en souriant Franck Mouget.

En plus d’un Conseil d’Administration de dix-huit membres, la SCIC fonctionne ainsi avec six « chaloupes » : des groupes de sociétaires qui se réunissent régulièrement pour faire avancer des dossiers variés. Communication, bar, administration, programmation, travaux, vie de la coopérative, à chaque chaloupe sa spécialité !

Cet engagement bénévole vient ainsi épauler le travail de « l’équipage », les huit salariés présents au quotidien en salle des machines (et hop, un jeu de mots de plus, qui ne marche que si le Bateau est un paquebot).

Pour sortir de la galère financière, qu’on espère passagère, les chaloupes et les salariés réfléchissent à plusieurs options. Réduire le nombre de soirs d’ouverture ; arrêter ou limiter les soirées à prix libre aux recettes souvent insuffisantes ; encourager la location de salle ou en modifier les tarifs… « Il est temps de partager avec les sociétaires, pour trouver ensemble une solution ! », s’exclame Franck Mouget.

Et ça tombe bien, puisque ce weekend aura donc lieu l’AG, l’assemblée générale de la SCIC Ohé du Bateau. Sur les 2 000 sociétaires actuels, il en faudra au moins 300 présents (ou représentés par procuration) pour valider les décisions qui y seront prises dimanche après-midi.

Et hors de question de baisser pavillon ou de faire grise mine, puisque cette assemblée générale sera aussi l’occasion d’évoquer une ligne d’horizon pleine de belles nouvelles ! Le Bateau s’installera en effet au Foudre de la Guinguette de Tours avec sa propre programmation pour onze semaines cet été, et les travaux sont imminents pour réhabiliter le balcon afin d’accueillir 150 spectateurs supplémentaires dès la rentrée ! Alors, prêts à monter à bord ?

Maud Martinez / (Photos Alain Bregeon / Bateau Ivre)

Retrouvez notre numéro spécial saison culturelle 2021-2022

Comme chaque année, tmv fait paraître un numéro spécial qui retrace la saison culturelle qui vous attend à Tours et son agglo.

« Pas simple… Pas simple de concocter un agenda de la saison culturelle à venir par les temps qui courent. Encore moins simple de la monter ladite saison. Même un “ simple ” spectacle, quand il parvient à se tenir normalement, tient du miraculé. » Voilà ce que nous écrivions, l’an dernier, à la même date, lors de la parution de notre habituel numéro spécial saison culturelle.

365 jours plus tard, nous y revoilà. Le monde de la culture a souffert, terriblement souffert – comme bien d’autres – en raison de ce gros vilain pas beau (on parle d’un certain monsieur Covid) et des tas de restrictions engendrées. Tel le roseau, il a plié. Mais n’a pas rompu. Oh non, loin de là même : les acteurs et actrices du monde culturel reviennent plus forts que jamais. Avec l’envie de défendre leurs couleurs et leurs programmations, leur motivation à toute épreuve et le désir, encore plus grand, de vous proposer, à vous public, une saison 2021-2022 riche et grandiose.

Vous vous en apercevrez en feuilletant ce numéro 390 de tmv, où sont consignés les spectacles et moments à venir. Théâtre, danse, concerts, expos, one-man shows et bien d’autres… Ces quarante pages racontent la saison culturelle qui s’offre à vous ; un agenda forcément non exhaustif mais qui vous donnera un aperçu de ce qui vous attend.

Précipitez-vous dans les salles et dans ces lieux qui font du bien à la tête et au cœur. Parce que cette année plus que jamais, il faudra faire (re)vivre la culture. Et surtout ne pas la laisser tomber.

Téléchargez notre numéro spécial saison culturelle 2021-2022 ICI !


> NB : Malgré le soin apporté à ce numéro, il est évident que tout reste encore soumis aux évolutions de la situation sanitaire et que des modifications sont toujours possibles au cours de l’année.

 

Les Inouïs du Printemps de Bourges : place aux jeunes talents

Eh oui : le Printemps a bien eu lieu du 16 au 18 septembre. Certes dans une forme différente, mais en préservant son ADN, celui de la découvertes et la propulsion de jeunes talents. On y était et on vous raconte.

Pas de rendez-vous annuel en avril dernier, évidemment…. Mais le festival de Bourges a réduit sa programmation et son format les 16, 17 et 18 septembre pour dénicher de nouveaux talents/

Ils étaient donc une trentaine à se produire devant un beau parterre de professionnels et un jury présidé par Flavien Berger. Le Prix du Printemps est revenu à la chanteuse d’origine australienne Merryn Jeann avec sa pop éthérée et son folk diaphane.

Le Prix du Jury a été attribué à la rappeuse Leys et le Prix du public au groupe pop The Doug. On notera de notre côté l’impressionnante prestation des tourangeaux de Stuffed Foxes (retrouvez notre précédente interview ici)  pour un set tout en puissance, mais aussi l’impeccable concert et les chansons bien troussées de Terrier, la classe du pop-rock de Parade.

Notre coup de cœur ira sans conteste à la prestation de Khadyak. Seule sur scène dans une choré incroyable et un rythme d’enfer, la jeune Parisienne nous a littéralement bluffés, avec des textes très forts et une assurance incroyable.

Au final, un plateau au niveau très relevé et beaucoup de grain à moudre pour les programmateurs, tourneurs, maisons de disques, éditeurs… présents en nombre à cette édition 2020. On ne pourra que constater comment ce moment sous le soleil et la bonne humeur générale, malgré des concerts assis et un protocole sanitaire strict parfaitement en place, fut important pour toute une profession à l’arrêt… et pour tous ces jeunes artistes qui ont vraiment tout donné.

Et bonne nouvelle : il y aura bien un Printemps de Bourges 2021 du 4 au 9 mai. A vos agendas !

Live report : Hervé Bourit

 

Bruissements d’Elles : la création féminine se sent pousser des « elles »

Bruissements d’Elles, le festival dédié à la création au féminin, revient ! Au menu ? Événements, expos, rencontres et films dans une dizaine de lieux culturels de Touraine. Rendez-vous du 4 au 25 mars.

POUR LA PETITE HISTOIRE

Et si on remontait le temps ? Retour en 1998. Outre-Atlantique, Les Monologues du Vagin, la pièce écrite par Eve Ensler, s’apprête à conquérir le monde. Pilier du féminisme, cette création impertinente, maline, drôle et sérieuse, donne enfin la parole aux femmes. Et à leur vagin, mot ridiculement tabou depuis des lustres. Le succès est fulgurant. La France succombera également au charme.

Et alors que la pièce secoue la planète, la Touraine bruisse d’un vent de liberté : la création au féminin, elle se retrouvera incarnée dans la foulée par Bruissements d’elles, un festival « né du désir d’affirmation et d’émancipation des femmes œuvrant en tous secteurs de la création ». Plusieurs villes se réunissent autour d’une programmation qui veut mettre en valeur l’histoire des femmes, à travers la musique, la danse, l’humour ou encore le théâtre.
Deux mots d’ordre : qualité et variété. Au service d’un festival féministe (aussi) et féminin (beaucoup).

Vingt-et-une bougies

Cette année, Bruissements d’elles célèbre donc sa 21e édition. Côté organisation, on espère de nouveau un succès : « C’était quasi-complet l’an dernier. Là, nous attendons plus de 4 000 personnes, voire un peu plus, se réjouit Cécile Dujardin, du Point Cédille pour la coordination de la communication. Bruissements d’Elles est devenu un label. Nous n’avons que de très bons retours. Et maintenant, les gens n’hésitent pas à assister à plusieurs spectacles. »

On ne change pas une équipe qui gagne, on continue sur le même principe : chaque structure choisit sa programmation, avec en ligne de mire, faire entendre les femmes artistes. Le tout dans 15 lieux culturels tourangeaux, à travers 10 spectacles, 6 concerts, 4 expositions et 3 séances de cinéma.

Spectacles et théâtre : doublé gagnant

Le choix est cornélien parmi tous les spectacles prévus !

-Le cœur de la rédac’ penche d’abord pour « Nous sommes les petites filles des sorcières que vous n’avez pas pu brûler ! ». Derrière ce titre aux allures de poing levé, l’auteure Christine Delmotte retrace 4 moments-clés de l’Histoire des femmes, des Suffragettes au droit à l’avortement, en passant par la jeune pakistanaise Malala et les Femen ukrainiennes (6 mars à Oésia).

Nous sommes les petites filles des sorcières… (Photo Lara Bongaerts)

-Impossible également de résister à « Un coeur simple » : acclamée par la critique, la pièce de théâtre emmenée par Isabelle Andréani investira les planches de l’Escale, à Saint-Cyr (13 mars). Tirée de Trois Contes, cette nouvelle de Flaubert redessine les relations sociales codées du XIXe siècle, via la figure de la servante Félicité.

Concerts : notre top 3

Dur, dur de choisir parmi les 10 concerts prévus à Bruissements d’elles.
-Mais difficile toutefois de ne pas mettre en lumière Pauline Dupuy qui sera sur la scène de la Grange de Luynes pour Contrebrassens, revisitant avec sa contrebasse les chansons autour des femmes écrites par l’immense Brassens (6 mars).

-En second, plaçons la venue de Suzane à La Parenthèse de Ballan-Miré (14 mars). Nominée aux Victoires de la musique 2020, la « conteuse d’histoires vraies sur fond d’électro », ainsi qu’elle se définit, devrait faire salle comble.

Mayra Andrade (Photo © Ojoz)

-Enfin, coup de cœur pour Mayra Andrade : c’est l’Espace Malraux qui accueillera la chanteuse capverdienne et son énergie solaire, le temps d’un concert à Joué-lès-Tours (24 mars).

Expos : la preuve par 4

Bruissements d’elles accueillera quatre artistes qui exposeront durant le mois : la peintre Cathy Belle avec ses « Fragments d’elle » à Azay (du 29 février au 21 mars) ; Olivia Rolde et ses peintures tantôt verdoyantes, tantôt brûlantes à La Riche (du 6 au 28 mars) ; la Tourangelle Gil KD et ses superbes oeuvres baignant dans la culture urbaine (du 14 mars au 12 avril à Langeais – voir photo) et la plasticienne et scénographe Danielle Marchal à Luynes (du 11 au 28 mars). Toutes les expos sont gratuites !

Gil KD

Cinéma : Gloire à Agnès Varda

Quoi de mieux, côté cinéma, de rendre hommage à la grande Agnès Varda ? Un an après sa mort, Bruissements d’elles tournera ses thématiques autour des films de cette documentariste accomplie punkette dans l’âme (et dans la coupe de cheveux!). L’ombre de Varda la militante féministe planera au-dessus de La Pléiade avec Visages, Villages (10 mars), de La Grande avec Jacquot de Nantes (12 mars) et à Langeais avec Les Plages d’Agnès (17 mars).

Aurélien Germain

> Du 4 au 25 mars, dans 15 lieux culturels de Tours et son agglo.
> Programme complet, tarifs et billetterie en ligne sur bruissementsdelles.fr > À suivre également : « Festival Bruissements d’elles » sur Facebook

Spooky Poppies au service du blues rock

Les Tourangeaux de Spooky Poppies sont bien décidés à remuer les terres blues rock des environs. Montez le son, on fait les présentations.

Le groupe tourangeau Spooky Poppies (Photo Pascal Vallee)

C’est dans la nuit que Spooky Poppies a vu le jour. Des soirées enveloppées d’effluves de bière ; des soirs passés sous les notes de Led Zep’, King Gizzard ou des Doors. Aux manettes, Elise et Samuel. Débarquant tout droit de Rochefort-sur-Mer et Clermont-Ferrand, ces deux passionnés arrivent à Tours il y a 5 ans.

De suite, c’est l’alchimie musicale. Le « truc qui fait que ». Paul et Sébastien les rejoignent plus tard, le premier à la basse, l’autre à la batterie. Spooky Poppies a son ossature, c’est un corps complet. Ici, pas de dictateur qui mène le groupe à la baguette. « Au début, j’amenais une ligne de chant tandis que Sam ramenait un riff de guitare, sourit Elise. Mais maintenant, on compose tous ensemble ! »

Un « vrai travail de groupe », confirme Sébastien, pour un résultat singulier. La colonne vertébrale de Spooky Poppies est le blues. Un blues qu’il trempe allègrement dans la marmite du rock. Côté influences, on ressent l’esprit d’un Cream, d’un Free… Et pas mal de Blues Pills, ce qui se sent notamment dans la voix rocailleuse et le timbre d’Elise. « Mais on refuse de rester enfermés dans une case. On se revendique iconoclastes, on ne s’interdit rien », précise bien Samuel.

La sauce a pris. Le groupe s’est retrouvé propulsé au Tremplin Voice of Hell du Hellfest, terminant dans les 10 finalistes. De quoi dégoter un contrat de distribution avec Wiseband et faire son chemin. Jusqu’à fouler, l’été dernier, une des petites scènes de… l’American Tours festival ! « On avait plutôt l’habitude de jouer dans des bars, se marre Elise. Là, autant dire que c’était complètement dingue ! »

Désormais, Spooky Poppies se concentre sur son premier EP, prévu pour novembre. Leur campagne de financement participatif devrait les aider à finaliser la bête. Pour ensuite « enchaîner les concerts », comme ils espèrent. Et ainsi pouvoir propager la bonne parole, celle du rock, celle du blues.

Textes : Aurélien Germain
Photos : Pascal Vallee


> OÙ LES TROUVER ET LES AIDER

-Concernant la campagne de financement participatif pour leur EP : fr.ulule.com/ep-spooky-poppies (vous avez jusqu’à la fin du mois d’octobre)
-Pour suivre le groupe, outre à leur QG La Cabane(!) : facebook.com/spooky.poppies

Let’s Co, le collectif qui veut réveiller le patrimoine

Urbanisme transitoire ? Un terme sociologique barbare qui cache des projets créatifs. Le collectif Let’s Co initie le mouvement à Tours. Trois questions à Clément Pierre, son président.

Qui se cache derrière le collectif Let’s Co ?
J’ai lancé le projet dans le cadre de Pépite (Pôle Etudiant Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entreprenariat de l’université) et l’association compte une vingtaine d’adhérents. Nous avons constaté qu’il y avait de moins en moins d’endroits pour se rencontrer et partager ses savoir-faire.
Parallèlement, nous avons découvert des lieux atypiques, porteurs d’histoires, qui sont vacants parfois pendant des années. Avec Let’s Co, nous voulons les occuper pour animer les quartiers. Nous avons rencontré des jeunes mais aussi des retraités très intéressés par l’idée. Tours a la chance d’avoir la Guinguette l’été mais nous sommes persuadés que notre métropole a un potentiel énorme et que l’on peut aller plus loin.

Par quel biais ?
En initiant des moments culturels et d’échange d’expériences, c’est-à-dire en proposant des ateliers, des conférences, des concerts, des expos mais aussi des ateliers d’artistes ou des bureaux partagés, pour une journée ou plusieurs mois, selon la taille et la disponibilité du lieu. C’est ce qu’on appelle l’urbanisme transitoire.
Dans la même démarche, Let’s Co a répondu à l’appel à projet de la Ville de Tours pour investir le site du Plat d’Étain, qui répond complètement à notre objectif : investir des lieux vacants et y réunir les différents acteurs, les habitants, les collectivités locales, les associations mais aussi les promoteurs immobiliers. C’est triste de laisser sept hectares vides en pleine ville !

Comment est née l’idée d’investir le manoir de la Tour, à Saint-Cyr pour votre première expérience ?
Notre association est domiciliée à Saint-Cyr. Nous avons donc contacté la mairie pour faire connaître notre démarche. Ils nous ont fait confiance et nous ont proposé le manoir.
Les adhérents ont préparé la programmation et vont installer l’endroit pour une journée. C’est notre grande première mais elle réunit nos trois axes : culturel, avec une expo du collectif Park des étudiants des Beaux-Art de Tours et des concerts d’artistes locaux, l’échange d’expérience, Lucie, la blogueuse nantaise de Mes Petits instants qui animera des ateliers DIY pour fabriquer ses pastilles vaisselle ou sa pierre d’argile, et le savoir-faire local avec des ateliers dégustation de vin proposés par le VAN.

PRATIQUE
> Samedi 18 mai, de 11 h à 21 h, au Manoir de la Tour, 26 rue Victor Hugo, à Saint-Cyr-sur-Loire. Entrée gratuite. Ateliers, buvette, food-truck
> Concerts : 14 h 30 – 15 h 30 : The Hightimes (en mode Duo Blues) ; 16 h – 17 h 30 : DJ Christophe Classic Discofunk (Disco Funk) ; 18 h – 20 h : DJ P.93 & Voks de Muse et Ruse (House Oriental)
> Toutes les infos sur la page Facebook : facebook.com/assoletsco

Nouveau visage pour le Palais des sports

Une plus grande capacité et même la possibilité d’accueillir des spectacles : le Palais des sports entame sa mue.

(Photo NR Julien Pruvost)
(Photo NR Julien Pruvost)

C’est un lifting, et pas des moindres, que connaîtra le Palais des sports de Tours !

Lors de l’inauguration publique de la rénovation de la salle Grenon, le maire Christophe Bouchet a annoncé la transformation et l’agrandissement du bâtiment pour un coût de 30 millions d’euros. Cet investissement permettra de créer un complexe de 6 000 à 7 000 places utilisables également… pour les concerts et spectacles !
« C’est une jauge qui nous manquait sur le territoire », a souligné Christophe Bouchet.

C’est donc une augmentation significative de la capacité d’accueil de la salle Grenon et qui désormais s’ouvre en configuration autre que sportive. Cette modernisation, qui intervient dans le cadre de la « reconstruction » du quartier du Sanitas, permettra également de nouvelles fonctionnalités pour la salle.

Le début des travaux est prévu début 2020. Le résultat devrait être visible d’ici à septembre 2023.

It It Anita: « J’espère qu’on aura l’occasion de tourner un peu plus en France. »

Ne leur demandez pas pourquoi ils s’appellent comme ça. Ils ont tout un tas d’histoires à raconter autour du nom du groupe. Surtout, ils veulent laisser planer le mystère. Leur single Another canceled mission est sorti au mois d’avril. L’album, lui, est prévu pour le mois d’août.

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Au départ, It it Anita ce sont deux membres, Damien et Mike. Comment on passe d’un duo à un groupe ? 

Damien. Au début, il n’y avait même pas de chant. On était parti sur quelque chose de plus instrumental genre post rock. On ne savait pas trop où on allait. Puis il fallait faire un concert. On avait des bribes de morceaux. On a répété à deux avec une section rythmique. C’est là que les morceaux ont commencé à prendre forme. Le bassiste et le batteur ont amené leurs influences math rock et rock. Au fur et à mesure, le groupe s’est construit avec des nouveaux membres. Tout comme là, depuis que Bryan [batterie] et Elliot [basse] sont dans le groupe, il y a un côté encore plus dur qu’avant. 

J’ai l’impression que vous ne tardez pas entre deux EP. C’est dû à quoi ? Il y a une sorte d’urgence comme dans vos morceaux ? 

Mike. On fonctionne souvent à l’instinct, en faisant sûrement des erreurs mais bon…

D. Et puis on était un peu visionnaire. On sentait, déjà à cette époque, que l’industrie changeait et qu’il fallait avoir une actualité un peu constante pour exister. Surtout quand on était personne comme nous. Quand on est un groupe qui n’a pas vraiment de visibilité sur les grands médias, il faut toujours balancer de nouvelles choses. On a eu cette discussion dès le départ. On s’est dit qu’il fallait faire des albums plus courts mais plus réguliers.

M. Et puis ça revient moins cher de faire un EP plutôt qu’un album où tu es pendant trois mois en studio.

Vous sortez un album en août, deux ans après la sortie de votre dernier EP. Vous vous êtes plus investis dedans ? 

D. C’est plus pour des raisons stratégiques. En réalité, il était prévu pour octobre dernier. On devait sortir le premier single en juin dernier pour annoncer l’album qui allait suivre en octobre. Finalement, on a trouvé un label, Vicious Circle. En discutant avec eux, on s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas le sortir si vite. Ce ne sont que des questions de stratégie, mais l’album est prêt depuis janvier.

Vous avez créé votre label il y a un peu plus de deux ans. Pourtant, aujourd’hui, vous sortez votre album sur un autre label. Pourquoi ? 

D. Au départ, la volonté de notre label, c’était de sortir notre EP Recorded by John Agnello. On avait cherché des labels qui finalement étaient un peu intéressés, mais cela ne rentrait pas dans leur planning annuel. On a créé notre propre label, mais ça reste un petit label indépendant. Il a seulement deux ans. Forcément, il n’a pas la même force de frappe qu’un label qui existe depuis vingt ou trente ans. Le fait d’avoir eu cette chance de bosser avec eux, ça nous permet aussi d’être un peu plus ancrés en France. Le fait d’avoir un label français qui a cette aura et cette importance va nous permettre d’asseoir un peu plus le groupe en France.

M. Ce qui était dur, et ce qui l’est encore je crois, c’est qu’on fait un peu une musique de niche. On est dans un petit pays, une petite région donc ce n’est pas facile. Il n’y a pas beaucoup de lieux où jouer. C’est une grosse différence avec la France je crois. Ici, tu peux faire de la musique un peu plus particulière et plus pointue, mais avoir quand même des centaines de lieux où jouer. J’espère qu’on aura l’occasion de tourner un peu plus en France.

VSSVD: « Le rap est la descendance de la chanson française »

Leur groupe s’écrit VSSVD mais prononcez-le Assad, « le lion » en arabe. Qualités littéraires et influences jazzy font de ce quintet de hip-hop acoustique une pause poétique. Présent au festival Aucard de Tours, tmv est allé à leur rencontre.

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Écrire des textes en français était important pour vous ? 

Vincent. Je suis issu d’une famille de la chanson française. Mon père est chanteur depuis plus de cinquante ans. Mon grand frère a accompagné, pendant très longtemps, Loïc Lantoine qui a été une figure de proue de la scène française. J’ai été éduqué à coup de chanson française. Pour moi, le rap est la descendance de la chanson française. Avec Romain, le pianiste, on avait la volonté d’accompagner un rappeur sur des textes en français. Je connaissais Alex [Bash] depuis longtemps, je savais qu’il avait une grande culture hip-hop. On lui a proposé d’écrire des textes et on a découvert une petite pépite.

Tu as fait des études littéraires ? 

Bash. J’ai toujours aimé écrire. Quand j’étais plus jeune, j’avais mon petit blog de poèmes. Ma mère écoutait énormément de Brassens. Après, cette écriture est venue aussi parce que Vincent m’a poussé. Au début, je ne pensais pas pouvoir réellement le faire. Je ne pensais pas en avoir l’envie. Je ne pensais pas aimer ça. Petit à petit, je me suis aperçu que ça me faisait du bien, que ça m’amusait pas mal aussi et que j’étais bon à ça.

Tu parlais de Brassens, dans votre deuxième EP, Hypertendresse, il y a le morceau La complainte du pornographe. C’est un clin d’œil à la chanson Le pornographe de Brassens ? 

B. Tout à fait. Il y a pas mal de clins d’œil à des artistes de la chanson française dans mes textes.

V. D’ailleurs, il y a une punchline de Bash qui dit « Nous, c’est Brassens qu’on aime alors embrasse-les tous ». C’est une chanson de Brassens.  Sur votre EP, une chanson interpelle : Chatila. Elle fait référence au massacre de Chatila.

C’est un morceau très dur. Pourquoi écrire sur un tel sujet ? 

B. Le film Valse avec Bachir m’a pas mal retourné. C’est une situation qui est complexe, tendue, violente. Pourtant, il y a une beauté et une poésie qui se dégage de tout ça. Je trouvais le film poétique, esthétique. J’ai tiré cette poésie du film pour en faire un morceau. Ce qui est compliqué, c’est de rendre poétique l’horreur de la situation. Et puis, globalement, je suis assez fasciné par le Liban. Historiquement, c’est un pays qui a énormément mélangé les communautés. Pour moi, un des défis du XXIe siècle est de pouvoir vivre ensemble, entre communautés.

V. Après, musicalement, on ne veut pas se revendiquer comme un groupe engagé. Ce morceau raconte juste un drame.

Vous pourriez faire des morceaux politiques ? 

V. Entre nous, on discute beaucoup de politique, mais ça ne va pas être un des critères artistiques d’Assad. On ne s’interdit pas un jour de le faire, mais pour l’instant, ce n’est pas notre objectif. Il y en a qui le font très bien, il y en a qui le font très mal. Quand c’est mal fait, c’est souvent très maladroit. On n’a pas envie de prendre ce risque là.

B. À chaque fois, on essaie de raconter une nouvelle histoire. Si on a de la poésie à tirer de tout ça, on le fait. Mais on n’a pas réellement de démarche politique. On est plus poétique que politique.

Concrete Knives : « La musique est devenue notre métier »

Ce n’est pas la cheville fracturée de Nicolas Delahaye, guitariste et chanteur de Concrete Knives, au côté de Morgane Colas, qui a empêché le groupe de monter sur la scène d’Aucard. En 2018, ils reviennent avec Our Hearts et un style toujours reconnaissable. 

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Cinq ans séparent votre premier album du second, pourquoi tant de temps ? 

Nicolas Delahaye. On est très très lent en règle générale. Mais ce n’est pas un défaut en soi. On a la liberté de faire un peu ce qu’on veut sur nos disques. On jette énormément de choses.

Morgane Colas. On ne garde que le meilleur.

N. D. Les gens attendent des choses régulières. Les normes, c’est un album tous les deux ans. Et puis je pense qu’on en avait aussi plein le cul. On a tourné trois ans non-stop. C’était éreintant. 

Il vous fallait prendre du recul. Comment expliquez-vous votre ascension ?

N. D. Avant d’aller jouer aux Trans Musicales, on avait que des démos. Le concert a été super. D’un seul coup, la musique est devenue notre métier. Ça a fait boule de neige. Les gens ont commencé à parler de nous. De fil en aiguille, il y a eu de gros festivals en 2011. On est allé à Montréal et on a rencontré le label anglais. Ça s’est enchaîné tellement vite… On enregistrait, on tournait, on enregistrait, on tournait… Ça a été dur.

Vous n’avez jamais frôlé le burn-out ?

Concrete Knives : Oh si !

M. C. On est tous devenu un peu fou. 

N. D. Ça a laissé des séquelles. 

M. C. La vie de tournée est particulière. Tu n’es jamais chez toi, tu n’as plus trop de repères. A la fin, tu ne sais plus qui tu es. 

Une de vos musiques de votre premier EP a été utilisée dans une publicité. Vous avez fait des morceaux pour le film Les Profs 2. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

M. C. Quand on joue « Brand New Start » en concert, certains reconnaissent. Mais je crois que les gens qui écoutent notre musique sont issus d’une génération qui ne regarde pas beaucoup la télévision. Pour ce qui est de la bande originale du film Les Prof 2, c’était vraiment une expérience à part. Cela nous a permis, pendant ces cinq ans, de se retrouver autour d’un projet sans prise de tête.

N. D. A ce moment-là, on était au cœur de l’écriture et de la composition de l’album qui était très complexe.

M. C. Quand on te commande quelque chose, il y a moins d’enjeux personnels et artistiques. Et puis ça rapporte de l’argent. Cela nous permet d’être producteur de notre musique. L’argent qu’on a récupéré, on l’a gardé pour les projets du groupe. Quand tu es un groupe indépendant, financièrement, la vie de musicien est très difficile. Tu ne vas pas dire non à un contrat qui te permet de continuer de faire de la musique.

Vous avez une puissance musicale mais aussi vocale lorsque tout le groupe se met à chanter. C’est presque un hymne que vous proposez. 

N. D. Ce sont les chansons populaires qu’on reprend dans les stades de foot. Dans notre musique, il y a quelque chose de très direct et spontané. Très peu de mots très peu de choses. Et puis il y a notre énergie qui nous appartient. Les gens le ressentent.

Chanter en anglais s’est tout de suite imposé à vous ? 

N. D. Je ne dis pas que je sais bien écrire en anglais mais une chose est sûre, je ne sais pas écrire en français. Je peux t’écrire trois phrases avec des rimes, mais les mettre en musique, je n’y arriverai pas.

M. C. Je ne suis pas d’accord avec toi, on a fait des choses genre « Anorak »…(rires) Non mais franchement, je suis sure que tu es capable d’écrire en français.

N. D. Ça ne m’intéresse pas. Je pense aussi que c’est par pudeur. C’est facile de se déguiser derrière l’anglais. J’ai vécu à travers le poids du français qui était très important. Dans mon histoire, elle est très forte. Dans ma famille, on fait très peu de fautes d’orthographe. La langue est quelque chose de précieux. C’est une forme de distinction. C’est peut-être pour ça que je n’y touche pas. Peut-être par crainte. Quand on a commencé, on faisait partie de cet élan de groupes européens qui chantaient en anglais. Maintenant, les choses ont changé. Artistiquement, musicalement, les gens se replient sur leur culture. À l’époque c’était différent. Je n’ai pas envie d’être nostalgique ou quoi que ce soit mais on était fier d’être français, de chanter en anglais et de tourner à l’étranger.

Thé Vanille : « Ce n’est pas juste une aventure musicale »

Qu’on ne s’y trompe pas, écouter Thé Vanille à l’heure du tea time, c’est un coup à s’ébouillanter. Le groupe tourangeau propose une plongée dans un monde parallèle où folie et maîtrise musicale sont les reines du jeu.

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Vous n’avez pas vraiment l’air de carburer à la théine pour un groupe qui s’appelle Thé Vanille ?

Valentin. On boit que de l’eau, on est des gens assez sains. (rires)

Théo. Thé Vanille c’est un peu comme « Ceci n’est pas une pipe » de Magritte. Ou encore la pochette de l’album « Contra » du groupe Vampire Weekend où il y a la photo d’une jeune fille alors que le groupe est composé que de mecs. Avec Thé Vanille, il y avait aussi cette volonté. Cela renvoie à quelque chose de léger qui est loin de ce qu’on fait réellement.

Valentin. A côté de ce groupe, on avait des projets musicaux qui étaient doux et dark. Avec Thé Vanille, il y a l’idée du côté sucré. On avait envie de faire quelque chose de plus ensoleillé, plus enjoué, énergique. Et puis il y a nos histoires. Nos personnages se sont rencontrés au petit-déjeuner, dans un motel. Nous nous sommes tous retrouvés autour d’un thé vanille. C’est autour de ce thé qu’il y a eu la fondation du groupe. 

Tu parles d’histoire, de personnages, vous vous êtes construit une sorte d’imaginaire autour de Thé Vanille ? 

Nastasia. Une mythologie. Une mythologie qu’on continue à écrire. Ces histoires sont notre principale source d’imagination. On ne voulait pas juste proposer un groupe de musique lambda qui fait du pop rock. On voulait proposer une aventure que les gens pouvaient partager avec nous. 

T. Ce n’est pas juste une aventure musicale. On a d’autres médium. On a fait ça un peu à la manière de Gorillaz. C’est un peu notre carburant à nous cette mythologie. 

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Vous avez créé le groupe en 2016. Vous vous êtes rapidement fait remarquer. 

N. Ça fait deux ans que le groupe existe, mais en réalité, on fait tous parti du monde musical tourangeau depuis un moment. On a tous eu des projets annexes. On ne sort pas de nulle part. Ça nous a permis d’être localement rapidement identifiés par les professionnels. 

T. C’est aussi grâce à notre investissement. C’est la réunion de trois têtes pensantes, motivées à 100 % par le même objectif : développer un groupe de musique. Tout était dans nos têtes. On savait dans quel ordre faire les choses. Dès le début, on a beaucoup bossé. Le set s’est fait en 3 mois et directement après, on a commencé à faire des concerts. On se voyait quatre ou cinq jours dans la semaine pour répéter. 

Qu’est-ce qui fait que le public a tout de suite adhéré ?

V. L’objectif de ce projet était de faire du live et de le faire bien. Cet engouement est aussi dû au fait que sur scène, on donne tout. C’est aussi ça que les gens retiennent. Peut-être même plus qu’autre chose. Sur Internet, on a juste un petit EP et deux trois titres. Ce n’est pas comme si on avait sorti un énorme album qui avait fait un carton. Pour l’instant, les personnes qui viennent nous voir viennent voir des choses qu’ils ont vues sur scène.

Vous avez sorti votre EP Motel Vanilla en 2017. De nouveaux projets ? 

T. On a de nouvelles compos. On espère que quelque chose sortira en 2019, mais un de nos mots d’ordre est « pas de précipitation ». On a envie que ça dure. L’idée, c’est d’aller chercher un public, de le fidéliser et de faire durer l’histoire le temps qu’elle devra durer. 

Girls in Hawaii : « Nous avons une certaine forme de pudeur »

Après quinze ans d’existence et seulement quatre albums, le groupe belge Girls in Hawaii revient avec Nocturne. On les a rencontrés avant leur passage à Aucard.

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Votre premier album est clairement influencé par plusieurs groupes comme Radiohead ou les Pixies. C’était une manière de se rassurer ? 

Antoine Wielemans. Pas vraiment. Pour nous, c’était un hommage. On écrivait à deux. On avait des influences différentes. Alors ça donne une espèce de salade folle musicale. Sur les albums qui ont suivi, on a fait plus attention. On a développé quelque chose, un truc qui nous est propre.

D’un album à l’autre, on a l’impression de redécouvrir le groupe. Vous mettez du temps entre deux disques. C’est un temps qui vous est nécessaire pour vous réinventer ? 

A.W. Certains remarquent qu’ils sont différents, heureusement. D’autres disent que c’est toujours du Girls in Hawaii. On a toujours mis beaucoup de temps entre nos disques. Les albums représentent des périodes différentes de nos vies. Quand tu passes de 25 ans à 30 ans et de 30 ans à 35 ans, dans la vie, tu vis des choses différentes. Musicalement aussi. C’est aussi l’ambition de ne pas se répéter. Quand tu travailles pendant trois ans sur la réalisation d’un disque, que tu tournes pendant deux ans, tu es un peu gavé. Ce dont tu as le plus envie, c’est de faire quelque chose d’autre. Naturellement, tu essaies de te diriger vers quelque chose que tu n’as pas encore fait.

Avec cet album, on vous sent plus calmes, plus apaisés peut-être ? 

W.Le deuxième album a été compliqué à faire parce que le premier disque avait marché. Vouloir réitérer l’exploit met la pression. Il y a eu de grands moments de tension et de stress. Ces dernières années, on a simplement refusé que la musique puisse être un monde pénible. On avait vraiment souffert de la transformation du monde magique de la musique. Après le décès de Denis [NDLR: Denis Wielemans, batteur du groupe est décédé dans un accident de voiture en 2010], il y a eu une vraie fracture. Il a fallu opérer un vrai recommencement. Il faut se dire que ce n’est que de la musique. Il faut avant tout y trouver du plaisir. Tout le processus s’en ressent.

Dans vos textes, vous abordez rarement les choses de manière frontale. Je pense au morceau «  Blue shape » qui fait référence à Aylan, l’enfant retrouvé mort sur une plage turque. Après toutes ces années Girls in Hawaii reste encore pudique ?

A.W. C’est une caractéristique qui nous décrit bien. Nous avons une certaine forme de pudeur. Souvent, on essaie de planquer le sujet. On a toujours été plus basé sur l’aspect mélodique que sur l’aspect sens profond d’un texte. On ne ressent pas non plus une légitimité à parler de sujets complexes de manière très intelligente. Cela nous influence, ça fait partie du monde dans lequel on vit. On ne peut pas s’empêcher d’écrire là-dessus. Et en même temps, on n’a pas une grande vérité à donner aux gens. Notre façon de la traduire a été de créer un morceau qui va avoir une certaine force musicale, une certaine force dans l’émotion.

La musique vous anime, mais on a également le sentiment que l’art et le visuel ont une grande place dans votre musique. Que ce soit votre pochette de disque ou votre clip sur le morceau « Indifference »…

A.W. Pour nous, ce ne sont pas des sphères séparées. Dès le début, on travaillait avec un ami photographe. Il faisait en permanence partie du processus. Une pochette de disque vraiment très travaillée, ça donne envie aux gens de découvrir notre univers, de le comprendre. C’étaientt presque des œuvres en soi. Cela se prolongeait dans les clips, mais aussi dans les projections de film qu’on faisait pendant nos concerts. Tout était un peu mêlé. À un moment, on est un peu tombé dans les travers. Le visuel prenait trop de place. On se planquait derrière. Beaucoup de personnes nous disaient qu’ils voulaient davantage nous voir en train de jouer. À un moment, on a un peu plus assumé l’idée d’être un vrai groupe de musique.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=_Nngrup5jSc[/youtube]

Stand High Patrol: « L’expérimentation fait partie de notre démarche »

En 2017, Stand High Patrol publiait l’album The Shift, hommage au hip-hop des années 90. Le groupe puise son inspiration partout. Ce mélange des genres provoque un son unique qui leur a permis de s’imposer dans le milieu du dub.

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Vous avez une palette musicale extrêmement large. Ce que vous proposez est un style qui vous est propre ?

Rootystep. C’est ce que nous essayons de faire. Si on nous le dit, on est plutôt content. On s’influence de divers styles musicaux et on en propose quelque chose de différent.

Mac Gyver. Avec Rootystep, on s’est rencontré au lycée. On était tous les deux mélomanes. Le peu que je connaissais du reggae ne m’avait pas emballé. J’étais plus hip-hop et musique électronique. Rootystep m’a fait découvrir le sound system, un autre pan du reggae assez différent des groupes qui jouent sur scène. Après, on écoute de tout. On ne s’arrête jamais d’écouter de la musique. La musique qu’on fait est perpétuellement influencée.

Parmi toutes vos influences, il y a aussi le jazz. Cela a pu en surprendre voire en dérouter plus d’un. Le jazz coïncide avec ton arrivée Merry ? Comment s’est faite cette collaboration ?

Merry. Avec Mac Gyver, on se connaissait depuis quelques années. Au début, les sonorités de Stand High Patrol étaient plus électroniques, dub digital. Puis ils ont commencé à utiliser de plus en plus de samples de batterie jazz. Pour le deuxième album, ils pensaient déjà à faire intervenir un cuivre. Depuis quatre ans, je suis tout le temps avec eux.

M.G. Petit à petit, Pupajim [le chanteur du groupe] a eu un penchant pour le jazz. Écouter du jazz était devenu son obsession. Avant même de penser à Merry, Pupajim voulait déjà que ce deuxième album soit orienté jazz.

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Est-ce qu’on peut dire que vos albums sont des laboratoires dont vous êtes les chimistes ? On a l’impression qu’avec vos sons, vous expérimentez de nouvelles choses ?

M.G. L’expérimentation fait partie de notre démarche, autant dans les choix d’influences que dans l’équipement que dans les choix des morceaux. Les disques qui sortent dans le commerce, tu peux les écouter où tu veux. Mais à côté de ça, on compose des morceaux uniquement faits pour le live. Il y a des morceaux qu’on va jouer qu’une fois, parce qu’on sait qu’il sonnera bien à fort volume et pas forcément sur un disque. C’est une autre manière d’appréhender la musique. On pense surtout au moment où on va le jouer et pas forcément à comment il va être écouté à la longue. Un sound system a sa propre sono. Le matériel s’adapte au fur et à mesure de l’usage. Le son n’est jamais le même. A cause du matos, on est incapable de rejouer deux fois la même chose. Après, c’est aussi comme ça qu’on aime jouer.

Quand on est un sound system, on a l’habitude de jouer plusieurs heures. Ce système de festival où vous avez une heure de show n’est-il pas un peu frustrant ?

R. On ne va pas dire que c’est frustrant, mais différent.

M. Plus le set est cours, plus on le prépare. On aime bien avoir des sets de deux heures voire trois pour pouvoir montrer notre palette musicale.

M.G. C’est dur de faire voyager les gens en une heure mais d’un autre côté, ça nous permet d’aller directement dans des choses plus efficaces. On n’aime pas avoir des sets formatés. A chaque date, le set est différent. On essaie de se surprendre nous même pour essayer de surprendre le public.

R. On essaie toujours de laisser une place à l’improvisation.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=2OTcDQWKGBo[/youtube]

Moaning: « Nous démarrons notre propre culte »

Avec ses influences post-punk, shoegaze et rock indé, le trio californien Moaning signe un premier album réussi. Tmv a pu les rencontrer hier soir, quelques heures avant leur passage sur la scène d’Aucard.

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Moaning a vu le jour il y a trois ans. Auparavant, vous jouiez dans différents groupes. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Sean Solomon. Avec Pascal, nous nous sommes rencontrés lorsque nous étions ados. Au lycée, nous avons commencé à jouer de la musique ensemble. 

Pascal Stevenson. Dans cette école, nous faisions probablement parti des quelques personnes hors cadre. Nous écoutions de la musique punk, de la musique indépendante. 

S.S. Andrew nous a rejoint plus tard. Nous l’avons croisé sur la scène indé de Los Angeles. Nous avions les mêmes centres d’intérêt, alors nous nous sommes très vite entendus.

Andrew Mackelvie. Je jouais de la batterie dans une église contemporaine.

S.S. L’église nous a réunis (rires) ! Façon de parler… Contrairement à nous, il a eu une éducation religieuse. Plus tu viens d’une famille chrétienne, religieuse, plus tu as envie de te rebeller contre ça. Maintenant nous démarrons notre propre culte. 

Vos paroles sont simples et efficaces. Cela peut parfois contraster avec ta voix un peu sombre. C’est un contraste sur lequel vous jouez ? Vous cherchez à le mettre en avant ? 

S.S. Personnellement, j’ai beaucoup été influencé par un groupe, Microphones, et j’aime les groupes lourds qui ont des paroles douces. C’est compliqué de définir la musique qu’on fait, mais clairement, on joue de ce contraste. 

Et pourquoi prendre Moaning (gémissement) comme nom de groupe ?

Moaning. Ce premier album, c’est surtout le lien entre le plaisir et la souffrance. Comment est-ce que les deux se mélangent ? Nous sommes issus d’une génération où beaucoup de familles ne fonctionnent pas. Des familles sont dissoutes. L’amour peut être mal interprété. Notre nom de scène est venu de l’ambiguïté du terme. Il y a une vraie dualité. On peut gémir de plaisir, mais aussi de souffrance.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=qdNWCgnqeMY[/youtube]


Vous avez fait la première partie du groupe METZ. Comment ça s’est passé ?

M. C’était super. Nous avons fait une tournée de cinq semaines : trois en Europe et deux aux États-Unis. Nous avions déjà fait une tournée avec eux auparavant. Lorsqu’on écoute leur musique, ils ont l’air effrayants, mais en réalité, ce sont de vrais papas. 

Votre premier album, vous l’avez signé dans l’ancien label de Nirvana. Ça ne vous met pas une certaine pression sur les épaules ?

S.S. D’une certaine manière, oui. Après, cela nous donne une certaine légitimité. Et puis cela nous pousse à travailler plus, à être plus sérieux. Nirvana était mon groupe préféré lorsque j’étais enfant. C’est même pour ça que je me suis mis à jouer de la guitare. Maintenant, je me sens épanoui (rires).

Et vos futurs projets ?

M. Nous sommes en train de travailler sur notre prochain album. Ce sera un nouveau concept, un nouveau message. Tout le monde doit se tenir prêt à affronter ça. Il faut que les gens envisagent de rejoindre notre nouveau « mouvement religieux » sur lequel nous donnerons des informations plus tard !

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« Allotropiques est un festival mutant ! »

Jusqu’au 4 février, la deuxième édition du festival Allotropiques se tient dans des lieux inattendus de l’agglo. Des concerts à la Piscine du lac, à la bibliothèque ou encore au Point Haut sont au programme. Marie-Line Calvo, programmatrice enthousiaste du Temps Machine et de Terres du Son, nous en dit plus.

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Quel bilan tirez-vous de la première édition d’Allotropiques, un festival organisé par le Temps Machine ?
Tout s’est fait plutôt rapidement, mais nous sommes satisfaits de la fréquentation. Il y a eu plus de mille personnes sur les deux jours, entre les concerts et les ateliers. Le public a lui aussi été content et surpris de tous ces lieux investis, comme à Mame par exemple. Mais c’était assez difficile pour les spectateurs, puisque plusieurs artistes jouaient en simultané. Cette année, c’est différent, la programmation est plus étalée.

CaptrrureAllotropiques investit des lieux atypiques et inattendus. Pourquoi ?
C’est un festival porté par le Temps Machine qui souhaite s’étendre dans l’agglo et s’implanter. Donc jouer dans différents lieux – un peu partout et pas que sur Tours – est intéressant. D’année en année, nous souhaitons avoir plus de partenaires. C’est un festival mutant qui prend plusieurs formes. Ainsi, les festivaliers connaissent une expérience unique. Allotropiques est un autre terrain de jeu, ce ne sera jamais de la routine. On surprend le public !

C’est un festival encore en rodage ?
Oui, mais on veut vraiment s’implanter. L’important est que les gens viennent, s’éclatent et vivent une expérience.

A-t-il été difficile d’obtenir certains lieux ?
Je pense par exemple à l’Hôtel Goüin ou la Piscine du lac… Bizarrement, cela a été très rapide avec la piscine. Ils étaient enchantés ! Ils sont séduits par l’idée de croiser différents publics. Certains nageront et verront un concert ! Un concert en maillot en fait… (rires) Cela a été assez « sport » à boucler, mais quel soulagement et quel bonheur d’avoir pu investir le maximum d’espaces.

Cela ne risque pas d’être trop difficile pour l’acoustique et les résonances à la piscine ?
Non, ça ira, car on est davantage sur un ensemble machine/ synthé. Il n’y aura donc pas de problème pour l’acoustique.

Et l’Hôtel Goüin, alors ? Un lieu délicat à avoir ?
Eh bien, pas du tout ! Pierre-Alexandre, l’un des responsables, est hyper ouvert. Le but d’Allotropiques, c’est aussi le côté fun et le fait de se faire plaisir. La programmation à l’Hôtel Goüin sort des cerveaux rigolos de l’équipe du Temps Machine ! Il y aura par exemple un piano cocktail là-bas. Deux Boules Vanille jouera au deuxième étage et le troisième étage accueillera une silent party avec deux DJs. Il y aura même une tiny disco : une micro-discothèque où l’on pourra être à trois maximum ! (rires) C’est un état d’esprit qu’on aimerait beaucoup développer pour la suite.

Comment décririez-vous la programmation ?
Il y a pas mal de coups de cœur. J’avais envie de proposer cela sur le festival, tout en ayant beaucoup demandé l’avis de l’équipe du Temps Machine au préalable. Le mois de février est compliqué, puisque les groupes et artistes effectuent moins de tournées.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=vDb4RakK1DU[/youtube]

Comme l’an dernier, on a l’impression qu’Allotropiques est un pari osé : pas de grosse tête d’affiche, mais plutôt jouer sur la découverte…
Hmm, non. C’est subjectif, ça… Il y a par exemple Polo & Pan en formation un peu plus importante (le groupe s’est rajouté pour la soirée au Temps Machine le 2 février – NDLR). Bon, il est vrai que le but est tout de même de faire découvrir des artistes qu’on a aimés et qui nous ressemblent. C’est ce qu’on écoute au quotidien.

Personnellement, quels sont vos coups de cœur ?
Chassol ! C’est un pianiste érudit, un super musicien, impressionnant. Il peut accompagner des images, il s’agit d’une sorte de ciné concert, c’est une fusion incroyable. C’est un peu mon chouchou… Enfin, il n’y a que des chouchous ! (rires) Je pense également à Deux Boules Vanille, Cabaret Contemporain… Chloé, idem : elle est une figure du monde électronique et cofondatrice d’un label. Pour son dernier album, elle a pris des musiciens complètement atypiques en collaborant notamment avec Ben Shemie de Suuns. À Allotropiques, ce sera un live inédit, avec une scénographie dingue et d’immenses accordéons en papier, sur lesquels seront projetées des images. Le fil rouge de tout ça, en fait, c’est la performance.

Vous êtes relativement nouvelle sur Tours (*)… Comment percevez-vous la vie culturelle ici ?
Tours est une ville hyper dynamique. Ce qui m’étonne un peu plus, c’est le problème de la mobilité : tout se passe majoritairement dans l’hyper-centre. Franchement, on dit même « Tours NORD », alors imaginez pour Joué-lès-Tours, c’est le bout du monde ! (rires) Plus sérieusement, je trouve que la vie associative et culturelle tourangelle est assez hallucinante, c’est vraiment chouette.

Pour en revenir à Allotropiques, combien de personnes espérez-vous durant le festival ?  
(du tac au tac) 3 000 ! Non, je rigole ! (rires) Il faut être raisonnable. On aimerait faire au moins la moitié de la jauge pour les grosses soirées. Je reste persuadée qu’il faudra du temps pour s’implanter. On espère attiser la curiosité. Allotropiques est un bon outil de communication pour faire découvrir la musique que l’on défend et qu’on aime.

Et quel public est visé ?
Sur la programmation, on vise un public qui vient faire la fête, veut être émerveillé et découvrir des choses. Il y aura aussi des spectacles enfant, tout public et pour toute la famille. Je pense notamment à la journée de clôture au Prieuré Saint-Cosme et son petit bonus : une dégustation d’huîtres ! L’idéal serait que tout le monde se mélange à Allotropiques et se prenne une claque musicale à un moment ou un autre.

Propos recueillis par Aurélien Germain

(*) Originaire de Perpignan, puis après avoir passé quatre ans à Paris, Marie-Line Calvo est arrivée début septembre au sein de l’ASSO qui gère le Temps Machine. Elle a pris le relais d’Hugues Barbotin pour la programmation.

>> Infos sur le site officiel
>> Possibilité d’acheter un pass complet, valable toute la durée du festival pour toutes les soirées et concerts payants au prix de 28 € (sauf pour le spectacle jeune public Poucette).

Les 10 commandements de Mauvais Genre

Du 24 au 28 mars, préparez le café : le festival Mauvais Genre revient pour sa 10e édition. Cinq jours de folies cinématographiques, de culture à fond la caisse et de moments culturels dingues tous azimuts.

1.TOUTE LA NUIT (INTERDITE) TU TIENDRAS
C’est THE rendez-vous  incontournable du festival  Mauvais Genre. La Nuit  interdite commence à  20 h 30 et se finit très  tard. Ou plutôt très  tôt.
Imaginez la bête :  3 longs-métrages et 5  courts à s’enfiler durant  toute la nuit. De quoi  vous emmener jusqu’à  4 h 30 du matin facile.  Cette année, vous aurez  notamment droit à The  Forgotten (lire inter- view de Gary Constant),  Hardcore Henry (un film  d’action spectaculaire  filmé en « point of view »)  et Bunny The Killer Thing  (un groupe d’ados et  de scientifiques coincés  dans une cabane alors  qu’un monstre mi-homme  mi-lapin assoiffé de sexe  les attend… Et promis on a  pris aucune drogue).
La séance aura lieu vendredi 25, dans la grande  salle du CGR Centre. Soit  420 places et donc 420  potentiels fanatiques de  ciné qui ressortiront de  là le lendemain matin  les traits tirés, les yeux  englués (miam), accompagnés du gazouillis des  oiseaux.

2.LES  OREILLES  TU TE NETTOIERAS 
Trois jours, trois  concerts, trois  moments pour nettoyer vos esgourdes  et trémousser votre  petit popotin au  square Sourdillon.  Samedi, à 19 h 15,  place d’abord à nos  chouchous de Johnson  Concorde, rockeurs  survitaminés qui revendiquent un « savant  mélange entre Alice  Cooper et l’Opéra de  Quat’sous  ».
Dimanche,  même heure, Holy  Chips, un groupe qui  mixe les influences de  leurs compositeurs :  Piano Chat, Funken et  Iologic. Lundi, The  Shady Greys débar – queront à 19 h : un  petit duo au gros son  saturé qui envoie aux  fraises les White  Stripes.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=kf82yeG2-Zw[/youtube]

3.AU VILLAGE TU TE BALADERAS
Au village sans prétention,  vous avez mauvaise réputation… sauf à Sourdillon  (trouvez la référence et  vous gagnez une pipe,  une moustache et une gui- tare). Au Village Mauvais  Genre, geeks, cinéphiles  et littéraires trouvent leur  compte. Sont notamment  prévus auteurs et illustra- trices (Denis Soubieux,  Claudine Chollet, Aurélie  Lecloux…), des assos  (tailler le bout de gras  avec Ohé du bateau, ça  vaut le coup), mais aussi  la Fouée Gourmande bio  et Geek’n’Pop, boutique  dédiée aux produits dé- rivés de série TV, comics  et jeux-vidéos.
Et comme  c’est le week-end et que  vous serez fatigué(e)s de  votre marathon ciné- phage, le village Mauvais  Genre a même convié des  masseurs, relaxologues et  des pros du shiatsu. Zen…

4.DEVANT LE JURY TU BAVERAS index
Qui dit 10e édition,  dit jury en béton. Le  jury pro est constitué, cette année, de  Claude Perron. La  comédienne française  (vue dans Bernie, La  Horde, Belles fa – milles, Le Fabuleux  destin d’Amélie Poulain…) sera d’ailleurs présente pour  une rencontre avec  le public dimanche à  11 h. Pour les autres  membres, comptez sur  les acteurs Thierry  Frémont et Eriq  Ebouaney, Dédo l’humoriste métalleux du  Jamel Comedy Club… et  le réalisateur allemand Nikias Chryssos,  vainqueur l’an dernier avec son énormissime Der Bunker.
Comme en 2015, les  jurys jeune et de la  critique (dans lequel  tmv sera, youhou,  c’est la fête) seront  de la partie.

5.EXPOS ET CONFÉRENCES  TU IRAS VOIR 
Un peu de culture dans  ce monde de brutes. La  galerie Oz’art accueille  l’exposition Les Maîtres  de la BD européenne  et ce, jusqu’au 6 avril.  Parfait pour découvrir une  cinquantaine d’originaux  signés des plus grands  artistes, comme Franquin,  Toppi, Uderzo, Peyo, Hugo  Pratt…  Côté conférences, il faudra  compter sur le duo de  réalisateurs Seth Ickerman  pour une présentation  exceptionnelle de leur  prochain long-métrage de  science-fiction (samedi à  16 h). Lundi, même heure,  Paul Chadeisson, directeur  artistique, présentera en  exclu son jeu vidéo Strike  Vector ex. Et tout ça, c’est  gratuit. Cadeau!

6.DES COURTS- MÉTRAGES TU ENCHAÎNERAS
C’est pas la taille  qui compte. Ni la  longueur. La preuve,  Mauvais Genre enquille  les courts-métrages  et c’est d’ailleurs  souvent dans ces mi – ni-formats qu’on dé – couvre des perles. Il  suffit de zieuter un  œil au programme des  10 courts « fiction »  en compétition le  samedi soir pour s’en  apercevoir : Lux,  Seth, Les Garçons  clignotants ou encore  Sweet Family… Durée  mini pour plaisir  maxi.

7.MAD TU SERAS
La séance Mad in  France, c’est  simple : vous prenez  Erwann Chaffiot, journaliste à Mad Movies  et big boss sélectionneur du meilleur  des courts-métrages  français de genre récents. Vous rajoutez  leurs réalisateurs,  ainsi qu’une salle blindée et six petits  films qui vont vous  propulser dans la  stratosphère du bizarre, du fantastique  et de la créativité.
Rendez-vous le dimanche dès 15 h 45 au  Petit Faucheux.

8.DES PÉPITES TU DÉCOUVRIRAS
Avant-premières françaises, européennes ou  internationales, inédits, le  tout en version originale  sous-titrée… Le programme fait envie. À tmv,  on espère beaucoup du  Sunset Edge de Daniel  Peddle, où des ados à la  ramasse naviguent entre  skate, picole et substances  dans une petite ville abandonnée. Idem pour Wonderland, le film de clôture  qu’on rêve de voir pour  son côté film d’anticipation terrifiant (un effrayant  nuage apparaît dans le  ciel et recouvre la Suisse).
Enfin, on mise notre piécette sur 13 Cameras de  Victor Zarcoff, dans lequel  un couple en rupture  s’installe dans une maison,  sans savoir qu’un proprio  un poil voyeur et pas mal  flippant les observe…

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=3fzE481uu18[/youtube]

9.LA FRENCH  TOUCH TU AURAS 
Parce que le cinéma français, ce n’est pas que Kad  Merad ou des comédies  gnan-gnan. C’est aussi  un paquet de talents à  découvrir. Preuve en est  avec la soirée French  Touch, le dimanche à 21 h  15 au Petit Faucheux. Au  menu ? Le court-métrage  La Fille bionique, suivi du  pilote de la série Reset  et du film The Open, en  avant-première. Entrée,  plat, dessert, 100 % made  in France. Peut-être même  qu’il y aura Kev Adams.  Non, là, on rigole.

10.LE SOURIRE  TU GARDERAS
Le festival Mauvais  Genre, c’est surtout  de la bonne humeur.  C’est passer sans  souci d’une comédie déjantée, à un  thriller psychologique, en passant par  une production obscure sanguinolente.  C’est partir à dos  de licorne pailletée pour s’enfiler les  films jusqu’à ressortir de la salle avec  le siège imprimé sur  le derrière. Bref,  5 jours pour avoir la  banane.

>>>>Programme sur festivalmauvaisgenre.com

>>>>L’interview de Gary Constant, du festival, c’est PAR ICI

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« Avenir incertain » pour la salle La Belle Rouge

L’avenir est incertain pour La Belle Rouge, à Joué-lès-Tours. Son futur est menacé.

L’info nous était parvenue il y a quelque temps. Le futur de la salle culturelle et de concerts La Belle Rouge, à l’entrée de Joué-lès-Tours, est clairement menacé.

Dans un communiqué, l’équipe annonce avoir pris « plaisir à organiser, en partenariat avec les associations de l’agglomération, des événements visant à favoriser la culture pour tous » depuis plus de trois ans.

Elle poursuit : « Aujourd’hui, l’avenir de la Belle Rouge au 18 Impasse de Placier à Joué Lès Tours reste incertain tant que la communication avec le président de l’association Terra Ceramica, actuel locataire de l établissement et partenaire , reste unilatérale. Depuis le 30 janvier 2015, date de création de La Belle Rouge comme association, nous avancions vers un projet de reprise autonome de l établissement, avec l’approbation du président de Terra Ceramica, n’y ayant plus d activités et d’implication avec son association. Ce dernier nous a, il y a quelques semaines, bloqué l accès au lieu. Nous nous sommes retrouvés contraints d’annuler les événements qui devaient se dérouler à La Belle Rouge jusqu’à ce que l’on trouve un terrain d’entente. »

La salle indique alors : « Le président de Terra Ceramica refusant toutes discussions avant la prochaine assemblée générale annuelle prévue prochainement entre autre sur le projet de la salle. Nous préférons donc rester discrets sur les démarches réalisées actuellement. Des actions sont en cours et entreprises pour que l’association La Belle Rouge continue à proposer sa mixture culturelle. Nous ne manquerons pas de vous tenir informer de la suite ».

Pour rappel, La Belle Rouge, c’était ça !

Hellfest : quand l’Enfer est un paradis  [+photos]

Comme l’an dernier, tmv a fait son petit tour au Hellfest, l’un des plus grands festivals de France et LE passage obligé pour tout bon métalleux qui se respecte. Reportage et photos du samedi 20 juin, entre avalanche de décibels, hectolitres de bière, gros barbus, maxi riffs, gens en string ou déguisés et bonne humeur.  

L'entrée du Hellfest a été repensée. (Photo tmv)
L’entrée du Hellfest a été repensée. (Photo tmv)


Reportage

Samedi 20 juin. Le soleil inonde Clisson, petit village près de Nantes. L’air est déjà chaud, mais pas autant que les milliers de métalleux qui se baladent dans les rues. La plupart ont un pack de 6 (ou 12 ou 24 ou 666) sous le bras, histoire de s’hydrater avant une journée brûlante dans l’Enfer du Hellfest. On laisse la voiture sur un petit parking de la gare : « Euh, excusez-moi, mais c’est gratuit pour stationner ? » Une Clissonnaise, la soixantaine, se marre : « Oh bah oui, tout est gratuit ici, ne vous inquiétez pas ! Bon festival ! » Sac à dos + casquette + tee-shirt Necrophagist (un groupe plein de romantisme et d’amour), et c’est parti. Comme l’an dernier, tmv vous fait (re)découvrir le Hellfest.

« A POIIIIIL ! »

C’est marrant, il n’est même pas 11 h et pourtant, sur le site, une fille est étalée par terre, en mode flaque. Elle dort paisiblement au milieu du chemin. Ses potes sont super sympas : ils lui ont dessiné une grosse barbe au feutre noir. C’est ça, l’amitié. Le temps de faire deux, trois photos, c’est parti pour le concert des BUTCHER BABIES. Les chanteuses font l’effet d’une bombe : leurs poitrines généreuses déclenchent quelques réactions de mâle en quête d’amour (« à poiiiiiil », hurle mon voisin). N’empêche que leur gros rock qui tabasse laisse des traces : c’est ultra-simple, mais bien fichu. Efficace et idéal pour se mettre en jambes. D’habitude, les demoiselles font dans la provoc’ en dévoilant leurs seins entre deux riffs de guitare ; ce coup-ci (et n’en déplaise à mon voisin), elles resteront dans le soft. Noël Mammaire likes this.
D’ailleurs, il est toujours aussi agréable de voir la place de plus en plus importante qu’occupent les femmes dans le metal et au Hellfest (jetez un oeil au reportage de nos confrères de France 3 ICI).

Prostitute Disfigurement : une ode à la poésie.
Prostitute Disfigurement : une ode à la poésie.

Pour rester dans la poésie, direction la scène Altar pour causer amour avec PROSTITUTE DISFIGUREMENT (on vous laisse traduire). Pour les connaisseurs, c’est du gros death de bourrin, limite grind. Pour les amateurs, imaginez un rouleau compresseur qui vous passe dessus.  En sortant de là, on a déjà la patate. Pour cette dixième édition, le Hellfest a vu les choses en grand. Les scènes Temple, Altar et Valley sont carrément plus grandes que les années précédentes. Du luxe, vu qu’habituellement, elles rameutaient tellement de monde qu’on était davantage comme des sardines (Patrick Sébastien, si tu nous lis), tous collés les uns aux autres pleins de sueur (c’est ça, la fraternité).
Serrés, on l’est aussi devant les Mainstage. Les scènes principales ont été totalement relookées : une immense façade avec un poulpe encadre un des écrans géants, tout est dans un style old-school. Non seulement c’est magnifique, mais ça permet aussi de se faire une petite dose de vintage avec THE ANSWER. Groupe de hard rock d’Irlande du Nord (ça s’entend), ils sont influencés par Led Zep et AC/DC (ça s’entend aussi). Grosse ambiance, gros son, gros solos. Mince, je viens de perdre 10 litres de sueur. Vite, bière.  Eh oui, la bière permet de tenir, de vivre. De survivre même. Kronenbourg, fidèle au Hellfest depuis des années, y balance environ 900 000 bières. Il y a quelque temps, Christine Boutin, pas vraiment amie-amie du festival, avait écrit au PDG de la célèbre marque de bière pour lui demander expressément de boycotter le Hellfest. On ne comprend toujours pas pourquoi c’est resté lettre morte…

DU LIBAN A CLISSON

Après la pause, on se nettoie les esgourdes avec THE WOUNDED KINGS. C’est doom (comprenez trèèès lent), ça vous écrase doucement mais sûrement. On regrettera le peu de variation dans la voix, mais les Anglais savent y faire : le public les acclame, ravi.  Tandis qu’ACE FREHLEY connu pour sa place au sein de Kiss, décoche son hard rock old-school, nos yeux vagabondent sur l’immense espace du Hellfest. Parfois moqué et appelé « le Disneyland du métalleux », force est de constater que les décors sont de nouveau sublimes cette année. Et qu’il n’existe aucun équivalent en France (le Hellfest peut d’ailleurs se targuer d’avoir été élu meilleur festival en France, devant les Vieilles Charrues).
Sur l’herbe (qui, ô miracle, est toujours là), d’immenses os qui servent de bancs. Des crânes, une main géante faisant le signe du metal, un skatepark (!), une grande roue (!!), une cathédrale décorée façon Hellfest pour l’entrée du festival (!!!)… Tout est pensé, stylisé à l’extrême : comme en 2014, il y a une ville dans le Hellfest. Un coin calqué sur le Camden de Londres, où on rivalise à coup de tatouages, de karaoké-bourré ou encore de fringues, véritable paradis pour refaire sa garde-robe (ça tombe bien, il me manquait un slip Cannibal Corpse). Dans ce véritable petit monde, les allées vomissent des hordes de métalleux. Tout le monde a le sourire, la pêche, la banane ou n’importe quel fruit. On discute avec un Libanais, un Canadien et même un Brésilien. Ils ont fait le déplacement exprès, quitte à tuer toutes leurs économies. « But hey man, it’s Hellfest ! », qu’il nous lance. Pas faux.

Sans titr2eAprès avoir regardé quelques minutes les excellents ONSLAUGHT (dix fois plus brutal que sur album), place à AIRBOURNE. On vous explique la bête : le groupe australien est une copie plus jeune et encore plus énergique d’AC/DC. Véritable bulldozer scénique, leur réputation n’est plus à faire. Et ça se voit… le site est noir de monde, impossible de s’approcher, la masse est grouillante. Mini-crise lorsque le son pète… Argh, instant gênant où Joel O’Keefe, le chanteur survolté (en général, il escalade les échafaudages des scènes et tape un solo à 10 m de hauteur), martyrise sa guitare et son micro et s’éclate une bière sur le crâne… sans s’apercevoir que le son a sauté. Rock’n’roll !
Pas de problème côté sono, en revanche, pour AHAB. Musique pachydermique, broyant vos os, vos cervicales : la rythmique est une chape de plomb, s’abattant et plongeant la fosse dans les ténèbres, dans une transe hallucinante. Passant d’une voix gutturale, du fin fond des entrailles de l’Enfer, à des envolées douces et planantes, Daniel Drost nous fait partir dans un voyage terrible, magnifique, terrifiant, mais beau. Le public sort de là, sonné. Wow…  Retour sous le soleil avec SLASH. Balançant quelques missiles pas forcément explosifs de son dernier album, le guitariste haut-de-forme n’est jamais aussi plaisant que quand il retourne dans le passé… en jouant ses tubes accouchés lors de la période Guns ‘n’ Roses. Autant vous dire qu’un Sweet child o’mine ou Paradise City ont le don de filer une sacrée chair de poule.

CARESSE-MOI LA BARBE

ZZ Top : la barbe leur va si bien.
ZZ Top : la barbe leur va si bien.

Pendant qu’on frôle l’émeute à BODY COUNT (le groupe de rap un peu rock, ou rock un peu rap qui a le « New York unité spéciale » Ice-T comme leader), en raison d’un ratio 100000 personnes pour 2 mètres carrés, KILLING JOKE ratatine la scène principale. Les pionniers de la vague post-punk/new wave enchaînent les hymnes dévastateurs. Une claque. À croire que les vétérans ont la cote, c’est une foule immense qui se presse devant ZZ TOP. Les célèbres barbus, annoncés à l’aide d’une cloche et d’un « here comes ZZ Top from Texas », se voient submergés par le public qui chante comme un seul homme un Gimme all your lovin’ d’anthologie {Instant savoir pour briller en société : le batteur du groupe est le seul à ne pas être barbu. Pourtant, son nom de famille est « Beard », soit « barbe » en anglais. Bisous}
La transition est étrange mais jouissive, avec ORANGE GOBLIN. Les Anglais, véritables stars du festival devant leur mur d’amplis Marshall et Orange, sont d’une sincérité désarmante. Sous la tente, on sue à grosses gouttes en s’explosant les cervicales sur leur gros stoner dégoulinant de riffs délicieux. Le géant Ben Ward et ses 2 mètres attire tous les regards, ne cesse d’enquiller les bières et d’en cracher en l’air (petite douche gratos, qui s’en plaindrait ?). Un véritable passage dans la machine à laver, programme essorage ultra-rapide-dans-ta-face. (pour info, une petite vidéo du groupe cette année ICI)

METAL ET BISOUNOURS

Lectrice, lecteur, ne nous leurrons pas : le métalleux est un Bisounours. C’est moi qui vous le dis. Pourtant, je suis moi-même un adepte de Satan et des sacrifices de chauve-souris les soirs de pleine lune en buvant du sang de vierge (quoi ? Les clichés ont la peau dure malheureusement dans le metal). Bref, le métalleux n’est qu’une gentille petite bête pleine de poils, hyper respectueuse (il n’y a jamais d’incidents au festival ou même à Clisson), qui rote très fort mais adore verser sa petite larmichette.
C’est ce qui est arrivé à 23 h… Quand le Hellfest, pour fêter ses 10 ans, a fait péter un feu d’artifice tout simplement magique. Durant un quart d’heure. Avec un final interminable et incroyable (zieute donc la vidéo ci-dessous, si tu l’oses). Et que dire quand 50 000 métalleux lèvent leurs bières devant ce feu d’artifices grandiose et chantent en choeur, d’une seule et même voix, le « Bohemian Rhapsody » de Queen que le festival a décidé de faire cracher volume 666 ? Nous, on a failli verser une larme. C’était une larme de bière, mais même.
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x2uui6z_video-l-interminable-bouquet-final-du-feu-d-artifice-du-hellfest-clisson_news?start=1[/dailymotion]

CaptureInstant émotion, toujours, quand SCORPIONS envoie un Wings of change de toute beauté. Certains pleurent, d’autres se prennent dans les bras. Orgie de câlins aussi, durant un Stiiiill looooviiiin’ youuuu repris par toute la foule, tandis que d’autres feux d’artifices illuminent le ciel. On ne misait pas un kopek sur les Teutons, mais la bande à Klaus Meine nous a piqués sévère.
Pour finir un samedi en Enfer, quoi de mieux que rencontrer l’auto-proclamé Antéchrist ? Sieur MARILYN MANSON clôt la journée, grosse guitare en avant, façon mur du son. Le m’sieur a beau être un chouïa désintéressé (les pauses entre les morceaux s’éternisent), voire peut-être un peu imbibé, il reste magnétique, charismatique au possible.  Tandis que les notes résonnent encore, nos jambes poilues ne tiennent plus toutes seules. La nuit est tombée.

Une fois de plus, le Hellfest a tenu ses promesses et apporté une bouffée d’air frais et de la bonne humeur comme personne. Une fois de plus, le Hellfest était en fait le Paradis.

NOTRE GALERIE PHOTOS

>>Retrouvez le diaporama photos des groupes du samedi, par Eric Pollet (La Nouvelle République)

>>Pour plus de photos, un tour sur le Facebook officiel du Hellfest.

>>Remerciements à Ben Barbaud, Roger, aux 3 000 bénévoles du Hellfest, mais aussi à TOUS les Clissonnais(es) !

Du Strapontin à 49 Swimming Pools via Le Petit Faucheux

Cette semaine, notre superstar Doc Pilot a encore mangé du concert à tout va. Et vous fait revivre tout ça !

Peu de temps passé cette semaine à Tours, beaucoup plus dans le Sud-Ouest ; malgré tout, quelques sorties en début de semaine…

Quartet Filleul/ Mazé/ Polin/ Piromalli au Strapontin

Grâce à Patrick Filleul, il y a tous les lundis de la musique en live au Strapontin et c’est bien, car c’est une alternative ludique et conviviale pour les esseulés, les touristes, les naufragés du sentiment à la recherche d’une île… Pour les aficionados du blues et du jazz aussi. Le rouge sombre et apaisant du lieu, le bois brillant sous la bière, l’impression d’une architecture stratégique pour sauvegarder l’écoute attentive et celle plus diffuse des rencontre en cours… J’adore ce quartet (Patrick a plusieurs formules dans sa poche), son coté hard bop parfois, sa capacité dans une mélodie à maintenir à flot la beauté et le son dans des thèmes populaires et historiques.
D’abord, les quatre musiciens n’ont pas de barrière technique et en plus, ils s’activent avec une tonne de feeling. Au sax, Renaud Mazé s’applique à ne jamais laisser flotter l’ensemble dont il semble diriger la trame et l’usage. Antoine Polin vit la musique, ainsi pas une fois le son ne sort de son instrument sans que dans son physique l’on voit le total investissement de son être ; avec lui nous dépassons l’étalage d’une technique dépourvue de sens : tel un maître compagnon, il construit l’œuvre avec méthode et passion.
Patrick Filleul aux drums est à sa place, toujours à l’écoute, au service. Il aime l’humain c’est une évidence, le public comme les musiciens. Cedric Piromalli à l’orgue me fascine ; je l’ai connu dans des contextes beaucoup plus difficiles et plus techniques, toujours brillant et surprenant, mais il suffit de le voir jouer ce jour pour saisir à quel point le jeu de cet artiste se bonifie dans « le populaire », le joyeux, le musclé : ce type est bâti pour les grands festivals, pour les grosses machines bien huilées faites pour générer la sueur et l’ivresse… de Parker à Monk, on se balade l’air de rien dans un instant privilégié, l’un de ceux possibles à vivre les lundi soir au Strapontin.

Florent Sepchat & Renaud Detruit au Petit Faucheux

Florent Sepchat (vidéo Doc Pilot)
Florent Sepchat (vidéo Doc Pilot)

Concert des professeurs : ainsi est annoncée cette soirée débutée par des prestations plus qu’honorables d’élèves en la matière percussive avant une deuxième partie pour le duo inédit de deux maîtres en leurs matières. Etonnant, l’accord entre le vibraphone et l’accordéon, perfection dans le mélange harmonique du soufflé et du frappé, cohésion des artistes dans leur volonté à bâtir du beau au travers de la technique. L’écoute est la clé de voûte du concept, une attention commune portée au geste du frère en ce trip, chaque solo au service d’une histoire, d’une narration et d’une esthétique au rendu élevé.
Le programme inclut des compositions de Renaud Detruit, une reprise de Pat Metheny, une adaptation de Bartok, le tout lié par la forte personnalité des musiciens. Cette première est une réussite, un coup de maître, l’assurance d’avoir trouvé la bonne recette. Je pense que nous allons revoir ce duo à la scène, et je suis sûr qu’il va beaucoup plaire au public, l’air de rien : il est nourri de ce feeling et de cette dextérité nécessaires pour rendre populaire une pratique issue de la niche « jazz » mais totalement capable de toucher un plus large public. Normal, on aime tous se faire du bien. Ce duo nous apaise et nous soigne.

49 Swimming Pools au Nouvel Atrium

18 h, horaire ingrat pour un dimanche soir de fin de weekend, sous un soleil et une chaleur longtemps attendus. Difficile pour amener les foules intra-muros même pour assister au concert d’un des groupes des plus brillants de la scène hexagonale. Après une première partie honorable avec le concert RubiCan, pour une néo new wave à la guitare snakefingerienne marbrée de tricatelleries sucrées, entrée de nos héros, les maîtres de la mélodie, de la beauté, de la construction orchestrale entièrement dédiée à l’installation de climats cinématographiques nécessaires à l’évasion. Jamais ce groupe ne me lasse, jamais il ne m’ennuie tant il semble ne devoir jamais s’arrêter de séduire les plus réticents, d’emballer les plus difficiles, de donner une raison d’exister à la scène pour sa capacité à nous soigner, nous calmer, nous coller la banane en tapant la semelle.

Je pense les 49SP en progression évidente en ayant trouvé le bon équilibre entre leurs images de fond de scène et leur gestuelle attractive. Le réarrangement de leurs titres dans des versions brutes et roots, un peu « garages », parfois pseudo unplugged. Le chanteur en sort plus abordable, moins personnel dans la gestion des climats, le rapport au public. Ce groupe est mûr pour nous offrir un album live, passage incontournable pour tout vrai groupe qui se respecte et pense à son public.

CD EDWARD PERRAUD Synaesthetic Trip 02 Beyond The Predictable Touch

Nouvel opus pour le surdoué jazzopsychélique, ping-pong entre des furies alternatives aux frontières de l’expérimental et des gentils morceaux propres à séduire toutes les oreilles. Il y a de la décadence de fin de soirée dans cet « Entrailles » en ouverture du disque. De la fausse normalité à la manière des tangos de Carla Bley ; la belle musique d’un film oublié, le souvenir dilué d’un temps où tout semblait facile…
Puis l’on tombe dans la déviance, l’accumulation de références distordues dans le style, du bop pop, du hard free, l’oubli d’un cahier des charges hypothétique pour surfer sur les vagues et les requins. A pleines dents, les musiciens mordent dans la planche : même pas peur, on aime bien, on est venu pour ça, pour coller Elise et sa lettre au mur graffé de cris de révolte, contre les règles et les bienséantes harmonies. En Captain universe, Edward nous balade dans les étoiles. Parfois l’on se demande s’il a vraiment les cartes en plus des atouts.
Le peintre est doué, le peintre donne du sens à son propos, avec ce disque charnière, ce disque de carrière, mélancolique et furieux, insolent et fragile. Sa toile demande la réécoute et l’oubli de l’instant. Il est bon de savoir perdre son temps en se donnant corps et âme à l’écoute.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=2jSOe9WtxfA[/youtube]

PLC’s Band, Angie Palmer & Motor Rise

Cette semaine, doc pilot rend hommage au batteur des Johnson Concorde et cause festoches, Rubin Steiner et Motor Rise !

Thierry, batteur de Johnson Concorde (photo Facebook Johnson Concorde)
Thierry, batteur de Johnson Concorde (photo Facebook Johnson Concorde)

Thierry le batteur de Johnson Concorde est « parti aux fleurs », et nous sommes tous très affligés par ce départ… Nous pensons bien sur à ses proches, à sa famille, à son groupe, à lui… trop jeune pour partir , vraiment trop jeune…

L’arrivée des festivals, au printemps l’été

En Touraine au Printemps l’Eté, avec l’annonce de festivals à venir, avec un premier tir groupé sur le week-end de la Pentecôte, avec le festival Wabam à Fondettes (Odran Trummel, La Mécanique des sourds…), La Poule à Facettes à Cormery avec les mythiques Graves de Grave, Sapiens Sapiens, Beaujardin… Le Florilège vocal… avant l’arrivée en juin du 30e Aucard de Tours, les Fêtes musicales en Touraine à la Grande de Meslay, et puis le Potager électronique à La Gloriette, Les Kampagnards ( la putain d’affiche !!), Avoine Zone Groove, Terres du Son, et puis Yzeures n rock, et ce nouveau festival le dernier week-end d’aout à Villaines les Rochers (Oh la Villaines, avec Kommandoh chamanik, etc.), et tant d’autres opportunités récréatives à la portée de toutes les bourses (profitez en, on ne sait pas ce que sera demain)…
En ao
ût, et ailleurs en Bretagne au milieu d’une centaine de festivals, à Paimpol, belle destination avec le Festival des Chants de Marins du 14 au 16 août avec Youssou n dour, Denez Prigent, Les Souillés de fond de Cale et une centaine d’autres formations ! Et puis les ouvertures des guinguettes de Tours et de Saint-AvDans un mois, c’est à l’air libre que la culture se vivra, les doigts de pied en éventail.

Chapeau bas pour Rubin Steiner et Madame Douze

Et oui, Fred Landier et son épouse Sandrine Douze arrêtent fin juin leurs activités au sein du Temps Machine, un projet puis une réalisation aboutis par leur investissement à plein temps depuis près de huit ans, une couleur et un style initiés par leur amour de l’art et de la musique, une empreinte lisible tant au niveau de l’architecture du lieu que du graphisme du Fascicule, devenu pour beaucoup « le gratuit » le plus lisible et le plus brillant de la région. Une sorte de Nova mag local dépassant de loin la promotion de la programmation pour devenir un outil didactique au service de toutes les générations, drôle et artistique, passionné et passionnant.

A l’instar d’une Suzie Johnson, de Béton, d’une Gisèle Vallée ou d’ Epsylon connection dans les 80’s, nous sommes en présence de gens « qui font », de gens qui créent sur du vide, désireux d’incarner leur rêves et leurs fantasmes dans le présent, de les inscrire dans du solide et du concret. Sandrine, Rubin et leur gang ont bien sur mis la barre très haut en envisageant la création d’un lieu dédié à la musique pointue zé amplifiée dans une petite ville de province finalement très classique. Souvent critiquée comme élitiste, leur direction artistique entrera bientôt dans la légende, et l’on se dira : « Tu te souviens de ce groupe dont tout le monde parle, on l’a vu démarrer au TM à l’époque de Rubin… tu te souviens de ce concert de fous, dire que cet artiste est devenu culte et on l’a vu jouer dans le Club… tu te souviens… tu te souviens… »
Oui, il va nous rester beaucoup de bons souvenirs de cette période unique, osée, décalée… à sa manière une œuvre d’art conceptuel
le dans l’interrogation portée par sa nature, son aspect, sa raison d’être.

PLC Band au Petit Faucheux

PLC pour Paul-Louis Courier, le fameux lycée qui a vu passer un paquet de musiciens en herbe depuis les seventies (François Couturier entre autres). Eh oui, le big band du lycée pour un concert sans amateurisme et sans approximation, une prestation prête à s’inscrire dans un circuit professionnel, brillante et conviviale dans le choix du répertoire, respectueuse de chacun dans la distribution des interventions des solistes, visuelle par la cohérence des look et du propos, celui d’une génération qui s’affirme dans le partage de sa passion avec le public.

Et mine de rien, on passe deux heures à les écouter sans lassitude, sans se sentir obligés de rester, en oubliant leur jeune âge, sans l’impression d’assister à un concert de fin d’année. Tout devient logique, tout est à sa place. Lou Estival au chant à la présence d’une pro ; Louis Chevé (aussi membre de Tobassi) à l’alto a le jeu fluide et inspiré d’un vieux renard… Et ce solo de trombone en quelques notes enchaînées sans accumulation mais dans une continuité d’expression suggérant le touché d’un peintre sur la toile : je ne connais pas le nom du musicien présenté comme le « Pierre Richard » de la bande, mais ce jeune mec a un truc, une puissance dans sa fragilité, une gestion intelligente de ses limites techniques pour en tirer un atout (bien sûr, je n’y connais rien, moi !!). Bravo à Laurent Desvignes et Arnaud Gravet pour la gestion et la direction de l’affaire : aux gamin, ils préparent de beaux souvenirs et aux musiciens en herbe ils proposent une belle opportunité d’action.

Angie Palmer en Arcades Institute

Concert magique, arrêt sur l’image en ce vendredi, pour deux heures d’extrême sensibilité exprimée par la voix de Angie, les solos très très inspirés de Jack Cigolini, le guitariste au service de l’artiste : un musicien en pleine progression dans la maîtrise de son art. En trio avec le compagnon de la dame à la basse, ces trois là nous entraînent aux racines de la musique anglo-saxonne, tant par le folk que par le blues, collection d’histoires bien glauques pour certaines, fort festives pour d’autres, un répertoire habilement construit pour le plaisir de l’auditeur au travers de celui généré par la fusion des artistes.
A peine quittée, Angie nous manque déjà, et l’envie nous vient de la revoir en Arcades Institute…
Dans l’édition 2016 des Arcades Hivernales, par exemple.

Motor Rise à Gentiana

Motor Rise (Photo Francis Blot)
Motor Rise (Photo Francis Blot)

Certes, ce devait être la grande fiesta de la semaine. La folle soirée de sortie du nouvel EP de Motor Rise, et puis le départ de Thierry a fortement dilué nos capacités à nous laisser aller : c’est ainsi. Malgré tout, le trio a balancé l’affaire au mieux de sa forme, pour un set alternant compos originales et reprises flamboyantes (Motörhead, Black Sabbath). Fabrice à la basse et au chant est un homme de passion investi dans sa joie, dans son rêve, dans son envie du partage d’un style avec ceux qui aiment ce style, sans compromis, sans dilution du concept pour le rendre plus séducteur, sans le rendre franchouillard et donc désuet.
Fabrice est massif comme le son balancé sur sa Ricken’, un jouet entre ses mains ; avec le batteur il bâtit une assise de béton sur laquelle le guitariste balance du feu, de la virtuosité, de la nervosité, des trucs incisifs pour nous filer des shoots d’adrénaline. Ce musicien use d’une technique inspirée, sans tomber dans le cirque exubérant et saoulant de certains sportifs de la six cordes.
Il balance du beau et du sens, des jets d’électricité aérographiés sur la toile métallique. L’influence de Motörhead est omniprésente et revendiquée, mais nous ne sommes pas dans la caricature : moi j’aime ça.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=9I6MRl2c9EQ[/youtube]

De Miossec à Beaujardin, en passant par Fred Chauvin et Johnson Concorde

Allez, on oublie les vacances : voilà la chronique culture de Doc pilot avec du lourd, du Miossec, du Johnson Concorde, du riff, de la musique (et même du cinéma).

Beaujardin & Paris Byzance aux 3 Orfèvres

Deux groupes que je découvre à la scène.Youpi ! D’abord, l’électricité lyrique de Beaujardin, quatre musiciens qui balancent une pop new wave anglo-saxonne aussi marquée par le revival anglais du milieu des nineties à la Suede, que par les dérives grungeo-expérimentales des derniers éclairs de David Bowie au passage dans le nouveau siècle. Le chanteur théâtralise la force des constructions rythmiques et du traitement sonore, matière à un dance-floor néo-futuriste pour habitués épileptiques des mondes en chute dessinés par Bilal. A se demander si cette musique est d’avant ou d’après-guerre ; pour moi elle ne peut se définir sans le drame, sans la mise en danger… j’aime….
Totalement à l’opposé, Paris Byzance semble la vision exacerbé
e d’un temps révolu, celui où l’on pouvait croire que tout serait mieux après avec de l’humain sur la voie de la sagesse et de la paix. On a le droit de rêver ; je le prends et en abuse à l’écoute de cette world music aux vertus apaisantes, une cure de jouvence et de rythmes, l’impression par la force du chanteur, son exaltation dans les textes, de voir une sorte de Yves Simon accompagné par Lo Jo. Il ne fait aucun doute que ce groupe va plaire, puis devenir nécessaire, addictif, histoire de se positiver le quotidien.

Fred Chauvin à La Pleïade

Pleïade pleine à craquer pour le concert de Fred Chauvin, entouré d’une sacrée brochette de virtuoses : les membres de la Canne à Swing et Laurent Zeller au violon, Stéphane Caraty aux drums. Parsemé de reprises (Nougaro, Gainsbourg), Fred offre un répertoire équilibré empruntant des titres à ses deux albums. La part belle est donnée aux instrumentistes par un ping-pong de solos brillants de violon et guitare, soutenus par une section rythmique fluide et implacable.
Fred est humain, ouvert.
Un mec bien qui balance ses petites histoires universelles vers un public prêt à se retrouver dans ses vignettes, ses galéjades : un type populaire et un chanteur dans le style.

Miossec & Parad à l’ Opéra de Tours

Miossec (Photo Doc pilot)
Miossec (Photo Doc pilot)

Surprise avec Parad en première partie, un duo poitevin bass/chant, drums pour une forme de chanson à textes des années 10 dans une mise en scène drôle, bruyante, efficace. A suivre…
Long concert de Miossec (pas loin de deux heures) dans une formule plus esthétique et moins rock que les précédentes, avec un artiste dans le don, la joie, la force. N’en déplaise aux puristes, nous sommes nombreux à nous réjouir de le voir à jeun à la scène, d’entendre tous les textes, de mesurer l’intensité dans le jeu de cette vie balancée dans une écriture unique et identifiée. Nous sommes tous Miossec comme nous f
ûmes tous Charlie ;  nous collons à son drame, à ses blessures, car nous en connaissons les raisons, la trame, l’essence et la chute. Le gladiateur n’est plus seul dans l’arène, nous sommes à ses côtés. Nous ne sommes plus au spectacle de sa mise à mort mais de nouveau dans la communion avec son art. Il le sent et, soutenu par des musiciens au service, nous invite au meilleur en décrivant le pire, nous invite à l’aimer dans ses histoires d’amour écorchées…
Béton, refais-en nous des beaux concerts à l’Opéra : pas de raison que ce lieu ne soit réservé qu’à des musiques dites classiques.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=as1vAIqcqAk[/youtube]

Johnson Concorde en Arcades Institute

La tribu Johnson Concorde est un cirque sur la route, une compagnie de jeu et de gestes dédiée à la mythologie du rock n’roll, sa caricature et sa force. Ceux qui furent témoins de cette furie physique et sonore comprendront mon propos : JC a en lui une force de séduction tranquille propre à rallier à son style et à son concept plusieurs types de public. Le punk fut bâti par des fans du glam rock et l’on retrouve ici dans cet univers fellinien, la synthèse de 30 années de glissades dans la fuzz, dans un nuage de poussières d’étoiles, dans la provocation par l’image, la sueur, la joie.

Johnson Concorde (Photo doc pilot)
Johnson Concorde (Photo doc pilot)


Il y a du Sparks dans cette affaire, de l’Alice Cooper, du Supergrass, du Blur, de la Hagen aussi, du Metallica, du Kiss. JC est une bande de petits agités heavy m
etalleux, des glamrockers irrespectueux, une bande d’ados attardés surs de la qualité de leur camelote. Il est possible que JC devienne localement aussi important qu’ As de Trèfle, aussi attendu et souhaité qu’un Shakaponk ; nous sommes déjà nombreux impatients d’aller le vendredi 13 mars au Temps Machine (4 € !) pour qu’ils nous disent leur messe, celle de l’outrage électrique et de la démesure scénique.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=1qhDGEf3hGE[/youtube]

De Djanga Project à Gentiana au Bœuf Blues, via la soirée de La Meute Slam à La Belle Rouge : errance sur le trajet du Tram.

Djanga Projekt (Photo doc pilot)
Djanga Project (Photo doc pilot)

Sortie de résidence pour Djanga Project, le groupe franco-tchadien de world music en l’essence, support à la fête et au rythme, au dépaysement constructif, au voyage didactique par l’exemple d’un métissage de cultures, avec des textes en français et en tchadien. Dans cette équipe, on retrouve le violoniste de Tijerina projekt, la violoncelliste de Pitchipoï, et des membres du légendaire Pyramides ; un disque vient de sortir…
A La Belle Rouge, passage à la soirée slam organisée par La Meute Slam, succession de spectateur
s-acteurs désignés au hasard par une main au chapeau, et des univers intimes et uniques balancés par divers poètes plus ou moins captivants. Chapeau bas pour « l’Ange Gardien », pour la fluidité de son écriture et la sagesse de son interprétation… Bizarre, cet immeuble voisin du lieu sorti tel un champignon et totalement en opposition avec l’harmonie du quartier… Il ne sent pas bon ce champignon, il semble vénéneux…
Aux cinémas Studio,
Réalité de Quentin Dupieux, la belle éclate, plongée psyché dans le rire et le frisson, démence dans la construction pour un film où l’onirique est roi, et la réalité subjective lisible sur plusieurs strates… Au sortir passage au Bœuf Blues en Arcades Institute, une occasion pour tous d’aller présenter leur camelote, rencontrer des comparses voire monter des groupes. Patrick Filleul en est le maître de cérémonie au coté de Jack Cigolini et de Cyrille Latapie. On y croise Foued, Xavier Monjanel, Pierre Dorian et bien d’autres, avec en cerise sur le gâteau l’intervention de Seb et Julie Delétoile du groupe Kosmik Vortex pour un blues psychédélique aux accents lyriques.

De Bobbyland à Bobby Keys, de Mano Solo à Headwar

Cette semaine, Doc Pilot a voyagé sur les terres de Mano Solo et de Bobbyland.

2 boules vanille
Bobbyland à la bibliothèque
Nantes et ses fabricants de machines, ici l’orchestre d’automates gérés par l’ordi, l’impression de se retrouver dans un film de Jeunet et Caro, la question dans la dysharmonie constitutive de ces joujoux aussi drôles et dérangeants. Oui, l’humour est maître en cette affaire, l’impression d’assister aux délires d’ingés en robotique industrielle à la recherche d’une enfance sublimée de surdoués fantasques. Ils usent d’un alibi didactique à vouloir tout expliquer lors de la visite de leur terrain de jeux, mais on ne nous la fait pas : on sent bien que ces “ grands n’enfants ” ne se triturent les méninges que pour le fun, l’éclate. Reste pour moi un bémol à l’affaire, la partition, finalement peu surprenante et c’est dommage. Le vieux Pierre Bastien, bricolo légendaire, est en l’affaire plus aventureux.
[nrm_embed]<iframe src= »//player.vimeo.com/video/79735607″ width= »500″ height= »281″ frameborder= »0″ webkitallowfullscreen mozallowfullscreen allowfullscreen></iframe> <p><a href= »http://vimeo.com/79735607″>BOBBYLAND</a> from <a href= »http://vimeo.com/brieucschieb »>Brieuc Schieb</a> on <a href= »https://vimeo.com »>Vimeo</a>.</p>[/nrm_embed]

Bobby Keys part aux fleurs suivi par Ian Mac Lagan

La fameuse loi des séries et deux de mes héros qui partent aux fleurs : ça va jammer au paradis, tous deux à l’occasion musiciens de studio mais aussi à la scène pour les Stones et Joe Cocker, et bien sur dans The Faces ; le son de Bobby au sax identifiable à la première note et tellement nécessaire à l’univers des Rolling Stones (Brown Sugar, Happy), le touché pianiste de Ian la signature sous la voix de Rod Stewart dans ce rock à jamais teenager et british de The Faces ; pour l’un comme pour l’autre, la fiesta à la scène, la joie et la banane, et cette manière de jouer “ en avant ”, si indispensable “ pour faire avancer le truc ”. Deux mecs tellement en phase avec leur époque qu’ils resteront impossible à remplacer ; d’ailleurs à quoi bon essayer répéter une Histoire déjà bouclée dans le XXe.
Kamilya Jubran & Werner Hasler au Petit Faucheux
Intense émotion avec la chanteuse palestinienne Kamilya Jubran au Petit Faucheux ; elle porte la tradition, le message, l’héritage… Nous sommes loin d’un exotisme de pacotille, d’une world music festive et conviviale. Nous sommes face à la gravité dans l’expression d’une artiste engagée ; nous sommes face à l’Histoire. La force de l’artiste est dans cette association créative avec le musicien électronique Werner Hasler ; ainsi à la manière de Bjork avec la culture islandaise, Kamilya porte un style au delà du temps et des modes en l’associant à des arrangements issus de la fin du XXe. Il y a du Radiohead en cette expression ; ce chant écorché rappelle celui de Thom Yorke ; les mantras sans fin et le bourdon du oud, les expériences de Brian Eno et de David Byrne dans leurs télescopages avec les cultures orientales. Cet art est contemporain, les pieds dans la tradition et la tête vers un futur que l’on espère apaisé.
Vernissages et Concerts en Appart’
Tir groupé rue du Grand Marché, avec la bonne idée (pour les curieux et les buveurs) d’un « jour des vernissages » pour tous les ateliers et galeries du collectif « Le Quartier des Arts » ; bon il y a de tout, et plus d’artisanat que d’art en cette affaire axée sur l’idée de susciter l’achat pour Noël… En clair, je ne m’y retrouve pas dans ce « marché de Noël », l’émotion n’y est pas de mise et même « les petits formats érotiques » de la Boite Noire n’échappent pas à cette sensation proche du déjà vu, le seul truc amusant et surprenant étant le travail de Juliette Gassies et de ses paires de chaussures pornographées : une pour chaque liaison mémorable ? Allez savoir… Beaucoup plus dans mes cordes et mes envies, « Show d’œuvres d’Hiver » à l’Imprimerie rue Bretonneau, télescopage de psychédélismes identifiés retranscrits dans des pratiques caractérisées, ma préférence allant à l’énorme inventivité de Cédric Marcillac tant dans les sujets que dans les matières, aux délires de Key et aux flottements d’air et d’eau d’Yveline Bouquard… En la Galerie Ozart, Death Amber ou la réunion grinçante d’univers tourmentés ; au moins ici nous ne sommes dans la séduction affichée mais dans des concepts pour habiter nos trips à la Tim Burton : Ludivine Beaulieu, Lus Dumont et T.Léo, ça me le fait bien… Concert surprise à Ozart (je ne savais pas), Padawin en solo, l’un des trois coups de cœur du Terres du Son 2015… Dans un appart’ rue de la Grandière, concert du garage band (appart’band ?), Cigarette, un rock un peu punk joué à l’énergie avec en visuel la vidéo du chanteur en slip qui grille clopes sur clopes face à la caméra ; c’est drôle, brouillon et sincère : à suivre.
 
Concert-Hommage des Hurlements de Léo à Mano Solo
Grande claque du weekend au Centre Culturel de St Pierre des Corps, public nombreux et passionné, effluves punkoïdes pour un retour dans les mélodies et les mots du grand Mano Solo. Artiste emblématique des nineties et du début du XXIe laminé par le showbizz pourrissant, Mano à la séropositivité dramatiquement emblématique a produit une œuvre, une mine d’hymnes humanistes aussi indispensable que celle laissée par Berurier Noir. Les Hurlements de Léo en donne une lecture si fidèle et passionnée que Mano est là. A la guitare un membre des Fréres Misères, l’univers graphique de Mano en fond de scène, et pourtant rien de pleurnichard en l’affaire, simplement le retour d’un type de fiesta rarement croisé sur nos terres, celui aussi d’envoyer ses tripes à la gueule du monde et d’entrer en résonance avec l’humain. Trois rappels puis « la lune » unpluggged au milieu du public. Grandiose. .. Et si finalement ce Centre Culturel se révélait le digne remplaçant du Bateau Ivre ? Et si finalement Les Hurlements de Léo s’imposaient pour de réels passeurs de la culture populaire.
Trois Grands délires au Temps Machine
Soir de Téléthon pour certains, soir de délire pour les chanceux ayant bravé le froid pour monter au Temps Machine2 Boules Vanille, deux batteurs au fûts sous capteurs vers des synthés amplifiés dans des amplis vintage type « triple corps Marshall ». Le Son, énorme, le Concept, inédit, L’écriture, harmonique ; nous sommes faces à une performance physique et artistique unique… Seal of Quality, un mec en solo, excellent dans le chant, le style, le jeu sur sa guitare et ses jouet-machine Nintendo ; annoncé par Rubin dans la ligne Boogers, Janski Beeeat, je trouve ces comparaisons bien réductrices, en partie encore une fois grâce à l’écriture. A son écoute je pense à XTC, à Magazine, à certains albums solos de Brian Eno : cet artiste est rare et dément… Apothéose avec Headwar, un mur de son et de délire, une performance technique et physique, une projection « dans ta gueule » d’images et d’attitudes furieusement « rock », tribales, une guerre de l’air et du feu aux armes électroniques, aux froissements de cymbales, certaines fixées sur des guitares et frappées. Pour les références, je pense au premier album de Killing Joke, à Hawkwind (Space ritual ), à Sonic Youth ( Dirty), à Throbbing Gristle (Doa) et finalement à Hendrix aussi, dans cette capacité à faire évoluer l’approche de la guitare électrique, ici couplée à des cymbales vissées sur les cordes !!! Headwar c’est du hardcore psychédelique !!! On en sort totalement défoncés.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=hpi37XwyZho[/youtube]

En Noir et Blanc comme un vieux film

Chaque semaine Doc Pilot nous emmène en voyage dans ce beau pays nommé Culture.

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Mammane Sani

 
Mammane Sani au Temps Machine, le Niger en Touraine, une forme de variété lounge chargée d’Histoire et d’histoires mais difficilement lisible sans l’alibi du second degré ou de la branchitude absolue.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=MPXuw2f0U9U[/youtube]
Un guitariste du groupe de deuxième partie (un néo Cabaret Voltaire daté) tente de rejoindre le papy sur un titre : le massacre. Me reste de cette soirée l’habillage lumino-technique de Xavier Querel dans la ligne des bricoleurs géniaux sous influence Castors juniors… Au retour je tombe dans la 2e Symphonie de Rachmaninov enchaînée au Timewind de Klaus Schulze, histoire de ne surtout pas reprendre pied sur terre… A la galerie La Boîte Noire, nouvelle expo de Juliette Gassie, Printemps Eté 1973 : c’est l’année de mon premier amour. Je retrouve beaucoup de sensations de cette époque devant ces jeunes femmes aux tenues si caractéristiques et si habilement reproduites, travail assez proche dans le fond des Ginettes de Isabelle Arata, et pour la forme très technique… A Saint Pierre la Cie Off profite du chantier du Point O, pour organiser une suite de plantages de crémaillères : l’impression d’une danse sur un volcan et de la fin d’une époque au-delà des chamboulements politiques… La Renaissance ? Le Hunky Dory de Bowie en bande-son pour rejoindre l’Espace Malraux et le concert de Jacques Higelin pour 3h30 de haut de gamme par un septuagénère et sa bande de virtuoses : l’un des plus grands concerts de Jacques qu’il m’ait été donné de voir, des versions de 20 minutes de classiques tels Irradié, Paris NY… Et un habillage country rock idéal, pour voir l’artiste nous balader, nous élever, nous baigner dans son aura d’amour universel…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=jaVtGsMcNj4[/youtube]
Vernissage au Château de Chaumont sur Loire de la nouvelle exposition d’art contemporain, ce lieu devenu une sorte de Palais de Tokyo ligérien où la nature est reine dans l’inspiration des artistes : le travail vidéographique/ interactif de Miguel Chevalier est surprenant et addictif, celui de Henrique Oliveira, massif et inquiétant : fascinés, des milliers de spectateurs dans les mois à venir y chercheront des réponses à La Question… D’abord on croit à un canular puis on se rend à l’évidence : un désespéré a bien jeté sa voiture contre un tram à midi place Jean-Jo. Il en est mort, dommage, car il a raté le tonique concert de Cartoon Cats en Arcades Institute, powertrio anglo/hongrois au guitariste/chanteur fascinant (Mark Townson) tant dans le son soft/acide à la Peter Green/JJ Cale, que dans le chant, pubrockien. Erwin Wagner aux drums trouve ici le partenaire idéal pour optimiser une longue carrière dans le rock et le blues. Grande, très grande satisfaction à l’Opéra de Tours, avec la 9e symphonie de Mahler par l’OSRCT sous la direction de Jean Yves Ossonce. L’œuvre est magique, complexe dans la richesse de ses propositions, l’alternance de ses climats, la narration disloquée en apparence mais rigoureusement précise dans sa finalité, le dernier mouvement fabuleux optant à l’opposé de l’écriture classique pour une dislocation de la substance sonore jetée dans le vide et le silence ; l’extrême attention de l’audience habite la beauté de cette exécution. La nuance, toujours, le noir et le blanc habilement dosés comme dans un vieux film.
 

Le Microspop de Mister Doc #9

Chaque semaine, Doc Pilot partage ses découvertes culturelles du week-end. Épisode 9 : Deux bons Bouillon de 20h… J’M

La chanteuse des Little frenchies
La chanteuse des Little frenchies

Ça sent l’sapin mais j’ai pas les boules ; y’a pourtant de l’émotion dans l’air. Je charge la barque avec du blues des années cinquante trouvé chez OCD, ma bande-son pour visiter l’expo de Vivian Maier au Château de Tours, passage à la postérité grâce aux photos des « gens ». Nouvelle expo à La Chapelle Sainte Anne : 3 jours dans l’urgence, celle de la guerre urbaine avec Franck Charlet, de la guerre des nerfs avec Coco Texedre, de la guerre des mutants avec T.Léo, de la guerre des chairs avec Pierre Guitton, de la guerre du feu avec Sylvie Attucci, de la fin de guerre avec Yveline Bouquart et celle de la paix avec François Pagé. Paix et Amour au Grand Hall bondé pour le concert de M le généreux, M le sensible, M le divin guitariste qui se suffit de deux musiciens pour assurer le show. Dans ce no man’s land de passion que d’aucun appellent la Crise, ce style de concert amène de la joie et de l’envie, de la réaction… M est unique en son époque, à la manière de Polnareff dans les seventies… Dernière représentation du Dom Juan de Molière par Bouillon au CDRT, mise en scène originale et un peu provoc’ (merveilleux Sganarelle interprété par Jean-Luc Guitton) ; « coup de théâtre » au salut final avec l’intervention du tribun Gilles Bouillon ovationné pour son travail à la direction du CDRT… A La Belle Rouge, le collectif Chapau Prog réunit des artistes féminines de diverses pratiques ; brillante est la chanteuse de Little Frenchies, militante Zazu… Bistrot 64, sortie de la compilation de chansons de Noël, Oh Oh Oh, bonne photographie de la scène locale : Padawin, BadBilly, Fucking Butterfly, Last Chance Garage, Janskie Beat…Idéale pour offrir à Mémé… Me reviennent ces vers de ma plume : Je pose mes bottes près des poubelles, j’me dis qu’il’s trouvera bien une loute, pour y déposer de la croûte, non j’écris plus au Père Noël, au Béton christmas… (titre de Doc and The Dudes, en concert avec les Parpaings, le vendredi 6 décembre en Arcades Institute).

Spécial été – 101 bons plans sur Tours

Vous restez à Tours pendant les vacances ? Et bien, vous avez raison. Même 101 bonnes raisons.

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C’est l’été : pastis, merguez, taboulé. Et surtout, on a envie de s’évader de Tours et de revenir tout bronzé (et pas tout nu, enfin comme vous voulez) et avec plein de choses à raconter à la rentrée. Alors pour tous ceux qui dépriment parce qu’ils ne partent pas : pas d’inquiétude ! Concerts, spectacles de rue, dégustations, visites insolites… Pas besoin de parcourir des milliers de kilomètres entassé dans une voiture entre la planche de surf du frangin et le parasol pour la grand-mère. Ici, il y en a pour tous les goûts ! TMV se glisse dans votre sac et vous donne 101 raisons de rester en Touraine cet été. Sous le soleil, en terrasse, entre potes ou en famille. C’est l’heure de profiter, histoire de ne pas s’en mordre les doigts quand il fera deux degrés en décembre prochain.
TELECHARGEZ ICI NOTRE NUMERO SPECIAL ETE AVEC 101 BONS PLANS POUR JUILLET/AOÛT
Ah oui, et au fait : Merci du temps que vous passez avec nous, de votre présence et de votre confiance. Bon été à tous et rendez- vous le 28 août pour des sensations fortes !