Zofia Rydet au Château de Tours

De 1978 à 1990, Zofia Rydet a photographié les hommes et les femmes de Pologne. Une expo à voir au Château de Tours.

Zofia Rydet
série « Répertoire sociologique » / Zofia Rydet Courtesy Fondation Zofia Rydet. © Musée d’Art Moderne, Varsovie, Pologne

Dans les grandes salles du château, l’effet est saisissant : des dizaines de photos noir et blanc se serrent sur les murs, collées les unes aux autres. Comme un immense film négatif. Ou comme des papillons épinglés dans une boîte. De 1978 à 1990, Zofia Rydet a photographié les hommes et les femmes de Pologne, leur maison, leurs rituels, aussi, prise d’une espèce d’angoisse à l’idée que tout disparaisse un jour.
Plus de 20 000 photos, classées selon des typologies très personnelles. Sa démarche sociologique rappelle celle de Nicolas Muller mais la ressemblance s’arrête là.

Les photos de Zofia Rydet sont sombres, laides, cliniques. Comme l’explique l’un des deux commissaires de l’exposition, Sebastian Cichocki, « Zofia était un terroriste de la photo : elle entrait chez les gens, leur disait qu’elle devait faire une photo d’eux, là, tout de suite. » Une exposition à voir, non pour sa beauté mais pour toutes les réflexions qu’elle porte : la photo est-elle toujours un art ou peut-elle être un médium scientifique ?

 > Zofia Rydet, Répertoire, 1978-1990, jusqu’au 28 mai 2017. Château de Tours.

Expo photo : t’es Capa ou t’es pas Capa ?

Tours accueille une expo unique en France : une découverte toute en couleurs de Robert Capa.

Voir le monde en couleur alors qu’il est terne… Près de 150 tirages couleur d’époque de Robert Capa, le célèbre photographe, sont désormais visibles au Château de Tours. Parmi ces oeuvres figées, des documents personnels, aussi. Une expo unique en France. Une première. Menée en collaboration avec Le jeu de Paume.

En 1938, alors qu’il était en Chine pour couvrir la guerre, Robert Capa, surtout connu pour ses clichés en noir et blanc, a écrit à son frère pour lui demander de lui envoyer des bobines de pellicules Kodachrome, inventées deux ans plus tôt. Des raretés à découvrir d’ailleurs à Tours, parmi une centaine d’autres. Des reportages qui prouvent que l’artiste s’intéressait à la photo couleur avant même qu’elle soit utilisée par les photojournalistes. Des photos traitant aussi bien des conflits que de Picasso, des sports d’hiver, que de la France en général.

> Robert Capa et la couleur, jusqu’au 21 mai 2016. Au château de Tours, du mardi au dimanche, de 14 h à 18 h.
Tarifs : 3 € (plein), 1,50 € (réduit), gratuit pour les scolaires.

Patrice Delory, pinceau-voyageur

Patrice Delory a vagabondé à travers le monde. Et ça se ressent avec son exposition « Perspect’trip » au Château de Tours.

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D’innombrables pinceaux et tableaux s’amoncellent dans son atelier aux murs usés. Pourtant, Patrice Delory a posé ses bagages en Touraine il y a seulement deux ans. Avant, il a bourlingué, traîné ses palettes, sa bonhomie aux quatre coins de la France et du monde. « J’ai toujours eu envie de m’ouvrir aux autres cultures », explique-t-il, quelques jours avant de se voir exposé au château de Tours (voir ci-dessous).
L’artiste pointe du doigt ses carnets de voyage entassés près de sa collection de disques. Des tranches de vie et des paysages captés au cours de ses pérégrinations. Il se souvient d’un voyage en Inde, au milieu des années 70. Il devait se rendre en banlieue de Bombay, sans un rond. « Paumé entre des millions d’Indiens, j’ai éprouvé une extrême solitude, j’ai appris le dénuement », relève le peintre, âgé de 61 ans.
Des jumelles pour les déserts
Un sentiment à retrouver dans ses tableaux d’Arènes, où un personnage affronte la foule. Il parle aussi de ses Déserts. Sur lesquels chacun peut voir un espace ouvert, infini. « Quand des gens les regardent et me disent : ‘on voyage’, je suis heureux », raconte-t-il, le sourire aux lèvres. Satisfait que ses visiteurs prennent le temps de s’arrêter. « Il y a une invitation à la méditation, à l’observation. Quand on voyage, c’est la même chose : on prend le temps sur place de rencontrer les gens, d’être attentif à ce qu’il se passe », glisse-t-il.
Pour sa prochaine exposition, Patrice Delory ajoute un accessoire d’explorateur afin d’admirer et de comprendre ses oeuvres : des jumelles. « Avec elles, on pourra contempler trois Déserts à trois mètres de distance », explique-t-il, content comme un gosse d’avoir l’instrument autour du cou. Il se nourrit de toutes les expériences vécues. Car Patrice Delory a aussi pérégriné dans sa carrière. Il a été guide touristique, bien sûr. Bossé dans une usine, été directeur de production. « J’aime bien expérimenter de nouvelles choses », résume l’artiste. Il s’imbibe de tout. « À la manière d’une éponge, comme dirait Matisse », relève-t-il, avec ses yeux bleus malicieux. Dernier clin d’oeil pour la route : le sous-titre de son exposition au château de Tours, intitulé « Du bon usage de la peinture à l’intention des voyageurs et autres sédentaires ».
Guillaume Vénétitay


C’EST QUOI ?
« Perspect’trip » comporte une cinquantaine de toiles de Patrice Delory, basées sur quatre axes : arènes, portraits, déserts, stylites. Il a utilisé des techniques variées : acryliques, pastels secs ; feuilles d’or pour remplir ses grands formats.
C’EST OÙ ?
Le travail de l’artiste sera exposé au château de Tours, qui présente annuellement entre dix et douze expositions. 25 av. André-Malraux, 37000 Tours. 02 47 61 75 55
C’EST QUAND ?
C’est l’été et il ne fait pas beau. Alors vous aurez tout le temps de vous réfugier au Château pour admirer les oeuvres de Patrice Delory. Elles seront exposées du 29 juin au 8 septembre (mardi-vendredi : 14 h-18 h ; week-end : 14 h 15-18 h 15). Visites avec le peintre les samedis 6 et 20 juillet, à 15 h 30. Vernissage de l’exposition le 28 juin, à 18 h 30. Et bien sûr, c’est gratuit !
SES INSPIRATIONS ?
« J’aime beaucoup le peintre britannique Francis Bacon. Mais aussi ceux qu’on appelle les primitifs italiens, du XIIIe et XIVe siècle, avant la Renaissance. Et puis, Rembrandt : magnifique ! »